Faut-il maintenir le secret bancaire en suisse ?
La levée du secret bancaire suisse n’est autorisée qu’en
cas de délit pénal: fraude scale, blanchiment d’argent,
terrorisme ou encore crime organisé, mais non en cas
d’évasion scale.
Sous la pression internationale, la Suisse a accepté, en
2009, d’envisager l’assouplissement du secret bancaire
par l’abandon de la distinction entre fraude et évasion
scales. Le secret bancaire peut désormais être levé en
cas d’évasion scale mais uniquement pour les personnes
résidant à l’étranger. De plus, cette levée se ferait au cas
par cas et sur la base d’informations (soupçons) solides
et fondées.
Les banques en Suisse ont l’obligation de connaître
l’identité de leur client. Ainsi les règles sont strictes dans
notre pays. Tel n’est pas forcément le cas dans d’autres
pays.
L’Etat oblige les salariés à lui envoyer leur certicat de
salaire lors de leur déclaration d’impôt. Grâce au secret
bancaire, les personnes vivant de leur fortune n’ont pas
les mêmes obligations. Cette situation constitue ainsi
une inégalité de traitement et une injustice au niveau de
l’imposition.
Si les étrangers viennent placer leurs avoirs en Suisse, la
raison principale en est le secret bancaire, qui leur garantit
une grande discrétion. De plus, la distinction entre fraude
et évasion scales leur permet de contourner des taux
d’imposition particulièrement élevés dans leur pays.
Le secret bancaire n’est pas un secret scal. Il est donc
inadmissible d’en faire un usage abusif pour protéger
les tricheurs scaux qui se soustraient à un devoir de
citoyens (celui de payer ses impôts).
Les atouts de la place nancière suisse
ne sont pas uniquement constitués par
le secret bancaire.
Les investisseurs apprécient la stabilité
politique, juridique et économique
de notre pays ; les compétences, le
professionnalisme et le savoir-faire des
banquiers suisses ; la diversication
des services offerts, etc.
Des pays comme le Luxembourg ou l’Autriche, ayant un système
similaire au système helvétique, ont déjà dû renoncer à la
distinction entre évasion et fraude scales.
Il existe par contre des régions où le secret bancaire n’a pas
été remis en cause: les îles Anglo-Normandes (Royaume-Uni),
l’Etat du Delaware (USA), Hong Kong (Chine) ou les Bahamas,
notamment. Dans ces contrées, le secret bancaire est souvent
plus hermétique qu’en Suisse.
Les liales de banques helvétiques sont nombreuses dans ces
paradis scaux. Elles trouvent ainsi le moyen de contourner
l’allègement du secret bancaire envisagé en Suisse.
Faut-il maintenir le secret bancaire en suisse ?
À cause de l’évasion scale, le secret bancaire suisse fait perdre aux Etats des sommes
d’argent importantes qui pourraient être investies en dépenses publiques diverses.
En Suisse, environ 780 milliards de francs d’avoirs de personnes résidant dans le pays
seraient dissimulés à l’Etat. Ceci causerait une perte pour les caisses publiques de 7,8 à
12,5 milliards de francs.
A l’échelle européenne, 84% des avoirs des Européens en Suisse ne seraient pas déclarés
à l’Etat d’origine. La perte pour les caisses publiques des pays de l’UE oscillerait entre 9 et
15,1 milliards de francs suisses.
Enn, les sommes placées en Suisse par les résidents des pays du Sud causeraient un
manque à gagner pour les caisses publiques de ces Etats de 5,4 à 22 milliards de francs
par an.
POUR
CONTRE
Accords internationaux et assouplissements
Des règles strictes
Les salariés désavantagés
Les étrangers attirés par le secret bancaire L’anonymat favorise la triche
Œil pour œil, dent pour dent Le banquier ne sait pas tout
Pour la protection de la vie privée
Payer des impôts, un bien pour tous
Le secret bancaire: une matière première
Les nouveaux clients préfèrent la stabilité
Puissances inégales en jeu
L’optimisation scale pour combler les pertes
Ne pas punir l’oubli Un problème pour les exportations
Pertes économiques graves
Une meilleure image de la Suisse
Les autres atouts de la place
nancière suisse
Le secret bancaire à l’étranger
Pertes scales pour tous les Etats
Nombreux sont les pays qui trichent en matière de
concurrence internationale et ne collaborent pas au niveau
scal. La Suisse n’a pas à renoncer à un avantage ; cela
la défavoriserait face à des concurrents qui ne sont pas
soumis aux mêmes contraintes.
Bien que les règles de vigilance en Suisse soient parmi
les plus strictes au monde, il n’est pas rare que le banquier
se trompe quant à la réelle identité et à l’honorabilité de
son client. De plus, les banques suisses implantées dans
des paradis scaux n’ont pas l’obligation légale de tout
savoir sur leurs clients.
Toute personne a droit au respect de sa vie privée, que
ce soit dans ses relations familiales, ou au sujet de son
patrimoine. Le secret bancaire permet le respect du
rapport entre un particulier, ses avoirs et son banquier.
Ce respect de la vie privée est garanti par l’article 13 de
la Constitution fédérale.
Les recettes des impôts sont nécessaires pour le bon
fonctionnement de l’Etat. Ce dernier, via diverses
dépenses, répond à des besoins importants de la
population et contribue à la bonne marche de l’économie
suisse. L’évasion scale affaiblit donc tout le pays. En
Suisse, la Constitution prescrit, à l’article 127, que chacun
soit imposé selon ses capacités.
La Suisse a un désavantage de départ par rapport à la
plupart des pays : elle n’a ni ressources énergétiques ni
ressources agricoles sérieuses. Elle doit proter du génie
de sa population et des innovations technologiques pour
constituer un avantage face à ses concurrents. Le secret
bancaire est l’une des composantes de cet avantage. Il
doit être sauvegardé.
Les anciens clients, européens surtout, sont attirés
principalement par le secret bancaire helvétique car il
permet de se soustraire à des taux d’imposition élevés.
Au contraire, la nouvelle clientèle d’Asie, du Moyen-Orient
et d’Afrique provient de pays où les taux d’imposition sont
faibles. S’ils viennent placer leurs avoirs en Suisse, c’est
pour les compétences bancaires helvétiques.
Une « guerre » économique fait rage actuellement. Les
USA et le Royaume-Uni protent de leur puissance
internationale pour faire plier un petit pays comme la
Suisse et gagner des parts de marché dans le domaine
de la nance.
Même si l’avantage constitué par le secret bancaire
venait à disparaître, la place nancière helvétique ne
serait pas à genou. En effet, les conseillers des banques
connaissent bien d’autres outils légaux pour soustraire
les avoirs de leurs clients à la scalité.
Il n’est pas acceptable qu’une personne qui a oublié de
déclarer une fortune (ou un revenu) soit traitée comme
un criminel et soit punie pénalement sans le bénéce du
doute. Une possibilité de se justier devrait exister, au
moins la première fois.
Le secret bancaire attire de nombreux capitaux en
Suisse. Ceci a pour conséquence de renforcer la monnaie
helvétique face aux autres monnaies. Ainsi, les produits
suisses sont plus chers que les produits étrangers.
L’industrie d’exportation, qui a un poids économique plus
important que le secteur nancier en Suisse, est ainsi
défavorisée.
Si la levée complète du secret bancaire était autorisée,
les scénarios les plus alarmistes prédisent une perte
économique grave pour la Suisse : une fuite de la moitié
des fonds étrangers avec une perte de plus de 100’000
emplois et un risque pour la croissance du PIB et donc de
l’économie suisse.
La n du secret bancaire contribuerait à redonner, dans le
monde, une meilleure image des banques helvétiques et
des autres produits suisses en général.