Des mots pour le dire, un consommé d’articles pour réfléchir… L'A l l e m ag n e... et alors ? n°12 - J u i l let 2 01 3 L'Allemagne... et alors ? Le modèle économique allemand est-il meilleur ? Contrairement aux idées reçues, la France a aussi des atouts même si, aujourd’hui, l’Allemagne s’en sort mieux au jeu des comparaisons. Mais qu’en sera-t-il demain ? Analyse Pauvreté et inégalités Que ne lit-on et dit-on de dithyrambique sur le « modèle allemand » ! Le pays d’Angela Merkel affiche une légère croissance de son PIB en 2012 et la majorité des observateurs s’accordent à faire l’éloge de sa rigueur budgétaire. Tous saluent la capacité de nos voisins à porter haut la compétitivité de leur industrie au prix de sérieux sacrifices. Et tous s’inclinent sur la vérité de bon nombre d’indicateurs économiques. Dans un pays où le système éducatif prône l’apprentissage, un solide réseau d’entreprises de taille intermédiaire, souvent familiales, entreprend à tout va. Résultat : parties à fond à la conquête des marchés des pays émergents, les entreprises allemandes, moins taxées et imposées qu’en France, sont ultra-compétitives. Reste que le système n’est pas sans faille. La profonde remise en cause de l’État social, menée début 2000 par le chancelier Schröder, a fragilisé le modèle. La libéralisation du marché du travail a eu pour conséquence d’accroître la pauvreté et les inégalités de manière spectaculaire dans un pays où le salaire minimum garanti n’existe pas. Un exemple à suivre les yeux fermés ? Oui, l’Allemagne est sortie plus forte de la crise de 2008. Oui, elle affiche une dette moins plombante que la France et un bilan de sa balance commerciale insolent comparé au nôtre (+ 174 milliards d’euros, contre - 69,6 milliards). Oui, sur le front du chômage, elle s’en sort mieux que la France, où il est en constante augmentation depuis dix-neuf mois. Oui, la première économie européenne, très à la pointe dans la recherche et le développement, est devenue une référence depuis dix ans. Pour autant, est-elle l’exemple à suivre les yeux fermés ? Les avis divergent, tant il faut se méfier des chiffres qui, parfois, s’avèrent plus nuancés dans les coins. Croire qu’un simple copier-coller suffirait à faire le bonheur de la France relève donc d’un raccourci hasardeux. Et d’une erreur d’analyse. Car la question se heurte à la réalité des deux pays fondamentalement différents par leur culture. Les succès actuels de l’économie germanique reposent d’abord sur les points forts structurels et traditionnels du pays. Sur une décentralisation extrême. Sur un système de relations sociales « intégré », loin du modèle français, où la culture du conflit est à l’opposé du dialogue social coparticipatif instauré outre-Rhin. La France, championne des bébés Peu d’États ont une protection sociale comparable à celle de la France qui, face à la crise, a servi d’amortisseur. Certes, le droit français du travail va bientôt être corrigé, mais, on l’aura compris, notre modèle a aussi ses vertus. Car le ciel s’assombrit sur l’économie allemande, fortement dépendante de la demande mondiale en baisse. Du coup, la croissance française, quasi en berne aujourd’hui, devrait même, à long terme, distancer celle de l’Allemagne, grâce à une bien meilleure démographie (+0,5 % contre - 0,2 %). La France, championne en bébés, a, là, un bel avenir devant elle. Si tant est qu’elle reste engagée, avec force, dans la voie des réformes indispensables à son salut. Pierre Cavret - Ouest France - 22/01/2013 Le Point - 02/05/2013 L'Allemagne... et alors ? L’éco-système allemand Mots clés retenus Relations de partenariat basées sur la confiance L’entreprise allemande est insérée dans un réseau de partenariats, qu’ils soient locaux, nationaux ou mondiaux. Le système économique allemand fonctionne comme un écosystème, avec un maillage très fort entre les acteurs. Relation réelle de partenariat avec les « partenaires » sociaux, les branches professionnelles, les collectivités locales, avec un ancrage territorial très fort qui n’est pas incompatible avec une ouverture internationale dans la mondialisation. Même les concurrents ne sont pas considérés comme des ennemis mais comme des partenaires potentiels, qui collaborent à des intérêts communs au sein des branches professionnelles ou dans des projets communs d’instituts de recherche fondamentale. http://blogs.mediapart.fr/blog/marie-anne-kraft/251112/ le-mittelstand-cle-de-la-performance-allemande Länder Quatre des seize Länder qui constituent l’Allemagne réalisent les deux tiers du PIB allemand. Les Länder ont une politique active d’accompagnement des entreprises dans leur conquête de marchés à l’international. Les Länder sont en concurrence les uns avec les autres, dans une compétition interne à l’Allemagne qui est vue comme stimulante par les entreprises. Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? Conscience collective des entreprises allemandes Dans le domaine économique, les Allemands accordent une priorité aux intérêts collectifs par rapport aux intérêts individuels. Ainsi, à l’export, les grands groupes allemands n’hésitent pas à emmener avec eux leurs fournisseurs PME afin de placer au mieux leurs produits à l’étranger. De même, les grands groupes allemands paient leurs fournisseurs-PME dans les délais et ne cherchent pas, comme en France, à se financer en partie sur leur dos. Idem pour les « clusters » qui sont aussi souvent le support d’autres actions, que ce soit dans le domaine de la formation ou de la représentation à des salons professionnels, et qui constituent de manière générale une plate-forme d’échanges de « best practices ». Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? Environnement juridique et financier favorable aux entreprises Le législateur allemand, mais également les partenaires avec lesquels les entreprises allemandes sont amenées à travailler pour se développer (dont les banques), ont su développer un cadre permettant à ces entreprises de disposer de leviers efficaces : -- la forme juridique de “GmbH & Co KG” : permet de bénéficier des avantages d’une société de personnes tout en assurant à ses associés la limitation de responsabilité d’une société de capitaux. Cette forme de société est privilégiée par de nombreuses PME. -- l’ « écosystème » du paysage bancaire : constitué par la banque publique KfW (détenue à 80% par l’Etat et à 20% par les Länder), les Länder qui ont également des banques qui leur sont adossées, et des banques locales que sont les caisses d’épargne et les coopératives. -- la stabilité fiscale : il existe une relative stabilité des principales lois fiscales, ce dont profitent les entreprises qui évoluent ainsi dans un cadre fiscal sans soubresauts. Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? Fiscalité En Allemagne, la pression fiscale dépend de l’état de santé de l’entreprise. Cette dernière ne paie que si elle a gagné de l’argent. Solène Davesne - L’Usine Nouvelle - 08/11/12 Un Etat minimal L’Allemagne est en particulier un des pays développés où l’emploi public est le plus limité : en 2012, le pays n’a consacré que 7.8% de son PIB à payer les salariés du secteur public. L’Allemagne est également un des pays développés qui dépense le moins en investissements publics : le niveau des investissements ne compense même pas l’usure de l’existant. Made in Germany/Guillaume DUVAL Pour aller plus loin… Made in Germany : le modèle allemand au-delà des mythes Guillaume Duval Seuil - 01/2013 L’Allemagne, un modèle pour qui ? Jacqueline Hénard La Fabrique de l’industrie www.la-fabrique.fr Modèles économiques français et allemand : deux orientations pour l’Europe Europaforum Luxembourg 2013 Le modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? Pierre Zapp Mazars - 10/2012 Un voyage en Allemagne http://www.latribune.fr/blogs/unvoyage-en-allemagne/accueil.html L'Allemagne... et alors ? Ce qui différencie vraiment l’Allemagne de la France L’Allemagne préfère avoir des travailleurs pauvres, la France des chômeurs de longue durée. De ce choix découle toute une politique sociale et industrielle. Le modèle social allemand n’est pas très différent du modèle français. On sait qu’une asymétrie très forte entre la France et l’Allemagne vient de la structure productive des deux économies : l’Allemagne est restée un pays industriel puissant, avec des gains de parts de marché et des excédents extérieurs structurels ; la France est très désindustrialisée : l’industrie représente 12 % de l’économie française, 21 % de l’économie allemande. Mais nous nous intéressons ici surtout aux choix sociaux des deux pays. En France, on considère souvent que le modèle social allemand est devenu très différent du modèle social français, avec la flexibilité accrue du marché du travail ; la modération salariale ; les efforts faits pour faire disparaître les déficits publics, qui passent aussi par une réduction des dépenses de transferts publics. Les lois Hartz, de 2003 à 2005, ont surtout constitué en la mise en place de conditions très dures forçant les chômeurs à retourner à l’emploi, y compris dans les emplois peu qualifiés, à temps partiel, mal payés. Parallèlement, les salaires réels, de 2000 à 2006, ont baissé de 5 % en Allemagne, pendant qu’ils augmentaient de 12 % en France, et les prestations sociales sont passées de 19 à 16 % du PIB en Allemagne (18 % en France). L’Allemagne a choisi la montée en gamme, l’effort d’innovation... De ce fait, on considère souvent en France qu’il ne faut surtout pas copier le modèle allemand, qui aurait consisté à fragiliser la population pour améliorer la compétitivité de l’industrie. Cette vue est en réalité très fausse, et les différences entre les choix sociaux de l’Allemagne et de la France sont concentrées sur un point : le choix entre travailleurs pauvres et chômeurs. Il y a peu de différences en réalité entre les choix de l’Allemagne et de la France. Les salaires industriels sont élevés en Allemagne, et ce n’est pas la baisse des salaires qui explique la compétitivité de l’industrie : ce premier point est mal connu. Les salaires, y compris charges sociales, sont à peu près aussi élevés dans l’industrie en Allemagne qu’en France (34 euros de l’heure contre 35), les coûts salariaux unitaires n’ont pas progressé énormément plus dans l’industrie en France qu’en Allemagne. La compétitivité, la performance, de l’industrie allemande ne vient donc pas essentiellement de la baisse des salaires dans l’industrie, mais de la montée en gamme, de l’effort d’innovation. La générosité de la protection sociale est voisine en Allemagne et en France, ce qui est mal connu aussi. Quand on regarde les dépenses publiques de santé, de retraite, d’éducation, on voit un niveau identique pour la santé, un niveau plus élevé en France pour la retraite et l’éducation, ce qui vient de l’organisation institutionnelle (retraites d’entreprise en Allemagne). En réalité, l’Allemagne est un pays où la protection sociale est généreuse, financée par une pression fiscale assez forte, même si elle est plus faible qu’en France (44 % du PIB contre 52 %). Temps de travail hebdomadaire effectif de l’ensemble des salariés en heures en 2010 (Temps plein + Temps partiel) La différence de choix sociaux entre l’Allemagne et la France est en réalité concentrée sur un point : vaut-il mieux avoir des travailleurs pauvres ou des chômeurs ? L’Allemagne a fait le choix des travailleurs pauvres, d’où les fortes pressions qui s’exercent pour favoriser le retour à l’emploi en Allemagne, y compris dans des emplois peu qualifiés à salaire faible. Cela explique l’écartement entre les salaires de l’industrie et les salaires des services en Allemagne (35 % en 2000, 52 % aujourd’hui) ; la hausse des inégalités de revenus en Allemagne et pas en France ; la très forte hausse de la partie de la population au-dessous du seuil de pauvreté en Allemagne, plus forte qu’en France (16 % contre 14 % en 2011, alors qu’en 2000 il n’y avait que 10 % de la population au-dessous du seuil de pauvreté en Allemagne et 14 % en France). ... et a renoncé à établir un salaire minimum Il y a en Allemagne un énorme écart entre les salaires de l’industrie et ceux de la distribution, des transports, du tourisme (177 à 100, contre 132 à 100 en France), ce qui reflète aussi la dualité du marché du travail. L’Allemagne a donc bien fabriqué une économie avec des salaires faibles en dehors de l’industrie et des inégalités fortes. L’absence de salaire minimum en Allemagne, alors qu’il y a un salaire minimum élevé en France, contribue aussi à cette différence de fonctionnement du marché du travail. Enfin, corrélativement, le taux de chômage structurel est plus faible en Allemagne qu’en France (5,5 % contre 8 % environ), la baisse de la proportion Emplois à temps partiel (par rapport au total des emplois) Source : Banque mondiale - Chiffres 2010 On voit donc bien le choix différent de l’Allemagne par rapport à la France : privilégier le retour à l’emploi y compris avec des salaires faibles pour éviter le chômage. Cela conduit à un chômage structurel plus faible, à un taux de chômage beaucoup plus faible en Allemagne pour les jeunes, surtout peu qualifiés : 12 % en Allemagne pour les 20-24 ans contre 25 % en France. La vision française du modèle social allemand est souvent fausse. On considère souvent en France que l’Allemagne a fait le choix d’un modèle social beaucoup moins généreux (baisse des salaires, réduction de la générosité de la protection sociale), pour améliorer la compétitivité de son industrie, et que ce choix n’est pas envisageable en France. Mais en réalité l’Allemagne n’a pas réduit les salaires industriels (la compétitivité de l’industrie allemande ne vient pas de la baisse des salaires de l’industrie) et a un modèle social généreux (santé, retraite, éducation). La différence essentielle dans le modèle social entre l’Allemagne et la France est la préférence pour les travailleurs pauvres par rapport au chômage en Allemagne, le choix opposé en France. Il n’y a pas de supériorité d’un des choix par rapport à l’autre, il s’agit juste d’un choix. Patrick ARTUS - Le Point.fr - 25/03/2013 Pourcentage de travailleurs pauvres (salariés touchant moins de deux tiers de la moyenne nationale) Source : Eurostat Alternatives Economiques - 13/01/2012 de chômeurs de longue durée a baissé en Allemagne et augmenté en France. Taux de chômage de la population active Source : Capital - 01/2013 Source : Eurostat - 2013 Taux de pauvreté monétaire (proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté qui est de 60% du revenu médian) Source : Eurostat - 2011 L'Allemagne... et alors ? politique sociale Mots clés retenus Politique sociale favorable à l’emploi -- Accords d’entreprises basés sur des engagements donnant/donnant -- Importance du principe de subsidiarité dans les relations sociales (pouvoirs publics en retrait) -- Mesures de chômage partiel en période de crise -- Flexibilité : la conscience collective consiste, en situation de crise, a vouloir avant tout maintenir l’emploi, quitte à consentir des sacrifices au niveau des salaries et des avantages sociaux. -- Intervention de l’Etat dans une optique de politique de compétitivité-coûts comprenant des allègements de charges sur salaires Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? Lois Hartz Ces réformes libéralisent le marché du travail allemand, permettant aux employeurs de payer des salaires de 400 euros mensuels aux salariés ou de 1 euro par jour aux chômeurs de longue durée. Le travail partiel est favorisé et le temps de travail flexibilisé. Point d’orgue de cette réforme, la loi « Hartz IV » réduit de deux à un an le temps d’indemnisation du chômage, quelque soit la durée de cotisation. Ensuite, tout le monde passe dans la catégorie « indemnisation chômage II » (Arbeitlosengeld II) où l’on bénéficie de certaines protections : un loyer et le chauffage sont payés par la commune et une indemnisation forfaitaire qui est aujourd’hui de 374 euros par adulte et par mois est versée. Mais en retour, le bénéficiaire, qui sera désormais en Allemagne appelé « Hartz IV », doit se soumettre à un contrôle permanent : sur son train de vie et ses recherches d’emplois. Avant de toucher son indemnisation, il doit utiliser la majeure partie de ses économies pour son propre entretien. Il doit accepter les emplois que lui propose l’agence du travail, même payé 1 euro de l’heure (mais il continue à toucher une partie de son indemnisation). Romaric Godin - La Tribune - 16/08/2012 « Mini-job » Créés par le chancelier Schröder en 2003, ces emplois à temps plein ou partiel, sont rémunérés à 450 euros par mois pour lesquels l’entreprise paie des cotisations sociales mais pas le salarié. Ces emplois n’ouvrent pas de droits à la retraite ou à la sécurité sociale. Pascal Goursaud - Le Cercle Les Echos - 05/09/2012 Inégalité homme/femme L’Allemagne détient le record européen de l’inégalité salariale entre hommes et femmes : les Allemandes à temps plein gagnent en moyenne 21% de moins que leurs collègues masculins contre un écart moyen de 16% parmi les pays de l’OCDE, selon les chiffres basés sur l’année 2010. L’Allemagne fait partie des pays de l’UE où le temps partiel féminin est le plus développé : Parmi les femmes entre 20 et 64 ans travaillant en Allemagne, 45,6% ne sont pas à temps plein, près de 15 points de plus que la moyenne européenne (30,8%), selon cette étude qui reprend des données de l’institut européen Eurostat. http://www.20minutes.fr/societe/ 893533-egalite-homme-femme-allemagne-modele 7/03/12 Salaire minimum universel L’Allemagne vit sous le régime de l’autonomie de fixation des salaires entre partenaires sociaux. Mais plus de 2 millions de salariés ne sont pas couverts par des accords de branche. L’instauration d’un salaire minimum universel est au cœur des débats de la campagne électorale 2013. François Roche - La Tribune.fr - 21/05/2013 Pour aller plus loin… Le travail en France et en Allemagne : une opposition de stratégie. Fondation Robert Schuman Question d’Europe n°260 décembre 2012 www.robert-schuman.eu Comparaison France-Allemagne des systèmes de protection sociale DG Trésor Cahiers n°201/02 – août 2012 Paris Berlin Mensuel www.parisberlinmag.com L'Allemagne... et alors ? Compétitivité, un rapport détaille le «miracle» allemand Commandé par le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), le rapport de la Documentation française lève le voile sur la réalité du Mittlestand allemand, ce tissu d’entreprises dont le dynamisme dans les domaines de l’innovation et de l’export serait à l’origine de la puissance de la première économie européenne. L’état d’esprit qui anime ses acteurs est-il reproductible en France ? Peut-être. Une approche statistique en France, culturelle et structurante en Allemagne « Premier enseignement, le Mittlestand n’est pas composé d’une catégorie d’entreprises, dont les critères seraient le chiffre d’affaires ou les effectifs. C’est un continuum d’entreprises pour la plupart familiales et indépendantes qui se trouvent toutes sur le chemin de la croissance. Leurs points communs : l’esprit d’innovation et l’esprit de conquête », résume Jean-Daniel Weisz, l’un des deux coauteurs de ce rapport. Jean-Yves Gilet, le directeur du FSI avoue également avoir été surpris par la réalité du Mittlestand. « En France, nous avons une approche statistique de la croissance des entreprises. La création du statut d’ETI en 2008 illustre cet état d’esprit. En Allemagne, le Mittlestand recouvre des dimensions structurantes et culturelles », explique-t-il. Des écosystèmes multiples Structurantes ? « Les entreprises allemandes sont intégrées à différents réseaux. Elles évoluent pour la très grande majorité d’entre elles dans des écosystèmes financiers, technologiques et de formation qui leur sont propres au niveau local, régional et national », constate Dorothée Kohler, l’autre co-auteur de ce rapport. La coopération entre les entreprises constitue également un écosystème à part entière. Si les sous-traitants et les fournisseurs français dénoncent régulièrement l’allongement des délais de paiement et les relations déséquilibrées avec les grands donneurs d’ordre publics et privés, qui relèveraient parfois de rapports féodaux de vassalité, les entreprises travailleraient davantage main dans la main en Allemagne. Toutefois, cette cohésion ne serait pas seulement le fruit d’une volonté farouche d’aider son prochain. « Les entrepreneurs allemands sont frileux, voire peureux. C’est la raison pour laquelle ils préfèrent collaborer avec des entreprises qu’ils connaissent. C’est pour la même raison qu’ils emmènent leurs fournisseurs à l’étranger », explique Guy Maugis, le président de Bosch France et président de la chambre de commerce et d’industrie franco-allemande. On comprend mieux les difficultés des entreprises françaises à percer chez nos voisins allemands... Indépendance et pérennité, les deux mots d’ordre L’ADN de ces entreprises est également particulier. « Les valeurs d’autonomie, d’entrepreneuriat et d’inscription dans la durée sont essentielles pour ces entreprises. S’il y a plus d’entreprises moyennes en Allemagne, c’est d’abord à cause de ce souci d’indépendance, de frugalité et de parcimonie dans l’emploi des ressources et de volonté de poursuivre la construction d’un projet d’entreprise plutôt que de se vendre à une entreprise de plus grande taille », détaille le rapport. Pourrait-on voir des Pigeons s’ébattre en Allemagne ? Ce ne serait pas si certain. La qualité du made in Germany Le Mittlestand serait également « inséparable » d’une recherche de qualité, symbolisée par la figure de l’artisan et de l’ingénieur qui œuvrent constamment pour atteindre la « perfection du banal ». « Plus que la recherche d’une innovation de rupture qui fera date, l’accent est mis sur une innovation incrémentale plus modeste, le plus souvent innovation de process, qui renforce la qualité du produit ou du service », complète Dorothée Kohler. C’est encore un point qui différencie nos deux pays. En France, le crédit impôt recherche (CIR) pousse depuis 2004 les entreprises à découvrir la pierre philosophale. Il aura fallu attendre le projet de loi de finances 2013 pour que quelques dépenses dans le domaine de l’innovation fassent partie des dépenses éligibles au dispositif. Mécaniquement, cette recherche obstinée de la qualité place les produits allemands dans le segment haut de gamme, segment au sein duquel les taux de marge sont élevés, favorisant ainsi l’auto-financement des investissements. En 2011, l’Allemagne a affiché un excédent commercial de 158 milliards quand la France déplorait un déficit de 70 milliards. CQFD ? Fabien Piliu - LaTribune.fr - 10/10/2012 2.8% du PIB Tel est le niveau des dépenses de recherche-développement en Allemagne (contre 2.25% en France) P art des principaux secteurs d’activités dans le PIB Source : Le Point 2/05/13 Allemagne France Agriculture 2% 2% Industrie 26% 18% Services 72% 80% source : SENAT rapport d’information juillet 2012 L'Allemagne... et alors ? Mots clés retenus Une R&D forte axée sur les besoins des marchés -- A l’écoute des besoins des clients (marchés) à travers une collaboration étroite des départements R&D – Commercial -- Politique des clusters régionaux depuis 1996 -- Institut Fraunhofer : organisme allemand dédié à la recherche en sciences appliquées. Il regroupe 57 instituts répartis sur 40 sites à travers l’Allemagne, chacun spécialisé dans un domaine de recherche particulier. Son financement est assuré en partie par l’État, mais les deux tiers du budget proviennent de contrats de recherches passés avec des industriels. Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? Innovation Les dépenses des entreprises allemandes pour l’innovation ont encore augmenté de 9,2% en 2011, pour atteindre un montant record de 131,9 milliards d’euros. Les domaines qui ont le plus contribué à cette croissance sont les industries automobile et électrique, les entreprises de construction mécanique, les industries chimique et pharmaceutique, et le secteur énergétique. http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/72224.htm croissance interne Les entreprises allemandes cherchent toujours à mettre en œuvre les conditions pour assurer la croissance interne, et ce n’est que dans des situations particulières que la croissance externe sera privilégiée. Et s’il faut améliorer la rentabilité par la cession ou l’abandon d’activités qui ne sont plus rentables, elles n’hésiteront pas. Là encore, c’est l’approche pragmatique des choses qui motive les décisions stratégiques des entreprises allemandes. Cela permet d’assurer plus facilement la continuité en termes de développement commercial et en termes de management (y compris par rapport aux collaborateurs). Cela permet aux PME de se développer et de ne pas être la proie des grands groupes comme cela peut l’être dans d’autres pays Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? performance commerciale à l’export -- une orientation naturelle vers l’étranger : de nombreuses entreprises allemandes considèrent le marché mondial comme le marché auquel il convient de s’adresser -- un développement commercial structuré : les Allemands tissent leur toile de façon structurée en optant de préférence pour une démarche par filière ; ils s’appuient sur un réseau de partenariats et de relais institutionnels -- l’importance des salons professionnels : l’Allemagne est le pays des salons où les acheteurs viennent du monde entier, avec en corollaire la participation de nombreuses sociétés allemandes dans les salons mondiaux à l’étranger -- la maîtrise de l’anglais -- un « héritage historique » moins favorable : l’Allemagne, elle, ne bénéficie pas de « zones réservées » (à la différence de la France et l’Angleterre) ; cela a poussé les Allemands à devoir apprendre à vendre uniquement sur les qualités des produits. -- la qualité irréprochable des produits et des services : image forte des produits, qui pousse les entreprises à constamment se surpasser, tant en termes de productivité que d’innovation, afin d’avoir toujours une longueur d’avance sur ses concurrents. Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? Rationalisation de la production Les Allemands profitent de leur stratégie sur le long terme, axée sur le haut de gamme, l’innovation, mais aussi une forte internationalisation et une rationalisation de la production (…) Chez tous les constructeurs allemands, la rationalisation de la fabrication s’accompagne d’une stratégie de transfert des coûts sur les sous-traitants, via la négociation de rabais toujours plus importants. Thomas Schnee - Liaisons sociales - février 2013 Compétitivité Pour aller plus loin… Mission d’information sur les coûts de production en France Compte-rendu de Dominique Seux et Guillaume Duval Assemblée Nationale 24/01/2013 Compétitivité : France 2 Allemagne 4 Usine Nouvelle n°3306 - 08/11/12 Pour un nouveau regard sur le Mittestand Dorothée Kohler et Jean-Daniel Weisz La Documentation française Octobre 2012 CIRAC Centre d’Information et de Recherche sur l’Allemagne Contemporaine www.cirac.u-cergy.fr http://blogs.mediapart.fr/blog/ marie-anne-kraft/251112/le-mittelstand-cle-de-la-performance-allemande http://www.senat.fr/rap/r11-628/ r11-6281.pdf L'Allemagne... et alors ? DIALOGUE SOCIAL ET COGESTION Les partenaires sociaux allemands tiennent à leur Tarifautonomie, autonomie de négociation pour les accords de branche sur tout ce qui concerne les salaires, les primes et les aménagements du temps de travail, en l’absence de toute ingérence extérieure. Organisés en syndicats unitaires de branche, ils peuvent arguer une réelle représentativité. Certes, le taux d’adhésion a chuté et le degré d’organisation varie selon les métiers – le service public en tête et les nouveaux métiers des services eu queue. Mais, avec une moyenne de 20 % parmi les actifs, les syndicats allemands ont un poids incomparable à celui de leurs homologues français (8 %). En 2009, 32 % des entreprises et 52 % des salariés étaient ainsi « couverts » par des accords de branche. S’ajoutent 25 % des entreprises (représentant 20 % des salariés) qui appliquent les accords sans être elles-mêmes adhérentes aux organisations patronales. À l’intérieur de l’entreprise, ce sont d’ailleurs des élus du personnel et non des représentants de syndicats qui co-déterminent les changements dans l’organisation de la production. Toute entreprise de plus de 5 collaborateurs peut créer un Betriebsrat (conseil d’entreprise) ; 10 % des entreprises en ont un. Le Betriebsrat est un droit, pas une obligation. Dans les entreprises de plus de 2 000 salariés, les syndicats reviennent dans le jeu par l’envoi d’un ou deux représentants dans le conseil de surveillance. Rappelons brièvement que la grève, dans le système allemand, n’est que l’ultime recours après plusieurs étapes de négociation et que l’autonomie de jure est accompagnée d’une cartellisation de facto : le résultat des négociations du Tarifbezirk de Bade-Wurtemberg donne le « la » pour toute l’industrie métallurgique et électronique. 18,4% Tel est le taux de syndicalisation en Allemagne (contre 7,5% en France) Le Point - 02/05/2013 Partenariat social Le partenariat social est une réalité structurante de la vie économique allemande, basée sur des figures sociologiques qui n’existent pas en tant que telles en France : le Arbeitgeber et le Arbeitnehmer – littéralement celui qui donne et celui qui prend le travail – le Unternehmer et le Mitarbeiter – celui qui entreprend et celui qui collabore. Les mots ont leur importance : ce n’est pas un face-à-face entre « patron » et « travailleurs ». Dans le partenariat social à l’allemande, se retrouvent deux forces ayant chacune son rôle et sa responsabilité dans le cours des choses. Elles dépendent l’une de l’autre, et le bien commun dépend de leur capacité à s’entendre, déjà au sens propre du terme. L’État, force structurante en France, n’y a rien à voir, ou si peu. D’une façon générale, le schéma du partenariat social garantit la prise en compte de l’intérêt général dans tout le processus de décision. Par là même, il est la clé de l’acceptation des décisions patronales et permet en outre d’introduire des innovations en douceur. Le CIRAC relève le rôle des syndicats dans l’accompagnement de la stratégie de compétitivité des PME, « dont l’adaptation des conditions de travail et la modernisation des qualifications » via le RKW (centre de rationalisation et d’innovation). Les syndicats ou les représentants élus des salariés participent aux réseaux de coopération dans lesquels l’innovation prend forme, les salariés étant « les premiers concernés par les changements induits ». Pour illustrer la flexibilité des salariés et leur implication dans la modernisation de l’entreprise, le CIRAC cite un dirigeant de la fédération allemande des syndicats, Heinz Putzhammer du DGB, qui disait en 2004 : « seuls les hommes sont innovants. La technologie n’est pas innovante, elle est tout au plus le fruit de l’innovation. » Tous les secteurs ne sont pas identiques. Dans la chimie, les partenaires sociaux sont connus pour leur inventivité. Cette année, ils ont introduit de nouveaux éléments de flexibilité, les « corridors démographiques », dans les accords de branche. Dans ce modèle, le temps de travail est déterminé non seulement en fonction des commandes, mais aussi en fonction de l’âge et de la situation familiale des collaborateurs. Les employés avec enfants en bas âge peuvent réduire leur temps de travail à trente-cinq heures, en étant payés à plein tarif, et les personnes de plus de soixante ans ne travaillent plus que quatre jours sur cinq. Les entreprises sont prêtes à investir jusqu’à 200 millions d’euros dans les trois ans à venir pour mettre en place ces « corridors ». La décision est prise à l’intérieur de l’entreprise et ne fait pas l’objet d’une subvention par l’État. Face à la perspective de vieillissement des équipes – d’ici 2022, un tiers des ouvriers chimistes aura plus de 55 ans – le syndicat de la chimie fait preuve du pragmatisme qu’on lui connaît. Il ne refuse pas catégoriquement de repousser l’âge de la retraite à 67 ans. Jacqueline Hénard - L’Allemagne un modèle pour qui ? La Fabrique de l’industrie - 09/2012 L'Allemagne... et alors ? Le partenariat social à l’allemande Mots clés retenus Triade décisionnelle Composée du DGB (union des syndicats allemands), des deux organisations patronales (fédération des employeurs et fédération de l’industrie), et du gouvernement. Le fonctionnement de l’économie en Allemagne et son succès actuel n’y sont pas vus comme un « modèle », au sens de l’aboutissement d’une stratégie pensée, définie et mise en œuvre d’en haut, mais plutôt comme le résultat d’adaptations successives venues de différents acteurs privés et publics, situés à différents niveaux décisionnels des échelles économiques et politiques (grands groupes, Mittelstand, banques, syndicats, gouvernements des Länder, gouvernement fédéral...). Ceci introduit une première différence fondamentale, difficile à intégrer dans une grille d’analyse française : le fonctionnement beaucoup plus collectif et horizontal de toute la société allemande, et donc de l’économie. Jacqueline Hénard - L’Allemagne un modèle pour qui ? La Fabrique de l’industrie - 09/2012 Pour aller plus loin… Le travail en France et en Allemagne : une opposition de stratégie. Alain Fabre Fondation Robert Schuman Question d’Europe n°260 - décembre 2012 La mutation du marché du travail allemand Kramarz F., Spitz-Oener A. Senftleben C., Zweiner H. Conseil d’Analyse économique La Documentation Française – 2012 Relation de travail fondée sur la confiance - Salariés allemands = Mitarbeiter, c’est-à-dire des « collaborateurs » - Responsabilité sociale forte des dirigeants d’entreprises allemandes - Relations avec les salariés sont inspirées par le respect - Relations fondées sur la transparence et l’engagement donné - Relations dirigeants-syndicats guidées par le souci du compromis - Importance de la promotion sociale : pratique très courante Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? Ulrike Reisach, la responsabilité sociale de l’entreprise en Allemagne CIRAC, Regards sur l’économie allemande n°103 - décembre 2011 « Tarifautonomie » Capacité du patronat et des syndicats à construire des compromis au nom d’une responsabilité partagée à l’égard des entreprises. Le Modèle économique allemand : source d’inspiration pour la France ? PME Allemandes : les clés de la performance Isabelle Bourgeois (sous la direction de) CIRAC - 2010 Cogestion / codétermination Les représentants des salariés sont plus facilement associés au fonctionnement des entreprises. Ils sont même présents dans les conseils d’administration des grandes sociétés. Le comité d’entreprise fonctionne comme une véritable instance de décision et de coresponsabilité. Guillaume Duval – www.20minutes.fr – 15/03/2013 Relations sociales / management En Allemagne, délégués syndicaux et salariés auraient une conscience économique plus forte qu’en France, qui les conduirait à faire primer l’intérêt collectif. Les managers allemands sont plus transparents et plus directs. La priorité est la recherche de consensus et chacun peut exprimer son point de vue. D’autre part, processus et organisation sont plus rigoureux dans les structures germaniques qu’en France. Gilles Wybo - Stratégies – 31/01/2013 La flexibilité à l’allemande : régulée et négociée Les nouvelles formes de travail flexible sont le plus souvent organisées selon des règles précises, définies au niveau de l’entreprise. Il est donc légitime de parler de flexibilité régulée. Elle fonctionne sur le principe objectifs/résultats. Les comptes temps de travail permettent aux entreprises et aux salariés de répartir le temps de travail en séquences inégales, et cela quelque soit la manière dont les contrats ont été conclus, de manière individuelle ou collective. Le système de relations industrielles allemand offre les conditions favorables pour réaliser ce régime de flexibilité contrôlée, grâce à l’existence de deux systèmes de représentation du personnel : le niveau des conventions collectives et le niveau de codécision défini par la loi au sein des comités d’entreprise (CE). En Allemagne, les statuts de l’entreprise permettent une représentation du personnel à partir d’un seuil de cinq salariés. www.metiseurope.eu L'Allemagne... et alors ? En Allemagne, la tradition de l’apprentissage fait rempart contre le chômage Avec un taux de chômage de 8,1 % chez les moins de 25 ans, de 2005 à 2007, sont souvent cités. l’Allemagne est le meilleur élève de l’Union européenne. Au cœur du système, les entreprises pilotent la formation Partager son temps entre entreprise et école professionnelle, professionnelle. C’est à elles que doit s’adresser le candidat pendant deux à trois ans. C’est le chemin choisi outre-Rhin à l’apprentissage. L’employeur l’orientera, une fois le contrat par près de deux tiers (65 %) d’une classe d’âge. L’Allemagne conclu, vers une école professionnelle où il recevra une forcompte actuellement plus d’un million et demi de jeunes en mation théorique. alternance, trois fois plus qu’en France. 15 000 € par apprenti par an Un système d’apprentissage perçu comme un ressort fondamental du relatif succès allemand en matière d’emploi des La rémunération de l’apprenti varie suivant les conventions jeunes. Le taux de chômage des moins de 25 ans s’élevait à collectives, mais les entreprises dépensent en moyenne 15 8,1 % en octobre, selon Eurostat, soit le plus bas de l’Union 000 € par apprenti par an. Les écoles professionnelles sont financées par les Länder (États régionaux) et les autorités européenne, où il atteint 23,4 % en moyenne. locales. « L’apprentissage est une vieille tradition » Ce fonctionnement permet aux entreprises de former les « L’apprentissage est une vieille tradition que l’on a su pré- jeunes selon leurs besoins. À l’arrivée, 60 % des apprentis server, voire développer », explique Karl Brenke, chercheur sont recrutés par la structure qui les a formés, selon l’Institut à l’institut allemand de recherche en économie (DIW). Il fédéral allemand pour la formation et l’enseignement profesconcerne de nombreuses branches de l’économie – artisanat, sionnel. commerce, banque, assurance, industrie. Selon lui, « la formation par alternance est reconnue en Allemagne comme une « Un patron n’a pas peur d’embaucher un jeune qu’il forme première étape vers la réussite professionnelle », plutôt que depuis trois ans et dont il connaît les qualités », résume Karl Brenke. Les syndicats observent néanmoins que la proporcomme un pis-aller réservé aux élèves en échec scolaire. tion d’entreprises accueillant des apprentis est en baisse ces Parmi les apprentis arrivés au sommet, Jürgen Schrempp, pa- dernières années. Ils soulignent aussi une inadéquation croistron du constructeur automobile Daimler de 1995 à 2005, et sante entre les besoins des entreprises et les demandes des Franz Müntefering, apprenti vendeur devenu vice-chancelier jeunes, qui délaissent certains secteurs. Camille Le Tallec - La Croix - 11/12/2012 Quand l’université fait bon ménage avec l’industrie L Comparaison de la répartition des entrées en apprentissage selon la taille de l’entreprise (2011 pour la France, 2010 pour l’Allemagne) Source : DARES, BIBB. a formation des ingénieurs, chercheurs et techniciens obéit à cette particularité d’être organisée en deux grandes filières, celle des Hochschulen, au statut analogue à celui des universités (accessibles aux 40% des jeunes allemands qui obtiennent chaque année l’Abitür, équivalent du baccalauréat) et qui forme des ingénieurs et des chercheurs ; et celle des Fachhochschulen qui forme, sur un temps plus court, des techniciens supérieurs (…). Il existe environ 100 universités et 200 Fachhochschulen sur le territoire allemand. Autre particularité : depuis la réforme de 2006, ces établissements sont sous l’autorité des länder qui en assurent une bonne partie du financement. L’Etat fédéral peut toutefois financer des projets de recherche par le biais notamment de la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG), qui regroupe l’ensemble des ins- tituts de recherche universitaires et non universitaires et des institutions scientifiques du pays, et qui est presque entièrement financée par l’Etat fédéral et les länder. (…) Comment comparer l’enseignement technologique en Allemagne et en France ? La différence essentielle est la prise en charge de cet enseignement par le secteur public en Allemagne, et sa gratuité totale. Mais l’Initiative d’Excellence introduit une sorte de sélection parmi les universités, ce qui revient à faire des universités d’excellence des « super écoles d’ingénieurs » financées par l’Etat, les länder et l’industrie. Pour autant, le système allemand ne parviendra pas à fournir à l’industrie les ingénieurs dont elle aura besoin dans les années qui viennent. François Roche - La Tribune.fr - 14/05/13 L'Allemagne... et alors ? L’école allemande Mots clés retenus L’ÉCOLE ALLEMANDE est moins dominée par le gavage de connaissances et moins marquée par une concurrence scolaire exacerbée que dans l’Hexagone. Du coup, elle prépare nettement mieux les jeunes Allemands à coopérer et à faire preuve d’initiative et de créativité, ce qui facilite également leur intégration plus rapide au monde du travail. Made in Germany/Guillaume DUVAL Système dual Consiste en une formation alternée entre l’entreprise et l’école professionnelle (3 ans en moyenne). C’est la voie normale préparant à la plupart des professions, y compris celles du secteur des services, à divers niveaux de qualification. Un autre trait marquant du système dual allemand est le rôle central des entreprises. Cellesci assurent la plus grande partie de la formation, en assumant le coût financier de la formation pratique, au-delà de l’apport productif des apprentis. En amont, elles participent aux instances consultatives pour réguler le nombre d’entrants, en décidant du nombre d’apprentis qu’elles souhaitent engager annuellement. Bref Cereq - 01/05/2012 Importance accordée aux savoir-faire et qualités professionnelles Alors qu’en France, lors du recrutement de salariés, les patrons accordent une importance très forte au diplôme, les Allemands préfèrent valoriser l’expérience et les compétences acquises, à l’embauche comme dans la progression au sein de l’entreprise. L’apprentissage reste la voie royale pour entrer dans la vie active et présente de nombreuses passerelles vers des qualifications supérieures en formation continue, beaucoup plus développées en Allemagne qu’en France. Les PME forment chaque année plus des trois quarts des apprentis en Allemagne. Le système d’éducation et de formation allemand est adapté à la demande des entreprises, du marché de l’emploi. Un jeune Allemand ne choisit donc pas une filière sanctionnée par un diplôme, mais un métier. http://blogs.mediapart.fr/blog/marie-anne-kraft/251112/ le-mittelstand-cle-de-la-performance-allemande Apprentissage «Les TPE n’ayant pas souvent les moyens de former les jeunes, faute de personnels capables d’endosser les habits de tuteur, il y a un effet d’entraide dans un bassin d’emploi où les grandes entreprises forment des salariés qui, ensuite, seront embauchés dans des sociétés de plus petite taille», explique René Lasserre, directeur du Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (Cirac). Autre différence de taille entre les systèmes allemands et français : l’apprentissage est essentiellement développé chez notre voisin dans l’industrie et à des niveaux inférieurs à l’équivalent du bac quand, en France, les étudiants de l’enseignement supérieur représentent aujourd’hui quelque 20 % des apprentis… Outre-Rhin, entre 60 % et 65 % d’une classe d’âge choisit l’alternance. Près de 60 % des entreprises recrutent en effet des apprentis, lorsque la France atteint difficilement les 33 %... Et là où, dans l’Hexagone, les sociétés de moins de cinq salariés représentent à elles seules près de la moitié des embauches, chez notre voisin germanique, ce sont généralement les grandes et moyennes entreprises qui donnent l’exemple. Apprentissage : l’Allemagne est-elle un bon modèle pour la France ? Laurence Estival - Le GREP - 03/04/2012 Une régulation tripartite La définition du contenu de chacune des 346 formations en apprentissage se fait selon le principe d’une régulation tripartite associant les entreprises, l’Etat et les partenaires sociaux, ces derniers ayant un poids spécialement important dans ce dialogue. En revanche, les entreprises restent maîtresses de la définition du nombre de places d’apprentissage qu’elles entendent proposer. Rapport public « La formation professionnelle tout au long de la vie » Cour des comptes - 10/2008 Pour aller plus loin… Formation professionnelle initiale : l’Allemagne est-elle un modèle pour la France ? Centre d’analyse stratégique Note d’analyse n°322 – 02/2013 Apprentissage, le modèle allemand Le Figaro - 26/02/2013 Pour une approche circonstanciée de l’apprentissage Bref Cereq n°299 - 01/05/2012 BIBB Institut fédéral pour la Formation et l’Enseignement Professionnel www.bibb.de Information Entreprises Comment obtenir une liste de prospects ciblés ? Comment actualiser, enrichir ou étendre votre base de données dans votre secteur d’activité ou sur un périmètre géographique précis ? La CCI de la Vendée met à votre disposition : • Un fichier de plus de 24 800 établissements mis à jour quotidiennement • Un annuaire régional des entreprises des Pays de La Loire (plus de 107 000 entreprises) • Un annuaire des entreprises de France (AEF) : 2,2 millions d’entreprises • Une sélection d’articles sur les entreprises vendéennes Contact : Information Economique : 02 51 45 32 45 [email protected] Information Entreprises : 02 51 45 32 45 [email protected] Information Economique Une information toujours disponible : • Un marché, un secteur précis pour lesquels peut être assuré un sourcing • L’environnement économique local • Les foires et salons locaux, nationaux et internationaux. Un suivi de l’actualité économique : Contact : Information Economique : 02 51 45 32 45 [email protected] Etudes : 02 51 45 32 24 [email protected] La CCI vous propose ses Lettres d’information • Lu pour vous cette semaine : une synthèse de l’actualité locale des entreprises et des territoires vendéens • Pl@net : revue de presse sur l’actualité du tourisme en Vendée et Pays de La Loire • Enquête de conjoncture : tous les deux mois, enquête auprès des chefs d’entreprise sur leur situation économique • Tableau de bord : chaque mois, analyse des principaux cours des marchés des matières premières et des indicateurs économiques vendéens Les précédents numéros Ils sont disponibles sur le site de la CCI - N°1 : Quels business pour demain ? - N°2 : Capital humain : levier de performance ? - N°3 : Internet : outil de proximité - N°4 : Chasser en meute : les réseaux - N°5 : Afficher sa différence par la marque - N°6 : Made in… Où ? - N°7 : Les Séniors : Marché d’avenir et enjeux - N°8 : Mobilités : Nouvelles pratiques, nouveaux outils - N°9 : Question de confiance - N°10 : La Relation Client - N°11 : P.I.B. ou B.I.B. : A-t-on le choix ? Site internet : www.vendee.cci.fr 16 rue Olivier de Clisson - CS 10049 85002 La Roche-sur-Yon Cedex n° 12 - Juillet 2013 - L’Allemagne... et alors ? -16 rue Olivier de Clisson - CS 10049 - 85002 La Roche-sur-Yon Cedex - Tél : 02 51 45 32 32 - Fax : 02 51 62 72 17 - Email : [email protected] - Site : www.vendee.cci.fr Edité par la CCI de la Vendée - Directeur de Publication : Henri de L’ESPINAY - Comité de rédaction : O. Blouin, L. Chataigner, M.Garandeau, E.Malaboeuf, B. Moreau, C. Rambaud, Y.Verdon. Maquette et mise en page : CCI de la Vendée - Crédit photos : CCI de la Vendée, Fotolia - Impression : Imprimerie Belz - Tirage : 2 500 exemplaires