rapport de licence

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2010-2013
Rapport de Licence
Jean-Christophe RUAULT
Bicursus ENSAPLV-ESTP
2010-2013
Mon parcours au sein de l’école d’architecture
est assez atypique. En effet, c’est après deux années
de classes préparatoires scientifiques que j’ai intégré
une école d’ingénieur du Bâtiment proposant une
double formation avec l’école d’architecture de La
Villette. J’ai ainsi eu la chance durant ces trois années
de licence, d’appréhender deux enseignements, deux
visions, mais aussi deux approches du monde du
bâtiment qui s’avèrent en fait complémentaires.
Dans ce rapport, j’essayerai de retracer dans un
premier temps l’ensemble des contenus et
enseignements acquis dans les cours de projet tout en
avançant en quoi ils ont été un apprentissage.
J’essaierai de les présenter sous deux parties : la
première concernant les projets de petits équipements
et la seconde concernant le logement. Enfin je me
pencherai sur une question, qui a été pour moi une des
raisons du choix de cette double formation, à savoir
comment arrive t’on aujourd’hui à intégrer
l’architecture contemporaine dans une architecture
ancienne ?
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SOMMAIRE
Les équipements
Le refuge de randonneurs
Le centre de recherche
Bibliothèque privée
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Le Logement
Le petit immeuble
L’îlot de logements
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L’intégration de l’architecture contemporaine dans l’ancien
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CONCLUSION
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LES EQUIPEMENTS
Dans cette première partie, j’essaierai de présenter l’ensemble des projets
d’équipements qui sont des petits projets à savoir :
• Un refuge pour randonneur sur le canal de l’Ourcq
• Un centre de recherche pour chercheurs
• Une bibliothèque privée dans un jardin
Ces projets ont été l’occasion d’appréhender la notion d’espace en
architecture dans le sens où la simplicité du projet obligeait à créer différentes
ambiances sans matière et donc d’aborder les questions de la lumière, des deminiveaux…
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Licence 1
R. DEMARCO – N. NORDSTRÖM
Le refuge sur le canal de l’Ourcq
CONSIGNE :
Il s’agissait de construire un refuge pour randonneurs
positionné sur le canal de l’Ourcq. Ce dernier, destiné pour 1à15 randonneurs, proposait un espace de repos en journée mais
aussi de nuit.
SOLUTION CHOISIE :
Le refuge du randonneur positionné au dessus du canal
de l’Ourcq offre une perspective sur le canal. Lieu de repos, il
offre plusieurs ambiances par ses demi-niveaux, ses multiples
hauteurs sous plafond.
Un escalier curviligne suivant la pente de la berge
invite le randonneur à accéder au refuge. Il pénètre dans
l’édifice par un premier espace où il est invité à se décharger
de son matériel, puis à venir se reposer dans la salle commune
et contempler le canal depuis la grande bais vitrée.
BILAN
Ce premier projet en architecture a été l’occasion de
mener un travail sur la promenade architecturale et ainsi de
penser l’édifice en fonction de l’utilisation des espaces par
leurs usagers. En plus d’inviter le visiteur à pénétrer dans le
refuge, ce dernier devait rester un lieu fonctionnel où tous les
randonneurs pourraient y vivre avec une certaine intimité.
Une attention particulière a été donnée pour que chaque
espace ait sa propre ambiance grâce aux jeux de lumière ou de
hauteurs sous plafond.
Ce projet a été une première expérience
architecturale et m’a permis de voir l’architecture du point de
vue de son utilisateur et d’agencer des espaces très différents
(espaces de vie et de nuit) dans un même édifice.
Licence 1
R. DEMARCO – N. NORDSTRÖM
Centre La Bièvre : documentation et
recherche sur l’eau dans la ville.
CONSIGNE :
Il s’agissait de construire un centre de documentation
pour chercheurs (sur la question de la Bièvre) comprenant à la
fois un centre publique de documentation, composé d’une
médiathèque, d’une salle d’exposition et de bureaux pour les
chercheurs ainsi qu’une partie privative composée des
logements de fonction. La relation entre logement et espace de
travail a été donc réfléchie.
SOLUTION CHOISIE :
Le bâtiment créé possède deux ambiances : un espace
public et un privé ayant chacun leur propre accès.
La partie privative :
Elle est composée de 3 logements F3 : deux à l’étage et un au
Rez-de-chaussée. L’accès à ces appartements se fait par un hall
accessible sous le préau situé derrière les colonnes.
La partie publique :
Elle est composée d’une médiathèque qui s’établit sur
plusieurs demi-niveaux ainsi que d’une salle d’exposition qui
est à moitié enterrée, on y accède au moyen d’une rampe.
L’ensemble est également composé d’une cuisine placée sous
la médiathèque. Un accès par voiture se fait le long de la
parcelle côté Nord.
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BILAN
Ce projet de première année avait la caractéristique de
penser l’architecture d’un point de vue plus urbain car mêlait
la vie publique, collective à la vie privée. La création de deux
ensemble au sein d’une même parcelle m’a permis
d’appréhender les relations entre les sphères publiques et
privées.
Parallèlement, un travail sur les espaces publiques
(médiathèque et salle d’exposition) a été mené et m’a permis
d’approfondir les jeux de lumière exigés par la conservation de
livre ou l’exposition d’œuvres d’art. Ainsi de nombreuses
ouvertures zénithales ont été créées avec également un jeu de
fente lumineuse.
REPRISE DU PROJET EN CONSTRUCTION GENERALE
Etant en double cursus, j’ai pu étudier la structure de ce
bâtiment en construction générale, à savoir le positionnement
des éléments porteurs, leur dimensionnement... La simplicité
des structures des bâtiments « privés » ont permis de respecter
l’architecture voulue. En revanche, les ouvertures en toiture
sur la médiathèque et la salle d’exposition étaient trop larges, il
a fallu en supprimer certaine pour laisser la structure porteuse
du bâtiment.
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Licence 2
P. CREMONIN – E.VEIT
La bibliothèque privée : le dôme du livre
CONSIGNE :
Il s’agissait de penser une bibliothèque d’un individu à
côté de sa maison dans son jardin. La parcelle retenue,
légèrement en pente dispose d’une maison sur sa partie Nord
Ouest et est constructible sur ses deux tiers Ouest.
Les espaces intérieurs devaient contenir un espace de
lecture, de consultation des ouvrages et un bureau.
SOLUTION CHOISIE :
La bibliothèque privée s’installe en juxtaposition de la
maison pour ainsi créer tout d’abord un espace rue et un
espace jardin sur la parcelle mais aussi offrir à la maison une
terrasse.
La forme simple de l’ensemble a cependant permis de
créer plusieurs sous-espaces grâce à des différences de
hauteurs de plafond et d’intensité lumineuse. Ainsi la zone de
consultation ouverte directement sur le jardin possède un
éclairage zénithal. Le bureau situé à l’Ouest possède un
plafond bas pour garder une idée de cocon. La zone de lecture
donne directement sur le jardin avec sa grande baie vitrée, son
exposition Est permet aux usagers de ne pas être ébloui.
BILAN
Ce projet de petite échelle m’a permis de concevoir des
espaces différents au sein d’une même activité (celle du livre).
Il a été l’occasion d’approfondir au maximum le travail sur les
ambiances (lumineuses, de hauteurs…) pour des fonctions
simples : la consultation des livres, la lecture, ou le travail sur
bureau.
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LE LOGEMENT
Dans cette seconde partie, j’essaierai de présenter des projets de logement,
à savoir :
• Un ensemble de 20 logements rue de Thionville
• Un îlot de 80 logements rue de Crimée
Ces projets ont été l’occasion d’appréhender les problématiques du
logements, et j’ai pu les aborder de manière très différente dans le sens où
chacun avait une contrainte bien déterminée qui m’obligeait à penser
l’agencement des appartements de manière totalement différente.
Licence 2
Le petit immeuble
CONSIGNE :
Il s’agissait de penser un immeuble de 20 logements en
partant de l’espace du logement pour parvenir à celui de
l’immeuble. L’édifice ainsi créé, comprenant qu’une seule
cage d’escalier collective devait obéir à une décomposition
conventionnelle entre le haut, corps et pied. L’étendue
profonde de la parcelle permettait une construction basse en
fond de cour.
SOLUTION CHOISIE :
Le travail a d’abord débuté sur l’étude du corps avec
notamment le mode d’assemblage des logements (tous des
simplex). La coursive sur rue a été choisie. Cette dernière,
présente tous les deux niveaux, désert les logements monoorientés de l’étage inférieur et les appartements bi-orientés de
l’étage supérieur.
Le pied du bâtiment, principal espace de relation avec
la rue et le jardin comporte un magasin et des logements
directement accessibles par des jardins privatifs. La
surélévation de l’édifice a permis à ces logements de garder
une certaine intimité. L’attique, assurant un lien avec le ciel,
dispose de logements avec de larges toits terrasses.
BILAN
Ce premier projet de logement a permis d’appréhender
l’assemblage de logements dans une entité de taille moyenne
avec les problématiques de logements traversant, de coursive
devant logement…
Bien plus encore, il a été l’occasion de connaître et de
comprendre le fonctionnement des parties d’un immeuble à
savoir le pied, le corps et l’attique avec tous les problèmes
d’exposition au ciel, à la rue que cela puissent engendrer.
L’intérieur des cellules de logement a été également
étudié afin d’en donner des qualités spatiales d’orientation
mais aussi de fonctionnement (partie jour et partie nuit).
Cependant, le rendu de la façade de l’immeuble a été
critiqué par manque de sensibilité et de dynamisme.
P. CREMONINI – E.VEIT
Licence 3
D.HENRY – P.HANNEQUIN
L’îlot de logements
CONSIGNE :
Il s’agissait de penser un ensemble de 80 logements
(T4-T3-T2-T1) sur un ilot situé rue de Crimée dans le XIXème
arrondissement. Chaque appartement avait pour contrainte que
chaque pièce soit ventilée de façon naturelle.
SOLUTION CHOISIE :
Positionné de façon à libérer un espace planté sur son
centre et à laisser rentrer le soleil, l’édifice comporte un
ensemble linéaire sur la rue de Thionville avec deux éléments
centraux comportant essentiellement des grands appartements.
L’ensemble vient se replier sur la rue Crimée avec ses
logements traversant. Les petits logements sont quant à eux
positionnés en partie inférieure de l’édifice dans la partie pliée.
BILAN
Ce deuxième projet de logement bien que traité sur une
grande parcelle a permis d’appréhender de manière assez
contradictoire l’échelle de la cellule, du logement, plus que de
l’emboitement de ces derniers. En effet, la contrainte de
ventilation naturelle des pièces obligeait à créer des creux et
ouvrir l’ensemble pour éviter une épaisseur de bâtiment trop
importante.
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L’intégration de l’architecture moderne dans
l’architecture ancienne
Dans cette seconde partie, je vais m’intéresser à
la question de l’intégration de l’architecture
contemporaine dans des contextes anciens et voir
comment ces deux architectures semblent opposés
mais aussi complémentaires.
J’ai choisi cette problématique car elle a été
pour moi une des raisons de mon choix pour faire des
études d’architecture. Connaître l’histoire d’un site et
savoir l’intégrer dans les bâtiments neufs est un réel
atout de réussite
Depuis le début du XIXème siècle avec notamment la création du Bauhaus, une nouvelle
vision de l’architecture naît et se fonde sur des formes simples, fonctionnelles, géométriques, ne
laissant pas de place à toute ornementation inutile, appréciée au siècle précédent. L’architecture
moderne cherche à faire attraction du passé, se basant essentiellement sur le fonctionnalisme, sur
l’idée que la fonction occupera le futur bâtiment. Les œuvres de Le Corbusier illustrent bien cette
théorie avec ses formes standardisées avec la villa Savoye ou encore la cité Radieuse.
De plus, de nouveaux matériaux ont été introduits, tels le verre, le béton armé, le fer
s’ajoutant à la liste des matériaux classiques comme le marbre, le bois, la brique ou la pierre. Un
nouveau rapport à l’ancien est créé et suscite parfois de vives critiques.
Bien plus encore, de nouvelles environnementales (développement durable) ainsi que de
nouveaux besoins de la société obligent les bâtiments à évoluer et s’adapter à notre temps.
La question est de savoir comment l’héritage architectural et urbain peut être sauvegardé sans
empêcher le développement d’une ville, tout en le voyant comme continuité ? C’est ainsi le but de
l’architecture dite « contemporaine » que nous chercherons à analyser à travers quelques exemples
d’architecture contemporaine.
Ces trois œuvres architecturales d’époque contemporaine ont une logique de renouveau,
c’est-à-dire qu’elles devaient remplacer une structure qui avait était détruite ou tout simplement
déménagée du lieu dans lequel elle se trouve :
La pyramide du Louvre, Leoh Ming Pei
En 1973, le Louvre devient musée de la nation et
nécessite un agrandissement pour accueillir les
collections. L’ensemble des espaces du palais du
Louvre est acquis pour le musée, mais le manque de
place perdure. En 1981, Mitterrand décide de réunir
l’ensemble des entrées des collections dans la cour
Napoléon pour ainsi faciliter l’orientation des
visiteurs. L’architecte Leoh Ming Pei crée une
pyramide au centre de la cour.
L’opéra de Lyon, Jean Nouvel
Suite à une augmentation des activités dans le théâtre
municipal, la ville décide de rénover son théâtre et de
l’agrandir
pour
lui
donner
une
renommée
internationale. Jean Nouvel réhabilite le théâtre en
1989, garde de l’ancien théâtre uniquement ses
quatre murs de façades ainsi que le foyer du public et
le couvre d’une verrière en demi-cylindre offrant un
volume trois fois plus important.
1 rue de Turenne, Chartier et Corbasson
Réhabilitation d’un immeuble insalubre à l’angle de
la rue Saint Antoine et rue de Turenne caractérisée
par la transformation d’un mur pignon en une
nouvelle façade à l’écriture contemporaine, au cœur
d’un secteur historique et sauvegardé de Paris.
Dans une première partie nous verrons en quoi ces architectures semblent s’opposer à
l’histoire du lieu pour ensuite analyser la volonté d’intégrer cette architecture contemporaine à
l’ancien.
I.
Un contraste entre ancien et moderne
a. Le contraste dans la ville
Nous pouvons tout d’abord constater un contraste net entre les architectures nouvellement
créées et leurs entourages imprégnés d’histoire. Bien qu’une volonté de reprendre le passé et de
s’imposer le moins possible soit présente, un détachement s’avère indispensable.
Pour la pyramide du Louvre, sa présence rompt la continuité entre les différents bâtiments,
mais aussi coupe la perspective qui allait auparavant de la cour carré à l’Arc de triomphe. Cette
pyramide est bien un élément de rupture dans le grand axe de la ville (pourtant non voulu lors de la
création du palais du Louvre car le palais des Tuileries clôturait les espaces). La pyramide se place
comme un élément de rupture dans le contexte du palais du Louvre.
La pyramide du Louvre dans la cour Napoléon III
L’opéra de Lyon, quant à lui, possède une extension avec sa coupole. Cette dernière double le
volume du bâtiment et vient couvrir la façade néo-classique en modifiant considérablement leur
lecture. L’extension modifie ainsi considérablement le contexte historique de l’opéra et se positionne
comme un élément de rupture.
La façade de l’opéra de Lyon avec et sans son dôme de verre.
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Bien plus encore, l’immeuble de la rue Saint Antoine est marquant. Résultant de la percée de
la rue de Turenne, cet immeuble possédait un pan entier de mur pignon, offrant ainsi un écran
opaque aux immeubles voisins. La réhabilitation a changé la donne de cet immeuble en y ajoutant
une peau métallique sur ce mur pignon, doublant ainsi l’orientation des appartements et en faisant un
immeuble d’angle. Cependant, à la différence des immeubles d’angle haussmanniens, cet édifice
n’est pas traité sous forme de tour ou d’angle brisé comme on peut les voir traditionnellement, et
c’est bien là la nouveauté de cette proposition.
La façade du 1, rue de Turenne avant et après rénovation
b. Les nouveaux matériaux
Les nouveaux matériaux sont certainement une marque indubitable des nouvelles
constructions par rapport à leur contexte historique. En effet, la bonne maîtrise de certains matériaux
tels que le verre, l’acier, le béton armé, permet aujourd’hui à donner au bâtiment une légèreté, des
formes plus esthétisantes, plus organiques. Bien plus encore, le nouveau concept de « développement
durable » favorise l’utilisation de matériaux peu polluants. Ainsi, nous pouvons considérer que ces
nouveaux matériaux se détachent de l’histoire, d’une part car ils ont été introduits depuis un siècle
voire depuis plus brièvement, et d’autre part car ils permettent de nouvelles approches (par exemple
écologique). Les deux matériaux qui dominent dans nos exemples sont le verre et l’acier. Ces deux
derniers permettent une certaine transparence et légèreté de l’édifice dans son contexte historique. Le
verre, spécialement conçu pour laisser une lumière abondante dans le bâtiment, répond également
aux exigences d’isolation thermique résistant aux changements climatiques. L’acier quant à lui,
permet de supporter de lourdes charges avec peu de matière et offre à l’édifice une légèreté. C’est ce
que l’on peut constater dans nos exemples avec la pyramide du Louvre, l’immeuble de Turenne ou
encore l’opéra de Lyon.
Au verre utilisé sont ajoutés des matériaux et des
technologies qui permettent d’ « auto-nettoyer »
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c. La recherche de l’utile
L’architecture contemporaine, bien que s’éloignant du fonctionnalisme, cachent quelques
aspects fonctionnels. La notion d’utile est très présente dans notre époque moderne, remettant en
cause les travaux passés et recherchant l’innovation totale. Là réside une nette opposition entre les
deux architectures.
La pyramide du Louvre a été construire pour faciliter les importants flux de visiteurs et d’en
améliorer l’organisation spatiale. En effet, à l’intérieur de la pyramide un espace souterrain de 46000
mètres carrés a été aménagé par l’architecte Pei pour permettre de diriger le visiteur vers les
différentes zones du musée. La pyramide est donc un lieu stratégique par rapport aux entrées du
musée mais aussi un point de repère.
L’opéra de Lyon s’est agrandi avec sa coupole de verre. Son volume a été doublé, et a permis
de donner un caractère international à cette institution. Des nombreuses salles de répétition et de
concert avec accès à l’éclairage naturel sont maintenant disponibles sur l’ensemble des 9 niveaux de
l’édifice. L’opéra accueille aujourd’hui un large public et de nombreuses manifestations.
La peau métallique de l’immeuble de Turenne a permis de repenser le système de distribution
des logements avec la présence d’une coursive filante sur toute la longueur de la parcelle. Les
logements de l’ancien immeuble possèdent aujourd’hui une ouverture sur la rue de Turenne offrant
toujours plus de lumière et de ventilation naturelle.
La coursive permettant de repenser la distribution des logements
La recherche de l’utile est donc bien présente et en fait une architecture s’éloignant de
l’environnement ancien.
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II.
La volonté d’intégrer l’architecture contemporaine dans l’ancien
a. L’approche historique
Les différentes œuvres créées ont d’abord donné lieu à des études approfondies pour intégrer
la structure à ce qui existait déjà. Ainsi, nous allons tenter d’analyser le travail de réflexion des
architectes pour intégrer ces nouveaux bâtiments à la substance historique.
Pour la pyramide du Louvre, plusieurs possibilités s’offraient pour la nouvelle entrée du
musée. Une solution aurait été de démolir l’existant pour un nouvel environnement, mais cette idée a
été immédiatement rejetée. Une autre solution aurait été de tout mettre en sous-sol afin de ne laisser
aucun élément en surface, mais l’orientation du visiteur aurait été difficile avec également de
nombreux problèmes techniques (lieu peu lumineux). La solution finale prévoit l’élévation d’une
structure permettant plus d’espace et un apport abondant en lumière naturelle. Les formes utilisées
sont des formes géométriques simples et ont donc comme avantage de s’intégrer avec n’importe quel
espace. De plus, l’idée de construire une pyramide dans la cour Napoléon était une idée ancienne
datant de 1809. Un monument national de reconnaissance à l’empereur devait être érigé.
L’opéra de Lyon est un exemple un peu à part, car lors de sa rénovation par Nouvel, seuls les
façades et le foyer ont été gardé. Le dôme de verre vient coiffer l’édifice et ne
dénature pas l’ensemble étant donné que le contour (les façades) restent les
mêmes. De plus, des brises soleils réfléchissants viennent coiffer le demicylindre, permettant à la lumière de venir se réfléchir. Ainsi, l’architecte a
souhaité que l’hôtel de ville vienne se refléter sur son dôme tout en restant très
transparent.
Les architectes de l’immeuble de Turenne ont souhaité garder un
maximum de matériaux d’origine. Le mur pignon d’origine, encore très présent,
en témoigne. La peau métallique vient quant à elle habiller la façade opaque tout
en suivant un rythme plutôt haussmannien. Les motifs de la façade sont quant à
eux inspirés des platanes bordant les avenues parisiennes. Tous ces éléments
contribuent à garder l’esprit historique du lieu.
Ainsi, la recherche de la forme, des motifs ou encore des matériaux
recouvrant la façade permettent de répondre à des projets existants depuis
longtemps.
b. La valorisation technique du passé
L’architecture contemporaine, soucieuse du passé, adopte d’un coté des techniques
innovantes afin d’affronter les nouveaux enjeux, mais tente de reprendre certains éléments utilisés
dans l’architecture ancienne.
1. Les matériaux
Certains matériaux ne sont pas utilisés de manière aléatoire, ils sont utilisés par les architectes
comme moyen d’intégrer la substance historique sans qu’un détachement net entre moderne et
ancien soit visible. Comme vu précédemment, ce qui lie essentiellement nos œuvres, est l’utilisation
du verre, matériau adopté qu’à partir du XXème siècle mais qui a la particularité d’être transparent.
En effet, c’est bien cette transparence qui permet une meilleure intégration de la nouvelle structure
puisque ses parois ne constituent pas une barrière nette, mais représentent une séparation entre
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intérieur et extérieur. Nous avons donc cette idée de continuité, cette impression que contemporain et
ancien soient mélangés, qu’il y ait toujours de l’histoire dans une structure contemporaine.
Au Louvre, le verre permet la diffusion dans le hall de la lumière naturelle mais surtout une
transparence qui conjugue passé et moderne, par le fait que depuis l’intérieur, un visiteur peut
observer les bâtiments datant la Renaissance. Ainsi, de l’intérieur, nous pouvons avoir l’impression
de nous retrouver encore aujourd’hui dans une ville dont l’architecture est ancienne, sans vraiment
considérer le nouveau contraste qui est évident par l’utilisation des nouveaux matériaux. Il y a
quelque chose de discret dans la transparence du verre qui permet à la nouvelle structure de
s’intégrer sans pourtant s’imposer sur l’antique et remettre en cause l’héritage historique.
La transparence au musée du Louvre et à l’opéra de Lyon
A Lyon, il en est de même. Les salles de répétition donnent directement sur les toits de la
ville et l’hotel de ville. L’œil est plus attiré par ces bâtiments que la simple structure de l’ensemble
nouvellement construit.
L’immeuble de Turenne est un exemple moins étonnant, ne se situant pas à proximité de
grands monuments. Cependant, la mise en valeur du mur pignon est importante. La peau métallique
formée de panneaux mobiles avec des formes rondes, visent à donner une certaine intimité aux
logements sans pour autant isoler ses habitants. La peau métallique forme une protection aux
logements mais habille également le pignon, qui restait auparavant une surface plutôt brute.
La transparence dans les logements de la rue de Turenne
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2. Les formes
La continuité par rapport au passé et la bonne intégration de ces nouvelles structures se
trouvent aussi dans la forme adoptée pour celles-ci. En effet, si d’une part ces formes nous renvoient
à celles qui existent depuis longtemps, elles s’intègrent aussi par le fait qu’elles sont simples et ne
brisent pas l’équilibre historique du site dans lequel elles ont été placées.
La pyramide du Louvre a bien la forme exacte d’une pyramide, d’autant plus qu’elle a les
mêmes proportions de celle de Gizeh. Ceci doit certainement faire écho aux expositions égyptiennes
présentes dans le musée. De plus, la pyramide est une forme simple qui s’intègre bien dans un
milieu, surtout par le fait qu’elle n’occupe pas une place considérable dans la cour Napoléon et ne
représente donc pas un contraste avec les bâtiments de l’entourage. Elle ne s’impose pas sur l’ancien
mais bien au contraire le fait évoluer.
L’opéra de Lyon est en forme de demi-cylindre, ou plutôt en demi-hémicycle venant coiffer
l’ancien théâtre. La structure du dôme est mise en retrait par rapport à l’alignement des façades,
mettant l’architecture contemporaine en second plan. La forme hémicyclique doit certainement faire
référence au plan de l’opéra.
La façade courbe de l’immeuble de Turenne semble s’accrocher sur le mur pignon comme si
celle-ci ne pouvait pas se placer ailleurs. Tout ceci témoigne du passé de cette rue de Turenne qui a
été percé par Haussmann pour fluidifier la ville. De plus, la peau métallique semi transparente laisse
passer le regard et permet en toute intimité de ses occupants à se sentir dans un environnement
d’immeubles haussmanniens.
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Ces exemples de l’architecture contemporaine déterminent bien le rapport entre l’architecture
d’aujourd’hui et le contexte historique.
Les caractéristiques communes de chacune de ses œuvres comme les matériaux, les formes
montrent une opposition certaine entre l’antique et l’architecture moderne dans la mesure où de
nouvelles techniques viennent s’ajouter. Pourtant l’opéra de Lyon, l’immeuble de Turenne ou encore
la pyramide du Louvre ont tous été construits dans un environnement historique où le souci du passé
n’est pas à négliger. Nous trouvons ainsi ce travail par rapport au passé dans le choix des matériaux,
par l’utilisation de matériaux antiques comme le verre permettant une transparence, par les formes
adaptées. Cette problématique est attribuable à tout type de bâtiment contemporain dans la mesure où
il s’agit plus d’intégrer la nouvelle structure dans un milieu historique.
Bien plus encore, de nombreuses techniques sont mises en œuvre pour remplir des exigences
en terme de développement durable qui est certainement devenu une question prioritaire.
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CONCLUSION
Ces trois années d’architecture ont été très
instructives car venant d’un milieu où la science
primait, les questions de sensibilité artistiques et
d’espaces ont pu être abordées.
Ce double cursus est ainsi une chance pour moi
et me permet de voir deux aspects du bâtiment et d’en
comprendre différents enjeux.
Je souhaite poursuivre mon cursus en master
d’architecture, même si je n’ai pour l’instant pas
d’idée précise concernant ma spécialisation en master.
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