Marchés et structures de marchés

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Préparation au concours d’attaché territorial
Fiche de Connaissances
Marchés et
structures de
marchés
Économie contemporaine - Avril 2011
Économie contemporaine - Marchés et structures de marchés
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NOTION DE MARCHE
n QU’EST-CE QU’UN MARCHÉ ?
En «économie de marché», le prix d’un bien (ou d’un actif) se forme par confrontation de
l’offre et de la demande de ce bien (ou de cet actif).
Définition
De manière générale, le marché d’un bien ou d’un actif est l’ensemble des institutions
et des mécanismes qui permettent de faire se rencontrer les demandes solvables et
les offres de ce bien ou de cet actif.
Il est important d’observer qu’un marché n’est pas nécessairement localisé en un lieu précis.
2 exemples pour illustrer le propos :
- le marché des changes n’est pas localisé en un pays déterminé,
Il est constitué d’un réseau de communication entre des
établissements bancaires localisés en une multitude de
points autour de la planète.
- le marché des véhicules automobiles d’occasion n’a pas d’implantation spatiale définie.
Il est constitué de moyens de collecte et de diffusion de
l’information (Argus) fournissant aux acheteurs et aux
vendeurs potentiels, une information précise sur le niveau
de prix moyen pratiqué pour chaque type de véhicule.
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n QUELS SONT LES PRINCIPAUX MARCHÉS ?
Outre les marchés portant sur les biens et les services, les principaux autres marchés
sont :
Ÿle marché du travail sur lequel la confrontation de l’offre de travail des travailleurs
(c’est-à-dire la demande d’emploi des entreprises) et la demande de travail des
travailleurs (= l’offre d’emploi des entreprises) détermine le taux de salaire,
Ÿle marché monétaire qui réalise la confrontation de l’offre de monnaie (contrôlée
par la banque centrale) et de la demande de monnaie et de crédit émanant de la
clientèle des banques,
Ÿles marchés financiers qui permettent la confrontation des offres et des demandes
de capitaux des agents et déterminent les prix des actifs financiers (notamment
des actions et des obligations),
Ÿles marchés des changes sur lesquels les monnaies s’échangent entre elles (par
exemple : échanges de dollars contre euros) et sur lesquels se déterminent les taux
de change (exemple : le cours de l’euro en dollar).
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n QU’APPELLE-T-ON ÉCONOMIE DE MARCHÉ ?
Par extension, on appelle économie de marché un système économique qui s’organise
autour du marché et qui repose principalement sur les lois du marché et, en particulier, celle
de l’offre et de la demande, pour réguler les activités économiques.
Selon Adam SMITH, philosophe et économiste classique, l’économie de marché tend
spontanément à s’autoréguler, grâce au jeu de la «main invisible». Grâce aux «lois du
marché», les comportements égoïstes des individus, dictés par la seule considération de
leurs intérêts personnels sont rendus compatibles, conduisant ainsi, à l’insu de chacun et
indépendamment de sa volonté, à une certaine harmonie sociale.
En d’autres termes, la confrontation des intérêts individuels mène naturellement à la
concurrence, et cette dernière conduit les individus à produire ce qui est le plus lucratif,
donc ce qui est le plus demandé, c’est-à-dire ce dont la société a besoin.
En outre, s’il advenait qu’un individu dispose à un moment donné d’une position dominante
et qu’il tente d’en profiter en faisant monter les prix, des concurrents tout aussi avides que
lui profiteront de ces prix majorés pour pénétrer le marché en vendant un peu moins cher que
lui. Plus généralement, pour A. Smith, la «main invisible» du marché, grâce aux mécanismes
des prix, oriente les ressources vers les usages les plus utiles pour la société, car ce sont aussi
ceux qui sont les plus rentables. Elle règle avec justesse le niveau des prix, celui des revenus,
ainsi que les quantités produites.
Adam Smith
1723-1790
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LOI DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE
n NOTION DE PRIX D’ÉQUILIBRE ET LOI DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE
Dans la confrontation de l’offre et de la demande qui caractérise tout marché, les offreurs
et les demandeurs adoptent un comportement que l’analyse économique suppose être
rationnel. Les consommateurs affectent leur revenu à différents achats possibles de manière
à maximiser leur satisfaction, tandis que les offreurs (c’est-à-dire les producteurs) utilisent
les ressources productives (travail, capital, ressources naturelles), de sorte à maximiser leurs
profits, compte tenu de la demande et des coûts de production.
De manière formelle, un marché d’un bien peut être représenté graphiquement par la
confrontation de la courbe d’offre et de la courbe de demande de ce bien.
Prix du bien (p)
w
A
p1
pe
w*
p0
>D
OO >
D
B
Offre du bien
E
D
C
D>O
Demande du bien
O=D
Offre et demande du bien
Figure : la loi de l’offre et de la demande
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La courbe d’offre indique la quantité du bien que les offreurs sont prêts à vendre pour
chaque niveau de prix, tandis que la courbe de demande montre la quantité du bien que
les demandeurs sont disposés à acheter pour chaque niveau de prix. De manière évidente,
l’offre augmente avec le prix (les entreprises sont disposées à produire et commercialiser de
plus grandes quantités quand le prix s’élève), tandis que la demande décroît avec le prix (le
consommateur tend à réduire ses achats quand le bien devient plus onéreux).
La loi de l’offre et de la demande énonce tout simplement :
- que lorsqu’à un niveau de prix donné l’offre est excédentaire par rapport à la demande,
le prix baisse,
- si au contraire la demande dépasse l’offre, le prix augmente.
Il en résulte un mécanisme d’ajustement qui conduit le marché à atteindre un point d’équilibre
(point E), pour lequel l’offre égalise la demande.
Par exemple, sur le graphique, au niveau du prix p1, l’offre (égale à l’abscisse du point B)
dépasse la demande (abscisse du point A). Cet excès de l’offre sur la demande fait baisser le
prix en direction du prix d’équilibre (pe). On observera que cette baisse se poursuit tant que
le déséquilibre existe et que le déséquilibre offre/demande persiste tant que le prix n’a pas
atteint le niveau pe.
Inversement, au niveau de prix p0, la demande (abscisse du point D) excède l’offre (abscisse
du point C), d’où une hausse de prix qui converge vers pe.
Ainsi, selon les caractéristiques que présente le marché et en particulier en fonction du
nombre des offreurs et demandeurs, on distingue différents types de marchés :
- marché de concurrence pure et parfaite,
- monopole, oligopole, concurrence monopolistique, etc.
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MARCHE DE CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
n DÉFINITION
La concurrence pure et parfaite est une structure de marché que l’on ne rencontre pas dans
la réalité. Tout au plus s’en approche-t-on. Elle sert cependant de référence et de norme pour
l’analyse d’autres structures de marché et pour la politique de la concurrence de l’État. Il
s’agit, en d’autres termes, d’une sorte d’idéal théorique vers lequel il convient d’aller. Celuici a été bien décrit par les économistes classiques et néo-classiques, qui ont argumenté l’idée
selon laquelle, dans ce contexte, l’offre et la demande tendent à s’ajuster l’une à l’autre pour
le plus grand avantage des consommateurs.
La caractéristique majeure de la concurrence pure et parfaite est que ni les acheteurs, ni les
vendeurs ne peuvent exercer individuellement ou collectivement une action sur le prix.
À cet effet, 5 conditions sont requises :
1 - L’atomicité du marché
À l’image des atomes qui composent la matière (très petits et en très grand nombre), les offreurs
(entreprises) et les demandeurs (ménages, entreprises, administrations) sont supposés être
infiniment nombreux, de telle sorte qu’aucun d’eux, pris individuellement, n’a de pouvoir ou
d’influence sur le marché par les décisions qu’il prend. Dans cette situation, aucune entreprise
n’a de «pouvoir de marché», c’est-à-dire la capacité d’influencer le prix du marché en modifiant
son offre. Identiquement et pour la même raison, aucun consommateur n’a la capacité d’agir sur
le prix en modifiant sa demande. En outre, les agents n’ont pas non plus la capacité d’agir sur
le prix en concluant des ententes entre eux, car en raison de leur très grand nombre, les coûts de
communication et de coordination sont prohibitifs.
Par conséquent, le prix qui résulte des décisions de tous les offreurs et de tous les demandeurs
s’impose à chacun d’eux comme une donnée sur laquelle ils n’ont aucune prise et à laquelle ils ne
peuvent que s’adapter au mieux.
Cette absence de capacité d’influence et de cartellisation garantit qu’il ne peut exister de position
dominante, ni, par conséquent, d’abus de position dominante.
2 - L’homogénéité du produit
Sur le marché considéré, chaque firme particulière fournit un bien que les consommateurs
considèrent comme identique à celui offert par les autres firmes intervenant sur le marché (absence
de différenciation). Ce qui signifie que le choix des consommateurs d’acquérir le produit d’une
firme plutôt que celui d’une autre est guidé exclusivement par le prix et non par des différences
de qualités (ou par tout autre caractéristique du produit).
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3 - La libre entrée sur le marché (et libre sortie)
Quiconque veut s’adonner à une certaine production peut le faire librement, sans aucune restriction.
Cette liberté d’entrée s’accompagne aussi d’une liberté de sortie. Chaque entreprise est supposée
pouvoir se retirer du marché sans contrainte institutionnelle ni financière. Par conséquent toute
entreprise doit pouvoir entrer et sortir du marché sans avoir à supporter des coûts irrécupérables
(tels que des dépenses de publicité destinées à se faire connaître, des pertes en capital lors de la
revente du matériel, etc.). Si cette hypothèse est respectée, on dit que le marché est fluide.
4 - La transparence du marché
Un marché est qualifié de transparent si tous les acteurs ont une parfaite information sur les
produits, les quantités offertes et demandées, les prix, les conditions de vente, etc. Pour que cela
soit possible, l’information doit être gratuite et accessible à tout le monde. Internet, en diffusant
une large information sur les produits, leurs prix (sites comparateurs de prix), la disponibilité, ...
permet de se rapprocher de cette condition.
5 - La mobilité des facteurs de production
La mobilité implique que les facteurs de production (travail et capital) puissent se déplacer d’un
secteur de production à un autre. Pour le facteur travail, la mobilité est à la fois géographique
(pouvoir se déplacer d’une ville ou d’une région à une autre) et professionnelle (pouvoir de
changer d’activité professionnelle, passer d’un emploi à un autre).
Attention !
Si l’une des 5 conditions n’est pas remplie, la concurrence est impure
ou imparfaite.
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n LA FORMATION DU PRIX EN CONCURRENCE PURE ET PARFAITE
En situation de concurrence pure et parfaite, il importe de distinguer ce qui se passe :
- au niveau de l’industrie constituée de l’ensemble de toutes les entreprises qui produisent
un bien donné,
- au niveau de chacune d’elles.
Au niveau de l’industrie, le prix est déterminé par l’égalisation de l’offre et de la demande
totale du bien. Ce niveau de prix conduit chaque firme de l’industrie à développer
individuellement sa production jusqu’à ce que le coût marginal (c’est-à-dire le coût engagé
pour la production additionnelle) égalise sa recette marginale. C’est en effet la condition
pour que l’entreprise maximise son profit.
Ceci est vrai quelle que soit la structure de marché (concurrence pure et parfaite, monopole,
oligopole, etc.). Aussi longtemps que la recette procurée par la production d’une unité
supplémentaire est plus grande que ce que coûte cette unité additionnelle (autrement dit, tant
que la recette marginale est supérieure au coût marginal), l’entreprise a intérêt à produire
cette unité supplémentaire (donc à accroître sa production), puisque cela lui rapporte plus
que cela ne lui coûte.
Inversement, si la recette marginale devait être inférieure au coût marginal, l’entreprise
aurait intérêt à réduire sa production.
En règle générale, la condition de maximisation du profit est donc l’égalité entre le coût
marginal et la recette marginale. Cependant, en concurrence pure et parfaite, la recette
marginale est égale au prix de marché du bien puisque celui-ci est une donnée (constante)
qui s’impose à la firme. Plus clairement, ce que rapporte la vente d’une unité supplémentaire
c’est le prix de cette unité et ce prix est indépendant de la production de l’entreprise.
Donc, en concurrence pure et parfaite, on a nécessairement l’égalité :
recette marginale = coût marginal = prix du marché
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p
Au niveau de l’industrie
Au niveau de la firme
Figure : la concurrence pure et parfaite
Sur le graphique :
- la partie gauche représente la formation du prix au niveau de l’ensemble de l’industrie,
par égalisation de l’offre et de la demande totale du bien,
- la partie droite montre comment une entreprise particulière adapte sa production au prix
de marché.
En supposant que les firmes (qui sont toutes de très faible taille) ont des structures de coût
quasiment identiques et que les entrepreneurs soient également efficients, si le prix de marché
était plus élevé que le coût total moyen de chaque firme, alors celle-ci ferait des profits
«anormaux», c’est-à-dire supérieurs à ceux justes suffisants pour les inciter à poursuivre
leur activité et ne pas sortir du marché. Il y aurait donc des entrées de nouvelles entreprises
dans le secteur, attirées par ces profits supra-normaux, ce qui contribuerait finalement à long
terme à faire baisser le prix, jusqu’à ce que les entrées cessent, donc jusqu’à ce que le prix
égalise le coût total moyen des firmes en place.
Pour chaque firme, on a donc, à long terme, l’égalité :
recette marginale = coût marginal = prix du marché = coût total moyen
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En pratique, la supposition d’homogénéité des firmes (identité de leurs structures de coût et
même efficience de tous les entrepreneurs) est totalement irréaliste. Par conséquent, même
sur un marché concurrentiel, il existe des firmes qui font des profits supra-normaux, alors
que d’autres obtiennent juste le profit normal.
La concurrence pure et parfaite correspond à un situation idéale dans laquelle l’économie
fonctionne avec un maximum d’efficience, pour le plus grand avantage des consommateurs
(le prix qu’ils paient est le prix le plus bas pour lesquelles les entreprises sont disposées à
produire), pour lequel les entreprises égalisent leur recette marginale et leur coût marginal
(et donc maximisent leur profit) et dans lequel il ne peut y avoir de mauvais usage du
pouvoir économique, puisque les agents n’ont, par hypothèse même, aucun pouvoir.
Cependant cet univers de concurrence pure et parfaite n’a rien à voir avec la réalité (si ce
n’est, éventuellement, comme référence vers laquelle il faudrait tendre).
Le monde réel est plutôt celui de monopoles ou d’oligopoles dans lequel les firmes disposent
d’un pouvoir de marché.
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LE MONOPOLE ET SES DIFFERENTS TYPES
n MONOPOLE - DÉFINITION
Une entreprise est en situation de monopole si elle contrôle l’offre d’un produit qui n’a
pas de substitut étroit. L’élasticité croisée de la demande entre son produit et les autres
produits est faible. À défaut, en effet, le monopoleur subirait la concurrence d’autres produits
substituables au sien. Dans ces conditions, le monopole prend des décisions concernant à
la fois le prix et la quantité offerte, mais il ne peut pas contrôler souverainement à la fois
le prix et les quantités demandées, dans la mesure où il doit tenir compte des réactions des
consommateurs. La grande différence avec le cas précédent est que la distinction entre la
firme et l’industrie disparaît.
La détermination du prix en situation de monopole est décrite par le schéma suivant :
Figure : le monopole
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Sur le graphique, la droite représentative de la demande du bien (droite DD’) correspond à
la recette moyenne du monopole, puisque toute la demande du bien s’adresse uniquement au
monopoleur. L’entreprise en monopole maximise son profit en égalisant sa recette marginale
et son coût marginal (qui se coupent au point N). Elle offre donc un volume égal à Q. Le
prix est déterminé par la confrontation de l’offre égale à Q et de la fonction de demande. Il
s’établit donc en P (il est égal à OL). À ce niveau de prix, le monopole réalise une recette
totale égale au prix multiplié par la quantité vendue (soit la surface OQPL). Le coût total de
production est égal au coût moyen multiplié par la quantité offerte (soit OQTS). Vendant à
un prix P supérieur au coût moyen (point T), le monopole réalise donc un profit égal à LPTS.
Ce profit est maximum, puisqu’au niveau de production Q, la recette marginale égalise le
coût marginal.
On constate que, contrairement au cas de la concurrence pure et parfaite, en monopole, le
prix (P) ne coïncide pas avec le coût marginal (N). On utilise d’ailleurs cet écart comme
indicateur du degré (ou du pouvoir) de monopole dont dispose la firme.
Abba Lerner mesure ce pouvoir de monopole à l’aide de l’indicateur :
Degré de monopole =
P-C
P
où P est le prix et C le coût marginal (correspondant au point M sur la figure).
Sur la figure de la page précédente, le degré de monopole est égal à LM/OL.
On observera cependant que monopole et concurrence ne s’opposent pas comme feu et eau.
Comme l’ont bien montré en 1982, W.J. Baumol, J.C. Panzar et R.D.Willig avec la théorie
des «marchés contestables» le monopoleur subit toujours la menace d’une concurrence
liée à l’entrée possible de nouvelles entreprises, attirées par la perspective de profits supranormaux. Même s’il n’a pas de concurrents directs actuels, le monopoleur ne peut pas
augmenter son prix au-delà d’un certain niveau sans risquer de susciter de nouvelles entrées
(théorie du prix limite).
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Qu’est-ce qu’un marché contestable (Contestable Markets) ?
Ø Un marché est dit contestable si les conditions suivantes sont satisfaites :
Ÿ L’entrée sur le marché est libre, gratuite, et absolue : pas de barrières juridiques,
technologiques, ni financières ; l’entrée est immédiate (l’entreprise monopoleur n’a pas
de temps pour réagir) et l’entreprise entrante est en position d’égalité avec l’entreprise
ancienne (l’accès égal aux moyens de production, au savoir-faire ; les consommateurs
peuvent choisir librement).
Ÿ La sortie du marché est libre et sans coût. Cette condition est importante. En effet,
l’entrée sur le marché de nouvelles firmes est d’autant plus facile qu’elles ont aussi la
possibilité d’en sortir sans trop de contrainte ni de coûts. Ceci implique par exemple :
- qu’il n’existe pas de restrictions d’ordre juridique au désengagement (licenciement,
fermeture de l’entreprise),
- que compte tenu des caractéristiques technologiques de l’activité concernée, les
investissements ne soient pas irrévocables (qu’il soit possible de désinvestir sans
coût excessif),
- que les coûts fixes soient recouvrables (qu’ils puissent être récupérés à la sortie du
marché, moins l’usure), donc pas de coûts irrécupérables (sunk costs).
La firme, par exemple, doit pouvoir revendre ses actifs si elle décide de cesser son
activité.
Ÿ L’absence d’inertie des consommateurs. Pour que la concurrence potentielle joue
pleinement, encore faut-il que les consommateurs prennent leur décision principalement
en fonction du critère du prix et qu’ils ne témoignent pas d’une trop grande inertie
(attachement à une marque, fidélité à un fournisseur «historique» par exemple) qui
l’amène à continuer à acheter – pendant un certain temps – à son fournisseur habituel
même si son prix est plus élevé.
Ÿ L’existence d’entreprises désirant entrer sur le même marché. Ces conditions encouragent
le comportement d’ «entrée fugitive» (Hit and Run behaviour) : l’entreprise entre sur
le marché pour une période courte uniquement pour récupérer le profit et se retire
immédiatement après.
Ø Le fonctionnement d’un marché parfaitement contestable
La simple pression exercée par la possibilité d’entrée (concurrence potentielle) maintient
les prix et les profits à un niveau relativement bas même en l’absence de concurrence
au sens classique (grand nombre d’entreprises). Si le monopoleur fait un profit important
sur un marché contestable, une entreprise concurrentielle entre sur le marché, propose
un prix plus bas, du coup l’entreprise originelle subit des pertes, doit baisser les prix, et
le concurrent se retire (hit and run). Donc le monopoleur va maintenir les prix au niveau
du coût moyen. Son sur-profit est donc théoriquement nul. Le marché est parfaitement
concurrentiel sans un grand nombre de concurrents.
Résumé
Un monopoleur peut d’autant plus facilement fixer un prix élevé que son marché
est peu contestable (c’est-à-dire qu’il existe des barrières institutionnelles ou
financières à l’entrée) et qu’il a affaire à une demande peu élastique.
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n LES TYPES DE MONOPOLE
Ÿ Monopsone
De même qu’un producteur peut contrôler l’offre d’un bien, un acheteur unique d’un bien
peut contrôler la demande de ce produit. On dit alors qu’il y a monopsone. Dans ce cas, c’est
l’acheteur qui dispose du pouvoir de contrôler le prix. La conséquence est qu’en monopsone,
les quantités achetées sont plus faibles et le prix est moins élevé qu’en concurrence pure et
parfaite. En outre, l’acheteur réalise des sur-profits. Cependant, à l’image du monopoleur,
le monopsoneur peut également être amené à pratiquer un prix-limite plus élevé pour éviter
la menace d’une concurrence potentielle issue de l’apparition de nouveaux acheteurs attirés
par des profits élevés.
Ÿ Monopole bilatéral
Le cas d’un vendeur unique confronté à un acheteur unique caractérise un monopole
bilatéral. Cette situation s’applique, par exemple, dans le cas de relations entre deux États
qui dirigeraient chacun totalement les échanges des produits qu’ils exportent. Il peut aussi
s’appliquer en matière salariale à la négociation entre un syndicat ouvrier et un syndicat
patronal.
Dans cette situation, le vendeur comme l’acheteur dispose d’un pouvoir de marché qui
s’oppose à celui du co-échangiste. Chacun cherche à faire prévaloir ses intérêts. Cependant
le risque est qu’il n’y ait aucun échange si l’un ou l’autre affirme des prétentions excessives.
Ceci conduit chacun à procéder à un marchandage à l’intérieur d’une zone dite «de contrats
possibles», délimitée par un prix minimal pour lequel le vendeur ne réaliserait aucun profit
et un prix maximal pour lequel le profit de l’acheteur disparaîtrait. Le niveau effectif du prix
à l’intérieur de cette zone d’indétermination dépend des forces contractuelles respectives des
deux partenaires, qui dépendent elles-mêmes de plusieurs facteurs :
- capacité de stockage pour le vendeur,
- capacité d’attendre pour l’acheteur,
- ressources de trésorerie de l’un et de l’autre,
- savoir faire en matière de marchandage, etc.
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Ÿ Monopole discriminant
Le monopole discriminant correspond au cas d’un monopoleur qui serait en position d’offrir
le bien à divers acheteurs (ou groupes d’acheteurs) à des prix différents. Ceci suppose que le
monopoleur ait une maîtrise totale du marché et que celui-ci soit parfaitement segmenté de
sorte qu’il n’y ait pas possibilité de communication entre les différents secteurs du marché
et, en particulier, qu’il n’y ait pas possibilité de revente entre les acheteurs sur lesquels porte
la discrimination.
Une forme importante de discrimination est d’ordre géographique, notamment entre le
marché domestique et les marchés extérieurs.
Afin de conquérir des marchés à l’exportation, une entreprise peut être tentée de vendre à
l’exportation à un prix minoré, inférieur à celui appliqué sur le marché domestique en tirant
avantage par exemple d’un tarif douanier ou de restrictions aux importations qui protègent
le marché national. Il s’agit là du dumping, pratique prédatrice qui vise à éliminer (ou
réduire la concurrence extérieure). À terme, le dumping peut s’avérer préjudiciable aux
consommateurs, l’entreprise pouvant ensuite majorer plus facilement les prix lorsqu’elle est
effectivement parvenue à détruire la concurrence extérieure.
Attention !
Pour cette raison et parce qu’il est déloyal, le dumping est interdit par les règles de
l’Organisation Mondiale du Commerce.
Ÿ Oligopole
L’oligopole correspond à une structure de marché dans laquelle des entreprises, en général
peu nombreuses, sont stratégiquement interdépendantes. La demande qui s’adresse à chacune
est élastique de sorte que l’oligopoleur peut augmenter ses ventes en abaissant son prix. En
revanche, l’entreprise en concurrence oligopolistique ne tient pas simplement compte de la
réaction des consommateurs pour déterminer son prix. Il doit aussi prendre en considération
les réactions de ses rivaux. Les ventes de chaque firme dépendent à la fois de ses choix en
matière de prix, mais aussi des choix effectués par les autres.
.
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Traditionnellement, on distingue plusieurs formes d’oligopole, selon que les concurrents
privilégient la coopération ou le conflit. Sur cette base on peut distinguer :
L’ «oligopole coordonné» encore appelé «oligopole en paix»
Les oligopoleurs privilégient la coopération, c’est-à-dire la concertation au niveau de leurs
choix de prix et/ou de quantité et la recherche du profit conjoint. La forme la plus pure
de coordination parfaite est celle du cartel dans lequel le prix ainsi que les volumes de
production sont fixés collectivement tant au niveau de l’industrie tout entière et pour chacune
des firmes membres du cartel, afin de maximiser les profits joints de l’ensemble du groupe.
Exemple : le cartel international du pétrole formé par les sept principales compagnies
pétrolières. Ce cartel a contrôlé le marché mondial jusqu’à la reprise en
main de celui-ci par l’OPEP.
Une forme plus souple d’oligopole coordonné est celle de la collusion dans laquelle les firmes
se mettent d’accord explicitement ou implicitement sur un niveau de prix suffisamment
rémunérateur, mais qui limite, par exemple, la possibilité de nouvelles entrées. La répartition
des marchés peut alors se faire soit au terme d’un accord explicite ou tacite entre les firmes,
soit être laissé au choix des consommateurs.
L’ «oligopole non coordonné» ou «oligopole en guerre»
En ce cas, les firmes privilégient l’antagonisme, la recherche de l’élimination du concurrent.
Chacune s’efforce d’accroître sa part de marché au détriment des autres, en pratiquant la
guerre des prix.
L’ «oligopole en trêve»
Entre ces deux extrêmes, se situe toute une gamme de contextes intermédiaires, dans
lesquels, tacitement, les compétiteurs renoncent à se battre sur les prix ou, éventuellement,
se coordonnent partiellement, par exemple en s’alignant de facto au niveau des prix sur les
choix effectués par l’une d’entre elles qui joue alors le rôle de «firme barométrique». Une
firme barométrique est une firme qui «commande l’adhésion de ses rivaux à son prix « (J.
Stigler).
Le plus souvent, ce choix collectif est effectué de manière tacite, sans qu’aucun accord
collusif explicite ait été conclu.
Ce type de situation a prévalu, par exemple, pendant la plus grande partie du XXe siècle
(jusqu’à la fin des années 1970) sur le marché mondial de l’aluminium. Sur ce marché,
le prix de l’alumine et de l’aluminium pratiqué par les six principales compagnies, qui
contrôlaient alors l’essentiel de la production à l’échelle mondiale, était systématiquement
aligné sur celui adopté par ALCOA (Aluminium Company of America). Cette société a ainsi
joué le rôle de leader sans être d’ailleurs, l’entreprise la plus puissante de ce secteur. Il en
allait de même d’American Viscose dans l’industrie de la rayonne ou de Phelps Dodge dans
l’industrie du cuivre.
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n LA CONCURRENCE MONOPOLISTIQUE
Sous cette expression, Edward Hastings Chamberlin (1927) suggère l’idée que le monopole
et la concurrence, loin d’être opposés l’un à l’autre ou de constituer des types alternatifs,
peuvent constituer des forces parfaitement compatibles. Dans la pratique, en effet, les
situations de concurrence concrètement observables mêlent intimement les influences
concurrentielles et les influences monopolistiques. Cette idée est également à la base du
concept de marché contestable lié à la concurrence potentielle de nouveaux entrants.
E.H Chamberlin, plus d’un demi-siècle plus tôt, a montré que même en situation de
concurrence, il existe des forces de monopole, liées notamment à la différenciation des
produits. Il y a différenciation du produit, si dans l’esprit du consommateur le produit d’une
firme n’est pas un substitut parfait du produit d’une autre firme qui se livre à la même activité
que la première. Cette différentiation peut tenir à des qualités intrinsèques au produit, mais
aussi à la marque, l’image de marque, etc.
En prenant en compte les stratégies de différenciation
des produits, Chamberlin généralise considérablement
Edward H. Chamberlin
l’analyse des structures de marché et fait de la
1899-1967
concurrence pure et parfaire et du monopole deux cas
particuliers, deux situations extrêmes au sein d’un
spectre de situations beaucoup plus large.
Le caractère limite de la concurrence pure et parfaite, comme du monopole tient au fait
que l’une comme l’autre suppose un bien parfaitement homogène. Dans la réalité, il en va
différemment.
Grâce à la différenciation de son produit, même si elle est en concurrence avec une multiplicité
d’autres entreprises et même s’il y a libre entrée dans l’industrie, chaque firme acquiert un
pouvoir de marché. En effet, en raison de la différenciation, contrairement à ce qui se passe
en concurrence pure et parfaite, chaque firme n’est pas confrontée à un prix sur lequel elle
ne peut agir, ni à une demande infiniment élastique. Elle fait face au contraire à une fonction
de demande décroissante dotée d’une certaine élasticité.
Autrement dit, lorsqu’elle augmente son prix, elle ne perd pas la totalité de sa demande
car la variété du bien qu’elle produit possède des caractéristiques spécifiques qui fidélisent
sa clientèle pour laquelle le prix n’est pas le seul déterminant des décisions d’achat. Ceci
permet à la firme de se comporter un peu comme si elle était en situation de monopole : il
lui est possible d’abaisser ou d’augmenter son prix sans que cela incite ses concurrents à la
suivre, puisque chacun d’eux offre un bien qui n’est pas parfaitement substituable à celui des
autres. Par conséquent, ces dernières ne seront que modérément affectées par le changement
de prix initié par la première.
Cette forme particulière de concurrence justifie la dénomination de ce type de marché :
- concurrentiel car il existe un grand nombre de firmes et l’entrée sur le marché est libre,
- monopolistique car chaque firme a le monopole de la variété qu’elle produit.
En outre, les firmes peuvent se battre non seulement au niveau des prix, mais également
par d’autres moyens, tels que la publicité, le packaging, ... pour tenter de renforcer leurs
positions commerciales.
Centre national de la fonction publique territoriale - Avril 2011
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