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mettre au jour certains fonctionnements, que nous dirons comparatifs, qui
révèlent la présence d’un continuum reposant sur le caractère plus ou moins
référentiel de N2.
Nous choisissons de représenter le génitif symboliquement par N2’s
N1, choix que légitimeront les remarques subséquentes liées à la fonction
potentielle de repère de N2.
Notre réflexion portera tout d’abord sur les rapports entre <’s> et have
et les rôles syntaxiques et sémantiques de N2 et N1. Nous prêterons ensuite
une attention particulière aux structures de génitif que nous nommons
« comparatives ». Enfin, nous étudierons le passage du génitif référentiel au
génitif générique puis non référentiel au travers de l’analyse de quelques
exemples-clés, afin de dégager l’existence du continuum que nous
envisageons comme hypothèse de départ.
LESRELATIONSENHAVE
Dans de nombreux cas, ‘s peut être l’indice symbolique d’un prédicat have en
structure profonde. Have lexical, pseudo-transitif,3 dont la structure
événementielle est statique. Que have marque une possession aliénable ou
inaliénable, le rapport qu’il implique entre sujet et objet ne crée aucun
dynamisme intra-structurel mais tout au contraire une « stase » prédicative.
Nous reprendrons au compte du fonctionnement de have ce que Benveniste
dit d’avoir :
Avoir a la construction d’un verbe transitif ; il n’en est pas un pour
autant. C’est un pseudo-transitif. Entre le sujet et le régime de avoir, il
ne peut exister un rapport de transitivité, tel que la notion soit
supposée passer sur l’objet et le modifier. Un verbe avoir n’énonce
aucun procès. [PLG, I, 194]4
Huddleston & Pullum le décrivent soit comme verbe dynamique —it
expresses an event rather than a state — auquel cas il est utilisé comme « light
3 Il n’accepte pas la passivation.
4 Signalons ici que nous ne traiterons pas du génitif prédicatif de type it is mine. En effet, nous
pensons, à l’instar de Benveniste, que le pronom possessif est en anglais attributif, donc, dans
une grammaire des cas, un datif et non pas un génitif.
Or avoir n’est rien d’autre qu’un être-à inversé : mihi est pecunia se retourne en habeo pecuniam.
Dans le rapport de possession indiqué par mihi est, c’est la chose possédée qui est posée comme
sujet ; le possesseur n’est signalé que par ce cas marginal, le datif, qui le désigne comme celui en
qui l’« être-là » se réalise. Quand la construction devient habeo pecuniam, ce rapport ne peut
devenir « transitif » ; le « ego » posé maintenant comme sujet n’est pas pour autant l’agent d’un
procès : il est le siège d’un état, dans une construction syntaxique qui imite seulement l’énoncé
d’un procès. [...] Le verbe « avoir » du gothique, aih, est un perfecto-présent. [PLG, I, 197]
Avoir est un état de l’ayant, de celui à qui quelque chose est. [PLG, I, 198]