PARTIE I – La crise du gouvernement Vivendi
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aux agents apporteurs de ressources, créanciers financiers (Fd) et actionnaires (Fa). Les
réserves et la trésorerie accumulées peuvent retarder, l’éclatement de la crise.
A partir de l’analyse du dysfonctionnement du circuit financier, trois cas sont à envisager,
de très critique à favorable. Ainsi si :
o Fi<0, il y a destruction de valeur économique et rupture gouvernementale, tant de la
part des actionnaires que des partenaires ;
o Fi>0 et Fi<Fd, la création de valeur économique est insuffisante. La contestation des
créanciers financiers peut conduire à un risque de faillite accru. Il y a destruction de
valeur pour l’actionnaire qui peut réagir. Dés que Fi<Fd, il y a apparition des coûts de
faillite puisque le flux économique ne satisfait pas la contrainte de rémunération voire
de remboursement de l’endettement ;
o Fi>0 et Fi>Fd, il y a création de valeur économique et création de valeur pour
l’actionnaire.
Cependant, les actionnaires peuvent se trouver insatisfaits, si la rémunération du capital
n’est pas à la mesure du risque qu’ils supportent. Fa est alors insuffisant pour les
actionnaires.
Par contre si Fa, est satisfaisant, il y a constatation d’un cash flow disponible8 ou Free
Cash Flow (FCF). Ces fonds sont à la discrétion des managers puisqu’ils sont résiduels
en excès des flux nécessaires à la réalisation de tous les investissements rentables
(valeur actuelle nette>0). Si le FCF est positif, il y a création de valeur actionnariale.
C’est alors l’utilisation du FCF qui peut être source de conflits s’il ne revient pas aux
actionnaires sous forme de dividende. Les dirigeants peuvent préférer consacrer le flux
disponible à l’augmentation de leur propre utilité en les investissant dans des projets de
diversification des activités et d’augmentation de la taille de l’entreprise. Ces projets non
rentables par définition, tous les projets rentables ayant été entrepris, sont réalisés au
détriment des actionnaires. L’existence de FCF occasionne donc des coûts d’agence qui
sont supportés par les propriétaires.
Si les dirigeants optent pour l’allocation des FCF dans des projets de diversification des
activités et d’augmentation de la taille de l’entreprise, il faut analyser la politique
stratégique menée : diversification, recentrage et spécialisation ; et ses conséquences
sur les relations d’agence.
Le recentrage est évoqué dès qu’un groupe affiche une priorité de développement sur un
marché. Au-delà des modes de langage, le recentrage recouvre une tendance
stratégique de longue période.
Le recentrage traduit ainsi la tendance des grands groupes à se construire sur des
marchés dominables. Il est le produit d’un faisceau de contraintes : sélection des
investissements dans un univers concurrentiel mondialisé, rentabilisation du capital
employé, captation de la rente pour des investisseurs exigeants, respect des
prérogatives des gérants de portefeuille dans la tâche de diversification des risques.
Le recentrage est une tendance de longue période. Il ne se confond pas avec la
stratégie générique de spécialisation, il est même compatible avec certaines formes de
diversification cohérente. Tout se passe comme si chaque groupe tente de converger
vers son niveau « optimal » de diversification.
Le recentrage désigne donc la tendance des groupes à choisir des stratégies de
portefeuille qui renforcent la cohérence de leurs activités. Les opérations de recentrage
succèdent à des événements importants dans le mode de gouvernance dans 62% des
cas : un changement de CEO9 (22%), l’arrivée d’un nouveau bloc d’actionnaires (27%),
une crise financière (19%), l’échec d’une OPA10 (13%), l’activisme des investisseurs
(12%), un nouveau plan de rémunération et d’incitation (11%), etc.
8 Cf. Glossaire.
9 Cf. Glossaire.
10 Offre publique d’achat.