
Mme Murphy-Chanéac, Point sur les théoriciens de la gouvernance mondiale Page 1
La gouvernance: définition
"On rencontre le mot « gouvernance » dans la langue française du XIII et du XIVe siècles avec le sens d’« art de gouverner ». Son
équivalent anglais, governance, est attesté pour la première fois en 1380, avec le même sens. Son usage s’estompe ensuite,
notamment en France où il restera longtemps associé à l’Ancien Régime. Il resurgit avec force au XXe siècle, dans les pays de
langue anglaise, puis s’impose partout. Le terme de governance a commencé à être utilisé par les économistes dans les
années1930, pour fonder une analyse stratégique de la gestion des grandes sociétés industrielles et commerciales. Il apparaît
ainsi en 1937 dans un célèbre article (« The Nature of the Firm") écrit par l’économiste américain Ronald Coase. La «
gouvernance d’entreprise » (corporate governance) se définit alors, dans le sillage des théories néo-institutionnalistes inspirées
de Coase, comme une méthode de gestion non hiérarchique des entreprises associant davantage les salariés dans une
perspective plus ou moins postfordiste. Parallèlement, l’idée se fait jour que la gouvernance, prise dans une acception plus
large, peut aussi bien qualifier la façon dont les individus et les institutions gèrent leurs affaires communes. A la fin des années
1960, l’interrogation sur la « gouvernabilité » des sociétés démocratiques suscite des travaux........La science administrative
anglo-saxonne assimile la gouvernance au « management public », c’est-à-dire à l’application aux affaires publiques des
principes dela gestion privée. C’est cette idée qui va rebondir, parallèlement aux premières « doctrines globales » formulées au
lendemain du choc pétrolier de 1973, avec les débats sur la « bonne gouvernance »....... Dans les années 1980, le principe de la
« gouvernance municipale » (ou «gouvernance urbaine ») est adopté par les conservateurs dans l’Angleterre de Margaret
Thatcher ......... Mais c’est surtout la mondialisation, dans la mesure où elle donne une dimension internationale à pratiquement
tous les actes de la vie publique, qui va permettre aux thèses sur la gouvernance d’acquérir une audience véritablement
planétaire. A partir du moment où la globalisation s’est imposée, un certain nombre de cercles de pouvoir ont en effet estimé
qu’il était plus que jamais nécessaire de mettre au point des « règles du jeu ». La doctrine de la gouvernance va d’abord
s’élaborer dans le milieu des organisations internationales. Ces organisations sont de diverse nature. Il y a en premier lieu les
grandes institutions internationales, comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international(FMI), l’OMC, l’OCDE, etc.
Dès la fin des années 1980, les économistes de la Banque mondiale et du FMI utilisent le terme de « gouvernance globale » pour
désigner toute formule politique suivant les normes du marché. La « bonne gouvernance » devient alors synonyme de bonne «
gestion du développement ». .alaindebenoist.com/
Les penseurs de la mondialisation à connaître
Joseph Stiglitz : http://www.infinance.fr
C'est un économiste américain né le 9 février 1943 dans l’Indiana. Il enseigne à la Graduate School of Business de l’Université de
Columbia.
Il a été membre et président du Conseil économique du président Bill Clinton (1992-1995),. Après avoir occupé le poste
d’économiste en chef de la Banque mondiale de 1997 à 2000, il a reçu le prix Nobel d’économie en 2001, conjointement avec
Akerlof et Spence.
En 2008, cet économiste a réfléchi, à la demande de Nicolas Sarkozy, à l’élaboration d’un nouvel indicateur de développement
pouvant remplacer le PIB. La commission Stiglitz a rendu son rapport en septembre 2009.
Théories de Joseph Stiglitz
Après son passage à la Banque mondiale, Joseph Stiglitz a violemment critiqué cette institution ainsi que le FMI : sans être
altermondialiste, il a dénoncé le dogmatisme libéral de ces grandes institutions et s’est prononcé en faveur d’une meilleure
régulation de la mondialisation.
Stiglitz est aussi l’un des représentants les plus connus du nouveau keynésianisme.
Il a publié de nombreux travaux sur l’économie du travail, le marché du crédit ou encore l’économie industrielle. Ce sont ses
travaux sur l'économie de l'information qui lui ont valu le prix Nobel en 2001. Stiglitz part de l’hypothèse que les agents
économiques n’ont pas toute l’information nécessaire à la prise de décisions.
Dans certains cas, l'une des parties peut en savoir plus que l’autre : il y a asymétrie d'information. En étudiant les conséquences
des asymétries d'information, il a élaboré les concepts d'antisélection et de hasard moral.
Ces travaux ont notamment permis une meilleure compréhension du fonctionnement du marché du crédit. Il ont mis en lumière
le phénomène d’antisélection, selon lequel "les mauvais emprunteurs chassent les bons". C’est pourquoi, au final, les banques
tendent à limiter l’octroi de prêts.
Joseph Stiglitz prône donc une réforme des règles de l’économie mondiale et du fonctionnement de la gouvernance
économique afin de promouvoir une mondialisation plus juste et soutenant le développement équitable. Il dénonce les
défaillances de la gouvernance placée sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale. Il souhaite donner un rôle de premier plan
à l’ONU dans la gestion des économies internationales. « Derrière le pb du FMI, de toutes les institutions économiques
internationales, il y en a un autre : celui de leur direction. […] Elles sont dominées par les pays industrialisés les plus riches, mais