Manque, référence et cohérence dans l`ellipse et l`anaphore

Manque, référence et cohérence dans l’ellipse et l’anaphore
Sergiu Zagan-Zelter, Diana Zagan-Zelter
Université « Babeş-Bolyai »
Cluj-Napoca, Roumanie
Abstract:
In this paper, we argue that ellipsis and anaphora are two factors of coherence that are in
direct connection with their referent. We provide a wide range of examples from two different domains
(economics and literature) in order to show the universality of the theories debated here. We focus on some
particular situations of ellipsis, some of them already discussed by famous linguists, the others introduced by us
on a corpus from Tahar Ben Jelloun.
Key words:
ellipsis, anaphora, antecedent, referent, coherence, cohesion.
1. Introduction
L’anaphore (élément des liages du signifiant)
et l’éllipse (élément des implicitations)
constituent deux facteurs de cohérence qui
peuvent être étudiés en parallèle, l’un faisant
appel à une reprise explicite et l’autre à une
renonciation implicite. De manière générale, on
entend par phénomènes anaphoriques les
relations de reprise d’un élément par un autre
dans la chaîne textuelle. L’anaphore est
mentioné au II-ème siècle quand Appolonius
Discolos, qui s’occupait des pronoms, oppsait les
déictiques (des formes verbales qui se réfèrent à
des choses du monde) aux anaphoriques (des
formes verbales qui envoient vers des segments
de discours). Les éléments communs de
l’anaphore et de la cataphore sont l’espace
textuel (où il y a la relation anaphorique -
antécédent et cataphorique – subséquent), les
contraintes linguistiques, morpho-syntaxiques ou
lexico-sémantiques (par exemple, l’accord en
genre et en nombre de l’anaphorique avec
l’antécédent). Et l’ellipse et l’anaphore sont
considérées incomplètes, étant dépendantes d’un
référent dont l’identification correcte implique la
cohérence textuelle.
Dans cet article, notre intention n’est pas
seulement d’établir les points communs et
différents pour les deux phénomènes, mais de
voir comment le comblement du manque assure
la cohérence.
2. Ellipse et anaphore
Sag et Hankamer (Sag&Hankamer : 1984)
considèrent que les processus anaphoriques
doivent être divisés en processus syntaxiques et
processus pragmatiques. Le problème des
déictiques et la possibilité de faire référence aux
antécédents qui ne sont pas parallèles du point
de vue syntaxique font que cette division soit
possible. A la différence de l’anaphore fidèle,
quand l’anaphorique (pronominal ou lexical)
conduit directement et, par des opérations
grammaticales vers l’antécédent avec lequel il
devient coréférent, l’anaphore associative ou
indirecte prétend un traitement par un calcul
sémantique et pragmatique rigoureux. Par des
associations de la mémoire discursive ou
encyclopédique, on doit faire appel à une
information qui n’a pas été verbalement
exprimée en avant mais qui est disponible pour
les interlocuteurs en vertu des stéréotypes
culturelles d’une certaine communauté (Reichler-
Béguélin 1989). Dans ce cas, l’interprétation des
anaphoriques par la récupération de l’antécédent
se réalise au niveau pragmatique, par des
processus inférentiels.
La différence entre
ellipse
et
anaphore
correspond aux différences distributionnels qui
peuvent être observées entre l’ellipse du
syntagme verbal (VP – ellipsis) 1.a et l’anaphore
verbale ( VP – Anaphora) 1.b
1. a.
Someone had to clean the house but I
didn’t want to ____.
VP - Ellipsis
b.
Someone had to clean the house but I didn’t
want to do it.
VP – Anaphore
La littérature de spécialité a montré que
l’ellipse verbale n’est pas préférée dans les cas
où l’antécédent n’est pas parallèle du point de
vue syntaxique avec les éléments effacés.
L’omission d’une suite verbale à la forme active
ayant comme antécédent une forme passive
(2.a) ou nominale (2.c) n’est pas admise, mais
dans les mêmes conditions, l’anaphore verbale
l’est. (2.b, 2.d)
2. a. ??
The house had to be cleaned but I didn’t
want to ____.
b.
The house had to be cleaned but I didn’t want
to do it.
c. ?*
Mary requested a kiss but John refused to
____.
d.
Mary requested a kiss but John refused to do
it
.
3. Cas particuliers : ellipse
d’anaphore fidèle / ellipse de
l’antécédent d’une anaphore fidèle
Une anaphore fidèle est un syntagme
nominal dont le noyau au moins est à la fois co-
référentiel et lexicalement identique à
l’antécédent, comme dans La Bourse est une
source de financement. La Bourse permet aux
entreprises privées et aux collectivités publiques
de procurer des capitaux
».
L’anaphore infidèle
est elle aussi co-référentielle à l’antécédent, mais
elle est lexicalement et sémantiquement
différente de lui, comme dans La Bourse est
une source de financement. Ce lieu où
s’échangent des valeurs permet aux entreprises
privées et aux collectivités publiques de procurer
des capitaux »
.
Quant aux anaphores
associatives, elles ne sont ni coréférentielles, ni
lexicalement et sémantiquement identiques à
l’antécédent, comme dans :
Cette société est
cotée en Bourse et va réaliser dénormes plus-
values du seul fait de la variation du cours
.
Voyons la relation entre l’anaphore et l’ellipse.
Dans la construction :
Apprenez ! Cette unité est
indispensable pour l’examen
, la première phrase
de ce discours est une ellipse de
Apprenez cette
unité !
; le syntagme effacé est récupérable au
sein du contexte proche. La notion d’ellipse
récupérable sert à distinguer deux grandes
catégories d’anaphores associatives : celles qui
résultent d’un effacement d’anaphore fidèle et
celles qui résultent d’un effacement d’antécédent
d’anaphore fidèle :
1. ellipse d’anaphore fidèle :
1. a. Source :
« Il est actionnaire à Paris Bas. Il
reconnaît que les intérêts à Paribas sont très
grands
. »
1.b. Ellipse :
Il est actionnaire à Paris Bas. Il
reconnaît que les intérêts sont très grands
.
2. ellipse de l’antécédent d’une anaphore fidèle :
2.a. Source :
Il regarde les cours de la Bourse. La
Bourse a été bouleversée par les derniers
événements.
2.b. Ellipse :
Il regarde les cours. La Bourse a été
bouleversée par les derniers événements.
En rappellant Fontanier et Bally, Adam
(Adam 2006) reprend l’idée que l’ellipse est l’une
des formes les plus communes au monde. Elle
permet, par exemple, de ne pas répéter un
pronom personnel anaphorique ayant la fonction
de sujet :
Trois banquiers se procurent des
crédits documentaires. Ils demandent à leurs
secrétaires de leur apporter les dossiers et
étudient les papiers. Ils se précipitent hors de
leurs bureaux et leur téléphonent encore une
fois.
Dans le discours narratif de Tahar Ben
Jelloun il y a ellipse d’anaphore avec l’anaphorisé
en fonction de sujet :« Toi qui n’as pas de nom,
tu es venu cette fois-ci au monde à l’insu du
temps. _Seul être à avoir échappé à la tyrannie
des astres. Tu es un homme et ton âme est
pure. » (Ben Jelloun 1981 : 74) =
Toi qui n’as
pas de nom, tu es venu cette fois-ci au monde à
l’insu du temps. [Tu es le] Seul être à avoir
échappé à la tyrannie des astres. Tu es un
homme et ton âme est pure.
3. Ellipse de deux anaphores :
3. a Source Ils ont déposé sur ton ventr nu
une dalle de marbre. » (Ben Jelloun 1978 : 14)
3. b Ellipse :
Ils ont déposé sur ton ventre une
dalle de marbre. Ton ventre nu.
4. Ellipse d’anaphore infidèle :
4.1 Source D’ailleurs tout s’éloigne, l’olivier, le
verger, le ruisseau, la voix. [Ils sont] Recouverts
d’une brume légère ou d’un voile. » (Ben Jelloun
1978 : 11)
4.2 Ellipse :
D’ailleurs tout s’éloigne, l’olivier, le
verger, le ruisseau, la voix. _Recouverts d’une
brume légère ou d’un voile.
4. Anaphore et référent
Parmi les unités référentielles du langage, il
y en a unes qui se remarquent et qui servent
pour référer sans posséder une référence
virtuelle (référence virtuelle = l’ensemble de
références qu’un mot peut avoir). L’anaphore est
un terme polysémantique :du point de vue
traditionnel, l’anaphore stylistique signifie la
répétition sysématique, en position initiale, d’un
mot ou d’une expression :« Rome, l’unique objet
de mon ressentiment! / Rome, à qui vient ton
bras d’immoler mon amant! / Rome qui t’a vu
naître, et que ton coeur adore! / Rome enfin que
je hais parce qu’elle t’honore!
»
(Baylon 1995 :
78); du point de vue grammatical, il s’agit, bien
sûr, comme dans le cas de l’anaphore stylistique,
d’une répétition d’un mot, mais seulement du
sens et du référent, et non pas de la forme :
Le
médecin est venu. Il a diagnostiqué une angine.
Ce procédé qui, contrairement à l’anaphore
stylistique, permet l’évitement de la répétition
formelle, vise à l’économie. L’économie est donc
un point commun de l’anaphore et de l’ellipse.
Dans l’exemple ci-dessus, l’anaphore
il
peut être
considérée ellipse si elle est vidée du sens
morphologique et garde seulement le référent
médecin
, récupérant ainsi le sens que ce mot a.
Les anaphores se présentent comme des mots
qui ont un sens propre mais qui se chargent de
sens du mot qu’elles reprennent.
Il
est ainsi
elliptique avant le chargement de sens. D’après
Milner (Milner, 1982: 9), entre les deux termes
(l’anaphorique et le mot/les mots qu’il reprend)
on établit une coréférence qui peut inclure ou
non la rérence actuelle. Si dans l’exemple ci-
dessus,
médecin
et
il
dénote la même personne,
dans le cas du pronom adverbial
en
les choses
sont différentes. Dans :« J’ai vu dix lions et toi,
tu en as vu quinze. » (Baylon, 1995 : 79) les
lions dénotés (lions) sont plus nombreux pour la
proposition qui contient ce pronom ; il ne
reprend que la référence virtuelle du mot
lions,
c’est-à-dire le sens. S’il ne s’agit que de la
coréférence virtuelle, l’antécédent est le
substantif commun seul (lions), sans son
déterminant (dix). Dans «
J’ai vu dix lions et toi,_
quinze »
nous pouvons étudier un cas d’ellipse,
plus précisément de gapping. Dans «
J’ai vu dix
lions et toi, tu as vu quinze
_. », la grammaire
française demande l’utilisation de
en
. Qu’est-ce
qui se passe si la situation est inverse ? Ex:
J’ai
vu dix_, et toi, tu as vu quinze lions
. ? Alors,
l’ellipse de la première proposition est évidente.
Exemple :
I saw ten lions and you saw fifteen_
(NP
ellipsis / ellipse de SN)
J’ai vu dix lions et toi, tu en as vu quinze.
(anaphore)
I saw ten lions and you, you saw fifteen.
(ellipse de syntagme nominale)
Eu am văzut zece lei şi tu, tu ai văzut
cincisprezece. (elipsă de sintagme nominale) En
français on a de l’anaphore tandis que dans les
deux autres exemples on a de l’ellipse
Georges Kleiber (Kleiber 1991) a mentionné
qu’entre un déictique et un référent, le rapport
est direct, tandis que l’anaphorique ne réfère que
par l’intermédiaire du mot qu’il reprend, le
rapporte étant indirect. Dans l’exemple
Luc m’a
dit: Je reviendrai
il y a deux univers de discours :
dans le premier, il y a le tout de l’énoncé ; le
deuxième, à l’intérieur du précédent, est ouvert
par l’utilisation du verbe
dire.
Il s’agit de l’univers
du dit, distinct de l’univers de celui qui dit. Dans
le deuxième univers, auquel on doit se rapporter,
on ne comprend
je
que comme déictique :son
référent est celui qui prononce les mots
Je
reviendrai
. L’anaphore ne conduit pas à la liaison
entre
Luc
et
je
mais à la liaison entre les deux
univers et elle est déclenchée par le sens du mot
dire
: ce verbe, par la description d’un univers du
mot, évoque un univers de discours différent de
celui dans lequel il est énoncé.
Il y a des verbes qui ont une utilisation
quasi-anaphorique, par exemple le verbe
faire
.
Ils fonctionnent comme pro-verbes ou verbes
vicaires sans avoir un caractère grammatical
aussi prononcé comme le pronom :
Il répondit
comme les autres (l’) avait fait
.
Fait
se substitue
ici à
répondre
. Cela ne signifie pas qu’il peut se
substituer à n’importe quel verbe. Il est
indispensable que le verbe remplacé soit un
verbe d’action ou d’événement :
Il a plu comme il
avait toujours fait
. La phrase
Il souffre comme il
fait toujours
semble bizarre.
5. Anaphore, référent et coréférence
Jean-François Jeandillou (Jeandillou 2006)
considère qu’il est préférable que l’anaphore ne
soit pas confondue avec la coréférence. Ces deux
phénomènes caractérisent la propriété des
éléments linguistiques de viser un même
référent, dans un contexte précis. La coréférence
s’appuye sur une relation symétrique répérable
entre des termes qui, sans dépendre l’un de
l’autre, peuvent être interprétés d’une manière
autonome :un nom propre et une expression
descriptive : Napoléon / le vainqueur d’Austerlitz;
Marie-Laurel et / l’élue de mon Coeur.
L’anaphore crée une relation sissymétrique entre
des éléments de statut différent, dont l’un (le
représentant) dépend de l’autre (le représenté)
dans un environnement limité :
Napoléon
ce
farouche conquérant.
On peut parler d’une
représentation stricte quand l’anaphorique
renvoie à un segment figurant dans
l’environnement textuel. L’anaphorique peut être
de nature nominale:
Un homme très âgé entra
dans le hall…Peu après, cet / notre / l’homme
(très âgé) se dirigea vers la sortie
. Comme elle
s’accompagne d’une substitution de déterminant
(l’article indéfini est remplacé par un
démonstratif, un possessif ou un article défini),
la reprise du groupe précédent peut se limiter au
seul noyau (homme). L’anaphorique peut être de
nature pronominale :
Je lirai le livre que tu as
acheté. Un homme âgé entra…Il / Celui-ci se
dirigea
… La représentation est totale puisque
chaque pronom renvoie à la globalité du groupe
nominal.
Ayant terrassé l’afficheur Achille, ils le
tirèrent sur toute la longueur de la passerelle
d’Alfortville, puis le précipitèrent.
Les éléments soulignés permettent de voir
que la continuité référentielle des désignations
de la victime (l’afficheur Achille), est garantie par
une même anaphore pronominale fidèle en
le.
En
revanche, le pronom
ils
dépourvu de référent
textuel doit être réconstruit par inférence sur la
base de connaissances encyclopédiques. Ce
ils
prend l’identité mystérieuse d’un agent agresseur
collectif non identifié.
Dans :
le lac d’Annecy, trios jeunes gens
nageaient. L’un, Janinetti, disparut. Plongeon des
autres. Ils le ramenèrent, mais mort
la continuité
référentielle est assurée par la division explicite
d’un hyperthème
trois jeunes gens
en deux
groupes anaphoriques :l’
un
, la victime, qui
acquiert un nom propre
Janinetti
, repris par le
pronom
le
à la fin ;les deux
autres
, désignés
aussi par le pronom
ils,
restent anonymes.
L’anaphore pronominale est, par définition,
fidèle, car elle n’indique généralement aucune
nouvelle propriété de l’objet. Toutefois, en
reprenant un nom propre, les pronoms
ils
ou
elles
précisent le sexe de la personne ou du
personnage. Cette chose n’est pas toujours
valable. Dans
L’Enfant de Sable
(Ben Jelloun
1985), nous rencontrons le pronom
il
mais la
personne dont on fait référence n’entre pas dans
le paire masculin/féminin.
M.- E. Conte a proposé la notion d’anaphore
emphatique :
Les pronoms anaphoriques nous
font acquérir de nouvelles connaissances
spécifiques, qui ne concernent pas les référents
en tant que tels, mais les sentiments, les
passions, les attitudes psychologiques et
axiologiques du sujet parlant à l’égard d’un
référent
. (dans Charolles 2003)
Souvent, un seul adjectif fait l’objet d’une
reprise :
Pierre est courageux, mais son frère ne
l’est guerre. Idiot que tu es
! Le pronom
le
et
en
,
comme les démonstratifs
ceci / cela / ce /
ça
,peuvent représenter un énoncé direct :
Marie
viendra, je le garantis! / j’en suis sûr / cela est
certain.
L’anaphorique peut être de nature
verbale :
Si Pierre range sa chambre, je n’aurai
pas à le faire.
Le verbe
faire
reçoit sa valeur du
verbe
ranger.
Associé à un pronom qui est lui-
même anaphorique, il représente l’intégralité du
groupe verbal. L’anaphorique peut être aussi de
nature adverbiale :
Je viens d’acheter une
maison; c’est là que je passerai l’été
.
Il parla
d’un ton sec et elle lui répondit pareillement
ou
adjectivale:
Voi veţi fi graţiaţi, căci aceasta este
plăcerea mea
.
Quand le terme anaphorique entre en
relation indirecte avec son antécédent, on parle
d’une représentation détournée. Cette chose est
possible avec les pronoms possessifs ou
démonstratifs :
J’ai perdu mon livre, prête-moi le
tien / celui-ci
, ou avec les pronoms adverbiaux :
Paul a mangé deux gâteaux, Sylvie en a mangé
plus
. Si le signifié de l’antécédent est bien
représenté anaphoriquement, le référent visé est
différent. L’anaphore peut être seulement
partielle quand l’anaphorique représente
seulement une partie du référent initial :
Tous
les étudiants sont là, mais certains sont arrivés
en retard
. En ce qui concerne ce deuxième
exemple, on doit faire la remarque que l’autre
partie du référent initial se constitue
obligatoirement comme ellipse : si quelques
étudiants sont arrivés en retard et tous les
étudiants sont présents, cela signifie que les
autres sont arrivés plus tôt, ce qui signifie que
l’ellipse récupère du référent seulement l’opposé
exprimé par l’anaphore partielle : on sait
certainement que les autres étudiants ne sont
pas arrivés en retard, mais on ne sait pas depuis
quand ils sont là.
Dans
Il a beaucoup d’argent, mais il en
gaspille aujourd’hui
l’adverbe indique une
période temporelle limitée, donc l’anaphore est
partielle et ce qu’on comprend par ellipse est le
fait que dans cette période, l’autre partie n’est
pas gaspillée.
Dans
Il a beaucoup d’argent, mais il en
gaspille de plus en plus
la locution adverbiale
de
plus en plus
indique le fait que quelle que soit la
somme d’argent, il y a une somme xy gaspillée
dans un moment T qui, rapportée à une somme
y gaspillée en avant dans un temps T’, contient
la somme x qui se constitue comme ellipse de
somme gaspillée dans la période de temps
précédente (T’)
La représentation détournée a lieu quand les
éléments lexicaux font référence à l’antécédent.
L’anaphore repose sur une équivalence
synonymique :
Jacques repeint les volets…ce
labeur le fatigue
ou sur un rapport d’inclusion
(une voiture
le véhicule; Marcel Proust
ce
grand prosateur.
On parle d’anaphore
conceptuelle lorsqu’un groupe nominal résume
toute une séquence textuelle (phrase,
paragraphe, chapitre entier)
Pierre a préféré
partir avant minuit; cette décision est
regrettable
. Jean Michel Adam nomme ce type
d’anaphore
anaphore résomptive
(Adam, 2006:
87) On appelle anaphore associative la relation
synecdochique (de la partie au tout) qui unit le
représentant à son antécédent :
Ma voiture est
trop vieille; le moteur est fragile.
Au niveau
conceptuel,
Ma voiture est trop vieille
implique le
fait que la somme de toutes les parties qui
constituent la voiture indiquent sa vieillesse.
Toutes les parties de la voiture sont vieilles. Le
moteur est une partie de la voiture. Il résulte
que le moteur est vieux. Le mot
fragile
entre
dans le même champ sémantique avec
vieille.
Donc toutes les parties de la voiture qui sont
ellipsées sont vieilles.
Voilà d’autres types d’anaphore :
Madame Bovary prit le bras de Rodolphe ; il
la reconduisit chez elle
. (anaphore avec
récupération de référent)
Le livre de Paul est broché, le mien a une
couverture cartonnée
. (anaphore avec
récupération de signifié)
Nous fûmes du siècle de la lumière. Ce
singulier nous tint lieu de pluriel
… (anaphore
avec récupération de signifiant)
Il semble que les procédés anaphoriques ne
se limitent pas à la reprise des éléments insérés
dans le discours. Ils participent à la progression
textuelle chaque fois qu’ils apportent des
informations nouvelles. Orientant la théorie vers
un référent distinct (le pronom possessif)
Orientând teoria spre un referent distinct, şi
anume pronumele posesiv, présuppose que
l’allocutaire en connaît l’existence, ce qui n’est
pas toujours le cas ; quand on dit :
Ta maison
est charmante, mais la mienne est plus vaste
, on
fait allusion à un objet du monde dont
l’existence, qui pouvait être ignorée de
l’allocutaire, se déduit automatiquement de la
qualité énoncée. De même, les anaphores
englobantes (
un chat
le félin
) les anaphores
associatives (
un volier
le grand hunier
) font
appel, au fil du texte, à une active contribution
du lecteur : ce dernier doit convoquer les
connaissances qu’il a sur le monde pour en
comprendre la logique. L’univers auquel le texte
fait référence n’est donc pas immédiatement
donné dans son intégralité, il est toujours
reconstruit par le lecteur. On peut parler de
progression textuelle quand l’anaphorique
apporte des informations nouvelles, nécessaires
pour la cohérence du texte. Il y a des cas où
l’information apportée par l’anaphorique n’est
pas nouvelle :
Un homme très âgé (a) entra dans le
hall…Peu après, il (b) se dirigea vers la sortie. Il
(c) paricipait pour la troisième fois à une
conférence en Australie. Il (d) voulait à tout prix
montrer qu’il était innocent.
Il y a plusieurs niveaux de la représentation
du discours qui ont été identifiés dans des textes
linguistiques, sociolinguistiques et des études
littéraires. La plupart des psychologues acceptent
la classification de Van Dijk&Kintsch (Van
Dijk&Kintsch 1983) et de Kintsch (Kintsch
1998): la structure de surfaces (surface
structure), la base assertionnelle du texte(text
base) et le modèle situationnel (situational
model). En ce qui concerne la structure de
surface, Mih (Mih 2004) considère qu’en général,
les lecteurs retiennent la structure de surface,
mais dans le cas des plus récentes propositions
lues ; l’exception est représentée par les cas où
les éléments de cette structure ont des
conséquences sur tout le sens du texte. Dans le
cas de la coréférence, le lecteur insistera plus sur
un mot / une expression qui apparaît plus
rarement. Dans le texte :
Un homme très âgé (a) entra dans le
hall…Peu après, ce chimiste renommé (b) se
dirigea vers la sortie…Le génie de l’étude
moléculaire (c) paricipait pour la troisième fois à
une conférence en Australie. L’accusé d’il y a
trois ans (d) voulait à tout prix montrer qu’il était
innocent.
Il est probable que le lecteur insiste plus sur
le syntagme (d), parce qu’il est différent de (a),
(b), et (c) par le sensationnel et non pas pour le
fait qu’il est lu le dernier.
Dans
Un accusé d’il y a trois ans (a) voulait à
tout prix montrer qu’il était innocent. L’ homme
très âgé (b) entra dans le hall…Peu après, ce
chimiste renommé (c) se dirigea vers la
sortie…Le génie de l’étude moléculaire (d)
paricipait pour la troisième fois à une conférence
en Australie.
Le lecteur récupérera, en lisant (d)
une partie de (a).
6. Ellipse – facteur de cohérence
D’après Jean – François Jeandillou
(Jeandillou : 2006), la cohérence n’est pas
directement soumise aux propriétés linguistiques
du texte : seul le jugement du récepteur permet
d’évaluer l’adéquation de ce dernier par rapport
à la situation d’énonciation. L’acte de parole sera
estimé cohérent ou non en fonction d’une
attente, d’une demande d’information plus ou
moins précise. La cohérence est considérée pour
le texte ce que la grammaticalité est pour la
phrase : le critère qui permet de déterminer si
une séquence de phrases ou d’énoncés est ou
non texte. L’anaphore, les connecteurs
pragmatiques ou discursives et l’ellipse sont les
marqueurs de cohésion d’un texte et elles
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