> Compte-rendu de symposium > De la continuité des soins à la rémission dans les psychoses : intérêt des neuroleptiques injectables à action prolongée L’ intérêt des traitements antipsychotiques dans les psychoses schizophréniques a été largement démontré au cours des 30 dernières années. Aujourd’hui, une des questions qui se pose concernant la prise en charge au long cours de ces patients est l’augmentation du risque de rechute au cours du temps, liée en partie à la diminution de l’observance aux traitements (1) : de 80 % après 7 à 10 jours de traitement, elle n’est plus que de 20 % à 2 ans (2). Un autre point important à souligner, c’est l’intérêt démontré des traitements continus par rapport aux traitements intermittents avec un taux de rechutes moins élevé (3). Pour améliorer la tolérance au traitement et optimiser la compliance, les neuroleptiques à action prolongée (NAP) ont été développés. Les NAP représentent une alternative thérapeutique intéressante aux traitements oraux traditionnels, avec des bénéfices démontrés en termes d’efficacité, de tolérance mais aussi d’alliance thérapeutique. Plusieurs études ont démontré la supériorité des NAP versus les antipsychotiques oraux avec une diminution de la durée des hospitalisations et une réduction de l’incidence des rechutes (4). Les patients ayant été traités par un NAP expriment volontiers leur préférence pour la forme injectable à action prolongée (5). Malheureusement, l’utilisation et l’intérêt des NAP sont encore trop peu abordés dans les différents consensus et recommandations, les réservant à des indica- tions très restreintes (risque de nonobservance, risque de comportements violents en particulier). RisperdalCONSTA LP® constitue une innovation thérapeutique importante pour le traitement au long cours des psychoses, en particulier les psychoses schizophréniques ; véritable innovation technologique sur le plan galénique, c’est le premier antipsychotique atypique à libération prolongée. Après injection intramusculaire, les microsphères de copolymère contenant la rispéridone sont peu à peu dégradées libérant ainsi de façon régulière la rispéridone dans l’organisme (6) ; les données de cinétique relatives à des injections intramusculaires de Risperdal CONSTA® LP toutes les deux semaines indiquent que les concentrations plasmatiques de rispéridone sont stables au cours du temps et les fluctuations plasmatiques sont réduites. Les résultats d’une des grandes études cliniques réalisées avec cette nouvelle forme galénique de la rispéridone, l’étude de Fleischhacker (7) ayant inclus plus de 600 patients schizophrènes, montrent qu’après 1 an de traitement, 65 % des patients traités par rispéridone injectable LP continuent à prendre leur traitement. Les données de cette étude démontrent l’efficacité de RisperdalCONSTA® LP sur le long cours : diminution significative du score total PANSS par rapport à l’état initial (- 8 et - 8,3 points avec respectivement les doses 25 et 50 mg), taux cumulé de réhospitalisa- tion de 18 % au cours des 12 mois de suivi (avec les doses 25 et 50 mg). Ce résultat doit être en regard du taux de rechute plus élevé observé avec les traitements neuroleptiques classiques. La tolérance de RisperdalCONSTA® LP est bonne en comparaison avec les traitements utilisés jusque-là, avec une réduction de la symptomatologie extrapyramidale, une bonne tolérance cardiaque avec des variations minimes du QT et une faible prise de poids (1,72,6 kg). Le solvant pour la préparation de l’injection étant aqueux et de faible volume (2 ml quel que soit le dosage), l’injection est vécue par les patients comme peu ou pas douloureuse. En pratique, il apparaît que RisperdalCONSTA® LP, avec une seule injection toutes les deux semaines, permet un contrôle efficace des symptômes, une bonne tolérance et une amélioration de la qualité de vie des patients, autant d’atouts pour une meilleure observance, des capacités fonctionnelles plus performantes et une meilleure réinsertion professionnelle. ■ Références bibliographiques 1. Gitlin M et al. Am J Psychiatry 2001;158:1835-42. 2. Lam, Weiden et al. In Keith SJ et al. J Clin Psychiatry 2003;64:1308-15. 3. Kane JM. N Engl J Med 1996;334:34-41. 4. Davis JM et al. Drugs 1994;47(5):741-73. 5. Walburn J et al. Br J Psychiatry 2001;179:300-7. 6. Altamura AC et al. Drugs 2003;63(5):493-512. 7. Fleischhacker WW et al. J Clin Psychiatry 2003; 64(10):1250-7. La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 1 - mars 2005 25 > Compte-rendu de Symposium > Entretien avec le Dr Pascal* À propos du concept de rémission * Centre J. Wier-Suresnes. Comment définir la rémission chez des patients psychotiques traités ? Dr Pascal : Il n’y a pas, actuellement, une seule définition de la rémission ; la rémission se définit par une phase au cours de laquelle un patient traité peut reprendre une vie correcte : les symptômes positifs et négatifs sont atténués, les manifestations délirantes sont moins présentes, les hallucinations ont disparu, les contacts avec les autres sont devenus satisfaisants, autant de critères qui permettent au patient de reprendre une place dans la société et de vivre avec plaisir un certain nombre de situations. Mais il faudrait que nous arrivions à mieux définir ce concept de rémission, en particulier pour l’évaluation des traitements. Une question difficile consiste aussi à situer la rémission. On sait qu’il peut exister une discordance entre un psychiatre et son patient : le psychiatre peut considérer son patient comme stabilisé et donc en rémission ; si la question est posée au patient, le réponse est parfois différente. Ainsi, des patients avec une symptomatologie non négligeable se positionnent comme étant en rémission tandis que d’autres, avec très peu de symptômes résiduels, peuvent se sentir encore très handicapés avec des difficultés à se positionner dans 26 la société. La définition de la rémission est donc variable suivant les patients et suivant le moment auquel on se réfère. En quoi la rémission peut-elle devenir un objectif thérapeutique important dans le suivi des patients psychotiques ? Dr Pascal : L’objectif des traitements antipsychotiques aujourd’hui est d’apporter au patient des chances de rémission de plus en plus élevées et des durées de rémission de plus en plus longues. Malheureusement, le concept de la rémission étant assez récent, nous ne disposons pas de nombreuses données. Si l’on réinterroge le sens des grandes cohortes, notamment celle de Ciampi, on s’aperçoit qu’un tiers des patients sont définis comme “stabilisés”, un tiers comme “améliorés” et un tiers comme “aggravés”. Les patients en rémission sont vraisemblablement des patients appartenant aux deux premiers groupes, patients stabilisés et patients améliorés ; mais avec quelle incidence ? Nous ne le savons pas. Nous avons peu de données en particulier sur l’évolution de la symptomatologie positive ; les évolutions négatives sont mieux documentées. La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 1 - mars 2005 Quel est l’apport d’un traitement antipsychotique atypique à libération prolongée chez ces patients psychotiques ? Dr Pascal : La libération prolongée d’un antipsychotique de seconde génération comme la rispéridone semble apporter une meilleure efficacité du produit, probablement liée à la cinétique garantissant des concentrations plus stables qu’avec les traitements per os et au schéma de traitement, avec une injection intramusculaire toutes les deux semaines, intéressant pour faciliter l’observance de nos patients. Mais il nous faut toujours l’adhésion du patient même si la prise de conscience de la maladie peut être variable et fluctuante au cours du temps. Il est vraisemblable que le schéma, une injection toutes les deux semaines, diminue le risque d’erreurs et de non-observance. Certains patients ne sont pas observants, non pas par opposition, mais par difficulté à se situer vis-à-vis de leur traitement, par difficulté d’organisation. Faire venir le patient régulièrement au centre, c’est s’assurer qu’il va bien prendre son traitement et permettre un échange pour savoir comment il va. ■ Pour en savoir plus ■ Adams CE et al. Br J Psychiatry 2001; 179:290-9. ■ Walburn J et al. Br J Psychiatry 2001;179: 300-7. ■ Muller C, Ciompi L. The relationship between anamnestic factors and the course of schizophrenia. Compr Psychiatry. 1976,17(3):387-93.