Siège Social & Bureaux Ile-de-France : 5 Rue Guy Môquet 91400 ORSAY Tél. : 01.60.92.42.01
Midi-Pyrénées : Toulouse Compans 9 Rue Sébastopol 31015 TOULOUSE l. : 05 82 95 24 22
Rhône-Alpes : Le Monteillet 07580 SAINT GINEIS EN COIRON Tél. : 01.60.92.42.01
www.adhere-rh.com - Email : contact@adhere-rh.com
SARL au capital de 5.000 - SIRET : 481 536 811 00021 RCS EVRY NAF : 7022Z TVA intracommunautaire : FR18481536811
Stratégie RSE, Gestion des Risques, Conduite du
Changement
Interview de Laurent Guidat
« La RSE doit permettre de créer de la valeur pour lentreprise et ses parties prenantes. Mais il
ne peut pas y avoir de création de valeur si les risques RSE ne sont pas gérés et si les coûts
d’énergie ou de matières premières n’ont pas été optimisés. La gestion des risques et la
réduction des coûts sont à la base de toute démarche RSE. »
Vous êtes consultant en stratégie, RSE et accompagnement au changement, pouvez-vous
nous préciser davantage et expliciter vos champs d’intervention ?
Aborder la RSE comme une opportunité stratégique de velopper un business innovant et
responsable au service d'une performance globale et durable : telle est mon approche.
Pour réussir ce challenge, la RSE doit être au cœur de la stratégie de l’entreprise en impliquant
l’ensemble des salariés. Il y a donc un accompagnement au changement à opérer à tous les
niveaux de l’entreprise, et plus particulièrement au plus haut niveau.
Mes champs d’intervention vont dépendre du niveau de maturité des entreprises que
j’accompagne et de la stratégie RSE qu’elles souhaitent mettre en place. Cela peut donc
aller du diagnostic RSE ou environnemental, à la définition et la mise en place d’une stratégie
globale RSE, en passant par la sensibilisation et la formation des opérationnels ou encore la
gestion des risques RSE, la réduction des coûts d’OPEX (Coûts d’Exploitation) sur l’axe
environnemental ou l’innovation responsable.
Je suis à l’écoute des besoins des entreprises, mais je suis également pour les conseiller par
rapport à des évolutions réglementaires à venir, par rapport à des enjeux sectoriels ou à la
prise en compte des parties prenantes. Mon leitmotiv « change before you have to » (changez
avant d’y être contraint).
Pouvez-vous nous dresser les grandes lignes de votre parcours professionnel ?
Mon parcours professionnel se décompose en deux grandes étapes : une première partie de
carrière dans l’industrie aéronautique j’ai occu différentes fonctions qualité avant de
rejoindre aubut des années 2000 le secteur des télécoms alors en pleine croissance.
J’ai alors passé plus de 13 ans chez Bouygues Telecom dont dix années à piloter la stratégie et
les projets RSE de l’entreprise avant de m’occuper sur les quinze derniers mois de programmes
de transformation à la direction technique du Réseau.
Il y a quelques mois, j’ai décidé de repartir sur un nouveau projet professionnel, porteur de sens
qui puisse répondre à mes valeurs et à mes engagements. C’est donc tout naturellement que
je me suis orienté vers le conseil et la formation afin de mettre mon expérience et mon savoir-
faire en RSE, stratégie et accompagnement au changement au service des entreprises.
Vous étiez chez Bouygues Telecom chargé de mener des missions relatives à la définition et au
déploiement de la stratégie RSE, pouvez-vous nous en dire davantage ?
J’ai commencé à la Direction des Achats par traiter la problématique de la gestion de fin de
vie de nos équipements du réseau télécom. J’ai alors rejoint fin 2002 la direction QSE pour
participer à la création de la structure environnement. Ce qui m’a tout de suite passionné,
c’est de partir d’une feuille blanche pour élaborer la politique environnementale et notre
feuille de route. Puis mi-2003, le périmètre de l’environnement s’est tout naturellement élargi à
celui plus global de la RSE avec la signature du Global Compact par le directeur néral de
Bouygues Telecom.
Durant plus de 10 ans, j’ai piloté un certain nombre de projets que ce soit en termes d’achats
responsables, de gestion de fin de vie équipements, d’efficaci énergétique ou d’éco-
conception.
Une part importante et primordiale de mon activité a consisté à sensibiliser, à former et à
accompagner au changement les opérationnels, les collaborateurs et les managers. C’était
une condition sinequanone à l’appropriation des différents champs de la RSE par l’ensemble
des salariés et à la réussite des projets.
Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ?
Initier et mettre en place une démarche RSE, c’est un projet d’entreprise qui s’inscrit dans des
démarches de long terme alors que les entreprises sont encore bien souvent pilotées par la
finance et des logiques de rentabilité à court terme. C’est d’autant plus vrai depuis le début
de la crise financière en 2008.
Il y a encore un certain nombre de freins à l’intégration de la RSE dans la stratégie des
entreprises qu’ils soient d’ordre conjoncturel ou structurel.
Qui dit pilotage financier sur du court terme, dit retour sur investissement rapide et visible. Or
tous les projets RSE ne rapportent pas obligatoirement de tels gains à courte échéance.
Typiquement, la gestion des risques RSE va vous éviter des pertes financières ou d’image qui
sont généralement difficilement chiffrables. Et pourtant c’est une démarche nécessaire, voire
indispensable.
Par contre, la réduction des coûts d’énergie, des matières premières ou l’optimisation de
processus logistiques va quant à elle procurer un ROI souvent assez court, mais qui va aller en
s’amenuisant au fur et à mesure que l’entreprise deviendra performante sur ces sujets.
Le frein qui est très certainement le plus important est un frein structurel à un manque
d’engagement du dirigeant et du top management. En effet, sans vision stratégique, la RSE ne
sera pas portée au plus haut de l’entreprise et dès les premières difficultés économiques
rencontrées, la RSE va bien souvent se réduire à la seule conformité réglementaire.
Les entreprises doivent donc anticiper les changements si elles veulent encore avoir le choix
de leur stratégie. C’est le principe même de l’approche stratégique oan bleu / océan
rouge*. Soit vous décidez d’affronter directement vos concurrents sur le même segment de
marché, leme positionnement.
Dans ce cas, vous risquez de perdre de la valeur et de vous retrouver dans une situation
compliquée. Soit vous cherchez à vous différencier, à revoir votre modèle économique et
dans ce cas, vous pouvez vous dégager de nouveaux horizons moins concurrentiels et recréer
de la valeur.
Placer la RSE au cœur de la stratégie de l’entreprise directement en lien avec le modèle
économique c’est permettre à l’entreprise de se transformer en se différenciant et en
innovant par rapport à ses concurrents.
* Approche stratégique défendue par W. Chan Kim et Renée Mauborgne dès 2004
On entend dire que les entreprises ne font pas assez appel à des cabinets ou des consultants
experts pour leurs projets RSE, qu’en pensez-vous ?
Je suis plutôt d’accord avec cette analyse et ce pour plusieurs raisons qui ressortent d’ailleurs
d’une récente étude réalisée par l’organisme paritaire Opcalia, le label Lucie et TNS Sofres
auprès de plus de 500 PME.
Tout d’abord, les dirigeants ou décideurs manquent de visibilité quant au retour sur
investissement des actions en termes de RSE. Ce qui ne les incite pas à passer à l’action,
même s’ils sont pour la plupart convaincus qu’ils doivent agir.
Ensuite, faire appel à des consultants externes nécessite des moyens financiers. Or, si la RSE est
encore perçue comme un concept flou sans visibilité sur une potentielle valeur ajoutée, les
dirigeants ne sont donc pas enclins à financer de tels projets.
Il existe pourtant un certain nombre de dispositifs financiers d’aide à la réalisation de projets
RSE qui sont fonction de la taille ou du CA de l’entreprise. Seulement, ces aides sont encore
peu connues des dirigeants ou des décideurs, voire même des consultants.
Les consultants doivent donc informer leurs clients potentiels et les accompagner dans le
montage des dossiers d’aide au financement.
On entend également dire que les projets développement durable et RSE des entreprises sont
relégués au deuxième plan, compte tenu notamment des difficultés économiques qu’elles
rencontrent ?
Effectivement, c’est encore bien souvent le cas. Si la RSE n’est pas intégrée à la stratégie,
l’entreprise va se contenter de se conformer à ses obligations réglementaires dès les premières
difficultés économiques. Je l’ai personnellement vécu durant mon expérience professionnelle.
La conviction et l’implication personnelle du dirigeant sont indispensables à l’intégration de la
RSE dans la stratégie de l’entreprise, mais elles ne sont pas suffisantes. Même avec une forte
sensibilité à la RSE, le dirigeant doit être convaincu de la valeur ajoutée d’une telle démarche
pour son entreprise. Quels avantages va-t-il pouvoir en retirer et en quoi cela va améliorer la
performance de son entreprise ? Ceci est d’autant plus vrai pour les PME.
C’est que le consultant a un le majeur à jouer en démontrant par des chiffres et des
exemples concrets les bénéfices non seulement économiques, mais également sociaux et
sociétaux à mettre en place une démarche RSE qui s’inscrive dans la stratégie de l’entreprise.
Pensez-vous que le sommet international sur le climat (COP 21) qui s’est déroulé du 30
novembre au 10 décembre 2015 qui a eu un immense retentissement, va donner une nouvelle
dynamique à leurs projets, et pourquoi ?
Je suis de nature optimiste. Donc oui, j’en suis persuadé. Fin mai à Paris, lors du Business &
Climate Summit, des entreprises du monde entier soutenaient la mise en place de
"mécanismes de prix du carbone robustes et efficients ».
Depuis plus d’un an, l’ONG 350.org et Divest-Invest* mènent une campagne pour le
désinvestissement dans les énergies fossiles : pétrole, charbon et gaz. A ce jour, ce sont plus de
500 institutions représentant quelque 3 200 milliards d’euros d’actifs qui ont choisi de rallier
cette cause.
Pendant la COP 21, des entreprises de toutes tailles ont présen au Grand Palais ou au
Bourget de nombreuses solutions pour aller vers une économie bas carbone.
Je pense donc qu’effectivement, l’immense retentissement diatique de la COP 21 et les
nombreuses initiatives qui ont émertout au long de lannée de la part des acteurs privés,
publics et institutionnels, vont donner une nouvelle dynamique aux projets RSE des entreprises.
De toute façon, nous n’avons plus le choix. Il est donc impératif de se mettre en marche dès
maintenant pour construire des futurs souhaitables. C’est une formidable opportunité pour les
entreprises de se réinventer. La créativité et l’innovation sont sources de richesse pour les
entreprises.
* dération internationale d’investisseurs de toute nature (institutionnels, acteurs privés ou publics, particuliers, …)
Quels sont selon vous les projets stratégiques et orationnels dans lesquels les entreprises vont
s’investir dans les prochaines années, et pourquoi selon vous ?
Au-delà de la crise financière que nous traversons depuis 2008, nous vivons la fin d’un modèle
économique, social et sociétal. A cela vient s’ajouter le réchauffement climatique avec ses
effets induits que nous ne mtrisons pas, même si nous mettons tout en œuvre pour limiter ce
réchauffement. Les entreprises doivent engager leur transformation sans attendre d’être au
pied du mur et d’être contraintes à agir dans l’urgence.
Pour ussir cette transformation vers une nouvelle économie les entreprises doivent revoir en
profondeur leur business model afin de découpler la croissance économique de la
consommation d’énergie et de ressources naturelles. Comment ?
En duisant graduellement leur dépendance aux énergies fossiles encore bon marché
aujourd’hui, mais dont les prix vont invariablement flamber dans les années à venir que
ce soit pour des raisons d’épuisement des ressources ou pour des raisons géopolitiques
En développant l’économie circulaire qui va dans les années à venir remplacer
l’économie dite linéaire « extraire - produire - consommer - jeter » en prolongeant la
durée de vie des produits par la réparation, le reconditionnement et la réutilisation, le
recyclage en réutilisant les déchets comme ressources, l’éco conception des produits
En développant l’économie de la fonctionnalité qui va remplacer la vente d’un bien
par la vente de son usage et donc d’un service. Ce qui permet un découplage entre
la valeur ajoutée et la consommation d’énergie et de matières premières. On peut
prendre l’exemple de Michelin qui facture les kilomètres parcourus par les camions
équipés de ses pneus au lieu de les vendre
En parallèle, l’autre projet stratégique et opérationnel dans lequel les entreprises vont devoir se
lancer rapidement concerne plus particulièrement les ressources humaines. Pour mener à bien
toutes ces transformations en cours ou à venir, il est primordial d’accompagner le
changement et donc les femmes et les hommes qui constituent le capital principal de
l’entreprise. La performance uniquement pilotée par léconomie ne fonctionne plus.
Les directions RH vont devoir gérer des sujets aussi variés que la diversité, l’intégration des
nouvelles générations, le bien-être au travail, les nouveaux modes de management et bien
d’autres sujets encore.
Il s’agit de redonner du sens et une valeur au travail en impliquant davantage les salariés et
en les responsabilisant pour qu’ils se reconnaissent dans le projet de leur entreprise.
La RSE est un véritable outil de cohésion et d’innovation au service d’une performance
globale et durable.
En quoi selon vous la gestion des risques et la duction des coûts sont fortement impactées
par les démarches développement durable et RSE ?
La RSE doit permettre de créer de la valeur pour l’entreprise et ses parties prenantes. Mais il ne
peut pas y avoir de création de valeur si les risques RSE ne sont pas rés et si les coûts
d’énergie ou de matières premières n’ont pas été optimisés. La gestion des risques et la
réduction des coûts sont à la base de toute démarche RSE.
D’une part, avec la globalisation de l’économie et les profondes mutations de notre société,
les entreprises au travers de leur chaîne de valeur ont à gérer de plus en plus de risques qu’ils
soient sociaux, sociétaux ou environnementaux. Certains risques peuvent même avoir un
aspect fortement stratégique pour une entreprise. Pour illustrer mon propos, je prendrais
l’exemple des très importantes inondations de 2011 en Thaïlande qui ont lourdement impacté
la production mondiale de disques durs.
En effet, un quart de la production des disques durs est réalisée en Thaïlande. Les effets induits
ont été quasi immédiats. Les prix des disques durs ont été multipliés par 2 ou par 3 selon les
références et il y a eu des ruptures d’approvisionnement qui ont entrné l’arrêt de certaines
chaînes de fabrication dans lindustrie des TIC.
Une cartographie des risques RSE va donc permettre d’identifier ce type de risques et de
déterminer le plan d’actions à mettre en place afin de les réduire au maximum.
D’autre part, la réduction des coûts qu’ils soient énergétiques ou de matières premières vont
permettre à l’entreprise de diminuer ses OPEX et de réduire par la même occasion sa
dépendance aux fluctuations des prix de l’énergie et des cours des matières premières.
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!