Document 1 : Petite biographie de Condillac (1714-1780).
1. Étienne Bonnot de Condillac naît à Grenoble, en 1714, dans une famille de magistrats.
Il perd son père à l'âge de treize ans et est alors pris en charge par son frère, Jean,
grand prévôt de Lyon.
2. C'est ainsi qu'il fréquente le même collège jésuite que son autre frère, Gabriel Bonnot
de Mably. Destiné à l'Église, il poursuit ses études au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris,
où il entre en contact avec Diderot, d'Alembert, Rousseau, Voltaire et Fontenelle. Et peu
après son ordination, il renonce au sacerdoce, pour mener à Paris sa vie d'homme de
lettres.
3. Mais, de 1758 à 1764, Condillac est envoyé à Parme par Louis XV pour être le
précepteur de l'infant Ferdinand. À son retour à Paris, en 1768, il est nommé à
l'Académie française où il mènera, jusqu'à sa mort, en 1780, une vie discrète, au milieu
de l'effervescence philosophique de l'époque.
4. Condillac a été, en France, le principal défenseur du philosophe anglais John Locke,
selon lequel les idées ne sont pas, comme le voulait Platon, des entités éternelles et
parfaites descendues d'un monde intelligible, mais plutôt des images retirées
progressivement de l'expérience.
5. L'essentiel de l'analyse personnelle de Condillac porte sur la nature des « liaisons »
qui se forment dans l'esprit humain. Il remarqua notamment, dans son Essai sur l'origine
des connaissances humaines, que la capacité à relier les idées les unes avec les autres,
de façon originale et renouvelée, est la marque de l'intelligence, mais que cette même
capacité peut engendrer la folie, lorsque l'esprit n'en est plus le maître.
6. Il tira, de l'analyse de la formation de ces « liaisons » et de la « génération des idées »,
une approche du langage qui, très en avance sur son temps, préfigura la distinction
introduite par les linguistes du XXe siècle entre la langue et la parole. Le langage humain
est en effet, selon Condillac, le produit complexe d'une rencontre entre une « institution »
sociale et des pratiques dépendantes des volontés individuelles.
7. Parallèlement, Condillac, dans son Traité des systèmes, attaque violemment
Descartes et les auteurs de métaphysiques, qu'il considérait parmi tous les philosophes
comme les « moins s sages » et les plus obscurs ; cependant, il avait auparavant
consacré un ouvrage à l'analyse des Monades de Leibniz.
8. Grand défenseur de l'empirisme et convaincu de l'impossibilité des « idées innées »,
Condillac entreprit une synthèse de sa pensée dans le Traité des sensations, ouvrage
dans lequel il réaffirme que toute connaissance humaine et toute expérience consciente
procèdent de la perception par les sens, et d'elle seule.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-155 : “Condillac et la sensation“ - 22/09/2004 - page 5