Républicain Lorrain 01/03/2016 - Centre Hospitalier Sarreguemines

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Sarreguemines : « Un vrai réseau transfrontalier »
Nathalie Bouring est directrice de l’Institut de formation en soins
infirmiers (Ifsi) de Sarreguemines depuis 8 ans.
01/03/2016 à 05:00
• ÉMULATION. « J’ai grand plaisir à apporter une plus-value aux étudiants, on travaille avec
une équipe motivée et des partenaires qui sont vraiment impliqués. Il y a un ancrage dans un
but d’employabilité. Cela donne un sens à l’action dans la mesure où les étudiants ont du mal
à trouver un emploi. Les taux de réussite sont bons, mais le recrutement commence à
diminuer, d’où la volonté spécifique de notre institut. »
• FRONTIÈRES. « Ce cycle est intéressant, il permet de sortir des sentiers battus et d’être en
adéquation avec le territoire, où nous formons beaucoup au bilinguisme. Chacun a bien
compris les besoins des autres, avec une culture de travail et des ambitions. On se connaît
bien et on a développé une réelle complémentarité. J’ai vraiment l’impression de faire partie
d’un réseau transfrontalier. »
• COMPÉTENCE. « On s’inscrit parfaitement dans la Frankreich Strategie souhaitée par le
Land de Sarre. Nous avons l’intention de créer une compétence biculturelle. Cela avance dans
le bon sens, c’est quelque chose qui fait sens et se veut pragmatique. Au départ, on ne faisait
que des stages, puis nos partenaires allemands ont émis le projet de recruter des infirmiers
français. On sentait qu’il manquait quelque chose à nos étudiants pour passer de l’étape de
stagiaire à employés. Certes, le fait de postuler en Allemagne obéit à d’autres règles. Nous
avons à l’Ifsi une aide méthodologique, nous accompagnons les élèves dans leurs demandes
pour qu’ils se sentent bien. »
• CONFIANCE. « Au plan professionnel, le niveau des infirmiers français est bon et les
établissements allemands accueillent des patients français. Le milieu médical veut aussi de la
mixité chez lui. Il trouve dans nos étudiants un vivier de recrutement. L’axe transfrontalier
fait partie de notre politique de qualité et notre stratégie. »
« Nous avons la chance de bien connaître nos partenaires allemands, et avons établi de bonnes
relations de travail ensemble. »
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« Vocable technique dès le début »
Infirmière diplômée en 1999, Christine Berwanger intervient à
l’Ifsi depuis 2010, elle y est référente pour l’enseignement
bilingue.
01/03/2016 à 05:00
• Qu’est-ce qui a incité à la création du parcours bilingue ?
« Les stages se passaient bien, mais la principale difficulté des étudiants était la peur de la
langue. Des craintes se faisaient jour avant de partir en stage, et lors des évaluations, c’est un
thème qui revenait souvent. Il y avait aussi une demande de la part du milieu médical
allemand. En stage, ils font preuve d’une grande curiosité, s’intéressent à tout et sont
demandeurs, d’où l’intérêt de recruter des infirmiers français. Nous avons pris en compte tous
ces éléments lors de la mise en place des cours d’allemand sur les trois ans. »
• Quelle est la spécificité ?
« Le vocabulaire est technique dès le début. Nous ne faisons pas de l’apprentissage de
l’allemand. Les étudiants inscrits doivent avoir des bases dans la langue et tenir une
conversation courante. En première année, j’axe beaucoup sur l’oral pour avoir une
conversation avec le patient, en 2e année, c’est plutôt tout ce qui est écrit. Il faut qu’ils
sachent quoi dire sans faute et que tout soit bien formulé. »
• Qui intervient dans lors des cours en allemand ?
« Deux cadres de santé et une infirmière en urologie de la clinique de Völklingen. Nous avons
un planning précis des cours pour l’année et j’envoie le contenu des cours à un de mes
collègues pour qu’il le corrige avant. Eux viennent parler de leur quotidien, comment ils
exercent, et lors des exercices pratiques, ils simulent très bien le patient allemand et son
esprit. Ce ne serait aussi intense les uns sans les autres. Nous allons un peu au-delà de ce
qu’on voit dans les cours français. Les élèves ne font pas de stage en Allemagne la première
année et cinq semaines les années suivantes. Nous faisons toujours un bilan pour savoir
comment ils s’intègrent. »
« Nous avons besoin d’un niveau, si les étudiants s’inscrivent, c’est pour suivre le dispositif
bilingue sur les trois ans. »
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Cyrielle et Maxime : Auf Deutsch, natürlich !
01/03/2016 à 05:00
Deux étudiants infirmiers de Völklingen font connaître leurs motivations sur leur formation et
l’aspect franco-allemand.
RENCONTRE
• Maxime Mottel, 21 ans, de Hombourg-Haut, est complètement bilingue. « J’ai fait divers
stages en Allemagne et j’ai appris la langue comme ça, sur le tas. J’aurais voulu travailler
dans un milieu social pour aider les gens », et le voici élève infirmier à l’institut de la clinique
de Völklingen. « Il est toujours intéressant de voir comment les Allemands et les Français
suivent leur cursus, ce n’est pas du tout les mêmes formations. En Allemagne, l’étudiant est
salarié et bénéficie de cinq semaines de congés par an, on a beaucoup plus de pratiques et
moins de vacances », dit-il, mesurant la chance qu’il a d’avoir été sélectionné. « Ils ont pris 20
élèves sur 500 candidats. Nous avons aussi un examen au bout de six mois, on ne doit pas le
rater sinon c’est fini pour nous ».
• Cyrielle Wegener, des cheveux abondants et un large sourire, est aussi en 2e année à
Völklingen. La jeune femme est originaire de Sarrebruck, où elle a passé un bac pro en
sciences économiques. Un bagage suffisant pour postuler au concours. « J’ai remarqué que
j’ai un don pour l’aspect social », fait savoir l’étudiante, aussi à l’aise dans la langue de
Molière que de celle de Goethe. « C’est intéressant d’entendre les autres élèves, d’avoir
d’autres perspectives. L’infirmière en France a beaucoup plus de formation sur la médecine,
alors qu’en Allemagne, c’est beaucoup plus porté sur les soins. »
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Paroles d’étudiants
01/03/2016 à 05:00
• Rémi Fedirkeil, de Grosbliederstroff : « Mon père est Allemand, je parle les deux langues
depuis toujours et j’ai déjà fait un stage en chirurgie cardiaque à Völklingen. Il n’y pas de
problème pour maîtriser le vocabulaire des deux langues. Je ne sais pas si je travaillerai en
Allemagne, mais faire des stages me servira toujours parce que de nombreux patients parlent
allemand du côté français. »
• Mélanie Halter, de Weisslinger : « Je suis bilingue depuis toujours. Le fait d’apprendre le
vocabulaire allemand nous sera utile dans notre métier en France. Pourquoi ne pas travailler
en Allemagne plus tard ? J’ai fait un stage de cinq semaines en chirurgie cardiaque : les
patients sont attentifs quand ils savent que nous sommes Français. »
• Laure Lienhardt, de Niederaltdorf : « Je ne suis pas vraiment bilingue, mais je parle alsacien.
La formation des soins ne se fait pas de la même manière en Allemagne, mais le fait
d’apprendre d’autres techniques me permettra peut-être d’être embauché dans un autre pays.
Cela représente un effort pour le vocabulaire, mais les enseignants prennent le temps de nous
expliquer tout en détail. Ce sont des cours calmes et sérieux. »
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LE MESSAGE AU CŒUR
01/03/2016 à 05:00
Au sous-sol de l’institut, une salle où chacun prend place face à un écran de projection. A
l’arrière des élèves de 2e année, figurent des lits sur lesquels sont installés des mannequins
utiles aux exercices pratiques. « La dernière fois, nous avons travaillé sur l’éducation
thérapeutique du patient », annonce Christine Berwanger, référente pour l’enseignement
bilingue. A ses côtés, prend place le Dr Helmut Becker, cadre de santé en réanimation
cardiaque à la clinique de Völklingen. « Aujourd’hui, nous allons aborder la préparation aux
différents examens. Cette partie permet de développer le vocabulaire. Ensuite, nous ferons des
simulations en vue de donner des explications sur les termes à utiliser avant et après les
examens. » Les élèves écoutent avec attention, savent qu’ils ne doivent désormais penser
qu’en allemand. « Hallo, Entschuldigung », lance un retardataire, qui se concentre aussitôt sur
le sujet du jour.
Questions-réponses
« Que connaissez-vous en matière d’examens cardiaques ? » (Herzuntersuchungen), demande
l’enseignante. « Il y a l’ECG », répond une infirmière en formation. L’électrocardiogramme,
traduit dans la langue de Goethe par le terme de Ruhe EKG. « Qui peut expliquer en allemand
avec des mots très simples ce qu’est un ECG à un patient qui arrive à l’hôpital et ne sait pas
de quoi il s’agit ? », propose Christine Berwanger. Helmut Becker propose alors une
description de cet examen courant. « Pouvez-vous répéter l’explication plus lentement ? »
demande un étudiant. Le médecin, lui, sait qu’il s’adresse à des jeunes ayant un bon niveau. Il
reformule ses propos sur le même ton, et le message passe. Le cours se poursuit avec
l’approche d’un examen plus détaillé. « Comment peut-on traduire ECG d’effort (Belastungs
EKG) pour ceux qui étaient en stage en Allemagne ? En avez-vous déjà pratiqué ? »
L’enseignante pose ensuite une question sur les pathologies détectables lors des tests d’effort.
« La coronopathie », répond une étudiante. « Voilà, c’est juste. Pouvez vous faire une phrase
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qui correspond au moment où le patient demande combien de temps dure un ECG d’effort ? »,
suggère le professeur aux élèves.
Les mots justes
S’ensuivent l’approche d’autres examens comme l’échographie transœsophagienne ou la
coronographie, ce dernier sujet étant illustré par une vidéo réalisée à la clinique de
Völklingen. « Maintenant que vous savez tout, qu’allez-vous dire aux patients, quelles sont
les particularités de la coronographie ? » A la fin du cours, tous les examens de recherche sont
évoqués tour à tour (scanner, radiographie, scintigraphie, endoscopie…) avant de laisser place
à des exercices de simulation visant à reproduire le dialogue entre un patient et le soignant.
Exercices réels
Dès lors, les lits d’hospitalisation sont utilisés à bon escient. « Un patient va passer une
échographie, il faut aller lui expliquer en qui cela consiste et comment ça va se passer. Que
revenez-vous dire à l’infirmière ? », ajoute l’enseignante, qui invite chacun à faire une
transmission écrite sous l’œil avisé du cadre de santé sarrois.
Une des simulations consiste à faire signer une feuille à un patient pour obtenir son
consentement pour une coronographie. Ce dernier lui explique qu’il a peur, tous les aspects
devant être pris en compte par le personnel soignant. « Vous avez désormais une bonne base
pour expliquer ce qu’il se passe avant l’examen », complète Christine Berwanger, qui donne
rendez-vous à chacun pour le prochain cours bilingue.
Psychiatrie et cardiologie
01/03/2016 à 05:00
Le nombre moyen d’élèves français qui participent chaque année à un stage
d’approfondissement en cardiologie au
HerZzentrum Saar est de 25 en moyenne, et le nombre d’étudiants allemands qui viennent
améliorer leurs connaissances au centre hospitalier spécialisé (CHS) de Sarreguemines est
d’environ une vingtaine par an. Les CHS de Sarreguemines est l’hôpital qui dispose de la plus
grande capacité d’accueil en France avec 144 lits. Psychiatrie et cardiologie sont deux
domaines d’échanges privilégiés, même si les étudiants français font aussi des stages en
urologie.
Les cours bilingues sont supervisés par la référente
en allemand et un cadre de santé de Völklingen
01/03/2016 à 05:00
Les cours bilingues sont supervisés par la référente en allemand et un cadre de santé de
Völklingen. Exemple avec des élèves de 2e année, le cours di jour portant sur la nature des
différents examens.
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La phrase : « Ce besoin d’ouverture et de
découverte est désormais institutionnalisé dans
le parcours de formation des étudiants.»
01/03/2016 à 05:00
Jean-Claude Kneib, directeur des hôpitaux de Sarreguemines, lors de la signature d’une
convention entre l’Ifsi de Sarreguemines et l’hôpital SHF-Kliniken de Völklingen le 14
novembre 2014.
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