PHI- 16084 Sujets spéciaux Le néo-structuralisme et la fin de la raison: Foucault et Lyotard Chargé de cours : Daniel DESROCHES I BUT DU COURS «Foucault réduit à une formule choc cette version nouvelle, postmoderne, des griefs contre la rationalité: "La torture, c'est la raison". Le sujet est supposé en être l'agent.» (Manfred Frank) Comment admettre en philosophie un tel énoncé? Voilà d’entrée de jeu la question à laquelle nous serons conviés pour ce trimestre d'été. Car l’une des expressions les plus connues de la philosophie française contemporaine demeure sa mise en cause de la métaphysique, du sujet et de la rationalité. À ce propos, n’avons-nous jamais entendu parler d’une fin de la raison? Nous appellerons néo-structuralisme le type de pensée qui assume ces trois critiques tout en accordant une place de choix à la linguistique ainsi qu’aux acquis de l’analyse structurale pour en traiter. Plusieurs noms propres se reconnaissent à cette appellation, et parmi eux: Derrida, Foucault, Lyotard et Deleuze. De la sorte, une première étude d’auteurs néo-structuralistes se présentera comme une porte d’entrée à la philosophie française contemporaine. Le but premier de ce cours est de servir d’introduction générale à la philosophie française contemporaine à travers les critiques de la rationalité chez Foucault et Lyotard. De manière plus spécifique, ce cours vise à familiariser les étudiants à «l’affaire postmoderne» ainsi qu’à l’archéologie foucaldienne. Par voie de conséquence, l’examen des relations entre la critique de la rationalité et les approches néo-structuralistes de Foucault et de Lyotard retiendront une part précieuse de notre attention. II OBJECTIFS De connaissance: Acquérir une bonne connaissance de la problématique dans laquelle s’inscrit, en philosophie contemporaine française, le néo-structuralisme chez Foucault et Lyotard d’abord, mais aussi, au passage, la déconstruction de Derrida. Examiner les variantes spécifiques de la critique de la rationalité proposée par Foucault et par Lyotard, chacun selon sa perspective théorique propre. S'initier sommairement au tournant linguistique et plus particulièrement au structuralisme français qui a influencé tout le champ des sciences humaines. D’habiletés intellectuelles: Développer, chez l'étudiant-e, l’esprit d’analyse et de synthèse permettant de dégager la perspective théorique, les arguments ainsi que les conséquences d’un texte philosophique, notamment par l'exercice du résumé analytique. Permettre à l’étudiant-e de se familiariser avec le mode propre de la production écrite en philosophie, particulièrement par la rédaction d’une étude. Favoriser, chez l’étudiant, une ouverture d’esprit et un esprit critique qui permet de nourrir des échanges afin d’enrichir sa compréhension de la matière. 1 III CONTENU A Problématique §1 Introduction générale Mise en contexte de la pensée française et du tournant linguistique Première approche de la critique de la rationalité en philosophie. §2 L’héritage de Nietzsche et de Heidegger L’idée d’une fin de la métaphysique et la critique de sa "grammaire" La question de la modernité et l'essor de la technique §3 Caractérisation sommaire du structuralisme classique Historique et mise en contexte du mouvement structuraliste La notion de structure et la méthode structurale §4 Ouverture de la structure et déconstruction de la métaphysique L’ouverture de la structure par Derrida et la notion de "différance" La déconstruction derridienne comme critique de la métaphysique B Le néo-structuralisme et l'archéologie de Foucault §5 Introduction à la pensée de Michel Foucault Considérations biographiques et bibliographiques L’ancrage d’une pensée de Foucault dans l’histoire §6 Premiers pas dans l’oeuvre de Foucault L’étude de la folie et l'archéologie du regard médical Le développement normalisateur des sciences humaines §7 La critique de la rationalité Étude spécifique du «grand renfermement» à l’âge classique La question du pouvoir et le rôle du sujet comme agent §8 L’archéologie foucaldienne et les pratiques discursives La notion d’épistémè pour les sciences humaines L’archéologie comme analyse des formations discursives C La critique postmoderne de la raison chez Lyotard §9 Introduction à la pensée de Jean-François Lyotard Considérations biographiques et bibliographiques L’ancrage de la pensée de Lyotard dans l’esthétique § 10 Premiers pas dans l’oeuvre de Lyotard Influences diverses: Kant, Wittgenstein, Marx et Freud La naissance de l’«affaire postmoderne» en 1979 § 11 La condition postmoderne La légitimation des savoirs: métarécits, pragmatique et performativité La perspective postmoderne: les instabilités et la délégitimation § 12 La critique de la rationalité chez Lyotard La dissension contre le consensus: la question du différend § 13 Conclusion du cours. La critique du néo-structuralisme chez Habermas et Manfred Frank. Examen final (récapitulatif, à faire en classe) 2 IV FORMULE PEDAGOGIQUE Leçons magistrales, analyses spécifiques de textes et échanges en salle de classe. V LECTURES OBLIGATOIRES Foucault, M. «Deux essais sur le pouvoir et le sujet» in: H. Dreyfus et P. Rabinow, Michel Foucault : Un parcours philosophique, Folio, 1992. Lyotard, J.-F. Le postmoderne expliqué aux enfants, Galilée, 1988. En outre, un recueil de textes, dont la lecture est indispensable à la progression du cours, sera disponible à la librairie Zone au début de la session. Ces textes constitueront la base de notre cours. A noter: le premier texte (Frank, 1989) sera au programme de la première leçon. VI FORMULE D’EVALUATION Exigences matérielles: Le résumé “analytique” (environ 3 pages) d’un article ou d’un chapitre extrait du recueil de textes. Ce résumé sera à remettre au cours du trimestre: 25%. Une étude (c’est-à-dire un travail de recherche simple) visant à faire le point sur un thème au choix (7 à 10 pages) sera à rendre en fin de trimestre: 40% Un examen final (récapitulatif) à faire en classe lors du dernier cours: 35% Critères d’évaluation: Qualité, originalité et profondeur de la démarche: 40% Compréhension de la matière à l’étude: 40% Qualité de l’expression écrite et de l’argumentation: 20% Notation: selon celle qui est normalement en vigueur à la Faculté. Il est conseillé de remettre ses travaux dactylographiés au secrétariat ou, en mains propres, au professeur (bureau : FAS 542). Joignant une enveloppe adressée et affranchie, l'étudiant-e récupérera son travail final commenté et évalué sans délai. L'étudiant avisé conservera une copie de ses textes afin d'éviter de les refaire en cas de perte ou de révision. A propos de la correction, voir la «grille» incluse dans le Recueil. 3 VII BIBLIOGRAPHIE Carroll, D. Paraesthetics: Foucault, Lyotard, Derrida, New-York, Methuen, 1987. Deleuze, G. Foucault, Minuit, 1986. Deleuze, «A quoi reconnaît-on le structuralisme?» La philosophie 4, Marabout, 1979. Derrida, J. L’écriture et la différence, Seuil, 1967. ____, De la grammatologie, Minuit, 1967. ____, Positions, Minuit, 1972. De Saussure, F. Cours de linguistique générale, Payot, 1974. Descartes, «Seconde méditation», Oeuvres philosophiques, t. II, Garnier. Foucault, M. Histoire de la folie à l’âge classique, Gallimard, 1972. ____, Naissance de la clinique, PUF, 1963. ____, Les mots et les choses, Gallimard, 1966. ____, L’archéologie du savoir, Gallimard, 1969. ____, L’ordre du discours, PUF, 1971. ____, Surveiller et punir : Naissance de la prison, Gallimard, 1975. ____, Dit et écrit, 4 tomes, Gallimard, 1994. ____, «Sur l'archéologie des sciences...», Cahiers pour l'analyse, 1968. Frank, M. L’ultime raison du sujet, Actes sud, 1988. ____, Qu’est-ce que le néo-structuralisme?, Cerf, 1989. ____, «Dissension et consensus selon Lyotard et Habermas», Cahiers..., 1988. Gualandi, A. Lyotard, Les belles lettres, 1999. Gutting, G. Foucault’s Archaeology of Scientific Reason, Cambridge U. P., 1989. Kant, «Réponse à la question: Qu'est-ce que les Lumières» in CFJ, Gallimard, 1985. Habermas, J. Le discours philosophique de la modernité, Gallimard, 1988. ____, La pensée post-métaphysique, A. Colin, 1993. ____, «La modernité, un projet inachevé», Critique, 1987. Heidegger, «L’époque des conceptions du monde» in: Chemins, Gallimard, 1962. ____, «Lettre sur l’humanisme» in: Questions IV, Gallimard, 1990 ____, Nietzsche I et II, Gallimard, 1971. ____, Essais et conférences, Gallimard, 1954. Lévi-Strauss, C. Anthropologie structurale, 2 tomes, Plon, 1974. Lyotard, J.-F. Dérive à partir de Marx et Freud, UGE, 10⁄18, 1973. ____, Rudiments païens, UGE, 10⁄18, 1977. ____, La condition postmoderne. Rapport sur le savoir, Minuit, 1979. ____, Le différend, Minuit, 1983. Lyotard, Tombeau de l’intellectuel et autres papiers, Galilée, 1984. ____, L'inhumain, Galilée, 1988. ____, «Sensus communis: le sujet à l’état naissant» in: Confrontations, 20, 1989. Nancy, J.-L. L'oubli de la philosophie, Galilée, 1986. Nietzsche, F. Le gai savoir, Gallimard, 2001. ____, La volonté de puissance, du Trident, 1989. Dreyfus, H. et P. Rabinow, Foucault. Un parcours philosophique, Gallimard, 1992. Ricoeur, P. Le conflit des interprétations. Essais d’herméneutique, Seuil 1969. ____, Du texte à l'action,Essais d’herméneutique II, Seuil, 1986. Ruby, C. Les archipels de la différence, Éditions du félin, 1989. Taylor, C. Le malaise de la modernité, Cerf, 2002. Vattimo, G. Les aventures de la différence, Minuit, 1987. Les Cahiers de Philosophie: Jean-François Lyotard. Réécrire la modernité, 1988. * * * 4