2010 CPE Au pied de l’échelle, rédigé par Isabelle Lavigne 14/02/2012 2
Les raisons qui les expliquent, les besoins qui les sous-tendent et les interventions éducatives
à privilégier
Pourquoi l’enfant a-t-il de la peine ?? N’oubliez pas que l’expression des émotions est un processus
évolutif. Quand l’enfant ne parle pas, ce qu’il a comme moyens pour s’exprimer sont ses
gestes ou son non-verbal. C’est donc plus difficile pour l’adulte de le comprendre et de mettre des
mots sur ce qu’il tente de nous exprimer par ses comportements. Toutefois, la tristesse est souvent
déclenchée par un élément observable. Ainsi, quand les parents quittent pour aller travailler, il est
possible d’observer l’enfant et de le voir pleurer ou encore quand vous êtes avec votre groupe et que vous
remarquez un ami dire des mots blessants à un autre, vous savez que la peine qui en résulte provient des
paroles blessantes, ce qui vous aide à recevoir l’enfant blessé et à mettre des mots sur la tristesse
ressentie.
Pour aider l’enfant à identifier la peine qu’il ressent, vous devez verbaliser les comportements de
l’enfant et leur signification pour qu’il arrive à comprendre ce qui le rend triste. Par exemple, vous
remarquez qu’Antoine, 1 ans, commence à crier et à pleurer lorsque Lorie, 3 ans, vient lui enlever une
voiture en lui disant
Tu es trop petit pour jouer avec les voitures
. Votre rôle ici, pour qu’il comprenne ce
qu’il ressent, c’est de mettre des mots sur son émotion
Antoine, tu pleures parce que tu as de la peine ?
Tu es triste que Lorie te dise que tu es trop petit pour jouer avec les voitures n’est-ce pas ?
Tu as raison
d’être triste. Viens avec moi, on va aller voir Lorie. Lorie, regarde Antoine, il pleure parce que quand tu
lui dis qu’il est trop petit pour jouer avec les voiture, ça lui fait de la peine. Viens, j’aimerais que tu lui
redonnes … c’est correct qu’il joue avec, ce n’est pas dangereux.
Que devez-vous retenir ici ?? En fait, l’expression de la tristesse évolue avec le développement
du langage et le développement de l’auto-contrôle de l’enfant. Il est donc normal de voir une expression
plus intense et plus longue de la peine chez les tout-petits (1-3 ans) et de voir apparaître graduellement
chez les 3-5 ans une plus grande verbalisation de celle-ci tout en voyant diminuer graduellement l’intensité
et la longueur de son expression. Retenez aussi que ceci ne se fait pas tout seul et que votre rôle
est de les guider à reconnaître leur peine, ce qui les rend triste et ce qu’ils peuvent faire pour
se consoler. Vos attentes doivent donc être adaptées aux capacités des enfants et à leur
compréhension.
Pour vous guider à consoler la tristesse des enfants
Quand l’enfant manifeste sa peine, votre intervention revêt toute son importance !!! Pour arriver à
développer chez l’enfant le sentiment d’être écouté et pour l’aider à développer sa confiance affective, il
est très important de reconnaître la peine de l’enfant sans la dénigrer, sans la considérer comme étant
minime. Elle est peut-être peu significative pour vous, mais elle est vécue intensément chez l’enfant qui
l’exprime. L’enfant vit intensément ce qui lui fait de la peine et son souhait le plus cher est que vous le
consoliez ... Cette démarche va à l’encontre de la croyance populaire qui dit de laisser pleurer les
enfants ! Certains pensent qu’en ne les consolant pas, les enfants cesseront de pleurer d’eux-mêmes …
ce qui est bien le contraire ! Plus vous les consolez, plus ils développent leur sentiment de
confiance (
je peux faire confiance aux adultes qui m’entourent, car ils s’occupent de moi et de mes
besoins
) et moins ils vont pleurer longuement. Bref, en les laissant avec leur peine, vous
encouragez leur insécurité affective. N’oubliez pas qu’il existe des besoins de base fort importants
chez les enfants que nous devons combler, notamment les besoins physiologiques (manger, dormir, etc.)
et les besoins socio-affectif (dont la sécurité affective). Il faut donc y répondre.