Figures d'analogie
La comparaison
Définition : rapport de ressemblance entre deux éléments dont l’un sert à évoquer l’autre
Ex : Mon amour pour toi est grand comme le monde.
description
le comparé est l’élément présent dans l’univers de référence : il est celui que l’on
cherche à évoquer. (mon amour pour toi)
Le comparant est l’élément absent dans l’univers de référence : il est celui qui sert à
évoquer l’autre. (le monde)
L’outil de comparaison est le mot grammatical qui sert à exprimer la ressemblance
entre les deux éléments. (comme, ainsi que, tel…) (comme)
Le motif est la qualité commune entre les deux éléments. (grand)
Attention : le motif peut-être présent ou absent dans la phrase. S’il est absent, il appartient au
lecteur de le retrouver.
Remarque : le motif est parfois difficile, ou impossible à restituer, on parle alors de comparaison
« démotivée ». Ex : « la terre est bleue comme une orange » (Eluard).
La métaphore
La métaphore est une figure qui consiste à rapprocher deux réalités, dont l’une est
véritablement présente dans l’univers de référence et l’autre absente. Certaines caractéristiques de la
seconde réalité sont transférées à la première.
On retrouve donc, comme dans la comparaison, un comparé (la première réalité), un
comparant (la seconde réalité, celle qui n’est convoquée que « métaphoriquement », sans être
réellement présente) et un motif, qui justifie le rapprochement. La différence principale avec la
comparaison est qu’il n’y a pas d’outil grammatical qui rende explicite le rapprochement.
Le navire, véritable oiseau des mers, s'élança.
Le navire prit son envol.
Il la vit. Elle était belle, magnifique même. Il reçut une flèche en plein coeur.
La métaphore filée, ou métaphore continuée
Les métaphores peuvent se présenter étalées dans le cours de la phrase, ou d’un texte entier,
le comparant se démultipliant, en quelque sorte, en plusieurs mots.
La personnification
Définition
Elle consiste à faire de choses abstraites, d’inanimés ou d’animaux des êtres humains, des
personnes.
Exemples
personnification d’un animal : « Maître Renard, par l'odeur alléché, lui tint à peu près ce langage »
(La Fontaine)
personnification d’une chose abstraite : L'Amour, puissant guerrier, a triomphé de mon coeur.
personnification d’un inanimé : La lune au blanc visage riait dans le ciel, en se moquant bien du
pauvre Victor.
Fonctionnement
- emploi comme sujet ou objet d’un verbe impliquant une relation humaine
- utilisation d’adjectifs, d’adverbes ou de compléments d’ordinaire réservés à l’homme
- attribution d’un corps humain
- attribution de paroles
utilisation d’une majuscule (ce procédé n’est pas obligatoire, et en aucun cas suffisant : il doit être
accompagné d’au moins un des points précédents)Les figures d’opposition
A. L’antithèse
Elle permet d’opposer fortement deux termes afin de mettre en relief l’un des deux (ou les deux).
Elle joue sur l’opposition entre des contraires.
Ex : « Paris est tout petit
C'est là sa vraie grandeur. » Prévert
B. L’oxymore
Il consiste à réunir par la syntaxe, dans la même expression, deux termes évoquant des réalités
contradictoires. Les termes ne sont plus opposés comme dans le cas de l’antithèse, ils forment une
seule et même expression renvoyant à un seul et même objet.
Ex : « une flamme si noire » (Phèdre de Racine) Il y a bien une opposition violente entre l'idée de
lumière, de clarté contenue dans « flamme » et celle d'obscurité de « noire ». Par métaphore,
l'expression désigne pourtant une seule et même réalité, l'amour coupable de Phèdre pour
Hippolyte. C. Le chiasme
Le chiasme repose sur un effet de symétrie : une seconde expression vient reprendre la première,
mais en l'inversant. Il a donc la forme ABBA. Les énoncés peuvent être symétriques par le sens, la
syntaxe (relation grammaticale entre les mots), le rythme et les sonorités.
Ex : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue » (Phèdre de Racine)
- rapport de sens : « vis » et « vue » appartiennent au même champ dérivationnel, celui de
« voir », « rougis » et « pâlis » désignent des couleurs prises par la peau et reflétant un
émotion, les couleurs exprimées forment une antithèse.
- rapport grammatical : « je rougis » et « je pâlis » sont deux formes de passé simple première
personne du singulier. « je le vis » et « à sa vue » sont des formes grammaticales très
différentes, mais le pronom « le » et le déterminant « sa » renvoient tous deux à la troisième
personne.
- rapport de rythme et de sonorités : les quatre groupes occupent trois syllabes chacun, l'assonance
en [i] unit les trois premiers groupes et l'allitération en [v] le premier et le quatrième.
Les figures de substitution : métonymie et synecdoque
Ces deux figures permettent de désigner une chose par une autre chose qui entretient avec elle une
relation essentielle.
1. La métonymie
Elle repose sur la contiguité : on désigne une chose par une autre chose qui est proche d'elle.
Ex : « boire un verre ». Le contenant sert à désigner le contenu.
On peut schématiser ainsi la métonymie :
2. La synecdoque
Elle repose sur l'inclusion : on désigne une chose par l'une de ces parties.
Ex : « avoir un toit ». La partie sert à désigner le tout.
On peut schématiser ainsi la synecdoque :
On peut parfois hésiter entre ces deux figures : le chapeau désigne-t-il son propriétaire par
métonymie ou par synecdoque ? Lorsqu'il est difficile de trancher, on préfère parler de métonymie.
Les figures d’insistance
 Les reprises de termes ou de structures
1. La répétition
Elle consiste en la reprise exacte d’un terme dans le même texte ou le même passage. Pour que la
répétition soit une véritable figure de style, il faut que le sens du terme répété soit particulièrement fort et
intéressant dans le contexte. (la répétition du verbe être, par exemple, est rarement intéressante à
commenter : on la trouve dans presque tous les textes !)
2. Le polyptote
Il consiste en l’utilisation de formes grammaticales différentes d’un même mot, par exemple le
présent, l’infinitif et le participe passé du même verbe. (« aimer et être aimé »)
3. L’anaphore
Il s’agit de la reprise, au début de plusieurs segments, du même terme. Ce terme peut être un simple
marqueur grammatical ou un adverbe. Son sens n’est pas nécessairement important en lui-même ; par contre
l’anaphore donne un rythme à la phrase et permet d’insister sur les termes qui suivent, et qui, eux, varient.
Ex : « Il y a de petits ponts épatants
Il y a mon coeur qui bat pour toi
Il y a une femme triste sur la route... » (Apollinaire)
On relève l'anaphore de « il y a » qui fait de ces vers une sorte d'inventaire hétéroclite.
4. La figure dérivative
C'est le fait d'utiliser plusieurs mots appartenant à la même famille étymologique (blanc / blancheur,
aimer / amour).
5. Le parallélisme
On utilise une construction syntaxique semblable pour deux énoncés.
Ex : « Il n'avait pas de fange dans l'eau de son moulin.
Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge. » (Hugo)
Le parallélisme (verbe nié / COD / C.C. de lieu / C. du nom) est renforcé par l'anaphore de « il n'avait pas ».
6. La syllepse et l'antanaclase
Un auteur peut jouer sur la polysémiedes mots (le fait qu'un mot ait plusieurs sens)..
s'il emploie deux fois dans le même texte un même mot avec deux sens différents, on parle
d'antanaclase.
Ex : Sur le flanc la lèvre s'ouvre en méditant
Lèvre de la plaie mâle, et c'est la lèvre aussi
De la fille commune (Pierre Jean Jouve)
s'il emploie un mot avec deux sens différents en même temps, on parle de syllepse.
Ex : On fait le feu (...)
Plutôt : on le fait
Sortir du bois. (...)
Il prend (n'importe
Quel objet dans sa langue) (Jean Tortel)
 L’hyperbole
Elle amplifie les termes d’un énoncé afin de mettre en évidence un objet ou une idée. Elle a souvent
comme support l’emploi de superlatifs, de termes marquant l’exagération ou de nombres élevés. Attention :
il y a un hyperboliquement petit comme il y a un hyperboliquement grand !
Ex : « Et plus de trente milliers de griffons sont là, qui tous fondent sur les Français. » La Chanson de
Roland. L'hyperbole sert à insister sur le péril qui menace les Français.
 La gradation
Elle crée une dramatisation en ordonnant les termes d’un énoncé dans une succession croissante ou
décroissante. Elle a comme support l’énumération (succession de termes de même nature, juxtaposés ou
coordonnés).
Ex : « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré » (Molière)
La gradation a ici un effet comique : le personnage s'imagine en train de mourir, puis mort et enfin enterré,
alors qu'il vient simplement de se faire voler son argent.
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