un consommateur réduise celles consommées par les autres – et la non-
exclusion – il est impossible d’exclure un utilisateur de l’usage de ce bien qui
est à la disposition de tous. Peu de biens collectifs sont des biens collectifs
purs répondant à ces deux caractéristiques. Si la qualité de l’air, l’éclairage
public, le silence à l’échelle locale, les grands services publics comme la
défense à l’échelle nationale, l’atmosphère terrestre à l’échelle internationale
en sont des exemples, nombre d’entre eux ne présentent pas ces deux parti-
cularités : les « biens de club » peuvent faire l’objet d’exclusion par un prix
(droit d’entrée) ou une réglementation, mais ils répondent au critère de non-
rivalité (dans le domaine de l’environnement, les espaces verts, parcs natio-
naux, zones protégées appartiennent à cette catégorie); pour les « biens com-
muns » en revanche, il n’y a pas d’exclusion possible mais il y a rivalité
d’usage, puisqu’une fois qu’un individu s’en est emparé, il en prive les
autres consommateurs (les ressources halieutiques situées dans des zones
non exclusives, comme les cours d’eau ou la haute mer, ainsi que de nom-
breuses espèces animales et végétales convoitées appartiennent à cette caté-
gorie de ressources dont les spécificités favorisent les risques de surexploita-
tion et d’épuisement).
L’une des particularités de nombreuses ressources naturelles collectives,
longtemps considérées comme des biens libres, est que leur propriété n’est
pas ou mal définie. Dans une économie marchande, cette absence de droits
de propriété sur des ressources devenues rares est une source inévitable de
gaspillage : l’échange marchand ne peut mener à l’optimum social que si les
ressources échangées sont affectées de droits de propriété clairement définis,
protégés, exclusifs et librement transférables. Ces critères ne sont pas res-
pectés dans le cas des biens d’environnement collectifs et le marché ne peut
donc être un moyen de les gérer efficacement. Cette réflexion sur les droits
de propriété est très ancienne et « La tragédie des biens communs » (« The
tragedy of the commons »), titre de l’article d’un écologiste (3) décrivant les
conséquences dramatiques de la pratique des vaines pâtures en Angleterre
au Moyen Âge, s’applique maintenant à la fonction de réservoir de résidus
des écosystèmes. Pour certains auteurs, toutefois, la cause fondamentale du
gaspillage de ces ressources ne réside pas dans le marché, mais est essentiel-
lement liée à une absence de définition de droits de propriété : il suffirait
d’attribuer des droits de propriété ou droits d’usage sur ces ressources natu-
relles, l’intervention de l’Etat se limitant donc à institutionnaliser ces
droits; ensuite, le libre échange de ces nouveaux droits permettrait sponta-
nément de réaliser l’optimum. En 1960, dans un article célèbre (4), R. Coase
démontre que les effets externes peuvent être internalisés par la création
d’un marché des droits de propriété ou d’usage sur l’environnement. L’un
la lutte contre l’effet de serre 765
(3) Cf. Garrett Hardin, « The tragedy of the commons », Science, n
o
62, 1968, pp. 1243-1248.
(4) Cf. Ronald H Coase, « The problem of social cost », Journal of Law and Economics, vol. 3, 1960, pp. 1-
44.