SCC
L’antigène associé au carcinome de l’épithélium pavi-
menteux (antigène SCC pour squamous cell carcinoma)
est une sous-fraction de l’antigène TA-4, glycoprotéine
de 48 kDa environ, décrite par Kato dès 1977 àpartir
d’un carcinome du col de l’utérus. Initialement consi-
déré comme spécifique des carcinomes des épithéliums
pavimenteux, le SCC adepuis été mis en évidence dans
des tumeurs épithéliales bénignes et des tissus épithé-
liaux normaux.
Le SCC n’est pas spécifique d’organe ni de cancer. Des
augmentations non spécifiques sont retrouvées dans des
pathologies bronchopulmonaires bénignes (tuberculose,
bronchite chronique, sarcoïdose, emphysème), dans des
pathologies bénignes de la peau (psoriasis, eczéma). Les
taux de SCC sont, contrairement àceux de l’ACE, indé-
pendants de l’imprégnation tabagique du sujet. Par
ailleurs, l’insuffisance rénale est la pathologie non can-
céreuse la plus fréquemment associée àuntaux élevé
de SCC, suggérant un catabolisme rénal de cet antigène
et impliquant une évaluation complète de la fonction
rénale devant toute élévation du SCC. Il n’y apas de
valeur cut-off au-delà de laquelle la spécificité tumorale
dans le cancer du col serait meilleure.
Le dosage sérique du SCC met en jeu des techniques
immunologiques (RIA, EIA, FPIA…). Le seuil de signi-
fication habituellement retenu est de 2μg/l, sa demi-vie
plasmatique est d’environ 3jours. Les conditions pré-
analytiques sont importantes pour ce paramètre, avec
une contamination possible par la peau ou la salive.
Le SCC se positionne comme marqueur des carcinomes
des épithéliums pavimenteux du col de l’utérus :
•dans le cancer du col de l’utérus, le taux initial pré-
thérapeutique du SCC présente une importante valeur
pronostique :
–son augmentation est corrélée d’une part avec la
masse tumorale, d’autre part avec le stade de la
maladie. Mais seulement 40 %des patientes ayant
un cancer du col ont un SCC élevé. Cette mauvaise
sensibilité interdit son usage pour le screening ;
–untaux initial augmenté s’accompagne d’un risque
accru de récurrence ou de persistance de la maladie
après traitement, ainsi que d’une diminution signifi-
cative de la survie à5ans :52,4 %, àcomparer
aux 80,2 %desurvie à5ans chez les patientes à
SCC initial normal. Après traitement chirurgical,
les taux de SCC demeurent ou deviennent inférieurs
au seuil de signification en 1à3semaines après
l’intervention. Le taux de SCC est également un élé-
ment important pour le suivi des patientes sous chi-
miothérapie ou radiothérapie, la persistance de
taux élevés de SCC étant un argument fort pour un
échec du traitement. La réaugmentation du taux de
SCC précède les signes cliniques de récidives ou de
métastases de plusieurs semaines ou mois, témoi-
gnant de l’intérêt de ce marqueur pour le suivi des
patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus.
•dans les cancers bronchopulmonaires de type épider-
moïde, le dosage du SCC se révèle moins sensible
(33 %) que celui de l’ACE (56 %) et du CYFRA 21-1.
Il ne peut donc pas être utilisé pour le screening. Il
est en revanche plus spécifique, le SCC n’étant élevé
que dans 8,5 %des cas de cancers àpetites cellules
et 18,5 %des cancers non àpetites cellules non épi-
dermoïdes (à comparer aux 49 et 55 %depositifs de
l’ACE dans ces mêmes pathologies). Par comparaison
aux autres formes histologiques de cancers broncho-
pulmonaires, la spécificité du SCC pour le type épi-
dermoïde atteint 89 %contre 49 %pour l’ACE. De
plus, les informations apportées par le SCC et l’ACE
dans les cancers épidermoïdes du poumon semblent
complémentaires :32%des patients porteurs de ce
type de cancer et négatifs pour l’ACE montrent une
augmentation du taux de SCC, amenant la sensibilité
de détection pour l’association des deux marqueurs
de 57 %pour le seul ACE à71%.Contrairement à
l’ACE, le taux de SCC n’est pas en relation directe
avec une dissémination métastatique de la maladie.
Enfin, le taux de SCC dans les cancers épidermoïdes
du poumon possède une valeur pronostique au
moment du diagnostic :à6mois, 56 %des patients
montrant un taux initial de SCC élevé sont vivants,
contre 68 %deceux dont le SCC est normal au
moment du diagnostic. En complément de l’ACE, la
détermination du SCC est donc particulièrement inté-
ressante pour le suivi et l’évaluation pronostique des
patients atteints de cancers épidermoïdes broncho-
pulmonaires. En dehors d’un dysfonctionnement
rénal ou hépatique, une cinétique qui baisse lente-
ment ou en plateau est en faveur de la présence d’un
résidu tumoral ou de la prédiction d’une récidive dans
les mois qui suivent ;
•d’autres tumeurs épithéliales peuvent exprimer le
SCC :
–les adénocarcinomes du col de l’utérus, les carci-
nomes de l’endomètre, les carcinomes de l’ovaire ou
du rectum, s’accompagnent de taux sériques supé-
rieurs à2μg/l dans 3à8%des cas ;
–8%des cancers de l’œsophage montrent des taux
élevés de SCC ;
–les carcinomes de l’épithélium pavimenteux du pha-
rynx, du larynx, de la langue et du palais présentent