_Botswana
L’évolution des indices de développement humain au
Botswana sont dès lors impressionnants, à une exception près :
le VIH/SIDA. Selon ONUSIDA, 38,8 % d’adultes sont séro-
positifs. L’espérance de vie est passée à 44 ans en 2001. Le
VIH/SIDA a de lourdes implications sur les ressources humaines
et sur la productivité, car il touche principalement les segments
les plus productifs de la population. Le gouvernement a lancé
plusieurs programmes de lutte contre la pandémie : le projet de
traitement aux antirétroviraux, la campagne de prévention de la
transmission de la mère à l’enfant ou encore la mise sur pied du
laboratoire de référence sur le VIH Botswana-Harvard, qui se
consacre à la recherche. L’augmentation de la demande de soins
pour les maladies associées au VIH/SIDA fait subir une pression
démesurée au système de santé publique et nécessite une aug-
mentation exponentielle du budget de la santé. L’Etat finance
également des campagnes de sensibilisation aux ravages du
VIH/SIDA.
Malgré ses performances économiques impressionnantes, le
Botswana reste marqué par un degré élevé de pauvreté et de chô-
mage. Selon des chiffres récents, près de la moitié des ménages
vivent en état de pauvreté, essentiellement en zone rurale. Il
convient cependant de noter que certains avantages non-quanti-
fiables, tels que le développement des infrastructures, l’offre de
lotissements, l’éducation universelle et la santé publique, ne sont
pas intégrés dans cette mesure de la faiblesse des revenus.
La démocratie
Le Botswana fait preuve d’une stabilité politique hors du
commun. Depuis son indépendance, en 1966, il organise des
élections libres et impartiales tous les cinq ans. Il a la réputation
de ne pratiquement pas connaître la corruption. Son pouvoir
judiciaire est totalement indépendant. Les droits de l’homme
sont relativement bien respectés dans ce pays qui n’a pas de pri-
sonniers politiques. Parmi les grandes réformes entreprises ces
dernières années, citons la création d’une Commission électora-
le indépendante, l’abaissement de l’âge du droit de vote (de 21
à 18 ans) et la mise en place d’un bureau de médiation indé-
pendant afin de remédier aux éventuels abus commis dans l’ad-
ministration publique.
Il subsiste néanmoins plusieurs points faibles, tels que la frag-
mentation de l’opposition, la faiblesse de la société civile et le sous-
développement des médias. Le Parti démocratique du Botswana
(PDB) est au pouvoir depuis l’indépendance et, même si son pou-
voir s’érode peu à peu, l’opposition n’est jamais parvenue à le sup-
planter, en raison de ses scissions et de la prolifération de petits
partis. A de rares exceptions près, la société civile s’exprime peu.
Malgré le développement des médias privés, l’Etat contrôle tou-
jours le principal journal (le seul qui soit gratuit), la station de
radio la plus importante ainsi que la seule chaîne de télévision.
La question des Basarwa
Depuis une bonne dizaine d’années, le gouvernement a lancé
plusieurs campagnes destinées à persuader les Basarwa, une eth-
nie minoritaire, de quitter la réserve de chasse du Kalahari cen-
tral. Au fil du temps, ceux-ci ont été nombreux à aller s’installer
dans les lotissements construits à leur intention à l’extérieur de
la réserve, poussés à la fois par des sécheresses récurrentes et par
les incitants mis en place par le gouvernement, dans le souci
d’offrir aux Basarwa les mêmes possibilités de développement
qu’au reste de la population botswanaise. Le nombre de
Basarwa vivant dans la réserve n’a donc cessé de diminuer. En
mars 2002, le gouvernement a interrompu l’offre de services
publics à ces derniers habitants, pour des raisons financières (le
coût élevé paraissait disproportionné par rapport au nombre
restreint de personnes concernées). Cette décision s’est heurtée
à de vives critiques, non seulement de la part des organisations
locales de la société civile, mais aussi d’une ONG basée au
Royaume-Uni, Survival International. L’année dernière, celle-ci
a lancé une vaste campagne de sensibilisation fondée sur l’hy-
pothèse selon laquelle le déplacement des Basarwa s’inscrivait
dans le cadre d’un projet d’exploitation minière dans la réserve.
Ditshwanelo, une organisation de défense des droits de l’hom-
me locale a dénoncé l’agressivité de cette campagne. Elle s’est
désolidarisée de Survival International et soutient les actuelles
négociations avec le gouvernement afin d’explorer toutes les
voies légales qui permetteraient une résolution de la question du
Basarwa, tandis que le gouvernement répète qu’il n’y a aucun
projet d’extraction minière dans la région.
■MC
1. Signifie « Botswanais » en setswana, la langue du pays.
n° 198 mai-juin 2003 le Courrier ACP-UE 55
Vision 2016
En 1996, à l’occasion des trente ans de l’indépendance du
Botswana, le président H.E. Sir Ketumile Masire alors à la tête du
pays lançait le « Cadre d’une vision à long terme pour le
Botswana ». Après une consultation nationale approfondie, ce
cadre a été développé dans un document intitulé « Vision 2016 :
la prospérité pour tous » qui fixe les objectifs à long terme pour le
peuple botswanais, définit les défis à relever pour les atteindre et
propose un ensemble de stratégies pour s’en donner les moyens.
Les plans de développement du Botswana s’appuient sur quatre
grands principes : la démocratie, le développement, l’autonomie et
l’unité. Un cinquième principe vient d’y être ajouté : le Botho, un
terme setswana qui signifie le respect.
Selon Vision 2016, le Botswana sera d’ici à 2016 « une nation for-
mée et informée » (accès de tous les citoyens à un enseignement de
qualité et à des informations et des technologies fiables), « une
nation prospère, productive et innovante » (diversification de l’éco-
nomie, égalité des chances entre les hommes et les femmes, protec-
tion de l’environnement), « une nation de bien-être et de confort »
(suppression de la pauvreté et éradication des conséquences néga-
tives de la pandémie de VIH/SIDA), « une nation sans danger » (sup-
pression de la criminalité, respect total des droits de l’homme), « une
nation transparente, démocratique et responsable » (participation
de la société civile au développement du pays, mise en avant du rôle
des chefs tribaux), « une nation morale et tolérante » (tolérance à
l’égard des cultures différentes, des traditions ethniques, des reli-
gions et des handicaps) et, enfin, « une nation unie et fière d’elle-
même » (partage d’idéaux, d’objectifs et de symboles communs).
Malgré d’importantes campagnes de sensibilisation et la distribution
de préservatifs, la transmission du VIH/SIDA s’est accélérée aux
quatre coins du pays
Ulf Nermark - Seba Botswana