LE MONDE DES ME
´DIAS
Mais un seul critère permet, semble-t-il, de dresser un inventaire des médias
qui soit à la fois complet et pertinent. Complet en ce qu’il n’établit aucune discrimina-
tion entre les techniques, qu’elles soient très anciennes ou d’apparition récente.
Pertinent par rapport à son objet : rendre compte de la diversité des modalités de
l’échange entre les hommes, des formes variées du « commerce des idées » auquel
ils se livrent. Ce critère, les sociologues pourraient l’appeler, indifféremment, forme
ou « modalité de communication », là où les ingénieurs parleraient de « structure
de la communication » et les juristes de « mise à disposition du public ».
L’application de ce critère permet de distinguer trois familles de médias. La
première famille est celle des médias autonomes. Elle comprend tous ceux des
supports sur lesquels sont inscrits les messages et qui ne requièrent de raccordement
à aucun réseau particulier : ainsi les livres, les journaux, les disques audio, vidéo
ou informatiques. Pour en permettre la « lecture », certains équipements sont indispen-
sables : magnétophones, magnétoscopes, ordinateurs, consoles de jeux. Les enregis-
treurs de DVD avec disque dur sont en passe de devenir, pour les images animées
et sonorisées, ce que représentent, depuis longtemps, le livre et le journal pour la
propagation des textes imprimés.
Deuxième famille : celle des médias de diffusion, que cette diffusion soit large
ou étroite. Depuis la TSF, dont le brevet fut déposé par Marconi en 1896, des
émetteurs et des relais terrestres permettent la transmission, par la voie des ondes
hertziennes, de programmes de radio dans une zone de « couverture » dont l’étendue
varie selon la puissance des équipements émetteurs et des équipements récepteurs
utilisés. Depuis les années 1930, des programmes de télévision sont également
acheminés par la même voie. Les modes de diffusion se sont multipliés, dès 1975 :
câbles, satellites, télévision numérique terrestre, Internet.
Troisième famille : les médias de communication, qu’il s’agisse d’une télécom-
munication bipolaire ou multipolaire. Elle comprend tous les moyens de télécommuni-
cation permettant d’instaurer, à distance et à double sens, soit une relation de dialogue
entre deux personnes ou entre deux groupes, soit une relation entre, d’un côté, une
personne ou un groupe, et de l’autre, une machine, comprenant une batterie de
programmes ou de services.
Inauguré en 1876 par Graham Bell, le téléphone est l’ancêtre, en même temps que
le parangon, de ces techniques qui permettent « l’interactivité », — ou l’interaction —,
immédiate et directe, entre les différents protagonistes de l’échange de messages.
De nombreux dispositifs, apparus après 1978-1980, permettent désormais à chacun
des usagers d’obtenir les programmes ou les services de son choix, sur simple
commande individuelle, c’est-à-dire à l’instant qu’il a lui-même choisi. Parmi ces
dispositifs d’accès à la demande figurent la vidéographie, dans sa version diffusée
(le télétexte) ou interactive, la télématique, domestique ou professionnelle, et, depuis
1993-1995, les services d’Internet. Ces équipements établissent un commerce jus-
qu’ici inédit de textes, de graphiques, d’images fixes ou animées, associées ou non
à des sons, et non plus seulement l’échange d’une conversation téléphonique entre
deux personnes.
Introduction 11
Miles Oasys 08-08-13 15:19:57
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Médias et Sociétés 16
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éd./2013