L`Asie du Sud et de l`Est: les défis de la population et de la

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L'Asie du Sud et de l'Est: les défis de la population et de la croissance
L' Asie du Sud et de l'Est désigne tous les pays d'Asie depuis le Pakistan à l'ouest jusqu'à l'Indonésie au sud et le Japon au
nord, en tout, environ vingt-cinq pays et un espace immense et d'une grande diversité.
Pourquoi une approche globale d'une région si vaste et si diverse? Parce qu'au-delà des différences, l'Asie du Sud et de
l'Est regroupe à la fois les pays les plus peuplés du monde et ceux qui connaissent la croissance économique la plus rapide.
- Quels sont les défis et les enjeux liés à la croissance démographique et économique exceptionnelle de cette région?
- Quels sont les liens entre ces deux croissances: se soutiennent-elles mutuellement ou sont-elles un frein l'une pour l'autre?
- Quelles sont les conséquences des formes de la croissance sur le plan environnemental et, de manière plus générale, en termes de
développement durable?
I. Les défis de la population:
A. L'Asie du Sud et de l'Est : l'espace le plus peuplé du monde mais un espace hétérogène
 55 % de la population mondiale sur 17% des terres émergées:
Globalement, l'Asie de l'Est et du Sud regroupe les régions les plus peuplées du monde. En tout 3,8 milliards
d'habitants, soit un peu plus de la moitié de la population mondiale (environ 55 %), ce qui est considérable (rappelons que nous
sommes environ 7 milliards d'êtres humains sur terre).
 Des densités de peuplement globalement élevées mais qui révèlent des disparités:
Nuançons immédiatement: dans un espace aussi vaste, les différences sont importantes non seulement entre les pays,
mais aussi à l'intérieur des pays. L'Asie du Sud et de l'Est ne forme pas un bloc homogène:
=> deux pays seulement, la Chine (1,3 milliard d'habitants) et l'Inde (1,2 milliard d'habitants soit 2/3 du total), regroupent
l'essentiel de la population de l'Asie du Sud et de l'Est, soit 2,5 milliards d'habitants. Viennent ensuite l'Indonésie (245 millions),
le Pakistan (180 millions), le Bangladesh (160 millions) et le Japon (127 millions). En revanche, d'autres États sont très peu
peuplés: Brunei 400.000 habitants; le Bhoutan 700.000; le Timor-Est 1,2 millions; la Mongolie 3,2 millions.
=> globalement, les densités de population sont plutôt élevées. Pourtant, les différences peuvent être même assez importantes.
La densité moyenne est de 140 habitants au km2, soit près du triple de la moyenne mondiale. L'Asie méridionale (1,605 milliard)
est plus peuplée que l'Asie orientale (1,573 milliard) et que l'Asie du Sud-Est (617 millions d'habitants). Si on observe les densités
moyennes de population par pays, on remarque des écarts importants entre l'Inde (380 habitants/km2) et la Malaisie (80
habitants/km2) ou le Laos (30 habitants/km2)!
=> Les écarts de densité à l'intérieur des pays peuvent également être considérables. À toutes les échelles on trouve les plus
fortes densités de la planète. À Java (Indonésie), au Bangladesh, dans les mégapoles très peuplées comme Hong Kong, les
densités dépassent 1000 habitants au km2. Mais d'autres territoires sont quasi vides: les déserts de Thar (Inde) et du Baloutchistan
(Pakistan), les hauts plateaux tibétains, les îles de l'est de l'Indonésie. La Chine offre de ce point de vue un excellent exemple entre
des densités très élevées sur le littoral (supérieures parfois à 500 habitants/km2) et très faibles à l'ouest (moins de 10
habitants/km2 dans le Qinghai ou le Tibet).
 La croissance démographique est forte mais inégale:
Longtemps, la population de l'Asie du Sud et de l'Est a augmenté à un rythme très rapide. Par exemple, dans la Chine de
Mao (de 1949 à 1976), la fécondité était supérieure à 5 enfants par femme! Il faut dire que Mao favorisait la croissance de la
population qui devait être, pour lui, un moyen de la puissance chinoise. Cette augmentation rapide de la population n'était plus
tenable (d'ici 2040, l'Asie du Sud devrait croître de 600 millions d'individus): comment, en effet, nourrir une telle population?
C'est pourquoi plusieurs pays ont pris des mesures pour tenter de freiner la croissance de leur population, avec plus ou moins de
succès:
=> en Chine, on a agi de manière autoritaire à partir des années 1970: c'est la politique dite de « l'enfant unique ». Le principe
est simple: le pouvoir n'autorise pas plus d'un enfant par famille sous peine de lourdes sanctions. Résultat immédiat: un
effondrement de la natalité. Désormais, en 2013, la fécondité en Chine est d'environ 1,5 enfant par femme (fécondité moyenne
mondiale: 2,5; Europe 1,6; Afrique 4,8; Amérique du Nord 1,9; Amérique latine 2,2). Cela dit, le système a provoqué de
nombreux drames (stérilisation des femmes et avortements forcés par exemple);
=> en Inde, on a préféré la persuasion, notamment à travers des campagnes d'information afin d'encourager la limitation des
naissances (éducation des femmes, planning familial, éducation à la contraception, mais aussi encouragement à la stérilisation
volontaire). Les résultats ont été beaucoup plus lents et la fécondité en Inde n'a baissé que lentement (encore 2,6 enfants par
femme). Dans une bonne partie du pays (le nord surtout) la fécondité reste très élevée, supérieure à 4 enfants par femme. L'Inde va
donc assez rapidement vers les 1,5 milliard d'habitants et devrait ainsi dépasser la Chine vers 2030. Qui plus est, comme en Chine,
on préfère avoir des garçons on constate l'augmentation du nombre d'avortements (quand une famille voit à l'échographie qu'une
petite fille est attendue), et un inquiétant déséquilibre entre les filles et les garçons (il naît environ 910 filles pour 1000
garçons=> on appelle sex-ratio le rapport entre le nombre de naissances de garçons et de filles);
=> dans bien d'autres pays comme le Pakistan et les Philippines notamment, la croissance démographique reste très rapide
(fécondité moyenne d'environ 3,5 enfants par femme);
=> c'est tout le contraire au Japon: la fécondité a tellement baissé (et depuis si longtemps) que les chiffres deviennent alarmants:
à peine 1,3 enfant par femme dans les années 2000, on est loin du seuil de renouvellement d'une population! Contrairement à
l'Inde, le Japon tente donc depuis quelques années d'inciter les Japonais à refaire plus d'enfants! Il faut dire que les perspectives
sont inquiétantes: si la fécondité devait se maintenir à un niveau aussi bas, il n'y aurait guère plus de 40 millions de Japonais d'ici
un siècle!
La région est donc tout, sauf homogène du point de vue des évolutions démographiques. Le maintien d'une forte
fécondité dans les pays pauvres (Laos, Népal, Afghanistan) contraste avec des pays ayant achevé leur transition
1
démographique (Japon, Chine). La mortalité infantile au Laos (60% o) est plus de 25 fois supérieure à celle du Japon ou de
Singapour. Les Philippines sont en pleine transition: encore 3,1 enfants par femme, mais un taux de mortalité très bas (5,41 %o).
= Règle de « l'enfant unique» : loi appliquée en Chine à partir de 1979 pour réduire le nombre des naissances. Cette loi est
surtout imposée dans les villes. Dans les campagnes, deux enfants peuvent être autorisés, et davantage chez les minorités (comme
les Tibétains ou les Ouïgours).
= La planification familiale, ou le planning familial, est l'ensemble des moyens qui concourent au contrôle des naissances, dans
le but de permettre aux femmes et donc aux familles de choisir d'avoir un enfant.
= Transition démographique: La théorie de la transition démographique un modèle permettant de décrire le passage d'une
population ayant des taux de natalité et de mortalité élevés à une population ayant des taux de natalité et de mortalité faibles.
L'hypothèse de base démographique est que toutes les populations du monde vont évoluer de la même façon, avec des décalages
de calendrier dans cette évolution. Durant la phase de transition démographique, la croissance de la population est forte. Après la
transition démographique, la population augmente lentement voire stagne et parfois diminue. Les pays développés ont aujourd'hui
achevé leur transition démographique. Pour la plupart des PED, elle est toujours en cours.
=Remarque: il faut environ 2,1 enfants par femme en moyenne pour qu'une population se renouvelle. C'est le seuil de
renouvellement des générations. Le chiffre s'explique facilement: il faut bien deux naissances pour remplacer les deux parents qui
s'en iront. Pourquoi alors le « virgule un »? Parce qu'une partie des jeunes vont mourir avant de pouvoir avoir des enfants. De
plus, comme il naît toujours un peu plus de garçons que de filles (environ 105 garçons pour 100 filles), il faut donc plus de deux
enfants pour assurer le remplacement des «vieilles générations», d'où le chiffre de 2,1.
 Une urbanisation massive et rapide:
• L'Asie est entrée dans la transition urbaine. Avec un taux moyen d'urbanisation (TU°) de 40 %, le continent effectue un
rattrapage rapide depuis deux décennies. La Corée du Sud (TU° 83 %), la Malaisie (TU° 72 %) ou le Japon (TU° 67 %) sont très
urbanisés. La Chine est majoritairement urbaine (TU°>50%) depuis 2011. L'Inde (TU° 30%), le Sri Lanka, le Népal ou le
Cambodge sont encore très largement ruraux, signe d'un retard de développement.
=Transition urbaine: processus au cours duquel une population, initialement rurale, devient majoritairement urbaine.
• Le nombre d'urbains est considérable. La population urbaine totale est de 1,5 milliard d'individus [43 % des urbains dans le
monde). On compte ainsi 650 millions d'urbains en Chine et près de 400 millions en Inde. Chaque année, près de 40 millions
d'urbains supplémentaires participent à la croissance des villes d'Asie.
• Les plus grandes mégapoles du monde sont asiatiques. Parmi les 481 métropoles de plus de 1 million d'habitants dans le
monde (en 2011), 188 se situent en Asie du Sud et de l'Est Au rang des 10 agglomérations les plus peuplées du monde, 7 sont
asiatiques dont les 5 premières : Tokyo (34,3 millions d'habitants), Guangzhou (25), Séoul (24,6), Delhi (24,1) et Mumbai
(23,5). Citons également parmi les villes asiatiques majeures: Manille (Philippines), Bangkok (Thaïlande), Djakarta
(Indonésie), Karachi (Pakistan) et Shanghai (Chine)
• La rapidité de l'urbanisation est telle que par endroits, d'importantes mégalopoles sont en formation. Outre la mégalopole
japonaise, de Tokyo à Fukuoka bien identifiée et développée depuis longtemps (100 millions d'habitants), c'est surtout en Chine
que devrait apparaître la nouvelle grande mégalopole du futur, de Shanghai à Shenyang, une urbanisation continue sur 1800 km
de long!
• La pauvreté urbaine demeure l'un des fléaux de l'Asie. L'exode rural alimente massivement les bidonvilles des métropoles
asiatiques mal développées. Près de la moitié de la population urbaine asiatique (soit 620 millions de personnes) habite dans des
bidonvilles. Dans les villes indiennes, des millions de personnes vivent dans les rues. Les migrants chinois se regroupent dans de
campements à proximité des chantiers. Les sans-abris se multiplient dans les villes japonaises. victimes de la crise économique.
= Mégapole: très grande agglomération. L'ONU a fixé le seuil d'une mégapole à 10 millions d'habitants.
= Mégalopole: espace urbanisé polynucléaire (càd formé de plusieurs agglomérations) dont les banlieues et couronnes
périurbaines s'étendent tellement qu'elles finissent par se rejoindre, et cela sur de longues distances. Exemples: la mégalopole
japonaise, la Megalopolis du Nord-Est des Etats-Unis et la dorsale européenne.
B. Le poids démographique de l'Asie du Sud et de l'Est: chance ou handicap?
Cette masse démographique est-elle une chance ou un frein au développement?
 Quels sont les avantages de posséder une population importante?
Posséder une importante population procure au moins deux atouts maîtres:
=> Cela permet d'avoir une main-d'œuvre abondante et donc de produire beaucoup. Le meilleur exemple est la Chine dont la
capacité de production est actuellement considérable. Si la population est bien éduquée, cela permet également de produire des
produits de qualité et d'innover, ce qu'a compris le Japon depuis longtemps. Et d'autres pays suivent (en premier lieu, la Corée du
Sud);
=> autre avantage: une forte population signifie aussi un important marché intérieur ce qui permet de vendre plus facilement (si
le niveau de vie des habitants le permet). Avoir le plus gros marché de consommation du monde fut une des grandes chances des
États-Unis pendant longtemps (et c'est toujours un atout majeur). Car pour une entreprise, c'est un vrai atout que d'avoir accès
facilement à une grande quantité de clients potentiels; cela permet notamment à de petites ou moyennes entreprises qui ne
peuvent pas exporter de grossir sur un marché qu'elles connaissent bien et dont la population partage la même culture.
Une population importante est donc un facteur de puissance (sans compter les éventuels aspects politiques et militaires:
poids dans le monde, force armée...). Comme le disait déjà l'économiste français Jean Bodin au XVIe siècle: « il n'y a de richesses
que d'hommes...» .
 Quels sont les défis posés par une importante population?
Ils sont tout aussi importants! Mais cela peut varier selon les pays:
=> Le premier problème est de nourrir, loger, soigner, éduquer toute cette population. Surtout quand un pays possède plus d'un
milliard d'habitants! Cela reste un des défis majeurs de bien des pays d'Asie, même si les progrès ont été considérables depuis
quelques décennies. Des pays comme l'Inde et la Chine notamment parviennent désormais à nourrir leur population, notamment
grâce à la mise en oeuvre de Révolutions vertes. Mais si les choses vont plutôt bien en Asie orientale (Chine), l'Asie du Sud
2
reste la région qui compte le plus de personnes au monde vivant avec moins de 1,25 dollar par jour (c'est le seuil retenu pour fixer
le niveau de l'extrême pauvreté): 570 millions de personnes, soit plus qu'en Afrique subsaharienne... Ici, le développement reste
un challenge.
=Révolution verte: politique de transformation des agricultures des pays en développement fondée principalement sur
l'intensification (passage à une agriculture intensive) et l'utilisation de variétés de céréales à hauts potentiels de rendements. Cette
politique combine trois éléments : 1.les variétés sélectionnées à haut rendement (riz en Asie); 2.les intrants, qui sont des engrais
ou produits phytosanitaires; 3.l’importance de l'irrigation.
=> Deuxième défi: comment concilier forte population et développement soit durable! Les risques que font peser un groupe
d'hommes sur l'environnement ne sont pas les mêmes si l'on parle d'un million ou d'un milliard d'habitants. Toutefois, le nombre
n'est qu'un facteur parmi d'autres, tout dépend de la pression exercée sur les ressources naturelles par le modèle de développement
que l'on met en place. En 2008, l'empreinte écologique d'un Chinois était de 2 hectares globaux et de 0,9 hag pour un Indien (Un
Etats-unien 9,5 hag; un Français 4,8 hag; un citoyen de l'UE 4,6 hag; la moyenne mondiale pour un terrien 3,5 hag)
= L'empreinte écologique est un indicateur qui comptabilise la pression exercée par les hommes envers les ressources naturelles.
Plus précisément, elle mesure les surfaces alimentaires productives de terres et d'eau nécessaires pour produire les ressources
qu´un individu, une population ou une activité consomme et pour absorber les déchets générés. Cette surface est exprimée en
hectares globaux (hag).
=> Troisième défi: le vieillissement des populations. La question se pose tout spécialement en Asie. Plusieurs pays (surtout les
deux « gros »: Inde et Chine) ont mené des actions pour diminuer la fécondité. En Chine cela a tellement bien marché (rappelons
que nous sommes passés d'une moyenne de plus de 5 enfants par femme dans les années 1960 à 1,8 actuellement!), que cela a
entraîné un déséquilibre de la structure de la population. Cela veut dire qu'il y a plus de Chinois de 40-45 ans que de Chinois de
5 ans. Pour le moment, la Chine possède un réservoir gigantesque d'adultes jeunes (entre 30 et 50 ans) ce qui est un atout
économique considérable. Mais demain, c'est-à-dire d'ici vingt ans, Comment va-t-on faire quand tous ces Chinois seront âgés?
Comment imaginer le coût en termes de dépenses de santé et de retraite que cela va représenter? Comme les jeunes Chinois
seront beaucoup moins nombreux, il faudra des hausses considérables d'impôts pour construire une sécurité sociale, qui reste
encore aujourd'hui embryonnaire. Cela va beaucoup augmenter le coût du travail. C'est tout le modèle de croissance chinois fondé
sur une main d'oeuvre et des produits bon marché qui pourrait être remis en cause.
=> Enfin, l'Asie est confrontée à un déficit de femmes. Il manque plus de 100 millions de femmes sur tout le continent,
principalement en Inde et en Chine. Les avortements sélectifs. la surmortalité féminine due aux mauvais traitements expliquent ce
phénomène unique au. monde, qui met en danger l'avenir démographique du continent.
II. Les défis de la croissance économique:
A. L'Asie du Sud et de l'est, une des plus fortes croissances économiques du monde:
1. Quelles ont été les grandes étapes de la diffusion de la croissance économique en Asie depuis 1945?
 L'Asie du Sud et de l'Est est sortie de la Seconde Guerre mondiale détruite et sous-développée. Rapidement
réindustrialisé avec l'aide des États-Unis, le Japon est devenu la deuxième puissance économique mondiale dès la fin des années
1960. Son modèle de croissance, dit en vol d'oies sauvages, s'est rapidement diffusé dans les pays voisins à partir des années
1970. Les dragons sont aujourd'hui des exemples de réussite économique.
=Croissance: variation (positive ou négative), pendant une période donnée (en général 1 an), de la production économique (biens,
services) d'un pays. On retient généralement le taux de variation du PIB (produit intérieur brut) comme indicateur de croissance.
=Dragon: nom donné dans les années 1970 à Singapour, Taïwan, la Corée du Sud et Hong Kong.
=Vol d'oies sauvages: image utilisée pour décrire l'évolution de la spécialisation productive du Japon depuis les années 1960
(importation, production domestique, exportation, abandon d'un groupe de produits). Ce modèle de développement industriel et
commercial s'accompagne tout au long du processus d'une augmentation du niveau de technicité des produits fabriqués. Des
cycles de production de produits manufacturés de valeur ajoutée croissante se succèdent. On peut les décomposer en 4 phases:
1. importation de produits manufacturés de deuxième génération et exportation de produits à faible technicité (principalement des
matières premières pour les produits de première génération);
2. mise en place d'une industrie nationale permettant de réduire les importations de produits manufacturés de deuxième
génération;
3. exportation des produits manufacturés de deuxième génération;
4. diminution des exportations de produits manufacturés de deuxième génération (par délocalisation de leur production dans des
pays au coût de main d'oeuvre plus faible) et mise en place d'un nouveau cycle de production avec des produits manufacturés de
troisième génération à plus haute valeur ajoutée.
 Le Japon a ouvert la voie du développement économique fondé sur l'industrialisation (le MITI, ministère de l'Industrie et de la
Technologie, créé en 1949, avait mission de réindustrialiser le pays), avec l'aide des États-Unis. Son développement s'est appuyé
sur de puissants keiretsu, dont Mitsubishi est l'un des exemples les plus caractéristiques: première banque japonaise, mais aussi
constructeur automobile, entreprise chimique (la première du pays), producteur de composants électroniques, d'appareils
photographiques (Nikon), etc.
=Keiretsu: conglomérat d'entreprises, liées par des participations croisées, généralement contrôlées par une banque.
=MITI/METI: Le Ministère japonais de l'Industrie a été fondé en 1949 sous le nom anglais de MITI (Ministère du Commerce
international et de l'Industrie). Il joua un rôle majeur d'encadrement des entreprises et d'impulsion de la politique de
reconstruction, de croissance et d'innovation. Il porte actuellement le nom de METI : Ministère de l'Économie, du Commerce
extérieur et de l'Industrie.
● Les « quatre dragons » ou NPIA (nouveaux pays industrialisés d'Asie: Hong Kong, Singapour, Corée du Sud,
Taïwan) ont ensuite connu des processus de « décollage », avec une stratégie économique d'industrialisation rapide dans le sillage
du Japon. Chacun de ces pays s'est attaché à conquérir une position dominante au niveau mondial dans des secteurs industriels:
3
Singapour est devenu le leader mondial des disques durs pour ordinateurs personnels; Hong Kong, le leader du jouet électronique;
la Corée du Sud, le leader pour les téléviseurs à écran plat; Taïwan, le leader pour les consoles d'ordinateurs.
● Ils sont désormais suivis par d'autres pays émergents, une nouvelle génération de NPI (les "tigres" Thaïlande,
Malaisie, Indonésie, Philippines) qui, dotés de fortes économies rurales, ont combiné les mises en place d'industries nationales
(biens de consommation et biens intermédiaires pour le marché intérieur) tout en profitant d'opportunités du marché mondial pour
développer des exportations.
● Un nouvel essor a été impulsé dans les années 1980 avec l'ouverture économique de la Chine. L'ouverture de ses
régions littorales (ZES – Zones économiques spéciales) aux marchés mondiaux, l'abondance de la main-d'œuvre, la diminution
des coûts de transport ont favorisé la forte croissance chinoise: le PIB du pays a ainsi doublé en moyenne tous les dix ans. La
Chine est passée en 20 ans du statut de puissance émergente à celle de puissance mondiale, et devient la rivale du Japon. Atelier
du monde, elle déploie une économie exportatrice et sa rapide intégration littorale à la mondialisation lui permet de redéployer
activités et capitaux vers l'intérieur du pays et à l'étranger. La Chine, devenue la deuxième puissance économique mondiale en
2010, montre qu'une forte croissance économique semble compatible avec l'absence de démocratie, et que l'État a un rôle
important à jouer pour canaliser et dynamiser les jeux du marché.
● L'Union indienne est la puissance émergente de l'Asie du Sud. L'Inde connaît un important décollage économique
depuis le milieu des années 1980 et tout particulièrement depuis son ouverture à partir de 1991, date à laquelle elle s'est détachée
de sa politique économique inspirée des modèles socialistes planificateurs et a adopté un mélange de politique libérale et socialdémocrate. La libéralisation commerciale s'est manifestée par une forte chute des droits de douane et une ouverture progressive
aux investissements étrangers. Le secteur public a cédé la place à des groupes privés. L’Inde tient aujourd’hui une place
importante dans le secteur de l'informatique et dispose de groupes industriels puissants (Tata, Arcelor Mittal...). Toutefois, l'Inde a
pris du retard, en raison de sa fidélité trop prolongée au protectionnisme, à une société hiérarchisée, aux pesanteurs de sa
démocratie, à la faible alphabétisation, Sa spécialisation relative dans les services (informatique) lui a valu le surnom de « bureau
du Monde» quand la Chine était qualifiée d'« atelier du Monde »,
Mais la situation évolue rapidement: l'Inde se dote d'une industrie puissante et diversifiée, tandis que la Chine la
concurrence désormais dans les services qualifiés.
● Toutefois, la croissance asiatique est très inégale: bien des pays sont encore en difficulté et compte parmi les plus
pauvres (Myanmar, Bangladesh, Corée du Nord...).
2. L'Asie est aujourd'hui le continent qui connaît la croissance économique la plus forte:
Tous les pays sont désormais concernés, avec cependant des inégalités. La croissance approche ou dépasse souvent 10%
en Chine, à Singapour, à Macao ou en Inde. Elle est cependant plus faible dans des pays déjà très développés comme le Japon, ou
dans des États soumis aux tensions ethniques, religieuses et politiques.
(Taux de croissance annuel moyen pour la période 2006-2010: Chine 11,2 %; Bhoutan 8,8 %; Timor-Est 8,8 % ;Laos
7,5%;Vietnam 7%; Mongolie 6,5 %; Sri Lanka 6,3 %; Bangladesh 6,1 %; Cambodge 5,8 % ; Indonésie 5,7%;Myanmar 5,2 %)
3. Une croissance qui repose sur des acteurs économiques performants:
• Le rôle des États a été déterminant dans la réussite de la croissance asiatique. L'interventionnisme en matière économique,
l'établissement d'un capitalisme sous contrôle étatique, le rôle des diasporas chinoise et indienne dans les investissements
régionaux, l'importance des excédents commerciaux ont permis la réussite financière du continent. Des réserves de change
considérables renforcent cette position.
=Réserves de change: ensemble des devises étrangères détenues par la banque centrale d'un État. Ce sont généralement des bons
et obligations émis par le trésor d'États étrangers, qui rapportent un intérêt.
• La croissance économique de l'Asie repose aussi sur la réussite de grandes firmes transnationales. Les grandes firmes
asiatiques se sont imposées depuis plusieurs décennies sur les marchés mondiaux. En 2010, 50 FTN asiatiques sont classées parmi
les 250 plus importantes dans le monde. Les Japonais Toyota (automobile), Hitachi ou Sony (électronique), les entreprises
pétrolières Petrochina (Chine) ou Petronas (Malaisie), les chaebols coréens Samsung, Hyundai ou LG, l'Indien Tata, le Taïwanais
Acer sont des grandes firmes mondialisées, leaders dans leurs secteurs. Un réseau très dense de PME (petites et moyennes
entreprises) efficaces accompagne les grands groupes asiatiques.
= Chaebol: grande entreprise coréenne, d'origine souvent familiale, aux activités industrielles et commerciales très diversifiées.
B. Un espace majeur de la mondialisation:
1. l'affirmation d'une aire de puissance économique de rang mondial:
 L'Asie est aujourd'hui le premier pôle productif mondial. Elle représente 28,3 % du PIB mondial en 2011. La production
industrielle de base (acier, textiles), celle de produits manufacturés à forte valeur ajoutée (automobile, machines-outils,
construction navale, informatique, robotique) font de l'Asie « l'usine du monde ». De son côté, l'Inde est surnommée le « bureau
du monde» grâce aux centaines de milliers d'ingénieurs que ses universités forment chaque
année.
 L'Asie est au cœur des échanges planétaires. La croissance rapide du commerce asiatique a fait du continent un acteur
majeur des échanges planétaires. Avec plus de 25 % du commerce mondial, l'Asie s'est développée par l'intermédiaire de ses ports
qui sont aujourd'hui les plus importants du monde.
 L'Asie s'inscrit dans la géographie mondiale des capitaux. Elle compte 15 places boursières parmi les 50 premières
mondiales en termes de capitalisation. Hong Kong, le Japon et la Chine font partie des 10 principaux pays émetteurs et récepteurs
d'IDE dans le monde.
2. Des économies littoralisées et extraverties (=tournées vers l'exportation):
 L'Asie est fortement maritimisée. Ses nombreuses ouvertures maritimes (mer de Chine, détroit de Malacca, golfe du
Bengale, mer d'Oman) s'étalent le long d'un vaste corridor, depuis le port de Gwadar au Pakistan jusqu'à la baie de Tokyo au
Japon.
4
 Les territoires littoraux sont organisés au service de la production et des échanges. L'ouverture des économies asiatiques
se manifeste par une intense littoralisation des populations et des activités. Les stratégies de développement se sont fondées sur
les potentiels considérables des grandes interfaces maritimes. La Corée du Sud, la Chine et le Japon regroupent près de 90 % de la
construction navale mondiale.
= Littoralisation: processus de concentration des hommes et des activités sur les littoraux.
 Les grands ports sont au cœur de l'organisation des territoires en Asie. Le choix de la conteneurisation dès les années
1980 a favorisé l'émergence des ports asiatiques. Parmi les 20 premiers ports du monde par le trafic (en tonnage/2012), 14 sont
situés en Asie (n°1 Ningbo, 2,Shanghai, 3 Singapour). Le continent possède la plus grande interface portuaire du monde.
= Conteneurisation: développement des échanges maritimes au moyen de conteneurs.
3. L'Asie est devenue un gigantesque marché de consommation :
 La Chine est devenue le plus grand marché automobile de la planète devant les États-Unis. Le Japon et la Chine sont des
marchés privilégiés pour les grands groupes internationaux du luxe. L'Asie s'impose également comme une grande destination du
tourisme international; la Chine (3e rang mondial en 2012), la Malaisie (l0e rang) et la Thaïlande font partie des principaux pôles
récepteurs.
 Une classe moyenne considérable est en train d'émerger. Dans le sillage du Japon, de la Corée du Sud ou de Taïwan, où les
marchés intérieurs ont constitué une rampe pour le décollage de l'économie intérieure, l'émergence d'une classe moyenne de
plusieurs centaines de millions d'individus en Inde et en Chine aura des conséquences importantes pour toute l'économie
mondiale.
4. Une intégration régionale croissante:
L’intégration régionale s'opère grâce aux flux croisés entre les différents pays: réseaux d'IDE, échanges de brevets,
circulation des élites et même de touristes (les deux tiers de la clientèle touristique de l'Asie sont des Asiatiques). Le commerce
intra-régional asiatique ne cesse de se développer. Il représente 52 % du commerce extérieur des pays asiatiques. En outre,
l'Asie du Sud et de l'Est compte de plus en plus sur ses propres capitaux pour financer son développement.
■ L'Asie de l'Est : une forte intégration économique mais une faible intégration institutionnelle
 En Asie de l'Est, le développement économique s'accompagne d'une intégration croissante illustrée par l'intensité des
échanges intrarégionaux. La plupart sont des échanges portant sur des composants, des fournitures, des produits finis circulant
entre filiales et maisons mères. Cette forte intégration économique résulte de l’insertion de l’Asie orientale dans la NDIT
(nouvelle division internationale du travail) => mise en place d’un véritable système régional de sous-traitance et d’échanges
intra-firmes (ex : pièces détachées pour l'industrie automobile => les différents sites de Toyota aux Philippines, en Indonésie, en
Malaisie et en Thaïlande s’échangent des boîtes de vitesse, des pièces de transmission, des équipements électriques voire des
moteurs). Pour désigner la division régionale du travail qui prévaut dans le secteur informatique, on parle du « circuit
intégré asiatique» : un ordinateur assemblé à Canton peut utiliser un écran en provenance d’Indonésie, des microprocesseurs
fabriqués à Singapour, un clavier monté aux Philippines…
 La Chine s'appuie sur sa diaspora pour établir des liens économiques avec les autres pays de la région.
 Sur le plan institutionnel le processus d’intégration régionale est moins avancé que sur d'autres continents. Les
organisations régionales asiatiques comme l'ASEAN manquent de poids à l'échelle planétaire et n'ont pas le même degré
d'approfondissement que l'UE ou l'ALENA. En effet, les pays asiatiques privilégient souvent les accords bilatéraux.
=ASEAN : L’Association des nations de l'Asie du Sud-Est est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix
pays d'Asie du Sud-Est : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei (1984), Vietnam (1995), Laos et
Birmanie (1997) et Cambodge (1999). Elle a été fondée en 1967 à Bangkok (Thaïlande) par cinq pays dans le contexte de la
guerre froide pour faire barrage aux mouvements communistes, développer la croissance et le développement et assurer la stabilité
dans la région. Aujourd'hui, l'association a pour but de renforcer la coopération et l'assistance mutuelle entre ses membres, d'offrir
un espace pour régler les problèmes régionaux et peser en commun dans les négociations internationales. Un sommet est organisé
chaque année au mois de novembre. En 2013, les pays de cette organisation représentaient : 620 millions d'habitants (environ
8.8% de la population mondiale) 2400 milliards de $ de PIB et accueillaient en 2010, 76 milliards $USD d'investissements
étrangers. Les pays de l’ASEAN ont mis en place depuis les années 2000 l’AFTA (ASEAN Free trade Agreement), une zone de
libre-échange entre les membres de l’ASEAN mais sans tarif douanier extérieur commun. L’ASEAN Plus Trois (APT) réunit
depuis 1997 la Chine, le Japon et la Corée du Sud aux pays de l’ASEAN pour des rencontres lors des sommets de l’ASEAN.
L'APT permet aux pays de l'ASEAN de se renforcer dans les négociations internationales notamment à l'OMC pour
contrebalancer l'influence de l'Union européenne et de l'ALÉNA. Depuis 2010 est entré en vigueur un accord de libre-échange
entre la Chine et l’Asean.
 Spatialement, cette intégration a donné naissance à un «corridor économique» de Singapour à Tokyo, structuré par des
«nœuds» situés sur ce qui est devenu la première façade maritime mondiale. Points de contacts entre flux régionaux et mondiaux,
ces nœuds sont de grandes villes dotées de ports parmi les plus grands du monde (Shanghai, 1er port mondial) ainsi que
d'aéroports internationaux et de places boursières.
 Cette intégration économique crée de fortes interdépendances. La destruction d'usines électroniques de la région de Sendai,
au Japon, par le tsunami de mars 2011, a paralysé un temps toute la filière électronique asiatique.
■ L'Asie du Sud n'a pas connu de processus d'intégration économique aussi intense que l'Asie de l'Est.
 L'Inde, dont l'économie ne s’est véritablement ouverte que depuis 1991, n'a pas joué de rôle intégrateur en Asie du Sud.
Ses voisins n'ont jamais représenté pour elle d'importants partenaires commerciaux alors que ses échanges avec les États-Unis et
l'Union européenne ont augmenté fortement à partir des années 2000. Le processus d'ouverture indien est soutenu, depuis 2005,
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par la création de nombreuses zones économiques spéciales (inspirées des ZES chinoises) dans les grandes villes du pays
(électronique, informatique, joaillerie). Ces ZES bénéficient d’avantages fiscaux et douaniers afin d’attirer les investissements.
 Dans le cadre de sa «politique de regard vers l'Est» (« Look East Policy») mise en place au cours des années 1990, l'Inde
tente aussi de se rapprocher des pays d'Asie de l'Est en développant des partenariats économiques avec le Japon, l'ASEAN et la
Chine. Avec cette dernière, les échanges ont été multipliés par 23 entre 2000 et 2012, si bien que certains observateurs n'hésitent
plus à parler de phénomène «Chindia».
 L’Association sud-asiatique pour la coopération régionale (SAARC) est une association régionale initiée par le président
bangladais fondée en 1983. Elle regroupe huit pays de l'Asie du Sud, soit le Bangladesh, le Bhoutan, l'Inde, les Maldives, le
Népal, le Pakistan et le Sri Lanka et, depuis 2007, l'Afghanistan. Ces pays représentent un cinquième de la population mondiale.
La SAARC encourage la coopération dans les domaines de l'agriculture, le développement rural, la science et les technologies,
ainsi que la culture, la santé, le contrôle de la natalité, des politiques anti-narcotrafic et la lutte anti-terrorisme. En 2004, les sept
pays alors membres de la SAARC ont signé l'accord de libre échange de l'Asie du Sud (ou SAFTA en anglais) qui prévoit la
création d'une zone de libre échange par réduction progressive des droits de douane sur le commerce de marchandises.
C. Quelles sont les limites de la puissance économique asiatique?
1. Une grande dépendance à l'égard de la mondialisation:
 La croissance de l'Asie est dépendante de l'économie mondiale. Soumise aux fluctuations de l'économie planétaire, l'Asie
n'échappe pas aux crises économiques depuis la fin des années 1990. Toutefois, et malgré la crise financière de 2008 qui vit la
fermeture de milliers d'usines sur tout le continent, la plupart des pays d'Asie ont très vite renoué avec des taux de croissance
élevés.
 L'Asie est fragilisée par la financiarisation excessive de ses économies. La valorisation du profit à court terme, l'afflux
massif d'investissements, l'environnement spéculatif, particulièrement sur les marchés immobiliers, la corruption généralisée, le
manque de transparence des systèmes bancaires ... fragilisent l'Asie tout entière.
 Le dynamisme de l'Asie dépend de son approvisionnement énergétique. L'Asie est énergivore et consomme de plus en plus
de pétrole. Bien que de nombreux pays soient engagés dans la transition énergétique et développent les énergies renouvelables, la
Chine construit une centrale thermique par semaine et a lancé de nombreux programmes de construction de centrales nucléaires.
= Énergivore: se dit d'une économie, d'une activité ou d'un pays qui consomme beaucoup d'énergie.
= Transition énergétique: passage d'un mode de consommation énergétique fondé sur les ressources fossiles (pétrole, charbon,
gaz) fortement émettrices de gaz à effet de serre à un mode de consommation énergétique combinant toutes les sources d'énergie,
avec en priorité, les sources d'énergies renouvelables (éolien, solaire, géothermie, etc.).
2. L'accentuation des inégalités à différentes échelles:
 La forte croissance économique de l'Asie n'a pas réduit les inégalités de développement. Alors qu'au Japon, en Corée du
Sud ou à Singapour le niveau de vie est comparable à celui des grands pays occidentaux, une grande majorité d'États ont des IDH
moyens (Chine, Inde, Thaïlande, Vietnam, Malaisie ... ) ou faibles (Cambodge, Népal, Birmanie, Bangladesh ... ).
 Malgré la croissance, les inégalités sociales se renforcent.
• Presque partout en Asie, le niveau de vie moyen s'élève, avec de profondes conséquences sociales: une minorité s'enrichit
brutalement (En 2011, on compte 332 milliardaires asiatiques, sur 1210 dans le monde, qui tirent leur fortune de l'immobilier, de
l'industrie manufacturière et du commerce de détail), les classes moyennes s'étoffent et consomment de plus en plus, la grande
pauvreté recule en part relative: entre 1981 et 2005, le taux d'extrême pauvreté en Asie de l'Est est passé de 79 à 18 % (de 84 à
16% pour la Chine). La lutte contre la pauvreté est également une réussite en Thaïlande.
• Cependant, l'Asie demeure le continent qui compte le plus de pauvres: 2,2 milliards de personnes en Asie du Sud et de l'Est
(dont 1,6 milliard pour les seules Chine et Inde). En Inde, près des deux tiers de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.
Les inégalités sont les plus fortes et les plus apparentes dans les grandes villes, où de riches quartiers fermés voisinent avec des
bidonvilles (Mumbai, Jakarta).
3. Une insertion inégale des territoires asiatiques dans la mondialisation:
 Les interfaces maritimes sont souvent les territoires les plus dynamiques. Le «Japon de l'endroit» et sa mégalopole centrée
sur Tokyo s'opposent au « Japon de l'envers », plus rural. La mégalopole japonaise concentre 100 millions d'habitants et 80 % du
potentiel économique du pays. Les grandes métropoles (Shanghai, Hong Kong, Taipei, Séoul, Singapour, Mumbai) et les grands
ports font des littoraux les hauts-lieux de la prospérité asiatique au XXIe siècle.
=Mégalopole japonaise: grande région urbaine s'étendant sur, 500 km, de Sendai au nord à Kumamoto au sud, sur la façade
orientale du Japon.
 En Chine et en Inde, les inégalités sont très fortes entre les régions intérieures, plus pauvres, et les régions littorales, plus
dynamiques. Toutefois, la croissance du littoral de l'Asie se diffuse progressivement vers les territoires intérieurs. Les
provinces intérieures chinoises, comme le Xinjiang, sont en plein développement. En Corée du Sud, en Malaisie, en Inde, en
Thaïlande, des corridors de développement se structurent le long des grandes vallées fluviales et des axes de communication.
Les grandes métropoles s'étalent et forment de gigantesques desakotas.
=Corridor de développement: territoire où se concentrent des activités industrielles et technologiques, le long d'une autoroute,
d'une voie ferrée ou d'une voie navigable.
=Desakota: terme d'origine indonésienne (desa: village; kota : ville) qui désigne les espaces de grande densité de peuplement, où
se mêlent activités agricoles intensives, activités industrielles et territoires urbanisés.
 Certains territoires demeurent en marge de la mondialisation. La Corée du Nord est le pays le plus fermé au monde. Le
Laos, le Népal et le Bhoutan subissent les contraintes de l'enclavement. Les hautes montagnes de l'Inde et du Pakistan (Cachemire,
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Sikkim), les îles éloignées des Etats archipels que sont les Philippines et de l'Indonésie, sont également des « angles morts» de la
mondialisation en Asie.
4. Des tensions géopolitiques fortes:
 Le paysage politique asiatique est pluriel. L'Inde, le Japon, la Corée du Sud sont des exceptions démocratiques sur un
continent où dominent les régimes autoritaires (Birmanie, Corée du Nord). D'autres comme la Chine ou le Vietnam se
revendiquent encore du communisme et du parti unique. La démocratie est fragile en Thaïlande, au Bangladesh ou au Pakistan, où
les coups d'État ne sont pas rares.
 Les tensions internes persistent. Le modèle de l'État-nation n'existe pas en Asie où les conflits intérieurs ethniques, religieux
et régionalistes sont nombreux. L'Inde doit faire face à la rébellion de paysans sans terre et à la guérilla des Naxalites. La Chine
peine à contenir les revendications autonomistes du Tibet ou des Ouïghours, peuple autochtone musulman de la province du
Xinjiang. Les minorités des montagnes de l'Asie du Sud-Est sont souvent réprimées.
= Naxalites: groupes révolutionnaires armés, très actifs dans l'est de l'Inde, qui revendiquent l'accès aux terres pour tous les
paysans ainsi que l'établissement d'un régime communiste agraire. Cette guérilla est née à la fin des années 1960 dans un petit
village du nord de l'Inde appelé Naxalbari.
 Les tensions interétatiques sont nombreuses. La Chine s'oppose au Vietnam en mer de Chine méridionale où elle cherche à
contrôler les richesses potentielles en hydrocarbures (îles Paracels et Spratley). Elle aspire également à retrouver sa pleine
souveraineté sur l'île de Taïwan. Les frontières sont des zones de tensions comme entre les deux Corée, entre la Thaïlande et le
Cambodge (litige au sujet du temple de Preah Vihear), entre l'Inde et le Pakistan (question du Cachemire) ou entre l'Inde et le
Bangladesh.
 La région est confrontée à des enjeux de sécurité majeurs: la guerre en Afghanistan, le terrorisme islamiste - qui a déjà
frappé l'Inde, la Thaïlande et l'Indonésie -, la question du nucléaire nord-coréen…
5. Dégradations environnementales et catastrophes naturelles
 Confrontés à l'urgence du développement et de la sortie de la pauvreté, les pays émergents d'Asie, pendant longtemps, n’ont
pas fait de la protection de l’environnement une priorité. Depuis 2006, la Chine est le premier pays émetteur de gaz à effet de
serre. La région connaît une très forte dégradation environnementale due à une phase rapide d'industrialisation, d'urbanisation
et de motorisation, à la construction d'infrastructures de transport et énergétiques lourdes et au développement de cultures
commerciales. Aujourd’hui, l’Asie est confrontée au défi du développement durable.
= Développement durable: Mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre à leurs besoins. Le développement durable suppose la prise en compte globale de facteurs
économiques, sociaux et environnementaux.
 L'Asie est un continent très pollué. En 2011, les émissions de dioxyde de carbone de l'Asie représentaient plus de 40 % du
total mondial (25 % en Chine). Les rejets industriels, la pollution produite par les moyens de transport et les centrales thermiques
au charbon, l'utilisation importante de la biomasse dégradent la qualité de l'air, de l'eau et des sols. La Chine est devenue le
premier émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. Les pluies acides et une importante pollution atmosphérique affectent
la région, en particulier les villes chinoises et indiennes.
=Biomasse: Dans le domaine de l'énergie, le terme de biomasse désigne l'ensemble des matières organiques d'origine végétale
(algues incluses), animale ou fongique (champignons) pouvant devenir source d'énergie par combustion (ex : le bois), après
méthanisation (biogaz) ou après de nouvelles transformations chimiques (agrocarburant).
= Pluies acides: Précipitations qui se sont acidifiées au contact de la pollution atmosphérique et contribuent au dépérissement des
forêts.
 L'environnement est soumis à rude épreuve. La culture du palmier à huile et les besoins de l'industrie papetière ont entraîné
une déforestation importante comme en Indonésie. L'artificialisation des littoraux au Japon et en Corée, la pollution des fleuves en
Inde, la concentration en arsenic dans les nappes phréatiques du Bangladesh, l'érosion des sols,... témoignent d'un bilan
écologique désastreux. En Chine, la désertification et la pénurie hydrique posent des problèmes aigus.
 L'Asie n'est pas épargnée par les catastrophes naturelles. Les sociétés sont exposées aux moussons, typhons, tsunamis,
séismes et éruptions volcaniques. Le tsunami en Asie du Sud-Est (2004), le tremblement de terre au Sichuan (2008), la mousson
dévastatrice au Pakistan (2010), le tsunami au Japon (2011) ont fait des dizaines de milliers de victimes.
 Pour disposer de ressources naturelles indispensables à leur développement, les pays asiatiques les plus demandeurs (Chine,
Inde, Japon, Corée du Sud) multiplient les investissements, notamment en Afrique et en Amérique latine et ont recours au landgrabbing.
BILAN:
- l'Asie du Sud et de l'Est reste une région encore très hétérogène à tout point de vue (démographie, économie, développement) ;
- ces pays sont en train de constituer le plus puissant pôle économique du monde. Si les rythmes actuels se maintiennent, en 2060,
Chine et Inde seront les premières puissances économiques du monde devant les États-Unis (l'Europe, elle, sera bien loin...);
- le réservoir humain dont disposent les pays d'Asie du Sud et de l'Est a été un atout certain dans la construction de cette
puissance, mais ces pays arrivent peu à peu à un tournant: ils vont devoir rapidement faire évoluer leurs modèles et investir
dans un développement plus durable ainsi que dans des systèmes de protection sociale de leurs populations enfin dignes de ce
nom. Un défi majeur avec le vieillissement massif de la population qui s'annonce dans la région. Une page va progressivement se
tourner.
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