News 2017 N°1 afmNews fait peau neuve ! Pour cette première édition 2017 d’afmNews, l’équipe de rédaction a décidé, en collaboration avec le bureau de l’afm, de vous proposer une nouvelle version de votre newsletter. Désormais, vous retrouverez trois fois par an, autour de rubriques récurrentes, un contenu enrichi, des sujets approfondis et davantage d’informations pratiques concernant la vie de notre communauté. Alors sans plus attendre, nous vous laissons le plaisir de découvrir cette nouvelle formule d’afmNews. Bonne lecture à tous ! Sonia Capelli Vice-Présidente afm Communication – Valorisation Arnaud Rivière Chargé de mission Responsable afmNews Jérôme Boissel et Koffi Selom Agbokanzo Equipe de rédaction Sommaire 1 5 2 6 L’édito du président p.1 - 2 3 4 A la une p.3 - 4 Focus sur p.5 - 7 Le dossier p.8 - 11 7 Retour en images p.12 - 13 Save the date p.14 Le coin des lecteurs p.15 - 16 L’Edito du président de l’afm ‘ C’est avec enthousiasme et énergie que je poursuis les actions engagées par mon prédécesseur ‘ 1 Chers collègues, chers membres de l’afm, C’est avec enthousiasme et énergie que je poursuis les actions engagées par mon prédécesseur, Pierre Volle. Elles ont été nombreuses et certaines d’entre elles – non des moindres - ne seront réalisées que lors de ce mandat. Que ce soient par exemple les actions conjointes menées avec l’Academy of Marketing Science ou la réalisation d’un nouveau site Web mieux adapté aux besoins et au fonctionnement d’une communauté comme la nôtre. Je souhaite que les années qui viennent soient animées par un état d’esprit général fait de convivialité et de proximité. Dans cet esprit, nous tenterons de répondre aux attentes de chacun d’entre vous en orientant notre action selon plusieurs axes : a) Favoriser la création de connaissances nouvelles en marketing. Il s’agira notamment d’institutionnaliser les hot topics, de s’ouvrir plus largement sur les disciplines connexes, de favoriser les interactions entre chercheurs par la création et le développement de groupes d’intérêts thématiques etc. b) Renforcer la diffusion de nos travaux de recherche. Cela passe notamment par la consolidation de nos revues dans les classements nationaux et internationaux, et les facilités de soumission. Une plateforme de soumission est d’ailleurs opérationnelle pour DM (http://dma.fontismedia.com/dma/) et pour RAM (https://mc.manuscriptcentral.com/ram ). Une réflexion d’ampleur sur les stratégies de classement de nos revues est actuellement en cours. c) Renforcer les services à notre communauté. Les rencontres de l’afm, qui sont aujourd’hui un véritable succès, seront déclinées régionalement et internationalement. Les doctorants feront l‘objet d’une attention particulière. d) Renforcer la valorisation de la recherche auprès des différents publics. Il s’agit ici d’encourager les membres de notre communauté à prendre la parole dans l’espace public tout en valorisant leurs travaux et leur visibilité. Le programme est dense mais j’ai la chance d’être accompagné d’une équipe étoffée, composée de Vice-présidents et de chargés de mission compétents, impliqués et mobilisateurs. Je reviendrai vers vous avec davantage de précisions dans les mois qui viennent. Bertrand Urien Président de l’afm 2 À LA UNE Première personnalité à figurer « A la Une », Michaël Flacandji, maître de conférences à l’IAE de Bordeaux, et lauréat du prix de la meilleure thèse FNEGE-afm 2016 pour son travail doctoral sur le management du souvenir des clients, réalisé à l’Université de Bourgogne sous la direction des Professeurs Marc Filser et JeanLuc Hermann. Dans sa thèse, Michaël Flacandji propose un enrichissement du paradigme expérientiel en s’intéressant non pas au contenu mais aux conséquences de l’expérience. Il démontre ainsi que le souvenir de l’expérience constitue un meilleur prédicteur de la relation à l’enseigne que ne l’est la satisfaction, que l’expérience soit vécue dans un magasin, un centre 3 commercial ou sur un site internet. L’important pour un distributeur serait alors de faire vivre une expérience riche à ses clients et ainsi leur laisser un bon souvenir pour les faire revenir – ce que Michaël Flacandji appelle le « management du souvenir de l’expérience client » (ou Customer Experience Memory Management, CEMM). Durant sa thèse, Michaël Flacandji a bénéficié, dans le cadre du programme CEFAG de la FNEGE, d’un séjour de recherche auprès du Professeur Barry Babin à Louisiana Tech University. La transition est donc toute trouvée puisque la seconde personnalité à figurer « A la Une » n’est autre que le professeur Barry Babin, l’homme aux 17 000 citations (H-index 39 / i10-index 59) et aux plus de 100 publications académiques et professionnelles, avec des papiers parus dans les plus prestigieuses revues en marketing. Professeur en management à Louisiana Tech University depuis 2007, ce père de deux enfants travaille sur des domaines aussi riches et variés que l’éthique et la politique publique, le management des services, la vente et la promotion des ventes, etc. Outre ses ouvrages de référence (Multivariate Data Analysis, par exemple) et ses articles méthodologiques, Barry Babin est aussi connu 4 pour ses travaux sur la distribution et la valeur : Perceived appropriateness and its effect on quality affect and behavior (papier classé à la 6ème position des articles publiés dans le Journal of Retailing and Consumer Services) ou Work and/or fun : measuring hedonic and utilitarian shopping value (papier cité plus de 6 000 fois). Son article intitulé Pride and Prejudice in the evaluation of Wine, récompensé aux Literati Network Awards en 2010, montre son attachement à la France. D’ailleurs, comme évoqué à Lyon en mai dernier, Barry Babin sera présent au prochain Congrès de l’afm à Tours en mai 2017, signe de sa volonté de renforcer les liens entre l’afm et l’AMS. Focus sur LA CHAIRE « FRANCHISE & COMMERCE EN RESEAU » DE L’IGR-IAE RENNES Si de nombreuses acceptions et réalités peuvent s’abriter derrière le terme de « chaire » au sein des universités et écoles, force est de constater qu’en sciences de gestion, elle constitue souvent l’aboutissement d’une coopération approfondie entre la recherche et des acteurs socio-économiques, réunis autour d’une thématique forte. C’est le cas de la chaire « Franchise & Commerce en Réseau » de l’IGR-IAE Rennes qui a été créée au printemps 2013 par Mme Rozenn Perrigot, maître de conférences HDR et chercheur au CREM à l’Université de Rennes 1. Retour sur une initiative qui pourrait bien susciter d’autres vocations au sein de la communauté… La chaire « Franchise & Commerce en Réseau » de l’IGR-IAE Rennes -Université de Rennes 1 est née d’une volonté croisée entre une chercheuse et une institution. Fille de franchisés, Rozenn Perrigot a soutenu sa thèse en sciences de gestion sur la survie des réseaux de points de vente en 2004 à l’Université de Rennes 1 et a continué, depuis, à travailler avec d’autres membres du CREM (Centre de Recherche en Economie et Management – UMR CNRS 6211) sur la thématique de la franchise et du commerce en réseau. En 2008, l’IGR-IAE Rennes a décidé de développer son offre de formation en créant un Master « Franchise & Commerce en Réseau » en apprentissage, dispensé aussi, depuis 2012, en formation 5 initiale en langue anglaise. En cohérence avec cette double expertise enseignement / recherche, la chaire « Franchise & Commerce en Réseau » a vu le jour au printemps 2013. Avec pour ambition de rapprocher les étudiants, les chercheurs et les professionnels autour des problématiques de la franchise et du commerce en réseau, les missions de la chaire s’articulent autour de la formation, de la recherche et de la valorisation, avec une volonté de faire émerger des synergies grâce à une approche globale (multi-métiers, multi-disciplinaire et multi-pays). La chaire en chiffres 20 chercheurs français et internationaux + 1 ingénieur d’études 8 entreprises partenaires (Apef Services, Axe Réseaux, Banque Populaire de l’Ouest – Pôle Franchise, Groupe Beaumanoir, KPMG Filière Franchise et Réseaux, Mc Donald’s Rennes, O2 Home Services, Subway Bretagne – Pays de Loire) 6 partenaires académiques (DeGroote School of Business – McMaster University - Canada, IAE Bordeaux, University of Groningen – Pays-Bas, University of Hertfordshire – Royaume-Uni, Westfälische Wilhelms-Universität Münster - Allemagne, Universidad de Oviedo - Espagne, et d’autres partenariats sont en cours avec des universités aux Etats-Unis et en Australie) Depuis 2013 : - une 20aine d’articles publiés - une 15aine de communications présentées lors de congrès internationaux - 1 étude de cas publiée en 2016 chez Ivey Publishing intitulée « Burger King France: Acquiring the Quick Chain » - 3 rapports parus (2013/2014 : « Prix de vente dans la franchise : pratiques et challenges », 2014/2015 : « Le E-recrutement des candidats à la franchise » , 2015-2016 : « L’utilisation d’Internet dans les réseaux de franchise ». ‘ Rozenn Perrigot, Maître de conférences HDR, directrice de la chaire 6 ‘ La Chaire Franchise & Commerce en réseau s’inscrit dans cette perspective d’échanges, de dialogue et de rapprochement entre le monde universitaire (étudiants et chercheurs) et les entreprises en réseau. Les thématiques de recherche de la chaire sont définies et explorées en fonction des besoins des entreprises. Notamment, chaque année, une étude est menée en profondeur dont le sujet, défini en collaboration avec les entreprises partenaires, porte sur une problématique concrète rencontrée au sein des réseaux de franchise. De même, un feedback sur les événements académiques internationaux liés à la franchise et au commerce en réseau est effectué auprès des partenaires et étudiants. 7 La chaire est impliquée dans différents contrats de recherche à titre de porteur principal ou en tant que partenaire, en collaboration avec d’autres chercheurs français et étrangers. Par exemple, un projet de recherche ANR est actuellement mené sur la « règlementation de la Commission Européenne : ses conséquences sur les pratiques, les conflits et la performance dans les réseaux de franchise : une approche pluridisciplinaire et internationale ». Parmi les sujets traités par la chaire, celui de la micro-franchise et de la franchise sociale revêt une importance toute particulière. Il s’agit de considérer ces formes de franchise comme des réponses potentielles aux problématiques humanitaires et sociétales. Ainsi, la mission de la chaire, au travers des enseignants-chercheurs, des étudiants et des entreprises partenaires, est de participer au développement de la franchise dans les secteurs de l’éducation, de l’énergie, de l’eau, de la santé, de la nutrition, du développement rural, etc., dans les pays africains ainsi que dans d’autres pays émergents. Certains des travaux menés, portant plus spécifiquement sur la franchise dans le secteur des cliniques au Kenya, ont été récemment récompensés par l’attribution d’un Award lors de la Convention de l’International Franchise Association réunissant entre 3700 et 4000 professionnels de la franchise. Les activités de la chaire consistent également à animer un réseau de parties-prenantes (étudiants, chercheurs et professionnels), en organisant différentes occasions d’échange de bonnes pratiques et de vulgarisation des résultats de recherche, ainsi que des moments de réflexion. Ces temps forts peuvent prendre des formes variées : organisation de workshops / événe- ments thématiques (en moyenne, 5 par an ; le dernier était dédié aux problématiques liées à l’e-commerce dans la franchise), présentation et restitution de travaux de recherche, présentation des mémoires de fin d’études des étudiants du master, sous forme d’une session posters, devant les partenaires (les problématiques ayant initialement été suggérées par les partenaires), interventions lors de séminaires chez des partenaires, coordination de challenges ouverts à tous les étudiants en master 1 et 2 avec remise de prix (cette année, la 4ème édition a pour thématique : « comment la franchise et le commerce en réseau peuvent-ils contribuer au développement du continent africain ? 14 équipes – 60 étudiants »), organisation d’activités pour les étudiants lors d’événements nationaux (tel que Franchise Expo Paris) et régionaux (tels que les Salons Entreprendre dans l’Ouest), publication de quatre newsletters par an, tenue d’un blog sur le site internet de la chaire, parution d’articles dans des revues managériales (telles que Franchise Magazine, Franchising World). La chaire « Franchise & Commerce en Réseau » est, au final, une belle illustration d’une recherche scientifique exigeante (au vu de la qualité des revues de publication ciblées par la chaire) et utile (au regard notamment des travaux menés sur la micro-franchise et la franchise sociale)… une belle histoire d’une coopération réussie entre chercheurs, professionnels, et étudiants. Pour plus d’informations sur la chaire : http:// www.chaire-franchise-commerce-reseau.fr/ Nous tenons à remercier Mme Rozenn Perrigot, directrice de la chaire, pour l’ensemble des informations fournies. LE DOSSIER LA CONTRIBUTION SOCIÉTALE DU MARKETING – FAIRE D’UNE UTOPIE UNE RÉALITÉ PAR PIERRE VOLLE, POUR AFMNEWS 8 Il y a un peu plus d’un an sortait le livre blanc adetem / afm sur la contribution sociétale du marketing. Dans ce document, nous nous donnions comme objectif d’encourager les enseignants-chercheurs et les professionnels à « s’interroger sur la contribution sociétale du marketing pour les amener à améliorer leurs pratiques » (F. Laurent et P. Volle). autour du « bilan » (peut-on parler d’un « bon » ou d’un « mauvais » marketing ?) et la seconde autour des voies d’amélioration (quelles seraient les incitations pour encourager les entreprises et les organisations à pratiquer un « meilleur » marketing ?). Le site dédié a été consulté par plusieurs centaines de membres des deux associations. Il est encore ouvert aux contributions de chacun d’entre vous (www.marketingsocietal.org). Ainsi, pour renouveler cet appel au débat, je souhaiterais exposer ici quelques-unes des convictions développées par les dix contributeurs à ce livre blanc, animé pour l’afm par Amina Béji-Bécheur (Université de Paris-Est). Pour réaliser une ébauche de bilan, tant la tâche est ardue, plusieurs contributeurs se sont appuyés sur l’ambition initiale du marketing qui consiste à contribuer positivement au progrès économique et social, à la création de richesses, au développement des marchés, à l’innovation comme à la satisfaction des individus, prônant la liberté de choix et d’action… et prenant dès lors « une très lourde responsabilité, morale et politique » (A. Béji-Bécheur). « Le marketing est un projet éthique pour ne pas pousser n’importe quel type de produit vers les consommateurs, mais plutôt comprendre leurs besoins pour créer les produits adaptés. Depuis les années 1990, « le marketing est passé de la réponse aux besoins à la création de désirs […] il a perdu son rôle éthique hérité de l’époque du projet de gestion scientifique » (B. Cova). L’ensemble des contributeurs a été animé par un souci commun de porter un regard lucide sur la contribution sociétale du marketing, un regard éclairé et sans concession. Cependant, chacun ayant été incité à développer ses propres idées, plutôt que de rechercher une convergence de façade, il semble important de tracer les lignes du débat, pour permettre de le prolonger. Les contributions ont été guidées par deux grandes questions, la première CONTRIBUTIONS AUTOUR DU BILAN Cependant, face à cette ambition « historique », la plupart des contributeurs soulignent les nombreuses critiques dont le marketing fait l’objet et les risques de dérive par rapport au projet initial : une technicisation mal socialisée qui échappe aux acteurs et leur fait perdre leurs compétences vitales (B. Cova), les pratiques de surconsommation (S. Rieunier), la captation de données à l’insu des consommateurs (A. Tripier), ou encore la marchandisation de l’authentique (B. Cova). « Les dérapages peuvent être réels et porter atteinte à l’ensemble de la profession ». En particulier, « les fameux ‘nudges’, quand ils sont utilisés en omettant des informations ou en transmettant des informations erronées, induisent la cible en erreur » (R. Fahd). D’autres contributeurs insistent sur la promotion par le marketing de valeurs individualistes, relativistes, voire nihilistes, et l’hégémonie croissante du marketing dans toutes les sphères de la vie publique. « Le marketing serait capable de se mettre au service de n’importe quelle finalité, qu’elle qu’en soit la valeur ou l’axiologie » (D. Roux). « Le marketing partout, c’est les sophistes qui nous dictent à tous ce qu’il faut dire, faire et penser, de préférence comme les autres » (X. Charpentier). Pourtant, plusieurs contributeurs reconnaissent volontiers que le marketing ne peut pas être tenu pour responsable de tous les maux dont il est accablé. « Le marketing n’est pas totalement innocent. Il a des effets performatifs importants : il influence fortement la culture dans laquelle il se développe ». Pour autant, il joue principalement « un rôle de bouc émissaire pour tous ceux qui sont fragilisés par l’évolution de nos sociétés occidentales » (B. Cova). En effet, la critique du marketing doit être associée à une critique du capitalisme actionnarial qui vise essentiellement la rentabilité à court terme, sans oublier le rôle essentiel des dirigeants et des conseils d’administration qui définissent les orientations de l’entreprise. « L’obsolescence programmée est-elle vraiment le fait du marketing ou faut-il chercher ailleurs, et plus haut ? » (F. Laurent). « Ne blâmons pas le marketing pour le résultat de ses actions lorsque ces dernières se déploient dans la ligne souhaitée par le conseil 9 d’administration de l’entreprise lorsque celle-ci ne sert pas les clients, les salariés et, plus largement, la société civile […] Ne séparons pas l’évaluation du marketing des missions, des objectifs, des stratégies et des actions que l’entreprise – ses responsables ou/et ses actionnaires – elle-même définit […] Le marketing participe à une stratégie d’ensemble dont il n’est ni le seul responsable, ni même parfois le coupable que l’on croit » (D. Roux). Après avoir examiné de façon critique la responsabilité et la contribution sociétale du marketing, diverses pistes et solutions sont exposées afin d’améliorer ces pratiques, dans une optique qui dépasse la stricte efficacité commerciale. CONTRIBUTIONS AUTOUR VOIES D’AMÉLIORATION DES De façon peut être un peu artificielle, on peut distinguer des voies d’amélioration essentiellement internes (réflexivité accrue des praticiens, changement des objectifs et des indicateurs) et des voies d’amélioration essentiellement externes (régulation, injonction à la vigilance, prise en compte des parties prenantes et intégration de l’ensemble des externalités), voies qui ne sont naturellement pas indépendantes les unes des autres. Avant d’examiner quelques-unes de ces voies d’amélioration, en vue d’une contribution sociétale plus positive, une question préalable porte sur le champ d’application du marketing. Sur ce thème, les points de vue des contributeurs sont contrastés. D’un côté, certains pensent que le marketing ne devrait pas s’étendre au-delà de la sphère marchande, en particulier dans la sphère politique. Ainsi, pour X. Charpentier, il s’agit de « cesser de voir le marketing partout pour mieux définir sa place réelle ». Dans la mesure où « le marketing n’inventera jamais un ethos », il s’agit donc de laisser les citoyens, accompagnés par leurs dirigeants mandatés, « faire leur travail moral et éthique ». Au contraire, d’autres contributions insistent sur la nécessité d’intégrer les préoccupations sociétales dans les pratiques de marketing et, symétriquement, d’étendre le marketing à la promotion d’enjeux sociétaux. Ainsi, pour A. Béji-Bécheur, il s’agit de combiner la vision civique et la vision marchande afin de mieux articuler les attentes de l’ensemble des parties prenantes pour « accompagner la performance économique de projets au service de la cité ». « L’adoption d’une démarche marketing peut être extrêmement positive pour la société si elle vise réellement à mieux satisfaire les individus […] ou à les influencer dans un sens positif pour la société » (S. Rieunier). DES VOIES D’AMÉLIORATION INTERNES S’agissant des pistes d’amélioration reposant essentiellement sur les professionnels euxmêmes, plusieurs contributeurs insistent sur la nécessité de procéder à un examen réflexif des pratiques. « La contribution du marketing est dépendante des intentions des acteurs, de leur vigilance à l’égard des effets qu’ils ont sur le monde […] La réflexivité et la compréhension de la portée de nos actes et de nos choix sont les meilleurs moyens de contribuer au bien commun » (A. Béji-Bécheur). De façon ingénue mais provocante, S. Rieunier incite les responsables marketing à se poser cette question simple : « Est-ce que j’aimerais que cette action de marketing vise l’un de mes enfants » ? P. Volle encourage les professionnels à examiner leurs pratiques à trois niveaux : celui des finalités (ce qui inspire l’action), celui des modalités (comment l’action est conduite) et celui des conséquences. Plusieurs contributeurs insistent sur la nécessité de changer progressivement les objectifs des organisations, qu’il s’agisse de « créer de nouveaux indicateurs de performance pour prendre en compte l’influence du marketing sur les comportements de consommation positifs, et non pas seulement sur les comportements d’achat » (R. Bordenave) ou de « faire en sorte que les entreprises ne visent pas exclusivement 10 une augmentation des ventes ou des profits, mais la satisfaction et la fidélisation de leurs clients dans la durée » (P. Volle). Au-delà, de ces indicateurs de performance relationnelle, il s’agirait également de déployer des indicateurs plus orientés vers le long terme. « C’est l’horizon temporel du court terme qui conduit principalement aux dérives ». Dès lors, une façon d’aligner les préoccupations économiques et éthiques consiste à envisager la performance dans le long terme, ce qui supposerait « d’adopter une vision patrimoniale et pas seulement commerciale, en favorisant les investissements plutôt que les dépenses, et en adoptant des mesures de performance orientées vers le long terme », comme le capital de marque » (P. Volle). DES VOIES D’AMÉLIORATION EXTERNES S’agissant des pistes d’amélioration reposant essentiellement sur l’externe (c’est-à-dire, les parties prenantes, incluant les clients, mais allant bien au-delà), deux contributeurs appellent de leurs vœux une refondation des relations qu’entretiennent les organisations avec le marché. Cela dit, à un régime de personnalisation fondé sur la confiance envers les entreprises qui exploitent des données massives (A. Tripier), s’oppose un registre relationnel à teneur plus sociale qui consiste à « repenser la construction des relations marchandes non pas sous l’angle de l’utilitarisme mais celui du don et du contre-don » (A. Béji-Bécheur). Une voie d’amélioration consiste également à élargir la vision du marketing pour prendre en compte les dimensions émotionnelles, contextuelles et sociales, en contrepoint d’une vision souvent trop rationnelle du consommateur. En promouvant les démarches « nudge for good », R. Bordenave considère que le marketing peut contribuer à accélérer les changements de comportements qui ont potentiellement des effets positifs sur la société (recyclage, économie d’énergie et d’eau, réduction du gaspillage…) et « faciliter l’adoption par chacun de solutions favorables à un style de vie plus sain et durable ». En prolongement du point précédent, l’intégration de l’ensemble des externalités du marketing, positives comme négatives, devrait permettre de faire en sorte que « les professionnels soient comptables de leurs actes et acceptent d’en examiner toutes les conséquences, ce qui suppose au préalable d’assumer ce rôle d’acteur du changement sociétal » (P. Volle), rôle qui est parfois nié par les professionnels au profit d’une vision plus confortable du marketing, qui consisterait essentiellement à répondre aux attentes des clients ou à satisfaire une hypothétique demande, et non pas à créer ou développer des marchés. « Intégrer l’ensemble des externalités du développement économique (y compris dans ses dimensions sociales, environnementales et culturelles) dans les prix de revient […]. Par exemple, si le crédit à la consommation permet à des foyers modestes d’accéder plus facilement à la consommation, les conséquences sociales du surendettement sont-elles assumées par les entreprises qui proposent ces crédits ? » (P. Volle) Cette dimension sociétale passe également par l’intégration des buts poursuivis par les parties prenantes et la capacité qui doit leur être donnée d’exercer un contrôle. Ainsi, pour D. Roux, il s’agit d’aligner « autant que possible les intérêts de l’entreprise avec ceux de leurs parties prenantes », sachant que « cette posture n’étant pas à mettre au crédit du marketing plus que de la culture d’entreprise dans laquelle il s’insère ». Les parties prenantes doivent pouvoir exercer un contre-pouvoir, notamment les associations de consommateurs afin de « délimiter le périmètre d’action et la légitimité des acteurs à s’emparer de tel ou tel sujet » (R. Bordenave). Plusieurs contributeurs insistent sur la nécessité d’une forte vigilance de la part de l’ensemble des acteurs et de la société en général, dans la mesure où « parce que le marketing devien- 11 dra plus sociétal, il faudra qu’il devienne encore plus vigilant pour rester responsable dans ses actions » (R. Fahd). Finalement, certains contributeurs insistent sur la nécessité d’une régulation, soit par les pouvoirs publics, soit par une autorité indépendante (R. Fahd). « Au travers de la critique du marketing lié à la surconsommation, n’est-on pas en train de faire le procès du capitalisme ? Pourquoi l’entreprise devrait-elle rentrer dans une logique de décroissance ? N’est ce pas le rôle des pouvoir publics, à certains moments, d’imposer cette logique aux entreprises, dans un souci sociétal » (S. Rieunier). CONCLUSION Ce livre blanc trace quelques perspectives permettant d’éclairer un débat important pour notre discipline, en tant que professionnels de l’enseignement et de la recherche ayant la double responsabilité de contribuer à l’élaboration de nouvelles connaissances et à leur appropriation par des publics variés. Cependant, il est clair que ce livre blanc doit désormais évoluer, en permettant l’expression de nombreux autres points de vue. Si ce texte vous a donné l’envie de réagir, à la fois sur le bilan sociétal du marketing et sur les voies et moyens d’en améliorer la contribution, n’hésitez pas à vous connecter à la plateforme : www.marketingsocietal.org. RETOUR EN IMAGES 15EME JOURNEE DE RECHERCHE SUR LE MARKETING DIGITAL La 15ème Journée de Recherche sur le Marketing Digital s’est tenue le vendredi 09 septembre 2016 à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Cette journée a donné lieu à de riches échanges sur les médias sociaux et le comportement des acteurs, ainsi que sur les innovations digitales et le Big Data. Une table ronde, animée par le Pr Jean-François Lemoine, a également été l’occasion de discuter des Hot Topics en marketing digital. 12 COLLOQUE ETIENNE THIL 2016 L’édition 2016 du Colloque Etienne THIL, dont l’invité d’honneur était le Pr Eric Arnould, a réuni, les 13 et 14 octobre dernier à Roubaix, les plus grands experts (académiques et professionnels) en marketing de la distribution sur le nouveau campus de l’IMMD (Institut du Marketing et du Management de la Distribution – Université de Lille 2). Le colloque a été précédé par le Retail Tour qui a été l’occasion de découvrir différents concepts implantés au sein de la métropole lilloise (nouvel entrepôt Quai 30 de La Redoute inauguré cet été, Blanchemaille by Euratechnologies, les locaux de showroomprive.com et le salon Conext au Grand Palais). Rendez-vous les 12 et 13 octobre prochain pour le 20ème anniversaire du colloque ! RENCONTRES AFM D’AUTOMNE : FOCUS SUR LA 6EME EDITION AFM / IREP Dans le cadre des journées afm d’Automne, plus de 60 participants se sont retrouvés le 18 novembre 2016 dans les locaux de l’IAE de Paris 1 Panthéon-Sorbonne à l’occasion de la 6ème édition de la matinée afm/IREP. Cet événement constitue un espace de rencontre et de dialogue privilégié entre chercheurs et professionnels de la communication et des médias. 11EME JOURNEE DE RECHERCHE EN MARKETING HORLOGER La 11ème Journée de Recherche en Marketing Horloger s’est tenue à la Haute Ecole de Gestion Arc le 30 novembre 2016. Six communications ont été présentées et ont permis de décrire la montre du futur comme porteuse d’une marque légitime, financée de manière participative, qui sera plus ou moins connectée, promue par une stratégie digitale (réseaux sociaux) et entourée de multiples services : livraison, location ou partage. La 20ème Journée Internationale du Marketing Horloger s’est ensuite déroulée le 1er décembre 2016 au théâtre de L’heure Bleue à La Chaux-de-Fonds et a donné lieu à de passionnants échanges entre professionnels de l’horlogerie. 13 SAVE THE DATE SOUMISSIONS 31 MARS 2017 Dans le cadre de leur partenariat, l’afm et l’AMS lancent un appel à projets de recherche communs à leurs membres respectifs dans le but d’encourager des collaborations de recherche internationales. Pour participer, il vous faut soumettre un document de 3 pages en anglais avant le 31 mars 2017, avec au moins un membre de l’afm et un membre de l’AMS par projet. A la clé, une participation aux congrès de l’afm et de l’AMS 2018, ce qui vous ouvrira, nous l’espérons, les portes des plus grandes revues internationales ! Découvrez vite l’appel à projets sur le site de l’afm : www.afm-marketing.com 21 AVRIL 2017 Le prochain Colloque International Etienne Thil aura lieu les 12 et 13 octobre 2017, à Roubaix. Il sera précédé le 11 octobre d’un retail tour. Vous souhaitez échanger entre académiques et entreprises sur le thème du commerce et de la consommation ? Vous désirez proposer une communication ? N’hésitez plus, vous avez jusqu’au 21 avril 2017. Découvrez la thématique phare et les innovations 2017 dans l’appel à communication. Pour plus d’informations : www.afm-marketing.com 10 JUIN 2017 La 16ème Journée de Recherche sur le Marketing Digital se déroulera le 8 septembre 2017 à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Deadline pour la soumission des communications : 10 juin 2017 ! Téléchargez vite l’appel à communications sur le site de l’afm : www.afm-marketing.com 20 14 SEPTEMBRE 2017 Date limite de soumission pour le numéro spécial de Décisions Marketing « Distribution et commerce : se réinventer face au client connecté ? ». Les rédacteurs en chef invités sont Gilles Paché et Régine Vanheems. Plus d’informations sur : www.afm-marketing.com EVENEMENTS 15/16 MARS 2017 RENCONTRES D’HIVER DE L’AFM – Paris. - Mercredi 15 mars : Atelier d’approfondissement (Peut-on encore faire des recherches avec les équations structurelles ?) et Job Market - Jeudi 16 mars : Rendez-vous AFM-Syntec, Table ronde sur les innovations pédagogiques et les études de cas de l’afm, et Regards croisés sur le management des marques à l’ère digitale et mobile Pour vous inscrire : www.afm-marketing.com 17/18/19 MAI 2017 33ÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DE L’AFM – Tours Le prochain congrès de l’afm, organisé par le laboratoire Vallorem des Universités de Tours et d’Orléans, aura lieu à Tours les 17, 18 et 19 mai 2017. Le congrès sera précédé du colloque doctoral qui se déroulera à Orléans le 16 mai. Les inscriptions au 33ème congrès international de l’afm sont ouvertes ! N’attendez plus pour vous inscrire et profitez des tarifs préférentiels jusqu’au 31 mars 2017. Attention : le pack hébergement n’est disponible que jusqu’au 15 mars 2017. Pour vous inscrire : http://afm2017.univ-tours.fr/inscription/ Contact : [email protected] 23 au 26 MAI 2017 THE EMAC 46TH ANNUAL CONFERENCE, à Groningen aux Pays-Bas Pour plus d’informations : www.emac-online.org 27JUIN AU 1er JUILLET 2017 20TH AMS WORLD MARKETING CONGRESS, à Christchurch en Nouvelle-Zélande Pour plus d’informations : http://www.ams-web.org/ Si vous souhaitez nous communiquer des informations sur vos événements à venir, des suggestions pour les prochains sujets d’afmNews ou pour toutes autres remarques / questions, vous pouvez nous joindre par mail à l’adresse suivante : [email protected] LE COIN DES LECTEURS Nous avons sélectionné pour vous quelques ouvrages en marketing labellisés FNEGE en 2016 : COMMERCE DE GROS, COMMERCE INTER-ENTREPRISES : DIGITAL NATIVES Coordonné par Thomas Stenger, Editions EMS (2015) Catherine Pardo et Gilles Paché, Editions EMS (2015) LE MARKETING EXPÉRIENTIEL CROSSCANAL ET OMNICANAL Bertrand Belvaux et Jean-François Notebaert, Editions Dunod (2015) 15 LE MARKETING DE L’INNOVATION : Emmanuelle Le Nagard-Assayag, Delphine Manceau et Sophie Morin-Delerm, 3ème édition, Editions Dunod (2015) ETUDES DE MARCHÉ Claire Roederer et Marc Filser, Editions Dunod (2015) Jean-Luc Giannelloni et Eric Vernette, 4ème Edition, Editions Vuibert (2015) Retrouvez la liste complète des ouvrages labellisés FNEGE en 2016 : www.fnege.org MARKETING DE L’ART ET DE LA CULTURE MANAGEMENT DES ACHATS Dominique Bourgeon-Renault, Stéphane Debenedetti, Anne Gombault, Christine Petr, 2ème édition, Editions Dunod (2014) Erik Leroux et Emmanuel Chouraqi, Editions Vuibert (2015) LA NEGOCIATION COMMERCIALE Julien Viau, Héla Sassi et Hubert Pujet, Editions Dunod (2015) 16 Coordonné par Géraldine Michel et Stéphane Borraz, Editions Dunod (2015) MARKETING INTERNATIONAL NUDGE MARKETING Eric Singler, Editions Pearson (2015) QUAND LES ARTISTES S’EMPARENT DES MARQUES Nathalie Prime et Jean-Claude Usunier, 2ème édition, Editions Pearson (2015) REGARDS CROISÉS SUR LA CONSOMMATION Coordonné par Eric Rémy et Philippe Robert-Demontrond, Editions EMS (2015)