S’opposant au modèle économique actuel, consumériste et gaspilleur, aux coûts humains et
économiques élevés, l’économie circulaire vise à produire sans détruire, à répondre aux besoins de
l’humanité tout en préservant les écosystèmes et les ressources. On lui associe généralement les
concepts de « boucles fermées » et de « régénération », mais aussi « d’écologie industrielle » (sa mise
en œuvre dans un environnement industriel) ou encore « d’économie de fonctionnalité », laquelle
privilégie l’usage d’un produit plutôt que sa possession.
En 2050, 9 milliards d’individus devraient peupler la planète, ayant besoin de trois fois plus de
ressources que nous n’en consommons aujourd’hui. Or, selon le Global Footprint Network, à l’heure
actuelle, nous absorbons en seulement 8 mois la totalité du budget écologique annuel de la Terre.
Cette année, le Jour du dépassement fut le 19 août.
Dette écologique, volatilité des prix des matières premières, tensions dans leur approvisionnement…
Apparu avec l’industrialisation, le modèle linéaire (produire, extraire, jeter) montre de façon préoccupante
ses limites. Prenant son contre-pied, l’économie circulaire ne connaît pas de définition officielle mais
rassemble des solutions alternatives nées des préoccupations environnementales en rapport avec la
croissance démographique, la consommation énergétique, l’épuisement des ressources, la perte de
biodiversité et le changement climatique, certaines ayant émergé dès les années 1970. Toutes ces
approches prennent la nature comme modèle, s’inspirant des écosystèmes naturels, des organismes
vivants chez lesquels il n’existe pas de déchets mais des nutriments. Elles ont pour credo : réduire,
réutiliser et recycler, voire décycler.
Des industries pionnières ont appliqué ce modèle, l’exemple le plus connu étant celui de Kalundborg.
Dans cette ville portuaire de la mer du Nord, principale zone industrielle du Danemark, depuis 1970 des
entreprises « échangent » en cycle fermé leurs flux de matières et d’énergie au bénéfice de la
planète et pour une économie globale de 15 millions de dollars par an. On parle de symbiose
industrielle.
Aujourd’hui, l’économie circulaire fait son chemin dans les mentalités. Ses promoteurs privés ou
institutionnels se multiplient, tels la fondation Ellen MacArthur, devenue une référence internationale sur
le sujet, ou bien en France, l’Institut de l’économie circulaire, créé et présidé par François-Michel
Lambert, député des Bouches du Rhône, vice-président de la commission Développement durable de
l’Assemblée nationale, ou encore l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Ils
voient en elle un modèle économique à la fois nécessaire et prospère : un modèle vertueux. « Le
modèle circulaire stimule la création de richesse et d’emploi dans un contexte de limitation des
ressources », affirme la fondation Ellen MacArthur. Pour l’Institut de l’économie circulaire, outre le fait
qu’elle évite d’exploiter des ressources, l’économie circulaire « ajoute la création de valeur positive,
fondée sur la consommation relocalisée, le soutien à une activité industrielle et agricole sur les territoires,
le développement de nouvelles filières dédiées à la réparation, au réemploi et au recyclage. ». Activités
difficilement automatisables, la réparation, la refabrication, le réemploi et le recyclage emploient
effectivement une main-d’œuvre importante et majoritairement locale. « Reposant sur des activités à
haute intensité de main-d’œuvre, l’économie circulaire devrait globalement créer beaucoup plus
d’emplois qu’elle n’en détruira », analyse Rémy Le Moigne, consultant et auteur d’un ouvrage sur la
logistique inverse, c’est-à-dire les différentes étapes et opérations pour récupérer un produit usagé.