3
Quels sont les évolutions attendues pour la construction de logements collectifs bois : composants,
techniques, organisation des acteurs et des opérations ?
En ayant intégré le matériau dès la phase de conception du projet, les acteurs des opérations présentées ont tous
exploité le potentiel de préfabrication du bois, des façades bardées toute hauteur des logements de Ramonville-
Saint-Agne aux menuiseries insérées en atelier pour les immeubles de Tours. Le projet à Montreuil privilégie les
systèmes constructifs basés sur du petit bois et sur l'assemblage permettant une préfabrication poussée, pour
un chantier efcace et sans nuisance. Certains se sont toutefois trouvés limités par les plannings d’études
serrés (pas d’intégration de l’isolant dans l’opération à Paris) et encouragent les entreprises de charpente à
intégrer l’enveloppe à leurs compétences, an de mieux maîtriser les performances thermiques du bâtiment
(étanchéité à l’air). L’évolution d’un travail en macro-lots plutôt qu’en corps d’états séparés est régulièrement
évoquée, y compris en terme de complémentarité – la formule le « bon matériaux au bon endroit » est davantage
préférée à la solution « tout bois » – pour gérer la qualité des interfaces.
En matières de composants, une majorité des concepteurs souhaiteraient voir l’industrie française se développer
dans les produits dérivés du bois comme le CLT, d’une part pour relocaliser la production et réduire l’importation,
d’autre part pour dénir la stabilité des cadres réglementaires et techniques nécessaires à leur utilisation.
De nombreuses normes, à l’image des DTU (CLT) et des avis techniques (toitures terrasses accessibles sur
support bois) mériteraient d’être établies ou clariées, notamment pour légitimer l’emploi du matériau auprès
des bureaux de contrôle. La formation et la sensibilisation des contrôleurs techniques à la construction bois
permettrait d’améliorer l’accompagnement des projets qui se heurtent trop souvent aux réticences des acteurs
décisionnels, notamment autour des problématiques de vieillissement en façade.
Selon Jacques Drieu la Rochelle, l'emploi du bois valorise la démarche et l’image d’un bailleur social au travers
du ressenti de ses locataires, qui évaluent positivement les qualités des ambiances intérieures en bois,
particulièrement en terme de confort hygrométrique et acoustique. Toutefois, si les professionnels du bois sont
convaincus de son utilisation, les acteurs des réalisations présentées s’accordent à dire que la communication
autour de la lière doit être clariée, notamment en réduisant le nombre de ses entités pour plus de lisibilité vis-
à-vis des maîtres d’ouvrages et des élus. Le processus de « circuit court » a été privilégié par les concepteurs
dans les régions qui le permettent, mais un travail d’homogénéisation reste à faire sur l’ensemble du territoire à
travers l’évolution des savoir-faire et des sources de production locales. Les immeubles de grande hauteur et le
projet ADIVBois ont également été évoqués par rapport au logement.
Quelles solutions bois pour répondre à la réglementation incendie dans le logement collectif ?
Il n’y a pas de solution type, tout dépend du contexte, de la catégorie et de la géométrie du bâtiment. La chape
béton des solutions mixtes bois-béton permet d’apporter de l’inertie thermique, de participer à l’affaiblissement
acoustique et de résoudre la problématique du coupe-feu. Dans les conceptions tout bois, certains ont rencontré
des difcultés dans la réglementation, tant au niveau des contraintes incendie (panneaux de doublage, équipements
électriques) qu’autour des questions acoustiques et d’étanchéité à l’eau, tandis que la petite échelle des habitats
de Ramonville-Saint-Agne a permis à l’opération de ne pas être confrontée à des normes excessives.
COLLOQUE
LOGEMENTS COLLECTIFS,
SOLUTIONS BOIS