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Asthme lié au travail
Document de travail à l’intention du
Tribunal d’appel de la sécurité professionnelle et
de l’assurance contre les accidents du travail
Novembre 1996
Références actualisées en janvier 2002
Révision en mars 2014
préparé par :
Dre Susan M. Tarlo, MB BS FRCPC
Pneumologue
La Dre Susan M. Tarlo a obtenu son doctorat en médecine de la London University à
Londres, en Angleterre, en 1969. Elle a fait des études postdoctorales en médecine
interne au Westminster Hospital et au Brompton Hospital au Royaume-Uni ainsi que
des résidences en allergie, en immunologie clinique et en pneumologie à l’Université
Queen’s et à l’Université McMaster en Ontario. Elle s’est jointe au corps professoral
de l’Université de Toronto en 1977, et elle est actuellement professeure à la faculté de
médecine de cet établissement. Elle s’intéresse à la pratique clinique et à la recherche
dans les domaines des maladies respiratoires et des allergies professionnelles. Elle a
publié de nombreux de recherche dans ces domaines. Elle pratique principalement à
titre de clinicienne en pneumologie au Toronto Western Hospital, Réseau universitaire
de santé, mais aussi à l’hôpital St. Michael’s. La Dre Tarlo agit également à titre
d’assesseure médicale du Tribunal depuis 1986.
Ce document de travail médical sera utile à toute personne en quête de renseignements
généraux sur le sujet médical traité. Il vise à donner un aperçu général d’un sujet médical
fréquent dans les appels.
Chaque document de travail médical est rédigé par un expert reconnu dans son domaine qui a
été choisi sur la recommandation des conseillers médicaux du Tribunal. Chaque auteur a pour
directive de brosser un tableau équilibré de l’état des connaissances médicales sur le sujet traité.
Les documents de travail médicaux ne font pas l’objet d’un examen par les pairs, et ils sont
rédigés pour être compris par les personnes n’appartenant pas à la profession médicale.
Asthme lié au travail
Les documents de travail médicaux ne reètent pas nécessairement le point de vue du Tribunal.
Les décideurs du Tribunal peuvent tenir compte des renseignements contenus dans les
documents de travail médicaux et s’appuyer sur ceux-ci, mais le Tribunal n’est pas lié par les
opinions exprimées dans ces documents. Chaque décision du Tribunal doit être fondée sur les
faits entourant le cas particulier visé. Les décideurs du Tribunal reconnaissent que les parties à
un appel peuvent toujours s’appuyer sur un document de travail médical, s’en servir pour établir
une distinction ou le contester à l’aide d’autres éléments de preuve. Voir Kamara c. Ontario
(Workplace Safety and Insurance Appeals Tribunal) [2009] O.J. No. 2080 (Ont Div Court).
Traduit de l’anglais par Language Marketplace Inc.
Asthme lié au travail
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Introduction
L’asthme est un trouble commun pouvant se déclencher à tout âge. En général, on
n’en connaît pas la cause, bien qu’il y ait un élément génétique (c.-à-d. qu’il apparaît
souvent chez plus d’un membre d’une même famille) et qu’il soit souvent associé
à l’allergie (jusqu’à 80 % des enfants qui développent l’asthme présenteraient un
élément allergique et ce taux irait jusqu’à 50 % chez les adultes). L’association avec
l’allergie est souvent manifeste en raison d’antécédents personnels ou familiaux de
rhinite allergique (symptômes semblables au rhume des foins) ou d’eczéma. Les
réactions allergiques à l’asthme sont associées à la production d’anticorps IgE contre
des protéines ou glycoprotéines précises étrangères à l’organisme et qui, en général,
sont inhalées, p. ex., protéines de chat, d’acarien détriticole ou de champignon. Ces
protéines et glycoprotéines se nomment allergènes.
Asthme lié au travail
L’asthme lié au travail est le terme utilisé pour décrire l’asthme soit causé ou aggravé
par une exposition à certaines substances au travail (Fig. 1).
Figure 1 - Sous-types d’asthme lié au travail
Asthme lié au travail
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Parmi les adultes qui développent l’asthme pour la première fois (appelé asthme
de l’adulte), on estime que de 10 % à 15 % peut souffrir d’asthme CAUSÉ par
une exposition à certaines substances au travail et on parle alors d’ASTHME
PROFESSIONNEL (AP). Dans ce cas, l’AP est généralement provoqué par une
réaction ALLERGIQUE ou, parfois, par une réaction se comportant de manière
semblable à une réaction allergique, mais pour laquelle le mécanisme n’est pas
évident (ces réactions agissant comme une réaction allergique s’appellent aussi
SENSIBILISATION). Les expositions à un irritant à un niveau élevé peuvent provoquer
un AP CAUSÉ PAR UN IRRITANT. L’autre sous-groupe d’asthme lié au travail, en plus
de l’AP, est l’ASTHME EXACERBÉ PAR LE TRAVAIL, dont nous parlerons plus tard.
Asthme professionnel (AP)
Le mécanisme d’AP le plus évident est une réaction allergique à une protéine ou
glycoprotéine inhalée au travail, comme les protéines animales (p. ex., chez les
préposés aux soins des animaux, les vétérinaires ou les agriculteurs) ou les protéines
végétales et alimentaires (comme le blé ou d’autres protéines de boulangerie, les
protéines de poivrons chez les ouvriers de serre, les protéines de latex de caoutchouc
naturel chez les travailleurs de la santé qui utilisent des gants de latex poudrés ou
les glycoprotéines de champignons). D’autres exemples comprennent les protéines
inhalées d’insectes ou les enzymes. De nombreuses protéines ou glycoprotéines
inhalées ont causé de l’AP par le biais d’un mécanisme allergique et il semble que
presque toutes les protéines étrangères inhalées peuvent entraîner une telle réaction
chez un travailleur prédisposé. Cependant, parmi les personnes exposées, seule
une minorité développera cette réaction (10 % ou moins) et on ne comprend pas très
bien les raisons qui expliquent cette prédisposition chez certaines personnes. Il existe
un certain lien avec l’ampleur de l’exposition, c.-à-d., des expositions moindres sont
associées à l’asthme dans un pourcentage plus faible de travailleurs que les grandes
expositions. Toutefois, même à des niveaux d’exposition très bas, certains travailleurs
peuvent devenir « sensibles » (c.-à-d., développer des anticorps IgE spéciques),
puis développer l’AP, fort probablement associé à la prédisposition génétique. Les
travailleurs qui développent des anticorps IgE spéciques contre un agent du travail
peuvent également développer des symptômes nasaux allergiques (rhinite allergique)
qui, souvent, précèdent ou coïncident avec le développement de l’AP.
Voici les aspects importants de la réaction allergique qui cause l’AP : a) l’existence
d’une « phase latente » d’exposition avant la sensibilisation, c’est-à-dire que
le travailleur est exposé à l’agent étiologique pendant des semaines, voire des
années, avant la première apparition des symptômes – puisqu’il s’agit d’une
réaction immunologique, elle ne provoque pas de symptômes lors des premiers
jours d’exposition; b) cependant, une fois l’AP développé avec sensibilisation,
alors l’exposition, même à des niveaux bas de l’agent étiologique, déclenchera des
symptômes d’asthme – à moins que les symptômes ne soient supprimés par des
médicaments pour l’asthme; c) la réaction asthmatique d’un patient atteint d’AP peut
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commencer dans les minutes qui suivent chaque exposition (réaction immédiate) ou
peut être plus évidente 4 à 6 heures après l’apparition de l’exposition (réaction tardive)
ou encore, il peut y avoir combinaison de réaction immédiate et tardive.
Certains produits chimiques peuvent également provoquer l’AP par l’entremise
d’une réaction allergique démontrable, p. ex., sels de platine complexes et autres
sels métalliques, anhydrides d’acide (utilisés pour fabriquer le plastique), persulfates
(chez les coiffeurs) et pénicilline (p. ex., chez les travailleurs de pharmacie). D’autres
produits chimiques peuvent aussi provoquer l’asthme professionnel et posséder des
caractéristiques semblables à l’égard de la sensibilisation relative aux anticorps IgE,
mais par le biais de mécanismes qu’on ne comprend pas pleinement et, en général,
sans anticorps IgE spéciques démontrés.
Ces produits chimiques qui causent de la sensibilisation par des mécanismes
incertains comprennent les diisocyanates et la poussière de thuya géant : on peut
identier les anticorps IgE spéciques uniquement chez une minorité des personnes
souffrant d’AP bien documenté causé par ces agents et ils provoquent le plus souvent
une réaction tardive isolée chez les personnes atteintes d’AP causé par eux. D’autres
produits chimiques pouvant causer l’AP par des mécanismes incertains comprennent
les composés acryliques, les composés d’ammonium quaternaire et les aldéhydes
tels que le glutaraldéhyde et le formaldéhyde. La plupart des produits chimiques
ayant provoqué l’asthme professionnel possèdent des chaînes moléculaires latérales
hautement réactives.
Des listes ont été compilées pour les causes déclarées d’AP avec ou sans anticorps
IgE spéciques. Elles sont souvent divisées en sensibilisants de poids moléculaire
élevé (normalement, les protéines et glycoprotéines) et en sensibilisants de faible
poids moléculaire (normalement, les produits chimiques). Plus de 300 agents sont
déclarés, certains décrits dans peu d’études de cas et d’autres dans de grands
groupes de travailleurs (aucune liste n’est entièrement exhaustive étant donné que de
nouvelles causes sont décrites tous les ans). Parmi les sensibilisants chimiques, les
diisocyanates et l’acide plicatique (dans le thuya géant) sont les mieux étudiés.
Les diisocyanates constituent des produits chimiques très réactifs utilisés pour
faire des produits à base de polyuréthane, comme les systèmes de peinture au
pistolet à base de polyuréthane à deux phases, l’isolant en mousse à vaporiser
pour les maisons, les revêtements d’uréthane, la mousse de polyuréthane pour
l’ameublement ou une utilisation dans les voitures (sièges, appuis-tête, pare-chocs,
etc.). On les utilise également dans les moules de fonderies et comme adhésif dans
les panneaux de particules et les panneaux de lamelles orientées. Ces produits
chimiques constituent la cause unique la plus commune d’AP dans nombre de régions
industrialisées, dont l’Ontario, depuis plusieurs années. Pour cette raison, il existe
un système de surveillance médicale en Ontario créé par le ministère du Travail de
l’Ontario qui limite les niveaux d’exposition admissibles et exige des questionnaires et
tests respiratoires réguliers chez les personnes exposées pour la détection précoce de
l’AP.
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