• Le médecin prescripteur
Les projets de loi sur l'alea thérapeutique ont été généralement bien accueillis par
le corps des médecins prescripteurs qui y ont vu une possible solution juridique et
indemnisatrice aux plaintes de certains de leurs patients victimes de dommages
estimés en rapport avec un médicament par eux prescrit.
Le "fond de solidarité", l'"Etat Providence" accordant avec une générosité sans
discernement "réparation" reste cependant une utopie.
Plus intéressante reste la question "quand y-a-t-il faute avérée ?". Ainsi que le
montrent, dans une autre partie de cet ouvrage, les statistiques du Sou Médical, on
peut répondre : "dans une minorité des cas", du moins au vu des jugements
rendus. La pensée unique s'est, jusqu'ici, satisfaite de la réponse "il y a faute
avérée quand le comportement du médecin s'est écarté des recommandations
officielles et de l'état actuel des connaissances scientifiques " (à condition, bien
entendu, que l'on puisse démontrer qu'il y ait un rapport de causalité entre ce
comportement "anormal" et le dommage subi).
Tout le monde sera d'accord pour reconnaître qu'un effet indésirable connu et
clairement mentionné dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (R.C.P.),
survenant dans le cadre d'une prescription elle-même clairement hors-indication
quand des alternatives mieux tolérées et plus efficaces existent, n'est pas une
situation confortable pour l'auteur de la prescription.
Il en est de même pour un dommage causé par une prescription abusivement
surdosée ou prolongée. Ces cas, les statistiques (sur plus de 100 000 observations)
du réseau des Centres Régionaux de Pharmacovigilance Français le prouvent,
restent une petite minorité. En revanche, parlera-t-on de légèreté, de "faute"
devant un dommage causé par un effet indésirable connu, clairement mentionné
dans le R.C.P. ? D'un point de vue plus pharmacologique que juridique, la réponse
serait OUI si le médecin ainsi prévenu ("nul n'est censé ignorer le R.C.P.") n'avait
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