Pour Lacan, en effet, la ponctuation en tant que
scansion est non seulement l’une des ressources de la
cure analytique, mais c’est aussi le pivot de la théorie
du langage qui la soutient (le « point de capiton » est
notamment défini comme cette « ponctuation où la
signification se constitue »). Bref, le sujet de la
psychanalyse doit sans doute être conçu comme tramé
d’effets de ponctuation.
Quant au cinéma, il nous invite à penser le
regard lui-même comme ponctué et ponctuant. « Il
n’y a de point de vue que pour un voir qui ponctue »,
écrivait Heidegger dans un passage de son essai sur
Le Nihilisme européen auquel font écho, à leur
manière, ces mots de Walter Murch, le monteur de
Coppola : « nous clignons des yeux pour séparer et
ponctuer ».
À travers ces trois champs ― littérature,
psychanalyse, cinéma ―, le colloque tentera donc de
dégager les enjeux et les responsabilités du geste
ponctuant. Car si l’on considère, d’une part, que la
ponctuation est le pouvoir de décider d’un texte (y
compris social et politique), à savoir qu’elle est cette
violence interprétative d’une décision qui arrête le
sens, on pourrait interroger, d’autre part, la figure
possible d’une contre-ponctuation en tant que force
de désorganisation du discours dominant.