La cécité corticale - John Libbey Eurotext

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Article de synthèse
Rev Neuropsychol
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 04/06/2017.
2013 ; 5 (1) : 38-44
Sylvie Chokron
Fondation ophtalmologique Rothschild,
CNRS UMR 8158,
unité fonctionnelle vision et cognition & LPP,
25, rue Manin,
75019 Paris,
France
<[email protected]>
Pour citer cet article : Chokron S. La
cécité corticale : sémiologie, étiologie et
perspectives de prise en charge neuropsychologique. Rev Neuropsychol 2013 ;
5 (1) : 38-44 doi:10.1684/nrp.2013.0253
La cécité corticale : sémiologie,
étiologie et perspectives de prise
en charge neuropsychologique
Cortical blindness: semiology, aetiology
and neuropsychological rehabilitation
La cécité corticale est une perte de sensation visuelle liée
à des lésions atteignant les voies optiques en arrière du
corps genouillé latéral et plus particulièrement les cortex visuels primaires. Les connaissances sur le fonctionnement visuel ont connu une progression considérable ces 20 dernières
années, en partie grâce à l’amélioration des techniques d’investigation mais surtout grâce à la
convergence des données provenant des différentes approches : psychophysique, psychologie cognitive, neurophysiologie et neuropsychologie. Cet enrichissement mutuel induit une
meilleure compréhension des troubles neurovisuels complexes tels que la cécité corticale
chez l’enfant et chez l’adulte, permet de mettre au point de nouvelles techniques de rééducation et d’en suivre la récupération grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale fonctionnelle.
En parallèle, l’étude de ces troubles et la façon dont les processus visuels se désorganisent à
la suite d’une lésion occipitale nous informent sur les processus cognitifs impliqués dans la
perception visuelle à l’état normal.
Résumé
Mots clés : vision · lobe occipital · cortex visuel primaire · blindsight · neurovisuel
Abstract
Cortical blindness refers to a visual loss induced by a bilateral occipital lesion. The very strong cooperation between
psychophysics, cognitive psychology, neurophysiology and neuropsychology these last
20 years as well as recent progress in cerebral imagery have led to a better understanding
of neurovisual deficits such as cortical blindness. It thus becomes possible now to propose
an earlier diagnosis of cortical blindness as well as new perspectives for rehabilitation in
children as well as in adults. On the other hand, studying complex neurovisual deficits
such as cortical blindness is a way to infer normal functioning of the visual system.
Key words: vision · occipital lobe · primary visual cortex · blindsight · neurovisual
Définitions et sémiologie
Correspondance :
S. Chokron
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REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
doi:10.1684/nrp.2013.0253
La cécité corticale est une perte de sensation visuelle
liée à des lésions bilatérales atteignant les voies optiques en
arrière du corps genouillé latéral et plus particulièrement
les aires visuelles primaires (ou cortex strié) situées dans les
lobes occipitaux.
Initialement dénommée « cécité corticale » du fait de
l’atteinte du cortex visuel primaire, ce trouble a également été qualifié de « cécité occipitale » en raison de sa
localisation, ainsi que de « cécité cérébrale ou centrale »
en raison de la non-limitation lésionnelle à l’écorce
occipitale.
La cécité corticale se définit essentiellement en fonction
de sa spécificité par rapport aux autres atteintes ophtalmologiques, neurologiques ou psychiatriques. On insiste ainsi
souvent :
– sur l’intégrité des globes oculaires et la conservation chez
les patients atteints de cécité corticale des réflexes photomoteurs (par opposition à la cécité périphérique) ;
– sur l’intégrité du fond d’œil (par opposition aux atteintes
du nerf optique) ;
– sur l’abolition du clignement à la menace (par opposition
aux cécités dites psychogènes).
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Il peut également exister de manière plus inconstante
une abolition du nystagmus opto-cinétique dans la cécité
corticale.
En outre, il existe souvent des signes neurologiques associés, témoignant de l’atteinte corticale (troubles sensitifs,
hémiplégie, aphasie. . .).
La cécité corticale se définit non par une baisse massive
de l’acuité visuelle mais par une perte de sensation visuelle
dans l’ensemble du champ visuel. Il s’agit tout de même
d’une cécité puisque légalement, est considérée comme
aveugle toute personne dont l’acuité fovéale corrigée est
inférieure à 1/20e ou dont le champ visuel est inférieur
à 10◦ autour du point de fixation. Malheureusement, tant
l’évaluation clinique que la reconnaissance sociale de la
cécité corticale sont négligées alors que curieusement les
atteintes oculaires font l’objet d’une évaluation et d’une
prise en charge plus précoces. Cette méconnaissance des
troubles neurovisuels d’origine centrale est d’autant plus
marquée chez l’enfant chez qui des séquelles de cécité
corticale néonatale sont, malheureusement, trop souvent
décelés à un âge tardif (souvent vers l’âge de dix ans,
après des années d’échec scolaire) alors que de nombreuses
études révèlent que les atteintes corticales du système visuel
représentent la première cause de cécité chez l’enfant dans
le monde [1].
Au niveau sémiologique, au stade initial, il s’agit classiquement d’un déficit avec perte de toute sensation visuelle
consciente, perte du réflexe de clignement à la lumière et
à la menace. Le patient se comporte comme un aveugle,
se heurtant aux obstacles ainsi qu’aux personnes. Même
les discriminations rudimentaires de la lumière et de
l’obscurité, ou du mouvement et de l’immobilité sont
absentes.
L’installation de la cécité corticale peut être brutale ou
progressive, la perte de la vision survenant dans ce dernier cas chez un individu présentant déjà une hémianopsie,
c’est-à-dire une amputation du champ visuel controlatéral
à une lésion occipitale unilatérale [2]. La cécité corticale peut également succéder dans certains cas à une
hémianopsie double avec vision tubulaire ou encore à
des éclipses visuelles transitoires. Elle peut être précédée
d’autres symptômes comme des vertiges. Classiquement,
le réflexe photomoteur et la motricité oculaire sont préservés, l’examen du fond d’œil est normal, en revanche,
le nystagmus optocinétique et le clignement à la lumière
et à la menace sont habituellement abolis. L’intégrité des
milieux optiques est essentielle pour le diagnostic de cécité
corticale.
On a longtemps pensé que la cécité corticale correspondait à une cécité totale s’accompagnant d’une perte
absolue de toute sensation visuelle. Il est vrai que les
patients se comportent au stade initial de la maladie comme
de véritables aveugles, néanmoins, malgré l’ampleur de ces
troubles initiaux, la notion de déficit absolu est aujourd’hui
remise en cause à la suite de travaux expérimentaux prouvant l’existence de capacités visuelles résiduelles et/ou
implicites chez l’homme et l’animal lésés [3, 4]. Les cas
de cécité corticale complète sont rares dans la littérature,
la plupart des sujets étant capables de discriminer par
exemple si l’environnement est éclairé ou non [5]. Ces
études montrent que des sujets apparemment insensibles
à la luminosité ambiante restent tout de même capables
de percevoir de manière explicite un changement brusque
de la luminosité (lorsqu’on allume ou lorsqu’on éteint la
lumière). Il semble également que ces sujets soient sensibles à des stimuli très prégnants, comme un spot lumineux
de face, sans pour autant pouvoir statuer sur la localisation du stimulus. Enfin, si l’imagerie visuelle et notamment
l’imagerie onirique sont en règle générale conservées, certaines désorganisations peuvent être observées en cours
d’évolution [6].
Signes associés
Anosognosie
Même lors d’une installation brutale du déficit, le patient
présente le plus souvent une anosognosie pour la cécité
corticale, ou syndrome d’Anton. En effet, aussi surprenant
que cela puisse paraître, le patient atteint de cécité corticale, n’exprime spontanément aucune plainte vis-à-vis de
la perte visuelle, nie vigoureusement sa gêne lorsqu’il est
mis en échec et attribue le plus souvent à des causes extérieures (lumière éteinte par souci d’économie à l’hôpital,
volets fermés, lunettes cassées, etc.) son incapacité à réaliser des tâches impliquant la perception visuelle. Outre
cette anosognosie, un certain nombre de signes cliniques
accompagnent le déficit visuel des patients atteints de
cécité corticale, en particulier, la présence d’hallucinations
visuelles, de troubles mnésiques et de troubles de la personnalité.
Hallucinations visuelles
Associées à la perte de vision, et contrastant avec elle,
peuvent survenir des hallucinations visuelles simples ou
complexes, colorées et ne se réduisant pas à de simples
phosphènes. Le patient réagit à ces hallucinations comme
à de véritables perceptions et peut diriger des gestes de préhension vers des objets perçus de manière hallucinatoire
ou encore suivre le déroulement d’un film sur un écran,
l’ensemble de la scène visuelle étant halluciné. D’un point
de vue physiopathologique, la présence des hallucinations
visuelles révèle que la lésion n’est pas entièrement destructrice. Ces hallucinations surviennent en particulier au
moment de l’installation du déficit ainsi qu’en phase de
récupération si cette dernière doit se produire [7, 8].
Troubles de la mémoire antérograde
La cécité corticale s’accompagne également d’un
trouble massif de la mémoire antérograde (c’est-à-dire de la
mémoire de fixation) avec désorientation temporospatiale
sévère [9]. La présence de ces troubles de la mémoire
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explique pourquoi ce type de cécité a parfois été considéré comme relevant d’un trouble mental. D’un point de
vue neuro-anatomique, il n’est pas étonnant qu’une atteinte
bilatérale d’origine vasculaire, intéressant le plus souvent
le territoire de l’artère cérébrale postérieure, implique les
lobes temporaux internes et s’accompagne donc de troubles
mnésiques. Enfin, en plus de l’anosognosie, des hallucinations et des troubles mnésiques, la cécité corticale peut
s’accompagner de signes neurologiques associés, en fonction de l’étendue de l’atteinte corticale (troubles sensitifs,
hémiplégie, troubles aphasiques).
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Confusion et troubles de la personnalité
On soulignera ici l’aspect confusionnel des patients à
l’état initial de la cécité corticale qui en associant l’amnésie,
l’anosognosie, les hallucinations et la désorientation temporospatiale à la privation sensorielle évoque plus un tableau
psychiatrique, voire un syndrome de Korsakoff qu’une
privation sensorielle visuelle. De plus, l’hospitalisation
imposée par un trouble dont le patient n’a pas conscience est à même dans certains cas de générer un trouble
psychique pouvant aller chez certains patients jusqu’à une
décompensation sur le mode paranoïaque. C’est pour cette
raison que certains patients sont malheureusement adressés en première intention vers un service de psychiatrie
avant que le diagnostic neurologique ne soit posé. Cette
difficulté diagnostique se traduit de manière encore plus
dramatique chez l’enfant chez qui la cécité corticale peut
passer inaperçue pendant des dizaines d’années, voire ne
jamais être diagnostiquée chez ces enfants qui vont être
considérés à tort comme souffrant d’une cécité périphérique
(ophtalmologique) ou comme ayant des troubles graves
du développement d’origine psychiatrique et/ou neurologique sans qu’une seule fois ne soit testé leur champ visuel
[10, 11].
Diagnostic différentiel
Si aucun autre trouble neurologique ou neuropsychologique n’accompagne la cécité, les patients peuvent
malheureusement être accusés de simulation, ou être suspectés de trouble du comportement et être hospitalisés
en psychiatrie, cela d’autant plus que la perte de vision
s’accompagne d’hallucinations visuelles, de troubles de la
mémoire antérograde voire de troubles de la personnalité.
L’abolition du nystagmus optocinétique confirme
l’organicité de la lésion et permet d’éliminer une cécité
d’origine psychogène et de dépister également une simulation, car il est conservé dans ces deux cas. Il en va de même
de l’abolition des réflexes de clignement à la lumière et à
la menace. Néanmoins, l’étude de ces deux réflexes peut
être rendue difficile par les troubles du comportement et
la confusion mentale qui peuvent être associés au déficit
visuel au stade initial.
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Les cécités antérieures par atteinte bilatérale des voies
visuelles prégéniculées sont en général facilement différenciées de la cécité corticale car elles comprennent une
abolition des réflexes pupillaires, du nystagmus optocinétique et ne comportent habituellement aucun des signes
neurologiques ou des troubles psychocomportementaux
associés à la cécité corticale précédemment mentionnés.
Il convient par ailleurs, de mentionner que le terme de
‘cécité psychique’ qui avait été historiquement introduit
pour distinguer les troubles de la reconnaissance visuelle
de la cécité corticale n’a plus cours aujourd’hui dans la
mesure où les troubles de la reconnaissance visuelle sont
regroupés sous le terme « d’agnosie visuelle ».
Physiopathologie et étiologie
Sur le plan anatomique, la cécité centrale ou cérébrale
résulte d’une atteinte des voies optiques géniculo-striées
quelle qu’en soit l’étiologie. Il s’agit fréquemment de lésions
occipitales bilatérales, d’où le terme de cécité corticale,
détruisant la berge des deux scissures calcarines et la substance blanche sous-jacente. Néanmoins, il n’existerait pas
de différence clinique majeure entre les lésions intéressant
le cortex occipital et celles où le cortex visuel primaire sans
être détruit est déconnecté du corps genouillé latéral.
Les lésions vasculaires et anoxiques semblent les plus
aptes à déterminer une destruction complète des deux aires
striées. Il s’agit principalement chez l’adulte d’occlusions
soit du tronc basilaire, soit des deux artères cérébrales postérieures, soit d’une artère cérébrale postérieure d’un côté
et d’une artère cérébrale moyenne de l’autre.
En dehors des lésions vasculaires, des atteintes diffuses
telles que les leuco-encéphalites ou les intoxications oxycarbonées sont également susceptibles de déterminer une
cécité corticale. Les étiologies tumorales et traumatiques
sont moins fréquentes.
Le cas particulier de la cécité corticale
chez l’enfant
Les troubles neurovisuels d’origine centrale sont la première cause de trouble visuel chez l’enfant dans les pays
industrialisés [1].
Cette forte augmentation des troubles neurovisuels
d’origine centrale chez l’enfant est probablement due d’une
part à la meilleure reconnaissance de ces troubles et d’autre
part liée aux progrès de la réanimation néo-natale et des
soins neuropédiatriques qui induisent un taux de survie
plus important mais également une occurrence plus grande
des lésions cérébrales en particulier postérieures chez les
enfants nés dans un contexte neurologique difficile. Comme
chez l’adulte, la localisation et l’étendue de la lésion
cérébrale déterminent la nature des troubles neurovisuels
[10, 11].
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Les étiologies les plus fréquentes de cécité corticale
chez l’enfant sont l’anoxie (ou l’hypoxie) cérébrale pouvant être observées soit dans le cas de la prématurité,
soit chez des enfants nés à terme. Chez les enfants prématurés, nés essentiellement entre 24 et 34 semaines de
gestation, les lésions intéressent surtout la matière blanche
autour des ventricules et sont regroupées sous le terme
de leucomalacie périventriculaire. Chez les enfants nés à
terme, l’hypoxie-ischémie cérébrale prolongée est responsable de lésions du cortex strié, de la substance blanche
sous-jacente, des ganglions de la base, du thalamus et du
tronc cérébral impliquant souvent également les noyaux
des nerfs oculomoteurs et les corps genouillés latéraux, qui
affectent donc conjointement le contrôle du regard et les
afférences vers le cortex visuel. Il est à noter que chez ces
enfants, l’ensemble du cortex occipital peut être atteint à
différents degrés, induisant non seulement une cécité corticale mais également une atteinte des cortex associatifs.
Ces enfants ont souvent des troubles cognitifs et moteurs
associés, en particulier de type paralysie cérébrale, rendant l’examen visuel et neurovisuel difficile à réaliser. C’est
sans doute la raison pour laquelle les séquelles de cécité
corticale sont insuffisamment explorées chez ces enfants
dont les troubles neurovisuels sont, de ce fait, souvent
sous-estimés, voire ignorés. Des atteintes plus localisées
peuvent aussi être à l’origine d’une cécité corticale chez
l’enfant, telles que les lésions postérieures observées dans
le cadre d’AVC ou de traumatisme crânien. La cécité corticale s’observe également dans le cadre du syndrome du
bébé secoué. De manière moins fréquente, on observe également des cécités corticales dans le cadre de tumeurs
cérébrales (avant ou après résection) ainsi qu’à la suite de
dysplasies du cortex occipital. Les autres étiologies retrouvées chez l’enfant sont les infections du système nerveux
ventral, telles que la méningite, l’hypoglycémie néonatale,
les troubles métaboliques, tels que les maladies mitochondriales, les malformations cérébrales (holoprosencéphalie,
schizencéphalie ou lissencéphalie) ainsi que les anomalies
chromosomiques qui peuvent d’ailleurs s’accompagner de
malformations cérébrales.
D’un point de vue sémiologique, les enfants souffrant
de cécité corticale étant souvent reçus des années après
l’installation de leur déficit (par défaut de dépistage à
la naissance) présentent un tableau moins pur que celui
de l’adulte en phase aiguë, néanmoins, même à distance
de l’installation du trouble, on peut constater un désintérêt pour les stimuli visuels, avec une difficulté majeure à
mobiliser le regard sur stimulation visuelle. Les stimuli lumineux et sonores présentés dans l’obscurité sont à même
de déclencher des mouvements oculaires ou une fixation
visuelle, ce qui souvent n’est pas obtenu avec la présentation d’un stimulus même bien contrasté dans la lumière
ambiante. Lorsque les enfants consultent à des âges avancés, les séquelles de cécité corticale prennent la forme
d’une vision tubulaire (perception dans les 10◦ centraux du
champ visuel, comme au sein d’un tube) ou d’une vision
périphérique (préservation du champ visuel périphérique
et perte de la vision centrale) et s’accompagnent d’autres
troubles de la cognition visuelle comme une simultagnosie, une ataxie visuomotrice, un trouble de l’orientation
de l’attention dans l’espace ainsi que des troubles de la
reconnaissance des objets et/ou des visages [10, 11].
Examen clinique et explorations
fonctionnelles
Examen ophtalmologique
Il révèle des réflexes pupillaires normaux et confirme
ainsi l’intégrité de la portion antérieure des voies optiques
(pré-géniculées). Les pupilles ont une morphologie et
un diamètre normaux et sont parfaitement symétriques.
Lorsqu’il est possible de tester le réflexe d’accommodationconvergence on constate parfois son abolition. L’examen
des milieux transparents et de la rétine est normal. Rien
au niveau oculaire ne peut donc expliquer l’absence de
perception visuelle.
Bilans neuropsychologique et neurovisuel
Le bilan neuropsychologique permet d’évaluer les
troubles associés : anosognosie, troubles de la mémoire et
de confirmer ainsi l’atteinte centrale.
Le bilan neurovisuel permet quant à lui d’évaluer les
troubles de la fonction visuelle et les capacités résiduelles
du patient afin de mettre en place la rééducation qui
s’appuiera sur les afférences préservées pour restaurer la
perception visuelle. Ce bilan évalue en particulier la perception et la discrimination des afférences élémentaires
(lumière/obscurité ; mouvement/immobilité), la perception
et la discrimination des différentes tonalités spectrales,
la stratégie visuelle exploratoire, la possibilité de réaliser
des mouvements oculaires sur ordre oral, sur click auditif, ou stimulation perceptive (somesthésique ou visuelle).
Un bilan neurovisuel standardisé et étalonné est en cours
d’élaboration et pourra être proposé en complément des
outils développés à partir des études princeps de Ducarne et
Barbeau [12, 13]. Chez l’enfant, il est maintenant possible
d’utiliser la batterie d’évaluation des troubles visuoattentionnels (EVA) à partir de quatre ans [14, 15] afin de pouvoir
dépister et prendre en charge au plus tôt, en particulier avant
le CP, les enfants souffrant d’amputations uni- ou bilatérales
du champ visuel.
Périmétrie
Le champ visuel, c’est-à-dire la périmétrie, reste la seule
méthode fiable pour déterminer l’étendue de l’amputation
du champ visuel chez les patients atteints de cécité
corticale. Habituellement, l’examen périmétrique quelle
qu’en soit la technique (Goldmann, Humphrey) révèle une
absence de perception visuelle consciente dans l’ensemble
du champ visuel.
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Examens électrophysiologiques et radiologiques
L’examen électro-encéphalographique (EEG) permet de
mieux préciser le diagnostic de cécité corticale. On s’attend
en effet à ce qu’une lésion occipitale bilatérale modifie largement le rythme physiologique, en particulier le rythme
alpha et sa réactivité sous forme de la réaction d’arrêt (suppression de ce rythme sous l’influence de l’ouverture des
yeux). Parallèlement, les modifications enregistrées lors de
la stimulation lumineuse intermittente sont absentes en cas
de destruction du cortex occipital, mais on retiendra par
ailleurs, que 20 % des sujets normaux ne répondent pas
à cette stimulation. La suppression de la réponse occipitale
n’indique donc pas formellement que le cortex occipital soit
détruit et inversement, sa conservation ne veut pas dire pour
autant que ce cortex soit intact. De manière plus simple, si
l’EEG permet de localiser un foyer de souffrance au niveau
occipital, il ne permet pas pour autant d’apporter la preuve
de l’origine corticale de la cécité corticale.
Les potentiels évoqués visuels (PEV) enregistrés chez
des patients porteurs de cécité corticale peuvent être rigoureusement comparables à ceux de sujets normaux. De cette
absence de sensibilité, résulte une faible utilisation des
PEV dans le diagnostic de cécité corticale. Chez l’enfant
porteur d’une cécité corticale, la normalité des PEV peut
être associée à une meilleure récupération spontanée des
troubles [16].
L’electro-rétinogramme (ERG), parfaitement normal
chez les patients atteints de cécité corticale, permet
d’exclure, en particulier chez l’enfant, une origine rétinienne de la perte de sensation visuelle.
L’évolution des techniques d’imagerie cérébrale a
considérablement modifié le diagnostic et le suivi des
cécités corticales. L’IRM avec au besoin injection de Gadolinium permet de poser le diagnostic d’atteinte occipitale
bilatérale même à distance de la lésion. La scintigraphie
cérébrale ou l’IRMf peuvent également être proposées
dans le cas où l’imagerie classique morphologique ne
permet pas de retrouver la lésion responsable de la cécité
corticale. L’IRM fonctionnelle permet par ailleurs d’évaluer
l’activité corticale lors d’une stimulation visuelle chez des
patients souffrant d’une amputation du champ visuel et
de suivre la dynamique de la réorganisation [17, 18]. En
utilisant l’IRMf, Pleger et al. [19] ont ainsi pu montrer
une augmentation des patterns d’activation cérébrale
dans les aires occipitales de patients porteurs de cécité
corticale après entraînement visuel durant plusieurs mois.
L’amélioration fonctionnelle semblait, chez ces patients
positivement corrélée à l’augmentation de débit sanguin
cérébral au niveau occipital.
Évolution et prise en charge
Au stade initial correspond en général une sensation
d’obscurité avec quelquefois des perceptions hallucinatoires [8], puis le patient atteint de cécité corticale devient
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capable de distinguer des différences dans la luminosité
ambiante, ainsi que le mouvement. Ensuite, vient la discrimination des couleurs, avec tout d’abord la différenciation
de longueurs d’ondes très éloignées, puis de plus en plus
proches. Enfin, le patient devient capable de traiter les
formes, au départ de manière grossière puis de plus en plus
finement. Ainsi, selon Pötzl [20], trois stades pourraient être
décrits dans l’évolution de la cécité corticale :
– stade 1 : sensation d’obscurité avec parfois hallucinations ;
– stade 2 : vision grise des objets avec contours flous, perception de la lumière comme rougeâtre, scintillement de
façon constante. Couleurs perçues comme sales et étalées.
La vision du rouge serait la première récupérée, celle du
bleu la dernière ;
– stade 3 : vision floue comme celle d’un myope, diplopie
par trouble de fusion, fatigabilité rapide, dyslexie asthénopique, métamorphopsies. À ce stade, la non-perception des
objets peut simuler un trouble agnosique mais diffère de
celui-ci dans la mesure où il persiste à ce stade un trouble
perceptif majeur qui obère la reconnaissance visuelle.
La cécité corticale complète ne serait définitive que dans
une minorité de cas (6 % selon Zihl, [21]) et l’on observe
fréquemment une récupération partielle des capacités de
traitement des stimuli visuels, d’autant plus importante que
la lésion survient tôt dans le développement.
Curieusement, alors que très peu de neurologues et
neuropsychologues se sont intéressés à la rééducation des
troubles neurovisuels d’origine centrale, les neurophysiologistes se sont passionnés pour les expériences d’ablation
des aires corticales visuelles chez l’animal, une technique
qui a beaucoup contribué à l’établissement des corrélations anatomocliniques nécessaires à la localisation des
aires visuelles. De ce fait, ils ont été de véritables pionniers dans le domaine de la ‘clinique’ des amputations
du champ visuel après lésion centrale. Ainsi, Klüver [22]
en étudiant le rôle de lésions localisées sur les capacités
visuelles des singes, put noter que le déficit visuel observé
n’était pas absolu et qu’après ‘une période suffisamment
longue d’entraînement’, les animaux redevenaient capables
de localiser des objets dans l’espace. De même, Humphrey
[23] décrit le cas d’Helen, un singe rhésus dont le cortex
strié avait été complètement réséqué de manière bilatérale,
et qui huit ans après était capable d’avoir un comportement
guidé visuellement dans son environnement.
Le développement d’une prise en charge de la cécité
corticale doit également beaucoup aux travaux de Mohler et Wurtz [24] menés sur des singes porteurs de lésions
expérimentales du cortex strié. Les auteurs ont entraîné les
animaux à diriger leur attention, sous forme de saccades
oculaires, vers une cible visuelle située dans le champ
aveugle afin de la détecter et de la localiser. Les résultats
montrent une récupération centrée sur la partie du champ
visuel ayant fait l’objet d’un entraînement spécifique.
Fort de ces résultats obtenus chez le singe, Zihl [22] a
appliqué cette méthode à des patients hémianopsiques à la
suite d’une atteinte vasculaire. La tâche consistait à diriger
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une saccade vers une cible lumineuse située dans le champ
aveugle, en réponse à un signal auditif. Les sujets étaient
informés du méridien le long duquel les cibles allaient être
présentées, mais ignoraient la position exacte de celles-ci.
Après 17 séances de thérapie, le champ visuel s’était accru
de 16◦ en moyenne. Dans la zone améliorée, les auteurs
notèrent de plus une amélioration des capacités de discrimination des formes et des couleurs.
Dans une autre étude, ces auteurs ont stimulé des
patients hémianopsiques dans la zone de leur champ visuel
correspondant à la lisière entre leur champ voyant et leur
champ aveugle, grâce à des exercices de sensibilité au
contraste [25]. Ces auteurs ont pu montrer une amélioration notable dans la partie du champ visuel stimulé, non
seulement pour la sensibilité au contraste mais également
pour l’acuité visuelle et la perception des couleurs. Cela a
été confirmé ultérieurement par Kerkhoff et al. [26] auprès
de 22 patients hémianopsiques. Les méthodes de rééducation ont largement bénéficié des preuves expérimentales de
l’existence de capacités résiduelles1 dans le champ aveugle
de patients hémianopsiques ou souffrant de cécité corticale (voir pour revue, [3, 4]). La démonstration étant faite
que les patients pouvaient localiser, détecter et discriminer dans leur champ aveugle [27-30], plusieurs auteurs
ont développé des techniques de rééducation des déficits du champ visuel basées sur des exercices d’analyse
visuelle en réponse à des stimulations visuelles présentées dans le champ aveugle [12, 13, 31, 32]. Nous avons
ainsi pour la première fois, montré récemment qu’une restauration de la vision dans le champ aveugle pouvait être
objectivée par périmétrie après stimulation visuelle dans le
champ aveugle [33]. Cette technique est actuellement testée sur un grand nombre de patients adultes présentant des
amputations du champ visuel à la suite de lésions unilatérales ou bilatérales du cortex visuel primaire. Parallèlement,
chez l’enfant, même si la rééducation de la cécité corticale et des autres amputations du champ visuel n’est pas
encore standardisée, différentes techniques de compensation et restauration des troubles ont été mises au point
[11, 12]. Elles consistent en grande partie à stimuler le ou
les champ(s) visuel(s) aveugle(s) visuellement en y associant
d’autres stimulations sensorielles (auditives, haptiques, proprioceptives). Les stimulations visuelles utilisées se doivent
d’être très prégnantes et sont essentiellement constituées
au départ de stimuli lumineux dans l’obscurité et de stimuli très contrastés (noir et blanc). La rééducation porte
sur tous les aspects de la fonction visuelle : détection,
poursuite, exploration, coordination visuomotrice, analyse,
reconnaissance, attention et mémoire visuelle. Les essais
cliniques à venir devraient nous permettre de standardiser
et diffuser plus largement ces techniques de rééducation
chez l’enfant et chez l’adulte.
Conclusions et implications
pour la recherche fondamentale
La poursuite d’une recherche concertée en ophtalmologie, neurologie, neuropsychologie, imagerie et
neurosciences cognitives a permis de mettre au point de
meilleurs outils diagnostiques et thérapeutiques dans le
domaine du handicap visuel et neurovisuel. Il serait souhaitable que cette démarche se poursuive afin de pouvoir
en particulier diagnostiquer ce trouble de manière plus précoce chez l’enfant, d’autant plus que comme évoqué plus
haut, on ne doit plus considérer comme irréversibles et définitives les amputations du champ visuel consécutives à des
lésions occipitales uni- ou bilatérales.
D’un point de vue fondamental, la possibilité de restaurer la vision dans le champ visuel aveugle de patients
ayant subi une lésion du cortex visuel primaire en les stimulant visuellement mais également de manière multimodale
devrait nous permettre de confirmer que la fonction du cortex visuel n’est pas uniquement déterminée génétiquement
mais dépend en grande partie de l’environnement visuel
ainsi que des informations issues des autres modalités sensorielles. Les progrès de l’imagerie cérébrale fonctionnelle
devraient par ailleurs nous permettre d’objectiver les phénomènes de plasticité des aires visuelles corticales en suivant
le décours de l’involution et de la récupération des troubles
visuels qu’ils soient dus à des lésions au niveau rétinien
[34-37], au niveau du nerf et du chiasma optique [38-41]
ou encore à des atteintes occipitales [18, 42-45]. Le développement d’études longitudinales comparant les états préet post-rééducation du champ visuel [46] devrait également
nous permettre de comprendre les phénomènes de réorganisation corticale à l’origine de la restauration du champ
visuel qu’il est aujourd’hui possible d’obtenir grâce à la
rééducation.
Conflits d’intérêts
Aucun.
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REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
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