Richard Leclerc montre le piqué
glissant dont les coins ont été
renforcés.
Louise Bélanger, agente de
prévention en sst, Stéphane
Garneau, représentant des travail-
leurs à la prévention et, dans le
rôle du patient, Claude Caseault,
préposé en hygiène et salubrité
et membre du comité paritaire.
Le public et le jury
du concours
Pleins feux sur l’innovation de l’Associa-
tion sectorielle pour la santé et la sécu-
rité du travail du secteur des Affaires
sociales (ASSTSAS) a récompensé, en
2004, l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de
Québec pour la réalisation d’une alèse
glissante. Grâce à cette pièce de tissu,
on souhaitait faciliter le travail du per-
sonnel soignant qui doit régulièrement
remonter ou tourner dans leur lit des
patients en perte d’autonomie. Ces dé-
placements, essentiels pour éviter la
formation d’escarres chez les personnes
alitées, demandent de grands efforts
musculaires et peuvent causer des bles-
sures ou traumatismes, dont les redou-
tables troubles musculo-squelettiques
(TMS). Or, l’utilisation d’une surface
glissante, disposée sous le malade, per-
met de réduire de 36% à 60% les efforts
à fournir lors d’un repositionnement
au lit, comme on dit familièrement dans
le milieu.
C’est Louise Bélanger, agente de pré-
vention en santé et sécurité au travail
à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, qui a eu
l’idée d’une alèse glissante qui permet-
trait d’exécuter des repositionnements,
sans efforts excessifs. Elle en a parlé
à Jocelyn Dufour, coordonnateur de
Partagec, buanderie communautaire
centralisée qui dessert le Centre hospi-
talier universitaire de Québec, dont
fait partie l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.
Ensemble, ils ont mis sur pied un co-
mité dont la mission visait à définir les
caractéristiques de l’alèse.
Conformément à ces spécifications
et après quelques essais, la compagnie
Laframboise, fournisseur de literie de
Partagec, a fabriqué une alèse en nylon
capable de supporter le lavage indus-
triel et dotée de rabats à border anti-
dérapants en vinyle. L’alèse permet de
réaliser aussi bien les repositionnements
que les transferts du lit à la civière.
Produite pour seulement 11$ l’unité,
elle a été utilisée pour la première fois à
l’Hôpital de l’Enfant-Jésus en avril 2004.
L’usage de l’alèse glissante n’étant re-
commandée que lorsque le patient n’est
pas autonome, ce ne sont que 15% des
lits de courte durée et 20% des lits de
longue durée qui en sont équipés. Mais
depuis que le personnel de l’établisse-
ment s’en sert, le taux de gravité des
TMS ayant pour cause la mobilisation
de patients a déjà fléchi de 40%! L’esprit
de la prévention en est tout retourné…
Un piqué futé
Le jury du concours Pleins feux sur
l’innovation de l’ASSTSAS a égale-
ment accordé toute son attention à un
piqué glissant présenté par le CLSC de
Sherbrooke. Les piqués sont des pièces
de literie qui, glissées sous le siège des
patients, remplacent habituellement les
alèses. Richard Leclerc, ergothérapeute
au CLSC, avait remarqué que les auxi-
liaires familiaux éprouvaient des diffi-
cultés lorsque venait le temps de tourner
ou de remonter des personnes corpu-
lentes dans leurs lits. La tâche semblait
plus facile lorsqu’ils utilisaient la toile du
lève-personne comme piqué de mobili-
sation. C’est alors que lui est venue l’idée
de confectionner un piqué glissant aux
coins renforcés. Il a vu à coudre des
courroies afin d’assurer une meilleure
prise pendant les repositionnements faits
le plus souvent par une personne seule
au domicile des patients. Et comme il y
a des boucles au bout des courroies, on
peut les fixer aux lève-personnes élec-
triques. Dans ces cas, c’est la force motrice
de l’appareil qui entre en action!
Les commentaires des auxiliaires
familiaux ont été pris en compte pour
la conception des piqués dont le mo-
dèle a été amélioré à plusieurs reprises.
Même s’il est difficile d’évaluer leur im-
pact sur les accidents et les blessures,
les auxiliaires familiaux s’en déclarent
très satisfaits.
PT
43
Printemps 2006 Prévention au travail
Pour en savoir plus
« Surfaces glissantes et piqués : mise à
jour de l’information », revue Objectif
Prévention, vol. 28, n
o
2, 2005, p. 26.
Tourner et remonter sans trop d’efforts une personne alitée,
c’est possible… à la condition d’avoir des alliés.Portrait
de deux innovations qui facilitent le travail du personnel,
tant celui des hôpitaux que celui qui donne des soins à domicile.
Photo : CSSS – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke
Photo : Service audiovisuel du CHA – Hôpital de l’Enfant-Jésus
Par Mikaëlle Monfort
Pour prévenir les TMS
Une alèse et un piqué intelligents
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