Préparation au concours d’attaché territorial Fiche de Connaissances Marchés et structures de marchés Économie contemporaine - Avril 2011 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial NOTION DE MARCHE n QU’EST-CE QU’UN MARCHÉ ? En «économie de marché», le prix d’un bien (ou d’un actif) se forme par confrontation de l’offre et de la demande de ce bien (ou de cet actif). Définition De manière générale, le marché d’un bien ou d’un actif est l’ensemble des institutions et des mécanismes qui permettent de faire se rencontrer les demandes solvables et les offres de ce bien ou de cet actif. Il est important d’observer qu’un marché n’est pas nécessairement localisé en un lieu précis. 2 exemples pour illustrer le propos : - le marché des changes n’est pas localisé en un pays déterminé, Il est constitué d’un réseau de communication entre des établissements bancaires localisés en une multitude de points autour de la planète. - le marché des véhicules automobiles d’occasion n’a pas d’implantation spatiale définie. Il est constitué de moyens de collecte et de diffusion de l’information (Argus) fournissant aux acheteurs et aux vendeurs potentiels, une information précise sur le niveau de prix moyen pratiqué pour chaque type de véhicule. Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 1 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial n QUELS SONT LES PRINCIPAUX MARCHÉS ? Outre les marchés portant sur les biens et les services, les principaux autres marchés sont : Ÿle marché du travail sur lequel la confrontation de l’offre de travail des travailleurs (c’est-à-dire la demande d’emploi des entreprises) et la demande de travail des travailleurs (= l’offre d’emploi des entreprises) détermine le taux de salaire, Ÿle marché monétaire qui réalise la confrontation de l’offre de monnaie (contrôlée par la banque centrale) et de la demande de monnaie et de crédit émanant de la clientèle des banques, Ÿles marchés financiers qui permettent la confrontation des offres et des demandes de capitaux des agents et déterminent les prix des actifs financiers (notamment des actions et des obligations), Ÿles marchés des changes sur lesquels les monnaies s’échangent entre elles (par exemple : échanges de dollars contre euros) et sur lesquels se déterminent les taux de change (exemple : le cours de l’euro en dollar). Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 2 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial n QU’APPELLE-T-ON ÉCONOMIE DE MARCHÉ ? Par extension, on appelle économie de marché un système économique qui s’organise autour du marché et qui repose principalement sur les lois du marché et, en particulier, celle de l’offre et de la demande, pour réguler les activités économiques. Selon Adam SMITH, philosophe et économiste classique, l’économie de marché tend spontanément à s’autoréguler, grâce au jeu de la «main invisible». Grâce aux «lois du marché», les comportements égoïstes des individus, dictés par la seule considération de leurs intérêts personnels sont rendus compatibles, conduisant ainsi, à l’insu de chacun et indépendamment de sa volonté, à une certaine harmonie sociale. En d’autres termes, la confrontation des intérêts individuels mène naturellement à la concurrence, et cette dernière conduit les individus à produire ce qui est le plus lucratif, donc ce qui est le plus demandé, c’est-à-dire ce dont la société a besoin. En outre, s’il advenait qu’un individu dispose à un moment donné d’une position dominante et qu’il tente d’en profiter en faisant monter les prix, des concurrents tout aussi avides que lui profiteront de ces prix majorés pour pénétrer le marché en vendant un peu moins cher que lui. Plus généralement, pour A. Smith, la «main invisible» du marché, grâce aux mécanismes des prix, oriente les ressources vers les usages les plus utiles pour la société, car ce sont aussi ceux qui sont les plus rentables. Elle règle avec justesse le niveau des prix, celui des revenus, ainsi que les quantités produites. Adam Smith 1723-1790 Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 3 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial LOI DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE n NOTION DE PRIX D’ÉQUILIBRE ET LOI DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE Dans la confrontation de l’offre et de la demande qui caractérise tout marché, les offreurs et les demandeurs adoptent un comportement que l’analyse économique suppose être rationnel. Les consommateurs affectent leur revenu à différents achats possibles de manière à maximiser leur satisfaction, tandis que les offreurs (c’est-à-dire les producteurs) utilisent les ressources productives (travail, capital, ressources naturelles), de sorte à maximiser leurs profits, compte tenu de la demande et des coûts de production. De manière formelle, un marché d’un bien peut être représenté graphiquement par la confrontation de la courbe d’offre et de la courbe de demande de ce bien. Prix du bien (p) w A p1 pe w* p0 >D OO > D B Offre du bien E D C D>O Demande du bien O=D Offre et demande du bien Figure : la loi de l’offre et de la demande Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 4 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial La courbe d’offre indique la quantité du bien que les offreurs sont prêts à vendre pour chaque niveau de prix, tandis que la courbe de demande montre la quantité du bien que les demandeurs sont disposés à acheter pour chaque niveau de prix. De manière évidente, l’offre augmente avec le prix (les entreprises sont disposées à produire et commercialiser de plus grandes quantités quand le prix s’élève), tandis que la demande décroît avec le prix (le consommateur tend à réduire ses achats quand le bien devient plus onéreux). La loi de l’offre et de la demande énonce tout simplement : - que lorsqu’à un niveau de prix donné l’offre est excédentaire par rapport à la demande, le prix baisse, - si au contraire la demande dépasse l’offre, le prix augmente. Il en résulte un mécanisme d’ajustement qui conduit le marché à atteindre un point d’équilibre (point E), pour lequel l’offre égalise la demande. Par exemple, sur le graphique, au niveau du prix p1, l’offre (égale à l’abscisse du point B) dépasse la demande (abscisse du point A). Cet excès de l’offre sur la demande fait baisser le prix en direction du prix d’équilibre (pe). On observera que cette baisse se poursuit tant que le déséquilibre existe et que le déséquilibre offre/demande persiste tant que le prix n’a pas atteint le niveau pe. Inversement, au niveau de prix p0, la demande (abscisse du point D) excède l’offre (abscisse du point C), d’où une hausse de prix qui converge vers pe. Ainsi, selon les caractéristiques que présente le marché et en particulier en fonction du nombre des offreurs et demandeurs, on distingue différents types de marchés : - marché de concurrence pure et parfaite, - monopole, oligopole, concurrence monopolistique, etc. Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 5 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial MARCHE DE CONCURRENCE PURE ET PARFAITE n DÉFINITION La concurrence pure et parfaite est une structure de marché que l’on ne rencontre pas dans la réalité. Tout au plus s’en approche-t-on. Elle sert cependant de référence et de norme pour l’analyse d’autres structures de marché et pour la politique de la concurrence de l’État. Il s’agit, en d’autres termes, d’une sorte d’idéal théorique vers lequel il convient d’aller. Celuici a été bien décrit par les économistes classiques et néo-classiques, qui ont argumenté l’idée selon laquelle, dans ce contexte, l’offre et la demande tendent à s’ajuster l’une à l’autre pour le plus grand avantage des consommateurs. La caractéristique majeure de la concurrence pure et parfaite est que ni les acheteurs, ni les vendeurs ne peuvent exercer individuellement ou collectivement une action sur le prix. À cet effet, 5 conditions sont requises : 1 - L’atomicité du marché À l’image des atomes qui composent la matière (très petits et en très grand nombre), les offreurs (entreprises) et les demandeurs (ménages, entreprises, administrations) sont supposés être infiniment nombreux, de telle sorte qu’aucun d’eux, pris individuellement, n’a de pouvoir ou d’influence sur le marché par les décisions qu’il prend. Dans cette situation, aucune entreprise n’a de «pouvoir de marché», c’est-à-dire la capacité d’influencer le prix du marché en modifiant son offre. Identiquement et pour la même raison, aucun consommateur n’a la capacité d’agir sur le prix en modifiant sa demande. En outre, les agents n’ont pas non plus la capacité d’agir sur le prix en concluant des ententes entre eux, car en raison de leur très grand nombre, les coûts de communication et de coordination sont prohibitifs. Par conséquent, le prix qui résulte des décisions de tous les offreurs et de tous les demandeurs s’impose à chacun d’eux comme une donnée sur laquelle ils n’ont aucune prise et à laquelle ils ne peuvent que s’adapter au mieux. Cette absence de capacité d’influence et de cartellisation garantit qu’il ne peut exister de position dominante, ni, par conséquent, d’abus de position dominante. 2 - L’homogénéité du produit Sur le marché considéré, chaque firme particulière fournit un bien que les consommateurs considèrent comme identique à celui offert par les autres firmes intervenant sur le marché (absence de différenciation). Ce qui signifie que le choix des consommateurs d’acquérir le produit d’une firme plutôt que celui d’une autre est guidé exclusivement par le prix et non par des différences de qualités (ou par tout autre caractéristique du produit). Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 6 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial 3 - La libre entrée sur le marché (et libre sortie) Quiconque veut s’adonner à une certaine production peut le faire librement, sans aucune restriction. Cette liberté d’entrée s’accompagne aussi d’une liberté de sortie. Chaque entreprise est supposée pouvoir se retirer du marché sans contrainte institutionnelle ni financière. Par conséquent toute entreprise doit pouvoir entrer et sortir du marché sans avoir à supporter des coûts irrécupérables (tels que des dépenses de publicité destinées à se faire connaître, des pertes en capital lors de la revente du matériel, etc.). Si cette hypothèse est respectée, on dit que le marché est fluide. 4 - La transparence du marché Un marché est qualifié de transparent si tous les acteurs ont une parfaite information sur les produits, les quantités offertes et demandées, les prix, les conditions de vente, etc. Pour que cela soit possible, l’information doit être gratuite et accessible à tout le monde. Internet, en diffusant une large information sur les produits, leurs prix (sites comparateurs de prix), la disponibilité, ... permet de se rapprocher de cette condition. 5 - La mobilité des facteurs de production La mobilité implique que les facteurs de production (travail et capital) puissent se déplacer d’un secteur de production à un autre. Pour le facteur travail, la mobilité est à la fois géographique (pouvoir se déplacer d’une ville ou d’une région à une autre) et professionnelle (pouvoir de changer d’activité professionnelle, passer d’un emploi à un autre). Attention ! Si l’une des 5 conditions n’est pas remplie, la concurrence est impure ou imparfaite. Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 7 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial n LA FORMATION DU PRIX EN CONCURRENCE PURE ET PARFAITE En situation de concurrence pure et parfaite, il importe de distinguer ce qui se passe : - au niveau de l’industrie constituée de l’ensemble de toutes les entreprises qui produisent un bien donné, - au niveau de chacune d’elles. Au niveau de l’industrie, le prix est déterminé par l’égalisation de l’offre et de la demande totale du bien. Ce niveau de prix conduit chaque firme de l’industrie à développer individuellement sa production jusqu’à ce que le coût marginal (c’est-à-dire le coût engagé pour la production additionnelle) égalise sa recette marginale. C’est en effet la condition pour que l’entreprise maximise son profit. Ceci est vrai quelle que soit la structure de marché (concurrence pure et parfaite, monopole, oligopole, etc.). Aussi longtemps que la recette procurée par la production d’une unité supplémentaire est plus grande que ce que coûte cette unité additionnelle (autrement dit, tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal), l’entreprise a intérêt à produire cette unité supplémentaire (donc à accroître sa production), puisque cela lui rapporte plus que cela ne lui coûte. Inversement, si la recette marginale devait être inférieure au coût marginal, l’entreprise aurait intérêt à réduire sa production. En règle générale, la condition de maximisation du profit est donc l’égalité entre le coût marginal et la recette marginale. Cependant, en concurrence pure et parfaite, la recette marginale est égale au prix de marché du bien puisque celui-ci est une donnée (constante) qui s’impose à la firme. Plus clairement, ce que rapporte la vente d’une unité supplémentaire c’est le prix de cette unité et ce prix est indépendant de la production de l’entreprise. Donc, en concurrence pure et parfaite, on a nécessairement l’égalité : recette marginale = coût marginal = prix du marché Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 8 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial p Au niveau de l’industrie Au niveau de la firme Figure : la concurrence pure et parfaite Sur le graphique : - la partie gauche représente la formation du prix au niveau de l’ensemble de l’industrie, par égalisation de l’offre et de la demande totale du bien, - la partie droite montre comment une entreprise particulière adapte sa production au prix de marché. En supposant que les firmes (qui sont toutes de très faible taille) ont des structures de coût quasiment identiques et que les entrepreneurs soient également efficients, si le prix de marché était plus élevé que le coût total moyen de chaque firme, alors celle-ci ferait des profits «anormaux», c’est-à-dire supérieurs à ceux justes suffisants pour les inciter à poursuivre leur activité et ne pas sortir du marché. Il y aurait donc des entrées de nouvelles entreprises dans le secteur, attirées par ces profits supra-normaux, ce qui contribuerait finalement à long terme à faire baisser le prix, jusqu’à ce que les entrées cessent, donc jusqu’à ce que le prix égalise le coût total moyen des firmes en place. Pour chaque firme, on a donc, à long terme, l’égalité : recette marginale = coût marginal = prix du marché = coût total moyen Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 9 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial En pratique, la supposition d’homogénéité des firmes (identité de leurs structures de coût et même efficience de tous les entrepreneurs) est totalement irréaliste. Par conséquent, même sur un marché concurrentiel, il existe des firmes qui font des profits supra-normaux, alors que d’autres obtiennent juste le profit normal. La concurrence pure et parfaite correspond à un situation idéale dans laquelle l’économie fonctionne avec un maximum d’efficience, pour le plus grand avantage des consommateurs (le prix qu’ils paient est le prix le plus bas pour lesquelles les entreprises sont disposées à produire), pour lequel les entreprises égalisent leur recette marginale et leur coût marginal (et donc maximisent leur profit) et dans lequel il ne peut y avoir de mauvais usage du pouvoir économique, puisque les agents n’ont, par hypothèse même, aucun pouvoir. Cependant cet univers de concurrence pure et parfaite n’a rien à voir avec la réalité (si ce n’est, éventuellement, comme référence vers laquelle il faudrait tendre). Le monde réel est plutôt celui de monopoles ou d’oligopoles dans lequel les firmes disposent d’un pouvoir de marché. Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 10 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial LE MONOPOLE ET SES DIFFERENTS TYPES n MONOPOLE - DÉFINITION Une entreprise est en situation de monopole si elle contrôle l’offre d’un produit qui n’a pas de substitut étroit. L’élasticité croisée de la demande entre son produit et les autres produits est faible. À défaut, en effet, le monopoleur subirait la concurrence d’autres produits substituables au sien. Dans ces conditions, le monopole prend des décisions concernant à la fois le prix et la quantité offerte, mais il ne peut pas contrôler souverainement à la fois le prix et les quantités demandées, dans la mesure où il doit tenir compte des réactions des consommateurs. La grande différence avec le cas précédent est que la distinction entre la firme et l’industrie disparaît. La détermination du prix en situation de monopole est décrite par le schéma suivant : Figure : le monopole Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 11 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial Sur le graphique, la droite représentative de la demande du bien (droite DD’) correspond à la recette moyenne du monopole, puisque toute la demande du bien s’adresse uniquement au monopoleur. L’entreprise en monopole maximise son profit en égalisant sa recette marginale et son coût marginal (qui se coupent au point N). Elle offre donc un volume égal à Q. Le prix est déterminé par la confrontation de l’offre égale à Q et de la fonction de demande. Il s’établit donc en P (il est égal à OL). À ce niveau de prix, le monopole réalise une recette totale égale au prix multiplié par la quantité vendue (soit la surface OQPL). Le coût total de production est égal au coût moyen multiplié par la quantité offerte (soit OQTS). Vendant à un prix P supérieur au coût moyen (point T), le monopole réalise donc un profit égal à LPTS. Ce profit est maximum, puisqu’au niveau de production Q, la recette marginale égalise le coût marginal. On constate que, contrairement au cas de la concurrence pure et parfaite, en monopole, le prix (P) ne coïncide pas avec le coût marginal (N). On utilise d’ailleurs cet écart comme indicateur du degré (ou du pouvoir) de monopole dont dispose la firme. Abba Lerner mesure ce pouvoir de monopole à l’aide de l’indicateur : Degré de monopole = P-C P où P est le prix et C le coût marginal (correspondant au point M sur la figure). Sur la figure de la page précédente, le degré de monopole est égal à LM/OL. On observera cependant que monopole et concurrence ne s’opposent pas comme feu et eau. Comme l’ont bien montré en 1982, W.J. Baumol, J.C. Panzar et R.D.Willig avec la théorie des «marchés contestables» le monopoleur subit toujours la menace d’une concurrence liée à l’entrée possible de nouvelles entreprises, attirées par la perspective de profits supranormaux. Même s’il n’a pas de concurrents directs actuels, le monopoleur ne peut pas augmenter son prix au-delà d’un certain niveau sans risquer de susciter de nouvelles entrées (théorie du prix limite). Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 12 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial Qu’est-ce qu’un marché contestable (Contestable Markets) ? Ø Un marché est dit contestable si les conditions suivantes sont satisfaites : Ÿ L’entrée sur le marché est libre, gratuite, et absolue : pas de barrières juridiques, technologiques, ni financières ; l’entrée est immédiate (l’entreprise monopoleur n’a pas de temps pour réagir) et l’entreprise entrante est en position d’égalité avec l’entreprise ancienne (l’accès égal aux moyens de production, au savoir-faire ; les consommateurs peuvent choisir librement). Ÿ La sortie du marché est libre et sans coût. Cette condition est importante. En effet, l’entrée sur le marché de nouvelles firmes est d’autant plus facile qu’elles ont aussi la possibilité d’en sortir sans trop de contrainte ni de coûts. Ceci implique par exemple : - qu’il n’existe pas de restrictions d’ordre juridique au désengagement (licenciement, fermeture de l’entreprise), - que compte tenu des caractéristiques technologiques de l’activité concernée, les investissements ne soient pas irrévocables (qu’il soit possible de désinvestir sans coût excessif), - que les coûts fixes soient recouvrables (qu’ils puissent être récupérés à la sortie du marché, moins l’usure), donc pas de coûts irrécupérables (sunk costs). La firme, par exemple, doit pouvoir revendre ses actifs si elle décide de cesser son activité. Ÿ L’absence d’inertie des consommateurs. Pour que la concurrence potentielle joue pleinement, encore faut-il que les consommateurs prennent leur décision principalement en fonction du critère du prix et qu’ils ne témoignent pas d’une trop grande inertie (attachement à une marque, fidélité à un fournisseur «historique» par exemple) qui l’amène à continuer à acheter – pendant un certain temps – à son fournisseur habituel même si son prix est plus élevé. Ÿ L’existence d’entreprises désirant entrer sur le même marché. Ces conditions encouragent le comportement d’ «entrée fugitive» (Hit and Run behaviour) : l’entreprise entre sur le marché pour une période courte uniquement pour récupérer le profit et se retire immédiatement après. Ø Le fonctionnement d’un marché parfaitement contestable La simple pression exercée par la possibilité d’entrée (concurrence potentielle) maintient les prix et les profits à un niveau relativement bas même en l’absence de concurrence au sens classique (grand nombre d’entreprises). Si le monopoleur fait un profit important sur un marché contestable, une entreprise concurrentielle entre sur le marché, propose un prix plus bas, du coup l’entreprise originelle subit des pertes, doit baisser les prix, et le concurrent se retire (hit and run). Donc le monopoleur va maintenir les prix au niveau du coût moyen. Son sur-profit est donc théoriquement nul. Le marché est parfaitement concurrentiel sans un grand nombre de concurrents. Résumé Un monopoleur peut d’autant plus facilement fixer un prix élevé que son marché est peu contestable (c’est-à-dire qu’il existe des barrières institutionnelles ou financières à l’entrée) et qu’il a affaire à une demande peu élastique. Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 13 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial n LES TYPES DE MONOPOLE Ÿ Monopsone De même qu’un producteur peut contrôler l’offre d’un bien, un acheteur unique d’un bien peut contrôler la demande de ce produit. On dit alors qu’il y a monopsone. Dans ce cas, c’est l’acheteur qui dispose du pouvoir de contrôler le prix. La conséquence est qu’en monopsone, les quantités achetées sont plus faibles et le prix est moins élevé qu’en concurrence pure et parfaite. En outre, l’acheteur réalise des sur-profits. Cependant, à l’image du monopoleur, le monopsoneur peut également être amené à pratiquer un prix-limite plus élevé pour éviter la menace d’une concurrence potentielle issue de l’apparition de nouveaux acheteurs attirés par des profits élevés. Ÿ Monopole bilatéral Le cas d’un vendeur unique confronté à un acheteur unique caractérise un monopole bilatéral. Cette situation s’applique, par exemple, dans le cas de relations entre deux États qui dirigeraient chacun totalement les échanges des produits qu’ils exportent. Il peut aussi s’appliquer en matière salariale à la négociation entre un syndicat ouvrier et un syndicat patronal. Dans cette situation, le vendeur comme l’acheteur dispose d’un pouvoir de marché qui s’oppose à celui du co-échangiste. Chacun cherche à faire prévaloir ses intérêts. Cependant le risque est qu’il n’y ait aucun échange si l’un ou l’autre affirme des prétentions excessives. Ceci conduit chacun à procéder à un marchandage à l’intérieur d’une zone dite «de contrats possibles», délimitée par un prix minimal pour lequel le vendeur ne réaliserait aucun profit et un prix maximal pour lequel le profit de l’acheteur disparaîtrait. Le niveau effectif du prix à l’intérieur de cette zone d’indétermination dépend des forces contractuelles respectives des deux partenaires, qui dépendent elles-mêmes de plusieurs facteurs : - capacité de stockage pour le vendeur, - capacité d’attendre pour l’acheteur, - ressources de trésorerie de l’un et de l’autre, - savoir faire en matière de marchandage, etc. Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 14 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial Ÿ Monopole discriminant Le monopole discriminant correspond au cas d’un monopoleur qui serait en position d’offrir le bien à divers acheteurs (ou groupes d’acheteurs) à des prix différents. Ceci suppose que le monopoleur ait une maîtrise totale du marché et que celui-ci soit parfaitement segmenté de sorte qu’il n’y ait pas possibilité de communication entre les différents secteurs du marché et, en particulier, qu’il n’y ait pas possibilité de revente entre les acheteurs sur lesquels porte la discrimination. Une forme importante de discrimination est d’ordre géographique, notamment entre le marché domestique et les marchés extérieurs. Afin de conquérir des marchés à l’exportation, une entreprise peut être tentée de vendre à l’exportation à un prix minoré, inférieur à celui appliqué sur le marché domestique en tirant avantage par exemple d’un tarif douanier ou de restrictions aux importations qui protègent le marché national. Il s’agit là du dumping, pratique prédatrice qui vise à éliminer (ou réduire la concurrence extérieure). À terme, le dumping peut s’avérer préjudiciable aux consommateurs, l’entreprise pouvant ensuite majorer plus facilement les prix lorsqu’elle est effectivement parvenue à détruire la concurrence extérieure. Attention ! Pour cette raison et parce qu’il est déloyal, le dumping est interdit par les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce. Ÿ Oligopole L’oligopole correspond à une structure de marché dans laquelle des entreprises, en général peu nombreuses, sont stratégiquement interdépendantes. La demande qui s’adresse à chacune est élastique de sorte que l’oligopoleur peut augmenter ses ventes en abaissant son prix. En revanche, l’entreprise en concurrence oligopolistique ne tient pas simplement compte de la réaction des consommateurs pour déterminer son prix. Il doit aussi prendre en considération les réactions de ses rivaux. Les ventes de chaque firme dépendent à la fois de ses choix en matière de prix, mais aussi des choix effectués par les autres. . Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 15 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial Traditionnellement, on distingue plusieurs formes d’oligopole, selon que les concurrents privilégient la coopération ou le conflit. Sur cette base on peut distinguer : L’ «oligopole coordonné» encore appelé «oligopole en paix» Les oligopoleurs privilégient la coopération, c’est-à-dire la concertation au niveau de leurs choix de prix et/ou de quantité et la recherche du profit conjoint. La forme la plus pure de coordination parfaite est celle du cartel dans lequel le prix ainsi que les volumes de production sont fixés collectivement tant au niveau de l’industrie tout entière et pour chacune des firmes membres du cartel, afin de maximiser les profits joints de l’ensemble du groupe. Exemple : le cartel international du pétrole formé par les sept principales compagnies pétrolières. Ce cartel a contrôlé le marché mondial jusqu’à la reprise en main de celui-ci par l’OPEP. Une forme plus souple d’oligopole coordonné est celle de la collusion dans laquelle les firmes se mettent d’accord explicitement ou implicitement sur un niveau de prix suffisamment rémunérateur, mais qui limite, par exemple, la possibilité de nouvelles entrées. La répartition des marchés peut alors se faire soit au terme d’un accord explicite ou tacite entre les firmes, soit être laissé au choix des consommateurs. L’ «oligopole non coordonné» ou «oligopole en guerre» En ce cas, les firmes privilégient l’antagonisme, la recherche de l’élimination du concurrent. Chacune s’efforce d’accroître sa part de marché au détriment des autres, en pratiquant la guerre des prix. L’ «oligopole en trêve» Entre ces deux extrêmes, se situe toute une gamme de contextes intermédiaires, dans lesquels, tacitement, les compétiteurs renoncent à se battre sur les prix ou, éventuellement, se coordonnent partiellement, par exemple en s’alignant de facto au niveau des prix sur les choix effectués par l’une d’entre elles qui joue alors le rôle de «firme barométrique». Une firme barométrique est une firme qui «commande l’adhésion de ses rivaux à son prix « (J. Stigler). Le plus souvent, ce choix collectif est effectué de manière tacite, sans qu’aucun accord collusif explicite ait été conclu. Ce type de situation a prévalu, par exemple, pendant la plus grande partie du XXe siècle (jusqu’à la fin des années 1970) sur le marché mondial de l’aluminium. Sur ce marché, le prix de l’alumine et de l’aluminium pratiqué par les six principales compagnies, qui contrôlaient alors l’essentiel de la production à l’échelle mondiale, était systématiquement aligné sur celui adopté par ALCOA (Aluminium Company of America). Cette société a ainsi joué le rôle de leader sans être d’ailleurs, l’entreprise la plus puissante de ce secteur. Il en allait de même d’American Viscose dans l’industrie de la rayonne ou de Phelps Dodge dans l’industrie du cuivre. Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 16 / 17 Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés Fiche de Connaissances Préparation au concours d’attaché territorial n LA CONCURRENCE MONOPOLISTIQUE Sous cette expression, Edward Hastings Chamberlin (1927) suggère l’idée que le monopole et la concurrence, loin d’être opposés l’un à l’autre ou de constituer des types alternatifs, peuvent constituer des forces parfaitement compatibles. Dans la pratique, en effet, les situations de concurrence concrètement observables mêlent intimement les influences concurrentielles et les influences monopolistiques. Cette idée est également à la base du concept de marché contestable lié à la concurrence potentielle de nouveaux entrants. E.H Chamberlin, plus d’un demi-siècle plus tôt, a montré que même en situation de concurrence, il existe des forces de monopole, liées notamment à la différenciation des produits. Il y a différenciation du produit, si dans l’esprit du consommateur le produit d’une firme n’est pas un substitut parfait du produit d’une autre firme qui se livre à la même activité que la première. Cette différentiation peut tenir à des qualités intrinsèques au produit, mais aussi à la marque, l’image de marque, etc. En prenant en compte les stratégies de différenciation des produits, Chamberlin généralise considérablement Edward H. Chamberlin l’analyse des structures de marché et fait de la 1899-1967 concurrence pure et parfaire et du monopole deux cas particuliers, deux situations extrêmes au sein d’un spectre de situations beaucoup plus large. Le caractère limite de la concurrence pure et parfaite, comme du monopole tient au fait que l’une comme l’autre suppose un bien parfaitement homogène. Dans la réalité, il en va différemment. Grâce à la différenciation de son produit, même si elle est en concurrence avec une multiplicité d’autres entreprises et même s’il y a libre entrée dans l’industrie, chaque firme acquiert un pouvoir de marché. En effet, en raison de la différenciation, contrairement à ce qui se passe en concurrence pure et parfaite, chaque firme n’est pas confrontée à un prix sur lequel elle ne peut agir, ni à une demande infiniment élastique. Elle fait face au contraire à une fonction de demande décroissante dotée d’une certaine élasticité. Autrement dit, lorsqu’elle augmente son prix, elle ne perd pas la totalité de sa demande car la variété du bien qu’elle produit possède des caractéristiques spécifiques qui fidélisent sa clientèle pour laquelle le prix n’est pas le seul déterminant des décisions d’achat. Ceci permet à la firme de se comporter un peu comme si elle était en situation de monopole : il lui est possible d’abaisser ou d’augmenter son prix sans que cela incite ses concurrents à la suivre, puisque chacun d’eux offre un bien qui n’est pas parfaitement substituable à celui des autres. Par conséquent, ces dernières ne seront que modérément affectées par le changement de prix initié par la première. Cette forme particulière de concurrence justifie la dénomination de ce type de marché : - concurrentiel car il existe un grand nombre de firmes et l’entrée sur le marché est libre, - monopolistique car chaque firme a le monopole de la variété qu’elle produit. En outre, les firmes peuvent se battre non seulement au niveau des prix, mais également par d’autres moyens, tels que la publicité, le packaging, ... pour tenter de renforcer leurs positions commerciales. Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011 17 / 17