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Deux mois après l’arrivée de hollande à l’élysée
Les socialistes présentent leur vision de l'islam
de France
Manuel Valls a rappelé le devoir de neutralité des agents publics et le principe d'égalité entre les
hommes et les femmes contestés parfois par des croyants extrémistes.
étonnantes querelles des dirigeants de l'islam de France qui multiplient les rencontres mais en sortent à chaque
fois plus désunis encore. Au point que les fidèles ne leur accordent plus le moindre crédit, que les autres cultes
ne les prennent plus au sérieux et que le nouveau pouvoir menace de les ignorer.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM), censé être le représentant de la communauté, n'est plus qu'une
coquille vide, alors que la Grande mosquée de Paris a perdu son prestige.
Le nouveau ministre de l'Intérieur a bien compris cela et semble vouloir faire sans les notables, plus intéressés à
entretenir une cour de faux dévots qu'à faire de l'islam de progrès qui rayonne en France.
Cet islam doit être indépendant de toute tutelle étrangère et respectueux de la laïcité, a demandé Manuel Valls
en inaugurant vendredi la Grande mosquée de Cergy, en région parisienne. “L’islam d’aujourd’hui – et quel
beau défi pour la France ! – est l’héritier de celui qui, pendant plusieurs siècles, à Cordoue, fut un accélérateur
de connaissances, de culture et d’acceptation mutuelle.
Il est aussi l’héritier de l’islam qui, il y a près de 10 siècles, a fait de Tombouctou un centre intellectuel majeur.
Tombouctou, victime aujourd’hui des pires fanatismes, des pires dérives et de l’inculture la plus violente. Nous
devons refuser toutes ces manifestations de l’obscurantisme, là-bas, ici, partout”, a expliqué le ministre.
S'exprimant deux semaines avant le début du ramadhan, pour l'inauguration de la Grande mosquée de Cergy
(Val-d'Oise), M. Valls entend “changer avec ce que nous avons connu ces dix dernières années” marquées par
le passage de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur puis à l'Elysée.
“Trop souvent, l'islam a été instrumentalisé, trop souvent son nom a été prononcé pour véhiculer une suspicion,
de la défiance, du mépris”, a dénoncé le ministre, dans une allusion claire à l'ancien chef de l'état, en plaidant
pour un islam indépendant de toute tutelle étrangère.
Les crises vécues par le CFCM s'expliquent en grande partie par les liens entre ses composantes et les pays
étrangers, notamment les deux grands rivaux algériens et marocains, dont les communautés forment la plus
grosse partie des musulmans de France. Des rapports de force sous-estimés par Nicolas Sarkozy, juge-t-on dans
l'entourage de M. Valls, même si l'on concède que “le culte musulman est par essence difficile à organiser”.
Polémiques “Les divisions, les égoïsmes, la concurrence ne peuvent pas différer plus longtemps le dialogue
indispensable qui doit s'ouvrir sur les sujets cultuels”, a tancé vendredi le ministre. “Un cadre existe ; il est sans
doute imparfait. Il mérite peut-être d'évoluer.
Il doit être dédié uniquement aux questions liées au culte. Je ne veux pas que soient confondus les questions
d'immigration, d'intégration, et les questions liées aux cultes”, a balisé M. Valls qui entend associer les
intellectuels et la jeunesse à ce dialogue.
Le président du CFCM, Mohamed Moussaoui, a rappelé qu'un projet de réforme a été proposé début 2012 : “Il
convient de l'affiner et de le faire évoluer pour que l'instance représentative du culte musulman puisse
rassembler davantage.”
Alors que le débat public a été parfois empoisonné par des polémiques sur les prières dans les rues, le port du
voile ou l'abattage rituel, le ministre a insisté sur la place de la laïcité qui “a garanti l'unité de la France”.
“La laïcité n'est pas l'expression d'une ignorance, d'une indifférence, pire d'une hostilité vis-à-vis de la religion.