2010-2013 Rapport de Licence Jean-Christophe RUAULT Bicursus ENSAPLV-ESTP 2010-2013 Mon parcours au sein de l’école d’architecture est assez atypique. En effet, c’est après deux années de classes préparatoires scientifiques que j’ai intégré une école d’ingénieur du Bâtiment proposant une double formation avec l’école d’architecture de La Villette. J’ai ainsi eu la chance durant ces trois années de licence, d’appréhender deux enseignements, deux visions, mais aussi deux approches du monde du bâtiment qui s’avèrent en fait complémentaires. Dans ce rapport, j’essayerai de retracer dans un premier temps l’ensemble des contenus et enseignements acquis dans les cours de projet tout en avançant en quoi ils ont été un apprentissage. J’essaierai de les présenter sous deux parties : la première concernant les projets de petits équipements et la seconde concernant le logement. Enfin je me pencherai sur une question, qui a été pour moi une des raisons du choix de cette double formation, à savoir comment arrive t’on aujourd’hui à intégrer l’architecture contemporaine dans une architecture ancienne ? Page 2 SOMMAIRE Les équipements Le refuge de randonneurs Le centre de recherche Bibliothèque privée Page 5 Page 6 Page 8 Le Logement Le petit immeuble L’îlot de logements Page 10 Page 11 L’intégration de l’architecture contemporaine dans l’ancien Page 12 CONCLUSION Page 21 LES EQUIPEMENTS Dans cette première partie, j’essaierai de présenter l’ensemble des projets d’équipements qui sont des petits projets à savoir : • Un refuge pour randonneur sur le canal de l’Ourcq • Un centre de recherche pour chercheurs • Une bibliothèque privée dans un jardin Ces projets ont été l’occasion d’appréhender la notion d’espace en architecture dans le sens où la simplicité du projet obligeait à créer différentes ambiances sans matière et donc d’aborder les questions de la lumière, des deminiveaux… Page 4 Licence 1 R. DEMARCO – N. NORDSTRÖM Le refuge sur le canal de l’Ourcq CONSIGNE : Il s’agissait de construire un refuge pour randonneurs positionné sur le canal de l’Ourcq. Ce dernier, destiné pour 1à15 randonneurs, proposait un espace de repos en journée mais aussi de nuit. SOLUTION CHOISIE : Le refuge du randonneur positionné au dessus du canal de l’Ourcq offre une perspective sur le canal. Lieu de repos, il offre plusieurs ambiances par ses demi-niveaux, ses multiples hauteurs sous plafond. Un escalier curviligne suivant la pente de la berge invite le randonneur à accéder au refuge. Il pénètre dans l’édifice par un premier espace où il est invité à se décharger de son matériel, puis à venir se reposer dans la salle commune et contempler le canal depuis la grande bais vitrée. BILAN Ce premier projet en architecture a été l’occasion de mener un travail sur la promenade architecturale et ainsi de penser l’édifice en fonction de l’utilisation des espaces par leurs usagers. En plus d’inviter le visiteur à pénétrer dans le refuge, ce dernier devait rester un lieu fonctionnel où tous les randonneurs pourraient y vivre avec une certaine intimité. Une attention particulière a été donnée pour que chaque espace ait sa propre ambiance grâce aux jeux de lumière ou de hauteurs sous plafond. Ce projet a été une première expérience architecturale et m’a permis de voir l’architecture du point de vue de son utilisateur et d’agencer des espaces très différents (espaces de vie et de nuit) dans un même édifice. Licence 1 R. DEMARCO – N. NORDSTRÖM Centre La Bièvre : documentation et recherche sur l’eau dans la ville. CONSIGNE : Il s’agissait de construire un centre de documentation pour chercheurs (sur la question de la Bièvre) comprenant à la fois un centre publique de documentation, composé d’une médiathèque, d’une salle d’exposition et de bureaux pour les chercheurs ainsi qu’une partie privative composée des logements de fonction. La relation entre logement et espace de travail a été donc réfléchie. SOLUTION CHOISIE : Le bâtiment créé possède deux ambiances : un espace public et un privé ayant chacun leur propre accès. La partie privative : Elle est composée de 3 logements F3 : deux à l’étage et un au Rez-de-chaussée. L’accès à ces appartements se fait par un hall accessible sous le préau situé derrière les colonnes. La partie publique : Elle est composée d’une médiathèque qui s’établit sur plusieurs demi-niveaux ainsi que d’une salle d’exposition qui est à moitié enterrée, on y accède au moyen d’une rampe. L’ensemble est également composé d’une cuisine placée sous la médiathèque. Un accès par voiture se fait le long de la parcelle côté Nord. Page 6 BILAN Ce projet de première année avait la caractéristique de penser l’architecture d’un point de vue plus urbain car mêlait la vie publique, collective à la vie privée. La création de deux ensemble au sein d’une même parcelle m’a permis d’appréhender les relations entre les sphères publiques et privées. Parallèlement, un travail sur les espaces publiques (médiathèque et salle d’exposition) a été mené et m’a permis d’approfondir les jeux de lumière exigés par la conservation de livre ou l’exposition d’œuvres d’art. Ainsi de nombreuses ouvertures zénithales ont été créées avec également un jeu de fente lumineuse. REPRISE DU PROJET EN CONSTRUCTION GENERALE Etant en double cursus, j’ai pu étudier la structure de ce bâtiment en construction générale, à savoir le positionnement des éléments porteurs, leur dimensionnement... La simplicité des structures des bâtiments « privés » ont permis de respecter l’architecture voulue. En revanche, les ouvertures en toiture sur la médiathèque et la salle d’exposition étaient trop larges, il a fallu en supprimer certaine pour laisser la structure porteuse du bâtiment. Page 7 Licence 2 P. CREMONIN – E.VEIT La bibliothèque privée : le dôme du livre CONSIGNE : Il s’agissait de penser une bibliothèque d’un individu à côté de sa maison dans son jardin. La parcelle retenue, légèrement en pente dispose d’une maison sur sa partie Nord Ouest et est constructible sur ses deux tiers Ouest. Les espaces intérieurs devaient contenir un espace de lecture, de consultation des ouvrages et un bureau. SOLUTION CHOISIE : La bibliothèque privée s’installe en juxtaposition de la maison pour ainsi créer tout d’abord un espace rue et un espace jardin sur la parcelle mais aussi offrir à la maison une terrasse. La forme simple de l’ensemble a cependant permis de créer plusieurs sous-espaces grâce à des différences de hauteurs de plafond et d’intensité lumineuse. Ainsi la zone de consultation ouverte directement sur le jardin possède un éclairage zénithal. Le bureau situé à l’Ouest possède un plafond bas pour garder une idée de cocon. La zone de lecture donne directement sur le jardin avec sa grande baie vitrée, son exposition Est permet aux usagers de ne pas être ébloui. BILAN Ce projet de petite échelle m’a permis de concevoir des espaces différents au sein d’une même activité (celle du livre). Il a été l’occasion d’approfondir au maximum le travail sur les ambiances (lumineuses, de hauteurs…) pour des fonctions simples : la consultation des livres, la lecture, ou le travail sur bureau. Page 8 LE LOGEMENT Dans cette seconde partie, j’essaierai de présenter des projets de logement, à savoir : • Un ensemble de 20 logements rue de Thionville • Un îlot de 80 logements rue de Crimée Ces projets ont été l’occasion d’appréhender les problématiques du logements, et j’ai pu les aborder de manière très différente dans le sens où chacun avait une contrainte bien déterminée qui m’obligeait à penser l’agencement des appartements de manière totalement différente. Licence 2 Le petit immeuble CONSIGNE : Il s’agissait de penser un immeuble de 20 logements en partant de l’espace du logement pour parvenir à celui de l’immeuble. L’édifice ainsi créé, comprenant qu’une seule cage d’escalier collective devait obéir à une décomposition conventionnelle entre le haut, corps et pied. L’étendue profonde de la parcelle permettait une construction basse en fond de cour. SOLUTION CHOISIE : Le travail a d’abord débuté sur l’étude du corps avec notamment le mode d’assemblage des logements (tous des simplex). La coursive sur rue a été choisie. Cette dernière, présente tous les deux niveaux, désert les logements monoorientés de l’étage inférieur et les appartements bi-orientés de l’étage supérieur. Le pied du bâtiment, principal espace de relation avec la rue et le jardin comporte un magasin et des logements directement accessibles par des jardins privatifs. La surélévation de l’édifice a permis à ces logements de garder une certaine intimité. L’attique, assurant un lien avec le ciel, dispose de logements avec de larges toits terrasses. BILAN Ce premier projet de logement a permis d’appréhender l’assemblage de logements dans une entité de taille moyenne avec les problématiques de logements traversant, de coursive devant logement… Bien plus encore, il a été l’occasion de connaître et de comprendre le fonctionnement des parties d’un immeuble à savoir le pied, le corps et l’attique avec tous les problèmes d’exposition au ciel, à la rue que cela puissent engendrer. L’intérieur des cellules de logement a été également étudié afin d’en donner des qualités spatiales d’orientation mais aussi de fonctionnement (partie jour et partie nuit). Cependant, le rendu de la façade de l’immeuble a été critiqué par manque de sensibilité et de dynamisme. P. CREMONINI – E.VEIT Licence 3 D.HENRY – P.HANNEQUIN L’îlot de logements CONSIGNE : Il s’agissait de penser un ensemble de 80 logements (T4-T3-T2-T1) sur un ilot situé rue de Crimée dans le XIXème arrondissement. Chaque appartement avait pour contrainte que chaque pièce soit ventilée de façon naturelle. SOLUTION CHOISIE : Positionné de façon à libérer un espace planté sur son centre et à laisser rentrer le soleil, l’édifice comporte un ensemble linéaire sur la rue de Thionville avec deux éléments centraux comportant essentiellement des grands appartements. L’ensemble vient se replier sur la rue Crimée avec ses logements traversant. Les petits logements sont quant à eux positionnés en partie inférieure de l’édifice dans la partie pliée. BILAN Ce deuxième projet de logement bien que traité sur une grande parcelle a permis d’appréhender de manière assez contradictoire l’échelle de la cellule, du logement, plus que de l’emboitement de ces derniers. En effet, la contrainte de ventilation naturelle des pièces obligeait à créer des creux et ouvrir l’ensemble pour éviter une épaisseur de bâtiment trop importante. Page 11 L’intégration de l’architecture moderne dans l’architecture ancienne Dans cette seconde partie, je vais m’intéresser à la question de l’intégration de l’architecture contemporaine dans des contextes anciens et voir comment ces deux architectures semblent opposés mais aussi complémentaires. J’ai choisi cette problématique car elle a été pour moi une des raisons de mon choix pour faire des études d’architecture. Connaître l’histoire d’un site et savoir l’intégrer dans les bâtiments neufs est un réel atout de réussite Depuis le début du XIXème siècle avec notamment la création du Bauhaus, une nouvelle vision de l’architecture naît et se fonde sur des formes simples, fonctionnelles, géométriques, ne laissant pas de place à toute ornementation inutile, appréciée au siècle précédent. L’architecture moderne cherche à faire attraction du passé, se basant essentiellement sur le fonctionnalisme, sur l’idée que la fonction occupera le futur bâtiment. Les œuvres de Le Corbusier illustrent bien cette théorie avec ses formes standardisées avec la villa Savoye ou encore la cité Radieuse. De plus, de nouveaux matériaux ont été introduits, tels le verre, le béton armé, le fer s’ajoutant à la liste des matériaux classiques comme le marbre, le bois, la brique ou la pierre. Un nouveau rapport à l’ancien est créé et suscite parfois de vives critiques. Bien plus encore, de nouvelles environnementales (développement durable) ainsi que de nouveaux besoins de la société obligent les bâtiments à évoluer et s’adapter à notre temps. La question est de savoir comment l’héritage architectural et urbain peut être sauvegardé sans empêcher le développement d’une ville, tout en le voyant comme continuité ? C’est ainsi le but de l’architecture dite « contemporaine » que nous chercherons à analyser à travers quelques exemples d’architecture contemporaine. Ces trois œuvres architecturales d’époque contemporaine ont une logique de renouveau, c’est-à-dire qu’elles devaient remplacer une structure qui avait était détruite ou tout simplement déménagée du lieu dans lequel elle se trouve : La pyramide du Louvre, Leoh Ming Pei En 1973, le Louvre devient musée de la nation et nécessite un agrandissement pour accueillir les collections. L’ensemble des espaces du palais du Louvre est acquis pour le musée, mais le manque de place perdure. En 1981, Mitterrand décide de réunir l’ensemble des entrées des collections dans la cour Napoléon pour ainsi faciliter l’orientation des visiteurs. L’architecte Leoh Ming Pei crée une pyramide au centre de la cour. L’opéra de Lyon, Jean Nouvel Suite à une augmentation des activités dans le théâtre municipal, la ville décide de rénover son théâtre et de l’agrandir pour lui donner une renommée internationale. Jean Nouvel réhabilite le théâtre en 1989, garde de l’ancien théâtre uniquement ses quatre murs de façades ainsi que le foyer du public et le couvre d’une verrière en demi-cylindre offrant un volume trois fois plus important. 1 rue de Turenne, Chartier et Corbasson Réhabilitation d’un immeuble insalubre à l’angle de la rue Saint Antoine et rue de Turenne caractérisée par la transformation d’un mur pignon en une nouvelle façade à l’écriture contemporaine, au cœur d’un secteur historique et sauvegardé de Paris. Dans une première partie nous verrons en quoi ces architectures semblent s’opposer à l’histoire du lieu pour ensuite analyser la volonté d’intégrer cette architecture contemporaine à l’ancien. I. Un contraste entre ancien et moderne a. Le contraste dans la ville Nous pouvons tout d’abord constater un contraste net entre les architectures nouvellement créées et leurs entourages imprégnés d’histoire. Bien qu’une volonté de reprendre le passé et de s’imposer le moins possible soit présente, un détachement s’avère indispensable. Pour la pyramide du Louvre, sa présence rompt la continuité entre les différents bâtiments, mais aussi coupe la perspective qui allait auparavant de la cour carré à l’Arc de triomphe. Cette pyramide est bien un élément de rupture dans le grand axe de la ville (pourtant non voulu lors de la création du palais du Louvre car le palais des Tuileries clôturait les espaces). La pyramide se place comme un élément de rupture dans le contexte du palais du Louvre. La pyramide du Louvre dans la cour Napoléon III L’opéra de Lyon, quant à lui, possède une extension avec sa coupole. Cette dernière double le volume du bâtiment et vient couvrir la façade néo-classique en modifiant considérablement leur lecture. L’extension modifie ainsi considérablement le contexte historique de l’opéra et se positionne comme un élément de rupture. La façade de l’opéra de Lyon avec et sans son dôme de verre. Page 14 Bien plus encore, l’immeuble de la rue Saint Antoine est marquant. Résultant de la percée de la rue de Turenne, cet immeuble possédait un pan entier de mur pignon, offrant ainsi un écran opaque aux immeubles voisins. La réhabilitation a changé la donne de cet immeuble en y ajoutant une peau métallique sur ce mur pignon, doublant ainsi l’orientation des appartements et en faisant un immeuble d’angle. Cependant, à la différence des immeubles d’angle haussmanniens, cet édifice n’est pas traité sous forme de tour ou d’angle brisé comme on peut les voir traditionnellement, et c’est bien là la nouveauté de cette proposition. La façade du 1, rue de Turenne avant et après rénovation b. Les nouveaux matériaux Les nouveaux matériaux sont certainement une marque indubitable des nouvelles constructions par rapport à leur contexte historique. En effet, la bonne maîtrise de certains matériaux tels que le verre, l’acier, le béton armé, permet aujourd’hui à donner au bâtiment une légèreté, des formes plus esthétisantes, plus organiques. Bien plus encore, le nouveau concept de « développement durable » favorise l’utilisation de matériaux peu polluants. Ainsi, nous pouvons considérer que ces nouveaux matériaux se détachent de l’histoire, d’une part car ils ont été introduits depuis un siècle voire depuis plus brièvement, et d’autre part car ils permettent de nouvelles approches (par exemple écologique). Les deux matériaux qui dominent dans nos exemples sont le verre et l’acier. Ces deux derniers permettent une certaine transparence et légèreté de l’édifice dans son contexte historique. Le verre, spécialement conçu pour laisser une lumière abondante dans le bâtiment, répond également aux exigences d’isolation thermique résistant aux changements climatiques. L’acier quant à lui, permet de supporter de lourdes charges avec peu de matière et offre à l’édifice une légèreté. C’est ce que l’on peut constater dans nos exemples avec la pyramide du Louvre, l’immeuble de Turenne ou encore l’opéra de Lyon. Au verre utilisé sont ajoutés des matériaux et des technologies qui permettent d’ « auto-nettoyer » Page 15 c. La recherche de l’utile L’architecture contemporaine, bien que s’éloignant du fonctionnalisme, cachent quelques aspects fonctionnels. La notion d’utile est très présente dans notre époque moderne, remettant en cause les travaux passés et recherchant l’innovation totale. Là réside une nette opposition entre les deux architectures. La pyramide du Louvre a été construire pour faciliter les importants flux de visiteurs et d’en améliorer l’organisation spatiale. En effet, à l’intérieur de la pyramide un espace souterrain de 46000 mètres carrés a été aménagé par l’architecte Pei pour permettre de diriger le visiteur vers les différentes zones du musée. La pyramide est donc un lieu stratégique par rapport aux entrées du musée mais aussi un point de repère. L’opéra de Lyon s’est agrandi avec sa coupole de verre. Son volume a été doublé, et a permis de donner un caractère international à cette institution. Des nombreuses salles de répétition et de concert avec accès à l’éclairage naturel sont maintenant disponibles sur l’ensemble des 9 niveaux de l’édifice. L’opéra accueille aujourd’hui un large public et de nombreuses manifestations. La peau métallique de l’immeuble de Turenne a permis de repenser le système de distribution des logements avec la présence d’une coursive filante sur toute la longueur de la parcelle. Les logements de l’ancien immeuble possèdent aujourd’hui une ouverture sur la rue de Turenne offrant toujours plus de lumière et de ventilation naturelle. La coursive permettant de repenser la distribution des logements La recherche de l’utile est donc bien présente et en fait une architecture s’éloignant de l’environnement ancien. Page 16 II. La volonté d’intégrer l’architecture contemporaine dans l’ancien a. L’approche historique Les différentes œuvres créées ont d’abord donné lieu à des études approfondies pour intégrer la structure à ce qui existait déjà. Ainsi, nous allons tenter d’analyser le travail de réflexion des architectes pour intégrer ces nouveaux bâtiments à la substance historique. Pour la pyramide du Louvre, plusieurs possibilités s’offraient pour la nouvelle entrée du musée. Une solution aurait été de démolir l’existant pour un nouvel environnement, mais cette idée a été immédiatement rejetée. Une autre solution aurait été de tout mettre en sous-sol afin de ne laisser aucun élément en surface, mais l’orientation du visiteur aurait été difficile avec également de nombreux problèmes techniques (lieu peu lumineux). La solution finale prévoit l’élévation d’une structure permettant plus d’espace et un apport abondant en lumière naturelle. Les formes utilisées sont des formes géométriques simples et ont donc comme avantage de s’intégrer avec n’importe quel espace. De plus, l’idée de construire une pyramide dans la cour Napoléon était une idée ancienne datant de 1809. Un monument national de reconnaissance à l’empereur devait être érigé. L’opéra de Lyon est un exemple un peu à part, car lors de sa rénovation par Nouvel, seuls les façades et le foyer ont été gardé. Le dôme de verre vient coiffer l’édifice et ne dénature pas l’ensemble étant donné que le contour (les façades) restent les mêmes. De plus, des brises soleils réfléchissants viennent coiffer le demicylindre, permettant à la lumière de venir se réfléchir. Ainsi, l’architecte a souhaité que l’hôtel de ville vienne se refléter sur son dôme tout en restant très transparent. Les architectes de l’immeuble de Turenne ont souhaité garder un maximum de matériaux d’origine. Le mur pignon d’origine, encore très présent, en témoigne. La peau métallique vient quant à elle habiller la façade opaque tout en suivant un rythme plutôt haussmannien. Les motifs de la façade sont quant à eux inspirés des platanes bordant les avenues parisiennes. Tous ces éléments contribuent à garder l’esprit historique du lieu. Ainsi, la recherche de la forme, des motifs ou encore des matériaux recouvrant la façade permettent de répondre à des projets existants depuis longtemps. b. La valorisation technique du passé L’architecture contemporaine, soucieuse du passé, adopte d’un coté des techniques innovantes afin d’affronter les nouveaux enjeux, mais tente de reprendre certains éléments utilisés dans l’architecture ancienne. 1. Les matériaux Certains matériaux ne sont pas utilisés de manière aléatoire, ils sont utilisés par les architectes comme moyen d’intégrer la substance historique sans qu’un détachement net entre moderne et ancien soit visible. Comme vu précédemment, ce qui lie essentiellement nos œuvres, est l’utilisation du verre, matériau adopté qu’à partir du XXème siècle mais qui a la particularité d’être transparent. En effet, c’est bien cette transparence qui permet une meilleure intégration de la nouvelle structure puisque ses parois ne constituent pas une barrière nette, mais représentent une séparation entre Page 17 intérieur et extérieur. Nous avons donc cette idée de continuité, cette impression que contemporain et ancien soient mélangés, qu’il y ait toujours de l’histoire dans une structure contemporaine. Au Louvre, le verre permet la diffusion dans le hall de la lumière naturelle mais surtout une transparence qui conjugue passé et moderne, par le fait que depuis l’intérieur, un visiteur peut observer les bâtiments datant la Renaissance. Ainsi, de l’intérieur, nous pouvons avoir l’impression de nous retrouver encore aujourd’hui dans une ville dont l’architecture est ancienne, sans vraiment considérer le nouveau contraste qui est évident par l’utilisation des nouveaux matériaux. Il y a quelque chose de discret dans la transparence du verre qui permet à la nouvelle structure de s’intégrer sans pourtant s’imposer sur l’antique et remettre en cause l’héritage historique. La transparence au musée du Louvre et à l’opéra de Lyon A Lyon, il en est de même. Les salles de répétition donnent directement sur les toits de la ville et l’hotel de ville. L’œil est plus attiré par ces bâtiments que la simple structure de l’ensemble nouvellement construit. L’immeuble de Turenne est un exemple moins étonnant, ne se situant pas à proximité de grands monuments. Cependant, la mise en valeur du mur pignon est importante. La peau métallique formée de panneaux mobiles avec des formes rondes, visent à donner une certaine intimité aux logements sans pour autant isoler ses habitants. La peau métallique forme une protection aux logements mais habille également le pignon, qui restait auparavant une surface plutôt brute. La transparence dans les logements de la rue de Turenne Page 18 2. Les formes La continuité par rapport au passé et la bonne intégration de ces nouvelles structures se trouvent aussi dans la forme adoptée pour celles-ci. En effet, si d’une part ces formes nous renvoient à celles qui existent depuis longtemps, elles s’intègrent aussi par le fait qu’elles sont simples et ne brisent pas l’équilibre historique du site dans lequel elles ont été placées. La pyramide du Louvre a bien la forme exacte d’une pyramide, d’autant plus qu’elle a les mêmes proportions de celle de Gizeh. Ceci doit certainement faire écho aux expositions égyptiennes présentes dans le musée. De plus, la pyramide est une forme simple qui s’intègre bien dans un milieu, surtout par le fait qu’elle n’occupe pas une place considérable dans la cour Napoléon et ne représente donc pas un contraste avec les bâtiments de l’entourage. Elle ne s’impose pas sur l’ancien mais bien au contraire le fait évoluer. L’opéra de Lyon est en forme de demi-cylindre, ou plutôt en demi-hémicycle venant coiffer l’ancien théâtre. La structure du dôme est mise en retrait par rapport à l’alignement des façades, mettant l’architecture contemporaine en second plan. La forme hémicyclique doit certainement faire référence au plan de l’opéra. La façade courbe de l’immeuble de Turenne semble s’accrocher sur le mur pignon comme si celle-ci ne pouvait pas se placer ailleurs. Tout ceci témoigne du passé de cette rue de Turenne qui a été percé par Haussmann pour fluidifier la ville. De plus, la peau métallique semi transparente laisse passer le regard et permet en toute intimité de ses occupants à se sentir dans un environnement d’immeubles haussmanniens. Page 19 Ces exemples de l’architecture contemporaine déterminent bien le rapport entre l’architecture d’aujourd’hui et le contexte historique. Les caractéristiques communes de chacune de ses œuvres comme les matériaux, les formes montrent une opposition certaine entre l’antique et l’architecture moderne dans la mesure où de nouvelles techniques viennent s’ajouter. Pourtant l’opéra de Lyon, l’immeuble de Turenne ou encore la pyramide du Louvre ont tous été construits dans un environnement historique où le souci du passé n’est pas à négliger. Nous trouvons ainsi ce travail par rapport au passé dans le choix des matériaux, par l’utilisation de matériaux antiques comme le verre permettant une transparence, par les formes adaptées. Cette problématique est attribuable à tout type de bâtiment contemporain dans la mesure où il s’agit plus d’intégrer la nouvelle structure dans un milieu historique. Bien plus encore, de nombreuses techniques sont mises en œuvre pour remplir des exigences en terme de développement durable qui est certainement devenu une question prioritaire. Page 20 CONCLUSION Ces trois années d’architecture ont été très instructives car venant d’un milieu où la science primait, les questions de sensibilité artistiques et d’espaces ont pu être abordées. Ce double cursus est ainsi une chance pour moi et me permet de voir deux aspects du bâtiment et d’en comprendre différents enjeux. Je souhaite poursuivre mon cursus en master d’architecture, même si je n’ai pour l’instant pas d’idée précise concernant ma spécialisation en master.