Dossier de Présentation L’art-thérapie en chirurgie bariatrique « L’art-thérapie est une vraie spécialité qui englobe l’ensemble des pratiques thérapeutiques utlisant une technique artistique. [...] Mon objectif dans cette démarche est de provoquer une alliance thérapeutique positive pour la prise en charge chirurgicale d’une maladie dont les causes ou les conséquences peuvent être émotionelles et/ou psychologiques. » Extrait du livre « Le Poids des Mots » du Dr Maxime Sodji 2 Note d’intention Le projet d’écriture d’une pièce de théâtre avec des personnes obèses opérées a démarré en 2009 avec plusieurs phases. Plusieurs groupes et plusieurs projets de scénario se sont succédés. Le projet initial patients-auteurs-acteurs est abandonné en raison des contraintes professionnelles des uns et des autres. L’évidence s’est imposée en 2012 : avec un recul de plus de 10 ans de chirurgie de l’obésité, la prise en charge de l’obésité demeure complexe ; l’avant et l’après chirurgie, riches en questionnements et en émotions, sont des « sujets de théâtre » ; le corps médical doit devenir modeste vis-à-vis de l’obésité et le patient lui, devenir co-auteur du traitement ; enfin l’art et l’obésité peuvent faire alliance. J’ai compris que je ne serai pas qu’un chirurgien de l’obésité mais un chirurgien aux côtés de la personne obèse. En janvier 2013, j’ai pu réinsuffler un nouvel élan, constituer une nouvelle commission, animer deux ateliers d’écriture par mois sans oublier tout le travail de recueil et de transmission de données par le biais du forum du site obesite-87. Ces ateliers ont été des lieux privilégiés de rencontre soignant-soigné. Pas de médecine, ni de blouse, ni de balance. Un lieu de découverte de l’autre, de proximité qui a permis de délivrer les soignés de leur « maladie » et de libérer leur créativité. Nous avons pu ainsi partager des expériences de vie différentes sur un pied d’égalité. Ces ateliers d’écriture ont été ouverts à tous les opérés. Il y avait plus de récents opérés que d’anciens, le taux de perdus de vue en chirurgie de l’obésité est élevé. L’ambiance de travail a fait coexister les déçus et les euphoriques de la chirurgie, ce qui est un exploit. La verbalisation de leurs histoires de vie, le respect des uns et des autres, l’écoute ont favorisé les échanges et canalisé toutes les énergies vers la création de cette œuvre artistique commune qui doit refléter l’expérience de chacun. 3 L’excitation du début n’a pas faibli, c’est le pouvoir de la création artistique. Tout le monde sera co-auteur de cette pièce de théâtre, les assidus comme les participants d’un jour ou les collaborateurs à distance. Il faut saluer le courage de ceux qui se disaient en échec, qui se sont isolés et qui ont accepté de revenir parler de leur expérience, et l’humeur joyeuse des opérés récents qui ont égayé ces ateliers. De nouveaux réseaux sociaux ont vu le jour. Ce fut une belle aventure extra-médicale. En pratiquant cette activité artistique, ils sont redevenus actifs en oubliant leur maladie. Sans chercher à avoir une prétention d’art-thérapie, ces ateliers ont été pour certains une occasion de verbaliser leur mal-être, leurs affects douloureux et beaucoup de non-dits. Tout le monde est devenu ainsi « art-thérapeute » en accompagnant toutes ces personnes vers un « allermieux ». Oubliée la traditionnelle relation paternaliste soignant-soigné et place à la parole qui soulage et à l’art qui modifie la manière dont les patients perçoivent l’hôpital, leur maladie et leur vie. L’évaluation de l’efficacité de l’art-thérapie est encore imprécise. En attendant, nous nous contentons des témoignages de certains sur ces ateliers : « Ce fut la plus belle thérapie qu’aucun psy ne leur ait proposée. » L’obésité est avant tout un état de mal-être dans un environnement hostile. Je suis persuadé que les exploits de la médecine et de la chirurgie seront vains si la société ne change pas son regard sur la personne obèse. Face à l’épidémie grandissante de l’obésité, nous avons opté pour une prise en charge pluridisciplinaire, médicale et non médicale, de la chirurgie bariatrique au service de l’individu. Que DAME OBESITE œuvre pour un nouveau regard sur ces belles personnes dites « obèses » qui ont du talent. Dr 4 Maxime Sodji Historique « En 1999, le Ministère de la Culture et de la Communication et le Secrétariat d’État à la Santé ont signé une convention visant la promotion et la coordination des activités artistiques et culturelles dans les hôpitaux. L’objet de l’alliance culture / hôpital est d’améliorer la prise en charge des patients. » Source : Actualité et dossier en santé publique. La situation sociale de la personne obèse ne s’arrange pas. La stigmatisation des personnes obèses est devenue banale avec des conséquences d’exclusion, d’isolement et d’injustice. Les multiples échecs des régimes ont installé un traitement « agressif », la chirurgie, qui n’est pas le traitement miracle de l’obésité morbide. A vrai dire la médecine ne suffit plus pour la prise en charge de l’obésité, la « maladie » étant individuelle et collective. La nouvelle médecine de l’obésité ne doit pas chercher seulement à faire maigrir mais à installer une prise en charge globale de la personne obèse dans son milieu et dans la société qui doit changer son regard sur la personne obèse. Cette prise en charge globale et personnalisée m’a emmené à écouter, traduire, expérimenter, évaluer et innover surtout dans le domaine de l’art. L’art a souvent mis en valeur la personne obèse. Les maigres étaient moins représentés dans tous les domaines artistiques. « L’humanité a souvent vécu dans le dénuement et a toujours projeté l’art dans ses rêves d’abondance. » disait Marcel Sendrail. Voilà que l’art vient encore au secours de l’obésité par l’art-thérapie. Un concept encore vague qui reste toujours difficile à définir. 5 Ma prétention d’art-thérapie débute dès la première consultation où j’ai remarqué que la personne obèse a du mal à parler de son obésité et à exprimer sa demande d’aide « chirurgicale ». Aussi j’ai eu l’idée de demander aux patients de venir avec une lettre de motivation et une photo corps entier habillé : « Le poids des mots, le choc des photos », allusion au célèbre slogan de Paris Match. Au début était le verbe. Notre première rencontre se fait par l’écrit. Mettre des mots sur ses maux, entraîne tôt ou tard une prise de conscience de ses problèmes pour mieux les traiter. C’est ma conviction. J’imagine le patient candidat à la chirurgie bariatrique, assis à table, seul, silencieux, plongé dans son passé où il va sélectionner les épisodes et les mots utiles pour notre rencontre. « Ecrire, c’est lever toutes les censures. » disait Jean Genet. Le mot art-thérapie en chirurgie de l’obésité est prétentieux. L’art-thérapie est une vraie spécialité qui englobe l’ensemble des pratiques thérapeutiques utilisant une technique artistique comme méthode de soin. Le statut d’art-thérapeute est reconnu aux U.S.A. depuis plus de vingt ans. Cette branche implique une expérience psychothérapique étendue, de préférence psychanalytique, une connaissance de la médiation artistique, un intérêt pour les arts, une expérience des thérapies groupales, de l’attrait pour la création et l’improvisation. Ce qui n’est pas mon cas. 6 Cheminement Mon seul objectif dans cette démarche est de provoquer une alliance thérapeutique positive pour la prise en charge chirurgicale globale et optimale d’une maladie dont les causes ou les conséquences peuvent être émotionnelles et/ou psychologiques. La deuxième étape est celle de l’image. La personne obèse fuit les objectifs des appareils photo et des caméras : « Hors de la maison les miroirs corps entiers ! ». J’ai observé, lors de nos entretiens, un véritable déni du corps, souvent habillé de noir, contrastant avec un joli visage dont le maquillage est tenu à jour et vérifié dans les nombreux petits miroirs de la maison. J’invite alors mes patients à débuter la réconciliation avec leur physique et à venir à cette première consultation avec une photo corps entier habillé. La majorité me rapporte que cette prise de photo qu’ils ont fait faire par un ami et non par un proche a été un moment de torture et qu’ils n’ont pas vu la photo qu’ils me donnent les yeux fermés ou cachée dans une enveloppe. Ils me la réclament quelques années plus tard quand ils ont bien maigri. Nous venons de lancer un projet de photographie-thérapie. J’ai mis en place un système de parrainage et organisé des groupes de parole… C’est là qu’est venue cette deuxième révélation. Transcendée par l’effet de groupe, la personne obèse parle juste, parle vrai et libère ses souffrances... D’où l’idée de demander aux participants d’écrire des poèmes. Aussi, nous avons co-écrit un livre avec des poèmes (Le poids des mots). En poésie-thérapie, l’idée de départ était qu’ils écrivent un poème avant la chirurgie, puis un autre lors de l’amaigrissement et un dernier à la fin. Mais le temps de l’amaigrissement est très long et parfois infini ; c’est pourquoi l’exploit d’un poème nous a suffi pour ce premier projet. Par ailleurs j’ai demandé aux patients qui savent peindre de nous illustrer leur aventure d’amaigrissement au travers de quelques tableaux de peinture. C’est une autre aventure qui continue. 7 Au commencement était le verbe, puis la peinture, et demain ce sera le théâtre, voici notre cheminement. La troisième partie de notre prétention d’art-thérapie concerne le théâtre. Les participants à la commission de théâtre ont écrit des anecdotes sur leur vie d’obèse. Le concept de théâtre-thérapie est encore imprécis : soit la personne a recours spontanément au théâtre comme outil de croissance personnelle ; soit c’est la thérapie théâtrale, inventée dans les années 70, qui utilise toutes les techniques qui marchent dans le cadre du théâtre pour traiter les problèmes de confiance, de sociabilisation, de prise de parole en public, et les problèmes de relation sous forme de psychodrame. L’originalité de notre approche réside dans le fait que ce sont des anciens obèses qui se sont penchés sur leur passé pour mieux le fixer, l’exorciser et se projeter dans l’avenir. Il ne manque que la danse ou le Slam pour compléter toutes les catégories de l’art-thérapie. C’est de l’art brut sans le regard d’un art-thérapeute diplômé, au profit d’un projet d’amaigrissement, qui est long et difficile, et qui ne demande qu’à être jugé par les critiques. Certains y ont pris goût, se sont même découvert un style ; j’espère qu’ils continueront. Il reste à étudier cette approche par des études comparatives. En attendant, la réaction d’adhésion à tous ces projets qui continuent avec les nouveaux patients est toujours forte. Toutes ces formes d’art permettent une introspection, un face-à-face avec leur « moi » que certains fuyaient, une identification de leurs souffrances schématisées en mots, en traits, en couleurs, et un jeu de rôle qu’on veut les aider à gagner. Enfin, nous sommes rassurés, car notre art-thérapeute va nous apporter la rigueur professionnelle qui manquait à notre approche. Je crois à la chirurgie de l’obésité et j’espère que l’obésité ne sera pas une maladie « chirurgicale ». La chirurgie par le verbe n’existe pas, mais la chirurgie avec le verbe sont les deux versants de la thérapeutique à laquelle je crois. La parole du patient pendant la chirurgie n’est pas possible, l’anesthésie rend muet. Mais la parole d’avant et d’après chirurgie est importante et constitue la clé du succès. 8 S’il y a de l’art dans la chirurgie, le chirurgien n’est pas un artiste pour autant. L’acte chirurgical se fait sur des patients et réside dans la mise en œuvre d’un acte mûrement réfléchi et appris mille et une fois auprès de ses aînés dans un long compagnonnage. Le chirurgien ne peut donc pas donner libre cours à son imagination comme l’artiste... Peut-être partage-t-il avec ce dernier la recherche de la simplicité et la sobriété du geste. Enfin, il ne peut pas non plus se contenter de statistiques purement scientifiques, tant importe dans ce métier le facteur humain… En attendant, par ce procédé, nous avons pu établir un autre type de relation avec le patient obèse. Oubliée la traditionnelle relation paternaliste et place à un niveau rapport médecin-patient fondé sur la confiance réciproque, la responsabilité et la mise en place d’un nouveau mode d’accompagnement des soins médicaux. Le patient doit considérer la chirurgie comme un outil et se rappeler qu’il est co-auteur de son résultat. Il n’y a pas de mauvais outil, mais de mauvais ouvrier. Toutes ces formes de prise en charge optimisent le suivi qui est la clé du succès. Face à l’épidémie toujours grandissante de l’obésité, nous avons opté pour une pratique pluridisciplinaire médicale, globale et artistique de la chirurgie bariatrique au service de l’individu. Dr Maxime Sodji 9 Les auteurs La commission théâtre du Dr. Maxime Sodji : Mise en place dans le but de créer cette pièce de théâtre, la commission compte une trentaine de patients opérés d’un anneau, d’une sleeve, d’un by-pass, ou non opérés. Cette commission s’est regroupée jusqu’à deux fois par mois pendant plusieurs années pour rassembler toutes les anecdotes qui constituent la pièce en donnant les grands axes chers aux personnes obèses… Dr. Maxime Sodji : Chirurgien digestif à la Clinique des Emailleurs de Limoges, pratique la chirurgie de l’obésité depuis plus de 10 ans, avec à son actif plusieurs milliers d’opérations. A écrit en 2009 un livre intitulé « Le Poids des Mots », un livre de référence sur la chirurgie de l’obésité, avec non seulement tous les aspects techniques et humains des opérations mais aussi avec une grande part dévolue à l’art-thérapie, dédiée cette fois-ci aux poèmes et à la peinture. Ce livre reste aujourd’hui encore un des seuls ouvrages traitant de la chirurgie de l’obésité et le seul ouvrage ayant donné la parole aux patients opérés par le biais de témoignages sous forme de poèmes ou sous forme plus classique. 10 Le metteur en scène Thierr y Charrière : Thierry Charrière est un explorateur qui réalise ses rêves. Tour à tour acteur, metteur en scène, auteur, cet ancien sportif a su mettre à profit son expérience de combattant pour être également cascadeur… D’Aaron Speelling Production au théâtre de l’Epi d’or, du CDN à Arthus spectacle ce touche-àtout a pris néanmoins le temps de créer pour Découvrance Théâtre un personnage singulier, tout droit inspiré des noir et blanc de Kurosawa, qui vit le jour en pays sahraouis : ShôShô, mi clown mi samuraï, il vieillira avec lui en distillant sur les plateaux du monde entier une tranche de vie dégoulinante de rire, d’horreur et de poésie… Issu de ce brassage, Thierry Charrière se jette au cou de Dame Obésité comme un amant passionné pour une aventure qui ne supporte ni frilosité ni demi-mesure… Je ne crois pas que l’obésité soit une fatalité ; par contre dans ce monde de surenchère il est logique de l’y croiser. Même si dans l’absolu la chirurgie ne me semble pas la solution idéale s’en est une pour beaucoup de ces personnes qui doivent se battre au quotidien contre leur propre corps alors qu’ils devraient vivre avec. Il est ahurissant de subir sa vie et honteux de la traverser dans un habit de souffrances et de quolibets. Notre corps, cet étranger, mérite d’être choyé, écouté, regardé, aimé… Les obèses font partie de ceux qui en ont le plus conscience car chaque jour ils doivent l’affronter. Il faut connaître son ennemi pour mieux le combattre et quand votre propre corps devient votre ennemi il est temps de vous demander pourquoi, par qui, à qui profite le crime ? Je ne ferai pas le procès de qui que ce soit car mon travail d’artiste, pour cette occasion, et de transmettre les douleurs et les espoirs des témoins qui m’ont choisi pour ça… Mon choix sera donc d’apporter mon univers au service de ces gens, de prendre le contre-pied du gros, du lourd et du pesant pour aborder dans le rythme, le décalé et l’arrogant ma vision simple pour ne pas dire simpliste… d’un système pervers et grotesque qui montre du doigt, détourne nos regards et désigne des coupables tout trouvés… 11 Assistante metteur en scène et chorégraphe Lorsque Thierry Charrière m’a demandé de faire danser les comédiens du projet « Dame ô », j’ai tout de suite vu dans cette demande une suite logique à mon travail sur le corps atypique ; le corps de l’obèse est à mon sens un corps stigmatisé, un corps cathartique, et cela fait echo à mon propre questionnement sur la place du corps dans notre société. Après avoir interprété des classiques tels que « le malade imaginaire » de Molière ou « un mot pour un autre » de Jean Tardieu, je me suis dirigée vers des formes plus expérimentales hors les murs : la rue, les bars ou tout autre lieu non dédié au spectacle vivant, comme les friches industrielles sont devenus mes « terrains de jeux ». C’est dans ce contexte particulièrement libre que j’ai pu explorer des formes dansée telle que l’ankoku butoh initié par Hijikata Tatsumi. Cette pratique qui interroge le corps social et le corps originel, je l’ai confrontée à des textes de Howard Barker, Christian Brissard ou encore d’Edouard Limonov, ce qui m’a également permis de tester l’art de la mise en scène, toujours dans une mouvance que l’on pourrait qualifier d’underground. J’ai également participé à des projets de collectif d’artistes contemporains, toujours sur le thème du corps en situation extrème, qui m’ont permis d’aller plus loin dans ma recherche sur la danse des « non-danseurs ». 12 « Dame Ô » me donne l’opportunité d’interroger tous nos corps : celui que nous habitons, celui qui nous habite, celui que la société nous a fait nous forger, celui que les autres regardent…comment articuler toutes ces chairs, comment passer d’un corps à l’autre, les faire apparaître, devenir invisibles, bref, comment gérer cette nouvelle forme de métamorphose que nous propose notre époque. 13 La scénographie Gilles Charmot, décorateur pour l’Accroche Coeur avec la Compagnie Joe Bithume à Angers Gilles Charmot, né en Algérie à Orléansville en 56, metteur en scène, scénographe, décorateur, intermittent du spectacle depuis 1985, il est cofondateur et metteur en scène de la compagnie « Le Loup Garou », décorateur puis scénographe pour Eric SADIN au Nouveau Théâtre de Châteauroux. Il est scénographe par ailleurs pour d’autres compagnies comme l’Exercice Théâtre aux côtés de Stéphane AUCANTE, pour le Puck Théâtre, Klio Production, pour le Rhinocéros Blanc, le Rêveur du Temps Fou , le Théâtre de l’Éphémère, Joe Bithume. Il réalise la scénographie et le décor pour « Les Mouches » de Jean-Paul SARTRE au Grand Hébertot. Une trentaine de mises en scène à son actif, sa sensibilité artistique en matière de mise en scène vient en complémentarité avec ses compétences scénographiques. 14 note d’intention scénographie Une phrase du Dr Maxime Sodji m’a interpellé : « L’obésité est avant tout un état de mal-être dans un environnement hostile. » Divisé bien sûr, tiraillé d’un côté et de l’autre comme l’est l’obèse qui se supporte mal, c’est ce que sera le décor ! Pentu pour marquer l’instabilité, l’hésitation voire la chute, mais aussi dichotomique, coupé en deux dans son ouverture pour créer le gouffre et aussi pour réussir à le franchir. Deux hémisphères comme notre cerveau mais encadrés par des passages où la ligne droite sera de rigueur, où les projecteurs-découpes réduiront l’espace à quelque chose de froid ou d’intimiste, avec des planchers nus et glissants ou l’acteur deviendra équilibriste.Le sol permettra apparition et disparition par l’intermédiaire de trappes. La forte inclinaison du plateau donnera un autre angle de vue, une autre perspective : chaises et tables bancales, déformées, sur ressort, où le mouvement peut à tout moment devenir danger où l’habillage en latex aura aussi la douceur et la chaleur de la chair, en opposition avec le mobilier de monsieur tout le monde, inconfortable et ridicule mais toujours rigide. Et puis un miroir, bien sûr ! Reflet de notre âme ou de notre corps, un miroir où un lycra élastique prendra les formes de celui qui hurle, de celui qui pleure, de celui qui rit, de celui qui a des formes. J’oubliais le cadre de scène, velours pour la chaleur et l’épaisseur, un tulle pour cacher ou laisser voir comme dans un rêve et un écran de projection pour montrer la réalité au quotidien du monde des obèses. Un espace scénique pour laisser toute la place à la parole. Gilles Charmot Scénographe pour Eric SADIN création « La Baïxada » Décorateur pour « Eloïse et Philémon » au « Théâtre de l’Ephémère » 15 Les comédiens Les comédiens seront en grande majorité des professionnels, intermittents du spectacle, mais dans la mesure où cette pièce s’inscrit dans une dynamique de théâtrothérapie, il nous semble judicieux d’intégrer si possible un ou deux patients co-auteurs pour des petits rôles afin de les impliquer jusqu’au bout de la démarche. Ancienne animatrice radio et technicienne plateau, Pascale CHATIRON accumule une expérience conséquente dans le cinéma, le théâtre, le spectacle vivant, les lectures, les voix off… Elle a participé entre autres au film « La Grande Vie » d’Emmanuel SALINGER, au documentaire « L’affaire Marie Besnard » de Ludvic FORTIN et à « Apporte-moi de l’Amour » un court métrage adapté d’un texte de Charles BUKOWSKI. Comédienne depuis plus de vingt ans, elle a entre autres interprété des rôles dans des pièces d’auteurs tels que Israël HOROVITZ, Louis CALAFERTE, MARIVAUX... Au théâtre, les dernières créations auxquelles Pascale CHATIRON a participé en tant que comédienne sont « Tout mon Amour » de Laurent MAUVIGNIER et « La Camoufle » de Rémi DEVOS… 16 Né à Bourges en 1977, Fabrice CAZIN a toujours été animé par l’envie de faire du théâtre, pour preuve : l’option art dramatique de son Bac littéraire. L’école de la Comédie de Saint Etienne (Promotion O) l’accueillit ensuite, ce qui lui permit de compléter son cursus au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Depuis, les périodes de stage, les lectures publiques, les figurations, les pièces se sont succédées. Parmi ses dernières prestations : en 2012, « Appel au Secours » de Peter HANDKE, « Antigone ». Sophocle mise en scène de Gwenaël MORIN au Théâtre du Point du Jour ; en 2011 « La main passe » avec Isabelle ANDRIANATOAVINA. Il a travaillé avec Ludovic LAGARDE, Adel HAKIM, Dusan JOVANOVIC... Virginie Maillard est diplômée du Conservatoire National de Région de Metz en art dramatique, elle acquiert parallèlement une maîtrise de mise en œuvre et conception de projets culturels à l’Université de Metz. Elle suit différents stages de théâtre auprès de metteurs en scène professionnels (L.GUTTMAN, R.RENUCCI, C.DASTE) et se forme en danse et en techniques corporelles pendant plusieurs années. Elle fait partie de plusieurs Compagnies de théâtre à Paris et en Lorraine et est formatrice de théâtre pour les enfants et les adultes. En 2008, elle intègre l’école internationale de théâtre Jacques LECOQ dont elle est diplômée en 2010. Elle travaille en Sardaigne au Théâtre National de Cagliari pour le spectacle « Cabaret Emotivo ». Elle est membre de 38C.I.T.(Compagnie Internationale de Théâtre), compagnie fondée en 2011 par 38 comédiens issus de l’école Jacques LECOQ et joue dans diverses salles de spectacle (L’Avant Rue-Friche Théâtre Urbain, le Théâtre du Soleil) une libre adaptation du Maître et Marguerite de BOULGAKOV. 17 Après dix ans au Théâtre de l’Intuition en tant que comédien (« Amours Fous » de Michel AZAMA, « Old Saybrook » de Woody ALLEN « Du Vent dans les Branches de Sassafras » de René DE OBALDIA), régisseur puis animateur d’ateliers, François PAIN-DOUZENEL part finir sa Licence de Lettres Modernes à l’University College of Dublin où il se spécialise en Études Théâtrales et joue dans « The Trial » de Steven BERKOFF, mis en scène par Neal PEARSON. Suite à cette expérience, il intègre l’AIDAS, dirigée par Carlo BOSO, et s’inscrit dans une démarche de théâtre populaire, inspirée de la Commedia Dell’Arte, où en plus du jeu d’acteur, il apprend l’escrime artistique, le mime ou encore l’acrobatie. Aujourd’hui diplômé, il travaille avec différentes troupes comme la Compagnie du Sirocco (« Le Barouf ! » d’après Carlo GOLDONI et « L’Assemblée des Femmes » d’après ARISTOPHANE mis en scène par Carlo BOSO, Le Bastringue d’après Karl VALENTIN mis en scène par Guy PION) L’Attrape Rêve Théâtre ou la Compagnie de l’Alouette (Création lumière et régie de « En-quête » de Jean-Yves PICQ mis en scène par Aurélie LEPOUTRE) et intervient dans différents établissement scolaires d’Île de France. Valérie PUJOL participe à des créations théâtrales depuis plus de vingt ans, en France et à l’étranger. Formée à l’Université de San Francisco, elle a aussi appris son métier d’interprète auprès d’Ariane MNOUCHKINE, du Théâtre du Soleil, de Simon ABKARIAN, d’Alexandre MARKOV de l’Institut théâtral de St Pétersbourg et de Harold PARKER, professeur de chant. Elle a travaillé notamment sous la direction de Joël POMMERAT, Christoph MARTHALER, Alain KHOUANI, Patrick AUJOUX, Brontis JODOROWSKY… dans un répertoire presque essentiellement contemporain. Elle retrouve Patrick AUJOUX pour participer à la création de Dame Obésité. Diplômée de La fémis depuis 2012, elle est par ailleurs scénariste pour le cinéma. 18 Céline DERIDET est comédienne et chanteuse, sa formation professionnelle initiale en Art dramatique (Conservatoire de Bordeaux, Ecole régionale d’acteurs de Cannes, Ecole du CDN lde Saint-Etienne) l’a conduite à travailler avec diverses compagnies théâtrales depuis une quinzaine d’années (compagnie des Lumas, compagnie Athra, Compagnie La chèvre à cinq pattes…) Elle est aussi intervenante théâtre pour divers publics ainsi que formatrice professionnelle d’adultes spécialisée en prise de parole par les techniques théâtrales. Silvia MASSEGUR est péruvienne, française et marseillaise exilée à Paris. Elle s’est formée à Grasse au Laboratoire européen de théâtre et de cinéma chez Dimi DE DELPHES. Puis à New York dans une belle école à la porte rouge « The neighborhood playhouse » où elle a pratiqué la méthode de Sanford MEISNER. De retour en France elle a travaillé avec différents metteurs en scène de la région PACA: Marie-Pierre FERNANDES, Magali ROCCHIA VEZZA, Jean Marc CAESARE, Hamid AOUAMEUR avec qui elle travailla dans plusieurs spectacles pour enfants. Depuis dix ans elle travaille aussi à Paris, ville où elle a rencontré Patricia KOSSLEFF qui l’a initiée au masque neutre. Elle rencontre Daniel GROS en 2004 et participe à l’élaboration de contes en couleurs. En 2006, elle découvre le théâtre de rue grâce à Françoise BOUVARD et la Compagnie Lackaal Duckric et durant six ans elle pose ses valises et collabore dans trois spectacles originaux (« Egocenter », « I do », et « le Caniche de Porcelaine »). 19 Charlotte GUTIERREZ est comédienne et metteur en scène. En 2007, elle créée la compagnie Théâtre en Partance à sa sortie du Conservatoire de Poitiers où elle obtient la même année un Diplôme d’Études Théâtrales. Charcuterie Fine de Tilly sera sa première mise en scène. Le conte l’intéressant particulièrement, elle créée en 2010 un spectacle adapté des histoires de son arrière-grandpère écrivain René GUILLOT intitulé Les contes qui s’étaient perdus… Depuis 2007, elle participe aux créations de l’association Impulsions Femmes avec Tanguy TRILLET et Mary LEAUMENT. Ensemble, ils créent la Compagnie du Mauvais Genre en 2014 pour continuer à créer des spectacles engagés et militants sur l’égalité homme/femme et travailler plus précisément sur l’approche du genre. Théâtre en Herbe est aussi une compagnie de Poitiers avec laquelle Charlotte est engagée depuis 2010, elle joue dans plusieurs spectacles comme « Histoires Naturelles », « Le Big Bang du Loup », « La Tête de l’emploi » et « Les Fragiles » tous mis en scène par Isabelle FEUILLET. 20 Le costumier Originaire d’Auvergne, passionné par le dessin, la peinture ainsi que les tissus, Stéphane ARNAUD se forme en scénographie, décors et costumes, en peintures et patines à l’ADAC, Paris. Intermittent du spectacle depuis 1996, il réalise des patines et des motifs peints pour la pièce de théâtre Azev mise en scène par Roger SANTON au Théâtre de Chaillot ; pour le cinéma avec « Pierre et le Loup », film d’animation ; puis dans le domaine musical d’opéras (région PACA). Stéphane ARNAUD collabore, comme assistant costumes, avec madame Sevrin-Doering, costumière de théâtre de d’opéra à Marseille. Il participe à la confection des costumes du ballet « Groosland ». Depuis 2008 au théâtre du Capitole à Toulouse, il réalise des patines, des teintures ainsi que des costumes d’opéras et de ballets, à l’atelier couture et retouches. Il est actuellement en création et réalisation des costumes pour « L’Histoire du Soldat » de STRAVINSKI. Costumes du ballet « Groosland » 21 Dame Obésité et la théâtro-thérapie Les deux grands axes de travail : - Les ateliers de théâtre avec les patients : - écriture des scènes sur différents thèmes, - mise en scène et représentation par les patients, - Les représentations de la pièce de théâtre par l’équipe professionnelle, avec implication des patients. Déroulement des ateliers d’écriture : - Démarrage des ateliers en 2009 : un atelier par mois en 2012, avec une trentaine de patients, - Un choix collégial des thèmes à traiter lors de l’écriture (une trentaine), - Organisation de répétitions dédiées aux patients à partir de 2013 et jeu sur scène lors d’événements liés à l’obésité. Les bienfaits pour les participants aux ateliers d’écriture et de mise en scène : - Aborder les vécus, se libérer de certains maux, plus ou moins conscients, - Modifier la relation soignant/soigné, - Comparer les expériences, ébaucher des solutions, - Mettre en place des réseaux sociaux, - Eviter l’isolement, développer l’autonomie, la confiance en soi, la détermination, l’épanouissement personnel, - Améliorer le suivi post-opératoire, etc. Les bienfaits de la pièce professionnelle pour les patients : - Informer le grand public sur les méfaits et les préjugés liés à l’obésité, déstigmatiser, - Informer le grand public sur les bénéfices, les risques et les complications liés à la chirurgie de l’obésité, - Partager les expériences d’autres formes de prise en charge de l’obésité, inspirées de l’art-thérapie, - S’impliquer sur le long terme et assister à l’aboutissement de son travail, à sa réussite, - Démocratiser ces pratiques pour le suivi des patients. 22 Les grands atouts de cette forme de théâtro-thérapie En dehors de tous les bienfaits de la théâtro-thérapie, les grands atouts de cette forme d’art-thérapie sont : - L’amélioration du suivi des patients (problématique en chirurgie de l’obésité, le taux de perdus de vue étant très élevé), - Un processus simple, adaptable à d’autres structures, d’autres pathologies, - L’implication des patients sur le long terme, d’un bout à l’autre du processus (de l’écriture au jeu, sur plusieurs années), - L’indépendance des patients, encadrés, mais avec une grande liberté d’action, - La responsabilisation des patients : - création d’une page de financement participatif sur Ulule, - création d’un rôle dans la pièce professionnelle pour un ou deux patients, - création d’un poste rémunéré de metteur en scène chez les patients, - création d’une équipe pour l’organisation de la tournée professionnelle, - Une évaluation simple des résultats, des effets, des impacts… 23 Dates des représentations & des expositions : Du 20 au 25 octobre : À la salle Georges Brassens à Feytiat avec une journée de sensibilisation aux problèmes liés au surpoids le 22 octobre. Du 28 octobre au 8 novembre : À la clinique des Emailleurs à Limoges. Le mercredi 5 novembre : Répétition de la pièce de théâtre Dame Ô ouverte au public à 16h à la salle Georges Brassens à Feytiat, entrée gratuite. Le 21 novembre : Première représentation de la pièce Dame Ô au centre culturel Jean-Pierre Fabrègue à Saint-Yrieix-la-perche, à 20h30 Réservations au 05.55.08.88.77 Du 12 au 18 janvier 2015 : À l’espace Noriac à Limoges, semaine autour de Dame Ô avec représentations le jeudi 15 et le vendredi 16 à 20h30 Réservations au 06.77.79.12.40 Fanpage facebook : www.facebook.com/dameobesite Votez pour le meilleur projet : http://www.alloprod.com/meilleur-projet-participatif-2014/ Black-out - Tous droits réservés - 8 rue Bossuet 87100 Limoges