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La désescalade thérapeutique: quand et
comment?
Chez le patient porteur de matériel
par exemple en orthopédie
Dr E. Senneville
Service Universitaire des Maladies Infectieuses
CH Tourcoing (Pr Y. Yazdanpanah)
ARMEDA Juin 2010
Conflits d’intérêts
• Laboratoires Novartis:
– Investigateur étude EU-CORE
– Orateur, consultant
• Laboratoires Sanofi-Aventis:
– Consultant, Investigateur étude LEVOS
• Laboratoires MSD:
– Investigateur étude OPIDIA
• Laboratoires Wyeth:
– Orateur
Infection sur matériel:
justification de l’antibiothérapie d’emblée à
« haut niveau »?
= situations au cours desquelles le « droit à l’erreur » n’est pas permis:
– Les formes graves du sepsis (réanimation)
– L’infection chez le patient qui ne supportera pas l’erreur en raison de comorbidités (thérapeutiques immuno-suppressives notamment en
hématologie, oncologie, transplantation, … autres causes)
– Intervention pour infection avérée d’un matériel étranger
• Lavage
• Dépose avant repose (espaceur en chirurgie orthopédique)
• Rescellement
Infection sur matériel
(Marshall, ASM News 1992 ; 58 : 202-207)
adhésion bactérienne
t
surface inerte
- biofilm (slime)
- croissance stationnaire, SCV
croissance exponentielle
- clinique ++
- accessibles aux atb
Résistance « classique »
- résistance aux atb
- pénétration des antibiotiques
- immunodépression locale
- rechutes
Résistance « adaptative »
Absence de corrélation in vitro / in vivo
absence de corrélation in vitro / in vivo
Microantibiotiques
• organismes
métabolisme bactérien :
S. epidermidis
vancomycine
ciprofloxacine
rifampicine
S. aureus
vancomycine
ciprofloxacine
rifampicine
E. coli
cotrimoxazole
ciprofloxacine
CMB
(phase log)
4
0.5
0.06
% guérison
Auteur
17
0
100
Widmer,
JID 1990
2.5
0.62
0.12
0
17
50
Frei,
ICAAC
1990
0.06
0.02
0
92
Widmer,
AAC 1991
Influence du métabolisme bactérien
sur les CMB (mg/L): S. epidermidis
antibiotiques
phase de croissance
logarythmique
bactérienne
stationnaire
rapport CMB
stat/log
vancomycine
4
50
12.5
ciprofloxacine
0.5
100
200
rifampicine
0.06
0.15
2.5
nétilmicine
8
400
50
d’après Widmer, JID 1990
Widmer, JID 1990
CID 2003; 37:794-9
CID 2003; 37:794-9
Traitement d’une infection sur matériel
Résection arthroplastique
Reprise pour Lavage
Dépose
Dépose-Rescellement
Rescellement
Lavage articulaire
Dépose
Rescellement
- Réactivation bactérienne par
induction inflammatoire et
restauration de conditions de
croissance
- Réduction de l’inoculum
- Destruction du biofilm
Antibiothérapie
probabiliste
Antibiothérapie
documentée
ciblée
t
Pour ne pas perdre (1)
• Ne prendre aucun risque:
– L’antibiothérapie à large spectre
– Son prix =
• Le coût en euros
• Les effets secondaires (veinites, dialyse, etc…)
• Le désastre écologique
Pour ne pas perdre (2)
• Connaître la réponse avant de jouer:
– La ponction pré-opératoire (n=39 patients)
Pré-opératoire
Per-opératoire
Les 2
Corrélation (%)
S . aureus
21
39
21
53,8
SCN
1
4
1
25,0
Strepto/entérocoques
2
8
2
25,0
Total
24
51
24
47,1
D. Joulie Thèse de médecine Lille, 2009
Pour ne pas perdre (3)
• Supprimer la période entre le geste chirurgical et
l’identification des bactéries au site opéré
– Dépend des progrès de la bactériologie
– PCR directe à valider
• Seule solution pour proposer une antibiothérapie
d’attente la plus probabiliste et la moins empirique
• Conséquences attendues : coût, tolérance, écologie
Acta Orthop 2006; 77: 120-4
Évolution de la résistance des SCN Orthopédie Septique CHRU de LILLE (% I/R)
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
p
oxa gm
te mno
e
l
sxt
lvx
ra
fa
fos
tec
va
lzd
Données fournies par le Dr Caroline Loïez, Bactériologie CHRU Lille (Pr R. Courcol)
100
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
CHRU tous services
80
60
40
20
0
p
oxa gm
te
mno
e
l
sxt
lvx
ra
fa
fos
tec
va
lzd
Évolution de la résistance de S. aureus Orthopédie Septique CHRU de LILLE (% I/R)
120
100
80
60
40
20
0
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Données fournies par le Dr Caroline Loïez, Bactériologie CHRU Lille (Pr R. Courcol)
Quelles antibiothérapie probabiliste
d’attente?
Bone Infection Unit, Nuffield Orthopaedic Center, Oxford , UK
• Vancomycine 1g IV puis 1g/12h («ajusted according to levels»)
plus méropénème 500 mg IV /8h (1g/8h si Pseudomonas
aeruginosa)
• Méropénème arrêté si absence de BGN à 48 h
• Poursuite du traitement 6 semaines par β-lactamine ou
glycopeptide selon profil de résistance bactérienne
Bejon P et al. JAC 2010
A Lille-Tourcoing (CRIOAC-NO)
• vancomycine (dose de charge : 15 mg/kg sans dépasser 1g/h)
puis 30-40mg/kg en SAP continue sur 24h ; [ ] sériques cibles entre
25 et 35 mg/L en continu) + céfépime (2g piv / 8-12 h ou
céfotaxime (100mg/kg/j, piv /6-8h) ou ceftriaxone (3050mg/kg/j, 1 à 2 piv/j)
• si sepsis sévère : vancomycine + gentamicine (3-5 mg/kg/j,
1 piv/j) + pipéracilline-tazocilline (4g/6-8h piv)
Y a-t-il mieux que la vancomycine?
• Pré-requis:
– Inclure les méti-R et CMI à la vanco ≥ 2
– Action sur les bactéries en phase de croissance
exponentielle
– Action sur les bactéries en phase de croissance
stationnaire
– Effet de réduction de la charge bactérienne rapide
– Diffusion tissulaire y compris le biofilm précoce
– Meilleure tolérance?
2009, vol. 28, no10, pp. 1209-1215
•445 S. aureus
•53 CoNS
•SARM: 13,6% (peau)
30,7% (bactériémie)
SASM
en en
phase
dedecroissance
SASM
phase
croissance stationnaire
stationnaire
Modèle rat cage sous-cutanée à SASM
Modèle rat, cage sous-cutanée à SASM
Traités7 7jours
jours
Traités
par:par:
DAP(30mg/kg)
(30mg/kg)
-- DAP
OXA(200mg/kg)
(200mg/kg)
-- OXA
-- VANCO
VANCO(50mg/kg/j)
(50mg/kg/j)
Schaad et al. BMC Infect Dis 2006
2009
2009, vol. 33, no4, pp. 374-378
Lavage articulaire
Dépose
Rescellement
Documentation microbiologique
Prélèvements
multiples > 3
t
Pas d’antibioprophlaxie
Pas
d’antibiothérapie
dans les 2-4
semaines avant la
reprise
Antibiothérapie d’attente
débutée en per-opératoire
après que les
prélèvements ont été faits
- Bactéricide
- Large spectre
- IV, forte dose
J5-14
désescalade
J0
Antibiothérapie adaptée
aux résultats des prélèvements
per-opératoires ou préopératoires
- Efficacité dans le biofilm
- Spectre étroit
- Voie orale prolongée
Variables associées à l’évolution des
infections de PTH/PTG à S. aureus
analyse univariée
Variables
Remission (n=77)
Failure (n=21)
P
American Society of Anesthesiologists score> 2
23 (29.9%)
13 (61.9%)
.02
Adequate empirical post-surgical antibiotic therapy
73 (94.8%)
17 (80.9%)
.04
Rifampin-fluoroquinolone combination therapy
37 (48.1%)
2 (9.5%)
.001
Rifampin combination therapy
58 (75.3%)
10 (47.6%)
.002
Removal of the implants
41 (53.2%)
11 (52.4%)
.94
Methicillin-resistant S. aureus
12 (15.6%)
5 (23.8%)
.38
: P < 0.05 en analyse multivariée
D. Joulie Thèse de médecine Lille, 2009
Conclusions
• La stratégie antibiotique avec désescalade:
–
–
–
–
Repose sur une documentation microbiologique fiable
Et une organisation multidisciplinaire avec protocoles
Son ennemi juré = l’antibiothérapie pré-reprise intempestive
Permet dans certains cas d’implanter du matériel en site
infecté (ostéosynthèse notamment)
– La daptomycine pourrait avoir une place de choix dans ce
concept
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