
Michel DUPUYDAUBY*
Editorial
Responsabilités
tre responsable, c’est, bien sûr, assumer les
conséquences de ses actes, mais c’est aussi,
en amont, agir avec la conscience des consé-
quences de ceux-ci. De façon plus large, c’est également
agir avec la conscience du devoir qui peut reposer sur
les épaules de chacun le jour où les événements le
mettent en position de jouer un rôle. Et accepter d’agir
dans le sens du bien commun, même si l’action semble
contradictoire avec son intérêt immédiat.
C’est ainsi que l’an passé nous attirions avec vigueur
l’attention des pouvoirs publics sur la situation
dramatique dans laquelle se trouvaient les disciplines
périnatales et en tout premier lieu l’obstétrique. Cette
situation, disions-nous, ne tient pas tant au nombre des
réclamations qu’au niveau extrêmement
élevé, et en forte croissance, des indemni-
sations décidées par les tribunaux français.
Nous avons reçu de nombreux soutiens,
au plus haut niveau des instances profes-
sionnelles, comme de l’Etat. Mais certains,
ne connaissant pas ces risques spécifiques,
car spécialistes d’autres marchés, en France
ou à l’étranger, y ont vu l’occasion d’arrondir
rapidement, substantiellement et sans effort leur
chiffre d’affaires, ou même pour certains courtiers leur
bénéfice.
Il est vrai que, dans un tel risque où il s’écoule
au minimum 4 ou 5 ans entre la perception de la
cotisation et les premiers règlements sérieux et où le
coût définitif n’est parfois connu qu’au bout de plus de
15 ans (délai de consolidation d’un nouveau-né), une
insuffisance de tarification ne se découvrira qu’au mieux
au bout de 7 ou 8 ans et plus probablement au bout de
10, soit vers 2010-2013. Qui se souviendra alors
des décideurs ou des profiteurs d’aujourd’hui ? Et
l’assurance maladie, par le biais de l’ONIAM, devra
alors assumer une charge beaucoup plus élevée
Ê
que celle représentée par les diverses solutions
évoquées l’an passé pour résoudre efficacement la crise.
Engagera-t-elle alors un recours contre les professionnels
mal assurés ou leurs ayants droit comme la loi le
prévoit ? Un dossier de plus pour nos générations
futures !
Pour ce qui nous concerne, nous regrettons vivement
que ces solutions, et en particulier celle dite de
« l’écrêtement », n’aient pu aboutir, et afin de ne pas
mettre en péril la pérennité de l’assurance de respon-
sabilité civile des quelque 290 000 professionnels que
nous assurons, nous avons été contraints de limiter de
façon drastique l’assurance des obstétriciens.
Cette année connaît comme l’an passé une relative
stabilité des mises en cause, avec une baisse
des recours aux CRCI. La tendance au
renforcement de la reconnaissance du droit
à indemnisation des victimes se poursuit.
L’un des buts affichés de la loi « Kouchner »
étant de freiner la judiciarisation de la
médecine, on peut constater aujourd’hui
qu’il n’est pas atteint. Conjuguée avec la
poursuite de la forte croissance des indemnités, cette
situation concourt à maintenir une pression très
sensiblement haussière sur le risque, et partant, sur
les cotisations. Ceci est particulièrement vrai pour
certaines spécialités, mais également pour la médecine
générale, dont d’ailleurs le nouveau statut de spécialité
auquel elle accède ne pourra que constituer l’origine
d’un accroissement des exigences sécuritaires.
Nous avons commencé à prendre en compte dans les
calculs des cotisations 2008 l’allègement que représente
la limitation du nombre des gynécologues-obstétriciens
assurés, qui a un retentissement considérable sur les
primes d’assurance, et nous espérons que cet effet
pourra se poursuivre sur les prochaines années ■
* Directeur général, Groupe MACSF.
Assurer,
c’est
prévoir
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