BAC 2015 SES
Dans quelle mesure l’action des pouvoirs publics est-elle efficace pour lutter
contre les inégalités ?
L’action des pouvoirs publics regroupe celles de l’Etat, des collectivités locales et des
administrations de sécurité sociale (on pourrait y ajouter celle des institutions
européennes…). Les inégalités sont de différents ordres : de droits, des chances, de
situations. Elles sont aussi pluridimensionnelles : économiques, sociales, culturelles…
Comment l’action des pouvoirs publics, et notamment celle de l’Etat-Providence, à
travers la redistribution, les services collectifs et la législation parvient-elle à réduire les
différents types d’inégalités ? Est-elle toujours efficace ?
I_ La redistribution, verticale et horizontale, est un outil essentiel de lutte contre
les inégalités de droits (chaque citoyen est soumis aux prélèvements obligatoires
et peut bénéficier de prestations) et de situations
A_ La redistribution verticale permet de réduire les inégalités de situations
Elle est un élément de lutte contre la pauvreté et de réduction des inégalités
économiques, son principe étant de prélever davantage aux plus riches pour
redonner davantage aux plus pauvres. L’impôt sur le revenu (proportionnel et
progressif) et les minima sociaux sont des symboles de cette redistribution.
Le document 1 permet de montrer l’efficacité de cette redistribution : les 10% des
français au niveau de vie le plus faible ont des revenus qui ont augmenté en moyenne de
141% après redistribution en 2012 selon l’Insee, alors que les 10% des français au
niveau de vie le plus élevé ont des revenus qui ont baissé en moyenne de 21.5% après
redistribution.
Cependant son efficacité est remise en cause par l’augmentation du taux de
pauvreté entre 2008 et 2011 (document 3) : En 2008, selon l’Insee, 13% de la
population française était considérée comme pauvre (vivait avec moins de 60%
du revenu médian) alors que cela concernait en 2011 14.3% de la population, soit
une augmentation de 1.3 points du taux de pauvreté entre les 2 dates.
B_ La redistribution horizontale permet de réduire les inégalités de droits
et de situations
La redistribution horizontale permet d’assurer les individus contre la réalisation
des risques sociaux (maladie, vieillesse, chômage, accident du travail,
grossesse,…). Elle est essentiellement financée par les cotisations sociales.
Le document 1 montre que les 10% des français au niveau de vie le plus faible, tout
comme les plus riches (même si cela se fait dans une moindre mesure), contribuent au
financement de la protection sociale : ils contribuent à hauteur de 209 euros par an par
unité de consommation en moyenne en 2012.
Même si certaines prestations dépendent de nos cotisations antérieures et de nos
revenus antérieurs (allocations chômage, retraite…), ce système de redistribution
permet de réduire les inégalités économiques entre les actifs occupés et les actifs
inoccupés, entre les biens portants et les malades, entre les différentes classes d’âges
(actifs et retraités).
L’efficacité de ce système peut être remise en cause par les inégalités
intergénérationnelles en termes de retraite ou les inégalités d’espérance de vie
en fonction des CSP mis en évidence dans le document 4 (Alors que les hommes
cadres, à 35 ans, pouvaient espérer vivre en moyenne encore 47 ans en 2003, les
hommes ouvriers pouvaient espérer vivre encore 41 ans en moyenne).
II_ Les services collectifs et la législation sont 2 autres outils des pouvoirs publics
pour réduire les inégalités
A_ Les services collectifs réduisent inégalités de droits et des chances
Les services collectifs sont des services d’intérêt général organisés par l’Etat et
financés en grande partie par l’impôt. On peut prendre l’exemple des
infrastructures ou de l’éducation.
Chaque citoyen bénéficie de ces services collectifs qui contribuent à la réduction de
l’inégalité des chances (exemple de l’école qu’il est possible de développer).
Cependant, encore une fois, les limites à la réduction des inégalités des chances
sont bien elles : les inégalités de capital culturel acquis au sein de la famille ne
sont pas effacées par l’école et les réussites scolaires et professionnelles
dépendent encore en partie du milieu social d’origine…
B_ L’Etat, par la législation, peut contribuer à réduire les inégalités
Exemple de la loi sur la parité (document 2) ou de la loi favorisant l’insertion des
handicapés dans le milieu professionnel grâce à l’obligation de respect d’un quota
de 6% de l’effectif salarié pour les entreprises et établissements publics d’au
moins 20 salariés. La discrimination positive permet ici, en favorisant les plus
défavorisés, de réduire les inégalités des chances.
La loi sur la parité en politique a permis d’augmenter la représentation des
femmes à certaines fonctions (conseillers régionaux, députés européens,…) mais
l’égalité hommes/femmes est loin d’être atteinte à l’Assemblée Nationale, au
Sénat ou encore dans les plus hautes fonctions des administrations et des
entreprises (persistance du « plafond de verre »).
EPREUVE COMPOSEE
Partie 1 : Mobilisation des connaissances
1/ La solidarité organique a-t-elle fait disparaître toute forme de solidarité
mécanique ?
Ces deux concepts sont issus de l’analyse d’E. Durkheim (sociologue français, 1858-
1917). La solidarité organique prédomine dans les sociétés industrielles, elle est fondée
sur la complémentarité des individus dans des sociétés le travail est divisé, alors que
la solidarité mécanique est plus présente dans les sociétés traditionnelles (les individus
forment société d’abord du fait de leurs ressemblances et de l’unité de leurs normes et
valeurs). Pourtant, même dans nos sociétés contemporaines, la solidarité mécanique n’a
pas disparu, elle se retrouve dans les communautés religieuses, dans les groupes
familiaux, les sous-cultures (gothiques, etc.)…
2/ Présentez les principaux déterminants des délocalisations de la production des
entreprises.
Une délocalisation, au sens strict, est la fermeture d’une unité de production sur le
territoire national pour en ouvrir une à l’étranger et importer ses produits sur le
territoire national.
Les entreprises délocalisent car elles y trouvent un avantage. On peut développer ici les
stratégies de rationalisation de la production qui visent soit une compétitivité-prix (par
la recherche de faible coût du travail, par des conditions fiscales avantageuses, par une
productivité élevée…) ou hors-prix (par la recherche d’une main d’œuvre qualifiée et
innovante...).
Partie 2 : Etude d’un document
Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence les caractéristiques
du chômage.
Il s’agit d’un tableau de l’Insee paru en 2014 présentant les taux de chômage (en%), taux
de chômage de longue durée (en %) et part des chômeurs de longue durée dans le total
des chômeurs (en %) en France en 2013 selon le sexe, l’âge et le diplôme des individus.
Sur ce document, les hommes sont étonnamment (légèrement) davantage touchés par le
chômage que les femmes et par le chômage de longue durée : en 2013, en France, 10%
des hommes actifs sont au chômage contre 9.7% des femmes actives, soit un écart des
taux de chômage de 0.7 point.
Les jeunes (15-24 ans) sont beaucoup plus touchés par le chômage (23.9% des jeunes
actifs) que les 55-59 ans ou même les 60 ans et plus dont le taux de chômage avoisine les
5%. Par contre les plus jeunes sont beaucoup moins concernés par le chômage de longue
durée : 6.4% des actifs de 15-24 ans sont des chômeurs de longue durée, 27.3% des
chômeurs de 15-24 ans sont des chômeurs de longue durée. A l’inverse, plus de la moitié
des chômeurs de 55 ans et plus sont des chômeurs de longue durée. Les jeunes sont
certes davantage touchés par le chômage mais il y reste moins longtemps.
Enfin le risque de chômage a tendance à diminuer avec le diplôme ainsi que le risque de
chômage de longue durée. Un bémol cependant : un bac+2 semble plus protecteur qu’un
diplôme supérieur à bac+2.
Partie 3 : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que le
processus de croissance a un caractère endogène.
La croissance économique, qui est l’augmentation du PIB sur une période donnée, a
tendance à s’auto-entretenir. Elle possède autrement dit un caractère endogène : la
croissance économique, par le biais d’un certain nombre de mécanismes, est elle-même
source de croissance.
I_ La croissance économique s’auto-entretient par le bais d’investissements
spécifiques
A_ L’investissement en capital humain
L’investissement en capital humain correspond à l’amélioration de la qualité de la main
d’œuvre par le biais des politiques de santé et d’éducation /formation (politiques d’Etat
ou d’entreprises). Des salariés plus qualifiés et en meilleure santé sont des salariés plus
efficaces, plus disponibles pour le travail, plus aptes à prendre rapidement des décisions,
à s’adapter aux nouvelles technologies (cf. document 1).
Un pays qui a les capacités économiques d’investir dans une politique d’éducation
généreuse, s’enrichira encore davantage.
B_ L’investissement en R&D
L’innovation est au cœur de la croissance, qu’ils s’agissent d’innovations de produits
(ouverture de nouveaux marchés) ou de procédés (gains de productivité).
« Les activités de recherche-développement (R&D), en accumulant un stock immatériel
d’idées et de connaissances, permettent d’augmenter l’efficacité avec laquelle il est
possible de produire des richesses à partir de capital et de travail » (document 1)
Un pays, comme la Chine, consacre une plus en plus grande part de son PIB aux
dépenses de R&D et en espère une croissance économique accrue (cf. document 2). Les
pays développés sont déjà convaincus des bénéfices de l’innovation et sont ceux qui
consacrent une plus grande part de leur PIB aux dépenses de R&D : en 2012, les
dépenses de R&D de la Finlande représentaient l’équivalent de 3.55% de son PIB annuel.
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