- 4 -
Les résultats d’une élection dépendent bien évidemment de nombreux
facteurs, mais il est clair que le discours anti-mondialisation et pro-
Made in USA de M. Trump a trouvé un écho singulier dans ces
territoires frappés par la désindustrialisation. À son apogée dans
le milieu du XXe siècle, la Manufacturing Belt a en effet subi de
plein fouet le recul de l’industrie américaine, les pertes d’emplois
et les fermetures d’usines, notamment du fait de la concurrence des
puissances industrielles étrangères, au point d’être rebaptisée la
« ceinture de la rouille » à partir des années 1980. Plus récemment, le
marasme des constructeurs automobiles, suite à la crise nancière de
2008, a précipité ce mouvement.
Le retrait de l’industrie a particulièrement affecté les centres urbains
de la région. Certains ont su résister et se transformer, à l’image de
Pittsburgh2, haut lieu de la sidérurgie reconverti dans les industries
médicales et technologiques et aujourd’hui l’une des villes les plus
agréables à vivre du pays selon divers classements3. D’autres doivent
au contraire affronter un exode massif, un chômage et une pauvreté
extrêmes ainsi que des difcultés nancières conduisant plusieurs
municipalités au bord de la faillite. C’est notamment le cas des villes
dont le destin est depuis plus d’un siècle lié à celui de l’industrie
automobile. Detroit en est l’exemple le plus agrant : surnommée
« Motown »4 et longtemps considérée comme la capitale mondiale de
l’automobile, elle accuse aujourd’hui une dette de près de 20 milliards
de dollars qui l’a contrainte à être mise sous tutelle de l’État fédéral à
partir de 2013.
2 - La Pennsylvanie a perdu 400 000 emplois industriels – soit 40 % – entre 1990 et 2016.
3 - Voir par exemple : « America’s Most Livable Cities » (Forbes).
4 - Contraction de motor et town, et qui peut donc se traduire par « la ville du moteur ».
Le retrait de
l’industrie a
particulièrement
affecté les centres
urbains de la région.