4312 200-01 - Giambattista Vico et la Science nouvelle

LES LUMIÈRES EUROPÉENNES
PREMIER SUJET - GIAMBATTISTA VICO (1668-1744)
GIAMBATTISTA VICO ET LA SCIENCE NOUVELLE
Verum ipsum factum
«Le vrai est le faire même»
I PRÉSENTATION DE GIAMBATTISTA VICO
1 - Giambattisa Vico, premier philosophe italien des Lumières
2 - Un philosophe des Lumières italiennes, l'Illuminismo
3 - Un philosophe de la première partie des Lumières
4 - Ses relations avec les autres philosophes de son temps
5 - Le contexte historique de sa vie, l’Italie et le Royaume de Naples
6 - Eléments philobiographiques marquants (1668-1744)
7 - Ses principaux ouvrages philosophiques
- De nostri temporis studiorum ratione (1709)
- De antiquissima Italorum sapientia (1710)
- La Science Nouvelle (1725, 1730, 1744)
II LA PENSÉE DE VICO
1 - Un philosophe précurseur des Lumières, mais des Lumières catholiques
2 - Un système philosophique global, où tous les éléments se déduisent les uns des autres
3 - Ses positions par rapport à Dieu et la religion, proche de Leibniz
A - Vico reste catholique, mais un catholicisme modernisé et non pas traditionaliste
B - Dieu occupe une place central dans la philosophie de Vico
C - Le cours du monde est dirigé par la Providence (l’action de dieu dans
le monde)
D - Le monde est bon, au-delà du sort de l’homme
F - Mais critique à l’égard de l’Église, notamment contre les abus du cléricalisme
4 - Sa critique de la philosophie traditionnelle, du cartésianisme, du scepticisme et de
l’athéisme
A - Une critique du dogmatisme religieux et de la philosophie catholique
B - Son anti-cartésianisme
C - Une critique du scepticisme (Machiavel, Hobbes, Spinoza, Bayle)
5 - L’intention de fonder une nouvelle métaphysique, conciliant la science nouvelle
et le christianisme
6 - Sa philosophie de la connaissance, la convertibilité du vrai et du fait
A - Une conception originale de la vérité : Verum ipsum factum
B - L'équivalence du vrai et du fait ("verum et factum convertuntur")
C - Vérité et conscience sont deux choses différentes, le rejet du conscientisme
D - La nature des choses consiste dans les circonstances de leur production
E - Une philosophie anti-essentialisme mais causaliste
F - De dieu découle la vraie connaissance et la seule connaissance du monde
G - Une distinction entre la connaissance divine et humaine
H - La connaissance humaine procède du connu vers l’inconnu
I - Une connaissance humaine limitée mais réelle, ne s’opposant pas à la révélation
J - Une conception «humaniste» du savoir, l’homme est créateur de savoirs
7 - Sa philosophie de la science
A - Les influences philosophiques et scientifiques, notamment baconnienne
B - Une théorie de la science qui découle de celle de la vérité et du monde,
compatible avec la métaphysique
C - Les facultés intellectuelles fondatrices de la science : le sens commun,
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la mémoire et l’imagination, l’ingéniosité
D - L’exposé d’une méthodologie scientifique concrète, pratique, visant la certitude
E - L’importance de la topique, le questionnement préalable pour examiner la
globalité d’une matière
F - Une méthodologie en fonction de nos moyens et des domaines naturels
G - Une science expérimentale et inductive
H - Ainsi, la méthode valable pour les mathématiques ne peut s’appliquer à la
physique
I - Une distinction ouvrant la voie aux sciences humaines
J - Pour Vico l’unification des savoirs découle de l’homme et non de la méthode
K - L’importance instrumentale, une leçon galiléenne
8 - Sa philosophie de l’histoire
A - Il veut faire de l’histoire une science, et plus seulement narration
B - Pourquoi une science nouvelle ?
C - Découvrir les lois du développement historique des nations
D - Un étude limitée à celle de l’homme, et non à l’histoire du monde
E - Les principes de cette science : en connaître les causes et non l’essence
F - Une nature commune à toutes les nations
G - Le monde civil est l’oeuvre des hommes, qui sont régis par les règles de leur
esprit
H - Le principe de l’histoire repose dans le sens commun de l’homme
I - Une conception cyclique de l’histoire : corsi et ricorsi
J - Les trois phases de ces cycles historiques
1 - La première phase : l’âge des dieux
2 - La deuxième phase : l’âge des héros
3 - La troisième phase : l’âge des hommes
K - Une histoire qu’il fait commencer après le déluge, jusqu’aux guerres puniques
L - Il fonde la notion d’histoire universelle
M - Une «histoire sans noms propres»
N - Une conception de l’histoire inspirée de la situation de l’Italie ?
9 - De la philosophie de l’histoire à une philosophie des sociétés
A - Une conception dynamique de l’histoire des sociétés
B - Le développement opposé de l’imagination et de la raison
C - La civilisation ne vient pas de la raison, elle y va
D - Le sens commun précède la raison
E - Une conception fonctionnelle de l’histoire et non un sens de l’histoire
F - La diversité des nations cache l’universalité de leur fonctionnement
G - Une philosophie de l’histoire qui fonde une philosophie politique
H - Une connaissance des cycles qui permet de connaître l’état des civilisations
et leur devenir
I - Ainsi que les erreurs de nos jugements sur les autres nations («boria»)
J - L’âge «poétique» lors du début d’un cycle est dominé par l’imagination
K - Les hommes sont créateurs de leur histoire, ils l’accomplissent
10 - Une philosophie du progrès, mais un progrès non-ascentionnel, défini et limité
III CONCLUSION
1 - Une philosophie partagée entre éléments anciens et novateurs, baroque donc
2 - Mais qui n’aura que peu d’échos dans les Lumières
3 - Son influence philosophique sera surtout au 19ème siècle, dont il a été un précurseur
4 - Ses apports à la pensée scientifique
5 - Ses apports à la philosophie, surtout à la philosophie de l’histoire
ORA ET LABORA
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Document 1 : Principaux représentants des Lumières italiennes, classés par ordre chronologique.
- Giambattista Vico (1668-1744)
- Alessandro Pascoli (1669-1757)
- Ludovico Antonio Muratori (1672-1750)
- Pietro Giannone (1676-1748)
- Antonio Schinella Conti (1677-1749)
- Francesco Maria Zanotti (1692-1777)
- Giovanni Francesco Salvemini da Castiglione (1704-1791)
- Antonio Genovesi (1711-1769)
- Francesco Algarotti (1712-1764)
- Ferdinando Galiani (1728-1787)
- Pietro Verri (1728-1797)
- Dalmazzo Francesco Vasco (1732-1794)
- Cesare Beccaria (1738-1794)
- Fransesco Soave (1743-1806)
- Francesco Mario Pagano (1748-1799)
- Gaetano Filangieri (1752-1788)
- Gian Domenico Romagnosi (1761-1835)
Document 2 : Brève biographie de Vico.
1 - La naissance de Giambattista Vico le 23 juin 1668 à Naples
2 - Son père est un petit libraire, avec huit enfants à charge
3 - Des études secondaires au collège des Jésuites à Naples, notamment Giuseppe Ricci
4 - Ses études universitaires de droit et d’histoire
5 - En 1686, il devient précepteur des enfants du marquis de Vatolla
6 - En 1695, il rentre à Naples et ne quittera plus sa ville natale
7 - Ses fréquentations philosophiques parmi les milieux atomistes, dont Paul Mathias Doria
8 - Son mariage, il aura plusieurs enfants
9 - De 1699 à 1741, il est professeur de rhétorique à l’université de Naples
10 - Ses publications universitaires, essentiellement des Discours inauguraux annuels
11 - En parallèle, des publications littéraires plus personnelles, mais surtout littéraires
12 - En 1709, son premier livre de théorisation de la science (La méthode des études de
notre temps)
13 - En 1710, publication de La très ancienne sagesse des Italiens (De antiquissima
Italorum sapientia)
14 - En 1723, première publication de La science Nouvelle
15 - En 1728, publication de son autobiographie à Venise
16 - En 1735, il devient historiographe auprès de Charles VII, nouveau roi de Naples
17 - En 1742, il quitte son poste de professeur, qui sera repris par son fils Gennaro Vico
18 - En 1743, il achève la version définitive de La Science Nouvelle
19 - Sa mort le 23 janvier 1744 à Naples à l’âge de 75 ans
20 - La publication en juillet 1744 de la dernière version de sa Science Nouvelle
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Document 3 : Oeuvres principales de Vico.
Ses principaux ouvrages philosophiques
- De nostri temporis studiorum ratione (1709)
- De antiquissima Italorum sapientia (1710)
- La Scienza nuova - La Science Nouvelle relative à la Nature commune des nations
(1725, 1730, 1744)
Oeuvres secondaires
- Affetti di un desperato (poème en italien)
- Vici Vindiciae (poeme latin)
- Discours inauguraux (dès 1699)
- Vie d'Antonio Carafa (De rebus gestis A. Caraphaei), 1716 (biographie)
- Origine de la poésie et du droit (De constantia jurisprudentis)
- Le Droit universel (Diritto universale, 1720-1721-1722)
- Vie de Giambattista Vico écrite par lui-même (1728)
Document 4 : À gauche, portrait de G.B Vico commandé en 1804 par Carlantonio De Rose, marquis de
Villarose (1762-1847), pour l’Accademia dell'Arcadia à Rome, dont Vico fut un membre. L’auteur du tableau
est méconnu. À droite, portrait de Giambattista Vico au Museo del Risorgimento à Turin.
L’idée claire n’est bonne que pour les mathématiques et pour la physique fondamentale.
Une idée claire est une idée finie ; or, il est bien des domaines dans lesquels je ne peux
avoir d’idée finie : ainsi en est-il de l’idée de ma douleur qui est infinie.
Giambattista Vico (1668-1744)
De antiquissima Italorum sapientia (1710)
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Document 5 : Vico, lecteur critique de Descartes.
§ II. — De la vérité première selon les Méditations de René Descartes.
Les dogmatiques de notre temps révoquent en doute, avant d’entrer dans la
métaphysique, toutes les vérités, non seulement celles qui sont relatives à la vie
pratique, comme les vérités de la morale et de la mécanique, mais aussi les vérités
physiques et même mathématiques. Ils enseignent que la seule métaphysique est celle
qui nous donne une vérité indubitable, et que c’est de que dérivent, comme de leur
source, les vérités secondes par lesquelles se forment les autres sciences. Nulle de ces
vérités qui appartiennent aux autres sciences ne peut se démontrer soi-même, et dans
ces vérités secondes, autre chose est l’âme, autre chose le corps ; elles ne savent rien
avec certitude des sujets dont elles traitent. Ils estiment donc que la métaphysique donne
aux autres sciences le fonds qui leur est propre. Aussi le grand méditateur [1] de cette
philosophie veut que celui qui prétend être initié à ses mystères, se purifie avant
d’approcher, non seulement des croyances apprises, ou, comme on dit, des préjugés
que, depuis l’enfance, il a conçus par les sens, mais encore de toutes les vérités que les
autres sciences lui ont enseignées ; et puisqu’il n’est pas en notre pouvoir d’oublier, il faut
que son esprit soit, sinon comme une table rase, au moins comme un livre fermé qu’il
ouvrira à un jour plus sûr. Ainsi la limite qui sépare les dogmatiques des sceptiques, ce
sera la vérité première que doit nous découvrir la métaphysique de Descartes. Et voici
comment ce grand philosophe nous l’enseigne. L’homme peut révoquer en doute s’il
sent, s’il vit, s’il est étendu, et enfin s’il est : pour le prouver, il a recours à l’hypothèse
d’un génie trompeur qui pourrait nous décevoir, de même que dans les Académiques de
Cicéron un stoïcien, pour prouver la me chose, a recours à une machine et suppose
un songe envoyé par les dieux. Mais il est absolument impossible que personne n’ait
conscience qu’il pense, et que de cette conscience il ne tire pas la certitude qu’il est.
C’est pourquoi Descartes nous fait voir la vérité première dans ceci : Je pense, donc je
suis. Remarquons que le Sosie de Plaute est ainsi amené par Mercure, qui avait pris sa
forme, comme le génie trompeur de Descartes, ou le songe du stoïcien, à douter de sa
propre existence, et ses méditations le conduisent également à acquiescer à cette vérité
première : «Certes, quand je l’envisage et que je reconnais ma figure, c’est comme il
m’est arrivé souvent de regarder dans un miroir, il est bien semblable à moi ; même
chapeau, même habit, tout pareil à moi ; jambe, pied, taille, cheveux, yeux, nez, dents,
lèvres, mâchoires, menton, barbe, cou, tout en un mot ; si le dos est couvert de
cicatrices, c’est la plus ressemblante des ressemblances ; mais pourtant quand je pense,
je suis bien certainement comme j’ai toujours été.»
Mais le sceptique ne doute pas qu’il pense, il avoue même si bien la certitude de ce qui
lui apparaît qu’il la défend par des chicanes ou des plaisanteries ; il ne doute pas qu’il
soit, et c’est dans l’intérêt de son bien-être qu’il suspend son assentiment, de crainte
d’ajouter aux maux de la réalité les maux de l’opinion. Mais s’il est certain de penser, il
soutient que ce n’est que conscience et non pas science, rien autre chose qu’une
connaissance vulgaire qui appartient au plus ignorant, à un Sosie, et non pas ce vrai rare
et exquis dont la découverte exige tant de méditations d’un si grand philosophe. Savoir,
c’est connaître la manière, la forme selon laquelle une chose se fait ; or la conscience a
pour objet ce dont nous ne pouvons démontrer la forme, si bien que dans la pratique de
la vie, quand il s’agit de choses dont nous ne pouvons donner aucun signe, aucune
preuve, nous donnons le témoignage de la conscience. Mais quoique le sceptique ait
conscience qu’il pense, il ignore cependant les causes de la pensée, ou de quelle
manière la pensée se fait ; et il professerait aujourd’hui cette ignorance plus hautement
encore, puisque dans notre religion on professe la séparation de l’âme humaine de toute
corporéité. De là, ces ronces et ces épines s’embarrassent et dont se blessent
mutuellement les plus subtils métaphysiciens de notre temps, quand ils cherchent à
découvrir comment l’esprit humain agit sur le corps et le corps sur l’esprit, attendu qu’il ne
peut y avoir contact qu’entre des corps. Ces difficultés les forcent de recourir (toujours ex
machina) à une loi occulte de Dieu par laquelle les nerfs excitent la pensée lorsqu’ils sont
mis en mouvement par les objets externes, et la pensée tend les nerfs lorsqu’il lui plaît
d’agir. Ils imaginent donc l’âme humaine comme une araignée, immobile au centre de sa
toile ; dès que le moindre fil s’ébranle, l’araignée le ressent ; dès que l’araignée, sans que
la toile remue, pressent la tempête qui approche, elle met en mouvement tous les fils de
la toile. Cette loi occulte, ils l’imaginent parce qu’ils ignorent la manière dont la pensée se
fait : d’où le sceptique se confirmera dans sa croyance qu’il n’y a point de science de la
pensée. Le dogmatique répliquera que le sceptique acquiert par la conscience de sa
pensée la science de l’être, puisque de la conscience de la pensée naît la certitude
inébranlable de l’existence. Et nul ne peut être certain qu’il est, s’il ne fait son être d’une
chose dont il ne puisse douter. C’est pourquoi le sceptique n’est pas certain qu’il est,
parce qu’il ne tire pas cela d’une chose absolument indubitable. Le sceptique répondra
en niant que la conscience de la pensée puisse donner la science de l’être. Car il soutient
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