ostéosynthèse du rachis cervical supérieur

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OSTÉOSYNTHÈSES POSTÉRIEURES
OSTÉOSYNTHÈSE DU RACHIS CERVICAL SUPÉRIEUR
OSTEOSYNTHESIS OF THE UPPER CERVICAL SPINE
C. ARGENSON*,
F. DE PERElTl**,L
HOVORKA***
'Service d'Orthopédie - Traumatologie du C.H.U. de Nice
"Service de Traumatologie - Hôpital Saint Roch 5, rue P. Devoluy - BP. 319, 06006 Nice Cédex 1, France
151, Route de St Antoine de Ginestière, 06202 Nice Cédex 3, France.
"'Service
d'Orthopédie - Hôpital l'Archet"
TECHNIQUE DE LA VOIE
POSTÉRIEURE
Installation et voie d'abord
Les blessés doivent être endormis et surtout intubés
avec la plus grande prudence, évitant toute hyperflexion pour les lésions à déplacement antérieur et
toute hyperextension en cas de fractures de l' odontoïde
à déplacement postérieur ou des pédicules de C2.
Le retournement
est le premier temps délicat de
l'intervention:
le chirurgien doit y participer pour
guider la tête, en rectitude, dans la têtière où il la
fixera par de l'Elastoplast®. Le rasage est alors possible jusqu'à l'aplomb du Vertex en sachant que la
découverte de lésions cutanées peut contre-indiquer
l'abord postérieur. I..:installation en proclive et l'abaissement per opératoire de la tension artérielle diminuent le saignement. Avant d'entreprendre quelque
acte chirurgical que ce soit, un contrôle sous amplificateur de brillance des rapports ostéo-articulaires est
indispensable car la réduction peut être effectuée plus
aisément avant la mise en place des champs, en agissant sur la hauteur et l'inclinaison
de la têtière.
I..:abord de CI-C2 est d'autant plus facile que la tête
est en rectitude ou même en légère flexion alors que
l'hyperextension qui rapproche l'occipital de CI, puis
CI de C2, rétrécit le champ opératoire.
I..:incision est strictement médiane avec pour repère
les épineuses saillantes de C2 et C7 : il faut dégager
au bistouri le tubercule postérieur de CI, puis l'épineuse de C2 et progresser latéralement jusqu'aux articulaires ; on revient alors sur CI qui peut être dénudé
sur 2 cm de part et d'autre de la ligne médiane en courant le risque, si on se porte plus latéralement, de blesser les veines vertébrales: en ce cas le tamponnement
prolongé doit être le premier temps de 1'hémostase,
l'utilisation, limitée, de la coagulation devant être parfaitement contrôlée l'artère, plus latérale, est exceptionnellement atteinte.
Après réalisation de l'intervention programmée et de
son contrôle radiographique, la fermeture doit être
soigneuse, sur 2 redons, après lavage abondant de la
plaie opératoire: il faut éviter la création «d'espaces
morts» en rapprochant
les muscles de la ligne
médiane et en suturant parfaitement l'aponévrose. Le
même soin doit être apporté à la fermeture cutanée où
il faut apposer les berges de la plaie et éviter l'ombilication. I..:immobilisation post-opératoire fait appel soit
au collier mousse, soit à la minerve en matière plastique à appui inférieur sternal, scapulaire et dorsal, et
supérieur mentonnier et occipital. La présence du bandeau frontal donne à cette orthèse le nom de «minerve
à l'indienne». La rééducation posturale statique dans
les plans sagittal et frontal est indispensable dès cessation de la douleur. Le port prolongé des orthèses après
consolidation
est à l'origine du «syndrome de la
minerve» par atrophie musculaire auto-entretenue,
avec ses composantes psychologiques variables selon
le contexte traumatique .
•
C. ARGENSON,
F. DE PERETTI,
I. HOVORKA
LES FIXATIONS UTILISÉES LE
PLUS FRÉQUEMMENT
Uostéosynthèse-arthrodèse
CI-C2
Les laçages métalliques type Dubousset ou Mc Graw,
Rush ont étépratiquement abandonnés au profit des
fixations par crochets (matériel Apofix ou CotrelDubousset).
Le crochet supérieur est placé au-dessus de l'arc postérieur de CI et l'inférieur sous l'arc postérieur de C2.
La mise en tension du système par un clamp assure la
stabilité du montage; nous pensons que l'adjonction
d'une barre transversale solidarisant les deux tiges,
renforce la solidité du montage, et évite le recul du
greffon. Nous préférons un greffon iliaque encastré
entre le bord inférieur de CI avivé, et le bord supérieur de C2 (figure 1). Cette fixation peut paraître
volumineuse sur la radio de contrôle post-opératoire,
mais cet encombrement ne nous a jamais occasionné
de complications cutanées, et n'est pas à l'origine de
douleurs. Certains auteurs, à la suite de Magerl, préfèrent la fixation postérieure par vis trans-articulaire
(figure 2),
Figure
2:
Arthrodése
Cl-C2 selon Magerl.
Les principales indications de cette fixation sont:
a) Les entorses graves C1-C2 : cette lésion peut être
méconnue initialement; en effet, un écart anormal
(figure 3) entre l'arc antérieur de CI et le bord antérieur de l' odontoïde peut ne devenir évident que sur
des clichés dynamiques effectués avec prudence en
présence du chirurgien traumatologue: l'indication de
Figure l . Encastrement
inférieur de CI .
du greffon
iliaque après avivement
du bord
•
Figure
3: Entorse
grave Cl-C2: indication d'arthrodèse
Cl-C2.
OSTÉOSYNTHÈSE
DU RACHIS
ces clichés est obligatoire en cas de rachis restant douloureux dans les jours qui suivent un traumatisme,
même si le scanner est rassurant. La rupture du ligament transverse est à l'origine de cette lésion; nous
pensons qu'une fixation «souple», ou même plus
rigide mais temporaire, ne peut entraîner la cicatrisation de ce ligament; la stabilité ne peut donc être obtenue que par l'arthrodèse qui, chez les sujets jeunes, ne
limite pas de 50% les amplitudes rotatoires, comme
cela est classique chez les adultes âgés.
b) Les pseudarthroses congénitales ou acquises de
l' odontoïde. En dehors de rares cas très favorables, où
le trait de pseudarthrose autorise la mise en compression par une vis antérieure selon la technique utilisée
pour les fractures fraîches, l' arthrodèse C l-C2 est la
solution de sécurité pour traiter les pseudarthroses
symptomatiques, en particulier chez l'adulte.
c) Les lésions de la polyarthrite rhumatoïde constituent l'indication principale de cette fixation. Un
grand soin doit être apporté à la fermeture de la voie
d'abord, car chez ces patients fragiles et cortisonés,
les désunions cutanées sont à redouter. En dehors des
troubles neurologiques, les lésions instables aux clichés
dynamiques ou les déplacements supérieurs à 6 mm
sont à fixer.
U ostéosynthèse-arthrodèse
occipito-cervicale
L'importante raideur quelle entraîne, non seulement
en rotation (plus de 50% de perte de mobilité), mais
aussi en flexion-extension peut éventuellement faire
discuter l'ablation du matériel après consolidation
osseuse, en revanche, lorsque la fixation doit être
définitive, l'adjonction de greffons corticospongieux,
ou même d'un greffon iliaque bicortical permet
l'obtention d'une arthrodèse.
Bases anatomiques
La fixation occipitale présente deux impératifs: assurer la tenue optimale du matériel, et ne pas léser d'une
part, les éléments de la fosse postérieure, en particulier le cervelet, et, d'autre part, les sinus veineux,
sagittal et transverse.
Toutes les mesures rapportées dans ce paragraphe ont
été réalisées à l'aide d'un compas et d'un pied à coulisse sur trente crânes tirés au sort au laboratoire
d'Anatomie de la Faculté de Médecine de Nice.
Contenu de la fosse postérieure
Les éléments principaux de la fosse postérieure sont
le cervelet et le tronc cérébral. Le cèrvelet est séparé
de l'écaille de l'occipital par la citerne cérébello-
CERVICAL
SUPÉRIEUR
médullaire. La face interne de l'écaille est recouverte
par la dure-mère qui y adhère. La distance qui sépare
l'écaille du cervelet est de l'ordre de 2 cm au-dessus
du foramen magnum, elle diminue progressivement
vers le haut pour atteindre 5 mm. Le cervelet reste
donc toujours à distance de l'écaille de l'occipital.
Sinus veineux
Le sinus sagittal supérieur rejoint le sinus droit au
niveau du carrefour des sinus. Le carrefour des sinus
se draine dans les deux sinus transverses. Le sinus
sagittal supérieur, le carrefour des sinus et le sinus
transverse cheminent dans une gouttière osseuse
imprimée sur la paroi interne de l'écaille de l' occipital.
En fait, au niveau du sinus sagittal supérieur, la gouttière prend la forme d'une crête osseuse. La paroi des
sinus veineux est formée par des expansions de la
dure-mère, qui n'a aucun pouvoir contractile;
une
plaie transfixiante restera donc béante.
Nous avons mesuré la distance séparant le foramen
magnum du carrefour des sinus d'une part, et du sinus
transverse d'autre part. Nous avons repéré l'éminence
cruciforme qui est la projection osseuse du carrefour
des sinus. Ce dernier est situé en moyenne, à 41,6 mm
du foramen magnum (extrêmes 30 et 52 mm ; distance A de lafigure 4a).
Le sinus transverse est en moyenne à 46,7 mm du
bord latéral du foramen magnum (extrêmes 40 et
54 mm; distance B de lafigure 4a).
La face externe postérieure présente un repère bien
visible, qui est la protubérance occipitale externe. Elle
est située en moyenne à 44,3 mm du foramen
magnum (extrêmes = 37 et 55 mm ;figure 4b).
La face interne et antérieure présente:
- une crête verticale et supérieure qui est la gouttière
du sinus sagittal supérieur. Cette gouttière a, en fait,
dans la majorité des cas, la forme d'un rail aux bords
tranchants ;
- une crête médiane et inférieure qui est la crête occipitale interne l'éminence cruciforme qui est la projection du carrefour des sinus. La protubérance occipitale
interne est en moyenne à 41,6 mm du bord postérieur
du foramen. magnum (extrêmes = 29 et 53 mm) ;
- deux gouttières latérales qui sont les gouttières des
sinus transverses.
•
L'épaisseur de l'écaille de l'occipital est extrêmement
variable d'un point à l'autre. Voici les valeurs que
nous avons relevées, les mesures ayant été réalisées au
compas:
C. ARGENSON,
F. DE PERETTI,
I. HOVORKA
POl
Gouttière du sinus
transverse
, Ligne nuchale
inférieure
4 a.' Vue antéro-supérieure
de l'occipital (A = 41,6 mm et B = 46,7 mm).
4 b .' Vue postéro-inférieure
de l'occipital.
11 mm
__
44,3 mm
-----
POE
4 c .' Coupe sagittale médiane de l'occipital.
Figure 4 .' Anatomie chirurgicale
de l'occipital
- épaisseur au niveau de la protubérance occipitale
externe (point POE) = 17,2 mm (extrêmes = 10 et
24 mm ;figure 4c) ;
- épaisseur au niveau de la protubérance occipitale
interne (point POl) = 17,8 mm (extrêmes 13 et
24 mm) ; la protubérance occipitale interne est en général au- dessous de la protubérance occipitale externe,
mais ceci n'a rien d'absolu (21 fois sur 30 ;figure 4c) ;
- épaisseur de l'écaille de l'occipital à l'aplomb du
condyle occipital et au niveau du milieu de la crête
occipitale interne (point El) = 4, mm (extrêmes 1 et
8 mm; figure 4a) ;
i
(intérêt de la fixation médiane des vis).
- épaisseur de l'écaille de l'occipital à l'aplomb du
condyle occipital et au niveau du milieu de la crête du
sinus sagittal supérieur (point Es) = 7,9 mm (extrêmes
4 et 12 mm ;figure 4a)
- épaisseur au milieu de la crête occipitale interne
(point COI) = 11 mm (extrêmes 7 et 16 mm ; figure
4c).
•
Au total, il faut retenir que:
- les éléments veineux qu'il ne faut pas blesser sont en
moyenne à 4 cm du foramen magnum;
- au-delà de 4 cm du foramen magnum se trouve la
FlXA nON
CERVICALE
INFÉRIEURE
ET POSTÉRIEURE
donc à bouger légèrement. La prise des deux corticales est le gage d'un montage solide. Il n'est pas
nécessaire de faire de repérage radiographique
du
forage ni de laisser en place d'élément métallique à
type de broche de Kirchner. Le forage s'étend sur une
profondeur d'environ 10 à 15 mm. L'ensemble des
vertèbres à instrumenter sont préparées une à une.
Lorsqu'il existe une instabilité rachidienne, une stabilisation est obtenue par mise en place d'un davier sur
l'épineuse correspondante. L'orientation de la mèche
pendant le forage est strictement perpendiculaire
à
l'arc postérieur de la vertèbre concernée. Une petite
inclinaison latérale oblique externe est proposée dans
certains cas. Elle n'est pas toujours justifiée. L'important étant de traverser les deux corticales. Certains
auteurs proposent une visée légèrement oblique vers
le haut pour venir prendre en enfilade le massif articulaire.
Figure 1 : L'implantation des vis articulaires se fait dans le massif articulaire. Celui-ci est situé en dehors du canal médullaire. L' artêre vertébrale est plus en avant du sillon constitué par la ligne réunissant la lame
et le massif articulaire.
Technique chirurgicale
Le forage du massif articulaire : celui-ci soigneusement dépériosté, sans avoir pour autant fait d' effraction de la corticale postérieure osseuse, est bien
visible avec les deux repères vus précédemment
:
sillon, lame/massif articulaire en-dedans, et bord
externe du massif articulaire en dehors. Les interlignes articulaires sus et sous-jacents limitent celui-ci
vers le haut et le bas. Le massif articulaire est légèrement bombé et l'implantation de la vis se fait en son
milieu (figure 2). Le point d'entrée est préparé à la
pointe carrée. Il permet d'empêcher la mèche de déraper. Le forage est fait avec un moteur à air comprimé
lent. Une mèche de 2,8 mm de diamètre, longue,
dégage la vision des arcs postérieurs et du forage, les
mains de l'opérateur
et le moteur étant rej etés à
l'extérieur de la voie d'abord. La première corticale
est franchie facilement. Puis la mèche vient rapidement buter sur la 2ème corticale. Elle doit être impérativement franchie. Dans certains cas, lorsque cette
corticale est franchie la mèche repousse l'articulaire
supérieure de la vertèbre sous- jacente qui se met
•
Figure 2 : L'implantation de la vis dans le massif articulaire se fait aprés
un forage au moteur lent. Le point d'implantation est placé au milieu de
l'interligne articulaire au sommet de celui-ci .
CH. MAZEL,
R. TERRACHER,
Cette technique nécessite un point d'entrée plus bas
situé que précédemment et un contrôle par amplificateur de brillance pendant le forage pour vérifier l' adéquation de celui-ci, Le caractère plus oblique de la vis
posant ensuite un problème lors de la mise en place de
l'instrumentation puisque la vis ne sera pas perpendiculaire à la plaque ou à la tige utilisée, C'est pour
cette raison que nous restons fidèle au forage perpendiculaire,
Les gestes complémentaires lors de l'abord
postérieur
La mise en place de plaques d'ostéosynthèse lors de
l'abord postérieur permet dans la majorité des cas
d'obtenir une fusion spontanée des articulaires, Il peut
être intéressant en l'absence de laminectomie de faire
une décortication des lames selon la technique de
Hibbs, Il n'est pas nécessaire de rajouter de l'os spongieux, une telle greffe étant difficile à réaliser compte
tenu de la faible surface osseuse disponible, Dans
d'autres cas, il faut pratiquer une laminectomie
décompressive, Celle-ci est faite médiale par rapport à
l'ostéosynthèse. Elle est pratiquée après la fixation ce
qui permet de travailler sur un rachis fixé ne bougeant
plus. Dans quelques cas, l'ostéoporose est importante
et la fixation par vis est de mauvaise qualité. Il faut
alors recourir à la mise en place d'un peu de ciment à
os dans le trou du massif articulaire, il ne faut pas
pousser celui-ci trop loin sous peine de le voir partir
dans le foramen. Le vissage sur du ciment mou donne
ainsi une fixation de bonne qualité, stable à long
terme.
O. GUINGAND.
E
DE THOMASSON
Un drainage aspiratif est toujours laissé en place et ce
d'autant plus qu'il y a une laminectomie. Il est retiré
précocément vers la 48ème heure. Les brèches durales
sont rares du fait de l'épaisseur de la dure-mère à cet
étage.
Les suites post-opératoires
Une immobilisation
complémentaire
par minerve
moulée ou simple collier est proposée sur une période
de deux mois, en fonction de l'instabilité de la lésion
et de la qualité de la fixation et de l'os. La mobilité du
rachis cervical en cas de fixation est finalement rarement limitée à distance puisque le maximum de la
rotation a lieu dans la partie haute du rachis cervical.
INSTRUMENTATION
POSTÉRIEURE
DES LÉSIONS TRAUMATIQUES
RACHIS CERVICAL INFÉRIEUR
DU
Nous avons vu dans la première partie de cet article
notre préférence pour la prise en charge des lésions
postérieures du rachis cervical par un abord et une
ostéosynthèse postérieurs.
Fermeture de l'incision postérieure
La cicatrice du rachis cervical postérieur est volontiers inesthétique du fait d'une déhiscence musculaire.
Certains auteurs ont pour cette raison proposé d'effectuer l'abord postérieur horizontalement. Il nous paraît
plus simple, notamment pendant l'acte opératoire, de
disposer d'une voie verticale. C'est donc insister sur
la nécessité d'une reconstruction musculaire d' excellente qualité. Il est essentiel, lors de la fermeture, de
savoir reconstruire
plan par plan l'ensemble
des
muscles. Cela évite la luxation latérale des masses
musculaires extrêmement inesthétique tant sur le plan
de l'aspect du cou lui-même que pour la cicatrice. La
fermeture musculaire soigneuse est complétée par la
reconstruction des aponévroses et des plans sous-cutanés. Le recours à un surjet intra-dermique résorbable
simplifie la surveillance postopératoire de la cicatrice.
•
Figure 3 : La réduction d'une luxation unilatérale se fait par manipulations sur les lames avec une spatule qui effectue une manœuvre de «
démonte-pneu ii. L'ablation du fragment d'articulaire fracturée est dés
lors possible .
OSTÉOSYNTHÈSE
DU RACHIS
CERVICAL
SUPÉRIEUR
Il faut noter la variabilité importante des résultats des
mesures que nous avons effectuées. Un scanner préopératoire avec reconstruction tridimensionnelle permet au mieux d'apprécier l'anatomie de l'écaille de
l'occipital
et ainsi de choisir le matériel le plus
adapté.
Si l'on veut éviter de blesser un sinus veineux, ou de
pénétrer dans les espaces arachnoïdiens, il ne faut pas
franchir la dure-mère. Pour cela, il faut effondrer avec
précaution la table interne de l'os, soit en l'usant avec
une curette ou une fraise, soit en utilisant une mèche
avec butée de sécurité, ou montée sur un moteur
débrayable.
Dans ce cas, dès que la table interne est traversée par
Figure 5 : Plaque de Fuentès.
fosse cérébrale moyenne et non plus la fosse posténeure;
- la partie latérale et inférieure de l'écaille de l' occipital est la partie la moins épaisse, et a priori constitue
un mauvais site d'implatation de vis;
- la région médiane de l'écaille est là plus épaisse, et
donc a priori celle qui permet la prise la plus solide.
•
Figure 6 : Arthrodèse
utilisant:
occipito-cervicale
a) des vis occipitales, b) des crochets (4) .
par matériel Cotrel Dubousset
C. ARGENSON,
F. DE PERETTI,
~
1. HOVORKA
la mèche, le mandrin s'arrête automatiquement
de
tourner. Avec une curette, il faut enlever la fine pellicule osseuse restante, un dissecteur carré décolle
ensuite facilement la dure-mère,
Les fixations qui nous ont le plus satisfaits ont été
dans un premier temps, les plaques de Roy Camille,
dont la vis est nettement implantée dans la partie la
moins épaisse de l'occipital, puis la plaque de Fuentès
(figure 5), avec sa fixation médiane plus logique, et
dont la tenue s'est révélée bien supérieure (figure 4c),
Notre expérience va actuellement à la fixation par
crochets implantés sous forme d'un clamp supérieur
dans l'écaille de l'occipital, et d'un clamp inférieur de
part et d'autre des lames des vertèbres cervicales
(figure 6).
Ce montage, initialement décrit par Logroscino (3)
reste en concurrence avec les fixations occipitales par
vis (4).
7a
Les principales indications sont:
a) les lésions de la polyarthrite rhumatoi'de dès qu'à
l'atteinte CI-C2 s'associe une ascension du sommet
de l' odontoïde dans le trou occipital, ou en cas de
lésion anatomique évoluée;
~
7b
Figure 7 : Polyarthrite
rhumatoi'de ayant subi 15 ans auparavant
a) Tetraparésie brutale: arrêt complet de la myélographie
niveau de la zone charnière .
•
une fixation occipito-cervicale.
ascendante au
b) Laminectomie : sténose par hypertrophie du ligament jaune et des formations disco-ligamentaims.
Fixation selon la méthode de Simmons.
Récupération totale (résultat à 4 ans).
OSTÉOSYNTHÈSE
DU RACI-ITS CERVICAL
b) les lésions traumatiques associant une atteinte de
l'arc postérieur de Clet de l'apophyse odontoïde ;
c) les exceptionnelles disjonctions occipito-cervicales ;
d) en pathologie tumorale où elles constituent souvent
le premier temps de stabilisation avant une résection
effectuée par voie antérieure ;
e) les malformations de la charnière occipito-cervicale. Il faut garder à l'esprit la possibilité à ce niveau,
d'un syndrome charnière par rupture de mobilité entre
ces fixations occipito-cervicales rigides et le reste de
la colonne cervicale. Vextension de la fusion peut être
impérative (figure 7), et en ce cas, la technique de
Simmons peut apporter une solution de rattrapage :
des broches sont fixées horizontalement dans la base
SUPÉRIEUR
sence de matériel radio-opaque en regard de la fracture, ce qui gênerait le contrôle peropératoire de face
dont le rayon passe à travers la bouche maintenue
ouverte par un tampon radiotransparent.
des épineuses à partir d'un point d'entrée latéral percutané ; elles sont reliées entre elles par des fils
métalliques passés entre les lames en avant et les
broches en arrière; une greffe postéro-Iatérale
ou
même du ciment en cas de tumeur peuvent être dispersés dans les gouttières paravertébrales.
TECHNIQUE DE LA VOIE
ANTÉRIEURE
Vissage antérieur de l'odontoïde
Installation et voie d'abord
Après réalisation de l'anesthésie générale et de l'intubation, le blessé est positionné sur la têtière où il est
fixé par de l'Elastoplast®
en très légère rotation
gauche, l'abord se faisant la plupart du temps à droite
pour les opérateurs droitiers. Un billot sous les
épaules permet d'obtenir une bonne lordose cervicale,
élément essentiel de toute réduction des déplacements
osseux ou articulaires. La position en proclive est
indispensable pour diminuer le saignement peropératoire, ce qui implique le blocage des membres inférieurs par un appui sous les pieds et une sangle au
niveau des cuisses pour éviter la flexion des genoux.
L'abaissement
des épaules
par la sangle
à
l'Elastoplast® facilite la vision des dernières vertèbres
à l'amplificateur de brillance.
Vutilisation de deux amplificateurs de brillance placés à 90% facilite l'opération; la mise en place préalable d'un étrier de Gardner n'est pas indispensable.
Vintubation doit être effectuée de préférence par voie
nasopharyngienne,
toute hyperextension de la tête
étant déconseillée; ce mode d'intubation évite la pré-
•
Figure 8 : Ostéosynthèse
antérieure de l'odontoi"de
noter le point
d'introduction de la broche guide au bord inférieur du corps de C2 .
C. ARGENSON,
Figure
9: Position
F. DE PERETTI,
idéale de la vis dans le corps de l'odontoide.
Avant d'entreprendre la voie d'abord, il est nécessaire
d'obtenir une réduction correcte du déplacement tout
en conservant le maximum possible d'extension du
Figure 10 : Fracture de l' odontdide (type 11) à déplacement
1. HOVORKA
fait des difficultés d'abord sur un rachis fléchi; cette
difficulté est majorée en cas de sternum saillant, et on
peut sous amplificateur évaluer avant l'incision le trajet probable de la vis par une broche: l'impossibilité
d'obtenir un trajet correct chez un sujet obèse à cou
court ou cyphotique peut faire renoncer à opérer par
voie antérieure.
La voie d'abord est soit horizontale (6 cm de long) au
niveau C5-C6, soit verticale. La dissection est alors
conduite de bas en haut jusqu'au disque C2-C3 ; elle
est facilitée par l'emploi des écarteurs de Rohman.
Une résection partielle du bord antérieur du disque et
parfois même de la partie antéro-supérieure du corps
de C3 est indispensable pour positionner le point
d'entrée de la broche au bord inférieur de C2 et non
sur sa face antérieure (figure 8). La pénétration de la
broche est suivie sous contrôle à l'amplificateur dans
les deux plans et la vis de 3,5 mm mise en place en
évitant qu'elle n'entraîne la broche guide (figure 9).
•
antérieur: calvicieux après synthèse par vis .
OSTÉOSYNTHÈSE
DU RACHIS
CERVICAL
SUPÉRIEUR
Arthrodèse
C2-C3 en cas de fracture
de
l'odontoïde à déplacement antérieur
Le déplacement des fractures de type II, à trait oblique
en bas et en avant, peut être aggravé par l'effet de
compression
du vissage
antérieur
simple de
l'odont6fde (figure 10). Pour ce type de fracture et
surtout celle associée à une fracture des isthmes de
C2, on peut réaliser une arthrodèse C2-C3 par plaque
en trèfle type AO ou plaque à lame antérieure
(Sofamor) (figure 11): la vis médiane est dirigée par
un canon placé au centre de la plaque ; celle-ci comporte une palette antérieure qui s'oppose au glissement vers l'avant de l'odontoïde. Le premier temps
consiste à mettre en place la plaque dans l'espace
C2-C3 débarrassé de son disque ; une broche introduite dans le canon de la plaque va alors cathétériser
la fracture odontoïdienne. La plaque est soigneusement fixée au corps de C3 par deux vis de 4 mm de
Figure 11 . Fracture de l'odontoide
fixée par vis plaque type Vichard.
(type II) à déplacement
antérieur
Une mèche souple peut aussi être utilisée guidée par
un mandrin rigide qui prend appui sur le bord inférieur de C2 (technique AO) : les vis utilisées sont de
type AO à pas de vis distal. ou de Herbert à filetage
complet. La revue de la littérature montre que la mise
en place de deux vis n'a aucun avantage sur le résultat
final. La perforation de quelques millimètres du sommet de l'odontdide n'est pas dangereuse.
Les suites opératoires sont extrêmement simples, le
port d'un collier devant être maintenu 2 mois environ.
•
Figure 12 : Arthrodèse
C2-C3 par plaque ou vis unique de gros diamètre .
C. ARGENSON,
F. DE PERETTI,
diamètre ; la broche est remplacée par la vis de
4,5 mm, la longueur variant entre 42 et 52 mm.
Certains matériels se fixent sur C2 uniquement.
Arthrodèse C2-C3
A cet étage, il faut veiller à bien impacter le greffon
profondément, le bord antéro- inférieur de C2, véritable «bec», surplombant le corps de C3.
Pour éviter la saillie de son bord supérieur, la plaque
doit être soigneusement cintrée et appliquée étroitement contre la face antérieure de C2 dont on peut
réséquer le «bec» pour améliorer le contact, la vis de
C2 a par ailleurs un trajet oblique vers le haut (figure
12).
Nous avons utilisé, dans certains cas, un simple vissage transcorporéal C3-C2 à partir du bord inférieur
du corps de C3, la vis perforant successivement le
corps de C3, le greffon iliaque mis en place au niveau
de l'espace C2-C3 et finalement le corps de C2 et
l'apophyse odontoïde (figure 12) ; cette technique est
particulièrement recommandée en cas de lésion discoligamentaire C2-C3 majeure en hyperextension, associée ou non à une fracture des pédicules de C2 à
grand déplacement.
1. HOVORKA
contrôle de l'amplificateur
de brillance à partir du
bord inférieur de C2, deux vis divergentes qui vont se
fixer dans les masses latérales de CI, réalisant ainsi
par voie antérieure la même fixation que la technique
de Magerl par voie postérieure (figure 13).
Conclusion
La chirurgie du rachis cervical supérieur fait appel à
des techniques très particulières réalisées le plus souvent par voie postérieure. Les suites opératoires sont
généralement plus longues et difficiles que celles des
voies antérieures. On observe en particulier des raideurs et une gêne fonctionnelle prolongée en rapport
avec le décollement musculaire important nécessité
par cet abord.
Ceci doit être pris en considération dans l'indication
et la technique opératoire.
Fixation antérieure C2-CI par vis
Pour renforcer une arthrodèse postérieure peu stable,
ou traiter par la même voie antérieure, une lésion
C l-C2 de type ligamentaire ou osseux et une lésion
du rachis cervical inférieur, on peut introduire sous
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