LA PIECE
La pièce nous transporte dans un univers dévoré par
une maladie contagieuse où la pensée logique se froe
à la volonté humaine... Tout le monde est touché par la
« rhinocérite » sauf un : Bérenger. Il a pris conscience du
danger et essaie de réagir. Il met en avant les valeurs de
l’amié, du lien social, de l’amour, il réinvente un « humanisme »
pour le monde d’aujourd’hui. Il ose penser, résister et nous
invite à faire comme lui : est-il fou pour autant et serions-nous
assez fous pour le suivre ?
Après des études supérieures et un parcours dans diverses
compagnies théâtrales, Alain Timar s’installe à Avignon où
il fonde le Théâtre des Halles qu’il dirige et anime depuis
1983. Il poursuit conjointement un travail de meeur en
scène, de scénographe et de plascien. Il a signé à ce
jour près de cinquante mises en scène, en France comme
à l’étranger, et présenté de nombreuses exposions et
installaons. Mariant méthodiquement le conceptuel
et le sensuel, le personnel et l’universel, l’introspecon
inme et la vision polique, Alain Timar, citoyen engagé,
fait entendre une voix originale et singulière dans la
créaon théâtrale française.
NOTES D’INTENTION
« Eugène Ionesco a connu la Roumanie fasciste d’Antonescu puis
communiste de Ceausescu : de toute évidence, l’écrivain dénonce
à travers la pièce tous les régimes ou idéologies totalitaires. La
première créaon en France de Rhinocéros eut lieu en 1960,
dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault : elle reste dèle
à cee dénonciaon et ils voient tous deux dans les rhinocéros
la métaphore des patrouilles SS. (...) La contaminaon par la
« rhinocérite » prend ici l’aspect d’une métamorphose physique
extérieure et visible sous la forme de cornes et d’animal en
carton-pâte. Seul Bérenger, le héros, ou plutôt héros malgré
lui, résiste et échappe à la fatale transformaon. Cee vision a
pris une tournure diérente aujourd’hui… Après l’eondrement
du bloc communiste en Europe et l’avènement du village
planétaire où l’économie de marché, via un capitalisme
triomphant et arrogant, s’est arrogé la première place, à
l’heure où le monde s’est transformé en une grande surface
où tout peut se vendre et s’acheter, même les personnes, à
l’heure où ce marché apparent à des mulnaonales au-
dessus des lois des gouvernements et de nanciers devenus
fous spéculant sur des sommes virtuelles colossales, un autre
aspect de l’idéologie totalitaire est apparu, mais plus dius,
invisible même. Les nouveaux maîtres ont réussi ce tour
de magie de ne plus avoir de visage et l’ennemi est devenu
proprement invisible ! Et tout un chacun ou presque semble
avoir intégré ces noons, condionné par un consumérisme
généralisé. Les foules fascinées ont construit un nouveau
Temple, celui de la consommaon dans lequel elles ont déié
le pouvoir de l’argent et les biens matériels. »
Alain Timar
© DR
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ALAIN TIMAR
« Blancheur omniprésente, emboîtement et dissociaon
souple des éléments du décor, entrées et sores rapides, son
live à la note près… Ici, tout est précision, uidité, élégance. La
fable n’en ressort que mieux. Magnique. »
Laurence Liban, L’Express