france-catholique.fr FRANCE Catholique 89 e année - Hebdomadaire n° 3342 - 1er mars 2013 DOSSIER : Les catholiques et la solidarité JUSTICE : ISSN 0015-9506 La Cour européenne impose l’adoption homosexuelle Le veilleur 3€ BRÈVES FRANCE POLITIQUE : Martine Aubry, de nouveau candidate à la mairie de Lille, a rappelé le 19 février aux parlementaires socialistes leurs engagements sur l'interdiction du cumul des mandats. Le Conseil d'État a recommandé le 21 février que les règles du non-cumul prennent effet à l'échéance des mandats en cours, soit en 2017. Le président de la Banque publique d'investissement, J.-P. Jouyet, a proposé le 21 février Ségolène Royal pour la viceprésidence de cette institution. AgRICULTURE : Le chef de l'État a inauguré le 23 février le 50e Salon de l'agriculture à la Porte de Versailles à Paris. ÉCOLE : La France est passée entre 2000 et 2009 du 10e au 17e rang mondial pour la compréhension de l'écrit ; la proportion des élèves qui ne maîtrisent pas cette compétence est passée de 15 à près de 20 % ; l'évolution en calcul est du même ordre. ÉNERgIE : Selon les évaluations de la Commission de régulation de l'énergie datées du 18 février, la facture moyenne d'électricité des ménages français devrait augmenter de 30 % d'ici à 2017. ENTREPRISES : Dans une lettre adressée au ministre Arnaud Montebourg le 19 février, le PDG du groupe américain Titan explique les raisons pour lesquelles il a renoncé à reprendre l'usine Goodyear d'Amiens ; il y critique l'inefficacité des méthodes françaises de production, les salaires élevés et les pertes de temps et aussi l'arrogance du gouvernement ! FISCALITÉ : Après les mesures entrant en vigueur en 2013, le gouvernement cherche de nouvelles ressources ; la fiscalisation des allocations familiales, 2 FRANCECatholique n°3342 1 er mONdE la suppression des avantages fiscaux des retraités, la création d'une fiscalité d'Internet sont à l'ordre du jour. PRISONS : Le jury de consensus sur la prévention de la récidive installé en septembre 2012 a remis son rapport au Premier ministre le 20 février ; il y propose de supprimer les peines automatiques (comme les peines-plancher) et de créer une peine de probation pour permettre la réinsertion des condamnés et la protection de la société ; cette peine se substituerait au simple sursis. mALI : Un soldat français du 2e Régiment étranger de parachutistes a été tué dans le nord du pays lors d'une opération menée le 18 février par les armées française et malienne. Des combats ont continué à opposer les touaregs alliés aux forces françaises aux islamistes dans le nord du pays, avec l'appui de drones américains. EUROPE : Les immatriculations de voitures neuves dans l'Union européenne ont affiché en janvier un nouveau recul de TgV : La SNCF a dévoilé le 18 février son nouveau train à bas coût qui reliera Marne-laVallée à Marseille pour un prix d'entrée de moins de 25 euros. ACAdÉmIE : Poète et professeur au Collège de France, Michel Edwards a été élu à l'Académie française le 20 février au fauteuil de Jean Dutourd. CINÉmA : La 38e cérémonie des Césars le 22 février a vu le triomphe du film Amour de Mikael Haneke et de ses acteurs, Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant. RUgBy : Battus par l'Angleterre (23–13), les Français ont subi le 23 février une troisième défaite dans le Tournoi des Six nations. près de 9 %, faisant de ce mois de janvier le pire depuis 1990. CHyPRE : Le candidat de droite Nicos Anastasiades, avocat pro-européen de 66 ans, a été élu président de Chypre le 24 janvier. Il doit trouver très vite 17 milliards d'euros d'aides pour sauver son pays de la faillite. gRÈCE : En visite à Athènes le 19 février, François Hollande a critiqué une politique « d'austérité sans fin ». TUNISIE : Les négociations menées par le Premier ministre pour former un nouveau gouvernement de technocrates ont échoué le 18 février. Le président de la République a approuvé le 22 la désigna- mars 2013 tion d'Ali Larayedh, ministre de l'Intérieur, comme nouveau Premier ministre ; ce dernier est considéré comme un homme de dialogue appartenant au courant modéré du parti islamiste Ennahda. CAmEROUN : Sept touristes français, dont plusieurs enfants, ont été enlevés le 19 février dans le nord du Cameroun et entraînés au Nigéria. Après plusieurs heures de confusion au niveau des informations, les forces de sécurité nigérianes étaient lancées le 22 février dans une « chasse à l'homme » pour retrouver ces otages qui auraient été séparés en deux groupes. KENyA : Une centaine de ministres et personnalités ont dégusté, le 19 février à Nairobi, un repas à base de produits refusés par des supermarchés européens, pour dénoncer leur gaspillage massif. IRAN : L'installation au début de février de nouvelles centrifugeuses plus modernes sur le site de Natanz a renforcé les inquiétudes internationales, sans qu'aucune nouvelle sanction efficace ne soit prise. ITALIE : Le skieur français Lamy Chappuis a décroché le 22 février, et pour la seconde fois, le titre mondial de combiné nordique à Val-de-Fiemme en Italie. gRANdE-BRETAgNE : L'agence financière Moody's a privé le 22 février la Grande-Bretagne de son triple A en raison de ses faibles perspectives de croissance ; cependant, la solvabilité du pays reste élevée. ISRAëL : La mort, dans la prison de Megiddo (90 km au nord de Jérusalem) où il était interrogé, d'un Palestinien de 30 ans, arrêté le 18 février, a provoqué de nombreuses manifestations violentes en Cisjordanie. J.L. ÉDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 5 6 CROISSANCE ITALIE Un pari perdu Enfin gouvernable ? SOCIÉTÉ Du feu sous la cendre DOSSIER 8 SOLIDARITÉ 10 Aux origines étaient les chrétiens Les catholiques solidaires ESPRIT 12 LECTURES 14 BENOÎT XVI 16 19 AED 23 ECCLÉSIA 3e semaine de Carême Le veilleur La contemplation Ne souffrez pas pour rien, c'est trop triste Pierre-Marie Delfieux MAGAZINE 24 DROIT La Cour européenne des Droits de l'homme impose l'adoption homosexuelle 27 TÉMOIGNAGE 28 RND 30 EXPOSITIONS 32 THÉÂTRE 33 CINÉMA P. Marie-Michel Chroniques de Gérard Leclerc Paul Éluard poésie, amour et liberté « Éverest », « Le joueur d'échecs » « Week-end royal », « Ouf », « Möbius », « Du plomb dans la tête » 34 TÉLÉVISION - DVD « Le Cathologue » 35 TÉLÉVISION « Alice au pays des merveilles », « The gatekeepers », « Anonymous », « Coco Chanel » 36 TÉLÉVISION 38 BLOC-NOTES Votre début de soirée Vie associative et d'Église Couverture : © Osservatore Romano Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, du lundi au jeudi. Notre gratitude à Benoît XVI L paraîtra, Benoît XVI, ayant remis sa charge, se sera retiré pour deux mois à Castel Gandolfo. Cette décision, qui rompt avec une longue pratique des papes, ne signifie en rien, comme on l’a prétendu un peu partout, une révolution ou même une remise en cause de l’institution fondée sur le charisme de Pierre. Certes, au long de l’histoire, celle-ci s’est incarnée dans des contextes politiques et culturels divers. La chute des États pontificaux à la fin du XIXe siècle a marqué un tournant, dans le sens d’un recentrage sur la mission. Ce n’était pas pour autant un pur retour à la situation des origines. Il s’agissait pour les modernes successeurs du premier apôtre d’assumer leur charge, définie par le Christ et inspirée par par Gérard LECLERC l’Esprit, dans des paysages toujours nouveaux. Mais depuis la fondation de l’Église, le siège de Rome a toujours été reconnu comme le lieu exceptionnel où réside une autorité sans égale. L’Église « qui préside dans la région des Romains », écrivait saint Ignace d’Antioche, « digne de Dieu, digne d’honneurs, digne d’être appelée bienheureuse, digne de louange, digne de succès, digne de pureté » est celle « qui préside à la charité, qui porte la loi du Christ, qui porte le nom du Père ». Interrogé en 1997 par le journaliste Peter Seewald, le cardinal Ratzinger avait formulé un jugement sur l’avenir de la papauté, en insistant sur la responsabilité doctrinale « telle que l’ont exprimée Vatican I et Vatican II, pour l’unité de l’Église, de sa foi et de son ordre moral ». Il notait aussi que certaines formes pratiques « peuvent changer, changeront sûrement, si des communautés jusque-là séparées se regroupent autour du pape ». Entre Pie XII et Jean-Paul II, ajoutait-il, des différences importantes s’étaient signalées. Cela signifie que nous pouvons escompter d’autres évolutions, d’autres initiatives qui donneront à l’exercice de la primauté des développements inédits. Mais ceux-ci ne se feront que dans la continuité organique du ministère pétrinien, dans une logique qui est caractéristique du génie du christianisme. Le bienheureux cardinal Newman aura été l'un des meilleurs interprètes de cette continuité créatrice de la Tradition. En béatifiant le grand théologien anglais du XIX e siècle, Benoît XVI a montré comment l’Église et la papauté se considéraient fières d’un héritage qui se perpétuerait, en se renouvelant et en renouvelant la face de la Terre. Notre gratitude l’accompagne au terme d’un pontificat intense et riche, annonciateur d’un avenir aux couleurs de la même Promesse. ■ ORSQUE CE JOURNAL FRANCECatholique N°3342 1er MARS 2013 3 ACTUALITÉ CroIssAnCe Un pari perdu Les chiffres publiés par la Commission européenne ont détruit le pari d’un retour de la croissance à la fin de l’année. Le gouvernement va donc accroître la rigueur. L 9 septembre , un Président « en situation de combat » se disait décidé à « fixer le cap et le rythme » du « redressement » qui se traduirait par l’inversion de la courbe du chômage « d’ici un an » car il était calculé que le taux de croissance serait de 0,8 % en 2013. Cet optimisme reposait sur trois paris : le retour de la confiance chez les investis­ seurs français et étrangers grâce au renforcement de la zone euro ; une amélioration de la conjoncture internationale qui nous permettrait de développer nos exportations et une réforme du marché du travail destinée à amélio­ rer la compétiti­ vité de l’industrie française — avant qu’on ne prenne des mesures pour créer un « choc de compétitivité ». Le 22 février, la Commis­ sion européenne a détruit l’espoir d’une embellie pour cette année. Selon ses prévi­ sions, la croissance française ( e ne devrait pas dépasser 0,1 %, ce qui équivaut à une stagnation. Du coup, le taux de chômage serait de 10,7 % en 2013 et de 11 % l’année prochaine. Quant au défi­ cit budgétaire, il atteindra 3,7 % du produit intérieur brut cette année et 3,9 % en 2014 au lieu de revenir à 3 % comme prévu. Le gouvernement fran­ çais n’a pas contesté ces anticipations. La conjoncture américaine est mauvaise, la zone euro en récession, le Japon a entrepris de faire baisser le yen pour retrouver sa compétitivité et l’Inde va faire de même. La suréva­ luation de l’euro pénalise la France qui réalise la moitié de ses exportations hors de sa zone monétaire et qui est donc sensible aux variations des taux de change. Comme l’activité baisse, les rentrées fiscales diminuent et le défi­ cit se creuse. Que peut faire ce gouverne­ ment confronté à son échec ? François Hollande qui est à la fois le président de la République et le chef du gouverne­ ment selon la logique du quinquennat, a donné ses réponses lors de sa longue visite au Salon de l’Agriculture le 23 février. Il faut « arriver à un équilibre des finances publiques à la fin du quinquennat » mais sans « ajouter de l’austérité ». La rigueur budgétaire sera suffisante : Cette prévision paraît aussi fragile que celle formulée en 2013 4 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 par Alice TULLE « Nous avons à donner des gages de sérieux budgétaire en 2014 et notamment des économies qui devront être faites dans tous les budgets, de l’État, des collectivités locales, de la sécurité sociale pour que nous puissions continuer à réduire nos déficits publics ». L’optimisme est donc reporté à l’année prochaine : il y aura « progression du chômage » en 2013, mais « en 2014 nous serons sur une reprise. À partir de là, nous pouvons commencer à créer de l’emploi ». Cette prévision paraît aussi fragile que celle formu­ lée en 2013. La conjoncture internationale ne sera guère favorable dans les dix­huit mois qui viennent. On peut craindre que la réduction des dépenses publiques, l’augmentation de la pres­ sion fiscale, la faiblesse des investissements, la baisse du pouvoir d’achat se conju­ guent pour maintenir la France en état de stagnation ou pour provoquer une longue récession. La « progression du chômage » annoncée par François Hollande risque de se prolonger en 2014 et au­delà. La France peut donc se trouver engagée sur une pente dangereuse et rejoindre la Grèce, l’Espagne et le Portugal dans une crise dont nul ne voit l’issue. Le gouvernement dira, dans les semaines qui viennent, comment il compte inverser la tendance. n ITALIe par Yves LA MARCK enfin gouvernable ? Le centre gauche remporterait 340 sièges à la chambre basse, contre 140 à la formation de Berlusconi... qui rate son retour. Grillo aurait 91 sièges et Monti seulement 46. S ilvio b erlusconi , largement élu en 2008, avait été écarté du Palais Chigi en novembre 2011 pour faire place à un « gouvernement de techniciens », soutenu par les deux grandes formations, de la droite — son propre parti, le Peuple des Libertés — au parti démocrate de gauche, afin de restaurer la confiance des marchés financiers dans la dette italienne. Le professeur Mario Monti avait réussi ce pari afin que les taux d’inté­ rêt auxquels l’Italie emprunte redeviennent supportables. Au bout d’une année d’abs tinence, les politi­ ciens rongeaient leur frein, à commencer par le premier d’entre eux, Silvio Berlusconi, qui provoqua la dissolution anticipée et les élections des 24­25 février. Parti avec un handicap de dix points sur la coalition de gauche, les sondages lui accordaient d'avoir récupéré, en deux mois de campagne, une partie de son retard. Au point qu'on parlait de « résurrection » pour cet homme accablé de toutes parts, mais qui s'exo­ nérait — on ne sait trop pourquoi — de la récession de la quatrième puissance économique européenne, qui fait que le produit intérieur brut par tête en Italie a reculé entre 1999 et 2013. La gauche avait fait le choix du candidat des appa­ reils, Perluigi Bersani, contre celui du renouvellement, le jeune maire de Florence, Matteo Renzi. Le choix s'est finalement révélé judicieux avec un score atteignant les 36%. qu'il s'était laissé convaincre de quitter ses livres, à la suggestion pressante à la fois d’amis de l’épiscopat italien (le fondateur de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, figurait dans son équipe gouvernementale), du président de la République, ancien communiste, Giorgio Le centre ne parvient pas à percer (entre 8 et 10%) n’ayant que le Premier ministre sortant, Mario Monti, comme porte­ drapeau, alors que celui­ci est un nouveau venu en politique. Ce n'est qu’à la Noël dernière Napolitano, et du président de Ferrari, Luca Cordero di Montezemelo, mais aussi d’Angela Merkel, du prési­ dent de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et de l’entière Commission de Bruxelles, soutiens trop voyants pour ne pas exciter les attaques de Berlusconi. Celui­ci n’avait, dans ce jeu de massacre, qu’un seul rival, qualifié de « Coluche italien », un ancien comique de la télévision, Beppe Grillo, qui le dédouanait en quelque sorte, mais qui semble totali­ ser 20% des suffrages ! Berlusconi croyait encore pourvoir bénéficier de la déconfiture de ses deux anciens alliés, le régionaliste de la Ligue du Nord, Umberto Bossi, et l’ancien néo­fasciste Gianfranco Fini. Elle affai­ blit la droite, notamment en Vénétie et en Lombardie, où la Ligue s’effondre. Mais l' « homme providentiel » voulait croire que cela confortait son indestructibilité personnelle... La démoralisation de l’Ita­ lie, dont l'apparent retour en grâce de Berlusconi était le symptôme le plus frappant, sera­t­elle stopée par une coalition gauche­centre ? Un certain temps sans doute. Il faudra voir le résultat des élections concomitantes au Sénat qui dispose des mêmes pouvoirs que la Chambre des députés... En attendant… le Pape dont chaque Italien croit au plus profond de lui­même qu’il est le dernier recours, exerçant de fait une sorte de « présidence morale de l’Italie » (Gioberti, catholique libéral théoricien du Risorgimento, 1843). n Le produit intérieur brut par tête en Italie a reculé entre 1999 et 2013 ) FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 5 ACTUALITÉ ENTRETIEN AVEC TUGDUAL DERVILLE Du feu sous la ce Le 24 mars prochain, les Champs-Élysées se couvriront-ils d'une marée humaine ? L'effort demandé à tous est pleinement justifié. n En perspective de la seconde manifestation nationale du 24 mars 2013, ne craignezvous pas l’essoufflement de la mobilisation contre le « mariage pour tous » ? Je reste bien plutôt dans l’élan du nouveau souffle né le 13 janvier 2013, qu’il faut effectivement entretenir, pas seulement à court terme, pas seulement non plus sur ce seul projet de loi. Car ce sont deux logiques plus globales qui s’affrontent à long terme. Toutes les mobilisations qui fleurissent nous préparent à tenir dans la durée. n Est-ce le sens des opérations « La manif pour tous à la mairie » qui se développent actuellement ? Exactement. C’est une idée simple et symbolique qui a été proposée par des mani­ festants. Pourquoi ne pas faire des photographies de mobilisation devant chacune des mairies de l’Hexagone ? C’est une façon de montrer et renforcer l’ancrage terrain de notre mouvement. C’est aussi l’occasion de préparer la mobilisation nationale du 24 mars. Nos banderoles ou fanions voyagent, et s’in­ vitent devant les Hôtels de ville, lieux emblématiques, un peu comme le nain de jardin dans le film Amélie Poulain… Et c’est souvent la toute pre­ mière fois que des villages ou de petites villes sont le théâtre d’une manifestation. n Ne croyez-vous pas que tout cela passe inaperçu, notamment des médias ? L’avantage de l’ère contemporaine, c’est que cha­ cun est capable de « média­ tiser » ce qu’il fait, grâce à Internet. Les photos circu­ lent sur Twitter et Facebook. Internet est d’ailleurs l’une des clés « techniques » de la réussite du mouvement oppo­ sé au mariage et à l’adop­ tion « pour tous », l’une des raisons de son émergence rapide. Même si beaucoup de Français ignorent que les mobilisations se poursui­ vent localement, ceux qui y participent se savent partie prenante d’un mouvement immense, capable d’agir par­ tout. Leur action non média­ tisée se propage comme le feu, capable de couver sous la cendre, voire sous terre, dans la tourbe, entre deux incendies… Par ailleurs, les événements locaux sont rela­ tés dans les médias locaux, davantage qu’on ne le croit souvent, vu de la capitale. n Pourquoi les médias ont-ils fait silence sur le dernier sondage de l’Ifop commandité par Alliance VITA ? Il ne faut pas entrete­ nir de paranoïa excessive : une certaine lassitude s’est emparée des médias natio­ naux et de leurs lecteurs, qui ne vivent que de ce qui est neuf (nouveaux visages, nouveaux thèmes, nou­ veaux événements…). Nous devons en tenir compte. Et c’est justement la raison pour laquelle nous devons rester créatifs, ce qui — je pense — est une qualité incontestable du mouvement. Je travaille personnellement à l’enraci­ ner le plus possible dans le fond des sujets et dans la durée, notamment par cette notion d’écologie humaine ou de « nouvelle écologie humaine ». n N’y a-t-il pas le risque de voir le mouvement se décourager si la loi Taubira est confirmée par le Sénat dès avril, puis, ultimement par le conseil constitutionnel ? mobilisations qui fleurissent nous ( Les préparent à tenir dans la durée 6 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 Tant que les étapes suc­ cessives ne sont pas fran­ chies, nous nous battons pour gagner. Nous tablons sur l’efficacité directe de nos actions, en gageant que leur fécondité nous sur­ prendra. Il reste peu vrai­ semblable que le Sénat adopte la loi Taubira de façon « conforme » : il ajus­ tera sans doute certains articles… Il y aura donc un nouveau passage à l’Assem­ blée nationale. De toutes les façons, quel que soit le destin du projet de loi, nous savons que la vigueur de notre opposi­ tion tend déjà à dissuader le gouvernement d’accélé­ rer le processus en matière de PMA, voire sur d’autres sujets de société. Les mani­ festants doivent donc savoir que leur élan dépasse la cir­ constance d’un seul texte, voire d’un seul quinquennat. C’est pourquoi, de même qu’il faut alterner les mobi­ lisations locales et natio­ nales, je pense qu’il faut élargir notre action en nous formant sur la globalité des enjeux. Le mouvement qui se développe est une formi­ dable occasion de creuser des sujets passionnants. n à quels sujets pensez-vous ? Aux questions majeures qui sont sous­jacentes au projet de loi Taubira et à ses perspectives : qu’est­ce qu’un homme ? Qu’est­ce qu’une femme ? Un père, une mère ? ndre Et comment peut­on les dif­ férencier, sans tomber dans les stéréotypes « machistes », au­delà de leurs différences physiologiques ? J’ai déjà exprimé ici que la question de l’amour vrai doit également être appro­ fondie grâce à ces débats. Il s’agit finalement non seu­ lement de reconnaître les besoins spécifiques de tout être humain, mais encore de préciser davantage les cri­ tères de l’humanité. n Pensez-vous que ce soit une réponse à apporter au « cyborg », l'homme augmenté, face auquel vous nous avez alertés ? Oui. L’homo sapiens est plus qu’un animal pensant. Cela le distingue des élé­ phants par exemple, quelle que soit leur mémoire. J’évoque cette espèce parce qu’actuellement la perspec­ tive de l’euthanasie de deux pachydermes âgés mobilise un mouvement de protesta­ tion qui semble davantage pris au sérieux par les pou­ voirs publics que le nôtre ! L’être humain, donc, est doté d’une dignité éminente. Il faudrait même oser par­ ler de « sacralité » de la vie humaine, car l’homme est animé naturellement par un questionnement sur le sens de sa vie qui relève du spi­ rituel. Il vaut donc plus que tous les animaux : il est « sans prix ». Cependant, dans le même temps, chaque être propos recueillis par Frédéric AIMARD humain est triplement limi­ té par son corps (sexué), le temps et la mort. Le Cyborg (ou organisme cybernétique) auquel le lobby de la trans­ humanie veut aboutir s’af­ franchirait de ces limites. n Quel est l’enjeu ultime d’un tel fantasme ? Ce qui est menacé, c’est l’essence même de l’homme. Les scientistes transhu­ manistes ne voient en lui qu’un amas de cellules mu par des réactions bio­ chimiques qu’ils se croient en mesure d’élucider et de reproduire. Même la foi reli­ gieuse est, aux yeux de cer­ tains, la résultante de telles réactions, au point qu’on pourrait la corriger si on la considérait comme une pathologie à éradiquer ! n Quel rapport avec la loi Taubira ? Le transhumanisme a aujourd’hui beau jeu de s’appuyer sur le désir d’en­ gendrement de certaines personnes homosexuelles pour leur promettre une pro­ création libérée de l’altérité sexuelle… Cette promesse conduit tout droit à l’utérus artifi­ ciel, à l’eugénisme, etc. Pour l’humanité, l’affrontement entre culture de vulnérabili­ té et culture de toute­puis­ sance qui se dessine ici pose la question de la liberté. n FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 7 DOSSIER SOLIDARITÉ Aux origines étaient En ces temps de carême, les chrétiens sont appelés à faire un effort de charité. Ils ne sont certes pas les seuls à savoir se montrer solidaires et à se soucier des exclus et autre précaires. Mais le succès médiatique des Restaurants du Cœur, par exemple, doit-il faire oublier quelles furent les sources de soin effectif des pauvres, des malades, des faibles, des oubliés aux temps modernes ? Toute une organisation pour limiter les désastreux effets collatéraux de la révolution industrielle est née d’un art catholique de la charité. Celui-ci perdure, en nos temps de désindustrialisation, malgré une laïcisation de la charité qui fut parfois sévère mais qui n'arriva jamais à se passer complètement des bonnes volontés chrétiennes. Notre temps se veut celui d'une collaboration exemplaire entre initiatives publiques et initiatives privées (favorisées par des avantages fiscaux). Mais, pour que cela demeure dans les esprits et dans les faits, il n'est peut-être pas tout à fait inutile de rappeler la légitimité historique et actuelle des œuvres catholiques. C'est l'un des intérêts d'une étude sur la charité en Allemagne et en France au XIXe siècle. (1) Catherine Maurer : La ville charitable (Les œuvres sociales catholiques en France et en Allemagne au XIXe siècle), Cerf, 418 pages, 24 e. 8 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 L 'historienne Catherine Maurer a consacré un fort ouvrage à La ville charitable dont les conclusions implicites sont sans appel : après la chute de l’Ancien Régime, alors que la France entrait avec violence dans la révolution industrielle et que toutes les communautés traditionnelles explosaient, que l’exode rural jetait dans les villes des charretées de déclassés qu’on nommera plus tard prolétariat et qu’aucune protection ne leur était accordée, c’est spontanément que les catholiques français ou allemands se saisirent du flambeau de la compassion. Et qu’ils s’en saisirent presque seuls. Ce livre qui n’est pas la première étude, loin de là, sur le sujet, possède cependant cette originalité qu’il joint à son intransigeance scientifique une véritable compréhension de l’esprit du temps. L’auteur se concentre ainsi sur la ville, excluant délibérément la campagne, dans un choix évident, puisque la ville du XIXe siècle est le nouveau lieu de l’industrialisation, là où, les campagnes commençant de se vider, se pose avec la plus grande acuité la question sociale du monde moderne. Selon sa méthode universitaire, Catherine Maurer sélectionne dans la fin du XIXe siècle une quinzaine de localités françaises et allemandes, réparties assez aléatoirement dans les deux pays, et non liées spécifiquement aux provinces où l’élan religieux serait particulièrement remarquable. (Ainsi, pour la France, elle écarte même Paris à cause de son trop-plein d’œuvres charitables qui déséquilibrerait la moyenne…) Sa radiographie n’est donc pas suspecte de complaisance vis-à-vis du catholicisme, mais il en ressort l’image d’une extraordinaire activité de fidèles français et allemands devant une misère dont les formes sont infiniment variées : cette activité se déploie « des crèches aux asiles pour vieillards, en passant par les orphelinats, les les chrétiens patronages (pour enfants scolarisés et apprentis), le secours à domicile, l’aide aux mères, l’assistance aux jeunes filles ou encore le secteur très important des soins aux malades et aux infirmes ». Même en écartant d’emblée les œuvres à vocation purement spirituelle ou approchantes, comme l’enseignement, et les œuvres sociales, comme les caisses de secours mutuel, pour se concentrer véritablement sur la charité en tant que telle, le tableau de la charité catholique au XIXe demeure d’une richesse inouïe. Les chiffres généraux sont difficiles à obtenir, par manque de statistiques, surtout en Allemagne, mais en France, en 1892, on dénombre pourtant 13 516 « établissements d’assistance privés, ayant une existence de fait, c’est-à-dire ni autorisés, ni approuvés, ni reconnus d’utilité publique » — dans leur très grande majorité catholiques. Dans les seules villes qu’elle étudie, Catherine Maurer constate 666 œuvres françaises et 508 allemandes, ce qui donne une moyenne d’une œuvre pour 1 500 catholiques — avec de fortes variations (ainsi à Kœnigsberg, on obtient une œuvre pour 600 catholiques !) En France, la création de ces œuvres débute dès la fin de l’Empire, avec une puissante croissance de 1830 au Second Empire. L’Allemagne, elle, est à la traîne et c’est plutôt à la moitié du siècle que les œuvres y fleurissent. Un décalage dû à l’industrialisation précoce de la France et surtout au caractère tardif de la naissance des congrégations germaniques. C’est ainsi que la France est considérée à l’époque comme le « pays classique de la charité » par les Allemands, où l’aiguillon protestant est d’ailleurs décisif pour les catholiques : on y constate une rivalité autour du pauvre et un assaut de charité. Si les œuvres se destinent à soulager toutes les misères, la sociologie de leurs créateurs et animateurs est intéressante. Il faut d’abord constater, dût la fierté républicaine en pâtir, que partout les œuvres privées furent historiquement antérieures aux œuvres publiques et que ce sont elles qui en provoquèrent la création en géné- La France est considérée à l'époque comme le « pays classique de la charité » par les Allemands Dossier réalisé par Jacques de GUILLEBON ral, par ricochet : « à un moment où l’influence du libéralisme n’invite pas États et municipalités à une intervention trop intrusive, relève l’auteur, en particulier dans le domaine social, et où une certaine méfiance se fait jour à l’égard des institutions catholiques, l’incitation de la puissance publique à la création d’œuvres n’est pas fréquente. Elle n’est cependant pas totalement absente. » En France, il faut noter aussi que, contrairement aux idées reçues, la grande majorité des œuvres est fondée par la bourgeoisie et l’aristocratie : seules six œuvres viennent des classes populaires, et en totalité de femmes. Dans une ville comme Angers, c’est la collusion objective de saint-simoniens socialisants et de catholiques qui accouche des premiers asiles. Ce sont des acteurs privés qui créent un établissement « destiné à une mission de service public ». Quantitativement, ce sont les œuvres en faveur des jeunes enfants — crèches, salles d’asile, orphelinats, patronages — qui se taillent la part du lion. Entre un quart et la moitié des œuvres françaises. La crèche naît de la volonté d’un conseiller municipal de Paris, Firmin Marbeau, proche des milieux catholiques, et se répand rapidement dans toute la France. Elle est destinée à répondre aux conditions nouvelles créées par le travail des mères. Mgr Freppel, évêque, très social, d’Angers, l’appelle « la fleur de nos institutions charitables ». Elle restera beaucoup moins répandue en Allemagne, où les femmes travaillent moins et où l’on se méfie de cette institution qui entretiendrait une situation malsaine. En revanche, les « salles d’asiles », ancêtres des maternelles, naissent dans le monde protestant d’abord, avant d’être vite reproduites par les catholiques des deux côtés du Rhin – mais surtout en France. L’inventivité des catholiques de ce siècle qu’on présente généralement sous les plus gris atours est sans borne : car il y a les orphelinats aussi, les maisons pour jeunes filles – grande préoccupation du siècle qui redoute de les voir FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 9 sombrer dans « le vice » — accueil des prostituées repenties, les « Madeleine » des jeunes détenues, foyers pour les jeunes travailleuses. Les patronages pour filles, eux, sont fondés à partir de 1851, sous l’impulsion de sœur Rosalie à Paris, alors que ceux pour garçons datent du début du siècle. Léon Cosnier, qui enquêta à l’époque sur les œuvres charitables, note à propos des patronages : « L’industrie avait fait de grands progrès à Angers, depuis vingt années, dans la période de 1850 à 1870. Cette date est celle de la fondation ou tout au moins de la transformation des plus importantes maisons de notre ville. C’est celle aussi de l’introduction des femmes et des enfants dans le personnel ouvrier ; triste progrès imposé par la concurrence au détriment de la famille. Des obligations en résultaient pour la société si l’on voulait éviter des crises dont 1848 n’était qu’un avertissement. Allionsnous laisser dans la rue, abandonnés aux plus périlleuses exploitations, ces misérables enfants dont l’usine la plus morale ne pouvait protéger les loisirs ? » On peut constater aussi que les hôpitaux catholiques, qui ont une histoire remontant au Moyen Âge, étant peu à peu, au cours du siècle, annexés par la puissance publique, les fidèles dépossédés, souvent des femmes, se consacrent alors aux maladies rares, aux aveugles, etc., inventant avant l’heure les soins palliatifs. Si la France est en avance sur le reste de l’Europe pour l’action caritative au XIXe siècle, c’est notablement à cause de ce que l’on peut appeler la révolution congréganiste. Le siècle se caractérise par une efflorescence prodigieuse de ce nouveau type de vie consacrée, qui n’est pas équivalente à celle des ordres classiques puisque les vœux autant que le mode de vie, tourné vers le monde, y sont foncièrement différents. L’action conjointe des laïcs, comme ceux des très célèbres conférences Saint-Vincent de Paul fondées par le bienheureux Ozanam et ses compagnons, des prêtres, des religieux et surtout des religieuses, réussit à créer en moins d’un siècle un maillage de charité puissant, qui enserre finalement toute la France. « La charité est la vapeur qui actionne la machine sociale », disait Lorenz Werthmann, le fondateur de la Caritas allemande. Il n’y eut donc jamais chez les catholiques de séparation entre l’action sociale proprement dite, en témoignent toutes les lois que firent voter les députés catholiques, et l’action charitable. Ils s’emparèrent des deux, et les fruits de cette intense activité au service du prochain, nous les recueillons encore aujourd’hui. Catherine Maurer conclut ainsi sont étude : « Il nous semble bien que la nature a priori non moderne, voire antimoderne, de "l’œuvre de charité" inscrit pourtant pleinement le catholique qui la pratique dans la modernité qui l’environne, parce qu’elle l’oblige à réagir à des défis qui menacent sa propre survie comme homo religiosus. » n 10 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 EnTRETIEn AvEc chARLES GAz Les catho n Comment agissent les catholiques aujourd’hui ? Il est quasiment impossible de dénombrer les associations d’obédience ou d’origine catholique qui travaillent aujourd’hui en France dans le domaine caritatif. Elles sont très nombreuses. Pour ma part, je connais bien le Secours catholique dont j’ai présidé neuf ans la délégation à Paris, avant de rejoindre le vicariat à la solidarité du diocèse. Le Secours catholique regroupe à lui seul 67 000 bénévoles, 1 000 salariés et touche 1,5 million de personnes en France. Il est présent dans toutes les paroisses rurales du pays. à Paris et certainement dans les grandes villes, l’action caritative est en revanche principalement menée par les paroisses ou des associations en lien avec le diocèse, indépendantes du Secours catholique. à Paris, c’est une vingtaine de grosses associations très actives qui œuvrent sur ce terrain. Il faut noter par ailleurs que beaucoup d’organismes nés du christianisme refusent aujourd’hui toute étiquette chrétienne, comme Emmaüs, les Petits frères des Pauvres, ou ATD Quart Monde. Martin Hirsch, qui fut président d’Emmaüs, donne quelques éléments d'explication dans son dernier livre, La Lettre perdue. Mais c’est dommage. Il y a une crispation politique et sociale autour de cette identité catholique, comme on l’a vu il y a peu avec l’épisode du Président Hollande demandant qu’on enlève le portrait de l’abbé Pierre lors d'une inauguration d'un centre. n Quels sont vos rapports avec l’État ? Ils se passent globalement bien, dès que le principe de la laïcité est respecté. Quand je travaillais au Secours catholique, j’ai toujours trouvé les portes des différents services de la Ville et du département grand ouvertes. Mais nos buts et nos méthodes ne sont pas forcément les mêmes que EAu, DÉLÉGuÉ ÉpIScOpAL pOuR LA SOLIDARITÉ Du DIOcèSE DE pARIS liques solidaires ceux des pouvoirs publics : pour l’opération Hiver solidaire, par exemple, nous insistons sur les liens de fraternité qui sont créés, sur l’écoute, et la permanence de l’accueil, l'accompagnement nous ne faisons pas de chiffre. L’État, en revanche, préfère le quantitatif. La réaction de Cécile Duflot qui a agité les médias, et fut sans doute provoquée par les articles du Canard enchaîné, n’était à mon avis pas préparée, pas réfléchie, ou mal informée. Je ne comprends pas pourquoi elle est venue sur ce terrain que manifestement elle ne connaissait pas. De plus, elle a expédié sa lettre à l’archevêché sans en appeler aux autres services de l'État disposant de locaux. Mais cela ne reflète en rien les rapports que nous entretenons avec les services publics en général : chaque année le diocèse de Paris, que je représente en l’occurrence, est invité par le préfet de Région pour participer à la mise en place du plan hivernal. Chaque hiver nous annonçons environs cent vingt places. Au regard de ce que proposent une vingtaine d'institutions présentes nous ne sommes vraiment pas ridicules — bien au contraire. n Quels sont les champs d’activités privilégiés ? Le terrain à labourer aujourd’hui en priorité est celui de la solitude. Il faut reconnaître que ce sont les conférences Saint-Vincent de Paul qui les premières, il y a trois ans, ont porté comme Grande cause nationale : la solitude. à Paris, dans la dynamique de Paroisses en Mission, la troisième année a eu pour thème éthique et la solidarité. Cette attention au domaine de la solidarité, nous a permis, notamment autour des questions des fractures sociales, de privilégier la question du logement, de la solitude, de la rencontre et de Charles Gazeau Beaucoup d'organismes nés du christianisme refusent aujourd'hui toute étiquette chrétienne l’accueil de l’autre au sens le plus large — les étrangers, les gens de la rue, etc. Cela se manifeste notamment par l’opération Hiver solidaire, qui reste encore à développer, mais qui concerne cette année vingt-six paroisses à Paris. Côté logement, une idée tout à fait neuve, celle de la colocation de jeunes professionnels qui s’installent volontairement avec des personnes qui vivaient à la rue. Cela demande beaucoup d’abnégation, de travail sur soi, d’investissement personnel. C’est une véritable initiative chrétienne. Deux associations mènent chacune selon leur voie propre ce nouveau mode de charité : Aux Captifs la libération, avec le site Valgiros, rue de Vaugirard, et l’APA (Association pour l’Amitié) : ce sont déjà 150 personnes qui vivent ensemble sous ce mode-là. n Le bénévolat et le don se portent-ils bien ? Les catholiques sont vraiment des personnes généreuses. C’est dans les gènes, si je puis dire. Et quand les catholiques font quelque chose, c’est sans dépendre de l’État, sans demander, avec leur seule générosité. Hiver solidaire, par exemple, si l’on sait qu’une place d'hébergement précaire coûte environ 40 euros la nuit par personne à l’État, les cent vingt personnes hébergées par les catholiques ne coûtent rien à l’État… Pour l’avenir, nous réfléchissons particulièrement à la question des migrants qui se pose avec acuité. Nous organisons ainsi le 6 avril sur le parvis de Notre-Dame le 4e Forum de la Charité qui sera consacré aux préoccupations de l’Église de Paris envers nos frères les plus démunis et sur les thèmes que nous avons évoqués précédemment. n FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 11 lectures dimanche 3 MARS (année C) © LA BIBLE DES PEUPLES / ÉD. DU JUBILÉ Sinon, tu le couperas Ne vous indignez pas, convertissez-vous plutôt 13. 1 C’est alors qu’on mit Jésus au courant d’un massacre de Galiléens : Pilate avait fait couler leur sang là même où ils sacrifiaient leurs victimes. 2 Jésus alors leur dit : « Croyez-vous que ces Galiléens étaient plus pécheurs que tous les autres Galiléens pour avoir eu ce sort ? 3 Non, je vous le dis ; mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous pareillement ! » [...] D l’évangile lu ce dimanche, nous sommes surtout sensibles à la première partie, à l’enseignement du Sauveur à propos du drame des Galiléens massacrés par Pilate et qui débouche sur la question de l’origine du mal. Nous voyons que celui-ci dépasse évidemment la responsabilité individuelle, c’est l’affirmation indirecte du péché originel, car seule une solidarité mauvaise initiée à l’origine de l’humanité peut expliquer l’absurde déferlement des conséquences du mal. Mais c’est surtout sur l’issue que Jésus insiste : se convertir à n’importe quel prix et tout de suite. Mais ce n’est pas là-dessus que je voudrais orienter ma réflexion d’aujourd’hui. Nous avons dans la foulée une parabole, annoncée comme telle : celle du figuier qui ne donne pas de fruit, un figuier que le maître a planté dans sa vigne. Le lecteur de la Bible voit tout de suite le rapprochement entre le figuier et la vigne, selon une image si souvent employée dans l’Ancien Testament pour dire la plantation pleine d’amour qu’a faite le Seigneur, en installant Israël sur sa terre. On pense surtout au tout début du livre d’Isaïe (5,1-7), où on voit le Seigneur se mettre en colère contre sa vigne qui, malgré tous ses soins, ne lui donne pas de bon fruit, jusqu’à décider de l’abandonner pour qu’elle revienne à l’état sauvage. ans 12 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 La parabole évangélique souligne la patience du propriétaire qui n’a pas tout de suite coupé l’arbre stérile. Il a attendu trois ans, espérant une amélioration, mais celle-ci n’est pas venue. Et maintenant, il va être sensible à la proposition du "vigneron", qui lui propose des soins intensifs pour son figuier. Mais ce sera quand même la dernière chance, car, en cas d’échec : « tu le couperas ». Brrr… ça fait froid dans le dos ! On va jusqu’au bout du possible, mais pas d’acharnement thérapeutique. écartons tout de suite une fausse piste. On pourrait lire cette parabole uniquement dans la perspective d’Israël qui refuse la conversion et qui va passer à côté de la venue salutaire du Messie : après tout, c’est bien Israël qui était visé dans les paroles des prophètes sur la vigne ingrate ! On pourrait dire dans le même sens que les trois ans de patience sont les trois années du ministère public du Christ, qui n’ont pas donné le résultat escompté et n’ont pas amené la conversion générale de son peuple. Cette interprétation ne peut être complètement écartée (pas plus que de la parabole des vignerons homicides qui est apparentée), mais à condition de voir Israël comme l’avantgarde et le représentant de l’humanité. Car c’est finalement toute vie humaine qui est derrière ce figuier, à la fois, aimée, mise à part et profondément défaillante. Toute vie qui oppose à Dieu 3e Semaine par le Père Michel Gitton Dimanche 3 mars : IIIe dimanche de Carême 1. Jésus qui vient investir notre monde de sa présence mystérieuse et flamboyante (Exode 3, 1-8a.13-15). ➤ Adorons Celui qui EST, absolument. Point spi : Déchaussons-nous au moins moralement pour paraître en sa présence. 2. Jésus qui nous désaltère au long de notre route vers la Terre Promise (1 Corinthiens 10, 1-6.10-12). ➤ Adorons le Cœur d’où jaillit pour nous l’eau vive. l’énigme d’une volonté fermée et d’une liberté rebelle. Mais arrêtons-nous une seconde sur la fin qui laisse filtrer un discret rayon d’espérance, avant de nous faire pressentir la réalité de l’enfer. Qui est donc ce vigneron si attentionné qui fait changer d’avis le maître du domaine ? N’est-ce pas Jésus lui-même venu sur terre pour intercéder entre notre faveur devant son Père ? Que fait-il d’ailleurs ? : « Le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier ». Voilà bien la mission exercée par Jésus : il est le grain de blé tombé en terre et qui meurt pour redonner vie à nos vies. Du fumier, c’est bien cela qu’il a voulu être ! « Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel le lépreux dont on détourne son visage ; oui, nous l’avons méprisé, compté pour rien » (Isaïe 53,3). La finale est d’autant plus terrible. Tout ce travail n’est pas assuré de l’emporter. Jusqu’au bout la liberté humaine peut se recroqueviller sur ellemême et refuser la vie. Si Dieu, si Jésus, sont allés loin, très loin, leur amour ne comporte pas d’attraction irrésistible. Ils ne nous auront pas à l’usure. Alors répondons vite ! n 3e dimanche de Carême Première Lecture : Exode 3.1-15 Psaume 103.1-4, 6-8, 11 Deuxième Lecture : 1·Corinthiens 10.1-12 Évangile : Luc 13.1-9. de carême Point spi : Ne récriminons pas contre la longueur de la route. 3. Jésus qui nous met au pied du mur et nous propose une conversion radicale sous peine de nous perdre (Luc 13, 1-9). ➤ Adorons le Juge devant qui toute notre vie est découverte. Point spi : Ne remettons pas à plus tard la mise en ordre de notre vie. Lundi 4 mars : Le rejet de Nazareth (Luc 4, 24-30) 1. Tristesse de Jésus devant ses compatriotes incompréhensifs et tout ce temps perdu pour l’annonce de la Bonne Nouvelle, Jésus désarmé devant leur colère absurde. ➤ Adorons l’Innocent, le Juste méconnu. Point spi : Discernons nos raideurs et nos étroitesses, ne risquons pas de mettre Jésus hors de nos vies. 2. Jésus regardant au-delà d’Israël, saluant les signes avant-coureurs de la mission universelle, admirant l’humilité de certains païens, leur promptitude, leur joie d’être invités. ➤ Contemplons Jésus, messie pour tous les peuples, soucieux de ceux qui sont loin comme de ceux qui sont proches. Point spi : Communions à son souci des brebis perdues. 3. Jésus qui ne se laisse pas arrêter par l’opposition des hommes, qui « passe » au-delà de nos blocages. ➤ Vénérons la toute-puissance désarmée de celui qui se glisse dans notre histoire. Point spi : Reconnaissons la constance de son projet malgré les échecs apparents de Son église. Mardi 5 mars : Le créancier insolvable (Matthieu 18, 21-35) 1. Jésus qui sait l’étendue de la dette, qui seul peut mesurer la gravité du péché et de ses conséquences. ➤ Adorons le Juge au visage voilé, reconnaissons sa mansuétude qui n’est pas ignorance ou indifférence. Point spi : Pleurons les péchés de notre vie et ne nous plaignons pas. 2. Jésus qui voit avec douleur l’incohérence de nos comptes et la vanité de nos rancunes, qui sait l’absurdité de nos jalousies et de nos revendications. ➤ Adorons l’Ami qui reste lucide, qui ne se laisse pas prendre à nos déclarations mensongères. Point spi : Relativisons les torts dont nous nous estimons victimes. 3. Jésus qui nous apprend à passer condamnation des dettes contractées par le prochain, qui veut nous voir brûler nos créances. ➤ Adorons le Maître qui peut tout nous demander, et qui a l’audace le faire. Point spi : Lâchons prise sur les points les plus sensibles. Mercredi 6 mars : La permanence de la Torah (Matthieu 5, 17-19) 1. Jésus amoureux de la Loi, à cent lieues du carcan légaliste élaboré par les pharisiens, mais passionnément attaché à cette lumière communiquée aux hommes sur le Sinaï. ➤ Adorons le Fils passionné de faire la volonté du Père. Point spi : « Quelle merveille, tes exigences ! » Pouvoir le dire… 2. Jésus observateur de la Loi, aimant couler sa vie dans les préceptes de la Loi, pour que tout soit consacré à Dieu, c’est pour lui que la Loi a été faite ! ➤ Reconnaissons le « Maître du Sabbat ». Point spi : Faisons de l’imitation concrète de Jésus le principe de tous nos actes. 3. Jésus docteur de la Loi à sa façon, nous apprenant à suivre, à discerner, à accomplir. ➤ Adorons Jésus notre Guide. Point spi : Acceptons de former notre conscience, ne prenons pas nos idées pour la norme. Jeudi 7 mars : L’homme fort (Luc 11, 14-23) 1. Jésus qui nous apprend à démasquer le démon aux aguets, « cherchant qui dévorer », à ne pas nous tromper de cible. ➤ Adorons le Combattant qui, au désert, a mis le Diable au tapis. Point spi : pensons plus souvent que c’est le Démon qui veut nous avoir dans telle circonstance précise. 2. Jésus qui nous apprend à voir le doigt de Dieu, à reconnaître même dans les tentations, sa conduite paternelle. ➤ Vénérons la Sagesse éternelle qui s’est faite pour nous Sagesse incarnée. Point spi : Ne nous croyons pas abandonnés, faisons confiance : nous ne sommes pas seuls. 3. Jésus qui nous apprend à « amasser » avec lui, à mettre de côté mille petits efforts qui donneront du fruit. ➤ Considérons le Gardien d’Israël qui ne laisse rien perdre du trésor accumulé. Point spi : Rappelons-nous que tout compte, l’essentiel est d’amasser avec Jésus. Vendredi 8 mars : L’Unique Seigneur (Marc 12, 28b-34) 1. Jésus qui sait le prix du véritable amour, de l’absolu de Dieu, lui seul peut nous combler, c’est pourquoi il exige tout. ➤ Adorons notre Souverain Bien, notre vie. Point spi : Remettons-lui notre existence, saluons ses exigences d’amour. 2. Jésus qui réunit en lui le double amour de Dieu et du prochain, qui sait servir le Père à travers le plus petit de ses frères. ➤ Adorons notre Dieu qui s’est fait notre prochain, Point spi : Désirons pouvoir servir le plus petit, le moins aimé. 3. Jésus qui nous unifie, qui réunit nos énergies dispersées, qui nous redonne un but clair et des moyens adaptés. ➤ Adorons l’Unique, à l’image de qui nous sommes faits. Point spi : Remettons toute notre vie en perspective par rapport à Dieu. Samedi 9 mars : Le publicain et le pharisien (Luc 18, 9-14) 1. Jésus qui excède toute mesure : plus saint, incomparablement, que le pharisien, plus petit que le publicain. ➤ Vénérons sa Mesure, qui est d’aimer sans mesure. Point spi : ne nous comparons pas. 2. Jésus qui ne se laisse pas tromper par les apparences, car il lit dans les cœurs et devine la vraie prière. ➤ Adorons « Celui qui voit ». Point spi : supposons, même dans les pires, une beauté cachée. 3. Jésus qui déclare « juste » le publicain, qui le justifie par la puissance de son sacrifice, qui achève l’ouverture ménagée par son humilité. ➤ Reconnaissons Celui qui prononce la sentence avec l’autorité du Père. Point spi : baignons-nous dans le flot de Sa miséricorde. n FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 13 éGLISe BenoÎt XVI Le veilleur L ors d'entretiens anciens, y compris le livre d’entretiens* avec son biographe allemand Peter Seewald, il avait envisagé l’hypothèse de la renonciation. Mais il y avait principalement traité non du principe mais de l’opportunité. Il avait indiqué que celle-ci ne devrait intervenir qu’à un moment où le gouvernement de l’Église serait relativement tranquille et où il se sentirait physiquement incapable de poursuivre. Il était exclu qu’il renonce en un moment de crise ouverte. Une renonciation en temps de crise serait considérée et manipulée comme étant une réponse à ladite crise, alors qu’il en irait tout autrement. Il avait le devoir de renoncer et d’être vu comme renonçant en toute liberté, sans aucune pression autre que celle de l’âge et de l’infirmité communs à tout être humain. C’est important pour la fonction qu’il quitte, mais encore plus pour la fonction qu’il prend. Personne n’est mieux placé que lui — par expérience autant que par sa remarquable intelligence, à la fois inductive et déductive — pour embrasser la situation générale des forces hostiles à l’Église et à sa mission. La Papauté revêt une fonction mystique souvent occultée par ceux qui se concentrent sur les autres fonctions, le gouvernement de l’Église, la pastorale, ou autre. La prière du Pape, médiateur entre Dieu et un bon milliard de catholiques, n’est pas la moindre de ses fonctions. La perception aiguë qu’a le Pape de la situation de l’Église à ce moment précis de l’histoire 14 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 En toute liberté, sans aucune pression autre que celle de l'âge par David Warren journaliste à Ottawa © The Catholic Thing Traduit par Dominique Decherf ajoute à sa prière. Sa position est non seulement symbolique comme grand-prêtre, mais éminemment pratique qui lui permet de savoir exactement ce pour quoi il faut qu’il prie. Pour réunir les deux bouts de la chaîne, disons que Benoît XVI est parfaitement qualifié, à la fois par la nature de la fonction qu’il a exercée et par ses qualités personnelles, pour entrer dans le jardin de Gethsémani qu’il a choisi. Les médias répètent la même question tant de fois rebattue : « Sera-t-il le pouvoir dans les coulisses derrière son successeur ? » La réponse doit être affirmative mais dans le sens opposé de celui compris par les médias : le nouveau pape exercera les fonctions liées au gouvernement de l’Église et à la pastorale qui vont avec les clefs (de Saint Pierre), y compris la fonction mystique. Mais il bénéficiera, pendant un temps plus ou moins bref, de la présence de l’ancien pape dans son jardin de Gethsemani. Par son acte, sans précédent à l’époque moderne, Benoît X VI a également créé un moment sans antécédent pour sa succession. Les habitudes liées à l’élection d’un pape sont bouleversées par cette décision. Le collège des cardinaux ne bénéficie pas cette fois des délais liés à la lente agonie du pape sur son lit de mort, propices à l’émergence de tel ou tel candidat. Le simple fait de la renonciation influe sur la réflexion et les évaluations. Aucune surprise n’est à exclure. L’élection du cardinal Ratzinger fut, rétrospectivement, rendue possible par l’interminable période de souffrance de son prédécesseur. L’élection de son successeur peut très bien être attribuée, lorsqu’on regar- Photo ©oSSeRVAtoRe RoMAno, Le 20 fÉVRIeR 2013 Benoît XVI a, avec gravité et en vertu de l’autorité qui lui a été conférée, décidé de passer d’une fonction à une autre. Depuis le 28 février, il a cessé d’être pape et est entré dans une nouvelle vie de prière. C’est un grand moment, sur de nombreux plans reliés les uns aux autres, ce dont il est parfaitement conscient. dera en arrière, à la renonciation soudaine de Benoît XVI, agissant selon la pente de son tempérament, avec une grande humilité, plutôt que de répéter la leçon exemplaire de Jean-Paul II sur la manière dont un catholique doit mourir. Qu’on le veuille ou non, nous sommes entrés dans une nouvelle époque. Benoît XVI l’a parfaitement compris et s’est efforcé de l’expliquer au clergé de Rome lors de sa dernière audience. Revenant sur son expérience du Concile Vatican II, il a opposé le « Concile des Pères » au « Concile des médias ». Les horreurs qui ont suivi Vatican II sont venues du « Concile des médias » qui a grossièrement transposé les questions de foi en des questions de pouvoir, opposant artificiellement des factions, « traditionalistes » et « modernistes », au sein d’un processus bien connu de marche inexorable vers le « progrès ». Benoît XVI semblait insinuer que le Concile des médias était parvenu au bout de ses conséquences et que le Concile des Pères faisait sa réapparition. Le projet d’ensemble, qui avait précédé de loin Vatican II, et que l’on pouvait faire remonter au Concile de trente et à la réponse de l’Église aux défis de la Réforme et de la « mondialisation » commencée en 1492, était Benoît XVI a également créé un moment sans antécédent pour sa succession toujours là. Ce n’était pas une invention récente, ni quelque chose qui était venu avec les années soixante. La vie de Ratzinger/Benoît XVI a coïncidé avec cette phase de Vatican II et de sa suite. Jean-Paul II l’avait choisi pour être son ancre de salut théologique. Déjà sous le pontificat de Paul VI, il avait été l’une des forces les plus influentes d’équilibre tandis que l’Église se débattait dans les affres des conséquences post-conciliaires. Sous son propre pontificat, Benoît XVI a pris les mesures nécessaires de ce que j’appellerai le retour à la raison dans l’enseignement, la liturgie ou l’administration de l’Église. Il n’a pas résolu tous les problèmes parce qu’ils ne peuvent pas l’être. Mais il a offert des solutions. Il est le dernier (et je pense le meilleur) de sa génération. Celui qui lui succédera n’aura ni son âge ni son expérience. Il quitte le gouvernail. C’est comme si le cap avait été passé, et que le nouveau barreur allait affronter un nouvel océan et des vents nouveaux. n * Lumière du monde, Bayard, 2010, 300 pages, 21 e. FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 15 en contempla Benoît XVI poursuit son ministère, d’une façon nouvelle, que l’Esprit lui a inspirée, en fidélité à cette parole du Christ ressuscité au pêcheur de Galilée : « Quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais ; quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas » (Jean 21, 18). Il part en éclaireur sur une route inconnue.. » e la fin de son pontificat le 11 février, le Pape nous a caché un autre message derrière sa décision : il l’a signée du 10 février. Sainte Scolastique, certes. Mais le Pape a donné lui-même la clef de sa décision ce dimanche-là, après l’angélus, semble-t-il. Le Pape a souhaité une heureuse année aux peuples d’Asie qui entraient dans l’Année du Serpent — symbole de sagesse —, et spécialement aux catholiques du continent. Il a souhaité « que l'aspiration à une vie heureuse et prospère puisse s'accomplir pour ces Peuples. [...] Cette circonstance joyeuse célèbre, at-il souligné, les valeurs universelles de la paix, de l'harmonie et de la reconnaissance envers le Ciel, valeurs désirées par tous pour construire sa famille, la société et la nation ». Benoît XVI s’est adressé « aux catholiques de ces pays, afin qu'en cette année de la foi, ils se laissent guider par la sagesse du Christ ». Sagesse préfigurée par le Serpent de l’extrême-orient dont le bestiaire n’est pas celui de l’occident. Qu’en tirer ? Simplement peut-être qu’au moment où Benoît XVI prend cette décision « pour le bien de l’Église », son regard se tourne vers l’évangélisation de plus de quatre milliards d’habitants de l’immense continent. Le Pape inscrit sa décision dans le mouvement de la nouvelle évangélisation qu’il a appelée de ses vœux au point d’y consacrer un synode et de créer n annonçant 16 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 Benoît XVI n'est pas l'homme de la rupture mais de la continuité, de l'unité, de la communion un nouveau dicastère pour la stimuler, la « promouvoir ». et puis, que fait le Pape ? Deux choses. D’une part, selon l’expression d’une journaliste italienne, il met « son bureau en ordre ». Le pape continue de donner des évêques et des nonces aux pays qui n’en ont pas. Il crée même un diocèse au Congo. Il épargne à l’Église la longue attente de pasteurs qui a caractérisé les derniers mois du pontificat précédent, il épargne à la Curie ces mois douloureux de l’agonie d’un pape où les rouages du gouvernement universel de l’Église souffrent. La leçon héroïque de Jean-Paul II est irremplaçable, et ne saurait se répéter. Benoît XVI, lui, laisse les affaires en ordre et offre ce faisant un autre enseignement. D’autre part en effet, il maintient la retraite au Vatican. Au moment de se retirer, comment mieux souligner le sens de sa décision ? Le Pape montre le chemin de la prière, de la prière des psaumes, de la prière d’adoration du Christ dans l’eucharistie. Cette adoration silencieuse du Christ présent jusqu’à la fin des temps qu’il a osé proposer, au début de son pontificat, à des centaines de milliers de jeunes rassemblés à Cologne, en août 2005. Il achève la retraite en disant, en cette Année de la foi : « Croire n’est rien d’autre que, dans l’obscurité du monde, toucher la main de Dieu, et ainsi, dans le silence, écouter la Parole, voir l’amour. » Le Pape se retire, mais reste au milieu des siens comme celui qui dans le silence « touche la main de Dieu », « écoute sa Parole », pour « voir l’amour ». Cette lutte dans la prière, pour l’Église, voilà le nouveau combat de Benoît XVI. Il est significatif que sa nouvelle demeure, sur la colline du Vatican, domine même la basilique Saint-Pierre, et que ce soit l’ancien monastère Mater ecclesiae où différentes communautés contemplatives se sont relayées pendant des décennies. Voilà où se situe, géographiquement et spirituellement, l’avenir de Benoît XVI, comme le veilleur sur les remparts — les murs léonins contre lesquels s’arc-boute la maison — , scrutant l’au- par natalia BOTTIneaU journaliste à rome rore, comme pour hâter sa venue. Il remercie le cardinal prédicateur, Gianfranco Ravasi, d’avoir indiqué le chemin aux retraitants de façon à les rendre « toujours plus capables de prier, d’annoncer, d’être des témoins de la vérité, qui est belle, qui est amour ». Il dit qu’il se retire et en même temps demeure : « Même si la communion "extérieure", "visible" s’achève maintenant – comme l’a dit le cardinal ravasi – il reste la proximité spirituelle, il reste une communion profonde dans la prière. avec cette certitude, nous allons de l’avant, sûrs de la victoire de Dieu, sûrs de la vérité de la beauté et de l’amour. » Au président de la République italienne, Giorgio napolitano, il dit ce que tous les journaux ont immédiatement repris : il « continue de prier pour l’Italie. » C’est donc dans cette « herméneutique de la continuité » qu’il faudra comprendre peu à peu la portée du geste de Benoît XVI, et non de la « rupture » pour paraphraser sa façon d’interpréter le concile Vatican II. Benoît XVI n’est pas l’homme de la rupture mais de la continuité, de l’unité, de la communion. Unité de l’Église et de sa propre vie, selon la dynamique — qui lui est chère — indiquée par saint Augustin : de l’extérieur à l’intérieur, de l’inférieur au supérieur. Il l’a dit à l’angélus, le dimanche 23 février, devant des centaines de milliers de visiteurs, venus manifester leur gratitude, parfois du nord de l’Allemagne. Avec les apôtres accompagnant le Christ au thabor, il confie : « Le Seigneur m’appelle à "monter sur la montagne", à me consacrer encore plus à la prière et à la méditation. » Continuité et non pas « abandon » : cela « ne signifie pas abandonner l’Église », mais « continuer à la servir avec le même dévouement et le même amour avec lesquels j’ai cherché à le faire jusqu’ici, mais de façon plus adaptée à mon âge et à mes forces ». Au retour de Cuba, en mars dernier, le Pape a compris qu’il ne pourrait plus faire de voyage tran- Photo © oSSeRVAtoRe RoMAno, Le 20 fÉVRIeR 2013 tion Le Pape se retire, mais reste au milieu des siens satlantique, qu’il ne pourrait pas aller à Rio pour la JMJ de juillet prochain. Mais c’est le rendez-vous du Pape et des jeunes du monde entier : un autre devra y aller. Cet été, Peter Seewald a rencontré le Saint-Père une heure et demie et a vu son extrême fatigue. Reste un courage aussi héroïque que celui de Jean-Paul II, et un enseignement aussi fort, dans une nouvelle direction : ce qui reste d’un pontificat, c’est la sainteté, comme il l’a fait observer à propos d’un saint Pierre Célestin V en 2010. ne rien préférer à l’amour du Christ qui appelle. Même le sommet du pouvoir. et il avait déposé le pallium de l’inauguration de son pontificat auprès de la dépouille du pape moine, qui a renoncé à son miFRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 17 nistère en 1294 pour prier. Dante l’a mis en enfer. Benoît XVI le canonise en quelque sorte une seconde fois en exaltant sa sainteté et sa vie cachée en Dieu, la grandeur d’un pontificat de cinq mois. La Providence n’a-t-elle pas protégé sa dépouille — abritée par la basilique de Collemaggio — des violents séismes qui ont détruit L’Aquila, au XVIIIe siècle et en 2009 ? Reste une décision de raison, pour ce pape qui a exhorté sans cesse à allier foi et raison : la foi sans la raison donne naissance au fanatisme, à l’intégrisme, à la déraison. La foi sans la raison se retourne contre la foi et contre l’homme. Reste un signe pour ce bimillénaire de l’Église : le moteur de la nouvelle évangélisation, c’est la prière. Le don de la vie de Benoît XVI à la nouvelle évangélisation se traduit par cette nouvelle forme que prend son ministère : il se fait veilleur. Continuité, et non rupture. non pas activisme mais prière, condition sine qua non pour grandir dans l’amitié avec le Christ : c’est le grand enseignement de Benoît XVI à toute l’Église, à chaque baptisé. Les évêques réunis en synode en octobre dernier à Rome ne disaient pas autre chose : « L'agent principal de l'évangélisation, c'est l'esprit-Saint qui Un signe pour ce bi-millénaire de l'Église © nAtALIA BottIneAU L'ancien pape résidera à Castel Gandolfo durant le conclave, puis dans ce monastère Mater Ecclesiae, dans la Cité vaticane (avec vue sur le dôme de Saint-Pierre), dès que les travaux de réfection seront terminés. 18 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 ouvre les cœurs et les convertit à Dieu. L'expérience de la rencontre avec le Seigneur Jésus, rendue possible par l'esprit qui nous introduit dans la vie trinitaire, et accueillie dans un esprit d'adoration, de supplication et de louange, doit être fondamentale dans tous les aspects de la nouvelle évangélisation. C’est là la "dimension contemplative" de la nouvelle évangélisation qui se nourrit sans cesse de la prière, à commencer par la liturgie, en particulier l'eucharistie, source et sommet de la vie de l'Église » (Proposition 36). Le Pape venait de donner à l’Église deux nouveaux Docteurs, Jean d’Avila et hildegarde de Bingen, Docteurs de vie d’union au Christ, de vie mystique. Lui-même a préparé l’Année de la foi par une série de catéchèses qui sont une véritable école de prière, vrai testament spirituel. et il concluait le synode, le 28 octobre 2012, par cette invitation de Clément d’Alexandrie : « enlevons les ténèbres qui, comme un brouillard pour les yeux, nous empêchent de voir, contemplons le vrai Dieu... ; car une lumière du ciel a brillé sur nous qui étions plongés dans les ténèbres et prisonniers de l’ombre de la mort, [une lumière] plus pure que le soleil, plus douce que la vie d’ici-bas. » n Publi-Partenariat 29 rue du louvre - 78750 Mareil-Marly www.aed-france.org tél. 01.39.17.30.10 - [email protected] FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 19 20 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 21 22 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 France L’Assemblée plénière des évêques de France se déroulera du 16 au 18 avril à Paris. En raison de la renonciation du pape Benoît XVI et du conclave prévu à la mi-mars, l’assemblée, qui devait se tenir à Lourdes du 19 au 22 mars, est donc reportée. (Zenit 20/02/2013) Syrie Un fidèle de la communauté arménienne apostolique a été tué à bout portant par des terroristes en proie à la fureur religieuse. Yohannes A ., selon la communauté arménienne locale, est « un martyr du conflit syrien ». L’homme se trouvait dans un convoi se dirigeant vers Alep. Le minibus à bord duquel il se trouvait a été arrêté par un groupe de miliciens islamistes qui a demandé leur carte d’identité aux voyageurs. Ayant remarqué que le nom de Yohannes s’achevait en « ian », ils l’ont identifié comme arménien. Il l’ont donc fouillé, découvrant qu’il portait une croix autour du cou. À ce moment-là, l’un des terroristes a ouvert le feu sur la croix, déchiquetant la poitrine de l’homme. Selon une source de Fides au sein de la communauté arménienne, « les terroristes étaient exaltés, hors d’eux-mêmes, comme s’ils avaient fait usage de drogue ». nigeria e Pierre-MarieDelfieux(1934-2013) n voulant instaurerlaviemonastiqueaucœurdesvilles,lefrèrePierre-MarieDelfieux, quivientd'accomplirsonpassageverslePère,avaitl'intuitionquenoscontemporains, désormaiscitadinspourleplusgrandnombre,retrouveraientDieugrâceàlaprésence permanentedelaprièreaumilieud'eux.c'estlorsdesagranderetraitespirituelleaumilieu duHoggar(1972-1974)quecettecertitudes'étaitétablieenlui.DeretouràParis,ilétaitallé voirsoncompatrioterouergat,lecardinalFrançoisMarty,pourluiexposersonprojet.D'oùla créationdesFraternitésmonastiquesdeJérusalemen1975,avecunepremièreimplantation danslamagnifiqueégliseSaint-gervaisaucœurdeParis.uneenquêterécenteamontréque nombredevocationssacerdotalesdanslacapitalesesontéveilléesaucontactdecesmoines etmoniales,quiavaientdonnélegoûtdel'oraisonetduchantliturgique,dansunclimatde beautéetdecontemplation. Pierre-MarieDelfieuxs'estinscritainsidanslemouvementderenouveauspirituelpostconciliairequimarqualesannéessoixante-dix,aprèslapériodecritiquequilesavaitprécédées.ilfautnoteraussilaconjonctionprécieusequeconstituerapourlesFraternitésl'apport choraldufrèredominicainandrégouzesdepuissonabbayedeSylvanès.grâceàlui,les frèresetlessœurspurentsemettreaudiapasond'unvéritableéveilliturgiquedansl'esprit authentiquedelaconstitutionconciliaire.Parailleurs,l'alternanced'untravailàmi-temps aveclaviedeprière,rendaitunenouvelledimensionàlatraditiondesaintbenoît,enétablissantunlienaveclasociétéréelle. ilestvraiqueledéveloppementdesFraternitésallaitsefairedansunedirectionquele fondateurn'avaitpasenvisagée:« Nous n'avons pas cherché, disait-il,à aller au Mont-SaintMichel, pas plus qu'à Vézelay. »Maisl'appeldesévêquesdeSensoudecoutancesmontrait àquelpointils'agissaitdelieuxprivilégiés,devéritables« villes en itinérance »,avecdes massesdetouristesquiretrouvaientdanscesgrandssanctuairesl'appeldeDieu,hier,aujourd'huietdemain.représentantvingt-cinqnationalités,implantéesdanssixpays,lesfrères etlessœursdesFraternitéssontlessentinellesdel'évangélisationfaceàl'amnésiespirituelle desnationseuropéennes. lavocationsingulièredufrèrePierre-MarieDelfieuxlaisseraunsillagedansl'histoirede notretemps.Onsesouviendrad'unmaîtrespirituel,quivoulaitfairerespirersescontemporainsàl'airdescimesdelasainteté.ilm'avaitrappeléunjouravecunéclairdanslesyeux: « C'est ici, à Saint-Gervais, que se sont rencontrés saint Vincent de Paul et saint François de Sales. »ilétaitpatentquelamêmeaventuredesâmessepoursuivaitàlahauteurdeces géantsdugrandSiècle.n gérardleclerc Le gouvernement nigérian est disposé à accepter le cessez-le-feu proposé par Boko Haram si son responsable, le Sheikh Abubakar Shekau, renonce publiquement à la violence. C’est ce qu’a affirmé le général Sarkin-Yaki Bello, coordinateur national du Centre anti-terrorisme. Il a promis un programme de réhabilitation aux extrémistes qui déposent les armes et a annoncé des concessions en ce qui concerne la remise en liberté de membres de la secte, la reconstruction de sa mosquée et la possibilité pour les membres de la secte de pratiquer librement leur credo religieux. PakiStan belgique Roshan Masih, un chrétien de 45 ans, a été tué à coups de fusil par un musulman à Lahore, chef-lieu de la province du Punjab, après une discussion portant sur des questions religieuses où la victime a défendu la foi chrétienne et probablement été considéré comme « blasphémateur » par son assassin. L’épisode a eu lieu le 16 février dernier. Il s’agit d’un homicide de sang-froid. Le cardinal belge Julien Ries, spécialiste des religions anciennes, est mort le 23 février, à 93 ans. Ses funérailles ont lieu le 2 mars à la cathédrale de Tournai. (Fides 19/02/2013) (Fides 20/02/2013) auStralie Le Dr Evelyn Billings, qui a mis au point, avec son mari John, une méthode efficace de régulation naturelle des naissances, est morte le 16 février à 95 ans. FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 23 droit JURISPRUDENCE FAMILIALE La Cour européenne des impose l’adop La Cour pose le principe que l’adoption des enfants du partenaire de même sexe doit être possible lorsqu’elle l’est au sein des couples de sexes différents, quitte à évincer le parent biologique. Son raisonnement peut être ainsi synthétisé : « Si la femme avait été un homme, l’adoption n’aurait pas été impossible, donc elle doit être possible au nom de la non-discrimination selon l’orientation sexuelle lorsque la femme n’est pas un homme. » L 19 février, par un arrêt fleuve de plus de 50 pages, la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme a rendu public un arrêt condamnant l’Autriche dans une affaire X et autres c. Autriche (n° 19010/07) mettant en cause l’impossibilité pour une femme d’adopter le fils que sa compagne a eu d’une union antérieure avec un homme (ce que la Cour désigne « adoption coparentale »). Cet arrêt a établi le principe suivant lequel l’adoption des enfants du partenaire de même sexe doit être possible lorsqu’elle l’est au sein des couples de sexe différents. Les deux femmes (non mariées) qui agissaient en leur nom et au nom de l’enfant mineur, se plaignaient de subir une discrimination fondée sur leur orientation sexuelle et invoquent le droit au respect de leur vie privée et familiale (art. 8) ainsi que l’interdiction des discriminations (art. 14). Elles estimaient « qu’aucun élément ne justifie de manière raisonnable et objective que l’on autorise l’adoption de l’enfant de l’un des partenaires par l’autre partenaire dans le cas d’un couple hétée rosexuel, marié ou non marié, tout en interdisant pareille adoption dans le cas d’un couple homosexuel » (présentation des faits réalisée par la Cour). Une courte majorité des juges (10 sur 17) a adopté le raisonnement des organisations LGBT qui portaient cette affaire (ILGA, ECSOL FIDH, etc.). À l’opposé, l’opinion publiée en annexe par les sept juges dissidents cite et reprend largement les observations écrites soumises par l’ECLJ à la Grande Chambre. Selon le droit autrichien, une telle adoption n’est pas possible car un enfant ne peut pas avoir sa filiation établie envers plus de deux parents qui doivent être un homme et une femme, et l’adoptant se substitue au parent biologique du même sexe que lui (art. 182 § 2 du code civil autrichien). Ainsi, son adoption par une femme romprait le lien avec sa mère biologique. Les deux femmes ont argué du fait que lorsque le couple est hétérosexuel, un homme vivant avec la mère d’un enfant peut se substituer au père et adopter l’enfant (de même la femme vivant avec le père de l’enfant peut en théorie se substituer à la mère). courte majorité des juges a adopté ( Une le raisonnement des organisations LGBT 24 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 Cependant, dans ce cas, le parent naturel perd tout lien humain et juridique avec l’enfant, même le droit de le voir. Une telle adoption par substitution requiert, si elle est estimée être dans l’intérêt de l’enfant, soit la renonciation du parent à son lien de filiation, soit une décision de justice constatant l’indignité du parent biologique à conserver ses droits parentaux (en cas de maltraitance ou de désintérêt total pour l’enfant). En l’espèce, le père assume ses responsabilités, il a des contacts réguliers avec son fils qui porte son nom, et il verse une pension alimentaire. Autrement dit, comme beaucoup d’autres, cet enfant vit avec sa mère et a un père qu’il continue à voir et qui s’occupe de lui. Mais la mère et sa compagne veulent évincer le père pour « fonder » une nouvelle famille. Afin que la compagne de la mère puisse établir des droits parentaux sur l’enfant, elles ont demandé au père de renoncer aux siens. Face à son refus, elles ont demandé aux juridictions autrichiennes de l’en déchoir et d’autoriser l’adoption de telle sorte que la compagne de la mère puisse se substituer au père de l’enfant. Les autorités autrichiennes ont jugé cette demande contraire à l’intérêt de l’enfant et l’ont refusée. Les deux compagnes ont alors saisi la Cour européenne invoquant une discrimination. Ainsi, du point de vue de l’intérêt de l’enfant, cette affaire était simple : l’enfant ayant déjà un père et une mère, et aucun d’eux ne souhaitant ni ne devant renoncer à ses droits parentaux, l’intérêt de l’enfant était de conserver ses liens juridiques familiaux avec ses parents. L’enfant n’est donc pas adop- Droits de l'homme par Grégor Puppinck tion homosexuelle table. En revanche, du point de vue des adultes, l’affaire était plus compliquée car, ce n’est plus l’intérêt de l’enfant qui était considéré, mais l’égalité entre les couples hétérosexuels et homosexuels. Il s’agissait d’avoir les mêmes droits sur les enfants. La différence de situation entre couples hétérosexuels et homosexuels dans leur faculté « d’avoir » des enfants était perçue comme une discrimination. C’est sous le seul angle des droits des adultes en matière d’adoption et au seul prisme de l’égalité que la majorité des juges a tranché. La majorité a fait abstraction des circonstances de l’affaire et s’est concentrée sur le fait que « l’article 182 § 2 du code civil autrichien interdit de manière absolue – quoiqu’implicitement – l’adoption coparentale aux couples homosexuels ». La Cour a estimé que cette interdiction avait empêché les juges nationaux d’apprécier l’intérêt supérieur de l’enfant à être adopté par la compagne de sa mère et de « vérifier s’il y avait des raisons de passer outre au refus du père de l’enfant de consentir à l’adoption » (§ 124 et 125). Or, l’exposé des faits témoigne du contraire : les juges autrichiens ne se sont pas limités à rappeler que l’article 182 § 2 du code civil autrichien prohibait l’adoption par une femme de l’enfant de sa conjointe, ils ont également considéré que, eu égard aux circonstances de l’espèce, une telle adoption n’aurait pas été conforme à l’intérêt de l’enfant. En revanche, ce reproche peut être retourné contre la Grande Chambre, celle-ci s’étant abstenue d’apprécier in concreto non seulement l’intérêt de l’enfant mais également celui du père. Le père n’a pas participé à la procédure à la Cour européenne ; peut-être même n’en a–t-il pas été informé car les requérantes ont obtenu l’anonymat. Le fils non plus n’a pas été entendu : étant mineur, sa mère a agi en son nom et il n’a pas eu d’avocat personnel. La majorité des juges s’est cantonnée au plan des principes généraux. Elle a comparé in abstracto des situations différentes pour en conclure qu’elles sont différentes : elle s’est ainsi demandé si l’adoption aurait été possible dans l’hypothèse où les requérantes n’auraient pas été de même sexe. La Cour a ainsi pu constater que si la compagne de la mère avait été un homme, il ne lui aurait pas été impossible de devenir le père adoptif. Cela constituerait une différence de traitement fondée sur l’orientation sexuelle (§ 130). Or, si l’on estime que ni l’altérité sexuelle ni la filiation biologique ne sont déterminants pour « être le parent » de son enfant, il y a alors discrimination. C’est ce que la Cour a établi en écartant les justifications apportées par le gouvernement à l’appui de sa législation : - La Cour reproche au gouvernement de ne pas avoir « présenté d’arguments précis, d’études scientifiques ou d’autres éléments de preuve susceptibles de démontrer que les familles homoparentales ne peuvent en aucun cas s’occuper convenablement d’un enfant » (§ 142). - La Cour reproche au droit autrichien de « manquer de cohérence » en ce qu’il prévoit explicitement qu’un enfant ne doit pas avoir deux mères ou deux pères mais autorise l’adoption par une seule personne, même lorsque cette personne est homosexuelle et vit en couple (§ 144). On peine à déceler l’incohérence. Notons que la Cour elle-même exige que lorsque l’adoption est ouverte aux personnes non mariées, elle le soit sans discrimination selon l’orientation sexuelle. - La Cour déprécie ensuite et relativise la loi autrichienne en affirmant que la disposition en cause « ne fait que refléter la position de certains pans de la société opposés à l’ouverture de l’adoption coparentale aux couples homosexuels » (§ 143). Où est le respect auquel la Cour est tenue envers le législateur national, au titre notamment du principe de subsidiarité ? - La Cour enfin a écarté sans explication sérieuse l’observation du gouvernement par laquelle il soulignait l’absence de consensus en Europe à propos de l’adoption homosexuelle. La Cour juge alors que le gouver­ nement est dans « l’incapacité (…) à établir qu’il serait préjudiciable pour un enfant d’être élevé par un couple homosexuel ou d’avoir légalement deux mères ou deux pères » (§ 146). Dès lors, selon la Cour, on ne peut pas exclure qu’il soit dans l’intérêt de l’enfant que la compagne de sa mère se substitue à son père. Cette question doit alors pouvoir être tranchée en justice. Cette conclusion pose un principe s’appliquant aux 47 États parties : pour ne pas permettre l’adoption homosexuelle, il faut prouver qu’elle est préjudiciable à l’enfant. Mais est-il encore La Cour reproche au droit autrichien de « manquer de cohérence » ) FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 25 permis en Europe de soutenir que le fait d’avoir deux mères ou deux pères est préjudiciable ? Cela implique un jugement sur l’homosexualité, ce qui est en voie d’interdiction absolue et explicite… F inalement , l’Autr iche a été condamnée car sa législation ne prévoit pas qu’un enfant puisse avoir deux pères ou deux mères, alors qu’elle prévoit qu’il peut avoir un père et une mère. Le problème de fond de cet arrêt est le rapport de la majorité des juges à la réalité : [...] tout est analysé sous le prisme de l’égalité entre sentiments homosexuels et hétérosexuels. La différence sexuelle physique entre un couple hétérosexuel et un binôme homosexuel est réduite à une simple différence « d’orientation » sexuelle ; et le principe de non-discrimination selon l’orientation sexuelle emporterait interdiction de distinguer selon l’identité sexuelle des parents. Or en matière de filiation, c’est l’identité sexuelle physique des parents qui importe, et non pas leur orientation. Les juges ont fait primer le droit sur la réalité ; le droit se confond alors avec l’idéologie qui le porte et qu’il se met à servir. Aujourd’hui, il s’agit de l’idéologie néo-marxiste qui refuse toute norme « imposée » par la morale ou la nature. [...] Dans cet arrêt, la majorité a traduit en droit l’idéologie de la dérégulation selon laquelle rien ne doit être interdit par principe, car en morale, rien ne serait démontrable de façon absolue, tout serait une question d’espèce, donc relatif. Par suite, toute impossibilité ou interdiction doit pouvoir être contestée devant une juridiction, et in fine, devant la Cour européenne. Ainsi la Cour a récemment condamné l’Allemagne en ce qu’elle interdit par principe le suicide assisté, c’est-à-dire l’euthanasie. Il est évident que cette idéologie vide les droits de l’homme de toute substance propre découlant d’une certaine idée de l’homme, et les transforme en une machine à libéraliser l’agir humain, à le rendre totale- ment amoral pour finalement substituer l’idéologie à la morale. Il est difficile de mesurer l’étendue des conséquences potentielles de cet arrêt. [...] En affirmant qu’il n’est pas préjudiciable pour un enfant d’avoir deux mères ou deux pères, la Cour justifie globalement la revendication du droit à l’enfant des binômes de même sexe, que ce soit par adoption ou par procréation artificielle. Pour exécuter cet arrêt, l’Autriche pourrait adopter une loi déclarant qu’un enfant peut avoir plus de deux parents en même temps (rien n’est impossible à la loi quand elle prime sur la réalité). L’Autriche pourrait aussi adopter une loi spéciale déclarant qu’un enfant peut avoir deux mères ou deux pères. Dans ce cas, les deux femmes requérantes pourront faire convoquer le père devant le juge pour tenter de l’évincer. Le père devra alors prouver au juge qu’il est un meilleur « parent » pour son fils que la nouvelle compagne de son ex-femme, même s’il ne vit plus avec lui… Dans les deux cas, l’exécution de cet arrêt soumettrait la réalité biologique de l’enfant à la volonté des adultes ; la fiction juridique établissant la nouvelle filiation n’étant qu’un mensonge envers l’enfant. Il faut en être conscient, cet arrêt ne changera rien à la vie quotidienne des deux femmes requérantes qui continueront à vivre avec l’enfant, c’est le père qui risque de perdre complètement son fils ; et cet arrêt bouleverse en profondeur le droit de la famille dans toute l’Europe, ce qui était son unique objectif. On peut s’interroger sur la portée de cet arrêt. Sa conformité au droit international est douteuse parce que, comme le proclament plusieurs textes internationaux, l’intérêt de l’enfant est de garder son père et sa mère et que le père a le droit et le devoir de continuer à s’occuper de son fils. Admettre des filiations fantaisistes constitue une atteinte aux droits de l’enfant, en particulier à la sécurité et aux repères dont il a besoin pour se développer, idéologie vide les droits de ( Cette l'homme de toute substance propre 26 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 ainsi qu’une violation manifeste de la Convention relative aux droits de l’enfant qui rappelle notamment que l’enfant a, « dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d'être élevé par eux » (art. 7) et le droit « de préserver son identité, y compris sa nationalité, son nom et ses relations familiales » (art. 8). Sa conformité au droit international est également douteuse en ce que cet arrêt étend les obligations des États bien au-delà de ce à quoi ils ont souverainement consenti en ratifiant la Convention. Plus encore, on peut estimer que cette nouvelle obligation va à l’encontre de la volonté d’une large proportion des 47 États parties à la Convention auxquels il devrait s’appliquer, notamment le Portugal, la Roumanie, la Russie et l’Ukraine qui excluent explicitement la possibilité d’adoption « coparentale » par un partenaire de même sexe. Ces États peuvent, à l’imitation des dix juges, rétorquer que cet arrêt « ne fait que refléter la position de certains pans [de la Cour] favorables à l’ouverture de l’adoption coparentale aux couples homosexuels ». Quelle est la portée de cet arrêt quand pas moins de sept juges, dont deux vice-présidents, sur les dix-sept de la Grande Chambre, ont exprimé une opinion dissidente ? Et parmi les 10 juges majoritaires (dont le juge français), combien ont préféré suivre la pensée dominante plutôt que de réfléchir et de s’exposer au politiquement correct ? Sur une affaire à ce point idéologique et éloignée du contenu originel de la Convention, la Cour aurait dû préférer la prudence du droit à l’idéologie. Malgré sa division interne, la faible majorité des juges a préféré faire un « passage en force » pour imposer son choix au risque de fragiliser la Cour et les droits de l’homme. La Cour en sort divisée et fragilisée auprès de l’opinion publique des 47 États membres dont une large part sera choquée par cet arrêt et l’orientation idéologique dont il témoigne. Selon votre degré d’attachement à la réalité humaine, vous verrez dans cet arrêt la marque de l’audace ou de la déraison. n LIVRES témoIgnagE Porte de la Lumière par Jean MEYSSIGNAC Le P. Marie-Michel a fondé, avec le P. Marie-Van, le très vivant Carmel de la Vierge Missionnaire. Installé au Pradier dans la lumineuse Drôme provençale, il unit vie contemplative et temps de mission. Il vient de publier un nouveau livre de témoignage. D a ns une p r emièr e pa r t ie par Abraham qui vit une confiance totale, sans faille, suspendue à la Parole de Dieu. C’est l’Emounah biblique. C’est la même confiance D.R. l’auteur se présente, nous dit dans quel terreau sa foi est née. à vingt ans, au début des années 70, il vit intensément la culture « peace and love » : cheveux longs, drogues, amour libre et musique ; excellent batteur il court l’Europe de concert rock en pop festival. Il frôle la mort dans un « trip » au L.S.D. Alors qu’il prépare le grand voyage à Katmandou, de jeunes catholiques l’abordent dans la rue à Nice. Touché par la joie de leur visage il les suit… à Fatima. En récitant un chapelet il se sent envahi par un amour infini. Il écrit : « Tout en priant Marie je fus saisi, traversé, retourné par la présence de Jésus. Il était là, je le savais de tout mon être. De chercheur de Dieu je me découvrais depuis si longtemps cherché. » Dans ce tome I qui vient de paraître, il envisage d’abord la foi dans la lumière de la création. La contemplation de l’univers, des pâquerettes aux galaxies, est à la base de toute catéchèse. L’univers chante la gloire de Dieu. Puis le péché originel véritable séisme remet en cause les liens de confiance avec Dieu. Mais Dieu n’abandonne pas sa créature, il la cherche (« Où es tu Adam ? »). Les liens seront rétablis absolue qui permettra à Moïse de soutenir les Hébreux rétifs dans leur marche dans le désert et qui par sa main tendue face à la mer les sauvera de la mort. L’écriture du P. Marie-Michel, belle, inspirée, claire nous aide à découvrir, à comprendre, à vivre ce qui est le plus fondamental, le plus existentiel : la foi en Jésus-Christ. Ainsi dans la partie consacrée au péché des origines, il met en évidence avec des mots simples la confiance perdue qui est au cœur du malheur de l’homme. Pris dans le vertige de la confiance en soi, il ne veut pas être selon Dieu mais comme Dieu. Il veut prendre ce qui ne peut être que reçu, il veut s’épanouir en dehors de Dieu, il veut, écrit le P. Marie-Michel, « saisir l’infini qui ne se donne qu’au cœur pauvre ». C’est le drame de notre monde contemporain, celui de l’homme prométhéen qui se veut tout-puissant qui a peur de Dieu, qui a peur de tout. Dans le chapitre consacré à la contemplation de l’univers, véritable rendez-vous avec Dieu, il écrit page 149 : « Si tu n’as pas peur d’admirer ton créateur, tu ne te sentiras plus seul, ni perdu comme un fruit du hasard dans l’immensité sidérale. Tes résistances secrètes tomberont et la référence à l’absurde n’aura plus de place… et tu commenceras à tout sentir en Dieu. » Tout dans ce livre est beau et réjouissant. Il faut le lire, le méditer. n P. Marie-Michel, La foi, Porte de la Lumière, Le Sarment-Jubilé, 290 pages, 19 e. Un deuxième tome envisagera plus directement la foi en Jésus-Christ et la foi en Église. La contemplation de l'univers est à la base de toute catéchèse ) FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 27 CHRONIQUES GÉRARD LECLERC SUR RADIO NOTRE-DAME Défaillance familiale P ersonne en France n’ignore ce qui s'est passé à Nantes, où l’attention de tous s'est concentrée sur le sommet d’une grue. Le geste de Serge Charnay, ce père qui proteste contre la suppression de son droit de visite à son jeune fils, correspond typiquement à la spectacularisation des revendications à notre âge de communication. Il faut frapper les imaginations et aussi jouer d’une possibilité de pression par rapport aux autorités publiques. Mais un cas particulier ne saurait peser sur l’opinion, s’il ne renvoyait à un problème social plus général. Les associations, qui défendent les droits des pères pour la garde des enfants en cas de divorce ou de séparation, se sont tout de suite identifiées à la cause de Serge Charnay, et le gouvernement, très embarrassé, a décidé de recevoir leurs représentants. Dans une société où l’éclatement des familles est une réalité majeure, cette affaire est bel et bien exemplaire. Lorsqu’il y a désaccord et même déchirement entre les parents, c’est forcément la justice et l’administration qui suppléent à la déficience familiale et cela leur confère des pouvoirs singuliers. C’est l’envers de la revendication moderne à ce qu’on appelle l’autonomie. On a bien raison de louer cette autonomie, lorsqu’elle se déploie pour le meilleur. Mais lorsqu’elle a des effets pervers, bonjour les dégâts ! Les sociologues sérieux observent le phénomène de près. Lorsque la normativité se disloque à la base, c’est l’État qui tente de rétablir des normes. Mais alors attention. Les citoyens apprécient, souvent dans la douleur, à quel point la tutelle administrative, liée à la tutelle judiciaire, peut être dure à supporter. C’est bien pourquoi un George Orwell insistait tant sur ce qu’il appelait la commune décence, c’est-à-dire 28 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 ce bel équilibre des mœurs qui permet aux communautés humaines de respirer librement, sans qu’une tutelle anonyme vienne s’interposer dans la vie quotidienne. La commune décence c’est, notamment, des familles unies, aimantes, fières de leur libre espace de vie. Lorsqu’on vient lui porter ombrage, trouble, ou violence, alors gare à la toute-puissance d’une autorité qui se substitue à la tendresse des liens élémentaires. C’est aussi cela qui est en cause dans l’affaire de la réforme du mariage. Je crains qu’on n’en soit pas assez conscient ! Radio Notre-Dame, le 19 février Féminisme et violence M gr Patrick Jacquin, recteur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a porté plainte à la suite de l’agression commise par le groupe dit des Femen à l’intérieur du sanctuaire, au lendemain de la renonciation de Benoît XVI. Il a dénoncé aussi la violence de ces militantes, dont on sait qu’elles sont formées aux techniques de combat. Il faut ajouter également qu’elles sont préparées à l’art de la communication, sans lequel leurs opérations n’obtiendraient pas l’effet recherché sur le public et les médias. Agressives par vocation, elles se présentent systématiquement comme des victimes de ceux qu’elles ont provoqués. Il fallait les entendre au sortir de Notre-Dame s’expliquer, les pauvres, devant la presse. Le service d’ordre de la cathédrale était dépeint comme brutal, alors qu’elles étaient complètement innocentes. On n’ose dire revêtues de lin candide, puisqu’on sait leur tenue dépoitraillée. Elles n’ont évidemment rien dit des coups qu’elles avaient portés à ceux qui tentaient de les maîtriser, dans des conditions évidemment difficiles, lorsqu’on a affaire à de pareilles furies. Le ministre de l’Intérieur, le maire de Paris ont condamné l’action des Femen. Elles sont néanmoins soutenues par des articles complaisants dans la presse. Elles sont même justifiées et exaltées par une sorte de manifeste paru dans Libération. On retrouve dans ce texte l’argumentation habituelle à l’encontre du machisme prétendu de l’Église et de son refus d’adhérer à la cause de la libération de la femme, et singulièrement de son corps. Il faudrait prendre le temps d’analyser pareil réquisitoire dans son ensemble et le détail de ses arguments. Je n’hésite pas à affirmer qu’il est complètement mensonger et rejoint la propagande totalitaire qui a toujours accompagné les persécutions contre les chrétiens. Il faut être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que le christianisme, depuis l’Évangile et le témoignage du Christ, a défendu la dignité de la femme en dépit des tendances misogynes qui subsistaient en son sein. Le mariage d’amour, c’est au christianisme que nous le devons. Le respect du corps, et du corps féminin, de la même façon. Les historiens spécialisés ont mis en lumière le rôle des congrégations religieuses pour la promotion des femmes. Un rôle qui se poursuit aujourd’hui à travers les continents. Mais c’est sans doute les chrétiennes qui sont les mieux à même de répondre aujourd’hui aux agressions d’une violence qui les atteint les premières. Radio Notre-Dame, le 20 février Fin du statut de l’Alsace-Moselle ? L e Monde a publié une grande page signée Stéphanie Le Bars sur la menace qui pèserait sur le statut particulier de l’Alsace et de la Moselle, en ce qui concerne les cultes. Le Conseil constitutionnel devait répondre à une « question prioritaire de constitutionnalité » (QPC) posée par une association jusqu’alors inconnue, qui s’insurgeait contre le financement par l’État des ministres du culte protestants, juifs et catholiques. C’est vrai que ce statut est dérogatoire par rapport à la loi de 1905, qui dispose que l’État ne reconnaît ni ne finance aucun culte. Cependant la République française, depuis le retour de l’Alsace et de la Lorraine mosellane dans le giron français après la Seconde Guerre mondiale, a avalisé cette exception, qui a survécu jusqu’alors à toutes les récriminations. J’ai même souvenir d’un très beau discours de ce républicain exigeant qu’est Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Intérieur, pour justifier le statut concordataire de nos marches de l’Est. J’avais enquêté naguère sur un projet de Concordat, où tout le moins d’accord entre le Saint-Siège et la Quatrième République, qui avait été négocié secrètement sous le gouvernement du socialiste Guy Mollet. ll semble bien qu’alors l’accord ait buté sur l’idée de faire rentrer les départements concordataires dans la loi commune. À l’époque, Mgr Weber, archevêque de Strasbourg, comme son futur successeur, le chanoine Elchinger, s’y étaient opposés catégoriquement. Ce qui était pénible dans cette saisine du Conseil constitutionnel, c’est qu’elle émanait d’une association anticléricale, dont la conception de la laïcité est de caractère militant, sinon sectaire. Si une évolution se dessinait dans ce domaine des rapports de l’État et des religions, elle devrait être le fruit d’une élaboration commune et d’un vrai consensus. On ne doit pas oublier, par ailleurs, que notre conception très particulière de la laïcité n’est pas partagée par nos partenaires européens. En Espagne, par exemple, le mariage religieux a des effets civils, et il n’est pas nécessaire de passer devant monsieur le maire pour faire reconnaître son union. C’est un autre aspect du problème, qui risque d’apparaître en France si la nature du mariage était changée. Mais quel charivari, si l’on envisage que les catholiques renoncent au mariage civil ! Finalement le Conseil constitutionnel, dans sa décision du 21 février, a consolidé la valeur constitutionnelle de l'exception* concordataire en AlsaceMoselle et, au passage, celle de la loi de 1905 que le candidat Hollande avait annoncé vouloir inscrire dans la Constitution, ce qui devient donc sans objet. Et c'est tant mieux car cela nous évite une nouvelle querelle inutile. Radio Notre-Dame, le 21 février * Addendum : Les Alsaciens se prononceront le 7 avril sur une réforme des institutions régionales qui renforcera ce particularisme sur le plan politique. Seul le Parti communiste et les instances nationales du Front national y sont en effet plus ou moins hostiles. La République des jacobins aura donc à s'adapter sérieusement et pas forcément dans le sens prévu par ces derniers. La montée sur la montagne E n ce second dimanche de Carême, dont l'évangile était celui de la Transfiguration, le Saint-Père a fait cette déclaration magnifique : « Le Seigneur m'a demandé de monter sur la montagne, de me consacrer encore plus à la prière et à la méditation. Mais ceci ne signifie pas abandonner l'Église. Au contraire, si Dieu me demande cela, c'est pour que je puisse continuer à le servir avec le même engagement et le même amour que jusqu'à maintenant, mais selon un mode plus adapté à mon âge et à mes forces. » La référence à la montagne de la Transfiguration donnait à l'expression de Benoît XVI sa destination eschatologique et mystique. Elle permettait aussi de recentrer le sens de l'Église par rapport à son axe fonda­ mental. Ce n'est pas superflu pour nous qui sommes ballottés, en ce moment, par une information qui s'acharne à plaisir à déconsidérer l'institution. Nous lisions hier à la Une du Journal du Dimanche : « Soupçons de scandale au Vatican. Le diable et le bon Dieu. La démission du Pape a-t-elle été motivée par la pression d'un lobby gay ? Benoît XVI dénonce des pouvoirs maléfiques. » Benoît XVI a aussi dénoncé les loups menaçants qui l'environnaient, et il est permis de penser qu'il y a des loups qui s'acharnent contre l'Église et ne rêvent que de la salir. Sans doute, le mystère d'iniquité se trouve-t-il sans cesse confronté au mystère du Salut, jusqu'au centre de l'Église. La question aujourd'hui, c'est qu'on a tendance à effacer totalement le Salut et la sainteté pour ne retenir que l'opprobre, alors qu'ils continent à briller pour peu qu'on ait les yeux et le cœur ouverts à leur lumière. Cette lumière, je la trouve dans l'attitude de Benoît XVI, comme je la trouve dans le témoignage du frère Pierre-Marie Delfieux, fondateur des Fraternités de Jérusalem, qui vient de franchir le degré ultime de la montagne. Quelques images me reviennent de lui dans sa superbe église Saint-Gervais, au milieu de ses moines et moniales en prière. Alors que je lui disais mon admiration pour la splendeur de cette église, lui ne voulait retenir que la prière qui, montant jusqu'aux voûtes, en avait imprégné toutes les pierres. Une autre fois, il m'avait dit : « C'est ici, à SaintGervais, que se sont rencontrés pour la première fois saint Vincent de Paul et saint François de Sales. » C'est à cette hauteur-là qu'il comprenait sa mission contemplative et missionnaire : « Notre aventure sera celle de la sainteté ou elle ne sera pas. » Nous pouvons trouver dans cette seule formule le testament qu'il nous laisse ! Radio Notre-Dame, le 25 février FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 29 expositions palais lumière, à évian paul éluard poés Studio Papillon, Paul Éluard chez lui, 1937-1938. Tirage argentique, 23,2 x 16,9 cm. MUSÉE D’art Et D’hiStoirE, Saint-DEniS CrÉDit Photo irènE anDrÉani. MUSÉE D’art Et D’hiStoirE, Saint-DEniS. CLiChÉ irènE anDrÉani © SUCCESSion PiCaSSo 2012 Pablo Picasso, Grand vase aux danseurs et aux musiciens, 1950. Terre rouge, estampage sur matrice en plâtre, 71,2 x 33,5 cm. Anonyme, Statuette, non datée Bois, 31 cm. La vie, l’œuvre et les affinités artistiques du poète sont évoquées à Évian, servies par une scénographie inventive. C mettre en scène la poésie ? à Évian, le Palais Lumière dévoile la recette, de belle manière, avec une exposition intitulée « Paul Eluard, poésie, amour et liberté ». Le poète a fait une importante donation à sa ville natale de Saint-Denis en 1952. La collection du musée d’art et d’histoire de la cité dionysienne assure l’essentiel de l’exposition, enrichie de prêts d’institutions publiques ou privées et de collectionneurs. Manuscrits, éditions originales, photographies, dessins et gravures s’ajoutent aux peintures, sculptures et aux objets de sa collection d’arts « sauvages ». Conservateur et directeur du musée dionysien, Sylvie Gonzalez assure logiquement le commissariat de l’exposition où la collaboration du poète avec les artistes tient une place majeure. Une scénographie aussi omment MUSÉE D’art Et D’hiStoirE, Saint-DEniS CLiChÉ irènE anDrÉani Une atmosphère intimiste, propre au texte et à la poésie 30 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 par Alain soLAri FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 MUSÉE D’art Et D’hiStoirE, Saint-DEniS. CrÉDit Photo irènE anDrÉani © aDaGP, PariS 2012 esthétique qu’inventive recrée une atmosphère intimiste, propre au texte et à la poésie. thématique, et non chronologique, le parcours se déroule en sept étapes qui évoquent l’homme et ses poèmes, invitant le visiteur à une rencontre avec l’œuvre. De son vrai nom Paul Grindel, Éluard est né en 1895 à Saint-Denis. Mais c’est à une rencontre, au sanatorium de Clavadel (près de Davos), avec une jeune russe, héléna Diakonova, qu’il doit sa naissance à la poésie. après la Première Guerre mondiale, Eluard adhère au mouvement Dada et au surréalisme. Entre les deux guerres, il publie une cinquantaine de recueils que l’on voit illustrés par les plus grands artistes de son temps : Braque, Picasso, Chagall, Miro, Giacometti, Max Ernst, hans arp, Yves tanguy… Son bureau et sa bibliothèque sont judicieusement évoqués par la scénographie. Son buste en bronze, signé d’andré Baudin, voisine avec celui de Baudelaire, une terre cuite de Jean Picart Le Doux / Micheline Henry, raymond Duchamp-Villon posée sur le bureau. Hommage à Paul Éluard, après 1952. Des objets d’art, que Paul Éluard collectionnait et Laine, tapisserie sur métier, 200 x 280 cm. qu’il nommait « sauvages » rappellent son goût pour les arts africains, océaniens et amérindiens. Les femmes qui ont traversé la vie de Paul Éluard (Gala, nusch…) sont présentes, non seulement à travers ses poèmes, mais aussi avec des dessins et tableaux ou un Grand vase aux danseurs et musiciens offert par Picasso pour son mariage avec Dominique. L’amitié entre le peintre et le poète ne prendra fin qu’à la mort d’Éluard en 1952. Guernica est évoqué car, si le tableau est célèbre, on oublie souvent qu’il était accompagné d’un poème d'Éluard. après la « Paul Éluard – Poésie, seconde Guerre Mondiale, les deux amis se font amour et liberté », au Palais Lumière, ambassadeurs du Mouvement pour la Paix dans quai Albert-Besson, le sillage du Parti communiste. Engagement diffi74500 Évian. cile à comprendre avec le recul du temps. on préJusqu’au 26 mai, férera s’attarder sur l’un des temps forts de l’ex- tous les jours (10h-19h), position : le poème Liberté, message d’espoir et sauf le lundi (14h-19h). Tél. : 04.50.83.15.90. symbole de résistance à l’occupant, superbement www.ville-evian.fr illustré par un manuscrit de 1941 et de nomPublication accompagnant breuses éditions. Des milliers d’exemplaires du Fernand Léger, Paul Éluard, 1947. l’exposition : Silvana poème seront lancés sur la France par les avions Aquarelle et encre de Chine sur papier, Éditoriale, 240 pages, de la raF. « Vaincre s’appuie sur la fraternité ». n 28,5 x 22,7 cm. 240 illustrations, 35 e. MUSÉE D’art Et D’hiStoirE, Saint-DEniS. CLiChÉ irènE anDrÉani © aDaGP, PariS 2012. ie, amour et liberté 31 théâtre « everest » haute solitude éducatrice par Pierre François Qui éduque qui ? Comment grandir ? Comment un enfant vit-il la déchirure des parents ? Voilà quelques-unes des questions subtilement posées derrière l'apparence d'un conte pour enfants. Passionnant et merveilleux. sur la famille, l'enfance, la culture, l'hypocrisie, et sans doute bien d'autres choses encore… Elle se présente sous la forme d'un conte mimé, dialogué, commenté, accompagné musicalement, dans lequel sont mis en scène personnages, marionnettes (une manipulation bluffante de précision et de détails) et ombres chinoises. Jamais on n'aurait pensé qu'avec un voile et trois cordages on puisse créer autant de variations d'atmosphères autour du thème de l'enfance comme page blanche d'une vie à écrire, toutes plus oniriques les unes que les autres. Les éclairages aussi sont à la hauteur de la mise en scène. C'est réjouissant d'avoir affaire à un spectacle dont tous les éléments ont été travaillés avec une égale importance. Évidemment, ce qui précède ne serait rien sans le jeu et le texte, qui distillent une série de vérités aussi contemporaines qu'éternelles, notamment sur la famille déchirée. On peut trouver le récitant — qui tient aussi le rôle du fils — un peu bavard, mais il faut être D.R. C est une pièce(1) (1) Everest, de Stéphane Jaubertie, le 14 mars à Clermont-Ferrand dans le cadre du festival jeune public Graines de spectacles. Rens. : 04.73. 92.30.26 (8h15-17h). (2) Salle Jacques-Brel à Pantin (18 et 19 mars), Forum au Blanc-Mesnil (21 et 22 mars), Scène nationale de Perpignan (du 7 au 9 avril), Théâtre de Villeneuve-sur-Lot (12 et 13 avril), Théâtre de Cahors (16 et 17 avril), Théâtre de la Colonne à Miramas (14 et 15 mai), Théâtre de Nîmes (23 au 25 mai), Maison des arts et des loisirs de Thononles-Bains (28 mai). © MiChEL PARET Toujours aussi extraordinaire ! Le Joueur d'échecs est un petit bijou. La pièce a déjà reçu les éloges de la critique, du Figaro à L'Humanité et de L'Express au Parisien, à sa création. Et son charme reste entier ! André Salzet raconte, interprète, passe de la peau d'un personnage dans celle d'un autre, parvient à entretenir le suspense d'une histoire que l'on connaît pourtant déjà, passe de la confidence à l'exclamation, de la vanité blessée à la vraie douleur… Le jeu est millimétré, et donc l'émotion transmise d'autant plus juste. Du grand théâtre sans autre artifice que le talent du comédien. n Le Joueur d'échecs, de Stefan Zweig, mis en scène par Yves Kerboul, adapté et interprété par André Salzet. Les mardis et mercredis (20 heures) jusqu'au 24 avril à la Comédie Saint-Michel, 95, bd Saint-Michel, 75005 Paris, Tél. : 01.55.42.92.97. 32 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 juste : il s'agit plus d'introspection que de commentaire et le propos — par ailleurs allégé par le climat du spectacle — n'est jamais redondant. Au contraire, il fait toucher du doigt avec sensibilité et justesse la solitude de l'enfant qui voit son père et sa mère devenir réciproquement étrangers à force de se chercher personnellement, avec toutes les conséquences que cela entraîne. Les rôles vont ainsi presque jusqu'à s'inverser, quand c'est le rejeton qui doit prendre soin de parents à la dérive. La fragilité et la solitude des parents aussi sont bien montrées, lesquels n'ont comme seule retraite, lorsque le dialogue devient impossible, que la promenade en forêt pour le mari ou la salle de bain pour la femme (toujours l'éternelle différence entre l'attrait vers l'extérieur ou l'intérieur). Le spectacle pointe sans jamais juger. Est-il bien ou mal qu'un père qui n'a rien fait de sa vie se mette à vouloir rattraper le temps perdu et que ce faisant il ne voie pas sa femme se détacher de lui ? Cette dernière pouvait-elle faire autrement que de tomber dans les bras, ou plutôt les griffes, d'un voisin apparemment généreux ? Le point central de la pièce consiste à affirmer qu'on ne se trouve que dans la solitude, qu'en s'arrachant à ce qui nous agrippe (ce que chacun des personnages fait à sa façon), et que les vivants qui nous sont extérieurs ont tendance à nous rapetisser. Est-ce si faux ? Ce spectacle bourré de symboles pour l'adulte est d'évidence compris d'instinct par les plus jeunes. Profitons de l'occasion pour indiquer que la création de l'an dernier, Terre (2), également magnifique, est encore en tournée. n CINÉMA Möbius par Marie-Christine RenauD D’anDRé Week-eND royAl Sur ordre de son patron, Grégory Liubov, alias Moïse, officier des services de rensei­ gnements russes, recrute Alice, une trader. ] Éric Rochant signe une œuvre à moitié réussie. Sur fond d’une intrigue d’espionnage, tellement alambiquée et truf­ fée d’invraisemblances que l’on peine à y adhérer, il raconte une belle histoire d’amour, d’un amour interdit et condamné d’avance, dont la crédibilité doit beaucoup à la superbe interprétation de Jean Dujardin et Cécile de France. Mais cette histoire de manipulation, bien que filmée de manière élégante, laisse le spectateur un peu de marbre. ]] Par amour, le héros va prendre tous les risques. Mais la forte sensualité et les scènes très suggestives qui émaillent le film appellent bien des réserves. Espionnage franco­belgo­ luxembourgeois (2012) de Éric Rochant, avec Jean Dujardin (Moïse/Grégory Liubov), Cécile de France (Alice), Tim Roth (Rostovsky), Émilie Dequenne (Sandra), Aleksei Gorbunov (Khorzov), Vladimir Menshov (Quitusais) (1h43).(Adultes avec des éléments nocifs) Sortie le 27 février 2013. Du plomb dans la tête Jimmy Bobo, tueur à gages, vient d’assas­ siner un flic pourri. ] Dans les premières minutes, le dernier film de Walter Hill, avec son intrigue de polar banale axée sur la vengeance, est décevant, avant de révéler un rythme jazzy, mâtiné de notes de blues, qui lui confère un certain charme, et finit par rendre cette enquête au cœur de La Nouvelle­Orléans nocturne assez agréable. ]] Violent, comme en témoigne le duel final à la hache, le film comporte également une scène de partie fine, hommage au Eyes wide shut de Kubrick. Alexandre LANGLADE Thriller américain (2012) de Walter Hill, avec Sylvester Stallone (Jimmy Bobo), Sung Kang (Taylor Kwon), Sarah Shahi (Lisa Bobo), Christian Slater (1h31). (Adultes avec des éléments nocifs) Sortie le 27 février 2013. Une page d’histoire Ce film, qui ne manque pas de défauts, révèle un épisode peu connu de l’histoire. T que la guerre plane sur l’Europe, le président Franklin Dela­ no Roosevelt se rend dans sa propriété de Hyde Park, car il attend la visite du roi d’Angleterre, George VI (le roi bègue que le film de Tom Hooper — Le Discours d’un Roi — nous a fait aimer en 2011) et de la reine consort Elizabeth. ] À la mort de Daisy Suckley (amie de cœur de Roosevelt), on a trouvé son journal intime racontant ce week­end. C’est, sans doute, ce qui confère ce parfum d’authenticité aux scènes très réussies entre le président et son hôte royal. En particulier lorsque tous deux comparent leur handicap respectif (la paralysie des membres inférieurs pour l’un et le bégaiement pour l’autre), ou lorsque le couple royal découvre qu’on va leur offrir des hot­dogs en guise de andis que déjeuner. Quand on sait que la dégusta­ tion de ce mets par le roi a fait la Une des journaux, le rendant ainsi populaire auprès des Américains, on comprend mieux l’habileté de Roosevelt, soucieux de préparer son pays à une future inter­ vention en Europe. Malheureusement, malgré une mise en scène élégante et des images superbes de la campagne américaine, le film s’égare trop souvent dans les histoires des amours extraconjugales de Roosevelt, au détriment de son thème principal. C’est d’autant plus dommage que l’enjeu était de taille, et que l’interprétation est éblouissante. ( Des scènes très réussies entre le président et son hôte royal ] Derrière la façade charismatique et pleine d’humour du président, se révèle un homme conscient de ses responsabilités, qui met tout en œuvre pour orienter son pays dans la bonne direction. Mais sa légèreté vis­à­vis des femmes est très gênante. ■ Comédie britannique (2012) de Roger Michell, avec Bill Murray (Franklin Roosevelt), Laura Linney (Daisy), Samuel West (George VI), Olivia Colman (la reine Elizabeth), Eliza­ beth Marvel (Missy), Olivia Williams (Eleanor Roosevelt) (1h35). (Grands adolescents) Sortie le 27 février 2013. ouf Sujet à de fréquentes crises, François, 41 ans, a été hospi­ talisé en psychiatrie et sa femme l’a quitté. À sa sortie, il va tout mettre en œuvre pour la récupérer. ] Ce premier film de Yann Coridian, un directeur de castings, est un peu déroutant, au début, et il n’est pas toujours bien maîtrisé. Mais l’histoire est émouvante, et l’on suit avec intérêt, amusement et émotion, le parcours chaotique du héros et ses efforts pour changer de comportement, entre des parents surprotecteurs et des psys dépassés. Éric Elmosnino est épatant en « adolescent » débordé par les événements, et il est entouré d’excellents comédiens. ] Il est très attachant, ce personnage qui veut à tout prix récupérer l’amour de sa femme, même si la licence des mœurs est de mise. Comédie dramatique française (2013) de Yann Coridian, avec Éric Elmosnino (François), Sophie Quinton (Anna), Valeria Golino (Giovanna), Luis Rego (le père), Évelyne Buyle, Anémone, Brigitte Sy (1h22). (Grands adolescents) Sortie le 27 février 2013. FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 33 TÉLÉVISION SÉRIE Évangéliser par Jacques de GUILLEBON au second degré Un peu comme un printemps arabe de l’intelligence, une révolution que nul n’avait su voir venir s’est produite il y a un an dans l’univers de la théologie catholique... A que les regards convergeaient désespérément depuis quatre décennies vers Hans Küng et Eugen Drewermann dans l’attente d’un nettoyage de fond de la poussiéreuse tradition reçue des Apôtres, c’est sans prévenir mais avec fracas que le Cathologue s’est imposé sur Internet comme le nouveau lieu où l’on pense l’homme et Dieu et où se manifeste l’actualité de la Révélation. La mini-série de L’1visible représente aujourd’hui la tendance lourde — mais très lourde — des modalités neuves de l’union de la foi et de la raison. Fermez Nova et Vetera, oubliez la Revue thomiste, faites feu sur Communio, et plongez-vous sans plus tarder dans la saison 1 de cette efficace apologétique : se mettant à la portée de tous les publics, de 7 à 77 ans, avec une nette prédilection pour le préado, les inénarrables Jérôme et Damien font entrer leur spectateur de plainpied dans les questions les plus brûlantes de la foi catholique, celles précisément que l’Église hiérarchique, technocratique et à prétentions vaguement intellectuelles tente d’évacuer depuis deux mille ans. Celles qui font mal, qui sèment le doute, qui LORS ouvrent à l’autre et au monde, celles qui déconstruisent en un mot. Par exemple, « L'âne de la crèche a-t-il fait carrière », « Zachée ne se moquet-il pas un peu du monde », ou encore « Faut-il évangéliser ou bien » (sic). Inutile après ça de préciser que ça balance du steak et que la Commission de théologie internationale ferait bien d’en prendre de la graine. Nés de la plume miraculeuse d’Hubert de Torcy et d’Edmond Prochain — respectivement directeur de la rédaction de L’1visible et blogueur catholique masqué — Jérôme et Damien sont des étudiants catholiques un peu paumés qui partagent le même appartement, où rôde encore un troisième larron aux apparitions tout à fait inutiles, Hugo, et qu’envahit régulièrement Chloé la mutine voisine parfaitement agnostique. Les deux héros se sont mis en tête de pratiquer la nouvelle évangélisation à leur manière et selon leurs capacités, c’est-à-dire à travers des vidéos artisanales tournées en plan fixe dans leur salon de mauvais goût, où seraient en théorie résolues au profit du néophyte les questions épineuses du catholicisme. Le résultat est évidemment désastreux et, de calembours minables en mésinterprétations flagrantes, l’inculte Jérôme, incarné par un Wallerand Denormandie génial qui à lui seul soutient le rythme comique de la série, développe une théologie parallèle à se rouler par terre. Derrière la grosse farce, la profondeur du propos souvent surprend et fait de cet outil d’évangélisation non identifié un irrésistible virus de catholicisme populaire. ■ de tous les publics, de 7 à 77 ans, ( Àavecla portée une nette prédilection pour le pré-ado 34 FRANCECatholique N°3342 1er MARS 2013 (1) Le Cathologue, l’intégrale de la saison 1, L’1visible, Kto et Saje Prod, 17 €. Réalisation : Aymeric Christensen, écrit par Edmond Prochain et Hubert de Torcy, avec Wallerand Denormandie, Alexandre Brakha et Caroline Chirache. Alice au pays des merveilles Au XVIe siècle, Edward de Vere, comte d’Oxford, écrit des poèmes et des récits. ] Passionné par le mystère qui entoure l’identité de Shakespeare, Roland Tim Burton revisite avec bonheur Emmerich délaisse ses films catastrophes l’univers de Lewis Carroll. pour cette histoire fascinante, qui fait revivre a rencontre entre l’imaginaire de Tim avec faste le Londres de l’époque. Les décors Burton et l’univers de Lewis Carroll sont magnifiques, avec des images numéne pouvait que provoquer des étin­ riques époustouflantes, et Rhys Ifans est celles, d’autant plus que cette rencontre impressionnant en aristocrate un peu coincé. est produite par les studios Disney. Mais la construction est confuse, et la multi- Enfant, Alice a fait des cauchemars, tude de personnages, filmés à des âges pendant lesquels elle tombait dans un différents, n’arrange pas les choses. En puits sans fin. Maintenant, elle a 19 ans, outre, la thèse développée dans le film n’a et il est temps qu’elle se marie. C’est du guère les faveurs des historiens actuels. moins ce que pense sa mère. Mais, ] À l’image des personnages du dramalorsque le jeune Lord Hamish Ascott turge, les héros de cette histoire ne s’emdemande la jeune fille en mariage, celle­ barrassent guère de scrupules, et la licence ci ne sait quoi répondre et suit dans le des mœurs est totale (inceste compris), ce jardin un lapin habillé d’un gilet. Celui­ci qui entraîne des images sensuelles. Mais ils l’entraîne vers son terrier, dans lequel Alice tombe. ne manquent ni de grandeur ni de dignité. L Coco Chanel Les premières années de Coco Chanel. ] Shirley MacLaine est une Chanel mûre convaincante, tandis que Barbara Bobulova révèle un vrai tempérament dans le rôle de Gabrielle Chanel. On suit cette fiction sans ennui, mais sans passion, tant l’accent est mis sur les amours de l’héroïne, au détriment de son art. Des longueurs. ] Dans ce monde cynique des hommes, Chanel devra se faire sa place avec dureté, et l’œuvre n’élude pas cet aspect peu sympathique de sa personnalité. Un contexte de licence de mœurs. Téléfilm franco-belgo-italien (2008) de Christian Duguay, avec Shirley MacLaine (Coco Chanel âgée), Barbara Bobulova (Coco Chanel jeune), Olivier Sitruk (Boy Capel), Valentina Lodovini (3h02). Diffusion le dimanche 3 mars, sur Arte, à 20h45. imagination débordante, Tim Burton tire tout le parti possible de la technologie, avec ses décors extraordinaires, ses par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ personnages singuliers et ses couleurs chatoyantes. Le film est une débauche de décors et costumes extravagants et de personnages décalés. Entre le chapelier qui change de couleur en changeant d’humeur, la reine rouge et son visage énorme, sans parler de sa sœur, la reine blanche, qui ressemble à une gravure de mode, tant elle est mièvre, le spectateur est sous le charme. Mais, si l’humour est de la fête, l’émotion peine à percer. ( Une débauche de décors et costumes extravagants et de personnages décalés ] Comme toujours, chez Tim Burton, les décors confèrent à son œuvre une ambiance gothique, pour ne pas dire sinistre, qui peut dérouter les admira­ teurs de Lewis Carroll. Quant à certains de ses personnages, tels le Jabberwocky, ils risquent d’effrayer les petits. Il reste que la quête d’identité de l’héroïne est un élément très positif. ■ Conte fantastique américain (2009) de Tim Burton, librement inspiré de Lewis Carroll, avec Mia Wasikowska (Alice), Johnny Depp (le chapelier fou), Helena Bonham Carter (la reine rouge), Anne Hathaway (la reine blanche), Crispin Glover (Illosovic Stayne - le valet), Matt Lucas (1h44). Diffusion le mardi 5 mars, sur M6, à 20h50. The gatekeepers Six anciens chefs du Shin Beth (le FBI israélien), expliquent comment ils ont lutté contre le terrorisme et pourquoi Israël se trouve dans une impasse face à la question palestinienne. « On a gagné toutes les batailles, mais on a perdu la guerre », dit l’un d’eux. Ce que disent ces hommes est sidérant. L’un d’entre eux va jusqu’à comparer l’occupation des territoires palestiniens par l’armée israélienne à celle de l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils disent tout : les bavures, les tortures, les assassinats… qu’ils ont ordonnés. Et c’est parce qu’ils ont commis ces actes, parce qu’ils connaissent la situation mieux que quiconque, que leurs témoignages sont très intéressants. Or, ils appellent au dialogue, ils critiquent les responsables politiques pour leur laxisme envers l’extrémisme juif et parce qu’ils se servent du terrorisme pour oublier la question palestinienne. Espérons qu’ils seront entendus. Arte Drame germano-britannique (2011) de Roland Emmerich, avec Rhys Ifans (Edward de Vere, comte d’Oxford), Vanessa Redgrave (la reine Elizabeth), Joely Richardson (la reine Elizabeth jeune), David Thewlis, Xavier Samuel, Derek Jacobi (2h05). Diffusion le mardi 5 mars, sur Canal +, à 20h55. ] En laissant libre cours à son DR DR Anonymous Jean-Pierre Marie Documentaire franco-israélien (2012) de Dror Moreh, avec Avraham Shalom, Yaakov Peri, Carmi Gillon, Ami Ayalon, Avi Dichter et Yuval Diskin (1h35). Diffusion le mardi 5 mars, sur Arte, à 20h50. FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 35 téLéviSion Dimanche 3 mars Lundi 4 mars TF1 TF1 TF1 20.50 The voice. Divertissement 20.50 Transformers J. Aventures Mardi 5 mars TF1 20.50 Joséphine, ange gardien « Ennemis jurés » GA. Téléfilm avec DR Arte - Pampa Productions FTV - Jean Pimentel avec Jenifer, Garou, Florent Pagny et (2007) de Michael Bay, avec Shia Louis Bertignac. LaBeouf, Megan Fox, Josh Duhamel Mimie Mathy, Jean-Luc Reichmann, 23.05 The voice « Au cœur des cou(2h20). __] C’est spectaculaire, Jean-Yves Berteloot. __] L’hislisses ». Divertissement. mais le scénario est faiblard. toire est sympathique et émou23.25 Les experts, Manhattan. vante, mais lourde et longue. France 2 Série avec Gary Sinise 3. 22.35 New York, unité spéciale 3. 20.45 Hier encore. Divertissement 01.20 Au Field de la nuit, avec France 2 présenté par Alessandra Sublet et Didier Van Cauwelaert, Charles Aznavour, avec Salvatore Adamo, Anggun, 08h30 Émissions religieuses : « Sagesses bouddhistes », Guillaume Musso, Marie Dô, « Islam », « à Bible ouverte », « Chrétiens orientaux », Jean-Gab’1, Marion Vernoux, Bénabar, Andréa Bocelli, « Présence protestante », « Kaïros » - 10h45 Messe au Agnès Jaoui et Agathe Isabelle Boulay, Dany Brillant, Patrick Bruel, Lara centre spirituel de Manrèse, à Clamart - 11h40 Le jour Bonitzer du Seigneur « Carême en croyant ». France 2 Fabian, Agnès Jaoui, La Grande Sophie, Pascal Obispo, 20.45 Je reste ! A/Ø. Comédie 20.45 Rizzoli & Isles, autopsie Axelle Red, Natasha Saint-Pier, (2003) de Diane Kurys, avec Sophie d’un meurtre : « Course contre la Hélène Ségara, Sheila, Tal, etc. Marceau, Vincent Pérez, Charles mort », « Le diable au corps », « Les 23.10 On n’est pas couché. MagaBerling (1h38). __]] Un vaudefrères ne se tuent pas » GA. Série zine de Laurent Ruquier. ville assez amusant, mais la fin est avec Angie Harmon, Sasha Alexanpeu convaincante et les images sont der 2. __ Le premier épisode est France 3 complaisantes. sensationnel et bourré d’humour, les 22.25 Non élucidé « L’affaire deux autres sont prenants. Michèle Gillet ». Magazine 2. 22.55 Un œil sur la planète « La Birmanie, la promesse de l’aube ? ». France 3 Magazine de Étienne Leenhardt. 20.45 Inspecteur Lewis : « Une France 3 tache indélébile », « L’oiseau de feu ». Série avec Kevin Whately 2. 20.45 Le monde d’après « Deux ans 20.45 Marthe Richard A. Téléfilm 00.15 Madame Bovary GA. Drame après Fukushima : L’énergie à quel avec Clémentine Célarié, Arnaud en NB (1949) de Vincente Minnelli, prix ? ». Magazine présenté par Giovaninetti, Cassandre Vittu de avec Jennifer Jones, Louis Jourdan Franz-Olivier Giesbert, avec Julia Kerraoul 2. __] Ce portrait d’un (1h49). ___ Éblouissant. Cagé et Fabrice d’Almeida. personnage ambigu, mais fascinant, 23.20 Madame la ministre. DocuArte est très prenant et magistralement mentaire. interprété. Mais les images sont un Arte peu complaisantes. 22.20 Jeanne Devère A/Ø. Téléfilm avec Léa Drucker, Loïc Corbery, Jean-Yves Berteloot. _]] Il y a trop de sujets abordés dans cette histoire confuse, peu palpitante et 20.45 Coco Chanel GA. Téléfilm outrancière. Des scènes très sugges- avec Shirley MacLaine, Barbara tives et un avortement sauvage. Bobulova, Sagamore Stévenin 20.50 Nevada Smith GA. Western 00.35 Appassionata « Françoise (3h02). (voir notre analyse page 35) en VO (1966) de Henry Hathaway, Hardy à contretemps ». 23.45 Twiggy « Le visage des 60’s ». avec Steve McQueen, Karl Malden Arte (2h11). __ Un excellent western, M6 Fashion week avec des paysages magnifiques. 20.50 Capital « Secrets et trésors 20.50 Signé Chanel J. __ Ce bel 22.55 La cité des jarres GA. Thriller cachés : La France vaut de l’or ». hommage aux couturières est pasen VO (2006) de B. Kormatkur, avec Magazine présenté par Thomas sionnant. Ingvar Eggert Sigurdsson (1h31). Sotto. 21.40 Karl Lagerfeld se dessine. __] Excellent et plein d’humour, 23.00 Enquête exclusive « BahaDocumentaire. mais un peu sordide. mas : Paradis en eaux troubles ». 22.30 Le jour d’avant « Fendille ». M6 00.25 Zemmour et Naulleau. 23.25 Tracks. 20.50 Top chef. Divertissement. Canal + M6 23.45 Norbert et Jean « Le défi ». 21.00 Football « Lille/Bordeaux ». 20.50 Hawaii 5-0 : « Lana I Ka MoaCanal + KTO na », « Popilikia », « Ua Lae Wale ». 20.55 Spécial investigation « Sexe, 16.30 Conférence de Carême « Les Série avec Alex O’Loughlin 2. business et politique : L’arme chrétiens, lumière du monde ? », par Canal + secrète ». Documentaire 3. Mgr Renauld de Dinechin. 20.45 Rugby « Toulon/Toulouse ». KTO 19.40 Journal romain. (et à 23h30) KTO 20.40 La foi prise au mot « La 19.40 Journal romain. (et à 22h15) 19.40 Journal romain. (et à 23h45) colère », avec le père François Potez 20.40 Que sont-ils devenus ? 20.40 VIP « Thierry Bizot ». Renet le père Yannik Bonnet. Documentaire sur des SDF réinsérés contre avec un producteur de télé21.45 Sel & Lumière : « Au retour du dans la société. vision. synode sur la nouvelle évangélisa21.45 Un cœur qui écoute « Père 21.45 Q.C.M. Divertissement. tion », « Humaniser à travers les bar- Hubert Lelièvre ». 22.15 Concert « Bach : Les cantates reaux ». 23.10 L’Orthodoxie, ici & mainteretrouvées ». 22.40 Conférence de Carême. nant. Magazine. 36 FRANCECatholique n°3342 1 er mars 2013 20.50 Dr House : « Poupées d’amour », « Terreurs nocturnes », « Le divin enfant » GA. Série avec Hugh Laurie 2. __] Pas mal, mais finit par être lassant. 23.20 Confessions intimes. France 2 20.45 La maison préférée des Français. Magazine présenté par Stéphane Bern. 22.45 Infrarouge XXL : « Nos seins, nos armes », « Viol, elles se manifestent ». Documentaires 2. 01.30 Le cas du docteur Laurent GA. Drame en NB (1956) de JeanPaul Le Chanois, avec Jean Gabin, Nicole Courcel (1h48). __] Pas mal, mais un peu lourd. France 3 20.45 Famille d’accueil : « Prête à tout », « Le jugement de Salomon », « Terre d’accueil » GA. Série avec Virginie Lemoine, Christian Charmetant. _] Ces épisodes moyens banalisent l’homosexualité. 23.55 Maigret chez les riches GA. Téléfilm avec Bruno Cremer, Alexandre Brasseur, Caroline Sihol, Michel Duchaussoy (1h32). __] Prenant, mais un peu languissant. Arte 20.50 The gatekeepers GA. (voir notre analyse page 35) 22.30 Le monde après Fukushima J. __ Terrible. 23.50 Histoire secrète de la Lufthansa. Documentaire. M6 20.50 Alice au pays des merveilles T. Conte (2009) de Tim Burton, librement inspiré de Lewis Carroll, avec Mia Wasikowska (1h44). (voir notre analyse page 35.) DR Samedi 2 mars 22.45 Edward aux mains d’argent GA. Conte (1990) de Tim Burton, avec Johnny Depp, Winona Ryder (1h41). __ Un superbe conte fantastique, drôle et romantique. Canal + 20.55 Anonymous GA. Drame (2011) de Roland Emmerich, avec Rhys Ifans, Vanessa Redgrave (2h05) 2. (voir notre analyse page 35) KTO 19.40 Journal romain. (et à 23h10) 20.40 Hors Série « Est-il trop tard pour transmettre ? », avec le père Chaigneau. 21.45 La paroisse du bout du monde. Documentaire. Mercredi 6 mars Jeudi 7 mars vendredi 8 mars TF1 TF1 TF1 20.50 The hour (1 et 2/6) GA. Série en VO avec Dominic West, Romola Garai, Ben Whishaw, Anton Lesser. (voir notre analyse ci-contre) 22.50 Fukushima, chronique d’un désastre. Documentaire. 23.40 Hercule contre Hermès. M6 20.50 60 secondes chrono. Divertissement présenté par Alex Goude. Canal + 20.55 Dexter (7 et 8/12). Série avec Michael C. Hall, J. Carpenter 3. KTO 19.40 Journal romain. (et à 22h30) 20.40 Face aux chrétiens. Forum des médias chrétiens. 21.45 À la source. 23.00 Concert « Bach : les cantates retrouvées ». 20.50 Le grand concours des animateurs. Divertissement présenté par Carole Rousseau, avec Denis Brogniart, Catherine Laborde, Sandrine Quétier, Thierry Beccaro, Karine Ferri, Alexandre Devoise, Alexia Laroche-Joubert, Jérôme Bonaldi, Sophie Favier, Alexandre Debanne, etc. 23.20 Vendredi, tout est permis avec Arthur. Divertissement présenté par Arthur, avec Laury Thillman, Alain Bernard, Titoff, Malik Bentalha, Arnaud Tsamere, etc. France 2 6h03, 7h03, 8h03, 17h57 et 21h : FTV - Jacques Morell 20.45 La balade de Lucie GA. Téléfilm avec Sandrine Bonnaire, Mylène Demongeot, Nicolas Gob, Zacharie Chasseriaud, Antoine Rodet, Jean-Pierre Lorit, Manuel Blanc (1h32). __] Cette histoire d’une femme qui abandonne provisoirement ses enfants pour trouver sa voie n’est pas toujours très crédible. Mais la qualité de l’interprétation de Sandrine Bonnaire et quelques jolis moments, en particulier vers la fin, finissent par compenser ces défauts. 22.20 La parenthèse inattendue. Magazine présenté par Frédéric Lopez, avec Cyril Lignac, Fabrice Santoro et Mathilda May. France 3 20.45 Histoire immédiate « Affaire Merah : Itinéraire d’un tueur ». Documentaire 2. 22.30 Pièces à conviction « Mohamed Merah : L’incroyable échec des services secrets français ». Magazine présenté par Patricia Loison, avec Manuel Valls. Arte 20.50 Fenêtre sur l’été GA. Comédie dramatique en VO (2011) de Hendrik Handloegten, avec Nina Hoss, Mark Waschke (1h29). __] Cette histoire de retour en arrière est originale et émouvante, mais elle finit aussi par devenir lassante. 22.20 Au travail, corps et âme. Documentaire. 23.55 Branford Marsalis « Nouvelle-Orléans mon amour ». M6 20.50 Ma maison est la plus originale de France. Divertissement présenté par Stéphane Plaza, avec Aurélie Hémar, Mac Lesggy et Paolo Calia. Canal + 20.55 Football « PSG/Valence ». KTO 19.40 Journal romain. (et à 23h10) 20.40 Sainte Claire. Documentaire. 21.45 Églises du monde « Italie ». 22.15 La foi prise au mot « La colère ». 20.50 Section de recherches : « La mort en héritage », « Attraction fatale », « Le sauveteur ». Série avec Xavier Deluc, Virginie Caliari. 23.45 The whole truth. Série avec Rob Morrow 2. 02.10 Romanzo criminale A/Ø. Drame (2006) de Michele Placido, avec Kim Rossi Stuart, Anna Mouglalis (2h27) 3. __]] Une intéressante plongée dans les années de plomb italiennes. Mais c’est très violent et érotique. France 2 20.45 Envoyé spécial : « Enquête sur les lycées professionnels », « Les branches esseulées : Trafic de femmes vietnamiennes en Chine ». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly. 22.15 Complément d’enquête « Transport aérien : La guerre est relancée ». Magazine présenté par Benoît Duquesne. 23.15 Grand public. Magazine présenté par Aïda Touihri. France 3 20.45 L’aile ou la cuisse T. Comédie (1976) de Claude Zidi, avec Louis de Funès, Michel Coluche, Julien Guiomar, Claude Gensac, Raymond Bussières (1h40). __ Amusant et distrayant. 23.10 Twist again à Moscou GA. Comédie (1989) de Jean-Marie Poiré, avec Philippe Noiret, Christian Clavier, Bernard Blier, Marina Vlady, Martin Lamotte (1h45). _ Original, mais très décevant. Arte Arte - Kudos Film et TV Limited FTV - B. Barbereau 20.50 Person of interest : « La machine », « Besoin de personne », « Braquages ». Série avec Jim Caviezel, Michael Emerson 2. 23.15 Breakout kings. Série 2. France 2 RaDioS Radio Notre-Dame Lundi 4 au jeudi 7 mars 20.45 Nicolas Le Floch « L’homme au ventre de plomb » GA. Téléfilm avec Jérôme Robart, François Ca– ron, M. Mlekuz (1h44). __] Un épisode de qualité, avec de superbes décors. Une scène sensuelle. 22.30 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddeï. 00.25 Taratata. Divertissement de Nagui, avec Nolwenn Leroy. France 3 20.45 Thalassa « Partir ! : Grand format ». Magazine. Arte 20.50 Le déclin de l’empire masculin GA. Téléfilm d’après David Abiker, avec Grégory Derangère, Géraldine Pailhas, Ariele Sémenoff (1h32). _] Malgré quelques scènes réussies, l’ensemble est assez lourd et très excessif. 22.25 Sous un autre jour GA. Téléfilm avec Marthe Keller, Kurt Sobotka (1h45). __] Cette histoire émouvante de quête d’identité n’évite pas les longueurs. M6 20.50 NCIS, enquêtes spéciales : « Disparue », « La bague au doigt », « Force de dissuasion », « Vengeance d’outre-tombe ». Série 2. Canal + 20.55 Radiostars A/Ø. Comédie (2012) de Romain Lévy, avec Clovis Cornillac, Manu Payet (1h38) 2. _]] Rarement drôle et illustré de scènes complaisantes. KTO 19.40 Journal romain. (et à 23h10) 20.40 Aron Jean-Marie Lustiger. Documentaire. 21.45 La vie des diocèses « Mgr Jean-Luc Hudsyn - Brabant Wallon ». 22.15 Que sont-ils devenus ? Écoutez la chronique de Gérard Leclerc. RCF Samedi 2 mars 23h Halte spirituelle, l’intégrale « Redécouvrir la réconciliation pendant le temps de Carême », avec le P. Ange Rodriguez, (domi­ nicain et théologien). Dimanche 3 mars 21h Conférence de Carême depuis la cathédrale Notre­Dame de Paris, sur le thème Croire, une chance pour tous, dans le cadre de L’année de la foi : « Les chrétiens, lumière du monde ?» par Mgr Renauld de Dine­ chin (évêque auxiliaire de Paris). Lundi 4 mars 15h15 Halte spirituelle « Jeûner pour se libérer », avec le P. Jean­ Luc Souveton (diocèse de Saint­ Étienne). (1/5, tous les jours, à 15h15 et 20h45.) Suite à l’annonce de la renonciation du pape Benoît XVI, le 28 février : 2 émissions spéciales Lundi 4 mars 16h « Notre histoire écrite par les papes », avec Catherine Marneur (professeur de théologie de l’Institut catholique de Paris), (également ven­ dredi 8 mars, à 22h). Vendredi 8 mars 16h « De Saint Pierre à Benoît XVI : nominations et élections des papes au cours de l’histoire » (également dimanche 10 mars, à 22h). France Culture Dimanche 3 mars 10h Messe « 3 e dimanche de Carême », depuis la basilique Ste­ Clotilde, 23 bis rue Las Cases, 75007 Paris. Prédicateur : P. Lau­ rent Stalla. Marie BIZIEN sur Arte Jeudi 7 mars à 20h50 The hour (1 et 2/6) GA En 1956, Bel Rowley, une jeune et jolie femme qui travaille à la BBC, se voit proposer de produire un nouveau magazine d’information. __ Le début est un peu confus, mais, très vite, on s’intéresse à cette histoire prenante qui plonge dans les coulisses de la BBC. C’est très intéressant, sur fond de crise du canal de Suez, et l’interprétation est sensationnelle. _] La mysoginie qui régnait à l’époque surprend un peu aujourd’hui, mais pas les pressions politiques sur les journalistes . T : Toutpublic Repères J : Adolescents GA: Grandsadolescents A : Adultes Ø : Œuvre(ouscène)nocive _: Élémentpositif ]: Élémentnégatif FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 37 BLOC-NOTES Bas-Rhin ✔ La Communauté du Puits de Jacob, 12 rue des Dentelles, 67000 Strasbourg, ✆ 03.88. 22.11.14, fax 03.88.32.40.65, [email protected], organise au Centre d’Accueil de la Thumenau (situé à 20 km de Strasbourg), 354 rue Fin de Banlieue, 67115 Plobsheim, ✆ 03.88.98.70.00, fax 03.88. 98.54.22, une session-retraite, du 8 (9h) au 11 avril (17h), animée par Françoise Hoegy « Peindre une icône », ce n’est pas copier des formes anciennes ni créer une œuvre artistique. C’est une expérience spirituelle profonde, une possibilité de face à Face offerte à quiconque sait accueillir dans le silence la Parole de Dieu. Hauts-de-Seine ✔ La 2e édition de « "L'Art & la Plume", rencontres avec des chercheurs de sens », se déroulera du 12 au 14 avril, à SaintCloud, sur le thème « S’il te plaît, dessine-moi un avenir ! ». Une exposition d’œuvres d’art reflétant le cheminement de 16 artistes, 7 tables rondes déclineront la thématique sur le plan économique, sociétal et spirituel, avec plus de 40 intervenants dont Béatrice Bourges, Élisabeth Montfort, Emmanuel Faber, Luc Adrian, Christian Théry, Etienne Villemain, p. Jean-Philippe Chauveau, Brunor, Thimothée de Fombelle, Avril de Perthuis, Mgr Daucourt, p. Jean-Louis Souletie… Les rendez-vous : les 12 avril (20h45) [Église NotreDame des Airs, 13 av. Belmontet, ✆ 09.81.15.77.95], le 13 avril (14h-22h30) [Le Carré de SaintCloud, 3bis rue d’Orléans, ✆ 01. 46.02.34.12] et [Église Stella Matutina, 68 rue du Maréchal Foch, ✆ 01.47.71.84.22], et le 14 avril (10h-12h30 et 14h18h) [Le Carré]. Un temps fort, destiné aux jeunes de + de 12 ans, le 13 avril (14h-19h30) à l’église Stella Matutina conclu par les concerts des Guetteurs & Glorious. Des ateliers juniors ✂ Cadeau seront proposés aux enfants à partir de 7 ans.Rens. : [email protected] www.lartetlaplume.com Morbihan ✔ Au Centre Spirituel de Pe n b o c ’ h , 2 0 ch e m i n d e Penboc’h, 56610 Arradon, ✆ 02.97.44.00.19 (lundi au samedi 9h-12h30 et 14h30-18h), [email protected], une session est prévue du 15 (18h30) au 19 avril (9h), avec Patrice de la Salle (s.j), une session « Le Concile Vatican II », en rappelant son histoire (mouvementée !) avec des documents essentiels. Sarthe ✔ Des sessions de chant liturgique auront lieu au Centre spirituel Notre-Dame du Chêne, sanctuaire Marial, 2 rue des Bleuets, 72300 Vion. Découvrir et travailler des pièces de musique sacrée et des chants polyphoniques pour la beauté de la Liturgie… Jean-Christophe Candau, directeur de Vox Cantoris, permet d'explorer le tré- sor multiséculaire du chant de l'Église et d'en préparer ce qui convient pour la messe dominicale qui clôt la session. Dates prévues : du 31 mai (20h) au 2 juin (12h30) "Fête-Dieu". Frais pédagogiques : 60 €. Rens./insc. : ✆ 02.43.95.48.01 / ndchene @wanadoo.fr Var ✔ L'Association des pèlerins de Notre-Dame de Grâces, au Sanctuaire Notre-Dame de Grâces, 83570 Cotignac, ✆ 04.94.69.64.90 / 92, sanctuaire @nd-de-graces.com, organise des activités : « Fête de Saint Joseph », avec un pèlerinage le 16 mars, solennité de Saint Joseph le 19 mars. Et aussi, une retraite de Semaine Sainte au Foyer de la Sainte Famille du 27 au 31 mars « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Également des sessions du 5 au 7 avril « De la douleur à la joie » ; du 20 au 21 avril, avec Yves Boulvin « La vie : combat ou cadeau ? » Nous voyons sou- FRANCE Catholique HEBDOMADAIRE 76 € pour un an (au lieu de 110 €) Avec un premier abonnement, en cadeau, 2 cd audio : Abonnez-vous ! « Anthologie » Chant grégorien et polyphonie, par le Chœur des Pères norbertins de Offrez un l'Abbaye Saint-Michel (en californie) (éditions Jade) et « Wolfgang Amadeus Mozart - Requiem » ! t en m par l'Orchestre Philharmonique de New-York dirigé par Bruno Walter (éditions Jade). abonne À retourner, à "France Catholique", 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson ❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 76 € (au lieu de 110) (*)(**) ❒ Je reçois (avec un premier abonnement uniquement), en cadeau 2 cd audio « Anthologie » et « Requiem Mozart ». ❒ J'abonne un ami, un prêtre, une communauté… 1 an = 76 € et je reçois le cadeau(**), qui m'est envoyé(****) Adresse où "France Catholique" doit être envoyé : ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. ❒ Père ❒ Sœur NOM/prénom : ........................................................................................... 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(****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement. vent la vie comme un combat notamment contre les autres ? Mais ce combat est d’abord en nous. Quel discernement ? Quel regard pour découvrir aussi la vie comme un cadeau ? Les Foyers de Charité ✔ Les Foyers de Charité mettent en ligne le premier site officiel sur Marthe Robin, destiné à faire découvrir et à mieux connaître une des plus grandes figures spirituelles de l'Église de France du XX e siècle. Le lancement de ce site « www.martherobin. com » aura lieu le 13 mars, jour anniversaire de la naissance de Marthe Robin. Pèlerinages ✔ Un pèlerinage en Sicile est prévu du 30 septembre au 9 octobre prochain. Un tour complet de l'île : Agrigente, Sélinonte et Ségeste (magnifiques temples grecs) Catane et son volcan : l'Etna, Taormina, Palerme, mosaïques, Syracuse (la Madone aux larmes). Visite de communautés. Rens. : Père Daniel Foucher ✆ 02.40.14.04.95 ou BIPEL 02.99.30.58.28. ✔ Le "2e pèlerinage pour la nouvelle évangélisation de la France" aura lieu de Chinon [Église saint Étienne, 11, rue Urbain Grandier] (10h20), à L'Ile Bouchard (16h), le 23 mars sur le thème « France, qu'as-tu fait de ton baptême ? ». Rens. : ✆ 02.47.93.07.97, ou Presbytère de la paroisse et du sanctuaire Notre-Dame de la prière de l’Ile-Bouchard, Parvis du Chanoine Ségelle, 37220 L’IleBouchard, ✆ 02.47.58.51.86, [email protected], www.pelepourlafrance.fr ✔ Marie-Gabrielle Leblanc, historienne d'art et journaliste, conduira des voyages culturels et pèlerinages : ➥ en Roumanie à la rencontre des gréco-catholiques et des orthodoxes, du 17 au 26 juin ou du 30 septembre au 9 octobre : de Bucarest aux Carpates (Valachie, Transylvanie, Maramures, Bucovine et Moldavie). Églises en bois du Maramures, villes baroques de Transylvanie, célèbres monastères peints de Bucovine et de Moldavie, paysages des Carpates, découverte de l'art sacré orthodoxe actuel, liturgies orthodoxes et gréco-catholiques, rencontres d'artistes et d'artisans (avec Georgeta Iuga, orthodoxe, archéologue et peintre d'icônes). 1349 € au départ de Paris ➥ en Slovaquie, du 1 er au 6 juillet, un pays en vert et or : vert des magnifiques forêts, or des retables gothiques des églises, les plus beaux d’Europe. On retient aussi les places aux maisons multicolores et les montagnes des Tatras et des Fatras… Trnava, Banska Bystrica… la route des retables gothiques en bois sculpté, Spisska Kapitula, Spissky Svrtok, Spisska Sobota, Levoca et Bardejov avec les retables de Maître Paul (XVe siècle). 1492 € au départ de Paris. Rens. : ✆ 01.48.07.05.84, fax 01. 48.07.03.09/ Mariegabrielle@ wanadoo.fr Pour passer un communiqué, contactez : [email protected] fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur : www.france-catholique.fr France Catholique Tous les points de ventes sur la France sont sur : trouverlapresse.com La Bíblia en occitan ➥ Femme 50 ans, cherche poste dame de compagnie pour week-end et jours fériés, sur Paris. Aude Meunier, 14 rue Beaugrenelle, 75015 Paris. Tél : 01.45.77.00.45 (répondeur), ou 06.89.42.64.55. ➥ À louer : fermette solognote meublée, au milieu des bois, proximité de Chambord. Grand terrain boisé. Séjour, 4 chambres, 2 salles de bains, dépendances. 700 euros/mois à débattre. Contact : 06.50.01.97.75. ➥ Location de courte durée, dans un studio aménagé à Paris (Nation). 220 euros/semaine. Dégressif au-delà. Rens. : 06.66.35.51.85. Pour les abonnements à France Catholique, par chèque, virement, prélèvement, carte bancaire, pour un changement d'adresse ou pour toute autre question, il faut joindre le tél. : 01.46.30.79.01 ou 01.46.30.37.38, fax : 01.46.30.04.64, courriel : [email protected] FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1016 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2016 CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 09 75 69 14 92 - 01 46 30 37 38 - Fax : 01 46 30 04 64 Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 984.928 euros. - 41838214900015 R.C.S. Nanterre - APE 5814Z Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 77.90.36.20) - Éditorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Tugdual Derville - Grégoire Coustenoble - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven. Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. France Catholique et Ecclésia sont des marques déposées à l'Inpi. http://www.france-catholique.fr France Catholique peut désormais être bénéficiaire de dons et legs dans les meilleures conditions juridiques et fiscales. Si vous pensez que cela peut vous concerner, contactez-nous. « Toute la bible en occitan ! » Nous avions le Nouveau Testament depuis l’époque cathare. Le chanoine Jules Cubaines nous avait donné une traduction moderne du Nouveau Testament. L’exégète-poète Jean Rouquette-Larzac nous donne cette année la traduction intégrale de l’Ancien avec une introduction et des notes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune version complète du texte de la Bible n’a jamais été publiée en occitan. Notre édition comble ce manque et permet à chacun de lire en langue d’oc cette œuvre religieuse fondamentale qui est ÉDITIONS LETRAS D'ÒC ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE France, 6 mois : 58 €/ 1 an (47 numéros) : 110 € / Étranger, 1 an : 122 €. Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056. 330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal [IBAN / FR46 2004 1010 1243 5535 5X03 353 | BIC : PSSTFRPPSCE], ou bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par carte bancaire via le site Internet www.france-catholique.fr ou par téléphone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août ni la première semaine de janvier. PETITES ANNONCES Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans le bloc-notes, forfait : 20 € aussi une des sources majeures de notre patrimoine littéraire. L’ouvrage comprend le texte complet de l’Ancien Testament, à partir des sources anciennes, sur les textes hébreu, araméen et grec, traduit par Jean Rouquette-Larzac (ancien professeur d’Écriture sainte, poète, très sensible à la beauté du texte biblique, avec maîtrise parfaite de la langue occitane) . Préfaces d’Émile Puech (École Biblique de Jérusalem), et de Mgr Claude Azéma (évêque auxiliaire de Montpellier). Ouvrage relié de 1200 pages, format 15 x 21 cm. Prix de souscription : 35 € (frais d’envoi postal inclus) Prix de vente public : 40 € + frais de port. Règlement par chèque à adresser : aux éditions Letras d'òc, 5 rue Pons Capdenier, Tolosa, 31500 Toulouse. Tél. (auteur) : 06.84.08.39.68. FRANCECatholique N°3342 1ER MARS 2013 39 ÉDITÉS PAR ou Avec FRANce cATHoLIQue BON DE COMMANDE à DéCOupEr Ou phOtOCOpiEr Et à rEtOurNEr à FrANCE CAthOLiQuE, 60, ruE DE FONtENAY 92350 LE pLESSiS-rOBiNSON Attention ! Ne pas mélanger : un chèque pour la librairie (à l’ordre de SPFC), un autre pour les abonnements (à l’ordre de France Catholique), un autre pour un don (à l’ordre de ADCC). Nom et adresse de livraison (si différents de ceux inscrits sur le chèque) : ................................................................ .............................................................................................................................................................................................. ............................................................................................................................................................................................. ............................................................................................................................................................................................. ◆ tugdual Derville : « LA BAtAiLLE DE L’EuthANASiE » « ANIMAUX DANS L’ÉVANGILE » 18,50 e 19,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = x . . . . . . exemplaire(s) = ...... e ...... e 22,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = ...... e « LA LuMièrE FAtiguéE » (tome 4 des « indices pensables », couverture cartonnée) 14,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = ...... e « LE HASARD N’ÉCRIT PAS DE MESSAGES » (tome 3 des « indices pensables », couverture cartonnée) 13,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = ...... e ◆ hervé Marie Catta : « LA NOuvELLE évANgéLiSAtiON » ◆ Brunor (bandes dessinées) : « LES INDICES PENSABLES, ALBUM DoUBLE 1 » 18,90 e x . . . . . . exemplaire(s) = (tomes 1 et 2 des « indices pensables » dans le même volume broché) Commande par paquets de 10 exemplaires, nous consulter : 01.46.30.37.38. « LE MONt SAiNt-MiChEL SAuvé DES SABLES » (album illustré de Brunor et Luc Weizmann sur le barrage du Couesnon) ◆ philippe Ariño : « L'HoMoSEXUALIté EN vérité » ◆ gérard Leclerc : « ABéCéDAirE Du tEMpS préSENt » « RoME ET LES LEFEBVRISTES » ◆ Jean de Fabrègues : « JEAN-MARIE VIANNEY » 13,50 e x . . . . . . exemplaire(s) = ...... e 10,53 e x . . . . . . exemplaire(s) = ...... e 20,00 e x . . . . . . exemplaire(s) = ...... e 14,90 e x . . . . . . exemplaire(s) = ...... e 9,90 e x . . . . . . exemplaire(s) = + frais de port de 8 e jusqu’à 50 e par commande même adresse (France métropolitaine) - offerts à partir de 50, 50 e de commande mais uniquement pour la France métropolitaine = - étranger et outre-mer : forfait de frais de port : 20 e total (chèque joint à l’ordre de SpFC) Commandes par téléphone et paiements par carte bancaire : 01.46.30.37.38. 40 FRANCECatholique n°3342 1er mars 2013 ...... e ...... e ...... e = ......... e