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À Mersenne, fin novembre 1633, AT I p. 270-271 : « Je m’étais proposé de vous envoyer mon Monde
pour ces étrennes (…). Mais je vous dirai que, m’étant fait enquérir ces jours à Leyde et Amsterdam,
si le Système du monde de Galilée n’y était point (…), on m’a mandé que tous les exemplaires en
avaient été brûlés à Rome au même temps, et lui condamné à quelque amende : ce qui m’a si fort
étonné, que je me suis quasi résolu à brûler tous mes papiers, ou du moins de ne les laisser faire voir à
personne. Car je me suis pu imaginer que lui, qui est Italien et même bien voulu du Pape, ainsi que
j’entends, ait pu être criminalisé pour autre chose, sinon qu’il aura sans doute voulu établir le
mouvement de la Terre (…). Et (…) s’il est faux [que la terre se meut], tous les fondements de ma
philosophie le sont aussi, car il se démontre avec eux évidemment. Et il est tellement lié avec toutes
les parties de mon traité, que je ne l’en saurai détacher, sans rendre le reste tout défectueux ».
1634-1637, Le Discours de la méthode et les Essais
À Mersenne, mars 1636, AT I p. 339 : « Afin que vous sachiez ce que j’ai envie de faire imprimer, il y
aura quatre traités, tous français, et le titre général sera : Le Projet d’une Science universelle, qui
puisse élever notre nature à son plus haut degré de perfection. Plus, la Dioptrique, les Météores, et la
Géométrie, où les plus curieuses matières que l’auteur ait pu choisir, pour rendre preuve de la
Science universelle qu’il propose, sont expliquées en telle sorte que ceux mêmes qui n’ont point étudié
les peuvent entendre ».
1639-1641, Meditationes de prima philosophia
À Mersenne, 13 novembre 1639, AT II p. 622 : « J’ai maintenant entre les mains un Discours [les
Meditationes], où je tâche d’éclaircir ce que j’ai écrit ci-devant sur ce sujet [la métaphysique] (…).
Mon dessein est de n’en faire imprimer que vingt ou trente exemplaires, pour les envoyer aux vingt ou
trente plus savants théologiens dont je pourrai avoir connaissance, afin d’en avoir leur jugement, et
apprendre d’eux ce qui sera bon d’y changer, corriger ou ajouter, avant que de le rendre public ».
À Mersenne, 24 décembre 1640, AT II p. 266-267 : « Et il est à remarquer, en tout ce que j’écris, que
je ne suis pas l’ordre des matières, mais seulement celui des raisons : c’est-à-dire que je n’entreprends
point de dire en un même lieu tout ce qui appartient à une matière (…) ; mais en raisonnant par ordre a
facilioribus ad difficiliora, j’en déduis ce que je puis, tantôt pour une matière, tantôt pour une autre ;
ce qui est, à mon avis, le vrai chemin pour bien trouver et expliquer la vérité. (…) Ainsi, je ne juge pas
qu’il soit aucunement à propos, ni même possible, d’insérer dans mes Méditations la réponse aux
objections qu’on y peut faire ; car cela en interromprait toute la suite, et même ôterait la force de mes
raisons (…). J’ai mis celle de Caterus à la fin, pour montrer le lieu où pourront être aussi les autres ».