L'Ecureuil condamné pour publicité mensongère sur Doubl'Ô
L'Ecureuil condamné pour publicité mensongère sur Doubl'Ô | 2
2, Doubl’Ô Monde 3, 4 et 5. Au total, sur leur période de commercialisation s’étalant du 7
juin 2001 au 25 avril 2002 « le dispositif commercial de grande ampleur établi au plan
national par la société Ecureuil Gestion a permis de collecter en tout 2,49 milliards
d’euros auprès de 240.000 souscripteurs » selon les données recueillies par l’Autorité
des marchés financiers dans le cadre d’une procédure de sanction contestée.
Autant dire que l’affaire était juteuse pour la banque. Rien que les « revenus du groupe
liés aux frais d’entrée de 1,5% » auraient atteint 25,78 millions d’euros, selon les
juges. Mais la gestion des Doubl’Ô permettait aussi à l’Ecureuil « de prélever chaque année
des « frais de gestion » s’élevant à 1,7% du capital initialement investi », notait
l’AMF en 2012, soit potentiellement 254 millions d’euros de commissions sur les six
ans de durée de vie de ces Doubl’Ô. Sans compter les marges réalisées par les traders
sur les produits structurés composant ces fonds, dont ils fixent eux-mêmes les prix
en toute opacité.
Un placement décevant cachant ses défauts
Après tout, que la banque s’enrichisse en vendant un placement miraculeux n’aurait rien de
choquant. Sauf qu’il n’y a pas de placements miraculeux. Dans le cas de Doubl’ô, la
promesse n’en était pas une : le doublement du capital à l’échéance était
subordonné au fait qu’aucune des douze actions du panier ne perde plus de 40% de
sa valeur initiale. Compte tenu de la très forte probabilité qu’un tel incident se produise
(surtout avec les actions volatiles retenues dans l’échantillon, notamment des banques), les
souscripteurs avaient en réalité peu de chances de doubler leur capital. Les scores
des différents Doubl’Ô Monde se sont d’ailleurs tous révélés très médiocres, s’étalant
entre +0,51 et +1,91%.
Soyons francs, c’est ridicule même comparé au Livret A, mais on a vu bien pire. Pourtant,
peu de placements ont suscité autant de déceptions et d’amertume. Rien qu’à l’AMF,
les réclamations des épargnants ont donné lieu à 446 médiations, dont 247 avec des
propositions de dédommagement, jugées insuffisante par 78 clients qui ont préféré saisir la
justice. Les avocats Hélène Feron-Poloni, Daniel Richard et Erkia Nasri en défendent des
dizaines dans ces procès, tandis que plusieurs associations relayent ces actions, notamment
l’UFC Que Choisir ou le Collectif de lutte contre les abus bancaires (Clab) qui a même
ouvert un blog dédié à l’affaire Doubl’Ô pour fédérer ses victimes.
Une publicité mensongère et trompeuse
Le vrai problème du placement Doubl’Ô réside moins dans ses caractéristiques et
ses résultats que dans la tromperie de sa présentation, à l’origine d’une rancœur
profonde de clients qui ont senti leur confiance trahie. C’est bien le sens de l’arrêt du 18