INTRODUCTION
Permettre à tous les élèves d’acquérir des compétences langagières de haut niveau, soit une
excellente maîtrise de la langue écrite et orale est l’une des missions premières du
professeur des écoles. Il faut également veiller à munir chaque enfant d’un bagage culturel
commun, dont il aura besoin pour comprendre le monde et se construire individuellement
en son sein.
En ce début de première année d’enseignement, parmi les questions primordiales qui se
posent à moi, l’une des plus essentielles porte sur la pratique de l’enseignement de la
littérature. Parce qu’un texte lu ouvre les portes d’un regard sur le monde, et que lire c’est
aussi porter un regard sur soi, mon objectif est d’offrir aux enfants un enseignement vivant
de la littérature. Comment leur faire percevoir que la langue n’est pas qu’un code, mais une
matière vivante, comment les aider à ouvrir leur champ d’exploration littéraire et ainsi leur
permettre d’accéder à des textes qui les touchent ?
L’enjeu majeur de l’enseignement de la littérature et des lectures longues à l’école
élémentaire est de donner le goût de lire. Atteindre cet objectif suppose de travailler la
compréhension, le comportement de lecteur, le développement d’une culture littéraire.
Ainsi, en fin de cycle 3, les attendus des nouveaux programmes dans les domaines de la
lecture et de la compréhension de l’écrit sont de « lire avec fluidité, comprendre un texte
littéraire et l’interpréter.
1
» Une pratique actuelle trop fréquente pour lire, comprendre et
interpréter consiste à construire des séances de lecture autour de fiches-questions. Ne
risque-t-on pas d’aboutir, avec de telles activités, à un appauvrissement de la pensée, voire
au formatage des esprits et finalement à l’occultation des émotions ? La littérature devient
alors un prétexte, elle est vidée de sa substance. D’autres pratiques autrement plus riches
que ces questionnaires sont heureusement à envisager, et je songe notamment aux Ateliers
de Questionnement du Texte et aux débats interprétatifs. Or, ce type de travaux suppose le
développement de compétences orales, une oralité qui n’est plus guère travaillée pour elle-
même au cycle 3. Les nouveaux programmes veulent redonner toute sa place à cet
apprentissage, car on sait combien est nécessaire la maîtrise du langage oral, à la fois
moteur de pensée, instrument de communication et puissant marqueur social
2
. N’est-ce pas
1
BO officiel spécial n°11 du 26 novembre 2015, p.12.
2
« Le langage oral, qui conditionne également l’ensemble des apprentissages et constitue aussi un moyen
d’entrer dans la culture de l’écrit, continue à faire l’objet d’une attention constante et d’un travail spécifique.
» in BO officiel spécial n°11 du 26 novembre 2015, p.8.