[1]. Il provoque d’une part une sécrétion accrue
de chlore et d’eau, et de l’autre augmente la fré-
quence des vibrations ciliaires et améliore donc
la clairance mucociliaire. Les premières études
cliniques montrent que cet agoniste du récepteur
P2Y2 est bien toléré, en inhalation tout au moins
[1]. Nous ne savons pas encore si ces «canaux
de remplacement» parviennent à influencer le
déséquilibre sel/eau épithélial dans une mesure
cliniquement significative.
Le CFTR comme cible ou amélioration
de la fonction génique par modulation
du produit génique
La formule structurelle et le mode d’action du
CFTR ont fait l’objet de recherches approfondies.
Ces connaissances détaillées sont exploitées
pour rechercher des options thérapeutiques in-
fluençant la fonction du CFTR, ou permettant son
expression à la surface des cellules. Nous ne sa-
vons toujours pas combien il faut de CFTR pour
obtenir un effet clinique significatif. Il est possi-
ble que 10–35% de l’activité du canal des ions
chlore suffise déjà [2].
Environ 69% des allèles de la mucoviscidose ont
la mutation deltaF508 CFTR et pratiquement
90% des patients sont porteurs d’au moins une
copie de ce deltaF508 CFTR. Cette mutation
donne une protéine CFTR mal constituée, encore
reconnue à l’intérieur du réticulum endoplas-
mique (RE) par le contrôle de qualité des dits
chaperons de la cellule, captée et dégradée dans
les protéosomes. Les substances diminuant cette
fonction de contrôle, c.-à-d. inhibant la fonction
de ces chaperons, permettent au deltaF508
CFTR de sortir du RE et de parvenir à la surface
de la cellule. Là, le CFTR peut conserver sa fonc-
tion, même si elle est nettement diminuée par sa
structure non optimale. Les inhibiteurs des pom-
pes à calcium du réticulum sarcoplasmique/en-
doplasmique (SERCA) ont un tel effet mobilisa-
teur du deltaF508 CFTR. Les exemples de telles
substances sont le MPB, la thapsigargine ou la
curcumine. La curcumine a eu un grand écho
dans les médias, du fait qu’il s’agit d’un consti-
tuant du curcuma, épice du curry, consommé en
grandes quantités dans le monde entier et donc
bon marché [3]. Une fonction correctrice a pu lui
être démontrée dans des lignées cellulaires et
chez la souris, mais les premiers résultats des
études de phase 1 chez des patients atteints de
mucoviscidose ne montrent malheureusement
aucun effet.
Une autre possibilité de modifier le produit gé-
nique est celle des gènes modificateurs. Cette
partie de la recherche profite très largement du
«gene mapping». Le fait qu’il doit y avoir des
gènes modificateurs est confirmé par la variabi-
lité phénotypique du même génotype. Certains
patients porteurs de la mutation homozygote
classique deltaF508 ont une évolution pulmo-
naire très discrète, alors que d’autres présentent
CURRICULUM Forum Med Suisse 2006;6:497–500 498
pouvoir être utilisé couramment en clinique.
L’accès des patients à ces nouveaux traitements
médicamenteux n’est souvent possible que dans
le cadre d’études. Ces nouveaux traitements sont
en outre souvent très chers et ne sont adminis-
trés qu’au compte-gouttes, et de nombreux pays
n’en disposent même pas du tout.
L’article qui suit présente les nouveaux concepts
thérapeutiques qu’ont apporté les connaissan-
ces en génétique et en biologie moléculaire pour
la mucoviscidose, et lesquels se sont établis en
clinique.
De la recherche à la clinique
Il y a en principe deux concepts thérapeutiques
de la mucoviscidose, d’une part l’action sur les
défauts physiopathologiques à la base de la ma-
ladie, qui représente donc une stratégie princi-
palement préventive, et de l’autre le traitement
rapide et adéquat des manifestations de la ma-
ladie, à savoir l’inflammation et la contamination
bactérienne des voies respiratoires, sans oublier
les sécrétions visqueuses qui en sont à la base.
Action sur les défauts physiopathologiques
à la base de la maladie
Les connaissances scientifiques et la compréhen-
sion du défaut de structure au niveau molécu-
laire et génétique, avec la clarification des méca-
nismes physiopathologiques à l’origine de la
clinique complexe que présentent les patients at-
teints de mucoviscidose, ont permis de dévelop-
per des stratégies thérapeutiques modulant ou
substituant le produit génique ou le gène lui-
même. De telles interventions doivent se faire à
un moment de la vie de ces patients où aucune
lésion irréversible ni aucune contamination bac-
térienne chronique n’ont encore pu s’établir.
Les traitements ciblés sur la problématique de
fond visent à améliorer ou remplacer la fonction
du CFTR (cystic fibrosis transmembrane conduc-
tance regulator) défectueux. Toutes les options
agissant sur le produit génique CFTR n’en sont
qu’à leurs premiers stades de développement. De
nombreuses options efficaces en laboratoire (par
ex. en culture cellulaire) ne sont pas encore de-
venus des médicaments utilisables.
Stimulation d’autres canaux ioniques
L’épithélium respiratoire normal dispose de
deux canaux faisant passer les ions chlore au ni-
veau de la membrane apicale, le premier dépen-
dant de l’AMPc, contrôlé par le complexe pro-
téique CFTR, le second étant un canal «alternatif».
Ces connaissances ont fait rechercher des possi-
bilités de stimuler d’autres canaux du chlore que
le CFTR et de contourner ainsi le canal défec-
tueux. Un médicament candidat est le dénufosol
tétrasodique, INS37217, qui active le récepteur
P2Y2 des les cellules de l’épithélium respiratoire