Sophie Roux L1, premier semestre Histoire de la philosophie

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Sophie Roux
L1, premier semestre
Histoire de la philosophie moderne
Introduction à la lecture de Descartes
PASSAGES COMMENTÉS EN COURS
L’orthographe des passages qui suivent est le plus souvent modernisée. Ce n’est pas orthodoxe, mais
je crois que cela n’affecte pas leur signification, et l’expérience m’a montré que, si l’on ne procède pas
à cette modernisation, on court le risque de ne pas se faire comprendre. Pour les abréviations utilisées,
voir la présentation du cours.
0. Introduction
0.2 Bio-bibliographie cartésienne
DM 1, AT VI p. 7-8 : « Je me plaisais surtout aux mathématiques, à cause de la certitude et de
l’évidence de leurs raisons ; mais je ne remarquais point encore leur vrai usage, et, pensant qu’elles ne
servaient qu’aux arts mécaniques, je m’étonnais de ce que, leurs fondements étant si fermes et si
solides, on n’avait rien bâti dessus de plus relevé (…) ». Et puis, à propos de la philosophie :
« Considérant combien il peut y avoir de diverses opinions, touchant une même matière, qui soient
soutenues par des gens doctes, sans qu’il y en puisse avoir jamais plus d’une seule qui soit vraie, je
réputais presque pour faux tout ce qui n’était que vraisemblable ».
Reg 1, AT X p. 360 (ici trad. FA I p. 78) : « Toutes les sciences ne sont rien dautre que lhumaine
sagesse, qui demeure toujours une et identique à elle-même, quelques différents que soient les objets
auxquels elle s’applique et qui ne reçoit pas d’eux plus de diversité que n’en reçoit la lumière du soleil
de la variété des choses qu’elle éclaire ».
1630-1633, Le Monde
À Mersenne, 25 novembre 1630, AT I p. 179 : « J’y veux insérer un Discours où je tâcherai
d’expliquer la nature des couleurs et de la lumière, lequel m’a arrêté depuis six mois, et n’est pas
encore à moitié fait ; mais aussi sera-t-il plus long que je ne pensais, et contiendra quasi une physique
tout entière ».
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À Mersenne, fin novembre 1633, AT I p. 270-271 : « Je m’étais proposé de vous envoyer mon Monde
pour ces étrennes (…). Mais je vous dirai que, m’étant fait enquérir ces jours à Leyde et Amsterdam,
si le Système du monde de Galilée n’y était point (…), on m’a mandé que tous les exemplaires en
avaient été brûlés à Rome au même temps, et lui condamné à quelque amende : ce qui m’a si fort
étonné, que je me suis quasi résolu à brûler tous mes papiers, ou du moins de ne les laisser faire voir à
personne. Car je me suis pu imaginer que lui, qui est Italien et même bien voulu du Pape, ainsi que
j’entends, ait pu être criminalisé pour autre chose, sinon qu’il aura sans doute voulu établir le
mouvement de la Terre (…). Et (…) s’il est faux [que la terre se meut], tous les fondements de ma
philosophie le sont aussi, car il se démontre avec eux évidemment. Et il est tellement lié avec toutes
les parties de mon traité, que je ne l’en saurai détacher, sans rendre le reste tout défectueux ».
1634-1637, Le Discours de la méthode et les Essais
À Mersenne, mars 1636, AT I p. 339 : « Afin que vous sachiez ce que j’ai envie de faire imprimer, il y
aura quatre traités, tous français, et le titre général sera : Le Projet d’une Science universelle, qui
puisse élever notre nature à son plus haut degré de perfection. Plus, la Dioptrique, les Météores, et la
Géométrie, les plus curieuses matières que l’auteur ait pu choisir, pour rendre preuve de la
Science universelle qu’il propose, sont expliquées en telle sorte que ceux mêmes qui n’ont point étudié
les peuvent entendre ».
1639-1641, Meditationes de prima philosophia
À Mersenne, 13 novembre 1639, AT II p. 622 : « J’ai maintenant entre les mains un Discours [les
Meditationes], je tâche d’éclaircir ce que j’ai écrit ci-devant sur ce sujet [la métaphysique] (…).
Mon dessein est de n’en faire imprimer que vingt ou trente exemplaires, pour les envoyer aux vingt ou
trente plus savants théologiens dont je pourrai avoir connaissance, afin d’en avoir leur jugement, et
apprendre d’eux ce qui sera bon d’y changer, corriger ou ajouter, avant que de le rendre public ».
À Mersenne, 24 décembre 1640, AT II p. 266-267 : « Et il est à remarquer, en tout ce que jécris, que
je ne suis pas l’ordre des matières, mais seulement celui des raisons : c’est-dire que je n’entreprends
point de dire en un même lieu tout ce qui appartient à une matière (…) ; mais en raisonnant par ordre a
facilioribus ad difficiliora, j’en déduis ce que je puis, tantôt pour une matière, tantôt pour une autre ;
ce qui est, à mon avis, le vrai chemin pour bien trouver et expliquer la vérité. (…) Ainsi, je ne juge pas
qu’il soit aucunement à propos, ni même possible, d’insérer dans mes Méditations la réponse aux
objections qu’on y peut faire ; car cela en interromprait toute la suite, et même ôterait la force de mes
raisons (…). J’ai mis celle de Caterus à la fin, pour montrer le lieu où pourront être aussi les autres ».
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1640-1644, Principia philosophiae
À Mersenne, 11 novembre 1640, AT II p. 233 : « Mon dessein est d’écrire par ordre tout un cours de
ma philosophie en forme de thèses, où, sans aucune superfluité de discours, je mettrai seulement toutes
mes conclusions, avec les vraies raisons d’où je les tire (…) ; et au même livre, de faire imprimer un
cours de la philosophie ordinaire, tel que peut-être celui du frère Eustache, avec mes notes à la fin de
chaque question (…), et peut-être à la fin je ferai une comparaison de ces deux philosophies. Mais je
vous supplie de ne rien dire à personne de ce dessein ».
1645-1649, Les Passions de l’âme
À Mersenne, 3 novembre 1645, AT V p. 352 : « J’ai pences jours au nombre et à l’ordre de toutes
ces passions, afin de pouvoir plus particulièrement examiner leur nature ; mais je n’ai pas encore assez
digéré mes opinions ».
0.3. Le projet cartésien
Reg 1, AT X p. 359-360 (ici trad. FA I p. 77-78) : « L’objet des études doit être de diriger l’esprit
jusqu’à le rendre capable d’énoncer des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui ».
Reg 1, AT X p. 360 (ici trad. FA I p. 78) : « Toutes les sciences ne sont rien d’autre que l’humaine
sagesse, qui demeure toujours une et identique à elle-même, quelques différents que soient les objets
auxquels elle s’applique et qui ne reçoit pas d’eux plus de diversité que n’en reçoit la lumière du soleil
de la variété des choses qu’elle éclaire ».
Reg 1, AT X p. 360 (ici trad. FA I p. 78) : « Aussi me semble-t-il vraiment étrange que tant de gens
étudient avec un si grand soin les mœurs humaines, les propriétés des plantes, les mouvements des
astres, les transmutations des métaux, et autres objets de ce genre, tandis que personne ne songe au
bon sens, c’est-à-dire à cette sagesse universelle ».
Reg. 2, AT X p. 362 (ici trad. FA I p. 80) : « Toute science est une connaissance certaine et évidente ;
et celui qui doute de beaucoup de choses n’est pas plus savant que celui qui n’y a jamais pensé ; et il
ne laisse pas de paraître même plus ignorant que lui, s’il s’est fait sur certaines d’entre elles une fausse
opinion (…). Ainsi, par la présente proposition, nous avons rejeté toutes les connaissances qui ne sont
que probables, et nous avons posé qu’il ne faut accorder sa créance qu’à celles qui sont parfaitement
connues et à propos desquelles le doute est impossible ».
Reg 2, AT X p. 363 (ici trad. FA I p. 81) : « Chaque fois que sur le même sujet le jugement de deux
hommes se porte à des avis contraires, il est certain que l’un au moins des deux se trompe ; et même
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aucun des deux, apparemment, ne possède la science ; car, si le raisonnement de l’un était certain et
évident, il pourrait le proposer à l’autre de telle manière qu’il finirait par lui gagner aussi l’adhésion de
son entendement ».
Reg 3, AT X p. 367 (ici trad. FA I p. 86) : « Quand bien même ils seraient tous d’accord, leur
enseignement ne serait pas encore suffisant : car jamais, par exemple, nous ne deviendrons
mathématiciens, même en connaissant par cœur toutes les définitions des autres, si notre esprit n’est
pas en même temps capable de résoudre n’importe quel problème ; et nous ne deviendrons jamais
philosophes, si nous avons lu tous les raisonnements de Platon et d’Aristote, et que nous sommes
incapables de porter un jugement assuré sur les sujets qu’on nous propose ; dans ce cas, en effet, ce ne
sont point des sciences que nous aurions apprises, semble-t-il, mais de l’histoire ».
Reg 4, AT X p. 373 (ici trad. FA I p. 93) : « je ne ferais pas grand cas de ces gles, si elles navaient
d’autre office que de résoudre les problèmes creux avec lesquels les arithméticiens ou les géomètres
ont coutume d’amuser leurs loisirs, car je croirais de la sorte n’avoir rien fait que de m’occuper de
bagatelles ».
Reg 3, AT X p. 368 (ici trad. FA I p. 88) : « Par intuition j’entends, non point le témoignage instable
des sens, ni le jugement trompeur de l’imagination (…) mais une représentation qui est le fait de
l’intelligence pure et attentive, représentation si facile et si distincte qu’il ne subsiste aucun doute sur
ce que l’on y comprend ; ou bien, ce qui revient au même, une représentation inaccessible au doute
(…) qui naît de la seule lumière de la raison ».
Reg 4, AT X p. 372 (ici trad. FA I p. 92) : « Aucune science ne peut s’acquérir autrement que par
l’intuition intellectuelle ou par la déduction (…). La méthode ne peut s’étendre jusqu’à enseigner aussi
comment ces opérations elles-mêmes doivent être faites, puisqu’elles sont de toutes les plus simples et
les premières, au point que si notre entendement n’était déjà auparavant en état d’en faire usage, il ne
comprendrait aucun des préceptes de la méthode elle-même, si faciles soient-ils ».
Reg 4, titre, AT X p. 371 (ici trad. FA I p. 90) : « On ne peut se passer d’une méthode pour se mettre
en quête de la vérité des choses. »
Reg. 4, AT X p. 371 (ici trad. FA I p. 91) : « Ce que j’entends maintenant par méthode, ce sont des
règles certaines et faciles, par l’observation exacte desquelles on sera sûr de ne jamais prendre une
erreur pour une vérité, et, sans y dépenser inutilement les forces de son esprit, mais en accroissant son
savoir par un progrès continu, de parvenir à la connaissance vraie de tout ce dont on sera capable ».
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Reg. 4, AT X p. 372 (ici trad. FA I p. 92) : « Aucune science ne peut s’acquérir autrement que par
l’intuition intellectuelle ou par la déduction (…). La méthode ne peut s’étendre jusqu’à enseigner aussi
comment ces opérations elles-mêmes doivent être faites, puisqu’elles sont de toutes les plus simples et
les premières, au point que si notre entendement n’était déjà auparavant en état d’en faire usage, il ne
comprendrait aucun des préceptes de la méthode elle-même, si faciles soient-ils ».
Reg. 4, AT X p. 378 (ici trad. FA I p. 98) : « En y réfléchissant plus attentivement, il finit par devenir
clair pour moi que seules les choses, et toutes les choses, dans lesquelles c’est l’ordre ou la mesure que
l’on examine, se rapportent à la mathématique, peu importe que cette mesure soit à chercher dans des
nombres, des figures, des astres, des sons, ou quelque autre objet ; que par conséquent il doit y avoir
une science générale qui explique tout ce qu’il est possible de rechercher touchant l’ordre et la mesure,
sans assignation à quelque matière particulière que ce soit ».
Traité discours, enseigner parler, pratique théorie. À Mersenne, 27 février 1637 [indiqué
comme mars 1637 dans AT], AT I p. 349 : « Je n’ai su bien entendre ce que vous objectez touchant le
titre ; car je ne mets pas Traité de la Méthode mais Discours de la Méthode, ce qui est le même que
Préface ou Avis touchant la méthode, pour montrer que je n’ai pas dessein de l’enseigner, mais
seulement d’en parler. Car (…) elle consiste plus en pratique qu’en théorie ; et je nomme les traités
suivants des Essais de cette méthode, parce que je prétends que les choses qu’ils contiennent n’ont pu
être trouvées sans elle, et qu’on peut connaître par eux tout ce qu’elle vaut : comme aussi j’ai inséré
quelque chose de métaphysique, de physique et de médecine dans le premier Discours, pour montrer
qu’elle s’étend à toutes sortes de matières ».
Ordre de recherche et ordre d’explication. À Vatier, 22 février 1638, AT I p. 559 : « Mon dessein
n’a point été d’enseigner toute ma méthode dans le discours où je la propose, mais seulement d’en dire
assez pour faire juger que les nouvelles opinions, qui se verraient dans la Dioptrique et dans les
Météores, n’étaient point conçues à la légère, et qu’elles valaient peut-être la peine d’être examinées.
Je n’ai pu aussi montrer l’usage de cette méthode dans les trois traités que j’ai donnés, à cause qu’elle
prescrit un ordre pour chercher les choses qui est assez différent de celui dont j’ai cru devoir user pour
les expliquer. J’en ai toutefois montré quelque échantillon en décrivant l’arc-en-ciel (…) ».
1. La métaphysique
À Mersenne, 11 novembre l640, AT III p. 235 : « je ne traite point [dans les Méditations] en
particulier de Dieu et de l’âme, mais en général de toutes les premières choses qu’on peut connaître en
philosophant ». Ie. AT III p. 238, à ceci près qu’est ajouté « par ordre ».
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