
Action et Recherche Culturelles - Analyse 2012
au hockey et qui était lu par tous les afficionados de ce sport. C’est un lectorat acquis
d’avance et dans ce cas, nous payons l’expertise de son auteur. Si c’est bien fait, c’est
normal que cela soit récompensé ». Le blogs deviendraient-ils des médiablogs dès lors
que le lectorat est au rendez-vous ? Ne serait-ce là que le critère propre à la
profession de journaliste ? Dans beaucoup de pays, notamment la Belgique, celle-ci
n’est pas protégée. Peut devenir journaliste qui le souhaite, pour autant qu’il soit
engagé ou collabore régulièrement comme pigiste avec un média. En l’occurrence, ces
blogs amateurs, rachetés par les médias, ne rentrent-ils pas dans cette catégorie ? Pas
forcément ! On peut tenir un bon blog, lu par de nombreuses personnes, en ne
respectant pas certaines règles inhérentes au journalisme qui relèvent de l’éthique : la
vérification et le recoupement de l’information, souci d’une certaine impartialité,
indépendance vis-à-vis de toute forme de pression (politique, publicité) en vue de
préserver la liberté d’expression, attachement aux valeurs démocratiques. Non-
exhaustives, ces règles implicites au journalisme ne sont malheureusement pas toujours
respectées par la profession elle-même. Mais nombre de blogueurs publient certes des
contenus intéressants, mais qui ne sont aucunement journalistiques. A l’exception du
journalisme-citoyen, qui emprunte ses codes et motivations de base (souvent la
recherche de la vérité, la passion du débat d’idées) à la profession, la majorité des
blogueurs ne peuvent donc pas être assimilés à des journalistes.
S’exprimer n’est pas informer
On peut aussi se poser la question de la rentabilité de cette association presse-
blogueurs. Un récent article du Guardian révèle que 82% des revenus de Facebook
proviennent de la publicité, un pourcentage plus élevé que dans les médias
traditionnels, dont l’on sait qu’ils souffrent beaucoup des baisses de revenus
publicitaires en période de crise. Selon Dorian de Meeûs, les recettes publicitaires dans
le domaine des blogs des journaux, seraient pourtant encore anecdotiques. Ce ne
serait donc pas ce paramètre qui motiverait l’instrumentalisation des blogs par les
journaux, même si toutes recettes supplémentaires, sont toujours bonnes à prendre.
En revanche, le trafic généré vers le site du journal, grâce à ces blogs ne peut qu’être
bénéfique en termes de popularité, mais aussi pour attirer des annonceurs. Un journal
qui publie des blogs sur les voyages, sur la santé, le sport, les automobiles, multiplie ses
chances d’attirer de la publicité dans ces secteurs d’activités.
Enfin, outre les critères spécifiques définissant le métier de journaliste, s’exprimer
publiquement ne constitue pas forcément un but pour la plupart d’entre nous ! « On
entend souvent que grâce à ces technologies, il n’y a plus des diffuseurs et des
récepteurs, mais que les gens sont les deux à la fois. Ce qui est totalement faux ! Nous
pouvons créer des médias en-ligne, c’est aujourd’hui à la portée de tous. Mais la toute
grande majorité des gens ne le fait pas, car cela demande du temps et de la motivation.
Tout comme l’on croit que tout le monde s’exprime aujourd’hui sur le web, ce qui est
également faux ! Maintenant, certaines personnes ne tiennent pas de blogs, mais elles