mentionner l’indication médicale de la prescription,
d’y joindre une évaluation avec formulation
d’objectifs rédigée par le kinésithérapeute.
L’évaluation de l’état nutritionnel, qui est un
facteur pronostique de perte d’autonomie, peut se
faire par l’utilisation de grilles de type min nutritional
assesment (MNA), ou par au moins la mesure
régulière du poids et le calcul de l’indice de masse
corporelle, et l’interrogatoire sur les habitudes
alimentaires et les aides éventuelles pour le
ravitaillement et la cuisine.
La recherche des troubles psychocomporte-
mentaux dès les premiers signes comprend
l’évaluation des fonctions supérieures (MMS) et la
recherche d’états anxiodépressifs. Le généraliste est
en place privilégiée pour repérer d’éventuels
dérapages. Il peut, en demandant une sauvegarde
de justice, arrêter tous les actes financiers. La
sauvegarde de justice permet une protection
juridique des intérêts d’une personne « quand les
facultés mentales sont altérées par une maladie, une
infirmité ou un affaiblissement dû à l’âge ». C’est une
mesure provisoire ouverte sur déclaration médicale
adressée au procureur de la République. Le médecin
traitant peut faire cette déclaration accompagnée
d’un avis conforme d’un médecin spécialiste.
La recherche d’une incontinence urinaire est
systématique.
La gestion des ordonnances a pour objectif la
prévention des erreurs de prise, des interactions
inopportunes et des surdosages.
État d’autonomie et de dépendance
de la personne âgée
Quelques définitions sont inévitables. En effet,
s’agissant de problèmes à la limite du médical et du
social, il est indispensable d’utiliser le même langage
afin de pouvoir communiquer au mieux et
coordonner les soins autour de la personne âgée. En
outre, il est indispensable de distinguer autonomie et
dépendance afin de répondre au mieux aux besoins
des personnes âgées dans leur individualité
[5]
.
La dépendance de la population âgée est évaluée
par des études épidémiologiques, afin de déterminer
les besoins en santé publique. Ces données
nécessitent un recueil standardisé et l’utilisation
d’échelles validées en termes de pertinence,
performance (fidélité, reproductibilité, sensibilité,
spécificité) et applicabilité. Il existe de nombreuses
échelles de mesures, dont les objectifs sont à chaque
fois différents. Les échelles de performance globale
ont un intérêt épidémiologique d’évaluation du
retentissement du handicap sur les activités de la vie
quotidienne (AVQ de Katz) (tableau II) ou les activités
instrumentales de la vie quotidienne (IADL de
Lawton) (tableau III). Les échelles de réadaptation
sont utilisées pour mesurer les progrès d’un
programme de réadaptation. Les échelles de
dépendance gériatrique (Géronte, échelle de la
société française de gérontologie ; grille Colvez)
(tableau IV) permettent d’évaluer la dépendance et
les besoins de soins dans les services de soins aux
personnes âgées.
La grille autonomie gérontologique groupes
iso-ressources (AGGIR) (tableau V) a une place
particulière. En effet, la grille AGGIR est inscrite dans
la loi française (JO n° 97-60 du 24 janvier 1997) et
reprise dans celle du 20 juillet 2001 comme outil
d’évaluation de la dépendance en vue de
déterminer si une personne peut bénéficier, et à quel
niveau, de la prestation spécifique dépendance
(PSD). Les personnes dont le GIR est coté 1, 2, 3 ou 4
peuvent prétendre à l’APA. Les généralistes sont
souvent sollicités pour remplir les documents
nécessaires à l’attribution de l’APA. La grille AGGIR
est remplie, selon les départements, soit par le
médecin traitant (contrôlé par une équipe
médicosociale), soit par une équipe médicosociale
du département qui se rend au domicile du patient
âgé.
Les grilles ont des limites. Elles sont largement
convergentes pour appréhender les dépendances
les plus lourdes mais pas pour repérer les personnes
incohérentes ou désorientées. Soixante mille
personnes sont classées en équivalent GIR 2 ou 3,
mais ne sont ni confinées au lit ou au fauteuil, ni
aidées pour la toilette ou l’habillage. Un peu plus de
60 % d’entre elles sont partiellement ou totalement
incohérentes et les trois quarts sont partiellement ou
totalement désorientées. Il en résulte un
confinement à l’intérieur du domicile du fait de
difficultés psychologiques ou émotionnelles. Les
autres présentent des incapacités physiques mais
pas la combinaison besoin d’aide pour la toilette ou
l’habillage... La grille AGGIR prend en compte la
dépendance psychique, mais seulement dans ses
formes les plus sévères. Les désorientations ou
incohérences partielles peuvent ne conduire qu’à un
classement dans les GIR4à6quinedonnaient pas
forcément accès à la PSD. C’est pourquoi depuis
janvier 2002 et grâce à l’APA ont été inclus les GIR 4.
État psychosocial
La lutte contre la solitude et l’isolement affectif est
importante. L’entretien de la mémoire et des facultés
intellectuelles peut être favorisé par la fréquentation
de clubs et d’associations.
Tableau I. – « Performance-oriented mobility assesment » de Tinetti.
Évaluation de l’équilibre
Pour chacun des 13 tests, l’équilibre est noté normal (= 1), partiellement compensé (= 2), franchement anor-
mal (= 3)
1. Équilibre assis droit sur une chaise
2. Le patient se lève (si possible sans l’aide des bras)
3. Équilibre debout, juste après s’être levé
4. Équilibre debout, les yeux ouverts, les pieds joints
5. Équilibre debout, les yeux fermés, les pieds joints
6. Le patient effectue un tour complet sur lui-même
7. Capacité à résister à trois poussées successives en arrière, les coudes joints sur le sternum
8. Équilibre après avoir tourné la tête à droite
9. Debout en équilibre sur une seule jambe pendant plus de 5 secondes
10. Équilibre en hyperextension de la tête en arrière
11. Le patient essaie d’attraper un objet qui serait au plafond
12. Le patient ramasse un objet posé à terre devant lui
13. Évaluation de l’équilibre lorsque le patient se rassied
Évaluation de la marche
Évaluation complète des différentes composantes de la marche
Pour chacun des neuf paramètres étudiés, la marche est notée normale (= 1) ou anormale (= 2)
1. Début, initiation de la marche
2. Évaluation de la hauteur du pas (à droite et à gauche)
3. Évaluation de la longueur du pas (à droite et à gauche)
4. Évaluation de la symétrie du pas (à droite et à gauche)
5. Évaluation de la régularité de la marche
6. Capacité à marcher en ligne droite
7. Exécution d’un virage tout en marchant
8. Évaluation de la stabilité du tronc
9. Évaluation de l’espacement des pieds lors de la marche
Aucun matériel particulier n’est nécessaire pour cette épreuve
Un score inférieur à 26 indique un problème. Un score inférieur à 19 est corrélé avec une multiplication par cinq du risque de chute.
La notion de handicap a fait l’objet
d’une classification établie par Wood.
Cette classification internationale des
handicaps permet de décrire les
conséquences des maladies
chroniques. Elle situe l’incapacité à
travers trois concepts distincts.
✔La déficience est l’altération d’une
structure ou d’une fonction
anatomique, physiologique ou
psychologique.
✔L’incapacité est la réduction
partielle ou totale de la capacité à
accomplir une activité d’une façon et
dans les limites considérées comme
normales. Elle est la conséquence de
la déficience.
✔Le désavantage est la résultante
d’une déficience ou d’une incapacité
qui limite ou interdit
l’accomplissement d’un rôle normal.
L’autonomie peut être définie comme
la capacité à se gouverner soi-même, à
faire des choix dans la vie
(Dictionnaire Robert).
La dépendance est définie comme le
transfert vers un tiers d’actes
nécessaires pour assurer les tâches
élémentaires de la vie courante. Elle
ne tient compte que de la dépendance
physique ou instrumentale, à
l’exclusion de la dépendance affective
ou économique.
3-1078 - Maintien à domicile des personnes âgées
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