L`économie circulaire du XXIe siècle : le modèle économique

« L’économie circulaire du XXIè siècle : le modèle économique prospère d’un monde aux
ressources limitées » - Auteur : Christiane Roulet/veille-rédaction Grenoble Ecobiz - www.grenoble-
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L’économie circulaire du XXIe siècle : le modèle économique prospère d’un
monde aux ressources limitées
S’opposant au modèle économique actuel, consumériste et gaspilleur, aux coûts humains et
économiques élevés, l’économie circulaire vise à produire sans détruire, à répondre aux besoins de
l’humanité tout en préservant les écosystèmes et les ressources. On lui associe généralement les
concepts de « boucles fermées » et de « régénération », mais aussi « d’écologie industrielle » (sa mise
en œuvre dans un environnement industriel) ou encore « d’économie de fonctionnalité », laquelle
privilégie l’usage d’un produit plutôt que sa possession.
En 2050, 9 milliards d’individus devraient peupler la planète, ayant besoin de trois fois plus de
ressources que nous n’en consommons aujourd’hui. Or, selon le Global Footprint Network, à l’heure
actuelle, nous absorbons en seulement 8 mois la totalité du budget écologique annuel de la Terre.
Cette année, le Jour du dépassement fut le 19 août.
Dette écologique, volatilité des prix des matières premières, tensions dans leur approvisionnement…
Apparu avec l’industrialisation, le modèle linéaire (produire, extraire, jeter) montre de façon préoccupante
ses limites. Prenant son contre-pied, l’économie circulaire ne connaît pas de définition officielle mais
rassemble des solutions alternatives nées des préoccupations environnementales en rapport avec la
croissance démographique, la consommation énergétique, l’épuisement des ressources, la perte de
biodiversité et le changement climatique, certaines ayant émergé dès les années 1970. Toutes ces
approches prennent la nature comme modèle, s’inspirant des écosystèmes naturels, des organismes
vivants chez lesquels il n’existe pas de déchets mais des nutriments. Elles ont pour credo : réduire,
réutiliser et recycler, voire décycler.
Des industries pionnières ont appliqué ce modèle, l’exemple le plus connu étant celui de Kalundborg.
Dans cette ville portuaire de la mer du Nord, principale zone industrielle du Danemark, depuis 1970 des
entreprises « échangent » en cycle fermé leurs flux de matières et d’énergie au bénéfice de la
planète et pour une économie globale de 15 millions de dollars par an. On parle de symbiose
industrielle.
Aujourd’hui, l’économie circulaire fait son chemin dans les mentalités. Ses promoteurs privés ou
institutionnels se multiplient, tels la fondation Ellen MacArthur, devenue une référence internationale sur
le sujet, ou bien en France, l’Institut de l’économie circulaire, créé et présidé par François-Michel
Lambert, député des Bouches du Rhône, vice-président de la commission Développement durable de
l’Assemblée nationale, ou encore l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Ils
voient en elle un modèle économique à la fois nécessaire et prospère : un modèle vertueux. « Le
modèle circulaire stimule la création de richesse et d’emploi dans un contexte de limitation des
ressources », affirme la fondation Ellen MacArthur. Pour l’Institut de l’économie circulaire, outre le fait
qu’elle évite d’exploiter des ressources, l’économie circulaire « ajoute la création de valeur positive,
fondée sur la consommation relocalisée, le soutien à une activité industrielle et agricole sur les territoires,
le développement de nouvelles filières dédiées à la réparation, au réemploi et au recyclage. ». Activités
difficilement automatisables, la réparation, la refabrication, le réemploi et le recyclage emploient
effectivement une main-d’œuvre importante et majoritairement locale. « Reposant sur des activités à
haute intensité de main-d’œuvre, l’économie circulaire devrait globalement créer beaucoup plus
d’emplois qu’elle n’en détruira », analyse Rémy Le Moigne, consultant et auteur d’un ouvrage sur la
logistique inverse, c’est-à-dire les différentes étapes et opérations pour récupérer un produit usagé.
Un dossier de Grenoble Ecobiz
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Sommaire de la
publication
Grenoble Ecobiz vous propose d’aborder le sujet de l’économie circulaire de la
manière suivante :
Le système économique actuel et ses effets pervers
Prendre le contre-pied de l’économie linéaire
L’économie circulaire : « concept à géométrie variable », modèle économique
alternatif à plusieurs facettes
Les gains du modèle circulaire
Les principales sources du document
Le système économique actuel et ses effets pervers
Extraire,
produire,
consommer et
jeter : le
système
économique des
sociétés de type
occidental est
linéaire, la
consommation
y est à sens
unique
L’une des caractéristiques fondamentales du modèle économique actuel des
pays développés est son caractère linéaire, avec une division en quatre étapes, le
consommateur se situant en bout de chaîne.
ÉTAPE
ACTION
1
Extraire les matières premières
2
Fabriquer à partir des ressources extraites
3
Vendre à un consommateur final unique
4
Après un usage plus ou moins prolongé, le produit défectueux, usé,
cassé ou bien encore obsolète, est jeté par le consommateur.
Les deux fondements de ce modèle sont :
o les économies d’échelle,
o en général, une chaîne d’approvisionnements complexe et
mondialisée.
Apparu avec l’industrialisation, ce modèle a remplacé celui d’une économie
circulaire à faible rendement.
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Une économie
vorace,
gaspilleuse et
fortement
émettrice de CO2
L’économie linéaire :
d’une part, consomme une grande quantité de ressources naturelles et
d’énergie,
d’autre part, produit massivement des déchets qu’elle ne revalorise pas ainsi
qu’une grande quantité de CO2.
Entre 1900 et 2005, l’extraction des matières a été multipliée par huit
au niveau mondial. (1)
En un siècle, la consommation de matières est passée de 7 milliards
de tonnes à 60 milliards de tonnes. (1)
En 2007, l’économie mondiale avait ainsi consommé 60 milliards de
tonnes de ressources naturelles, soit une augmentation de 65 % par
rapport à 1980. (Source : OCDE.)
Selon la fondation Ellen MacArthur (2), cette consommation :
o avait atteint 65 milliards de tonnes en 2010,
o devrait s’élever à 85 milliards en 2020.
En l’absence de changement, la consommation mondiale de matières
devrait atteindre 150 milliards de tonnes en 2050. En prenant en
compte l’accroissement de la population, la quantité de CO2 émis
par personne serait multipliée par quatre. (1)
(1) Source : Doris Nicklaus - Commissariat général au Développement
durable Colloque Filière et recyclage des 23 au 23 octobre 2012.)
Dans les pays de l’OCDE, les achats annuels d’un consommateur
sont évalués à :
o 800 kg de nourriture et de boissons,
o 120 kg d’emballages,
o 20 kg de nouveaux vêtements et chaussures.
En 2012 :
o la France a produit 344,3 millions de tonnes de
déchets :
30 millions de tonnes sont produites par les
ménages, soit 475 kg par habitant,
314,3 millions de tonnes par des
professionnels, dont 246,2 millions de tonnes
par le BTP.
o Le taux de recyclage de l’ensemble des déchets s’est
élevé à 61 %.
o 33 % ont été mis en décharge.
o 3 % ont été valorisés en énergie.
o 3 % ont été incinérés (3).
« Dans notre système actuel, (extraire-produire-jeter), 80 % des
matériaux finiront en incinérateurs, décharges ou en eaux usées : la
fin du voyage », estime la Fondation Ellen MacArthur. (2).
(1) Source : document de travail de la Conférence environnementale
des 20 et 21 septembre 2013.
(2) La fondation Ellen MacArthur travaille en coopération avec le monde
de l’éducation et de l’entreprise afin d’accélérer la transition vers
une économie circulaire.
(3) Appel à projets « territoires zéro gaspillage zéro déchet » - 31 juillet
2014.
Un modèle très
coûteux pour la
planète et ses
habitants
Une biocapacité déficitaire, une dette écologique
Déforestation, raréfaction de l’eau de source, érosion des sols arables, perte de
biodiversité, accumulation de CO2 dans l’atmosphère… À l’heure actuelle, nos
prélèvements sur la planète dépassent déjà largement sa capacité à :
o régénérer ses ressources renouvelables,
o en fournir d’autres non renouvelables,
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o absorber les déchets,
o compenser les émissions de CO2,
c’est-à-dire, sa biocapacité.
Le Global Footprint Network estime que, désormais, « en seulement huit mois,
l’humanité consomme la totalité du budget écologique annuel de la Terre. »
Les coûts humains et économiques de cette dette écologique sont de plus en
plus élevés.
LE JOUR DU DEPASSEMENT OU THE EARTH OVER SHOOT DAY
Créé en 2003, le Global Footprint Network établit depuis cette date un bilan
comptable annuel de l’empreinte écologique de l’humanité et le compare à la
biocapacité de la Terre.
Depuis 1961, une accélération toujours croissante de la surconsommation
écologique
En 1961, la biocapacité de la plupart des pays était supérieure à leur empreinte
écologique respective.
Aujourd’hui, la situation s’est inversée. « Actuellement 86 % de la population
mondiale vit dans des pays dont l’empreinte est supérieure à ce que leur propre
écosystème est capable de générer chaque année », constate le Global Footprint
Network.
C’est au début des années 1970 que, du fait de la croissance économique et
démographique, le rapport s’est inversé et que le seuil critique fut passé.
En 1993, le Jour de dépassement fut le 21 octobre. Cette année, en 2014, il a é
fixé au 19 août.
« Les estimations de la consommation énergétique et alimentaire basées sur une
croissance démographique modérée indiquent que l’empreinte écologique
mondiale dépassera de 200 % la biocapacité de la Terre avant 2050 », prédit le
Global Footprint Network.
Source : Jour du dépassement sur le site de Global Footprint Network.
Les métaux :
raréfaction ou
disparition
d’une ressource
très convoitée ?
Bien qu’elle soit moins médiatisée que celle du pétrole, la raréfaction des métaux
n’en est pas moins une question de premier plan pour le XXIe siècle.
Les métaux menacés d’épuisement d’ici une centaine d’années seraient :
l’antimoine, l’argent, le chrome, le cobalt, le cuivre, l’étain, le manganèse, le minerai
de fer, le nickel, l’or, le plomb, le titane, le zinc, le zirconium. (Source : La Croix du
27 mars 2014).
Pour Jean-Claude Guillaneau, directeur des géo-ressources au Bureau de
recherches géologiques et minières, le service géologique national, les projections
d’avenir ne doivent cependant pas évoquer la disparition des métaux mais bien
leur raréfaction. « Certes, plus on consomme de métaux, plus la teneur des
nouveaux gisements diminue, ce qui les rend plus chers à exploiter. Mais la
croûte terrestre recèle une quantité illimitée de métaux. »
Source : La Croix du 27 mars 2014 « Les ressources minérales risquent-elles de
disparaître ? »
Ingénieur, coauteur de l’ouvrage Quel futur pour les métaux ? (Édition Sciences
Groupe EDP Sciences octobre 2010), Philippe Bihouix tempère cet avis. Dans un
article paru en 2011, il déclarait : « La sagesse orientale oubliée, les métaux sont
réputés recyclables à l’infini. Pourtant, au fil du temps, même l’or et les métaux
se désagrègent. […] Les métaux sont malheureusement, au même titre que les
énergies fossiles, des ressources non renouvelables, dont nous faisons un gâchis
immense au détriment des générations futures. » Source : Des limites de
l’économie circulaire : la question des métaux Séminaire du 16 décembre 2011
Institut Momentum.
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Les
conséquences
macroéconomiques
et géopolitiques
des tensions dans
l’approvisionnement
en matières
premières
Des États devenus dépendants
« Le défi n’est pas qu’environnemental, il est également économique », rappelle
François-Michel Lambert, député EELV et président de l’Institut de l’économie
circulaire :
o « L’accès aux ressources devient un enjeu critique pour
l’Europe », déclare-t-il.
o Quant à la France, elle « doit faire face à un déficit de
145 millions de tonnes de matières premières. »
Source : L’Usine Nouvelle du 19 juin 2014 L’économie circulaire s’industrialise.
Dans un de ses documents de travail, la Conférence environnementale des 20 et
21 septembre 2013 constate que « L’économie française est dépendante de
l’importation de matières premières. En l’absence de recyclage, 100 % des
métaux utilisés en France seraient importés. »
Des enjeux géopolitiques
Or, « la pression sur les ressources conduit des pays à restreindre leurs
exportations. ». C’est le cas de la Chine, qui premier producteur de terres rares
en a limité ses exportations de 40 % entre 2005 et 2010. (Source. Conférence
environnementale des 20 et 21 septembre 2013 - Table ronde n° 1 économie
circulaire, document de travail.)
« La Chine utilise les 18 métaux indispensables à l’industrie de pointe comme un
moyen de pression face au Japon, à l’Europe et aux États-Unis », explique de
son côté Jean-Claude Guillaneau. Elle a ainsi mis en place depuis 2011 des
quotas d’exportation tout en favorisant l’installation d’usines étrangères sur son
sol avec accès aux terres rares pour protéger ses ressources naturelles et leur
assurer un développement économique durable ». (Source : La Croix du
27 mars 2014 « Les ressources minérales risquent-elles de disparaître ? )
Des tensions dans
l’approvisionnement :
des coûts
économiques
élevés, une
menace pour les
entreprises
Des matières premières de plus en plus chères, des cours volatiles
Depuis les années 2000, les prix des matières premières augmentent.
Or, en 2050, 9 milliards d’individus peupleront la planète et la classe moyenne
aura grossi de 3 milliards de personnes (elle compte aujourd’hui 1,7 milliard de
personnes). Cette population devrait avoir besoin de trois fois plus de
ressources que ce que nous consommons actuellement. La pression de la
demande va donc s’accentuer.
Par ailleurs, l’accès à de nouvelles ressources sera plus difficile et leur
exploitation plus coûteuse.
Ces deux facteurs pèseront sur les prix de l’énergie comme sur ceux des autres
matières.
« Au cours de la première décennie du XXIe siècle, la volatilité des prix pour les
métaux, les produits alimentaires et non alimentaires a plafonné à des niveaux
jamais atteints aux XXe siècle », constate la fondation Ellen MacArthur. « Si
aucune mesure n’est prise, les prix et leur volatilité risquent fort de poursuivre
cette ascension corrélée à l’accroissement de l’urbanisation de la population et
aux coûts élevés de l’extraction des ressources », prédit-elle.
Un modèle devenu risqué pour les entreprises
« Avec une telle volatilité des prix, un manufacturier peut voir ses coûts de
production augmenter de 500 millions d’euros en dix-huit mois » ajoutait Ellen
MacArthur dans un entretien avec l’Usine Nouvelle. (L’économie circulaire n’est pas
une question d’environnement, c’est une question économique » - L’Usine Nouvelle
du 16 mai 2014.)
L’économie linéaire augmente donc l’exposition des entreprises aux risques de :
hausses des prix des matières premières,
volatilité des cours de ces matières,
voire de rupture d’approvisionnement.
« Les industriels prennent conscience que la bataille pour les matières premières
est une bataille de compétitivité », déclarait Jean-Louis Chaussade, pdg de Suez
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