En 1999, l’agence française du médicament a fait le point sur l’épidémiologie des
complications des angines à streptocoque A dans les pays riches. Elle a constaté que les
complications locorégionales (phlegmon amygdalien, abcès rétro pharyngé, adénite cervicale
suppurée, etc.) semblaient autrefois plus fréquentes. Toutefois, il n’est pas certain que la
réduction des complications locorégionales des angines aiguës, observée depuis le début du
20ème siècle, soit due à l’antibiothérapie des angines [3].
À distance d’une infection localisée par le streptocoque A, des manifestations post-
streptococciques peuvent survenir, constituées essentiellement par le rhumatisme articulaire
aigu (RAA) et la glomérulonéphrite aiguë (GNA) streptococcique. Les autres complications
(arthrite réactive, chorée de Sydenham par exemple) sont plus rares [3].
On considère que le RAA et l’atteinte valvulo-myocardique qui lui est associée ne surviennent
qu’après une infection pharyngée ou dentaire. Ainsi, selon une étude épidémiologique en
Guadeloupe et à la Martinique, près de la moitié des 197 cas de RAA étudiés ont été précédés
d’un épisode de maux de gorge, tandis qu’aucun n’a été lié à une infection cutanée
streptococcique [3].
Dans tous les pays industrialisés, la décroissance du RAA, maladie très fréquente au début du
XXe siècle, s’est amorcée avant l’apparition des antibiotiques pour s’accentuer à partir de la
deuxième guerre mondiale avec leur utilisation en thérapeutique humaine. Simultanément, la
part des séquelles rhumatismales dans les maladies cardio-vasculaires et la mortalité ont chuté
pour devenir insignifiantes à l’heure actuelle. Le RAA est donc devenu une maladie virtuelle
dont l’incidence annuelle moyenne est, depuis les années 1980, de l’ordre de 0,5/100 000
enfants âgés de 5 à 17-18 ans [6].
En France métropolitaine, une étude menée entre 1995 et 1997 a montré qu’environ 10
nouveaux cas de RAA survenaient chaque année. Dans les pays industrialisés, le RAA est
exceptionnel avant l’âge de 5 ans et après 23 ans. Il est rare chez l’adolescent et au-delà : 92%
des cas surviennent avant l’âge de 18 ans. Dans les pays en développement, à l’inverse, le
RAA est endémique. Il reste l’une des grandes causes des maladies cardio-vasculaires et de
mortalité chez les sujets de moins de 50 ans. Contrairement à ce qui a été observé dans les
pays industrialisés, dans les pays en développement, le RAA a été surtout reconnu après la
seconde guerre mondiale, peut-être après importation de souches streptococciques
rhumatogènes [6]. L’incidence du RAA post-streptococcique reste également élevée dans
certains départements d’Outre Mer, comme la Guadeloupe ou la Martinique [3].
Les glomérulonéphrites post-streptococciques sont rares, et la plupart ne sont pas d’origine
pharyngée [7]. Le risque, faible, semble être peu différent après une angine à streptocoque A
traitée ou non traitée [5].
L’efficacité du traitement antibiotique des angines à streptocoque A a été démontrée sur les
critères suivants [5] :
- Accélération de la disparition des symptômes,
- Éradication et diminution de la dissémination du SGA à l’entourage,
- Prévention du RAA, démontrée pour la pénicilline G injectable.
La seule clinique étant insuffisante pour reconnaître les angines streptococciques parmi toutes
les angines, une stratégie « maximaliste » d’antibiothérapie systématique de toutes les angines
était en vigueur en France depuis de nombreuses années.