Rapport École de l’Air – Session 2013 Oral d'anglais Rappelons tout d'abord qu'en application de l'arrêté du 9 janvier 2006 modifiant l'arrêté du 24 octobre 2005, tous les candidats admissibles au concours de l'Ecole de l'Air sont tenus de passer une épreuve de langue anglaise, quel que soit leur choix lors de l'inscription aux écrits des Concours Communs Polytechniques. Malgré cette modification annoncée dès 2006, quelques candidats semblaient n'avoir pas pris connaissance de la notice du concours pourtant disponible sur le site du Ministère de la Défense. En revanche, les plus motivés avaient préparé cette épreuve en suivant les cours d'anglais LV2 (option) des classes préparatoires scientifiques et se sont tirés honorablement de cet oral. Données statistiques : répartition des notes 30 25 Nbcandidats 20 15 10 5 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Notes Moyenne générale : 11,47 L'épreuve d'anglais se déroule en deux parties : on demande aux candidats de présenter une synthèse d'un article extrait de la presse anglo-saxonne suivie d'un commentaire (l’ensemble de cette prestation devant obligatoirement tenir dans les limites de 12 à 15 minutes), puis la restitution directe d'un document audio authentique de deux à trois minutes après deux écoutes en continu. Rappelons à ce titre que les candidats ne doivent rien écrire ou surligner sur les sujets qui leur sont confiés lors de la phase de préparation. Nous tenons d'abord à signaler que les candidats entendus cette année ont paru avoir prêté plus d'attention aux conseils de méthode figurant dans les précédents rapports. Qu'ils en soient ainsi remerciés, tout comme leurs préparateurs durant l'année. Pour autant, trop peu de candidats encore maîtrisent l'art de la synthèse : tantôt expédiée, tantôt interminable, la synthèse est trop rarement l'occasion pour le candidat de prouver qu'il a su dégager les informations essentielles d'une actualité et l'argumentation spécifique de l'article qui la présente. La synthèse doit être par définition « synthétisante », c’est-à-dire dégager les enjeux majeurs de l’article. A ce titre, la synthèse ne sera pas forcément un traitement linéaire du texte, une idée maîtresse pouvant être contenue dans plusieurs paragraphes non successifs. Par ailleurs, l'articulation logique du document doit être restituée avec soin, par l'emploi pertinent de mots de liaison, de pauses, de questions et de variations dans l'intonation. Aussi, peu de candidats ont su prendre en compte le ton, l’objectif ou la subjectivité de l’auteur, informations qui très souvent renseignent sur le sens, la portée ou éventuellement la partialité ou les non-dits de l’article. En revanche, les candidats eux-mêmes sont tenus de rester neutres dans cette partie de l'exercice. Nous encourageons d’ailleurs les candidats à préparer – et à annoncer en fin d’introduction – un véritable plan de synthèse qui dégagera les lignes de forces de l’article et permettra d’éviter l’écueil de la synthèse linéaire qui n’est bien souvent que paraphrase, voire lecture. Certains candidats ont compris que le commentaire consiste à définir à la suite de l'étude du texte une problématique pertinente et à approfondir un des aspects de celui-ci ; pourtant, au vu de certaines prestations, il convient de rappeler que le commentaire ne peut se limiter à du plaquage de cours, ni à des considérations anecdotiques ou personnelles peu porteuses, encore moins à une litanie de généralités de type « café du commerce ». Il est fortement conseillé de présenter le commentaire sous la forme d’un axe de discussion problématisé duquel découlera une argumentation basée sur des faits techniques, scientifiques, culturels et civilisationnels. Il est attendu des candidats qu'ils annoncent clairement leur problématique et le plan de leur développement argumenté. Trop souvent les candidats se contentent d’un catalogue d’exemples ou d’opinions en guise de démonstration ou proposent en commentaire une simple reformulation des idées développées par l'auteur du texte. Enfin, il convient d'utiliser le pronom "I" pour avancer ses arguments, plutôt que le pronom "we" qui dénote une implication du jury (une approche non pertinente pour ne pas dire risquée). Cependant, la méthode n'est pas une condition suffisante à la réussite. Quelques repères sur la civilisation et l'actualité récente des pays anglo-saxons sont également nécessaires : le jury ne pouvait que s'étonner d'entendre tel candidat affirmer que l'Irlande réclame son indépendance, tel autre évoquer le "Président républicain Barack Obama" ou tel autre avouer ignorer qui réside au 10 Downing Street ou qui est Mitt Romney. Ces candidats avaient-ils feuilleté ne serait-ce qu'un seul journal ou magazine anglais ou américain pendant leurs deux, voire trois, années de préparation? On peut en douter… Rappelons l'utilité d'une fréquentation régulière dans l'année de la presse périodique en langue anglaise. Les candidats doivent considérer l'entretien avec le jury comme une opportunité de rectifier une erreur, de clarifier une idée. En effet, c'est un moment où il est possible de récupérer quelques points car le jury ne cherche pas à piéger le candidat. La restitution, suivie d'un bref commentaire pour les meilleurs candidats, a souvent dénoté le niveau satisfaisant de compréhension orale des préparationnaires. Il convient toutefois de rappeler qu’une attention particulière est demandée sur la compréhension et la restitution des chiffres, nombres et autres dates contenus dans les documents audio, exigence qui paraît éminemment nécessaire lorsque l’on considère les carrières qui découlent de l’obtention du concours. La correction de la langue également, malgré une certaine richesse, est trop souvent négligée : parmi les fautes les plus entendues, rappelons que "children" est le pluriel de "child", que "want" ne peut être suivi de "that", que "each" tout comme "every" fonctionne avec le singulier, que "agree" est un verbe et non un adjectif, que l'adverbe "also" ne se place pas après le verbe ("he means also that…"). Rappelons aussi que la troisième personne du pluriel du présent simple ne s’accompagne pas de la terminaison –s du verbe (contrairement à la troisième personne du singulier!), que les pronoms "who" et "which" ne sont pas interchangeables, que le mot Internet s’accompagne de l’article "the". Attention également à ne pas oublier le -s marqueur du pluriel pour les substantifs. Il apparait aussi clairement que les prépositions et leurs emplois sont souvent mal maîtrisés et doivent faire l’objet d’une attention plus particulière. Beaucoup trop de candidats ne maîtrisent pas la règle pourtant simple qui requiert l'article défini devant les noms de pays au pluriel mais pas quand le pays est un nom singulier. Il apparaît aussi bien fréquemment que les candidats ne maîtrisent pas ou mal le système des temps du passé ou encore qu’ils n’hésitent pas à utiliser un verbe au présent pour faire référence au passé alors même qu’ils utilisent des adverbes tels que "before" ou "after". De telles bévues dénotent un relâchement inacceptable par rapport à l’exigence du concours. Parmi les fautes de lexique, certains candidats confondent les verbes "raise" et "rise", "touch" et "hit", "affect" et "concern" ; les adjectifs "economic" et "economical" ; les adverbes "actually" et "currently" ; et ne maîtrisent pas l’emploi du terme "critic" et de ses dérivés : "critical", "criticize", "criticism" et "critique". D'autres réinventent la langue anglaise – souvent au travers de gallicismes – en s'obstinant à employer "phenomen", "changement " ou "bio" (à la place de l'adjectif "organic") ou encore "the common transport", "interessant"… ; peu connaissent le sens réel du verbe "provoke". Le jury attend également des candidats qu'ils maîtrisent les bases de la phonologie anglaise, notamment la réalisation du phonème [au] dans "power" et "allow", de la terminaison –ism, des diphtongues et voyelles en général ou encore celle de pays acteurs du monde actuel (tels que la Chine ou l’Irak par exemple) dont la mauvaise prononciation répétée au cours des prestations produisent un effet fâcheux, tout comme les interjections du type "enfin" ou "euh", certes compréhensibles en situation de stress, mais qui, à haute dose, finissent invariablement par polluer le discours. Le "u" du mot "guardian" ne se prononce pas; "hobbit" n'équivaut pas à "hobby"; des mots de base tels que "clothes", "gate", "put" ou "heart" devraient être prononcés sans faute. Enfin, faut-il le rappeler, l’anglais demeure une langue accentuelle. Débiter ou, pire encore, lire son propos d’une langue monocorde qui écrase tout accent de mot ou de phrase le rend incompréhensible, si juste soit-il à l’écrit. Plus généralement, cette épreuve est une épreuve orale, ce qui suppose du candidat une certaine présence (vocale, gestuelle, intonative), sans laquelle sa prestation, quelles qu’en soient les qualités par ailleurs, reste peu convaincante. En outre, que ce soit du point de vue de la langue ou de l'expression, la capacité des candidats à s'auto-corriger est particulièrement appréciée. Finissons sur une note positive en félicitant ceux qui, après un travail régulier et approfondi pour acquérir les réflexes et la culture nécessaires à la réussite de cette épreuve très complète, il est vrai, ont impressionné le jury par la pertinence de leur argumentation, l'originalité de leur réflexion et leur maîtrise de la langue anglaise. A. Long, P. Hamm, M. Degoute.