MODULE N°12 : IPHIGENIE et la tragédie classique

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MEDEE ET LA TRAGEDIE CLASSIQUE
Médée : une tragédie classique ?
Les règles de la tragédie classique vont se formaliser et devenir plus systématiques dès 1661, au
début du règne de Louis XIV, période faste du classicisme. Ces règles sont héritées de la Grèce
antique et du poète Aristote et sont reprises au 17ème siècle par Boileau dans son Art poétique
(1674).
En 1635, quand Corneille écrit Médée, sa première pièce, ces règles ne sont pas encore mises
systématiquement en application par les auteurs. C’est pour cela qu’en 1660, Corneille fiat dans
un Examen, une sorte d’autocritique de sa première œuvre. On peut ressentir dans ce texte le
tiraillement de l’auteur entre toute l’affection qu’il porte à ce texte de jeunesse et les erreurs qu’il
estime avoir faites au regard d’une esthétique qui, 25 ans après, a évolué.
On peut donc dire que Médée est une tragédie classique, une des premières. Même si les règles
ne sont pas parfaitement respectées, on retrouve néanmoins le cadre de ce qui donnera la tragédie
classique. De plus, les « imperfections » que pointe Corneille dans son Examen sont aussi ce qui
fait de cette pièce une pièce originale, plus libre que celles contraintes, quelques années plus tard,
par l’esthétique classique.
RAPPEL DES REGLES QUI REGISSENT L’ESTHETIQUE CLASSIQUE :
I- Définition du registre tragique
Un être, placé en situation de victime, est confronté à des forces qui le dépassent, aux drames de la
destinée humaine : le mal, les passions dévastatrices, la mort. Cet être est le plus souvent un personnage
d'exception. Il se comporte avec héroïsme face à une situation sans issue : un enchaînement inéluctable
conduit à une fin funeste, un destin fatal, cruel, inexorable est en marche.
Effets : Dans la tragédie : la terreur et la pitié. La catharsis (purgation des passions)
Thèmes : La fatalité, le destin, la mort, la puissance des passions, le désespoir, l'amour impossible, les
dilemmes, la menace, le châtiment.
II- La règle des trois unités :
« Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli »
(Boileau)
1- Unité d’action : une seule intrigue.
2- Unité de lieu : en un seul lieu.
3- Unité de temps : l’action se passe en un jour.
• Les durées sont longues avant que la tragédie commence, tout ne se joue pas en un jour. Les passions
ont eu le temps de croître et les problèmes de se créer.
• L’action tragique doit se développer et s’achever en 24 heures.
III- Vraisemblance et bienséance :
1- La règle de vraisemblance :
« Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable
Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable [...]
L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas ».
« Il n’y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie ». (Racine)
 L’unité de temps et de lieu sont nécessaires à l’unité d’action, c’est parce que l’action se passe en un
jour et en un lieu, que la pièce s’oriente vers la tragédie-crise.
2- La règle de bienséance :
« Mais il est des objets que l’art judicieux
Doit offrir à l’oreille et reculer des yeux » (Boileau)
La tragédie a une gravité, une solennité constante. Le langage tragique sera moins direct, périphrase,
litote. Pas de réalisme vulgaire, pas de mots crus ou familiers. On estime contraire aux bienséances de
représenter sur scène suicides ou combats. De plus, bon nombre de ces scènes sont interdites par l’unité
de lieu.
3- Le récit dans la tragédie :
« Ce qu’on ne doit point voir qu’un récit nous l’expose » (Boileau)
 C’est une conséquence de l’unité de lieu, on ne peut nous transporter sur le champ de bataille. Et des
règles de bienséance, pas de sang sur scène. Mais les récits risquent d’ennuyer, c’est pourquoi les auteurs
les travaillent particulièrement.
La tragédie classique gagne à ne pas tout raconter, elle gagne en dignité, elle s’éloigne ainsi du
mélodrame. Pas de pathétique facile, d’effet facile sur le spectateur. On ne vibre pas devant le spectacle
d’actions extérieures mais de leurs répercussions intérieures dans l’âme des personnages.
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