2010 CPE Au pied de l’échelle, rédigé par Isabelle Lavigne 14/02/2012 1
Comprendre la tristesse
La tristesse est une émotion dont l’expression et l’intensité varient d’un enfant à l’autre. En effet, ce
dernier vit ses émotions de façon entière, sans prendre le recul nécessaire pour les modérer ou les
dissimuler. Ce qui revient à dire que comme son auto-contrôle, c’est-à-dire sa capacité à se freiner et à
réfléchir avant de parler ou de poser un geste, n’est pas encore en place (elle commence à peine à se
développer chez les 4-5 ans), il est normal de le voir les vivre intensément. Il aura donc tendance à
pleurer très fort, à agir fortement pour une égratignure, à pleurer lorsqu’il se sent blessé par un autre
pairs, etc.
Face à l’émotion qu’est la tristesse, votre rôle, comme intervenant, est de rassurer l’enfant. Pour y arriver,
c’est important de connaître les raisons qui motivent sa peine pour ainsi intervenir en fonction de cette
dernière.
Objectifs d’interventions
Que l’enfant apprenne graduellement à reconnaître la tristesse comme émotion (1-3 ans)
Que l’enfant apprenne à exprimer ce qui le rend triste (verbalement ou non) (1-3 ans)
Que l’enfant apprenne graduellement à développer son sentiment de confiance (1-3 ans)
Que l’enfant apprenne graduellement à trouver des solutions pour se rassurer face à ses peines (2-
5 ans)
Les manifestations
Les comportements qui nous permettent de penser qu’un enfant a de la peine sont variés. Comme la
peine ou la tristesse est une émotion, ses manifestations se verront dans les réactions des enfants. En
voici quelques-unes :
L’enfant pleure;
L’enfant crie;
L’enfant peut taper, lancer un objet, etc.;
L’enfant peut faire une crise;
L’enfant peut s’opposer;
L’enfant peut s’isoler;
L’enfant veut son objet personnel;
L’enfant demande à voir ses parents;
L’enfant peut sucer son pouce;
L’enfant nous montre un visage fort inquiet et triste, ne sourit pas;
L’enfant veut que nous le preniez;
Etc.
La tristesse
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Les raisons qui les expliquent, les besoins qui les sous-tendent et les interventions éducatives
à privilégier
Pourquoi l’enfant a-t-il de la peine ?? N’oubliez pas que l’expression des émotions est un processus
évolutif. Quand l’enfant ne parle pas, ce qu’il a comme moyens pour s’exprimer sont ses
gestes ou son non-verbal. C’est donc plus difficile pour l’adulte de le comprendre et de mettre des
mots sur ce qu’il tente de nous exprimer par ses comportements. Toutefois, la tristesse est souvent
déclenchée par un élément observable. Ainsi, quand les parents quittent pour aller travailler, il est
possible d’observer l’enfant et de le voir pleurer ou encore quand vous êtes avec votre groupe et que vous
remarquez un ami dire des mots blessants à un autre, vous savez que la peine qui en résulte provient des
paroles blessantes, ce qui vous aide à recevoir l’enfant blessé et à mettre des mots sur la tristesse
ressentie.
Pour aider l’enfant à identifier la peine qu’il ressent, vous devez verbaliser les comportements de
l’enfant et leur signification pour qu’il arrive à comprendre ce qui le rend triste. Par exemple, vous
remarquez qu’Antoine, 1 ans, commence à crier et à pleurer lorsque Lorie, 3 ans, vient lui enlever une
voiture en lui disant
Tu es trop petit pour jouer avec les voitures
. Votre rôle ici, pour qu’il comprenne ce
qu’il ressent, c’est de mettre des mots sur son émotion
Antoine, tu pleures parce que tu as de la peine ?
Tu es triste que Lorie te dise que tu es trop petit pour jouer avec les voitures n’est-ce pas ?
Tu as raison
d’être triste. Viens avec moi, on va aller voir Lorie. Lorie, regarde Antoine, il pleure parce que quand tu
lui dis qu’il est trop petit pour jouer avec les voiture, ça lui fait de la peine. Viens, j’aimerais que tu lui
redonnes … c’est correct qu’il joue avec, ce n’est pas dangereux.
Que devez-vous retenir ici ?? En fait, l’expression de la tristesse évolue avec le développement
du langage et le développement de l’auto-contrôle de l’enfant. Il est donc normal de voir une expression
plus intense et plus longue de la peine chez les tout-petits (1-3 ans) et de voir apparaître graduellement
chez les 3-5 ans une plus grande verbalisation de celle-ci tout en voyant diminuer graduellement l’intensité
et la longueur de son expression. Retenez aussi que ceci ne se fait pas tout seul et que votre rôle
est de les guider à reconnaître leur peine, ce qui les rend triste et ce qu’ils peuvent faire pour
se consoler. Vos attentes doivent donc être adaptées aux capacités des enfants et à leur
compréhension.
Pour vous guider à consoler la tristesse des enfants
Quand l’enfant manifeste sa peine, votre intervention revêt toute son importance !!! Pour arriver à
développer chez l’enfant le sentiment d’être écouté et pour l’aider à développer sa confiance affective, il
est très important de reconnaître la peine de l’enfant sans la dénigrer, sans la considérer comme étant
minime. Elle est peut-être peu significative pour vous, mais elle est cue intensément chez l’enfant qui
l’exprime. L’enfant vit intensément ce qui lui fait de la peine et son souhait le plus cher est que vous le
consoliez ... Cette démarche va à l’encontre de la croyance populaire qui dit de laisser pleurer les
enfants ! Certains pensent qu’en ne les consolant pas, les enfants cesseront de pleurer d’eux-mêmes
ce qui est bien le contraire ! Plus vous les consolez, plus ils développent leur sentiment de
confiance (
je peux faire confiance aux adultes qui m’entourent, car ils s’occupent de moi et de mes
besoins
) et moins ils vont pleurer longuement. Bref, en les laissant avec leur peine, vous
encouragez leur insécurité affective. N’oubliez pas qu’il existe des besoins de base fort importants
chez les enfants que nous devons combler, notamment les besoins physiologiques (manger, dormir, etc.)
et les besoins socio-affectif (dont la sécurité affective). Il faut donc y répondre.
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Voici quelques situations pour vous pratiquer :
L’enfant s’ennuie de ses parents :
Acceptez, reconnaissez l’émotion et nommez-à l’enfant.
Tu pleures parce que tes
parents sont partis travailler ?? Je te comprends, tu avais le goût de rester avec eux ce
matin, n’est-ce pas ?
Évitez de banaliser (ce n’est rien …) ou de disqualifier (tu pleures pour rien) la peine de
l’enfant. C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions et celles des autres
qu’on en vient à démontrer de l’empathie et à développer le sentiment de sécurité affective
chez les enfants.
Cherchez l’origine du problème, écoutez, décodez. Il est possible de désamorcer la
tristesse en mettant simplement des mots sur ce qui se passe
Ça te fait beaucoup de peine
de les voir partir ?
et d’offrir à l’enfant une solution qui l’aiderait à se consoler.
Offrir une solution pour l’aider à se consoler
est-ce que je peux te prendre pour
consoler ta peine ? Aimerais-tu ta doudou (ou autre) pour te consoler ? Veux-tu que nous
fassions bye bye à tes parents par la fenêtre ?
etc.
Pour terminer, soulignez combien la solution choisie semble l’apaiser, semble le
calmer.
Je vois que mon câlin te fait du bien ??
et ensuite, intégrez l’enfant dans la routine
du moment.
L’enfant se blesse :
Acceptez, reconnaissez l’émotion et nommez-à l’enfant.
Tu pleures parce que tu
t’es fait mal ? Je te comprends, ce n’est pas agréable, n’est-ce pas ?
Évitez de banaliser (ce n’est rien …) ou de disqualifier (tu pleures pour rien) la peine de
l’enfant. C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions et celles des autres
qu’on en vient à démontrer de l’empathie et à développer le sentiment de sécurité affective
chez les enfants.
Cherchez l’origine du problème, écoutez, décodez. Il est possible de désamorcer la
tristesse en mettant simplement des mots sur ce qui se passe
Ça te fait beaucoup de peine
de te faire mal ?
et d’offrir à l’enfant une solution qui l’aiderait à se consoler.
Offrir une solution pour l’aider à se consoler
est-ce que je peux te prendre pour
consoler ta peine ? Aimerais-tu ta doudou (ou autre) pour te consoler ? Veux-tu de la glace
sur ta blessure ? Viens, je vais nettoyer ta plaie. Tu vas avoir moins mal,
etc.
Pour terminer, soulignez combien la solution choisie semble l’apaiser, semble le
calmer.
Je vois que mon câlin te fait du bien ?? Tu as moins mal ?
et ensuite, intégrez
l’enfant dans la routine du moment.
L’enfant a besoin d’attention :
Acceptez, reconnaissez l’émotion et nommez-à l’enfant.
Tu pleures ou tu as de la
peine parce que tu veux que je m’occupe de toi ?
Évitez de banaliser (ce n’est rien …) ou de disqualifier (tu pleures pour rien) la peine de
l’enfant. C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions et celles des autres
qu’on en vient à démontrer de l’empathie et à développer le sentiment de sécurité affective
chez les enfants.
2010 CPE Au pied de l’échelle, rédigé par Isabelle Lavigne 14/02/2012 4
Cherchez l’origine du problème, écoutez, décodez. Il est possible de désamorcer la
tristesse en mettant simplement des mots sur ce qui se passe
Je comprends que tu aimerais
que je m’occupe de toi …
d’offrir à l’enfant une solution qui l’aiderait à se consoler.
Offrir une solution pour l’aider à se consoler
Regarde, je termine de changer la
couche de X et ensuite je peux m’occuper de toi. Tu veux venir à côté de moi en attendant !
Ou encore vous pouvez donner vos attentes à l’enfant en lui soulignant ce que vous aimeriez
qu’il développe comme comportement pour avoir votre attention de façon positive :
J’aime
quand tu me parles pour que je m’occupe de toi. Je comprends mieux ce que tu veux !
etc.
Pour terminer, soulignez combien la solution choisie semble l’apaiser, semble le
calmer.
Merci de ta patience ! Je peux m’occuper de toi quelques minutes maintenant !
Tu es content ? Ça te fait du bien ?
etc.
et ensuite, intégrez l’enfant dans la routine du
moment.
L’enfant se fait dire des mots qui blessent :
Acceptez, reconnaissez l’émotion et nommez-à l’enfant.
Tu pleures parce que X
t’as dit Tu n’es plus mon ami ?
Évitez de banaliser (ce n’est rien …) ou de disqualifier (tu pleures pour rien) la peine de
l’enfant. C’est par la reconnaissance et l’acceptation de nos émotions et celles des autres
qu’on en vient à démontrer de l’empathie et à développer le sentiment de sécurité affective
chez les enfants.
Cherchez l’origine du problème, écoutez, décodez. Il est possible de désamorcer la
tristesse en mettant simplement des mots sur ce qui se passe
Je te comprends d’avoir de la
peine. Tu n’aimes pas ça quand tu te fais parler comme ça, n’est-ce pas ?
et d’offrir à
l’enfant une solution qui l’aiderait à se consoler.
Offrir une solution pour l’aider à se consoler
viens, j’aimerais que tu le dises à X que
tu n’aimes pas ça quand il te dit Tu n’es plus mon ami.
Il faut aussi intervenir avec celui qui
a dit des mots blessants.
Tu lui as dit qu’il n’était plus son ami est-ce que c’est parce que
tu es fâché ?
Pour cette raison ou n’importe quelle autre, le guider à trouver les mots
justes, les mots qui vont exprimer ce qu’il ressent exactement et le faire pratiquer à
les dire au lieu de dire des mots blessants. Ex.
Ah, tu es fâché parce qu’il ne veut pas jouer
avec toi ? À ce moment, c’est ça que tu dois dire et non lui dire qu’il n’est plus ton ami.
Alors, dis lui que tu es fâché (ou triste) quand il te répond qu’il ne veut pas jouer avec toi.
Le faire pratiquer à le dire. Ici, il est important de les faire parler ensemble et de faire
comprendre à celui qui se fait dire
Non !
que l’autre a le droit de donner cette réponse. Ce
dernier pourra sûrement jouer avec lui plus tard, mais pour l’instant, il préfère être seul
ici, la solution dépend de la situation. C’est à vous de voir ce qui est possible d’envisager ou
de proposer.
Pour terminer, soulignez combien la solution choisie semble l’apaiser, semble le
calmer.
Je vois que ça te fait du bien de parler à ton ami ?? C’est important de le dire
quand quelque chose nous fait de la peine !
et ensuite, intégrez l’enfant dans la routine du
moment.
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