bras d’immoler mon amant! / Rome qui t’a vu
naître, et que ton coeur adore! / Rome enfin que
je hais parce qu’elle t’honore!
»
(Baylon 1995 :
78); du point de vue grammatical, il s’agit, bien
sûr, comme dans le cas de l’anaphore stylistique,
d’une répétition d’un mot, mais seulement du
sens et du référent, et non pas de la forme :
Le
médecin est venu. Il a diagnostiqué une angine.
Ce procédé qui, contrairement à l’anaphore
stylistique, permet l’évitement de la répétition
formelle, vise à l’économie. L’économie est donc
un point commun de l’anaphore et de l’ellipse.
Dans l’exemple ci-dessus, l’anaphore
il
peut être
considérée ellipse si elle est vidée du sens
morphologique et garde seulement le référent
médecin
, récupérant ainsi le sens que ce mot a.
Les anaphores se présentent comme des mots
qui ont un sens propre mais qui se chargent de
sens du mot qu’elles reprennent.
Il
est ainsi
elliptique avant le chargement de sens. D’après
Milner (Milner, 1982: 9), entre les deux termes
(l’anaphorique et le mot/les mots qu’il reprend)
on établit une coréférence qui peut inclure ou
non la référence actuelle. Si dans l’exemple ci-
dessus,
médecin
et
il
dénote la même personne,
dans le cas du pronom adverbial
en
les choses
sont différentes. Dans :« J’ai vu dix lions et toi,
tu en as vu quinze. » (Baylon, 1995 : 79) les
lions dénotés (lions) sont plus nombreux pour la
proposition qui contient ce pronom ; il ne
reprend que la référence virtuelle du mot
lions,
c’est-à-dire le sens. S’il ne s’agit que de la
coréférence virtuelle, l’antécédent est le
substantif commun seul (lions), sans son
déterminant (dix). Dans «
J’ai vu dix lions et toi,_
quinze »
nous pouvons étudier un cas d’ellipse,
plus précisément de gapping. Dans «
J’ai vu dix
lions et toi, tu as vu quinze
_. », la grammaire
française demande l’utilisation de
en
. Qu’est-ce
qui se passe si la situation est inverse ? Ex:
J’ai
vu dix_, et toi, tu as vu quinze lions
. ? Alors,
l’ellipse de la première proposition est évidente.
Exemple :
I saw ten lions and you saw fifteen_
(NP
ellipsis / ellipse de SN)
J’ai vu dix lions et toi, tu en as vu quinze.
(anaphore)
I saw ten lions and you, you saw fifteen.
(ellipse de syntagme nominale)
Eu am văzut zece lei şi tu, tu ai văzut
cincisprezece. (elipsă de sintagme nominale) En
français on a de l’anaphore tandis que dans les
deux autres exemples on a de l’ellipse
Georges Kleiber (Kleiber 1991) a mentionné
qu’entre un déictique et un référent, le rapport
est direct, tandis que l’anaphorique ne réfère que
par l’intermédiaire du mot qu’il reprend, le
rapporte étant indirect. Dans l’exemple
Luc m’a
dit: Je reviendrai
il y a deux univers de discours :
dans le premier, il y a le tout de l’énoncé ; le
deuxième, à l’intérieur du précédent, est ouvert
par l’utilisation du verbe
dire.
Il s’agit de l’univers
du dit, distinct de l’univers de celui qui dit. Dans
le deuxième univers, auquel on doit se rapporter,
on ne comprend
je
que comme déictique :son
référent est celui qui prononce les mots
Je
reviendrai
. L’anaphore ne conduit pas à la liaison
entre
Luc
et
je
mais à la liaison entre les deux
univers et elle est déclenchée par le sens du mot
dire
: ce verbe, par la description d’un univers du
mot, évoque un univers de discours différent de
celui dans lequel il est énoncé.
Il y a des verbes qui ont une utilisation
quasi-anaphorique, par exemple le verbe
faire
.
Ils fonctionnent comme pro-verbes ou verbes
vicaires sans avoir un caractère grammatical
aussi prononcé comme le pronom :
Il répondit
comme les autres (l’) avait fait
.
Fait
se substitue
ici à
répondre
. Cela ne signifie pas qu’il peut se
substituer à n’importe quel verbe. Il est
indispensable que le verbe remplacé soit un
verbe d’action ou d’événement :
Il a plu comme il
avait toujours fait
. La phrase
Il souffre comme il
fait toujours
semble bizarre.
5. Anaphore, référent et coréférence
Jean-François Jeandillou (Jeandillou 2006)
considère qu’il est préférable que l’anaphore ne
soit pas confondue avec la coréférence. Ces deux
phénomènes caractérisent la propriété des
éléments linguistiques de viser un même
référent, dans un contexte précis. La coréférence
s’appuye sur une relation symétrique répérable
entre des termes qui, sans dépendre l’un de
l’autre, peuvent être interprétés d’une manière
autonome :un nom propre et une expression
descriptive : Napoléon / le vainqueur d’Austerlitz;
Marie-Laurel et / l’élue de mon Coeur.
L’anaphore crée une relation sissymétrique entre
des éléments de statut différent, dont l’un (le
représentant) dépend de l’autre (le représenté)
dans un environnement limité :
Napoléon
←
ce
farouche conquérant.
On peut parler d’une
représentation stricte quand l’anaphorique
renvoie à un segment figurant dans
l’environnement textuel. L’anaphorique peut être
de nature nominale:
Un homme très âgé entra
dans le hall…Peu après, cet / notre / l’homme
(très âgé) se dirigea vers la sortie
. Comme elle
s’accompagne d’une substitution de déterminant
(l’article indéfini est remplacé par un
démonstratif, un possessif ou un article défini),
la reprise du groupe précédent peut se limiter au