ODEONuïiTHEATRE NATIONAL Direction Antoine Vitez L'Emission de télévision de Michel Vinaver snende 1900 La Brasserie du Présent L'Émission HUITRES COQUILLAGES FOIE GRAS de télévision de Michel Vinaver s# illl Mise en scène de Jacques Lassalle assisté de Jean Lacornerie Décor de Yannis Kokkos assisté de Muriel Trembleau Costumes d Alberte Barsacq assistée d'Yvette Rotscheid Lumière de Patrice Trottier assisté d'Olivier Oudiou Avec les Comédiens français CUISINE TRADITIONNELLE BRASSERIE Bérengère Dautun Caroline Blache Alain Pralon Pierre Delile Claire Vernet Béatrice Lefeuve Catherine Ferran Rose Dell le Véronique Vella Jacky Niel Jean-François Rémi Nicolas Blache DÉJEUNERS - DINERS - SOUPERS Jean-Philippe Puymartin Hubert Phélypeau Sylvia Bergé Adèle Grandjouan TOUS LES JOURS JUSQU'A 1 H DU MATIN Jean-Pierre Michaël Paul Dell le et Isabelle Gardien Estelle Belot Pour vos réservations 68 142, boulevard Saint-Germain - Paris 6e 43.# \8 Illl Décor exécuté par les ateliers du Théâtre national de Strasbourgsous la direction de Jean-Pierre Demas. Peinture du décor : Christine Patry, Annick Renaud, Caroline Engel. Certains costumes ont été exécutés par les ateliers du Théâtre national de Strasbourg. Maquillage : Annick Dufraux. Coiffure : Monique Levesque. Illl Paris Au Théâtre national de FOdéon du 16 janvier au 28 février 1990. Strasbourg Au Théâtre national de Strasbourg du 6 au 24 mars 1990. Illl Une coproduction du Théâtre national de l Odéon, de la Comédie-Française et du Théâtre national de Strasbourg. La pièce est publiée chez Actes Sud - Papiers. En répétition. Svlvia Berge, Claire Vernet, Isabelle Gardien, Véronique \ ella. Jean-Philippe Puvmartin, Jacques Lassalle, Jean-Pierre Michaël, Alain Pralon. Catherine Ferran. 2 Théâtre Ouvert consacre à Michel Vinaver deux soirées regroupées sous le titre : Itinéraire de Michel Vinaver. Au jardin d'hiver, 4 bis, cité Véron, Paris 18e (place Blanche). Les 16 et 17 février 1990., à 21 h. 3 Résumé a Scène 10 Blache, avec l'aide de sa femme, travaille à l'émission, se livre à une «répétition». Uu coup de téléphone de Vincent Bonnemalle : c'est pour le convoquer à Paris pour une audition-essai. Les scènes de la pièce se situent tantôt après, tantôt avant le meurtre de Blache. Le résumé qui suit est présenté de façon à tenir compte de cette alternance. w —] m £2; W Scène 4 Adèle, seule, s'est rendue chez les Blache pour rechercher une alternative à Delile. Le ménage Blache ne cache pas son enthousiasme devant la proposition. Scène 3 Blache ayant étt assassine a son cile. Phélypeaux entend comme témoin Delile qui a été iteur et l'ami de la longtemps le plus proche c victime. Scène 5 L'instruction semblant piétiner, une jeune journaliste pigiste, Jacky. déterminée à dénouer l'énigme, se rend au bar Le New-York où «traîne» Paul, le fils dévoyé de Pierre et Rose Delile. Elle lui propose un marché. S il parle, elle saura le remercier. 2 J 4 Scène 12 Au lever, Paul fait à Jacky le récit de la colère de Delile lorsqu'il a appris que Blache lui avait été préféré pour l émission. Delile aurait exprimé sou intention de se rendre aussitôt chez Blache « lui dire un mot ». Jacky pense tenir le morceau. < —1 Scène 14 Phélypeaux essaie de mettre en place toutes les pièces du puzzle. Sur ces entrefaites, Jacky se présente à lui. Elle est en possession d éléments déterminants, mais elle ne les livrera pas au |uge sans contrepartie. Un marché est conclu. Scène 15 Un premier coup de téléphone apprend à Adèle el Béatrice que l essai de Blache a été concluant. Vincent Bonnemalle a arrêté son choix, sans même voir Delile. Un deuxième coup de téléphone leur apprend que Blache vient d'être assassiné. Le temps presse. Il faudra donc que ça soit Delile. Scène 16 Delile fait savoir à sa femme qu en aucun cas il n'acceptera de faire 1 émission. Blache, à son avis, est le personnage qui convient. Là-dessus, Rose lui apprend ce qu'elle \ lent elle-même d'apprendre parla radio : Blache a été assassiné. Le coup de téléphone qui s'ensuit, de Béatrice, n'ébranle pas la résolution de Delile. Scène 17 Phélypeaux a convoqué Delile une nouvelle fois et lui fait part de sa conviction : e est lui le meurtrier. Le juge tente d'arracher un aveu à celui qui est. à présent, pour lui. le suspect n" I. Scène 18 C'est en dehors des heures d ouverture que Paul a emmené Jackv au bar Le New-York. Pour lui montrer les fresques qu'il a peintes sur les murs de ce sordide établissement. Scène 19 Phélypeaux se prépare à inculper Delile, lorsqu on frappe à sa porte. Béatrice et Adèle se présentent. Scène 7 Le juge Phélypeaux entend Madame Blache comme témoin. N \ avait-il pas mésentente dans le couple ? Scène 8 C'est à 1 insu de Béatrice qu'Adèle était pressentir Blache. Le torchon brûle entre les deux j listes. Béatrice soupçonnant sa cc lègue de lui la enfant dans le dos ». Scène 13 ('liez les Delile. Béatrice procède à la « repetition » de l'émission. Elle est convaincue que Delile serait un meilleur choix que Blache, elle « prépare candidat. Scène 11 Suite de l audition de Delile, en tant que témoin, par le juge Phélypeaux. Delile admet avoir longtemps souçonné sa femme de l'avoir trompé avec Blaclie. w 3 Scène 6 Rose Delile tente à nouveau de convaincre sou mari : c'est uue occasion sans précédent ! Mais Pierre revient de sa première journée de travail ( il est « conseilclient » dans une grande surface de bricolage), et il est « vanné ». Là-dessus, Paul apparaît ensanglanté. Il vient de se faire tabasser par une escouade de flics. w Q W ry. Scène 1 11 n'entre pas dans les attributions de la greflière d'un juge d'instruction de laire le ménage. Mais Mademoiselle Belot a horreur de la poussière. Entre deux coups de torchon elle transmet au juge Phélypeaux le dossier Blache. Scène 2 Adèle et Béatrice, les deux collaboratrices du producteur Vincent Bonnemalle, ont réussi à dénicher l'oiseau rare : un ex-chômeur de cinquante ans qui a retrouvé du travail. Il incarnera l'espoir dans une émission en préparation qui traitera prochainement de ce grave sujet de société. Rose Delile pousse son mari à accepter, mais Pierre, qui émerge à peine d un tunnel de quatre années, hésite et suggère aux deux journalistes d aller ôt trouver un autre ex-chômeur mue durée, Blache. fera mieux 1 affaire ». — C2 APRES AVANT Scène 9 Jacky est dans la chambre de Paul. Poursuivant son enquête, elle tâche de lui « sortir les vers du nez » et lui révèle, en passant, qu'il se pourrait qu'il soit issu des œuvres, non pas de Pierre Delile. mais de Nicolas Blache. avec qui Madame Delile aurait eu une idylle il y a vingt-cinq ans. Scène 20 L'inculpation n'aura pas lieu, tout au moins avant qu ait pu avoir lieu 1 émission de télévision, dans laquelle, en fin de compte. Delile a accepté de tenir la place de F ex-chômeur longue durée qui a retrouvé du travail. On assiste aux derniers préparatifs de l'émission. Michel \ inaver Bonté Le théâtre de Michel Vinaver est-il politique ? Non, si la politique, c'est le discours, la profession de foi, la thèse, une option cassante pour une forme de régime : les personnages de Vinaver ne parlent jamais sur la politique. Oui, pleinement oui, si la politique consiste à retrouver les rapports réels des hommes, débarrassés de toute « décoration » psychologique. Roland Barthes Sur Aujourd'hui ou les Coréens Le titre de la pièce est difficile à dire, c'est une ruse, un attrape-nigaud. « On va voir l'Emission de télévision. —Quelle émission de télévision ? —Non, la pièce de Vinaver ». Ou bien (pour les acteurs), « Je joue l'Emission de télévision... » Etc. Il y a certainement là une malice, quelque chose qui est fait pour nous embrouiller. Vinaver nous embrouille avec la vie quotidienne. On a dit, pour qualifier son œuvre, cette expression vulgaire : le théâtre du quotidien, un théâtre au quotidien, mais non : il nous trompe ; ce n'est pas du quotidien qu'il s'agit, c'est de la grande Histoire ; seulement il sait en extraire l'essence en regardant les gens vivre. La barque de l'amour s'est brisée contre la vie courante. Ainsi traduit-on ce vers de Maïakovski par lequel il expliquait à l'avance son suicide, l'impossibilité de vivre dans la vie courante. Cette traduction exagère le sens du mot employé par le poète : il parlait de la vie ordinaire, mais cette vie courante contre laquelle se brise la barque évoque la vague énorme des événements mesquins, qui semblent ne pas faire partie de l'Histoire, et pourtant sont l'Histoire même. Vinaver voit la grandeur dans la petitesse. Un homme, à une table de bistrot, qui offre un coup à boire à un autre, peut-être, si je regarde assez attentivement son geste, verrai-je en lui le roi Lear se dépouillant de son royaume, ou Richard II livrant sa couronne. Donner est toujours donner, quoi que l'on donne. Vinaver ne met à la scène que des verbes ; les substantifs sont négligeables ; les substantifs sont le décor, la contingence. Mais donner, prendre, humilier, honorer, faire place, ou refuser place, battre, aimer, tous ces verbes d'action — et pas seulement les verbes de passion ou souffrance comme pleurer ou rire, qui, eux, sont de toute façon universels, on le sait trop bien —, tous ces signes de l'intention et de la volonté rapprochent entre elles les conditions humaines. Je ne dirai pas que la vie d'une femme de chambre dans un hôtel modeste vaut bien celle d'une déesse de l'Antiquité grecque ou romaine ; non, je dirai qu'elle est faite de même étoffe. Un chômeur en fin de droits, pris dans un grand dilemme, est soudain sous mes yeux Hamlet. Et inversement, quelle leçon lorsque je vais au théâtre voir nos grands héros classiques ! Le Cid me semble moins grand, Electre moins inaccessible, ma pratique de Vinaver les apprivoise. Non pas qu'il les rabaisse ! Il n'y a plus de grands ni de petits. Tout au plus, on dira que les grands, les princes, les rois de légende et de tragédie, sont comme des rêves, les gens ordinaires peuvent se comparer aux rêves. La psychanalyse déjà nous en donne le droit. Par quoi sans doute elle a fait le plus de bien à l'humanité : vous avez dans votre tête un opéra fabuleux, chacun de nous possède les mythes immortels, nul n'en est indigne. C'est la bonté, cela. Une leçon d'encouragement. Il n'y a plus d'aristocratie des sentiments. Ces gens, dans leur cuisine, ont un destin tragique, ils sont beaux. Ah ! Nous rendre la beauté ! Cela était nécessaire, il en était temps. Au début de ce siècle. Tchékhov croyait qu elle était définitivement passée, le complet veston ne pouvait représenter que la parodie des grandeurs. Comment être beau dans le costume (les bourgeois ? Et si, pourtant, dit Vinaver, pas moins et pas pour rire. Iphigénie Hôtel de Michel Vinaver. Mise en scène d'Antoine \ îtez. 1977. Dominique Valadié, Nada Strancar. Nous ne sommes donc pas déchus, nous pesons sur la terre. Il fallait que cet encouragement vînt du théâtre, et de cet homme fraternel. Antoine Vitez Noël 1989. Bord à bord Mlle Belot : / n dos peut être énormément expressif... L 'Emission de télévision. Scène 14. En répétition. Svlvia Bergé, Jacques Lassalle, Claire Vernet. 8 Longtemps le monde des affaires absorba Michel V inaver. 11 en apprécia, je crois, la rigueur, le pragmatisme, la vitesse de réaction, l'esprit de compétition et la nécessité de vaincre. Aujourd'hui encore, qu'il a repris ses libertés, la réflexion quand elle ne mène pas à l'action, l'étonné, pour ne pas dire l'indispose. Dans l'univers llottant, souvent velléitaire et doloristedu théâtre, son « activisme » intrigue. Il m'arrive de le comparer à Buster Keaton. Même morphologie sèche, même sang-froid, même imprévisibilité, même sur-adaptation aux circonstances, quand la catastrophe menace. Ma comparaison le fait rire. Le regard qu'il porte sur le monde est davantage celui de l'économiste et de l'ethnologue, que celui de l'historien. Influence sans doute de son maître Dumézil, l'archéologie et la prégnance des mythes le retiennent plus que les péripéties du politique. D'où probablement, sa fondamentale tolérance, le rejet instinctif chez lui de toute conviction partisane, de toute rhétorique préalable et univoque. C'est déjà ce qu'au plus fort de la guerre froide, Roland Barthes, son ami, avait repéré et célébré dans les Coréens, sa première pièce. La scène reste pour lui, avant tout, aventure d'écriture, arrachée par surprise réciproque, à la tentation du roman. D'où le soin qu'il apporte à l'objet-livre (mise en page, graphisme, iconographie). Ses textes édités sont faits pour s'embrasser d'un seul regard avant même d'être lus. Poèmes en prose, plaisir de l'œil, sensualité du toucher, de l'odorat. Le livre, ici, esl non seulement garant ultime, rempart contre l'oubli, mais objet vivant, tactile, qui appelle la lecture orale, physiquement partagée. Il est le lecteur public infatigable de ses textes, et il ne faudrait pas le solliciter beaucoup pour qu il reconnaisse en ces lectures, dans ce qu'elles préservent de convivialité, d'ouverture, d'infinie pluralité des sens, de jubilants effets de frottement des mots et des sons entre eux, ses plus absolus bonheurs de théâtre. Curieusement, il nie à la fois dans la composition de ses pièces, tout projet structurel préalable, et toute capacité de vision scénique. Or, je connais peu de textes dramatiques aussi diaboliquement agencés que les siens, peu d auteurs aussi impérieux et diserts que lui, dans 1 établissement des indications scéniques. Et ce contempteur apparent de la mise en scène, ne dédaigne d'en connaître aucun préparatif, et est allé parfois jusqu'à en co-exercer la fonction. C'est dire le prix que j'accorde à la liberté qu'il me laisse. Le renoncement à toute ponctuation — points d interrogation exceptés — fut une des étapes déterminantes de sa démarche. Conquête accrue d'une liberté, d'une délectation, de « monteur » dans la langue. Les mots, les sonorités, les associations de sens caracolent, fusionnent, se chevauchent, semblent s'affranchir de l'infernal impérialisme, grammatical, syntaxique, de la phrase. Mais là où la lecture préserve 1 ambivalence, les attractions et les dérives du sens, la représentation impose un choix. Il a sa contrepartie positive dans le jeu des incarnations successives et contradictoires de 1 acteur. Je lais mieux que m'y résigner. Cela, plaisamment, nous oppose quelquefois. Il lui arrive de dénoncer, ici et là. souvent finalement, 1 excès de pouvoir des nouveaux maîtres du théâtre, que seraient devenus, à l'orée des années 60, et que seraient restés depuis, les metteurs en scène. Pareil procès n est pas nouveau et se découvre même ces temps-ci de fâcheux alliés. La mise en cause du metteur en scène, cet « usurpateur », a autorisé depuis longtemps bien des malentendus. Elle s'accommode de beaucoup d'approximations dans I analyse des situations, des responsabilités et des mérites. Elle peut même conduire parfois à une régression corporatiste mal déguisée. Comment autrement pourrait-on parler, comme d'aucuns n'hésitent pas à le faire, d'un génocide d'auteurs que les tout-puissants artistesdirecteurs d'Institutions auraient froidement perpétré ? Certes, il n'a jamais pactisé avec de semblables excès. Et dans l'exposé nuancé de ses arguments, on peut trouver largement matière à réflexion et à débat — cette idée, par exemple, selon laquelle, si une œuvre tombée dans le domaine public, permet, sollicite même, une multiplicité d'éclairages et de réappropriations scéniques, une pièce nouvelle, au contraire, a besoin, pour n'être pas d'emblée défigurée et condamnée, d'une sorte de représentation neutre, objective, seulement fonctionnelle. Mais je demeure perplexe, devant la persistance de ses mélancolies. J'en connais, il est vrai, certaines raisons. Au plan général, la frilosité toujours prévisible du grand public, face à ce qui, un temps, le surprend ; la situation particulière du théâtre français qui, à la différence mettons du théâtre 9 4® allemand, exclut d'emblée toute possibilité de créer simultanément, sur différentes scènes à la fois, une œuvre nouvelle : la tentation, abusive souvent, des metteurs en scène en vogue, de s'affirmer aux dépens du texte, et de dissoudre celui-ci dans 1 ébriété du spectaculaire. Au plan personnel, un statut singulier d'écrivain, né sous Sartre et Camus, cadet prochain d'Adamov et de Beckett. nostalgique d'un temps où les grands éditeurs faisaient leur part à la production dramatique, où l'œuvre faisait événement dans le Paris intellectuel et mondain, générait traductions et représentations à l'étranger, et relevait d'abord d'une appréciation littéraire avant que scénique ; et puis une longue traversée du désert : il fallut vingt ans avant que ne fussent portés à la scène Iphigénie Hôte! et les Huissiers ; le chevauchement des générations : publié et reconnu dès les années 50, il ne fut véritablement redécouvert que dans les années 70. et produisit davantage durant les quinze dernières années, que durant les vingt-cinq précédentes ; la différence d'accueil et de traitement — budget oblige souvent — entre son « théâtre de chambre » et son « théâtresymphonique », qui ne lui importe pas moins, comme Par-dessus bord ou A la renverse. Mais enfin, aujourd'hui, il est joué partout et régulièrement ; son « théâtre complet » est publié : il figure au programme des baccalauréats. Peut-on encore parler de malédiction ? Pour moi qui ai créé, produit ou coproduit, quatre de ses pièces — Dissident, il va sans dire et Nina, c'est autre chose (Petit T.E.P., Studio-Théâtre de Vitry 1978, puis pour la première, T.N.S. 1985), A la renverse (à partir et autour, déjà, d'une émission de télévision - Chaillot, Vitry 1981); l'Emission de télévision (Comédie-FrançaiseOdéon-T.N.S., 1990) —: mis en espace au Québec, une version réduite par ses soins de Par-dessus borcl, 1978 ; suscité sa traduction des Estivants de Gorki (Comédie-Française, 1983) ; cherché sans succès à monter les Voisins à la Comédie-Française, et Portrait d'une femme au T.N.S. ; travaillé à sa diffusion hors de France dans le seul souci de servir des textes et un projet qui m'importaient, je n'ai pas le sentiment d'avoir écorné le contrat passé, naguère, entre nos deux exigences, puisqu'il faudra bien, un jour, écrire sur le risque nécessaire, mais parfois oublié, que nous prenons, nous autres metteurs en scène hantés nous aussi d'écriture, à 10 célébrer, quand ce n'est pas à révéler, l'œuvre des autres. Oui, écrire de l'humilité, de l'exigence, de la générosité qu'il faut, pour affronter contre vents et marées, l'humeur changeante des publics, la frivolité des « professionnels de la profession », et la douleur des auteurs vivants. J'ai évoqué des différences, parfois même des divergences. Mais c'était , on l'aura compris, pour mieux explorer le secret de cette complicité qui s'est installée entre nous depuis le rendez-vous initial, je pourrais dire initiatique, que nous ménagea Jean-Pierre Sarrazac. 11 faudrait raconter par le menu l'histoire de nos premières rencontres, depuis ce soir d'octobre 77, au théâtre de la Bastille, où dans l'état d'égarement qui me prenait jadis à l'issue des représentations — il s'agissait cette fois-là de Travail à domicile de Kroetz — je le confondis avec le gardien de l'établissement, jusqu'à cet autre soir. auT.E.P. où, au moment d'aborder la « couturière » de Théâtre de chambre, je m'inquiétai de la présence d'un loubard en parka, à lunettes fluorescentes et chevelure flottant sur les reins, en qui je n'avais pas reconnu l'auteur. Il faudrait évoquer l'ami — que d'épreuves ensemble traversées ! — et l'amphitryon qu'il sait être — que de festins et de fous rires partagés ! Il faudrait convoquer le souvenir de nos découvertes communes — musée, bistrot, ruelle, église romane de campagne, livre, film ou personne. Il faudrait réinscrire notre compagnonnage dans un réseau d'amitiés qui, de Kokkos à Vitez, de Dort à Sarrazac, à Knapp, ne s'est jamais démantelé. Il faudrait surtout en revenir à cette conviction qui nous est première, que sous l'apparente banalité des jours, des comportements, des propos échangés, gît l'essentiel d'une existence, son irréductible splendeur. Alliance dure du fragile et du fugace. < Il faut bien trouver des mots quand je te parle. » L'expression est de T.S. Eliot. Elle reste notre mot de passe. Dans l'opacité changeante des temps que nous vivons, c'est la même volonté de survie sans abandons, de bonheur sans illusions, de rire avec clémence, et de discernement quand même, que nous tentons, je crois bien, de préserver, Michel Vinaver et moi. Jacques Lassalle 15 novembre 1989. En répétition. Croquis d'Anne Gratadour. 11 JU^jL. i Salutations Madame, monsieur, bonsoir... Ça y est, c'est parti. Une heure trente en direct avec ce public qui trouve trop petit le studio, trop fortes les lumières, lrop peu nombreux les écrans où ils pourraient suivre, comme cliez eux, ce qu ils voient enfin, après tant de démarches et de file d'attente, tout près, en vrai : un animateur, une caméra, des coulisses et des morceaux de décor. Ils sont à la télé. Spontanément ils ont le droit de siffler ou d'applaudir. Bon, mais où sont les caméras sur les visages ? On est venu pour être vu et reconnu demain. Le spectacle télé se double d'une reconnaissance populaire. Vous m'avez vu ? Ils ont fait un plan sur moi, un moment pendant que le docteur expliquait je ne sais plus très bien quoi. Mais c'était passionnant. Sur le plateau, comme on dit une scène, un parvis, un autel, les rôles sont distribués. Les bons et les méchants. Les pour et les contre. Surtout des hommes alors que les femmes sont derrière. Derrière les glaces de la régie, derrière les costumes et les textes, derrière le présentateur. C'est fou ce qu'il y a de femmes productrices, conceptrices, réalisatrices, organisatrices... derrière quoi. Devant, pour la vitrine, l'homme doit être sym-pa-thique ! Ou alors père fouettard, ou alors fils prodigue. Bref de la famille. D'ailleurs les auteurs besogneux de copies spécialisées dans le paysage audiovisuel adorent les comparaisons parentales : c'est le gendre idéal, bon père de famille, ou encore mesdames mettez vous sur les rangs, il est célibataire ! Très peu de commentaires s'attachent à autre chose qu'aux échos de table ou de couloirs. Les fantasmes sur la télévision sont à proportion des folies nées dans quelques têtes de stars... enfin de stars mesurées selon les normes des petits ou grands écrans. Tout est relatif. xfu À tn 'U—~ #6— > En répétition. Croquis d'Anne Gratadour. télévisuelles le plus grand public. Donc 011 se met en chasse : un bon magazine sur le chômage ou sur le Sida peut faire de 1 audience. 11 suffit de s'en donner la peine. De dénicher le chômeur qui sait renifler au bon moment, le malade qui saura mourir juste avant l'antenne... j'exagère à peine. Oh ! certes les grands reportages ou documents viennent parfois racheter les talques-chauds mais ils tiennent souvent leur succès du nombre de kilomètres parcourus avant de les rapporter, de leurs qualités exotiques ou encore de la mode despotiquement incarnée par quelques sous-philosophes toujours prêts à parler de l'air du temps. Bien avant l'émission plusieurs personnes, de réunions en réunions, concoctent une cuisine où les plats s'appellent reportages, où les sauces sont des éclairages et des jingles musicaux, où les aromates sont les invités « surprises », où les viandes sont les « grands témoins », où les légumes peuvent être, afin de faire passer le tout, des chansons au milieu des larmes de retrouvailles. Que ce soit de I information ou non, désormais la télévision se décline comme une dramaturgie. Un journal à 20 heures ou bien une émission d après-midi a besoin d'un animateur qui vend des produits. Ceux-ci se nomment chanteurs ou politiques, Assemblée nationale au moment d'un vote, ou but victorieux en championnat de football. Et puis qu'importe, puisque le public a envie de se divertir ! Les émois sur la télévision du mieux disant font peu d'effet sur les lecteurs des programmes. Une bonne émission de télévision est aujourd'hui une émission très regardée ou pas regardée du tout. Les horizons océaniques et les soirées sacrées. Pourtant, sans doute mû par je ne sais quelle espérance sournoise, je persiste à penser que c'est une bien bonne chose que cette machine-là. Futile, superficielle, fugace et enivrante. C'est vrai, que nous prenons du plaisir à fabriquer une émission de télévision. Une jouissance d'être en direct (méfiez-vous une bonne fois pour toutes des faux directs et vrais enregistrements devenant après montage 1111 autre discours, une autre histoire), de parler, de raconter la vie des autres en additionnant des subjectivités : celle du journaliste et du preneur de son, celle du réalisateur et de la script, celle du directeur photo et du décorateur. On s'amuse à se croire alchimiste et l'on est simplement saltimbanque. Il n'empêche que de temps en temps, comme ici dans cette émission de télévision, en passant vite, très vite, d'un lieu à un autre, d'une femme à une autre, je pense à des montreurs de marionnettes, à des arrangeurs de réalité. Nous donnons des faits et des illusions en émettant des images et des sons. Une émission est chassée par une autre. La mémoire efface jusques aux cassettes vidéo les traces des événements. Nous imaginons faire de I histoire immédiate, mur de Berlin et place Tien an Men. mais les fortunes et les roues des jeux de hasard ont pris à notre insu les meilleures places. Et je connais quelqu un qui le soir, avec des amis, à table, lorsque la conversation se fait longue, esquisse le geste machinal et fictif du zappeur... plus vite, plus court car l'émission est bientôt terminée. C'est la grande victoire des commerçants. Ils ont réussi leurs coups. Leurs recettes : chercher ce qui plaît afin de rassembler Claude Sérillon 13 À hauteur LE SYSTÈME Michel Vinaver, qui u émet jamais un seul jugement sur le Système, prononce 1111 terrible réquisitoire implicite sur le rapport du Système avec nos existences quotidiennes. Réquisitoire en forme de constats. Voir ce que Vinaver dit de lui-même et de la contradiction interne bénéfique de son existence : « De gagner ma vie ainsi [par le Système] me permet de faire un théâtre sans souci, au départ, des possibilités pratiques d'exploitation, sans souci de rendement. Ce qui augmente ses chances d'être tin théâtre d'innovation, donc de mise en cause du Système, .le n'essaie pas d'éluder la contradiction. Elle est le feu central. » Tout le problème de l'écriture vinavérienne est de « mettre en cause le Système » sans jamais 1 attaquer directement, mais par des confrontations qui tout à coup « prennent » ensemble et font perpétuellement un travail de métaphore. Que le spectacle ressent parfois étrangement, poétiquement, comme cette métaphore qui fait ressentir dans l'Ordinaire, la glace des Andes en parallèle avec le gel de toute relation humaine prise dans « le calcul égoïste ». Va dans le même sens tout le travail de montage, qui dans Par-dessus bord, fait coexister l'angoisse de Lubin, représentant, l'étrange mariage de sa fille, la dépression de sa femme, sa propre mise à la retraite, avec l'expansion goulue de la société c| 11 il a contribué, par son travail de fourmi, à promouvoir : et il n'est pas indifférent que V inaver nous l ait montré justement dans son travail. El l'expansion se dit aussi dans le banquet profus, mais froid, auquel est convié le personnel de Ravoire et Deliaze. La liquidation finale du service dans les Travaux et les jours, coexiste avec les efforts des personnages pour préserver ou reconstruire une vie privée. Et nous avons vu avec quelle subtilité le montage des répliques entre elles dit le tout du laminage des êtres. En répétition. Véronique Vella, Jean-Pierre Michaël. 14 LA SATIRE Vinaver refuse la satire ; pourtant, elle esi là — par une sorte d'équilibre difficile à tenir et qui est tout entier le fait de l'écriture — dans le travail de la juxtaposition : satire de l'entreprise, aveugle surles dégâts internes et externes, qui lui sont consubstantiels, satire des cadres accrochés à leur cadre de vie et à l'accroissement de leur pouvoir (A la renverse), satire des enquêtes et interrogatoires (la Demande d'emploi) ; satire de la médiocrité affective, liée aux conditions de vie et de travail (les Travaux et les jours), satire du travail de la télévision (l'Emission de télévision) ; satires minuscules, d'un discours médiatique d'une banalité destructrice, d'un propos abominable et mesquinement myope; ainsi Jaudouard : « C'est ce que pense M. Bataille, avec cette multiplication de lois sociales qui sont faites pour empêcher les affaires de tourner. » Mais justement, ce qui est ridiculisé, satirisé, ce ne d'homme sont jamais des êtres, mais des clioses, un « étal du monde » exhibé à l'aide de contrastes et de collisions. Ce qui fait jaillir le ridicule, c'est le support. Contradiction inconsciente entre la rétention de l'argent chez Blason, et le dîner ostentatoire qu'il offre à ses voisins. Collision : l'or trouvé dans la commode, et la condition minable de la pauvre propriétaire du meuble, dans sa maison de vieillards... Effets comiques, effets tragiques : un monde absurde, mais qui n'est pas du tout vécu absurdement, tout le travail des personnages étant de mettre un peu d'ordre réel dans cette tranquillité — paix des cimetières recouvrant un désordre réel. Satire des habitudes et du langage ; satire du marketing rendu grotesque par l'objet dérisoire auquel il s'applique ; satire des luttes de clans et d'hommes à la tête des grandes entreprises, avec son gâchis de forces et d'êtres humains. De temps en temps un personnage lâche une remarque innocente qui vient tout à coup montrer les implications politiques du Système ; ainsi Ed. espérant continuer Housies : « L'ambition dti régime est de faire du Chili 1111 pays de petits propriétaires grâce aux capitaux étrangers et ils ont promulgué une charte des investissements qui permet d'y aller en toute confiance. » À HAUTEUR D'HOMME Le résultat c'est que si tant est qu'il y a satire — et elle est parfois énorme — elle 11e vise pas le vouloir et le pouvoir des êtres humains : l'horreur et la stupidité ne leur sont pas directement imputables, même quand ils y participent joyeusement. Ils sont plus ou moins immergés dedans, plus ou moins complices, mais elles ne sont pas leur fait. S il se passe les choses grotesques et horribles que montrent ces pièces, ce n'est pas que l'homme soit un méchant animal, ou qu il soit radicalement perverti par le péché originel, ou même (ô Rousseau) par l'influence délétère du progrès de la société, mais c'est l'enchaînement des réalités (socio-économiques) qui conduisent à I horreur grotesque. Or. par l'effet imprévu du montage et des petites collisions, tout à coup le monde apparaît difficilement gouvernable et compréhensible, dépassant perpétuellement les conclusions que I 011 essaie de tirer et déjouant les calculs. Un monde 11011 pas anarchique, mais insaisissable, et dont les lois sont à la fois d'une complexité si grande qu'on réussit mal à les tourner, et si indifférentes au sort des humains qu'elles écrasent les faibles sous la pesanteur des choses. Le monde qui nous est présenté est pris dans une espèce de fragmentation aléatoire. Et les micro-collisions qu on y repère signent à chaque instant le mal et le malheur qui sont ou risquent d'être le lot des personnages. Mais à y bien regarder, 011 s'aperçoit que toutes ces instances fragmentaires recomposent 1111 univers — certes trop complexe 15 pour (lue nul ne puisse s'en dire le mail le — mais un mu ver.v : elles dessinent la ligure organisée, le tout monstrueux du S\siènie. Système de production, système d exploitation dont les profiteurs sont aussi et inséparablement les victimes. V ma ver ne nous lait pas pleurer sur les misères des 1*. -1 ).( ». ou des cadres supérieurs, ces desservants de la religion de Peu!reprise, mais il les montre eux aussi laminés, eux aussi dépassés. Donc difficiles à accuser, à rendre personnellement responsables. On ne peut même plus dire : le mal, ce sont les patrons, ou les fauteurs d'exploitation... et de médiatisation. Le t il re même de l'I'.nussion de télévision est parlant : ce ne sont pas des êtres qui tuent, c'est le processus d ut ilisation des êtres à des lins dérisoires : transformés, triturés, mastiqués, nourriture pour I ogre télévisuel. Les plus la il des craquent. Il est clair qu'ici ce qui est I acteur de mort ce n est pas tel ou tels, de là le peu d'importance de l'identité du meurtrier, c'est le fonctionnement même de la machine. I L procKs Ce n'est pas la mauvaise volonté des humains, mais le retournement imprévisible des choses qui produit des conséquences proprement diaboliques. Le théâtre, de Vmaver est une sorte d épure de la dialectique des choses. Ainsi, c'est le cadre Bouleiller. bénéficiaire de la promotion, qui s effondre mortellement quand la boîte périclite. De là I altitude que Vinaver adopte et enjoint à ses lecteurs-spectateurs d adopter en face de ses personnages ils sont nos contemporains, nos proches. Non pas qu'ils soient nous : il faut compter avec ce sens de I individuel qui parcourt son («'livre... Ijii c'est moi. placé dans le monde des lin, en train de soulever le même fardeau, d'éprouver des difficultés voisines, de se battre mênieitienl... Nous sommes, nous aussi, dans le monde des Im : si le personnage trébuche, rien ne dit que nous, nous aurions marché droit. Le langage médiatique est ridicule. Mais, quoi ! nous le parlons aussi. Kici 1 jamais ne nous permetI ra de dire ou de penser : ce que nous montre la scène, c est ce que je ne suis pas, ce que/e ne saurais être. Kl les périls cl les ridicules sont ceux de minuscules pantins dont nous voyons les fils. Nous ne verrons jamais la fille du boulevard, le P.-D.C. imbu de lui-même, la soubrette sotte, avec son tablier blanc, le grand dadais de fils, la mère de famille écervelée, le grand-père en folie. L'altitude surplombante cl parternaliste «pu est I âme même du Boulevard et qui fleurit monstrueusement dans telle pièce d Anouilh, le jeu de massacre qui fait rire un public tout content de n et re rien de ce qu on lui montre, voilà ce qui est le plus étranger au 1 liéâtre de Vinaver et à I al11tilde requise de ses spectateurs. Inversement nous ne verrons pas 1 héroïsme ou la sainteté qui passent par-dessus notre lete... « l'n monde sans procès » dit avec force Roland Barthes, et à sa l<> suite Vinaver reprend la formule. Je ne dirais pas cela : |e dirais au coi il raire qu il s agi I d un procès. Précisément du procès des procès. Procès, la mise en suspicion du cadre l'âge dans ses rapports avec les entreprises — I l'ait reprise. Procès la mise en question de Passemar qui s'en lire par l'auto-accusation, et serait usé comme une paire de bottes s il ne s elail trouve un challenge... Procès sonibrenienl grotesque que celui qu'invente un Bob gâteux, moribond, à ses collaborateurs (l'Ordinaire). Mise en quesl ion de la machine judiciaire dans l'orlrail d'une femme. Procès ridicule des petits vols autour de Dapluié femme fatale dans les / oisms. Pr<>cès évacue, dissous d l l\ sse. voleur potentiel, dans la même pièce. Procès de I instruction judiciaire, procès des jugements médiatiques dans I I,mission de télévision. Kt précisément toute la pièce est construite pour montrer que le procès n a pas lieu, lie peut avoir heu. Quand tout de même il advient c'esl une caricature. I .e vrai procès, on ne peut ni le montrer, ni le conclure. Que dire'alors '( Que juger, on ne le peut valablement. Oue I anarchie de notre inonde, de ses valeurs, de ses si rue tu l'es, des rapports qu il sou I ici il avec le reste de la planète ou avec le cosmos, est (elle que le jugement, pour être socialement nécessaire, n'a pas, n'a plus de sens. MOIMLL, MORALLS Ksi- ce à dire que tout se vaut ? que chacun agit comme il veut, comme, il peut dans cette dispersion sans loi, que tout se perd dans I indifférenciation des êtres et des valeurs '( La réponse est non. Le dernier mot n'en reste pas à la négativité, à I indifférencié. Kn cela très peu «post-moderne». Chose curieuse, le spectateur sait toujours «ce qu il en faul penser ». Non pas des êtres, niais des conduites, non pas des ego, mais des situations où ils se sont fourrés. Si lout esl ambigu, en définitive, rien n est ambigu. Personne n esl condamné, à la limite, même, pas le capitalisme. Mais nul n'a de doiile sur le sens du tableau. Vendre du préfabriqué au ( luli ? Ksi-ce un bien, est-ce un mal ? ( le n esl pas décidé. Mais ce (pu esl sûre esl que ce n esl pas au bénéfice des populations chiliennes cl que cet le réussite se lait au prix d une dévorai ion à tous les niveaux dont, quoi qu il arrive, les faibles de tous ordres — des cadres au dernier manœuvre, américains ou indiens— feront les frais. I .e slrugglefor lije ne fait pas œuvre de charité. C'est clair, lumineux, sans ambages, sans appel, l aul-il condamner Philippe qui se drogue? Non, mais la drogue est des! ruct rice, c'est sûr. Le ménage à trois '( Difficile à gérer, mais mieux que le manque d'amour et l'exclusion. Dans le théâtre de Vinaver — dût sa renommée en sou II tir, cl lanl pis si ce n'est pas à la mode — le bien esl bien, le mal esl mal. cl on ne s'y trompe guère, même si la dél in il ion du bien cl du mal esl quelque peu hérétique et contestataire. Bien ou mal, aussi par soustraction et pur absence : il esl mal de se vendre ; se vendre sexuellement esl. nous l'avons vu. impossible à un personnage de \ inaver : cela le disqualifierait : il cesse rail d'exister. Le mal, le mal absolu, c'est, plus que la misère physique, la mort ou la torture — l'exclusion. Il n \' a pas fusion dans un lu ii liai usine bêla ni. parce (j u il n \ a pas de travail volontariste du bien, pas de choix moral. Aux a lit ipodes d'un Camus. Mais quelque chose apparaît qui il est m formulé ni même présenlé comme conscient, et qui esl la présence de l'Autre. Quelque chose ajiparaît qui esl de I ordre de I évidence, et pas du tout de la construction volontaire. Kvidence dans le comportement « positil de la petite Coréenne, et du soldat Belair. Kvidence dans le cadeau d'amour de ,liji à Alex, qui en a un si profond besoin, line ohlal ivilé, un sens du don la il échapper \ inaver à la (erreur de l échange, du donnant-donnant, cet échange qui il \ a exactement un siècle terrifiait dé|à ( ilaudel. I échangé économique esl là, souverain dont on ne discute |ias les lois. Mais quelque chose le dépasse, quelque chose que I on doit bien dire de l'ordre du spirituel. Le don, l'amour : « Je I aune », dit la petite Yvette parlanl. non de son amant, mais — en tout bien tout honneur — de l'amie dont elle ne veul pas. ne peut |ias détruire la vie. Courage de Sue. achevant le pilote agonisant. La (lest ri ici ioi i même n est pas dissolution des liens I isscs entre les êtres. Disparition-renaissance : un cycle vital. La vie... comme si quelque chose survivait avec entêtement dans le desasl re des choses : une solidarité primitive, la revendu al ion (élue de l'existence avec les autres, de la sociabilité élémentaire. d une convivialité, qui esl ici présentée comme le tout de l'espèce humaine, sans laquelle elle s éteint. Pour finir, la (en dresse esl là, pet il en ici il parfois, avec, des formes imprévues connue I affection maternelle de sa logeuse pour Sophie, l'amour des chiens dans les Voisins, toute, une étrange svinpallue perpétuellement présente, à (leur de paroles cl de réaclions. I impossibilité où se Irouve I âpre Blason, aillant de l'or, à garder l'or dont la pauvre vieille Madame Llize a telleine.nl besoin. I affection des femmes (laiis//',w(.s'.svo// de télévision, et la tendresse de Jacky pour Paul. L'amour, quoi ! Cet amour qui sont ici il avec I msl met vital les étranges rapports que lormula un jour \ inaver écrivant pour une représentation d I ntigone les textes des chœurs. Al un des choreiites qui dit : « Je préfère vivre pour aimer. I '11 mort n esl pas amoureux », un autre (le ehorvpliée peul-eire) repond : « Mais la force de l'a mou r esl si grande, si grande, que ce que lu dis, qui est juste, eh bien, (,;a n'a pas de sens. Pourquoi ? Je ne peux pas l'expliquer. I .a vie lie pèse pas lourd dans la balance quand I amour occupe l'autre plateau. Même s il faut vivre pour aimer. » VINAVER DRAMATURGE par Anne Ubersfeld La première étude sur le théâtre de Michel Vinaver. VIENT DE PARAÎTRE A LA LIBRAIRIE THÉÂTRALE 3, rue Marivaux, 75002 Paris. Anne l'hersleld Kxtrait de I inaver dramaturge. Ouvrage à paraître à la Librairie théâtrale. Janvier I()()(). Perdre LE MONDE Si l'on soutient que Vinaver est un auteur réaliste, il faut s'appuyer sur un point précis : le temps. Vinaver est un réaliste du temps. On sait que le théâtre est un art du présent, ce temps est son mode d'existence. On sait aussi que lorsque la théâtralité s'exacerbe, c'est sous le mode du « théâtre dans le théâtre ». Le réalisme et la théâtralité de Vinaver, c'est de faire du « présent dans le présent », d'injecter du temps présent dans le présent de la scène. Événements, objets, morceaux de dialogue sont requis et montés en tant qu'ils sont affectés de cette valeur particulière, le présent. Un journal « quotidien » ne fait pas autre chose, il ne représente pas le monde, il n'en donne pas un tableau. Il juxtapose des éléments retenus pour leur caducité. C'est pourquoi le monde de Vinaver est instable, qu'on peut aller à la renverse ou par-dessus bord, il est tout entier constitué d'éléments saisis au point d'équilibre entre passé et futur. Jean-Pierre Sarrazac a raison de souligner que « la dramaturgie de Vinaver s'accomplit dans un présent historique aux multiples durées », car tous les présents n'ont pas la même durée, ce qui est un facteur de friction supplémentaire. La première pièce, les Coréens, établit déjà cette dramaturgie. Entre une guerre qui finit et une paix qui n'est pas encore là, des soldats et des villageois cherchent à restaurer ce qui pourrait être leur vie quotidienne. Le titre de la pièce est d'ailleurs à l'origine Aujourd'hui ou les Coréens et son premier terme est sans doute son vrai sujet. Écrits à l'automne 1957, les Huissiers sont 1111 portrait de la IVe République finissante, une photographie des milieux parlementaires et des événements politiques d'alors. Quelques mois plus tard, on pourrait dire que la pièce est caduque. Et elle ne trouve effectivement pas d'échos. Planchon qui avait monté les Coréens se tait et il faut attendre 1980 pour qu'elle soit mise en scène. La pièce a été confondue avec le temps qu'elle reproduisait. Le contresens était de penser que le quotidien n'est que la corrélation d'un fait et d'une date, alors que chez Vinaver, le quotidien est une forme, une manière de découper le monde et d'en faire 1111 montage. Ainsi, quand il utilise des dialogues entrelacés où les temps et les espaces se mélangent, il est impossible de 11e pas y voir le rêve d'une mise au présent de tous les temps. Comme, dans un tableau, le point de fuite est un moyen de construction qui concentre l'espace, le quotidien vinavérien concentre le temps. Le monde au théâtre passe par cette forme. En répétition. Sylvia Bergé, Catherine Ferran, Alain Pralon, Claire Vernet. 18 LA FRANCE Le théâtre de Vinaver constitue une sorte de répertoire de la francité. Des événements, des objets, des manières de parler sont prélevés dans le paysage de la France pour être tissés dans la trame des pièces qui forment une sorte de musée d'ethnographie française et contemporaine. Le chômage des cadres, le cinéma tchèque, les grandes surfaces, la pilule, les happenings, la loterie nationale, la pollution, la technologie ferroviaire, le Secours Rouge, la destruction des Halles, la R4, l'informatique, 11e plus fumer, Schubert par Brendel, le marketing... Il y a toute une série d'objets qui n'ont pas pour destination de former un « décor ». ils sont la matière même des pièces et non des images. Ce qui tombe sous le sens devient ainsi étrange. Il reste un peu d'air autour de ces objets, ils ne sont pas refondus, ils gardent leur fraîcheur et avouent leur terroir. La drôlerie des pièces de Vinaver vient certainement de cette manière sa place d'accrocher les objets et les faits, et c'est par là qu'il est assurément cousin de Tati. Si les personnages des films de Tati se mettaient à parler, ils le feraient comme ceux de Vina, appelons-le ainsi le temps d'un paragraphe. Ce qui est drôle chez Tati, c'est notamment que les personnages n'usent pas de leur capacité de parole et se mettent ainsi à ressembler aux objets qui, eux, n'ont pas de liberté sonore — une porte ou un siège en cuir font toujours le même bruit. Chez Tati, il n'y a rien qui ressemble plus à une DS 19 qu'une attachée de presse, etc. Chez Vina, il n'y a pas de hiérarchie non plus, un coup d'État égale la perte d'un chapeau, une valise Delsey égale un colloque sur la gestion de l'imprévisible... PERDRE SA PLACE Le thème le plus obstinément récurrent dans l'œuvre est certainement « perdre sa place », son poste, son emploi... Cette péripétie ou cette situation est présente dans toutes les pièces. C'est comme une Madone pour Bellini ou la Sainte-Victoire pour Cézanne. On pourrait être tenté d'interpréter le thème, de savoir ce qu'il signifie, ce qu'il veut dire de plus. Mais il ne faut pas faire de la « perte d'emploi » une allégorie, la représentation d'un autre phénomène, historique, social, biographique, métaphysique... C'est plutôt la récurrence du sujet qu'il faut interpréter et non le sujet lui-même. Et avec sa récurrence, l'énigme de l'élection d'un sujet par I artiste. Car rien dans le sujet 11e rendra compte de son élection. Perdre sa place est fâcheux, mais est-ce au point de voir le monde par cette lunette ? C'est comme être cocu chez Molière, la présence constante de ce thème ne se justifie ni par un supposé drame personnel, ni par l'irrésistible vertu comique de la situation. Perdre sa place chez Vinaver, c'est comme être cocu chez Molière. Ce peut être déplaisant jusqu'au drame, mais y a-t-il de quoi en faire une œuvre ? Visiblement oui. Et on pourrait penser à être aimé chez Racine, être né chez Beckett, être nommé chez Novarina... Alors ? Je poserais volontiers ceci : écrire du théâtre, c'est avoir sans le savoir une thèse sur l'origine de la parole. La modalité expressive de cette thèse, c'est être chômeur chez Vinaver, être cocu, etc. Comment le soutenir ? Imaginons un artiste qui peigne toute sa vie des pommes et que son œuvre soit sous nos yeux. Au bout de quelques tableaux, la pomme, cette « drupe à cinq loges cartilagineuses », 11e disparaît-elle pas au profit de la matière et de la manière du peintre ? Il n'y a plus de sujet, mais l'histoire de sa saisie. On voit alors la peinture comme la manipulation d'une idée sur l'origine de la peinture. Répéter un thème, ce n'est donc pas être hanté par lui, c'est au contraire habiter ce qu'on fait. Vinaver n'est pas obsédé par I idée de perdre sa place ; en revanche, la répétition du thème permet de s'approcher toujours plus près du théâtre, ce lieu où des humains ont délégué à d'autres le soin de se mettre à parler et où ils observent cet étrange phénomène. Jean-Loup Rivière Extraits de la préface du Théâtre complet de Michel Vinaver Actes Sud. 1986. Un entretien entre Michel Vinaver et Jean-Loup Rivière a été enregistré le 14 décembre 1987 et diffusé du 29 février au 4 mars 1988 sur France-Culture en cinq émissions de trente minutes (« A voixnue - Entretiens d'hier et aujourd'hui ».) Cet entretien a été publié en préface à 1 édition des Voisins, Canevas éditeur, 1989. 19 Vinaver, Michel 1927 Naît à Paris, de parents originaires de Russie. 1938-194.'} litii<les secondaires à Paris, Cusset (Allier), Annecy (Haute-Savoie), New York. 1944-1945 Engagé volontaire dans l'armée française. 1946-1947 Bachelor of Arts, Wesleyan University, Connecticut, U.S.A. Etudes de littérature anglaise et américaine. Abandonne en cours de route un mémoire sur récriture de Kafka. \ substitue, à la suggestion de son tuteur, 1 écriture d'un ensemble de nouvelles. 1947Traduit The II cisteLanddeT.S. Eliot (publication dans Poésie n" 31. en 1984). 1947-1948 Ecrit un roman. Lataume, que Camus lait publier chez Gallimard et que Gabriel d Aubarède, dans tes Nouvelles littéraires, qualifie de « morne tissu d'extravagances et de grossièretés qui n'inspire pas même la répugnance ». L'Espoir du Congo (Elisabethville, Congo belge) cependant reconnaît « à cet écrivain un incontestable talent ». 1950 A partir de son expérience de l'armée et de la guerre froide, écrit l'Objecteur, son deuxième roman, publié par Gallimard, honoré du prix Fénéon, mais « qui n a pas fait grand bruit, que je sache », rapporte Max-Pol Fouchet dans Carrefour. 1951 Licence libre de lettres à la Sorbonne. Bibliothécaire à mi-temps au Centre international de l'enfance. 1953 Cherche uti emploi. La société Gillette Erance, qui procède au transfert de son siège et de son usine de Paris à Annecy, répond à sa petite annonce. Embauché comme cadre stagiaire. Nommé chef de service administratif, trois mois plus tard. 1955 Suit les répétitions d'Ubu roi à Annecy pendant l'été (stage d'art dramatique amateur). Gabriel Monnet, qui dirige le stage, lui demande s'il écrirait une pièce pour son stage de l'année suivante. Ecrit les Coréens pendant ses trois semaines de vacances. Monnet doit renoncer à monter cette pièce, interdite par le ministère de la Jeunesse et des Sports dont il dépend. Les Coréens sont montés en octobre 1956 par Roger Planchon à Lyon, en février 1957 par Jean-Marie Serreau à Paris : double création qui connaît un certain retentissement, la presse de droite et/ou traditionaliste se répand en imprécations, le reste de la presse saluant la naissance d'un auteur dramatique pouvant (peut-être) prendre la relève de Beckett, Adamov. Ionesco... (1927-....) 1958-1959 ...Prévisions qui ne semblent pas se vérifier : les deux pièces écrites dans la foulée, les Huissiers et Iphigénie Hôtel, attendront, l'une vingt-trois ans avant d'être créée par Gilles Chavassieux à Lyon, I autre dix-huit ans avant d être créée par Antoine Vitez à Paris. Adaptation, sur commande de Jean Vilar pour le T.N.P.. de la Fête du cordonnier de Thomas Dekker. 1959-1960 f ait un stage dans la force de vente Gillette en Angleterre, puis l'entreprise l'envoie neuf mois dans une école internationale de management à Lausanne. Nommé P.-D.G. de Gillette Belgique (40 employés). C'est le début du marketing en Europe. Premières promotions de produits de grande consommation pour stimuler le désir et non plus seulement répondre au besoin, et ce. non seulement au niveau du public mais à tous les niveaux de la distribution. Se distingue, au sein de la multinationale, par le succès des opérations qu'il mène sur son marché pour faire progresser 1 usage par la population féminine des permanentes à froid « chez soi » de marques Toni et Prom. 1964 Promu P.-D.G. de Gillette Italie (300 employés). Expansion rapide de cette unité. Lancement de la crème à raser et de la lotion après-rasage. 1966 Promu P.-D.G. de Gillette Erance (1000 ouvriers et employés). Lancements successifs du rasoir Techmatic, de la lame Gillette Bleue Extra traitée au Teflon, et des lames Super Gillette Longue Durée. Lancement du déodorant Right Guard. 1969 Ein de la «Longue Panne» : une dizaine d années s'étaient écoulées sans pouvoir écrire. Commence Par-dessus bord, pièce excédant les limites habituelles (60 personnages, 25 lieux, 7 heures de représentation) que monteront Roger Planchon dans une version abrégée en 1973, et Charles Joris dans la version intégrale en 1983. 1969-1978 Négocie l'acquisition par Gillette de la société française S.T. Dupont (briquets de luxe, briquets jetables «Cricket»), Devient, et restera huit ans. P.-D.G. de cette société. Lance les instruments à écrire S.T. Dupont, étend la présence de Cricket à tous les marchés occidentaux. 1979-1980 Délégué général pour l'Europe, Groupe (fillette. 1981 Publication par Castor Poche de ses Histoires de Rosalie littérature enfantine). ••• 21 MICHEL VINAVER 1971-1982 Écrit la Demande d'emploi, Dissident il va sans dire, Nina c'est autre chose, les Travaux et les Jours, A la renverse, l'Ordinaire : pièces créées à Paris par J.-P. Dougnac, J. Lassalle, A. Françon. 1980-1982 Adapte le Suicidé d'Erdman et les Estivants de Gorki pour la Comédie-Française, mise en scène J.-P. Vincent, J. Lassalle. 1982 Publication des Écrits sur le théâtre (éd. de l'Aire). I. PIÈCES ORIGINALES . OUVRAGES DISPONIBLES Titre Date de première Date publication d'écriture et éditeur Les Coréens 1955 1956 Gallimard 1982-1986 Quitte Gillette et les affaires. Professeur associé, Institut d'études théâtrales, Paris III. 1982-1987 Création, au sein du Centre national des lettres, de la commission théâtrale dont il assure pendant les quatre premières années la présidence ; engage une enquête sur l'état de l'édition théâtrale. Actes Sud publie son rapport sous le titre : « Le Compte rendu d'Avignon — Des mille maux dont souffre l'édition théâtrale et des trente-sept remèdes pour l'en soulager ». Les Huissiers 1957 1958 Théâtre Populaire Iphigénie Hôtel 1959 1963 Gallimard Par-dessus bord 1969 1972 L'Arche 1986 L'ensemble de ses pièces, jusqu alors publiées au coup par coup par Gallimard, L'Arche, L'Aire et la revue Théâtre populaire, est publié par Actes Sud : Théâtre complet en deux volumes. La Demande d'emploi 1971 1973 L'Arche 1988 Écriture de l'Emission de télévision. Dissident, il va sans dire 1976 Nina, c'est autre chose 1976 1984 Écrit les Voisins (création Alain Françon) et Portrait d'une femme. in le Dictionnaire Littérature française contemporaine par Jérôme Garcin (Ed. François Bourin). Pour la première fois, deux cent cinquante écrivains français contemporains rédigent donc leur propre notice de dictionnaire. Ils synthétisent leur œuvre et leurs raisons d'écrire. Ils passent aux aveux personnels, quand ces aveux éclairent d'un jour nouveau leurs livres. Mais — c'est l'originalité de cette entreprise —, ils le font à la troisième personne. C'est un exercice d'introspection doublé d'un exercice de style. C'est la littérature française dans son miroir, un miroir tendu, peut-être, vers l'éternité. Les Travaux et les jours 1977 1978 L'Arche sous le titre « Théâtre de chambre >; 1979 L'Arche A la renverse 1979 1980 L'Aire L 'Ordinaire 1981 1982 L'Aire Les Voisins 1984 Portrait d'une femme 1984 Date et lieu de première production scénique Metteur en scène (création) 1956 Théâtre de la Comédie, Lvon 1957 Théâtre Alliance Française, Paris 1980 Théâtre Les Ateliers, Lyon 1977 Th. des Quartiers d Ivry Centre Georges Pompidou 1973 TNP Villeurbanne 1974 Odéon, Paris 1972 Festival d'Avignon 1973 Théâtre 347, Paris J.-P. Dougnac 1978 TEP Jacques Lassalle 1980 Théâtre Centre Georges Pompidou 1980 Théâtre national de Chaillot 1983 Théâtre national de Chaillot 1986 Jardin d'Hiver Roger Planchon J.-M. Serreau G. Chavassieux Antoine Vitez Roger Planchon Actes Sud — Théâtre complet, 2 vol. — Le Suicidé, de N. Erdman (traduction). — Le Compte rendu d'Avignon. Actes^ Sud - Papiers — L'Emission de télévision (à paraître, janvier 1990). — Le Dernier Sursaut (à paraître, janvier 1990). Éditions de l'Aire (Diffusion : S.E.D.E.S., 88. boulevard Saint-Germain, 75005 Paris). — Ecrits sur le théâtre, réunis et présentés par Michelle Henry. — A la renverse. — L "Ordinaire. L'Arche — La Demande d'emploi. — Théâtre de chambre. — Les Travaux et les jours. Canevas Éditeur 4, Four-Chaux, 2610 Saint-Imier. Suisse. (Répertoire du Théâtre Populaire Romand.) (Diffusion : S.E.D.E.S.). — Par-dessus bord, version intégrale avec dossier dramaturgique. — Les Voisins, précédé de : entretien avec Jean-Loup Rivière. Alain Françon Limage/Alin Avila (Diffusion : Distique) — Le Livre des huissiers. Jacques Lassalle Librairie théâtrale 3, rue Marivaux, 75002 Paris. — Les Coréens. Alain Françon et Michel Vinaver Alain Françon Gallimard — L 'Objecteur, roman. Castor poche (Flammarion) — Les Histoires de Rosalie. Jérôme Garcin Extrait de la présentation du Dictionnaire. 23 L'écran vide. L'écriture dramatique de Vinaver est proche de celle, cinématographique, de Wim Wenders. Du moins, entre les deux, un même questionnement... Volonté commune de rendre compte d'un monde saturé de sons et d'images, d'un monde qui, pour réapprendre à vivre, doit faire table rase. Repartir du vide, sans préjugé ni renoncement au passé autant vécu que culturel. C'est sur cet « écran vide » que Vinaver inscrit en creux le regard le plus exact sur le monde d'aujourd'hui. Yannis Kokkos Janvier 1978. Je travaille la parole comme un peintre le trait et la couleur, comme un musicien le son. Je m'associe plus naturellement au peintre ou au musicien qu'à l'auteur dramatique, sans doute parce que j'utilise la parole, non pour exprimer des sentiments ou des idées, mais pour matérialiser des relations de différences et de répétitions, pour sortir de l'indistinct, pour faire émerger à partir du chaos des choses un « entre-leschoses». (...) Michel Vinaver Auto- in terroga toire. l'ar-clessus bord de Michel \ inaver. Mise en scène de Roger Planchon. 11 )"7-+. Jean lîouise. Lucienne Marchand. Vndré Dussoher. 24 ZD L'usage du théâtre Auto-interrogatoire EXTRAITS Dès son origine, le théâtre a pour usage d'émouvoir l'homme, c'est-à-dire de le faire bouger. Sa fonction est de bousculer le spectateur dans son ordre établi, de le mettre hors de lui, et sens dessus dessous. D'ouvrir un passage à une configuration nouvelle des idées, des sentiments, des valeurs. De forcer la porte à un comportement non encore imaginé. Mais le théâtre n'est pas un instrument révolutionnaire comme les autres... Il faut bien, en effet, constater que le théâtre qui se présente d'emblée comme révolutionnaire, qui culbute l'ordre des mots et celui des idées reçues d'une façon directement provocatrice, échoue dans son projet, par le simple fait que le public le refuse. Et qui ne refuserait d'entrer en relation avec celui qui s'approche en manifestant une intention d'agression caractérisée ? Le théâtre qui se présente sous les espèces du scandale est un théâtre vain parce qu'il s'enlève le moyen de toucher. Instrument révolutionnaire, le théâtre ne l'est pas comme les autres en ce qu'il exige, de la part du spectateur, acquiescement préalable à l'effraction dont il sera le siège. Deux exigences contraires nous habitent : nous cherchons à changer et résistons à tout changement : nous voulons que le monde se transforme et essayons désespérément de consolider les institutions établies. Parce que le public de théâtre dans notre société est surtout un public de privilégiés, et se tient sur sa défensive, la seconde exigence est la plus forte, et réussit le plus souvent à renverser la fonction du jeu dramatique, en lui faisant justifier le monde tel qu'il est et allant comme il va. Remarquable subtilisation ! Les « formes » dramatiques sont utilisées mais, dégradées, elles servent à rassurer quand il s'agirait d'ébranler, à conserver quand il faudrait faire table rase. Et le moins efficace de ces simulacres de théâtre n'est pas celui où nous voyons la société critiquée et dénoncée, pour être en lin de compte « récupérée » au nom de quelque éternelle vérité. Aimables ou arnères, flatteuses ou cruelles, les pièces qui débouchent sur le rire indulgent ou le soupir résigné participent d'une peur du théâtre, qui est la peur devant I invitation à un changement immédiatement réel... Ce texte a été écrit au moment de la création de Par-dessus bord (1972-1973). Il a été publié dans la revue « Travail théâtral » en 1978. et repris dans les « Écrits sur le théâtre », réunis et présentés par Michelle Henry (L'Aire théâtrale, 1982). L'ironie, l'accidentel : c'était Ionesco au départ, Beckett. Prenez-vous la suite d'un théâtre de l'absurde ? Ah non. L'écriture, c'est ma manière de creuser à la recherche de sens. Chaque pièce est un chantier de fouilles. Mais je ne cherche pas UN sens (au monde, à la vie, etc.). Je cherche à raccorder des choses, avec l'espoir que cela donnera naissance à des bouts de sens — et ainsi de suite, d'une façon discontinue et plurielle. Vous ne cessez de parler d'une recherche, en même temps rien dans votre discours ne fait ressentir une ligne directrice pour cette recherche. Son champ. Y en a-t-il un ou est-ce n 'importe quoi ri 'importe comment ? La banalité quotidienne n'a jamais cessé de m intéresser. La matière de la vie journalière dans son état le plus indifférencié, le plus confus, le plus indistinct, le plus neutre. Partir à zéro. Vous parlez de magma. Vos pièces sont loin d'être « informelles ». Comment les construisez-vous ? Le besoin est pressant de recouvrer lusage exact du théâtre, qui est de préparer le champ à l'invention de nouveaux usages ; et d'en retrouver le moyen, qui est de susciter une émotion « délivrante » chez le spectateur, une émotion qui dénoue ses réflexes défensif's, le délie de ses habitudes et de ses fidélités. Cette émotion, il la ressentira dans la mesure où, s'oubliant dans le spectacle, absorbé par l'action représentée, il reconnaîtra l'évidence sur la scène de ce que dans sa propre vie il emploie ses efforts à éviter de voir. Le retour à soi n'est pas un retour à l'état antérieur — entre-temps s'est produit un mouvement du spectateur vers un comportement autre, accordé à l'évidence qui s est faite. J'ai toujours éprouvé, au moins depuis les Coréens, une incapacité à raconter une histoire, c'est-à-dire à privilégier une séquence d'événements. Pendant la gestation d une pièce, ce sont divers thèmes qui se présentent — au sens musical du terme — et qui s'assemblent. Comme une pièce de théâtre n'est pas une partition musicale, il faut qu'à un moment donné une « histoire » vienne faire armature. Pour les Huissiers, j'ai décalqué celle à Œdipe à Colone. La Fête du cordonnier est tirée d'une pièce de Dekker. Pour Iphigénie Hôtel, la trame est faite des séquences d'un roman de Henry Green, Lovmg. mêlées à celles de l'accession au pouvoir de de Gaulle et à celles des rites d'initiation dans les tribus archaïques. Pour Pardessus bord, j'ai pris chez Dumézil l'ordre des événements dans la guerre des Ases et des Vanes, et chez Aristophane la structure obligée de toutes ses comédies (l'Offense, le Combat, l'Agon (sacrifice), la Contre-Offensive, le Banquet, le Mariage). Dans la Demande d'emploi, qui est ma pièce la plus « musicalisante », je fais la tentative de substituer à toute histoire le tissage de motifs traités en contrepoint, le mouvement général étant celui d'une spirale au travers d'une structure « thème et variations ». Michel Vinaver Présentation pour le programme des Coréens montés par Jean-Marie Serreau (Théâtre de l'Alliance française - Janvier 1957). Vous aimez utiliser la mythologie, elle n'est absente d'aucune de vos pièces. N'y a-t-il pas là une coquetterie intellectuelle ? 26 Le thème « entrée-sortie », le mouvement dialectique entre ces deux pôles, se relient, bien sûr, aux mythes des origines des temps, exemple le Jardin d'Éden où rien n'était séparé, tout était participation, fusion. Il se relie à la « réconciliation des contraires » (à la « fin des temps ») qui marque 1 aboutissement de l'Histoire... et de Par-dessus bord. L'œuvre poétique de T.S. Eliot m'a beaucoup influencé — cela date de mes dix-huit ans. Ce qu'il fait (et j'ai pris le relais), c'est mettre en relation, jusque dans le tissu du langage même, très intimement en même temps qu'ironiquement, la plénitude d'un passé où tout se tenait, et la dérision d'un présent déshabité parce que désacralisé. Vous n'avez pas de convictions, mais vous êtes curieux... Je suis plus étonné que la moyenne des gens par ce qui se passe, et qui est reçu généralement comme « allant de soi ». Pour moi, rien ne va de soi, surtout pas les choses les plus communes, comme de vivre ensemble (pour un couple), de vendre (pour un représentant). Moi, je n'en reviens pas. C'est tous les jours un peu le commencement du monde. En même temps, c'est le ressassement au-delà de toute nausée. D où I ironie. Comment définissez-vous l'artiste en tant que bouffon ? Picasso et Chaplin ont été parfois malmenés : ils sont les grands bouffons de notre siècle. Brecht, vu d'un regard frais, est un bouffon plus qu'un maître d école. Je cite d autres bouffons : Joyce, Hemingway, Breton, Aragon, Borges, Ernst, Duchamp, Michaux, Dubuffet, Stockhausen, Xenakis. Rauschenberg, Oldenburg, Godard jusqu'à Week-end... Et, parmi les « politiquement aberrants » : Pound et Céline ; l'œuvre de ces deux-là n'est pas moins « salubre », « progressiste » que celle des grandes figures engagées dans le sens de I histoire. Ironie... Ce qui a compté, c'est leur audace créatrice au niveau de la matière qu'ils maniaient. Vous ne cessez d'escamoter, tout au long de votre discours>, le problème de la responsabilité cle l'écrivain, de l'artiste. Etre curieux et étonné, ça ne va pas très loin ; depuis Sartre, chacun sait que le fait d'esquiver l'engagement est la façon la plus courante de s'engager... au service du Système, de l'Ordre établi. On n 'échappe pas au fait qu 'on fait partie de la société, et l'artiste plus que tout autre, s'il se refuse à prendre parti, risque de voir son œuvre profiter, objectivement aux forces d'oppression. L'artiste c'est celui dont la démarche, qu'elle soit fulgurante ou tranquille, fait voler en éclats les conformismes et les stéréotypes du Système, et ouvre des voies non encore imaginées... Michel Vinaver 27 L'entre-deux Il y a de.s gens qui disent : « Que représente votre tableau ?... Quoi?... Il y a une pomme, c'est entendu, il y a... Je ne sais pas... Ah! une assiette; à côté... » Ces gens-là ont l'air d'ignorer totalement que ce qui est ENTRE la pomme et l'assiette se peint aussi. Et, ma foi, il me parait tout aussi difficile de peindre /'entre-deux que les choses. Cet « entredeux » me paraît un élément aussi capital que ce qu 'ils appellent /'«objet». C'est justement le rapport de ces objets entre eux et de l'objet avec /'« entre-deux » qui constitue le sujet. Georges Braque, dans un entretien avec Georges Charbonnier l'Express, 2 juillet 1959. Aussitôt dit, aussitôt évident. Cette évidence neuve, et qui s'applique d'un seul coup à bien des choses en dehors de la peinture, pourrait amener le théâtre à se délier, dans un certain sens. A attacher moins d'importance aux personnages et aux événements présentés, davantage à ce qui les sépare et les relie ; moins à ce qui est dit. davantage au fait que ce qui est dit est dit — est dit à tel instant, en tel endroit, avec tel geste et tel accent. La démarche consiste à partir de bruits et de paroles, de mouvements et de pas. d'objets, d'espaces ; une matière se sécrète, celle-là même de la vie quotidienne. Non pas la vie quotidienne en soi, mais une certaine vie quotidienne que déterminent le lieu, le moment de l'histoire, la position sociale des gens qui se trouvent là en relation les unes avec les autres. Cette matière, dans les limites de ce cadre, est d'abord amorphe et insignifiante. Les événements, qui vont se dérouler sont quelconques et sans lien particulier de 1 un à l'autre. Seulement, à partir de celte matière traversée et secouée par ces événements, nécessairement des rapports s'établissent, des significations se dégagent pour les personnages aux prises les uns avec les autres et aux prises avec l'événement. Le spectateur est invité à « chercher sa prise », à trouver son rapport avec ces gens, à s'orienter dans la situation donnée, à dégager ses propres significations. (...) Michel Vinaver Présentation <VIphigénie Hôtel Extraits. (Gallimard, 1963.) 29 VIENT Le théâtre et le quotidien DE PARAITRE Le Dernier sursaut impromptu Michel Vinaver ACTES SUD -PAPIERS L'Emission de télévision comédie Michel Vinaver ACTES SUD-PAPIER£ TOUJOURS DISPONIBLE MICHEL VINAVER THEATRE COMPLET DISSIDENT, IL VA SANS DIRE NINA, C EST AUTRE CHOSE LES TRAVAUX ET LES JOURS A LA RENVERSE LE SUICIDÉ . L'ORDINAIRE LES ESTIVANTS . LES VOISINS PORTRAIT D UNE FEMME Théoriser mon travail, ça ne m'est pas possible, pour des raisons qui apparaîtront, je pense, au fil de mon exposé. Ce que je peux faire, c'est essayer d'en donner des éléments de description. A l'égard du quotidien, j'ai un rapport ancien, un rapport enfantin. Un rapport qui remonte à l'enfance et qui n'a pas changé, et qui est au centre même de mon activité d'écrivain. Je crois bien qu'enfant, j'étais étonné qu'on me permette les choses les plus simples, comme de pousser une porte, de courir, de m'arrêter de courir, etc... J'étais étonné, émerveillé de ces droits qu'on me donnait, et j'étais toujours à craindre qu'on me les retire, qu'on me repousse dans la non-existence. De la sorte, le quotidien, c'était quelque chose de très vibrant, au bord de I interdit, en tout cas précaire, immérité. Toute mon activité d'écriture, depuis les romans que j'ai faits quand j'avais un peu plus de vingt ans (le premier s'appelait Lataume ou la Vie quotidienne), et dès ma première pièce (son litre à l'origine était Aujourd'hui ou les Coréens), toute cette activité est une tentative de pénétrer ce territoire le quotidien, qui ne m'a jamais été donné, dont l'accès est toujours à découvrir, à forcer. Autant dire que pour l'écrivain que je suis rien n'existe avant d'écrire, et qu écrire c 'est essayer de donner consistance au monde , et à moi dedans. Le monde ça ne peut se créer qu'à partir de l'informé, de l'indistinct, du toutvenant. Et, puisque je suis écrivain et non peintre ou musicien, c'est à partir de paroles, de paroles quelconques, de paroles à l'extrême de l'ordinaire, du quelconque. La banalité dans le désordre, c'est mon point de départ, toujours, il ne peut pas y en avoir d'autre. Je serais mieux dans ma peau si j'étais peintre. Je partirais alors de ce qu il y a de plus indifférencié dans les matières, les formes, les tonalités, les rythmes. C'est du reste avec des peintres, plus qu'avec d'autres écrivains, que je me crée des relations de compagnonnage. Ce sont des peintres, comme Braque quand j'étais adolescent, comme Dubuffet plus tard, commme Rauschenberg, Tapiès, llantaï, ou comme Motherwell récemment, que je mobilise pour qu'ils m'accompagnent dans mon itinéraire, et pour qu'ils me rassurent. Je me sentirais mieux peintre, ou bien compositeur de musique. Même chose, je partirais de ce qu il y a de plus proche de la matière sonore indéterminée. Tandis qu'en tant qu'écrivain, et écrivain de théâtre au surplus, je me heurte à des demandes impérativement formulées d'histoires (la pièce doit raconter une histoire), de personnages (dans lesquels le comédien doit pouvoir s'organiser). Toutes choses dont j'aimerais au fond me passer. Mais voilà, je ne suis capable ni de peindre ni d'écrire de la musique. Ce que je sais faire, l'instrument que je possède, c'est l'écriture. Graduellement, j'ai abandonné toute écriture autre que théâtre, sans doute parce que l'écriture théâtrale, elle au moins, n'exige pas au départ le lié, ça peut, au départ, .1 etre [tas autre chose que des répliques banales jetées dans le désordre et la discontinuité. Ceci étant, dès qu'on part de là, tout le travail, tout l'effort, tout le processus de création, c'est d'en arriver à ce que quelque chose se forme, se constitue, qui aboutisse à des thèmes, à des personnages, à une histoire, aune cohérence. Et à 1111 objet fini — une pièce. Alors bon, ce travail, ça 11e consiste pas en autre chose qu'en une mise en relation des éléments indifférenciés d'origine. Il faut espérer que s'établiront des connections, des liaisons. Pas autoritairement, pas par un acte de volonté de l'auteur, ni même par un acte d'imagination, mais par la poussée de l'écriture qui ne supporte pas de rester dans l'état originel de magma. Mon écriture ressortit au domaine de l 'assemblage, du collage, du montage, du tissage. C'est par ce genre de processus, en partant de ce qui est a priori inconnaissable, littéralement vide de tout intérêt, que je fais effraction dans le connaissable, dans l'intéressant. Le quotidien se constitue. Je dirai un mot de ces mises en relation, de ces liaisons. Elles sont de nature matérielle — je veux dire, c'est au niveau de la matière du langage qu'elles seproduisenl —effets rythmiques, frottements de sons, dérapages de sens d'une phrase à l'autre, collisions déclenchant comme de mini-phénomènes de décharges ironiques. L'ironie — c'est-à-dire le décalage brutal entre ce qui est attendu et ce qui se produit — est l'équivalent dans l'écriture, de la décharge électrique. D'un seul coup, ça passe. Qu'est-ce qui passe ? Un courant de sens. Et le réalisme ? Je ne sais pas trop. Je sais en tout cas que ce n'est pas quelque chose après quoi j'ai jamais couru. C'est peut-être ce à quoi mon écriture théâtrale aboutit. Car il n'est pas exclu que celle-ci colle de Irès près à la réalité de la conversation humaine dans le quotidien. Celte conversation, la nôtre, si 011 l'écoute attentivement, est avant tout discontinue, faite de fragments réfractaires les tins aux autres, qui se croisent et s'assemblent au prix d'un gâchis tout à fait considérable, et elle est traversée de décharges qui ont très peu de rapport avec la volonté consciente des parleurs, mais qui font que la communication se noue, que des mouvements de sens se produisent. Alors, oui, peut-être suis-je réaliste, non par profession de foi mais par le résultat du processus. Le réalisme, on ne peut pas le programmer. Il est ce à quoi 011 a des chances d'arriver si on évite de mettre son écriture au service de quoi que ce soit qui lui pré-existe, si la réalité n'est jamais donnée d'avance, sous forme d'idées par exemple, si elle demeure toujours l'inaccessible objet de recherche, l'objet dont inlassablement on cherche cependant l'accès. L'objet fini, la pièce, qu'est-elle ? Dans votre invitation, vous proposiez que la réflexion se fasse par rapport au cadre de référence : tragédie-comédie. Aucune situation, en elle-même, n'est tragique. Ce qui fonde la tragédie, c'est une adhésion du corps social à un ordre des choses qui le transcende, et ce qui la déclenche, c'est un événement excessif qui met le dit ordre en question. Autant dire que la tragédie est aujourd'hui hors de notre champ. Pourtant je crois que le théâtre du quotidien peut accéder à une tension se rapprochant de la tension tragique. Car il reste encore des filaments qui nous relient aux temps où la tragédie était possible. Quant au comique —qu est-ce qui fonde le rire aujourd'hui ? C'est peut-être une irrigation capillaire de la matière quotidienne par ce que j'appelais tout à 1 heure l'ironie, non pas un regard extérieur et, disons, satirique, mais une quantité de mini-décalages qui déstabilisent la banalité sans la dénaturer, qui simplement permettent à la sympathie d'y pénétrer. Michel Vinaver Écrits sur le Théâtre. (Intervention aux Rencontres Ecritures au Présent, organisées par le Théâtre de Bourgogne à Dijon, le 25 mars 1978). 31 ho \P AJ2 -Çzejf /rf ^Ao £r#x_ A-j p£AM#~ f{%0 A- fi Lû hf l r\wJ- hJjh Pj'rk/ T^w / ^ dé. 7 , $ ^ oj~< V^* hjjHÂM * PIM'Ui^A-Hy /* JW <w>n (A^- ^■^UMA^'x a / îe}( /il —f' "' ' I?r jftjf\^ /^.raiij] 1 Kt? <^ /^ «ÂbœJtU \t li.nii ri ^OtvM fi'Af «*■*** ^ tz^ tdifw ïkitAv~ C'tA h fctWft ) l>Yv f^W ( far/a £ ~ ^;t. w< [■ (M~**à< f r\ute. j^Jj^_^ ?*vW t'W 7hVÎ'V.M' (AAjJ( ^MO-9 [i j^ùA^uÀ" G^\<kM fCcr^-Ch aTv:c U/f ttC^J-M^Vt , - fâî£g&frt> CvU'^ ~f ' ■ ■ Wk-0 vQM-O {"tirfu.ï t Qk -" ,, ÙJL-l/.ît A/t ) Û\A (&? v'~Wei A^i*A t'sjc «*» /V^f A A (k6 'tc jW tanve' k »W* M) fv^W l&- f '^ M <?•«£««*■ ( . ,. /, ?*} rka/i* <uV )W& /t f' -——c \?»hha€- 1/, fij v.^ j-A-A-tA/y . rfe tô \jiu*-*> -f^-cXit-u^ÉvJ |O^«vl., )ewrty OL - Jxe-^ //*-< : ( —/'~ î A., «r~4L 1/GlJMLS£ \JL ^ n^A. 1^ f?Y- l -'briki(ÂÂ-e~ f U OjH /<L~ \'a%MC' te>t&f€^ J WrtL dt / ^)^7,— /v> C<? \ Vv ft-d , *ÎJC ^ Ê*A>V <UcX l^L- ( L |W€«K ^ k vu IA c ^ ^ 2, L v/^x ^/ç c^/ ^ 'f&M- vw_ 0<r .Jb r\Ç*9W* hilÀ W<' /^w> ^^7 rr^^.kh- h ^ ^wwût, ^^^„.T',.»|1"ii»t?™.^''^'- j ^ i rA i/^; f « ' $ •< ' * , ^Vt ec ^ / à^6; e \h. <f ^ iv\ tf~ fw ,* î «• I s? M/> « le e^A->v< f\ f lâ>j~ A>f ir,»phm, re'^v ^ ëMxA" VS*-J"?Ô> f?/ U'Vv ti t k&»Ui|f?\A- j\ » Vlv£ r\ „• I i t» f| ^ v« t' < Tva 4 <^> (Y, ^ -P-W'/ tfVUS) & ®j ^ "V- p-d,tw (#- <^****« }j-iv&it) <?*■<-> ttlli f £r«^~. Cn-^. & «. |-^ÎX/| ^A>MMA/ L Emission de télévision. Extraits du manuscrit. ^-<5ui*-4Ci<j T»^ t^ÀJùlî-, ( 33 sentations Théâtre Gérard Philipe à St-Denis et Théâtre Jean-Vilar à Vitry. Lear d'Albert Reimann. Opéra de Paris. 1983 Les Estivants de Gorki. Texte français de Michel Vinaver. Scénographie Yannis Kokkos. Première le 14 mai à la Comédie-Française. Contrastes de et Jacques cohésion Lassalle En août 1983. devient directeur du Théâtre national de Strasbourg. | | " H m 34 JACQUES LASSALLE Né le 6 juillet 1936 à Clermont-Ferrand. Elève du Conservatoire national supérieur d'art dramatique (classe de Fernand Ledoux). Agrégatif de lettres modernes. A enseigné à l'Institut d'études théâtrales de Paris III, de 1969 à 1981. D'octobre 1982 à juin 1983, professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique. 1967 Fonde le Studio-Théâtre de Vitry. Après une période consacrée au répertoire classique Molière, Marivaux, Goldoni, Shakespeare, Ruzzante, Labiche, Kuan-Han-Chin, Boccace) et à I animation de création dans la ville avec une série de spectacles de rue, s oriente avec Jonathan des années 30, l n couple pour l'hiver, le Soleil entre les arbres : et plus récemment 17n dimanche indécis dans la vie d'Anna et Avis de recherche, vers l'écriture d'un Théâtre au présent : Il v met en scène : 1977 Travail à domicile de F.X. Kroetz. Scénographie Alain Chambon. Coproduction T.E.P./StudioThéâtre de Vitry. Histoire de dires de J.P. Thibaudat. Mise en espace par Jacques Lassalle. eScénographie Alain Chambon. Présenté au XXX Festival d'Avignon dans le cadre de Théâtre Ouvert, puis en tournée. La Guerre de Carlo Goldoni. Adaptation Claude Perrus. Collaboration dramaturgique Danièle Aron. Production Studio-Théâtre de Vitry; Théâtre Jean V ilar. Risibles Amours de Milan Kundera. Scénographie Daniel Girard. Coproduction T.E.P./StudioThéâtre de \ itrv. 1978 Théâtre de chambre de Michel Vinaver. Scénographie Vannis Kokkos. Coproduction T.E.P./Studio-Théâtre de Vitry (Prix de la meilleure création française 1978). Remagen d'après Anna Seghers. Scénographie Yannis Kokkos. Coproduction Studio-Théâtre de Vitry/Théâtre Gérard-Philipe de St Denis/Festival d'Avignon/Festival d'Automne. Olaf et Albert de I leinrich Henckel. Scénographie Yannis Kokkos. Théâtre de l'Athénée. Les Fausses Confidences de Marivaux. Scénographie Yannis Kokkos. Coproduction Studio-'Théâtre de \ îtrv/Théâtre Gérard-Philipe de St Denis/ Festival d'Automne. 1979-1980 Un dimanche indécis dans la vie dAnna de Jacques Lassalle. Scénographie Yannis Kokkos. Production Studio-Théâtre de Vitry. Représentations Théâtre national de Chaillot, salle Gémier (1979) puis Théâtre Jean-Vilar à V itry (1980). L Epreuve de Marivaux. Deux versions. Présenté à Montréal (octobre 1980). 1980-1981 A la renverse de Michel Vinaver. Scénographie Yannis Kokkos. Coproduction Studio-Théâtre de Vitrv/Théâtre national de Chaillot. Représentations Théâtre national de Chaillot puis Théâtre Jean-Vilar à VitrvLa Locandiera de Carlo Goldoni. Scénographie Yannis Kokkos. Comédie-Française (1981). Electre de Sophocle. Montréal (1981). 1982 Lohengrin de Wagner. Opéra de Paris. Avis de recherche de Jacques Lassalle. Scénographie Nicolas Sire et Yannis Kokkos. Coproduction Théâtre de Vitry/Théâtre Gérard-Philipe. Repré- Il y met en scène : Tartuffe As Molière. Scénographie Yannis Kokkos. Tournée au Théâtre de la Ville à Paris en février 1984. 1984 Woyzeck de Bùchner. Traduction Bernard Dort. Avec le Groupe XXI de l'Ecole d'art dramatique de Strasbourg aux Haras de Strasbourg en juin 1984. L'Heureux Stratagème de Marivaux. Scénographie Maurizio Balô. Au TNS (décembre 84) puis en tournée à l'étranger et au théâtre de 1 Odéon à Paris (avril 85). 1985 Le Professeur Taranne d'Arthur Adamov et Dissident, il va sans dire de Michel Vinaver. Scénographie Nicolas Sire. Au TNS (février 85). Au Festival de Parme (avril 85). Emilia Galotti de G.-E. Lessing. Traduction Bernard Dort. Scénographie Claude Lemaire. Au Festival d'Avignon 85 puis au TNS (octobre 85), à la Maison de la culture de Créteil et à la Comédie de Genève (novembre 85). Lorenzaccio de Musset. Exercice groupe XXII (décembre 85). 1986 La Clé d'Eugène Labiche et Alfred Duru. Scénographie Alain Chambon. Au TNS (avril-mai 86), au Théâtre national de Chaillot, salle Gémier (octobre 86) puis en tournée en France. Luisa Miller de Verdi. Opéra de Montpellier (mai 86). Le Mariage des morts de Jean-Pierre Sarrazac. Scénographie Alain Chambon. Au Théâtre de la \ ille (novembre 86) et au TNS (janvier 87). 1987 Rosmersholm d'Ibsen. Texte français de Terje Sinding et Bernard Dort. Décor Jean-Pierre Demas. Costumes Patrice Cauchetier. Au TNS (mars 87). Les Acteurs de bonne foi de Marivaux. Scénographie Claire Chavanne. Au Festival d'Avignon (juillet 87), à Strasbourg (octobre 87). à Bruxelles, Grenoble et Belfort. (Sortie du groupe XXII1 / École du TNS). 1988 Amphitryon de Molière. Scénographie Claire Chavanne. Au TNS ( mars-avril ï 88). Au TEP ( janvierfévrier 89) et en tournée en France et à l'étranger (octobre 88 à avril 89. Notamment Prague/ Skopje / Berlin / Bochum). Luisa Miller de Verdi. Re-création à l'Opéra de Lyon (mai 88). Visite à Corneille, jeune homme. Exercice groupe XXIV (juin 88). Pourquoi n'as-tu rien dit, Desdémone? <1 après Christine Brûchner. Festival du I laut-Allier (août 88). 1989 La Bonne Mère de Goldoni. Texte français de Ginette I lerrv. Scénographie Claire Chavanne. Au TNS (janvier-février 89). Au Théâtre national de Chaillot, salle Gémier ( février-mars 89) et en tournée. Villa Luco de Jean-Marie Besset. Scénographie Nicolas Sire. Au TNS (mai-juin 89). Leonce et Lena de G. Bùchner. Scénographie Chantai Gaiddon. Costumes Michel Forthoffer. Au Festival d'Avignon (juillet 89). Au TNS (décembre 89). Bérénice de Racine. Scénographie et costumes Yannis Kokkos. Au Norske Theatre d'Oslo (automne 89). Homme de théâtre, Jacques Lassalle avance tranquillement et avec une furieuse énergie. 11 est trop lucide pour y croire. Il pratique la « suspension de 1 incroyance » et avance, sans se soucier de fixer un point d'aboutissement. Trop lucide sur les conditions de la création théâtrale en France aujourd'hui pour prétendre y voir clair sur la direction possible à prendre; trop lucide pour «espérer réussir 1111 parcours théâtral », il n'avance pas, cependant, au hasard. Ce qui le meut et détermine ses choix, c'est un besoin d aller toujours dans le sens de la plus grande résistance. 11 furète et tâtonne jusqu'à ce que la résistance maximum se manifeste. La résistance des éléments extérieurs comme la résistance à lui-même. Là sa mouvance cesse et, dans I obscurité, il attaque. Contraste : Dans la succession des instants du travail sur le plateau : une démarche aux apparences incertaines. Des allers et retours. Des trous d'air. Des temps d'angoisse. Est-ce que c'est ça ? Est-ce que ça prend ? Il n'est pas le timonier qui oriente d une main ferme. Laisse beaucoup faire. Met les comédiens dans des situations de flottement:. E11 aucune façon rassurant. Bon comédien, me dit-on. Mais pas comédien avec les comédiens. Ceux-ci participent pleinement au travail. Celui qui consiste à s'avancer dans les zones où l'on perd pied. Nécessité de perdre pied pour trouver. Dans la continuité des répétitions : la démarche apparaît au contraire ferme, sereine, guidée par une évidente nécessité. Profondément rassurante. Cette nécessité, c'est peut-être celle de ne jamais forcer une solution, de laisser le texte parler (plutôt que de lui faire dire) ; de laisser le comédien accéder à son niveau de risque et d'intensité maximum (plutôt que d'en faire une utilisaSon attitude fondamentale et a priori a l'égard de ceux à qui il a affaire est le respect. Son incapacité à manipuler autrui, son exigence d'une relation vraie, alourdissent son pas dans le milieu du théâtre qui est celui de l'effacement des traces, du défilement, de l'escamotage, de la pirouette. Le respect chez lui est chaud. Il s'allie à la tendresse, oui, étonnamment, aussi, a priori. Metteur en scène et auteur... Quand il met en scène une pièce qui n'est pas de lui, il ne tire pas celle-ci à lui, il n'en use ni ne se l'approprie, il la monte pour elle-même, en allant à elle. Au plan de la pensée, au plan de l'action, au plan de la vie quotidienne, tout chez lui se tient. C'est peut-être, entre tous, son signe particulier. 11 est incapable de séparer un domaine d'un autre (par exemple le théâtral, ou le familial, ou le politique, ou l'amical) et de le privilégier. Tout importe absolument. La cohésion fie ses composants atteint chez lui un degré peu ordinaire, l'as de jeu. C'est peut-être ce qui lui permet d avancer dans le noir d un pas sûr. Sans craindre de s'éparpiller. Michel Vinaver Écrits sur le théâtre. 1978. Sur YANNIS KOKKOS Né à Athènes, il vit en France de[)iiis 1963. A partir de 1965. après ses études à l'Ecole du Théâtre national de Strasbourg, il réalise la scénographie et les costumes d un grand nombre de pièces de théâtre et opéras, dont plusieurs créations d'œuvres contemporaines. De 1981 à 1988. il participe auprès d Antoine Vitez à l'aventure artistique du Théâtre national de Chaillot dont il transforma l'aspect à l'occasion de la création d H amie t. Parmi ses récentes créations : Macbeth de Verdi à l'Opéra de Paris, le Triomphe de Vamour de Marivaux au Piccolo Teatro de Milan, Pelléas et Mélisande de Debussy à la Scala de Milan, le Soulier de satin de Paul Claudel, dans sa version intégrale, pour le Festival d'Avignon, la Flûte enchantée au Staatsoper de Vienne, la Célestine de Rojas au Théâtre national de l Odéon. le Mariage de Figaro à la Comédie-Française. En janvier 1987, il a réalisé sa première mise en scène : création au Théâtre de la Ville/Escalier d'or, à Paris, de la Princesse blanche de Rainer Maria Rilke. Autres mises en scène : août 1987 : TOresteia de Xenakis à Gibellina, en Sicile; avril 1989 : Boris Godounov de Moussorgsky au Teatro Comunale de Bologne. En 1986, il a obtenu le prix de la Critique dramatique pour le décor d Electre au Théâtre national de Chaillot. En 1987, deux Molières lui ont été décernés, l'un pour les costumes de Madame de Sade, l'autre pour le décor de l'Echange. En juin 1987, il a reçu la Médaille d'or de la scénographie à la Quadriennale de Prague. Kokkos Je ne sais rien de plus difficile que de dire comment Kokkos travaille, et comment les choses se passent avec Kokkos quand on travaille avec lui. Non pas que ce soit compliqué. Au contraire, c'est d'une si grande simplicité, le travail avec lui. la façon dont le travail avance avec lui, l'exploration du champ, le recensement des possibilités, la décantation, la percée vers la solution juste, que décrire comment ça se passe est aussi difficile que de dire comment, par exemple, les jambes font pour marcher ou les poumons pour respirer. Puisque ce sont là les comparaisons qui me viennent à l'esprit, j'en profiterai et dirai qu'avec Kokkos les choses se passent comme à l'intérieur d'un organisme animal ou végétal, et de même que dans l'organisme beaucoup de fonctions ont à voir avec la porosité des tissus et des membranes, de même dans le travail avec Kokkos l'avancement vers le résultat se fait de façon continue et peu figurable, par absorption capillaire. Kokkos absorbe invisiblement, continûment, sans fracas ni murmure, et l'on s'aperçoit que ce qu'il a absorbé est renvoyé aux émetteurs (le metteur en scène, l'auteur) une fois que s'est produit un métabolisme très particulier qui fait que son apport est complètement original, et ce qui vient de lui n'est pas simplement la traduction en termes visuels de ce qu'il a absorbé, mais c'est, sous forme de propositions visuelles, l'œuvre même, tout entière dans tout ce qu'elle recèle, qui revient, de sorte qu'un échange actif opère entre lui, le metteur en scène et fauteur, dont aucun des trois ni le diable ne pourrait tracer le mécanisme, dire quoi est issu de qui. Ce qui distingue Kokkos, dans sa façon de remplir sa fonction de scénographe, c'est le phénomène de présence-absence qui atteint chez lui le point limite. 11 est, pendant la durée du travail, présent constamment et absolument dans cette activité d'échange au cours de laquelle se fait la gestation du spectacle ; il est absent en ce sens que son apport se fait sans emprunter les voies du pouvoir. Ni d'un pouvoir qu'il chercherait à imposer dans le secteur qui est le sien, ni d'un pouvoir auquel il se soumettrait. Rien chez lui d'impératif, rien qui ressemble au besoin d'affirmer par un geste ou par un trait son apport, sa marque. Rien non plus qui fleurerait la subordination à une vision du spectacle autre que la sienne propre. Alchimie difficilement définissable, comme je le disais, puisque le travail avec lui passe par d'autres voies que les voies habituelles de la docilité, du coup de force départ ou d'autre et de la négociation comportant des concessions de part et d'autre. Mon affinité avec Kokkos, le bonheur et le sentiment de sécurité que j'éprouve à travailler avec lui. tiennent au fait que je reconnais, dans sa façon de se faire poreux à l'égard du texte et à l'égard de la vision du metteur en scène, ma façon en tant qu'auteur de me faire poreux à l'égard de la matière dont l'écriture se saisit et qu'elle traite. Porosité, passivité agissante, disponibilité à ce qui vient, à l'accident, à partir de quoi, et là intervient le métabolisme indescriptible qui est à l'œuvre chez lui et que lui-même ne saurait sans doute décrire, jaillissent les croquis à l encre de Chine, une foule de croquis grands ou petits, et avant même que la solution scénographique soit arrêtée il y a l'évidence d'un courant qui passe et que ce courant est le courant même du texte, la condensation en terme d'espace de toute 1 énergie que le texte peut contenir. Michel Vinaver Théâtre en Europe. Mars 1986. 36 37 BÉRENGÈRE DAUTUN Après le cours Simon, Bérengère Dautun est admise au Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Elle en sortira avec un Premier prix de comédie classique. Engagée comme pensionnaire à la Comédie-F rançaise en 1964, elle sera nommée sociétaire en 1972. Dès le début de sa carrière, elle aborde les grands rôles classiques ( Emilie dans Cinria. Pauline dans Polyeucte, l'Infante du Cid...). Elle joue également les comédies de Molière, notamment Isabelle dans l'Ecole des maris, Armande dans les Femmes savantes. Élise dans VAvare... et celles de Marivaux (Hortense du Legs, Araminte des Acteurs de bonne foi...). Elle aborde le registre comique avec Labiche (la Station Champbaudet et la Poudre aux yeux) et Feydeau (la Puce à Voreille). Bérengère Dautun a participé à de nombreuses créations d'auteurs contemporains. C'est ainsi qu'on a pu la voir, entre autres, dans des pièces de Strindberg (le Songe, rôle d'Edith), Anouilh (Becket, rôle de la Reine), Brecht (Antigone, pièce mise en scène par Jean-Pierre Miquel et où elle tenait le rôle-titre). Garcia Lorca (la Maison de Bernarda. mise en scène de Robert I lossein. rôle d \mélia . René Kalisky (Dave au bord de mer. mise en scène d'Antoine Vitez, rôle d Achi), Dostoïevski (l'Eternel Mari, adaptation de Victor I laïm, mise en scène de Simon Eine, rôle de Natalia Vassilievna), Beckett (Fin de partie, mise en scène de Gildas Bourdet). Elle a pris part à des soirées littéraires consacrées à La Fontaine et au Cantique des cantiques. Au Petit-Odéon, elle a créé Rixe de Jean-Claude Grumberg, mise en scène de Jean-Paul Roussillon, et Michelet ou le Don des larmes, mise en scène de Simone Benmussa. A la télévision, parmi de très nombreuses prestations, citons Eugénie Grandet (réalisation Alain Boudet), la Rose de Noël (réalisation Georges hacombe), Jean-Christophe (réalisation François Villiers), le Nouveau Testament (réalisation Robert Manuel), Une fille seule (réalisation René Lucot)... Au cinéma, elle a joué dans le Crime de David Levingstein d'André Charpar, dans Catherine de Bernard Borderie, dans les Patates de Claude Autant-Lara, dans Falsh d après René Kaliski, et dans les Frères Dardenne aux côtés de Bruno Créiner. 38 ALAIN PRALON Après avoir suivi les cours de Robert Manuel, Alain Pralon quitte le Conservatoire national supérieur d'art dramatique avec un Premier prix de comédie classique et un Premier prix de comédie moderne. Il est engagé à la Comédie-Française en 1965 et deviendra sociétaire en 1972. Il a participé à la création de très nombreuses pièces, tant classiques que modernes. Citons, entre autres, le Songe d'une nuit d'été et Périclès de Shakespeare, le Songe de Strindberg, la Puce à l'oreille de Feydeau, les Plaisirs de l'île enchantée de Molière, mise en scène de Maurice Béjart... Plus récemment, il a joué dans Victor ou les Enfants au pouvoir de Roger Vitrac, mis en scène en 1982 par Jean Bouchaud puis, en 1983 et 1985, dans les Estivants de Gorki, mis en scène par Jacques Lassalle (rôle de Doudakov ) et dans le Suicidé de Nicolaï Erdman, mis en scène par Jean-Pierre Vincent (rôle de Simon Podsékalnikov), deux pièces adaptées par Michel Vinaver. Autres créations : au Petit-Odéon, le Rôdeur de Jean-Claude Brisville, mise en scène de Roland Monod : le Paradoxe sur le comédien de Diderot, mise en scène de Jacques Bâillon; Messe pour un sacre viennois de Bernard da Costa, mise en scène de Jacques Mauclair; au Petit-Montparnasse, C'était hier d I larold Pinter, mise en scène de JeanPierre Miquel. Il a incarné un grand nombre de personnages des comédies de Molière et de Marivaux. Il a aussi joué Crispin dans le Légataire universel de Regnard. mise en scène de Jean-Paul Roussillon; Daniel Savarv dans le Voyage de Monsieur Perrichon de Labiche, mise en scène de Jacques Charon : Figaro dans le Mariage de Figaro, mise en scène de Jacques Rosner; Dorante dans le Bourgeois gentilhomme, mise en scène de Jean-Luc Boutté; Clitandre dans George Dandin, mise en scène de Jean-Paul Roussillon; Scapin dans les Fourberies de Scapin. mise en scène de Jacques Échantillon... Il a joué Feydeau (Un fil à la patte), Becque (les Corbeaux, la Navette), Tchékhov (Oncle Vania, la Mouette, dans une mise en scène d'Otoinar krejka)... Actuellement, il interprète le rôle de La Flèche dans la reprise de l'Avare de Molière, mise en scène de Jean-Paul Roussillon, et Bartholo dans le Mariage de Figaro, mise en scène d'Antoine Vitez. Alain Pralon s'intéresse aussi à la mise en scène. Il a monté, entre autres, la Jalousie du Barbouillé de Molière et la Paix chez soi de Courteline. Il a co-réalisé des soirées littéraires (le Temps des cerises, laMadelon, Ami, entends-tu?...) Il a monté et mis en scène Simul et sirigulis, une histoire de la Comédie-Française de 1780 à 1880. Il est à l'origine de la création d'un Atelier Molière qui a été représenté en Amérique dans les départements «théâtre» des universités, et d'un Molière en liberté représenté en Afrique de l'Est. Alain Pralon est chargé de la programmation du répertoire radiophonique de la Comédie-Française. CLAIRE VERNET Après le Conservatoire national supérieur d art dramatique, où elle suit les cours de Louis Seigner, Claire Vernet est engagée à la Comédie-Française en 1964. Elle est sociétaire depuis 1975. Parmi les rôles qui jalonnent sa carrière, nombreux sont ceux qui appartiennent aux comédies de Molière. Citons, entre autres. Magdelon des Précieuses ridicules, Lucile du Bourgeois gentilhomme, Angélique du Malade imaginaire. Henriette des Femmes savantes: puis Mathurine de Dom Juan, mise en scène d Antoine Bourseiller; Uranie de la Critique de l'Ecole des femmes, mise en scène de Jacques Rosner; Angélique de la Jalousie du Barbouillé, mise en scène d'Alain Pralon : Dorimène du Bourgeois gentilhomme, mise en scène de Jean-Luc Boutté... De Marivaux, elle a joué l'Ile de la raison (la Comtesse), mise en scène de Jean-Louis Thamin ; Silvia du Jeu de l'amour et du hasard; la Seconde Surprise de l'amour (Lisette), mise en scène de Jean-Pierre Miquel, et de Musset. On ne saurait pensera tout (la Comtesse), mise en scène de Jean-Laurent Cochet. Michel Etcheverry l'a dirigée dans M. Le Trouhadec saisi par la débauche de Jules Romains (rôle de Mademoiselle Rolande), Jean-Paul Roussillon dans Cyrano de Bergerac (Roxane), Jorge Lavelli dans le Songe d'une nuit d'été (I lippolyte)... Dans le registre tragique, elle a joué le rôle d Aristie dans Sertorius de Corneille mis en scène par Jean-Pierre Miquel. Claire Vernet a participé à de nombreuses créations. Citons, entre autres, le Songe de Strindberg, Volpone de J nies Romains, le Plus heureux des trois de Labiche, Yvonne, princesse de Bourgogne de Gombrowicz... Au Petit-Odéon, elle a créé le Rôdeur de JeanClaude Brisville, mise en scène de Roland Monod ; Homme avec arbre, femme et enfant d'YvesFabrice Lebeau. mise en scène de Jacques Bâillon ; au Petit-Montparnasse, C'était hier de Pinter, mise en scène de Jean-Pierre Miquel. Claire Vernet a participé à de nombreuses réalisations pour la télévision, dont Joséphine ou la Comédie des ambitions de Robert Mazoyer. Au cinéma, on l'a vue dans le, film de Nina Companeez, Faustine ou le Bel Eté, dans la Vie parisienne réalisée par Christian-Jaque, et dans A nous, les garçons de Michel Lang. CATHERINE FERRAN Après le cours Florent et le Centre de la rue Blanche, Catherine Ferran est admise au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, classe de Robert Manuel. Elle en sort avec un Premier prix de comédie en 1971 et est engagée à la Comédie-Française dont elle est sociétaire depuis 1981. Elle joue d'abord un certain nombre de rôles dans des ouvrages contemporains : Amorphe d'Ottenburg de Jean-Claude Grumberg, Antigone et Maître Puntila et son valet Matti de Brecht. Dialogues avec Leuco de Cesare Pavese. Puis elle aborde le grand répertoire avec le rôle-titre d'Iphigénie de Racine, mise en scène de Jacques Destoop: llnfante du Cid de Corneille, mise en scène de Terry Hands ; Elvire de Dom Juan de Molière, mise en scène de Jean-Luc Boutté, Armande des Femmes savantes de Molière, mise en scène de Jean-Paul Roussillon ; Elmire de Tartuffe de Molière, mise en scène de Jeun-Paul Roussillon ; Olga des Trois Sœurs de Tchékhov, mise en scène de Jean-Paul Roussillon; la reine Viriate dans Sertorius de Corneille, mise en scène de JeanPierre Miquel. Elle a joué le Premier Rôle Féminin dans Six Personnages en quête d'auteur de Pirandello, puis interprété les rôles de Lisette dans la Double Inconstance de Marivaux, d Arthénice dans la ( olonie de Marivaux. Lad) Macbeth dans Macbeth de Shakespeare mis en scène par Jean-Pierre Vincent, et celui de Philaminte dans les Femmes savantes mises en scène par Catherine Hiegel. Au Petit-Odéon. elle a joué dans lacances et Rixe de Jean-Claude Grumberg, mis en scène par Jean-Paul Roussillon et dans Perséphone de Yannis Ritsos, mise en scène de Jacques Lacarrière. Au Petit-Montparnasse, elle a joué dans C'était hier, d'Uarold Pinter, mise en scène de Jean-Pierre Miquel. VÉRONIQUE VELLA Véronique Vella a suivi la classe libre du cours Florent et fait ses premières armes dans des tournées et des festivals : au Centre dramatique national des Pays de Loire, puis au Théâtre populaire des Cévennes, elle a joué Elise dans l'Avare de Molière et Déjanire dans la Locartdiera de Goldoni. Parallèlement, elle se produit dans les cabarets en tant qu'auteur-compositeur-interprète. Engagée à la Comédie-Française comme figurante à la suite d une lecture faite d'une pièce de L. Marie Sagnières pour la Semaine des auteurs du PetitOdéon, elle fait partie, en 1987. des chœurs d'Esther de Racine dans la mise en scène de Françoise Seigner, puis interprète le rôle de Babet dans Monsieur chasse! de Feydeau. Devenue pensionnaire en mars 1988. elle joue les jeunes premières de Molière (Julie, Monsieur de Pourceaugnac) et de Labiche (Emmeline, la Poudre aux yeux). Dans La guerre de Troie n aura pas lieu de Giraudoux montée par Raymond Gérôme, elle incarne la Paix. A la rentrée 1988, elle reprend au pied levé le rôle-titre d'Esther laissé vacant par la maladie de son interprète. Elle est nommée sociétaire en janvier 1989. Ce seront ensuite les rôles de Blanche dans ta Cagnotte de Labiche, de Lisette dans le Legs de Marivaux, de Fanchette dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais mis en scène par Antoine Vitez. de Basque dans le Misanthrope réalisé par Simon Eine, et celui de Mariane dans la reprise de l'Avare mis en scène par Jean-Paul Roussillon. Elle interprète actuellement le rôle d'Angélica dans Amour pour amour de Congreve mis en scène par André Steiger. JEAN-FRANÇOIS RÉMI Au Conservatoire national supérieur <1 art dramatique, Jean-François Rémi a été l'élève de Georges Le Roy et de Pierre Dux. A la Comédie-Française, on l'a vu notamment interpréter le marquis Cibo et Philippe Strozzi dans Lorenzaccio de Musset, Monsieur Rémy dans les Fausses Confidences de Marivaux, Burrhus dansBritannicus de Racine. Don Salluste de Bazan dans Ruy Blas de Victor Hugo. Monsieur Orgon dans le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux, Tardiveau dans Un chapeau de paille d'Italie de Labiche et Marc-Michel, Philostrate dans le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. I lydaspe et Aman dans Estherde Racine, Antonio dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais mis en scène par Antoine Vitez en 1989. Il a participé à la création de nombreuses pièces appartenant tant au répertoire classique qu au répertoire moderne. Citons, entre autres, Amorphe d'Ottenburg de Jean-Claude Grumberg, le Comte Oderland de Max Frisch, la Sonate des spectres de Strindberg, les Bacchantes d'Euripide, la Mouette de Tchékhov, mise en scène d Otomar Krejka, / ictorou les En fants au pouvoir de Roger \ itrac. l<i Mort de Sénèque de Tristan L'Hermite, mise en scène de Jean-Marie Villégier. Rue de la Folie Courteline (montage conçu et réalisé par Moshe Leiser et Patrice Caurier, 1984); La guerre de Troie n 'aura pas lieu de Jean Giraudoux, mise en scène de Raymond Gérôme (1987); la Cagnotte d Eugène Labiche, mise en scène de Jean-Michel Ribes (1988). Hors la Comédie-Française, de 1952 à 1968. Jean-François Rémi a participé à de nombreux spectacles et notamment à ceux présentés par le T.N.P. Il s'est également intéressé à la mise en scène. Il a monté, entre autres, des pièces de Corneille, Marivaux, Milosz, Goldoni et Molière. Au cinéma, on l'a vu dans La guerre est finie d'Alain Resnais, l'Attentat d \ ves Boisset, le Verdict d'André Cayatte, L n autre homme, une autre chance de Claude Lelouch. Pour la télévision, il a tourné dans les Cinq dernières minutes, La vérité est morte (E. Roblès), Kean, les Cent mille Fusils. Rudolf Hess, les feuilletons Chris ta, aux frontières du possible, la f oleuse de Londres, les Brigades du tigre, l'Eté de la révolution, réalisation Lazare Iglesis. 39 JEAN-PI II LIPPE PUYMARTIN Jean-Philippe Puymartin a suivi successivement les cours du Conservatoire de Strasbourg, ceux du cours Florent et du Centre de la rue Blanche avant d'être admis au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, dans les classes de Michel Bouquet. Mario Gonzalès et Jean-Pierre Romond. Depuis décembre 1981, il est pensionnaire de la Comédie-Française. Il v a participé à de nombreuses créations, entre autres : Yvonne, princesse de Bourgogne de Gombrowicz, les Estivants de Gorki, la Mort deSénèque de Tristan L Hermite, l'Eternel Mari, adaptation de \ ictor Haim d'après Dostoïevski... Ses principaux rôles : Armand Desroches dans le / orage de Monsieur Perrichon de Labiche, Cléante dans l Avare de Molière, le fils dans Six Personnages en quête d'auteur de Pirandello, Simpson dans la Parisienne d'Henry Becque, Lvsandre dans le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare, Alexandre Lobov dans l'Eternel Mari de Dostoïevski, Mr de Crancey dans Est-il bon. est-il méchant? de Diderot, Dorante dans le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux... 1 lors la Comédie-Française, il a joué dans Deburau de Sacha Guitrv, une mise en scène de Jacques Rosnv (Théâtre Edouard \ Il . Au Petit-Odéon, il a créé le rôle de Tao dans Bréviaire d'amour d'un haltérophile de Fernando Arrabal, mise en scène de Saskia Cohen-Tanugi, et celui de Raoul dans la Donna de Constance Delaunay, mise en scène de Claude Santelli. A la télévision, on a pu le voir dans plusieurs films, entre autres, les Dames de la côte de Nina Companeez, Je dors comme un bébé de Jacques Fansten, Histoire contemporaine de Michel Boisrond, les Beaux Quartiers de Jean Kerchbron, la Bague au doigt d'Agnès de la Rive, la t allée des peupliers de Dominique Giuhani... Au cinéma, il a tourné sous la direction d'Alain Resnais (Mon oncle d'Amérique), James Ivory (Quartet), Coline Serreau (Trois Hommes et un couffin). Enertant que réalisateur, il a reçu le prix Samsonite ( 1 prix du festival des festivals) pour Léon (court métrage. 1 984). En 1987, il a tourné un film sur la Comédie-Française, Eerreur. SYLVIA BERGÉ Au Conservatoire national supérieur d'art dramatique où elle est admise en 1982, Sylvia Bergé est successivement l'élève de Robert Manuel, de V iviane Théophilidès, de Pierre \ ial et de Gérard Desarthe. La même année, elle débute aux festivals de \\ iltz (Luxembourg) et de Monaco dans l'Impromptu de Versailles et l Ecole des maris de Molière. L'année suivante, au sein de la compagnie Desailly-\ alère, elle joue Nicole dans l'Amour fou d'André Roussin, et Chimène du Cid (au Trianon, festival de Versailles) dans une mise en scène de Marcelle Tassencourt. Puis,er au fil des ans, ce seront, entre autres, FrançoisI d'André Castelot. mise en scène de Paul-Emile Deiber; Lorenzaccio d'Alfred de Musset, mise en scène de Pierre \ ielhescaze ( ( iatherine) : Sganarelle ou le Cocu imaginaire et le Misanthrope de Molière, mises en scène d Odile Mallet (Clélieet Eliante) -.Angelo. tyran dePadoue de Victor Hugo, mise en scène de Jean-Louis Barrault; Hernani de Victor Hugo, mise en scène de Jean Daw i Doua Sol), le Sexe faible d'Edouard Bourdet, mise en scène de Jean-Laurent Cochet Dorothy ) xAntigone de Sophocle, mise en scène de Jean Davy (Ismène) ; Prometheus d'Eschyle, mise en scène de Mehmet Ulusoy (Océanide) ; les Acteurs de bonne foide Marivaux, mise en scène de Philippe Adrien (Araminte) ; le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux, mise en scène de Jacques Rosny (Silvia) ; Electre de Giraudoux, mise en scène d'Odile Mallet (Électre)... En 1988, elle est engagée à la Comédie-Française pour interpréter le rôle d'Hélène dans La guerre cle Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux, mise en scène de Raymond Gérôme. En 1989, elle a interprété le rôle d'Éliante dans le Misanthrope mis en scène par Simon Eine. A la télévision et au cinéma, on l'a vue dans On a volé le président, réalisation de Jacques Nahum ; la Force du destin de Maurice Frydland : l n château au soleil de Robert Mazoyer; Des sourires et des hommes de Patrick Bureau. JEAN-PIERRE MICHAËL Jean-Pierre Michaël a commencé sa formation d'acteur au Studio .34 et au cours Florent avant d être admis au Conservatoire national supérieur d'art dramatique (classes de Jacques Sereys puis de Catherine Hiegel). Entré à la Comédie-Française comme élève stagiaire en octobre 1988, il a été engagé comme pensionnaire en septembre 1989. Agé de vingtdeux ans. il est le benjamin de la troupe. A la Comédie-Française, il a interprété le rôle d Attale dans Nicomède de Corneille, mise en scène de Françoise Seigner; Paris dans La guerre de Troie n aura pas lieu de Giraudoux, mise en scène de Raymond Gérôme; Cléante dans l'Avare de Molière, mise en scène de Jean-Paul Roussillon. Il joue actuellement Giomo le Hongrois dans Lorenzaccio d'Alfred de Musset, mise en scène de Georges Lavaudant. Au Théâtre du Rond-Point, on a pu le voir dans le Dont Juan de Molière mis en scène par Francis Huster (rôle de Guzman). A la télévision, il a participé au tournage du Deuxième Couteau réalisé par Josée Davan (1985). Au cinéma, il a joué dans On a volé Charlie Spencer, réalisation de Francis Huster. ISABELLE GARDIEN Avant son entrée au Conservatoire national supérieur d art dramatique, Isabelle Gardien avait suivi les cours du Studio 34 et ceux de l'Entrée des artistes, école créée par \ ves Pignot. Au Conservatoire, elle fait partie des classes que dirigent Pierre Vial (première année) et Michel Bouquet (deuxième année). En troisième année, elle retrouve Pierre Vial. puis suit les cours de Gérard Desarthe. Avec les élèves de l'Entrée des artistes », elle avait joué dans le Préjugé vaincu de Marivaux, présenté à Avignon (Festival 86) puis au Théâtre du Tourtour. Dans le cadre des « Ateliers du Conservatoire », elle a joué dans Une femme qui a le cœur petit de Crommelynck, mise en scène de Nicolas Lormeau : Thérèse Raquin d'Emile Zola (rôle de Thérèse), mise en scène de Michel Fau; la lie parisienne d'Offenbach (rôle de Pauline), mise en scène de Pierre Vial. Depuis sa sortie du Conservatoire, elle a joué dans Embrasse-les tous de Nicolas Lormeau. mise en scène de l'auteur, spectacle présenté au Théâtre de Sartrouville. A la télévision, on l'a vue dans le Fantôme de La lillette, réalisation de Roger Pigaut et dans Napoléon et Joséphine, réalisation de Richard I leffron. El) répétition. (Croquis <1 \nne Cratadour. 40 Odéon théâtre Théâtre de national l'Europe <§) En répétition () I) E () N im T 11 E A T R fi NATIONA L IMmiion Antoine VUpb En répétition uii GRANDE SALLE QQSBB du 23 janvier au 25 février 1990 18 li du mardi au samedi 18 h 30 le dimanche « OH ! MAIS Ot) EST LA TÊTE DE VICTOR HUGO? » Extraits du « Théâtre en liberté » de Victor I lugo Comédie à propos d'une tragédie. Prologue, Sur la lisière d'un bois, les Gueux, Etre aimé (première et deuxième versions), la Forêt mouillée. Etre aimé (monologue de « Maglia » dans la troisième version), la Grand-mère (monologue de « La Margrave »). Mise en scène de Muriel Mayette* assistée de Nathalie Chemelny Décor et costumes de Patricia Darvenne Lumière de Jean-Yves Dubois* avec Catherine Ferran*, Yves Case*, Jean-Yves Dubois*, et Thierry Mayette, Christiane Millet, Christophe Odent. Me la ( Comédie-Française Coproduction Théâtre national de l'Odéon, Comédie-Française. Les acteurs Magiciens conteurs, les six acteurs de ce spectacle ont construit chacun uu personnage hugolien <|iu glisse d un rôle à I autre sous le masque d'un caractère que Victor llugo lui-même a interrogé, fouillé, conté dans son œuvre, ses peintures... Il y a «la femme belle», «le philosophe gueux », « Il lomme », « le satyre bon enfant ». «la grand-mère-grand-père» et « I âne qui rit ». Avant d'être une fable, ce spectacle est un travail d'acteur, une réflexion sur le jeu en compagnie de ce grand architecte de la langue française. « Oh ! Mais où est la tête de Victor 1 lugo ? » (Test un poème délirant, un voyage du Dernier jour d'un condamné aux Tables tournantes. (''est un jeu dans la liberté avec Victor I lugo. Muriel Mayette Du 9 mars au 13 avril 1990. Du mardi au samedi à 20 li 30 le dimanche à 15 h. WàÊm ANTIPHON de Djuna Haines Traduction de Natacha Michel Mise en scène de Daniel Mesguieh Décor de Louis Bercut Costumes de Gidalia <la Costa Lumière de Joël Hourbeigt Avec Geneviève Casile* Natalie Nerval* Jean-Dainien Barbin, Hervé Furie, Mark Saporta, Philippe Torreton. * de la Comédie-Française. Coproduction Théâtre de l Europe, Comédie-Française. ... Dans ce monde en secousse, dans ce big-bang, cette explosion de matière, le temps qui recule aboutit à la création, el la métaphore, l'image, raflent l'immense langue disponible, remuée, où les mots rejoints s'ajoutent à d'autres el forment une nouvelle articulation, sans qu il soit besoin d une autre guerre de religion qu'une guerre intérieure (...) L'amour existe. Il n'est autre que l'antiphon, la réponse, le répons, \ntiphon est la réponse cherchée au mystère de l'amour impossible. Lorsque ses cordes hautes ayant été pincées Les flancs de la viole arrachent la réponse des silencieuses cordes basses. Là est l'antiphon. Natacha Michel Née en 18()2 dans l'Etat de New York d'une mère anglaise et d'un père américain, Djuna Barnes étudie l'art et collabore à des revues avant de connaître le succès avec son premier roman : Ryder (1928). Peu après, elle s'installe à Paris, où elle se lie avec James Joyce, Gertrude Stem et T.S. Eliot, et publie son Almanach des dames à tirage limité, ainsi que des nouvelles. Mais c'est en 1936 que la publication de Nightwood (te Bois de la nuit) place Djuna Barnes au premier rang des écrivains américains. Retournée en Amérique à la déclaration de la guerre, elle ne publie qu'une pièce en vers, Antiphon ( 1957), et vil recluse dans son petit appartement de Greenwich Village, où elle meurt en juillet 1982. Djuna Barne? 42 4.3 Informations Odéon pratiques théâtre Théâtre de national l'Europe SAISON DE MARS À JUIN 1990 Location dans la grande salle Guichet Tous les jours, de 11 li à 18 h 30. La location ouvre deux semaines à l'avance, jour pour jour. Téléphone 43 25 70 32 (3 lignes groupées). Réservation par téléphone deux semaines à l'avance. Correspondance Les commandes doivent parvenir au Service de location trois semaines avant la date choisie. Joindre le règlement et une enveloppe timbrée, à la demande de réservation, et indiquer un choix de trois dates. Les demandes sont traitées dans leur ordre d'arrivée et dans la limite des places disponibles. Minitel 36 15 THEA. Réservation 14 jours à l'avance. Deuxième bureau Des places au deuxième balcon 3/4 et à l'amphithéâtre sont vendues 1/2 heure avant le début du spectacle. Groupes TARIFS (sous réserve d'homologation) Minimum 10 personnes, à la même date. Ce tarif préférentiel s'applique dans la limite des places disponibles. Nombre Catégories de places de places Prendre les options un mois avant le début du spectacle. Fauteuil d'orchestre Moins de 25 ans er Fauteuil de corbeille 548 1 Loge de corbeille face 46 F Places vendues 45 minutes Fauteuil de balcon face avant le lever du rideau, sur présentation Baignoire d'orchestre face de la carte d'identité (dans la mesure 132 2e Fauteuil de balcon 3/4 des places disponibles). Loge de balcon face Location au Petit-Odéon Baignoire d'orchestre 3/4 Plein tarif. Loge de corbeille 3/4 Tarif unique: 62 F. Moins de 25 ans e 170 3 Loge de balcon côté et carte Vermeil : 42 F. Fauteuil de balcon côté Ce tarif s'applique à tous les spectacles Fauteuil 2e balcon face du Petit-Odéon, à l'exception Baignoire d'orchestre côté de la Semaine des Auteurs et du Collège 110 4e Loge de corbeille côté de Théâtre, dont l'entrée est libre. Loge de balcon côté Il n'y a pas de location d'avance. e Les places sont vendues une demi-heure 55 5 Amphithéâtre avant le début du spectacle, pour une entrée immédiate dans la salle. Pourboire interdit Comment se rendre à l'Odéon Vestiaire et programme gratuits. Métro Odéon, RER Luxembourg. Les billets ne sont ni repris ni échangés. Autobus: 21, 27, 38, 58, 63, 84, 85, 86, 87, 89, 96. Voitures: parking Soufflot (tarif spécial accordé aux spectateurs, sur présentation du billet de théâtre). Pour tous renseignements Théâtre national de l'Odéon Service location/abonnements 1, place Paul-Claudel 75006 Paris Téléphone: 43 25 70 32 44 AMPHITHÉÂTRE Plein tarif Tarif Groupe hors Carte Moins exceptionnel abonnement Vermeil 25deans 140 F 180 F 112 F 112 F 46 F 97 F 126 F 80 F 80 F 46 F 72 F 87 F 60 F 60 F 46 F 47 F 57 F 28 F 35 F 46 F GRANDE SALLE PETIT-ODÉON ANTIPHON de Djuna Barnes Traduction de Natacha Michel Mise en scène de Daniel Mesguich Décor de Louis Bercut Costumes de Cidalia da Costa Lumière de Joël Hourbeigt Avec Geneviève Casile, Natalie Nerval, de la Comédie-Française, Jean-Damien Barbin, Hervé Furie, Mark Saporta. Philippe Torreton. Une coproduction du Théâtre de l Europe et de la Comédie-Française. Création en langue française. Du 9 mars au 13 avril 1990, à 20 h 30. JOKO FÊTE SON ANNIVERSAIRE de Roland Topor Mise en scène de Jean-Louis Jacopin Décor de Jean Haas Costumes de Cidalia da Costa Lumière de Jacques Chatelet. Une production du Théâtre de l'Europe. Du 15 mars au 13 avril 1990. à 18 h 30. TITUS ANDRONICUS de William Shakespeare Traduction d'Agostino Lombardo Mise en scène de Peter Stein Décor et costumes de Moidele Bickel Lumière de Piero Niego Avec, entre autres, Maddalena Cripa et Raf \ alloue. Une production du Teatro Stabile di Genova. En langue italienne. Du 4 au 13 mai 1990. PLATONOV d'Anton Tchékhov Mise en scène de Tamâs Ascher Décor d'Antal Casaba. Une production du Théâtre Katona Jozsef de Budapest. En langue hongroise, création à Paris. Du 22 au 25 mai 1990. JEUX DE FEMME De Krzysztof Zanussi et Edward Zebrowski Mise en scène de Henning Brockhaus Décor de Charlie Mangel Costumes de Rudv Sabounghi Avec Leslie Caron, Caroline Chaniolleau, Tsilla Chelton, Yann Collette, Denise Pérou. Une production du Théâtre de l'Europe. Du 16 mai au 13 juin 1990. à 18 h 30. Reprise. SEMAINE DES AUTEURS (Programme sous réserve) Louis-Charles Sirjacq Dernier chapitre de l'Hiver Noëlle Renaude Le Renard du nord Alain Van Crugten Le Cabriolet (Belgique) Pierre Mertens L'ami de mon ami ( Belgique) Normand Chaînette Province Town, Playhouse, J'avais 19 ans (Québec) Hélène Pedneault La Déposition (Québec) Une coproduction du Théâtre de l'Europe et de la SACD. Les dates seront indiquées ultérieurement. UBU ROI d'Alfred Jarry Mise en scène de Gâbor Zsambeki Décor de Csôrzs khell Costumes de Maria Szabô. Une production du Théâtre Katona Jozsef de Budapest. En langue hongroise. Les 27 et 28 mai 1990. 45 calendrier conditions bulletin bulletin générales de réservation de réservation de location FEVRIER Jeu. Ven. Sam. Dim. h h h h h h 30 Lun. Mar. Mer. 20 14 20 20 20 14 Jeu. Ven. Sam. 20 20 20 20 h h h h 30 30 30 30 30 30 30 Dim. 11 14 li Lun. Mar. Mer. 20 20 20 14 h 30 h 30 h 30 h 20 h 30 Jeu. 15 20 h 30 Ven. 16 Sam. 17 20 h 30 Dim. 18 14 h 20 h 30 Lun. 19 20 h 30 Mar. Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. Mer. 20 14 20 20 20 20 14 20 20 20 14 20 h h h h h h h h h h h h 30 30 30 30 30 30 30 30 30 Relâche pour répétitions Relâche pour répétitions Britannicus Comme il vous plaira Lorenzaccio Comme il vous plaira Lorenzaccio Comme il vous plaira abonnement classique série blanche Britannicus Comme il vous plaira Lorenzaccio Représentation « ouverte » Comme ii vous plaira Représentation Lorenzaccio Comme il vous plaira Lorenzaccio Britannicus Comme il vous plaira abonnement classique série rose Lorenzaccio Comme il vous plaira Relâche pour répétitions La Mère coupable abonnement Soirs de Première Britannicus La Mère coupable La Mère coupable salle réservée La Mère coupable Lorenzaccio Comme il vous plaira La Mère coupable Lorenzaccio Comme il vous plaira La Mère coupable Britannicus Comme il vous plaira La Mère coupable Comme il vous plaira Lorenzaccio MARS Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. Mer. AVRIL 20 20 20 14 20 20 20 14 h h h h h h h h 20 h Jeu. Ven. Sam. Dim. 8 9 10 20 h 11 14 h 20 h Lun. 12 20 h Mar. 13 20 h Mer. 14 14 h Jeu. 20 h 15 20 h Ven. 16 20 h Sam. 17 20 h Dim. 18 14 h Lun. Mar. Mer. Jeu. Ven. Sam. 20 20 20 20 h h h h 20 h Dim . 25 14 h 20 h Lun. 26 20 h Mar. 27 20 h Mer. 28 14 h Jeu. Ven. Sam. 20 20 20 14 h h h h 20 h 46 30 La Mère coupable 30 Britannicus 30 La Mère coupable Lorenzaccio 30 Comme il vous plaira 30 Lorenzaccio 30 La Mère coupable Comme il vous plaira abonnement classique série bleue 30 La Mère coupable salle réservée Relâche pour répétitions Relâche pour répétitions 30 La Mère coupable Lorenzaccio 30 Comme il vous plaira 30 La Mère coupable 30 Comme il vous plaira Comme il vous plaira abonnement classique série mauve 30 La Mère coupable 30 Lorenzaccio dernière 30 Comme il vous plaira 30 Représentation « ouverte » Représentation « ouverte » 30 Britannicus 30 Britannicus 30 La Mère coupable 30 Comme il vous plaira Relâche pour répétitions Relâche pour répétitions 30 La Vie de Galilée abonnement Soirs de Première La Mère coupable 30 La Vie de Galilée 30 La Vie de Galilée salle réservée 30 La Vie de Galilée Comme il vous plaira abonnement classique série jaune 30 La Mère coupable 30 La Vie de Galilée 30 Comme il vous plaira Comme il vous plaira abonnement classique série 3 30 La Mère coupable Dim. Lun. Mar. Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. 1 14 20 20 20 14 5 6 7 8 Lun. 9 Mar. 10 Mer. 11 Jeu. Ven. Sam. Dim. 12 13 14 15 Lun. 16 Mar. 17 Mer. 18 Jeu. Ven. Sam. Dim. 19 20 21 22 Lun. 23 Mar. 24 Mer. 25 (eu. Ven. Sam. Dim. 26 27 28 29 Lun. 30 h La Vie de Galilée h 30 Britannicus h 30 Britannicus h 30 La Vie de Galilée h Comme il vous plaira abonnement classique série rouge 20 h 30 La Mère coupable 20 h 30 Comme il vous plaira 20 h 30 La Vie de Galilée 20 h 30 Comme il vous plaira 14 h La Mère coupable 20 h 30 Britannicus 20 h 30 La Vie de Galilée 20 h 30 La Mère coupable 14 h Comme il vous plaira 20 h 30 La Vie de Galilée Relâche traditionnel Relâche traditionnel Relâche traditionnel 14 h Comme il vous plaira 20 h 30 Britannicus dernière 14 h La Vie de Galilée 20 h 30 La Mère coupable 20 h 30 La Vie de Galilée 14 h La Mère coupable 20 h 30 Comme il vous plaira 20 h 30 La Vie de Galilée 20 h 30 Comme il vous plaira 20 h 30 La Vie de Galilée 14 h La Mère coupable 20 h 30 Comme il vous plaira 20 h 30 La Mère coupable 20 h 30 La Vie de Galilée 14 h La Mère coupable abonnement classique série blanche 20 h 30 Comme il vous plaira Relâche pour répétitions Relâche pour répétitions 20 h La Vie de Galilée 14 h Comme il vous plaira 20 h La Mère coupable 20 h Comme il vous plaira PAR CORRESPONDANCE Au moins trois semaines avant la date de représentation choisie, à l'aide des bulletins joints. PAR TÉLÉPHONE 40.15.00.15. Du 15e au 6e jour précédant la représentation, et tous les jours de il h à 18 h. Toute réservation non réglée quatre jours avant la représentation sera annulée. AUX GUICHETS DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE (2, rue de Richelieu, Paris 1er, métro : Palais-Royal) La location ouvre deux semaines à l'avance, jour pour jour, et tous les jours de 11 h à 18 h. PAR MINITEL en composant 3615 code Thea, deux semaines à l'avance, jour pour jour. Pour les GROUPES à partir de 10 personnes : tarif préférentiel dans la limite du contingent. Réservation et renseignements : 40.15.00.15 du lundi au vendredi de 14 h à 17 h 30. RENSEIGNEMENTS SUR RÉPONDEUR (24 h/24) : 40.15.00.00. PETIT BUREAU : 112 places à 19 F (33 F pour Comme il vous plaira), sont mises en vente trois quarts d'heure avant le lever du rideau, pour chaque représentation, au guichet de la rue Montpensier. REPRÉSENTATIONS « OUVERTES » : UNE LOCATION FACILITÉE La programmation de la salle Richelieu est fixée en fonction de la demande du public. Les 892 places sont laissées entièrement à la disposition de la location. Bibliothèque nationale, Auditorium de la Galerie Colbert, 2, rue Vivienne/6, rue des Petits-Champs, Paris 2e Les lundis à 18 h 30 NOM : PRÉNOM : Adresse : GRANDS MORCEAUX ORATOIRES, LE BARREAU : 5 et 12 février Linguet, Pour mademoiselle Camp, contre le vicomte de B ombelles par Dominique Rozan. Téléphone (journée) : Numéro de la carte «Ami» : Je réserve pour □ LORENZACCIO □ BRITANNICUS □ LA MÈRE COUPABLE □ LA VIE DE GALILÉE .... places à Q 143 F, Q 82 F, Q 59 F, Q 41 F date choisie : à h date de repli : à h □ GOMME IL VOUS PLAIRA .... places à Q 186 F, Q 129 F, 90 F, | 1 67 F date choisie : à h date de repli : à h LA CHAIRE : 12 et 19 mars Bridaine, Sermon sur la mort par Pierre Vial 26 mars et 2 avril Lacordaire, De la tentation, soixante-deuxième conférence de Notre-Dame par Simon Eine Lundi 9 et jeudi 26 avril Bossuet, Oraison funèbre cT Henriette-An ne cT Angleterre par Jean-Luc Boutté LE CYCLE DES POÈTES : 19 février et 5 mars Le Vieil Alexandre, soirée de poésie française en alexandrins du XXe siècle, composée par Jacques Roubaud et dirigée par Marcel Bozonnet. Bulletin de réservation par correspondance pour RÉCITATIONS Soirs de Première □ L'AUTRE TARTUFFE OU LA MÈRE COUPABLE □ LA VIE DE GALILÉE NOM : PRÉNOM : Adresse : places à Q 288 F, Q 166 F, Q 92 F, | | 68 F Jejoins le règlementde.... F par chèque bancaire ou postal à l'ordre de la Comédie-Française, et une enveloppe timbrée. Date : visites guidées La carte «Ami de la Comédie-Française» donne droit à deux entrées gratuites — dans la limite des places disponibles — aux visites commentées de la salle Richelieu. Ces visites, à caractère historique et artistique, ont lieu le premier dimanche de chaque mois de 10 h 15 à 12 h. Les prochaines dates réservées aux «Amis de la Comédie-Française» sont les dimanches 4 février, 4 mars, 1er avril, 6 mai, 10 juin, 1er juillet 1990. Vous recevrez votre invitation sur simple demande écrite stipulant la date choisie, accompagnée d'une enveloppe timbrée adressée à Paul Rens, Secrétariat général, Comédie-Française, B.P. 266, 75021 Paris Cedex 01. Elle vous parviendra deux semaines avant la date choisie. Ii Signature : Téléphone (journée) : Numéro de la carte «Ami» : Je désire réserver. . . places à 55 F (45 F pour les «Amis») pour les Récitations du □ 5/2 ou □ 12/2 I | 12/3 ou Q 19/3 ! | 9/4 ou Q 26/4 □ 19/2 ou □ 5/3 Q 26/3 ou Q 2/4 Je joins le règlement de... F par chèque bancaire ou postal à l'ordre de la Comédie-Française, et une enveloppe timbrée. Les demandes sont à adresser à COMÉDIF-FRANÇAISE/Location B.P. 266, 75021 Paris Cedex 01 Les «Amis de la Comédie-Française» bénéficient d'une priorité. Date : Signature : Les demandes sont à adresser à COMÉDIE-FRANÇAISE / Location B.P. 266, 75021 Paris Cedex 01 Les «Amis de la Comédie-Française» bénéficient d'une priorité. 47 Rédaction, administration Odéon 1, place Paul-Claudel, 75006 Paris Renseignements 43 25 80 92 Directeur de la publication Antoine Vitez Rédactrice en chef Elisabeth Leonetti Secrétaire de rédaction Eveline Perloff Avec la collaboration de Claude Clergé et Marie-Thérèse Poly Correcteur Philippe Bloch Conception graphique Jacques Douin et Claude Jaubert Mise en page Jacques Douin Imprimerie Blanchard fils, 92350 Le Plessis-Robinson [a Chope Alsace i_ n a qu une seule adresse : RIVE GAUCHE rlîi tîïi KJAiM ^ Spécialités Alsaciennes, le Banc d'Huîtres toute l'année, la fameuse Tarte à l'oignon, en Choucroute: la Spéciale Campagnarde, le traditionnel Baeckenoff. LA CHOPE D'ALSACE, Brasserie-Restaurant ■ 4, Carrefour de l'Odéon PARIS 6e ■ ® 43.26.67.76 48 Parking Rue de l'École de Médecine Ouvert tous les jours de midi à 2 h. du matin sans interruption