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Depuis la disparition du clivage Est/Ouest, sur le plan discursif, un
consensus domine les multiples tendances à l’œuvre dans les relations internationales
contemporaines : la montée en force de nouveaux acteurs étatiques issus pour la plupart du
Sud et qui font figure de « gagnants » de la mondialisation. L’expression « puissance
émergente » qui s’est imposée dans le langage courant est couramment usitée pour les
qualifier. Outre l’expression usuelle « puissance émergente », l’inventivité lexicale en cette
matière recourt aux termes « marché émergent » ou « nouveau pays industrialisé ». Les pays
émergents d’Asie ont tour à tour été appelés « dragons d’Asie » ou « tigres d’Asie » (Corée
du Sud, Hong-Kong, Singapour et Taïwan), « bébés tigres » (Malaisie, Indonésie, Thaïlande,
Philippines et Vietnam). Ceux d’Amérique latine ont été dénommés « jaguars américains »
(Mexique, Chili, Colombie). L’acronyme BRICS désigne, quant à elle, le Brésil, la Russie,
l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Certains auteurs parlent de « tigres politiques » ou de
« lions financiers » à propos de pays émergents africains (Nigéria, Botswana, Ghana, Côte
d’Ivoire, Rwanda).
Si en 2012, Sebastian Santander pouvait affirmer qu’« en dépit de son succès
médiatique, la notion d’émergence se démarque par un certain flou au contenu élastique. À
défaut d’apporter une définition précise au concept, celle-ci recouvre une réalité particulière,
celle de la diffusion du pouvoir mondial et, partant, d’une remise en cause progressive du
monopole de la puissance conservée depuis cinq siècles par le monde occidental »2, il y a lieu
de soutenir qu’à ce jour, le débat a beaucoup évolué. Ce n’est pas tant le contenu élastique qui
pose problème que la diversité des émergents qui est intéressante à comprendre. La notion
d’émergence convoque une diversité des pays marquée par la variété et une certaine disparité.
Ces diversité, variété et disparité sont adossées à des trajectoires différentes, mais qui
convergent toutes vers la dynamique de la montée en puissance de ces pays. Le
questionnement théorique sur la notion d’émergence suggère deux champs de préoccupations
au colloque. Le premier champ est un travail de déconstruction du concept d’émergence
économique des États pour, d’abord, en comprendre la nature et la substance, et ensuite, en
analyser les implications en relations internationales. Le deuxième champ est une analyse des
récits d’expérience de l’émergence de certains pays. La relation de ces récits peut ouvrir des
fenêtres aux débats susceptibles de baliser des perspectives suggestives pour une prospective
appliquée à la RDC.
L’application des sciences sociales à la RDC, rend le colloque attentif aux enjeux
d’un monde globalisé, multipolaire, polycentrique et postcolonial. En lançant en 2011 le
programme de la modernisation du pays, les dirigeants de la RDC inscrivaient son émergence
à l’horizon 2030. Noble ambition qui remémore « l’objectif 80 » promu autour des années 70
par le Président J.-D. Mobutu. La détermination de faire du Zaïre de l’époque une puissance
économique trouve un écho chez le Président J. Kabila. Celui-ci en effet, s’assigne comme
objectif de faire du Congo la Chine de demain, de transformer la société, non pas avec des
changements cosmétiques, mais par des bouleversements en profondeur.
La Faculté des sciences sociales, politiques et administratives de l’Université de
Lubumbashi veut participer à ce projet de transformation de la société congolaise en évaluant
ses acquis et ses avancées, ses succès et ses échecs. Elle en précise les paramètres
d’évaluation (émergence de la classe moyenne, développement des ressources agricoles et
énergétiques, démocratisation de l’État, croissance du PIB et de l’investissement,
libéralisation des échanges, accueil des capitaux étrangers, protection sociale, investissement
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