Un obus dans le cœur
Un obus dans le cœur est un court récit (moins d’une vingtaine de pages), créé au théâtre de
Sartrouville lors de la biennale de création théâtrale pour la jeunesse et édité aux éditions Actes Sud.
Il met en scène le monologue de Wahab, jeune homme de 19 ans, réveillé en pleine nuit par un coup
de téléphone qui lui apprend que sa mère, malade d’un cancer, agonise. En route pour l’hôpital,
Wahab est assailli par les souvenirs, des sentiments troubles, réveillés par la mort imminente d’une
mère qui a pour lui, le jour de ses 14 ans, perdu son visage familier.
Ce texte qui retrace la vie du jeune homme, convoque les cauchemars de l’enfance, les traumatismes
de l’histoire et les tracas du quotidien. Très lisible de par sa langue contemporaine au registre familier
alliant humour et poésie, le texte est d’une compréhension littérale aisée.
En revanche, cette facilité « littérale » n’est aucunement liée à une facilité de compréhension, au
contraire : le texte évoque la douleur du deuil, l’étrangeté à soi-même, aux autres et au monde.
Volontiers « dérangeant » (Wahab ne parvient pas à « pleurer » sa mère agonisante), et d’une
extrême violence également (la scène de l’attentat du bus en particulier), il provoque des
questionnements profonds qui n’ont rien d’évident et auxquels il serait bien difficile de répondre par
des certitudes.
On peut légitimement penser que les thèmes abordés (révolte, confusion des sentiments, mal-être)
résonnent profondément chez des adolescents en prise avec la violence du monde contemporain et
la difficulté à se construire. Il y a fort à parier que si l’étude du texte peut se révéler éprouvante, elle
sera aussi riche et dense en émotions et enseignements.